FABLES DU PAYSAGE FLAMAND - Palais des Beaux Arts de Lille
FABLES DU PAYSAGE FLAMAND - Palais des Beaux Arts de Lille
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Fables du paysage flamand<br />
Bosch, Brueghel, Bles, Bril<br />
Dossier pédagogique<br />
Fiches thématiques et pédagogiques 1 er et 2 nd <strong>de</strong>grés<br />
Sommaire<br />
Fiche 1 - La naissance du paysage<br />
Fiches pédagogiques<br />
• Paysage avec la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Sodome et Gomorrhe, Joachim Patenier<br />
• Paysage avec un artiste <strong><strong>de</strong>s</strong>sinant, Anonyme, imitateur <strong>de</strong> Pieter Brueghel<br />
le Vieux<br />
• Paysage d’hiver en Brabant, Pieter Brueghel le Vieux<br />
Marie Barras<br />
Fiche 2 – Le Maniérisme du Nord<br />
Fiche pédagogique<br />
Le naufrage <strong>de</strong> Jonas, Paul Brill<br />
Dominique Delmotte<br />
Fiche 3 – Le sens caché <strong>de</strong> la peinture flaman<strong>de</strong> au XVIe siècle<br />
Fiche pédagogique<br />
Paysage avec la chute d’Icare, d’après Pieter Brueghel l’ancien<br />
Philippe Lefèbvre<br />
Fiche 4 – Du temps où les dieux et les héros voisinaient avec les saints et<br />
les prophètes et ce qu’il en advint<br />
Claudine Meurin<br />
Fiche 5 – Les diableries<br />
Fiches pédagogiques<br />
Les épreuves <strong>de</strong> Job, Jan Mandyn<br />
La Tentation <strong>de</strong> saint Antoine, suiveur <strong>de</strong> Jérôme Bosch<br />
La chute <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés, Dirk Bouts<br />
Le chemin du Paradis, Dirk Bouts<br />
Le Concert dans l’œuf, Jérôme Bosch<br />
Marie-José Parisseaux<br />
Fiche 6 – Babel renaissante<br />
Fiches pédagogiques<br />
La tour <strong>de</strong> Babel, Hendrik III van Cleve<br />
La Tour <strong>de</strong> Babel, Lucas van Valckenborch<br />
Michaël Grabarczyk<br />
Planches <strong>de</strong> visuels<br />
Programmation culturelle<br />
Informations pratiques<br />
Exposition visible du 06 octobre 2012 au 14 janvier 2013
Fiche 1<br />
La naissance du paysage<br />
CONTEXTE<br />
« Voici que m'a pris un ar<strong>de</strong>nt désir <strong>de</strong> revoir les collines, les grottes, les bois les rochers recouverts <strong>de</strong> mousse<br />
verte et qui résonnent sans cesse près <strong>de</strong> la célèbre fontaine <strong>de</strong> la Sorgue... J'avais pourtant décidé, tu le sais, <strong>de</strong><br />
ne plus jamais y revenir. Mais l'indispensable charme <strong>de</strong> ces lieux m'a gagné peu à peu et a secrètement agi sur<br />
mon esprit que ma raison n'a pu retenir. »<br />
Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 93<br />
Il est encore difficile aujourd'hui <strong>de</strong> définir le mot « paysage ». Les débats restent ouverts entre les historiens, les<br />
philosophes, les sociologues, les géologues...<br />
L'hypothèse selon laquelle il serait nait à la fin du moyen âge <strong>de</strong>meure la plus courante bien qu'elle soit sujette à<br />
controverse: La métho<strong>de</strong> d'analyse ne tiendrait pas entièrement compte <strong>de</strong> l'objet lui même, <strong>de</strong> sa transformation<br />
matérielle au fil du temps. La définition est basée essentiellement sur le rapport entre la culture et l'émergence du<br />
paysage, elle met « l'accent sur le registre <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations subjectives ». Toutefois dans cette approche<br />
« culturaliste », <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs comme Michel Baridon ont tenté <strong>de</strong> remonter à l'antiquité : le paysage tel que nous le<br />
connaissons est apparu à la renaissance et qui dit « renaissance » dit « sources antiques ». La définition s'élargit : « Un<br />
paysage est une partie <strong>de</strong> l'espace que l'observateur embrasse du regard en lui conférant une signification globale et un<br />
pouvoir sur les émotions » ¹<br />
MOUVEMENT<br />
Le « paysage » ou le « protopaysage » dans l'Antiquité<br />
La notion <strong>de</strong> paysage aurait été inconnue <strong><strong>de</strong>s</strong> Grecs ? La nature y est alors secondaire et ordonnatrice, elle ne s'exprime<br />
qu'en termes d'économie. Va naître plus précisément le jardin, composition domestiquée et lieu privilégié qui suggère<br />
une vision plus sensible. Mais la nature n'est pas encore un tableau, lorsqu'elle est représentée, les intentions restent<br />
décoratives et les techniques ne permettent pas une approche réaliste. Ce serait avec la redéfinition byzantine du statut<br />
<strong>de</strong> l'image que le paysage pourrait apparaître : la représentation <strong>de</strong> Dieu est impossible, elle implique une imitation <strong>de</strong><br />
son œuvre, symbole <strong>de</strong> sa puissance². On peut donc penser que sous l'Antiquité, la nature n'est que l'illustration d'un<br />
récit ou d'un mythe, le paysage n'est que le lieu <strong>de</strong> l'action. Le concept <strong>de</strong> beauté du paysage n'existe pas.<br />
Il est toutefois possible <strong>de</strong> chercher cette perception à travers les écrits et les images. Dans l'Antiquité et dans les<br />
civilisations du Moyen-Orient il existe une appréhension diversifiée <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> spatiale à travers « la contemplation du<br />
cosmos, la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription d'un site et l'évocation d'un lieu où l'on s'attache par <strong><strong>de</strong>s</strong> liens affectifs anciens et puissants »³.<br />
Ces représentations primordiales du paysage, au <strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> sources à caractère religieux, naissent aussi avec les batailles,<br />
lieux appréhendés dans leur réalité géographique: ils donnent aux hommes le sens du paysage. Dans la civilisation<br />
hellénistique, la représentation est plus consistante en raison <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> conquêtes (Alexandre le Grand), et la poésie<br />
comme la peinture accor<strong>de</strong>nt une valeur expressive à la nature. La Rome impériale puise dans cet imaginaire. Les<br />
évocations exotiques, les envolées cosmiques (Cicéron, Lucrèce) ou les notations géologiques (Virgile) en témoignent.<br />
Puis la rupture se fait avec la chute <strong>de</strong> Rome et le brassage <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures qu'elle entraîne, impliquant une transformation<br />
progressive. Plaisir et contemplation <strong>de</strong>meurent chez les élites païennes mais les règles monastiques chrétiennes (Saint<br />
Antoine) interdisent le spectacle du mon<strong>de</strong> en faveur <strong>de</strong> la solitu<strong>de</strong> ascétique du désert ; la nature porte ainsi la<br />
symbolique d'enseignements moraux. L'étu<strong>de</strong> scientifique est repoussée puisqu'elle s'oppose à la foi.<br />
Le Moyen-Age et l'intérêt pour la nature<br />
Si l'on s'accor<strong>de</strong> à penser que le paysage naît ou renaît au XVIe siècle, on note cependant une renaissance <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
la nature au Moyen-Age avec un intérêt pour la science <strong>de</strong> l'observation. Cette « refondation » d'une culture scientifique<br />
préparera à l'avènement <strong>de</strong> la perspective <strong>de</strong> Brunelleschi au XIVe siècle. On observe un rapport symbolique à la nature<br />
au Moyen-Age, qui offre ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> objets naturels éloignés <strong>de</strong> leur apparence réelle, exprimant une philosophie chrétienne<br />
où le mon<strong>de</strong> sensible n'est rien d'autre que l'image du péché. L'idée se substitue alors à l'objet et ce mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> symboles<br />
conduira progressivement au paysage symbolique.<br />
Le XVe siècle et le paysage symbolique<br />
On s'accor<strong>de</strong> à dire que Pétrarque constitue le trait d'union entre le Moyen-Age et la mo<strong>de</strong>rnité. Il est « l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers<br />
hommes à exprimer cette émotion, dont l'existence même du paysage dépend dans une si large mesure; le désir<br />
d'oublier dans la paix <strong>de</strong> la campagne le tumulte <strong><strong>de</strong>s</strong> villes »⁵. Mais ce sentiment est encore freiné par le monachisme<br />
chrétien pour lequel la nature <strong>de</strong>meure le domaine du désordre, du vi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la peur. Un siècle plus tard apparait avec<br />
Jérôme Bosch, le jardin céleste et le paysage terrifiant qui traduit une critique acerbe <strong>de</strong> la condition humaine en ces<br />
pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> guerres <strong>de</strong> religions et <strong>de</strong> conquêtes territoriales. Jérôme Bosch introduit ainsi en peinture la figuration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
sentiments et <strong><strong>de</strong>s</strong> passions à travers la symbolique du paysage. La nature y est organisée, articulée pour faire sens et<br />
cheminer vers la réflexion. Mais les fantasmes qui en découlent reposent essentiellement sur un sentiment <strong>de</strong> nature.<br />
Ses scènes flamboyantes en sont un exemple prégnant qui fera longtemps école dans les tableaux dits d'incendie,<br />
références aux récits mythologiques souvent prétexte au traitement esthétique <strong>de</strong> la lumière. L'invention, la poésie, le<br />
fantastique s'accor<strong>de</strong>nt à l'image d'une nature observée, traversée et interprétée. L' « ut pictura poesis » d'Horace<br />
<strong>de</strong>vient l' « ut poesis pictura », la peinture est comme une poésie...Nous sommes entré dans le mon<strong>de</strong> sensible <strong>de</strong> la<br />
perception.<br />
Le XVIe siècle et l'humanisme<br />
Le paysage symboliste se transforme ainsi progressivement au profit d'un paysage <strong>de</strong> plus en plus réaliste. Le rapport à<br />
l'espace change, la perception évolue en parallèle avec les grands voyages, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> découvertes <strong><strong>de</strong>s</strong> mon<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
sauvages qui ne cessent <strong>de</strong> s'étendre et ouvrent la voie à tous les fantasmes, aux pays imaginaires <strong><strong>de</strong>s</strong> panoramas à
l'instar <strong><strong>de</strong>s</strong> grands récits mythologiques. C'est aussi avec la culture scientifique que le paysage s'installe; le besoin <strong>de</strong><br />
comprendre notre relation à l'espace incite à mesurer. La perspective naît en Italie, mais c'est surtout un autre principe<br />
d'unité, la lumière, qui hante les représentations <strong><strong>de</strong>s</strong> pays nordiques. L'humanisme <strong>de</strong> la Renaissance s'accomplit dans la<br />
volonté <strong>de</strong> réaliser une union harmonieuse entre l'esprit humain et le mon<strong>de</strong> extérieur. Dans cette quête, les artistes<br />
italiens travaillent le paysage pour mettre en valeur la scène et les personnages, tandis que les artistes nordiques dans<br />
leur souci du détail et leur sens exacerbé <strong>de</strong> l'observation privilégient le paysage, comme un objet d'expression et <strong>de</strong><br />
délectation. Ils explorent toutes ses formes y compris celles <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes et <strong><strong>de</strong>s</strong> roches lointaines du sud. Ce nouveau<br />
sentiment <strong>de</strong> l'espace se traduit <strong>de</strong> façon plus mathématique en Italie et plus instinctif chez les artistes flamands,<br />
sensibles à la lumière particulière du Nord. Pieter Brueghel, (v. 1525 - 1569) plus que tout autre, marque la peinture <strong>de</strong><br />
paysage <strong>de</strong> cet esprit humaniste, exprimant une sympathie universelle, à travers une volonté <strong>de</strong> plus en plus persistante<br />
<strong>de</strong> suggérer les merveilles <strong>de</strong> l'univers et son atmosphère, <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes quotidiennes où les personnages parfois simplifiés<br />
ne font qu'un avec le paysage qui s'étend. Et si ses toiles contiennent encore <strong><strong>de</strong>s</strong> images <strong>de</strong> l'ancienne peinture<br />
flaman<strong>de</strong>, qu'elles s'inspirent <strong><strong>de</strong>s</strong> fables profanes ou sacrées <strong>de</strong> son pays, elles innovent dans l'expression naturaliste <strong>de</strong><br />
la composition et du paysage.<br />
Mais c'est à Joachim Patinir son aîné( vers 1475-1485 – 1524) que revient le titre d'inventeur du genre. Le contexte<br />
d'Anvers est propice à la spécialisation artistique : la réforme iconoclaste <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants combat plus qu'ailleurs les<br />
catholiques espagnols et entraîne un attrait majeur pour la représentation du mon<strong>de</strong> qui nous entoure, les tableaux <strong>de</strong><br />
comman<strong><strong>de</strong>s</strong> privées se développent, les ateliers et les guil<strong><strong>de</strong>s</strong> se spécialisent et le commerce artistique bat son plein. Les<br />
peintures murales avaient déjà disparu au profit <strong><strong>de</strong>s</strong> panneaux <strong>de</strong> bois et <strong>de</strong> la toile, donnant un cadre qui participe <strong>de</strong> la<br />
réflexion sur le paysage. La peinture à l'huile offre <strong><strong>de</strong>s</strong> possibilités inédites quant au rendu <strong><strong>de</strong>s</strong> matières et <strong>de</strong> la lumière.<br />
Les attentes iconographiques <strong>de</strong>meurent codifiées, mais les attentes techniques promettent aux artistes <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences<br />
innovantes : le rendu du détail, le souci du réel, le plaisir <strong>de</strong> l' imaginaire.<br />
Les paysages fabuleux du XVIe siècle flamand sont à la fois un chemin expérimental et réflexif pour le spectateur, un<br />
mon<strong>de</strong> varié <strong>de</strong> merveilles et une aventure fantastique dans les lieux étranges <strong>de</strong> la pensée. Ils se définissent dans une<br />
alliance intrinsèque entre la vision du réel et l'imaginaire <strong>de</strong> la pensée, plus que jamais actuel dans une époque comme la<br />
notre où le paysage s'i<strong>de</strong>ntifie à un environnement incertain.<br />
1 Michel Baridon, Naissance et Renaissance du paysage, p.16, ed. Actes Sud, 2006<br />
2 Voir à ce propos, Anne Cauquelin, L'invention du paysage, p.35, ed.Quadrige/PUF, 2000<br />
3 Michel Baridon, Naissance et Renaissance du paysage,p.31, ed. Actes Sud, 2006<br />
4 Ibid, p.27<br />
5 Kenneth Clark, L'art du paysage, p.16, ed.Arléa, 2010<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES EN ARTS VISUELS<br />
1 er DEGRE – <strong>Arts</strong> visuels<br />
Classements d’images : après avoir expérimenté <strong><strong>de</strong>s</strong> classements libres sur une collection d’image, proposer<br />
aux élèves d’y expérimenter la classification par genres mise en place par les <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> : Peinture d’objets,<br />
Paysage, Portrait, Scène d’histoire ou religieuse. Il ne s’agit pas <strong>de</strong> réussir ce classement, mais <strong>de</strong> problématiser<br />
la définition du paysage.<br />
2 nd DEGRE –Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong> – Collèges<br />
« <strong>Arts</strong> – Espaces - Temps »<br />
L'homme découvre le mon<strong>de</strong>, l'univers, il voyage dans le temps et sa perception <strong>de</strong> l'espace s'en est trouvée modifiée. A<br />
la Renaissance, il aspire à vivre en harmonie avec son environnement.<br />
Quels rapports peuvent s'établir entre la naissance du paysage et la place <strong>de</strong> l'homme dans le mon<strong>de</strong> et la nature <strong>de</strong>puis<br />
l'Antiquité ?<br />
« <strong>Arts</strong>, ruptures, continuités »<br />
Les flamands ont inventé et fait perdurer la peinture <strong>de</strong> paysage. Ils héritent <strong>de</strong> sources antiques que l'évolution du<br />
rapport au mon<strong>de</strong> à alimenté. Du symbolisme au réalisme <strong>de</strong> leurs représentations ils ont marqué autant la peinture<br />
réaliste et romantique du XIXe que le surréalisme du XXe siècle.<br />
Pourquoi et comment les artistes se sont-ils intéressés au paysage ? Dans quel contexte l'attrait pour le paysage a-t-il<br />
perduré ? Sous quelles formes artistiques s'exprime-t-il aujourd'hui ?<br />
« <strong>Arts</strong>, Techniques, Expressions »<br />
Les peintres flamands ont bénéficié <strong>de</strong> très gran<strong><strong>de</strong>s</strong> avancées techniques. L'apparition <strong>de</strong> la gravure, <strong>de</strong> la perspective,<br />
<strong>de</strong> la peinture à l'huile et <strong><strong>de</strong>s</strong> outils liés à l'optique.<br />
En quoi les avancées techniques influent-elles sur la naissance du paysage ? En quoi peuvent-elles solliciter la virtuosité<br />
<strong>de</strong> l'artiste ?<br />
« <strong>Arts</strong>, créations, cultures », l'œuvre d'art et la genèse <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures<br />
La culture humaniste s'accomplit tout au long <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la renaissance. Elle participe <strong>de</strong> l'avènement et du<br />
développement du paysage en tant que genre pictural à part entière. Dans quelle mesure la culture humaniste agit-elle<br />
sur la créativité artistique ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL – classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / français<br />
Champ esthétique ; thématique « <strong>Arts</strong>, goûts, esthétiques » : l'art et ses classifications / Objet d'étu<strong>de</strong> « Des<br />
goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs, discutons-en »<br />
Comment définir le genre du paysage ? Quel(s) problème(s) <strong>de</strong> traduction <strong>de</strong> la réalité rencontre l'artiste paysagiste ?<br />
Comment parvient-il à offrir une vue séduisante ? L'analyse et l'interprétation <strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> paysage, longtemps<br />
considérée comme facile et peu noble dans la hiérarchie <strong><strong>de</strong>s</strong> genres mais banalisée <strong>de</strong>puis le XIX e siècle, notamment<br />
avec les Romantiques et la commercialisation <strong>de</strong> l'appareil photographique, invite à interroger cette question du<br />
programme : « les goûts d'aujourd'hui sont-ils « meilleurs » que ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> générations précé<strong>de</strong>ntes ? »
Artiste<br />
Titre<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots-clés<br />
Joachim PATINIR (1485, Dinant /1524,<br />
Anvers)<br />
Paysage avec la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong><br />
Sodome et Gomorrhe<br />
Huile sur bois<br />
22,5 x 30 cm<br />
Rotterdam, Museum Boymans - van<br />
Beuningen<br />
Paysage, feu, lumière, mythologie<br />
CONTEXTE<br />
Dès le XIVe siècle, les Flandres se caractérisent par un large essor économique et commercial. Les guil<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
économiques mais aussi artistiques, tel que la guil<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Luc, croissent sous l'impulsion du commerce<br />
avec les nouvelles contrées d'Amérique. Les villes flaman<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>viennent d'importantes places<br />
commerciales. Anvers supplante alors Bruges et Bruxelles et s'enrichit rapi<strong>de</strong>ment grâce au commerce<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> épices (un comptoir portugais est ouvert en 1515) et le marché d'objets d'art et <strong>de</strong> luxe. La confrérie<br />
<strong>de</strong> Saint-Luc dans laquelle différentes disciplines artistiques s'organisent en corporation est très active,<br />
trouvant dans les riches familles <strong>de</strong> banquiers (les Fuger, Les Médicis) <strong>de</strong> sérieux mécènes.<br />
En 1508, Érasme, natif <strong>de</strong> Rotterdam, le plus grand humaniste au Nord <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes, expose dans ses Adages<br />
la sagesse populaire et les citations classiques. Son Elogium insaniae (Éloge <strong>de</strong> la folie) questionne les<br />
fon<strong>de</strong>ments mêmes <strong>de</strong> son humanisme et invite à un réexamen global <strong>de</strong> l’histoire, <strong>de</strong> la morale, <strong>de</strong> la<br />
religion. A cela s'ajoute la Réforme protestante dont l'iconoclasme suscite une nouvelle vision parfois<br />
panthéiste sur le quotidien et le mon<strong>de</strong> qui nous entoure. Les pays du Nord ainsi connaissent un éclectisme<br />
culturel croissant.<br />
Enfin, les découvertes scientifiques en matière d'optique, le développement <strong>de</strong> la cartographie suscitée par<br />
les grands voyages sur <strong><strong>de</strong>s</strong> territoires inconnus activent la curiosité pour l'espace qui nous entoure,<br />
modifient sa perception et accroient l'intérêt pour l'observation <strong>de</strong> la nature.<br />
ARTISTE<br />
Né à Dinant en 1485 et mort à Anvers en 1524, Joachim PATENIER (ou Patinir) travaille d'abord à Bruges<br />
avec le peintre Gérard David. En 1511 il se rend à Gênes, avec son maître, le voyage en Italie étant alors<br />
incontournable pour les peintres du Nord. Il revient aux Pays-Bas et s'installe à Anvers en 1515. Avec<br />
Gérard David, il s'inscrit alors franc maître dans la guil<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Luc.<br />
Il y rencontre Quentin Metsys avec qui il collabore souvent par la suite. Albert Dürer, lors <strong>de</strong> sa visite à<br />
Anvers, lui donne à plusieurs reprises <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves <strong>de</strong> son estime et <strong>de</strong> son amitié disant <strong>de</strong> lui qu'il est « le<br />
bon peintre <strong>de</strong> paysage ». Patenier est en effet présenté comme très en avance sur son temps grâce à ses<br />
représentations panoramiques <strong>de</strong> paysage dont on lui accor<strong>de</strong> l'invention. Les personnages tiennent alors<br />
une place <strong>de</strong> moins en moins importante, le paysage semble le sujet même <strong>de</strong> la peinture. On y trouve<br />
cependant la démarche intellectuelle et spirituelle <strong><strong>de</strong>s</strong> grands humanistes dont il fréquente les cercles, et<br />
ses paysages servent la réflexion et la contemplation sur le pèlerinage <strong>de</strong> la vie.<br />
ŒUVRE<br />
Paysage avec la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Sodome et Gomorrhe relate l'épiso<strong>de</strong> biblique <strong>de</strong> la Genèse(46,34-36) où les<br />
<strong>de</strong>ux villes s'enflamment sous la punition <strong>de</strong> Dieu, furieux <strong>de</strong> l'inhospitalité et <strong><strong>de</strong>s</strong> mœurs <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong><br />
Sodome. Seuls Loth et ses filles en réchappent, sauvés par les <strong>de</strong>ux anges que le neveu d'Abraham a bien<br />
voulu accueillir et protéger. L'épiso<strong>de</strong> qui suit et « cohabite » dans la toile renvoie à l'inceste involontaire<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux jeunes vierges sur leur propre père, dans leur refuge au creux <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes. Le récit biblique<br />
est très prisé à l'époque pour <strong>de</strong>ux raisons essentielles. D'abord parce qu'il permet aux peintres d'exercer<br />
leur savoir faire et leur virtuosité dans le traitement <strong>de</strong> la lumière flamboyante jusqu'alors indomptable.<br />
Ensuite, pour le sujet lui même dont le caractère érotique attire les amateurs d'art. La <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong><br />
Sodome, comme tous les récits présentant un incendie sont donc un prétexte au traitement esthétique <strong>de</strong> la<br />
lumière incan<strong><strong>de</strong>s</strong>cente, <strong><strong>de</strong>s</strong> lueurs, reflets et ombres qu'elle sollicite. Jérôme Bosch est pour l'essentiel<br />
l'instigateur, encouragé par la violence expressionniste du feu. Joachim Patenier s'exerçe sous l'influence du<br />
grand maître avec plus <strong>de</strong> réalisme.<br />
L'espace figuré ici est immense, le point <strong>de</strong> vue panoramique situe très haut la ligne d'horizon et englobe<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> motifs très variés tels que les villes, les montagnes, les rochers anthropomorphes, les chemins et<br />
étendues d'herbes. Le feu envahit l'arrière-plan gauche du tableau <strong>de</strong> rouges et d'oranges, au milieu <strong>de</strong><br />
larges tâches obscures dans lesquelles sont découpées les silhouettes <strong><strong>de</strong>s</strong> architectures <strong><strong>de</strong>s</strong> villes en<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong>truction étagées sur trois plans successifs. A droite <strong>de</strong> la composition, comme à l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong> visions <strong>de</strong><br />
l'incendie, et séparé par <strong><strong>de</strong>s</strong> masses rocheuses fantastiques, l'iconographie biblique se réduit à <strong>de</strong>ux petites<br />
scènes : Au premier plan, après avoir franchi la trouée lumineuse dans la roche, le premier ange conduit<br />
Loth hors <strong>de</strong> la ville et le second y entraine les <strong>de</strong>ux jeunes vierges. A l'arrière plan, sur les hauteurs, les<br />
<strong>de</strong>ux filles se préparent à commettre l'inceste sous une toile <strong>de</strong> tente qui remplace la grotte initiale citée
dans les textes. La matière picturale ondoyante, la méticulosité <strong><strong>de</strong>s</strong> détails et la finesse <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs nous<br />
donnent une vision cosmique et à la fois onirique du paysage. Si le paysage apparaît comme la véritable<br />
passion du peintre qui inspirera les romantiques et les surréalistes <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles suivants, on peut toutefois<br />
considérer l'esprit spirituel et moralisateur qui anime encore l'homme en cette pério<strong>de</strong> humaniste.<br />
PISTES PEDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE - <strong>Arts</strong> visuels<br />
Choisir une image <strong>de</strong> paysage en A4, en effectuer une photocopie par élève qui choisit une gamme<br />
<strong>de</strong> couleur : rouge, bleu, vert. Repeindre toute la photocopie à la gouache en se limitant à sa<br />
couleur choisie : camaïeu, varier les intensités, les contrastes. Afficher les productions, comparer,<br />
constater les ambiances produites.<br />
2 nd DEGRE- Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts – collège<br />
« <strong>Arts</strong> – Espaces - Temps »<br />
L'homme découvre le mon<strong>de</strong>, l'univers, il voyage dans le temps et sa perception <strong>de</strong> l'espace s'en est<br />
trouvée modifiée. A la Renaissance, il aspire à vivre en harmonie avec son environnement. Joachim<br />
Patenier en est un acteur et un témoin <strong>de</strong> première heure. La place qu'il assigne au paysage est un<br />
exemple prégnant <strong>de</strong> cette nouvelle perception.<br />
Quels rapports peuvent s'établir entre la naissance du paysage et la place <strong>de</strong> l'homme dans le mon<strong>de</strong> et la<br />
nature <strong>de</strong>puis l'Antiquité ?<br />
« <strong>Arts</strong>, Techniques, Expressions »<br />
Le peintre a bénéficié <strong>de</strong> très gran<strong><strong>de</strong>s</strong> avancées techniques : l'apparition <strong>de</strong> la perspective et <strong>de</strong> la peinture<br />
à l'huile qui permet un travail illusionniste <strong>de</strong> la lumière cher aux artistes du Nord <strong>de</strong> l'Europe.<br />
En quoi les avancées techniques influent-elles sur la production d'un artiste ? En quoi peuvent-elles<br />
solliciter la virtuosité <strong>de</strong> l'artiste ?<br />
« <strong>Arts</strong>, ruptures, continuités »<br />
Les Flamands ont inventé et fait perdurer la peinture <strong>de</strong> paysage . Ils héritent <strong>de</strong> sources antiques que<br />
l'évolution du rapport au mon<strong>de</strong> a alimenté. Du symbolisme au réalisme <strong>de</strong> leurs représentations ils ont<br />
marqué autant la peinture réaliste et romantique du XIXe siècle que le surréalisme du XXe siècle. On<br />
s'accor<strong>de</strong> à y trouver les sources <strong>de</strong> notre propre regard sur le paysage naturel contemporain. Les<br />
réflexions qu'ils apportent sur notre rapport à la nature et sur la survivance <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons mythologiques.<br />
Pourquoi et comment les artistes se sont-ils intéressés au paysage ? Dans quel contexte l'attrait pour le<br />
paysage a-t-il perduré ? Sous quelles formes artistiques s'exprime-t-il aujourd'hui ?<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes, religions »<br />
Le paysage est traversé ici par un récit sacré dont les interprétations ont évolué au fils du temps, <strong>de</strong> la<br />
punition liée à l'inhospitalité à la condamnation <strong>de</strong> l'homosexualité. Bien qu'il puisse apparaître comme un<br />
prétexte au travail pictural, il n'en <strong>de</strong>meure pas moins une fable sacrée ressurgie <strong>de</strong> l'Antiquité dont les<br />
valeurs renaissent au XVe siècle. Ces valeurs participent à la naissance même du paysage à qui l'on<br />
accor<strong>de</strong> un sens symbolique.<br />
Comment le mythe s'est-il exprimé à travers le paysage ? En quoi ces expressions témoignent-elles d'une<br />
résurgence et d'une évolution <strong>de</strong> la vision du mon<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> contenus religieux aux contenus artistiques ou<br />
culturels qu'ils prennent alors ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, réalités, imaginaires » : l'art et l'imaginaire / Objet d'étu<strong>de</strong><br />
« Du côté <strong>de</strong> l'imaginaire »<br />
Le caractère érotique du sujet, la violence expressive <strong>de</strong> la lumière, la surréalité <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs représentés<br />
dans l'oeuvre <strong>de</strong> Patenier annoncent ce qui caractérisera, trois siècles plus tard, l'art surréaliste. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
ce panneau du XVI e siècle par le biais du lexique <strong><strong>de</strong>s</strong> émotions et <strong>de</strong> l'imagination en confrontation avec<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> extraits d'essais d'André Breton et/ou d'oeuvres <strong>de</strong> Salvator Dali serait intéressante si l'on veut<br />
contextualiser, par l'imaginaire, un aspect du réel à <strong><strong>de</strong>s</strong> époques différentes.
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots-clés<br />
Pieter Brueghel le Jeune (d’après Pieter<br />
Brueghel l’Ancien)<br />
Paysage d’hiver en Brabant ou<br />
Parabole <strong>de</strong> l’Oiseleur<br />
copie du tableau <strong>de</strong> 1565<br />
Huile sur bois<br />
33 X 57 cm<br />
Tournai, Musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong><br />
Paysage, neige, parabole<br />
CONTEXTE<br />
Dès le XIVe siècle, les Flandres se caractérisent par un large essor économique et commercial. Les guil<strong><strong>de</strong>s</strong> économiques<br />
mais aussi artistiques croissent sous l'impulsion du commerce avec les nouvelles contrées d'Amérique. Les villes<br />
flaman<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>viennent d'importantes places commerciales. Au XVIe siècle, Anvers supplante Bruges et Bruxelles et<br />
s'enrichit rapi<strong>de</strong>ment grâce au commerce <strong><strong>de</strong>s</strong> épices et le marché d'objets d'art et <strong>de</strong> luxe.<br />
Nous sommes en pleine Renaissance que l'humanisme d'Erasme, natif <strong>de</strong> Rotterdam, contribue à répandre, questionnant<br />
à travers les textes antiques, l'histoire, la morale, la religion. A cela s'ajoute la réforme protestante dont l'iconoclasme<br />
suscitera une nouvelle vision parfois panthéiste sur le quotidien et le mon<strong>de</strong> qui nous entoure. Les pays du Nord ainsi<br />
connaîssent un éclectisme culturel croissant.<br />
Enfin, les découvertes scientifiques en matière d'optique, le développement <strong>de</strong> la cartographie suscitée par les grands<br />
voyages sur <strong><strong>de</strong>s</strong> territoires inconnus activent la curiosité pour l'espace qui nous entoure, modifient sa perception et<br />
accroient l'intérêt pour l'observation <strong>de</strong> la nature. Le paysage apparaît comme sujet autonome notamment avec Joachim<br />
Patinir et se développe à travers les qualités d'un peintre attaché au quotidien et à la nature : Pieter Bruegel l'Ancien.<br />
Ses toiles, très prisées, ont obtenu une gran<strong>de</strong> notoriété longtemps encore après sa mort en 1569. Grand nombres<br />
d'artistes dont ses fils seront amenés à le copier pour satisfaire les commanditaires.<br />
ARTISTE<br />
Pieter Breughel le Jeune est né en 1564 à Bruxelles et meurt en 1636 à Anvers. Il est le fils <strong>de</strong> Pieter Bruegel l'Ancien<br />
(1525-1569) et frère <strong>de</strong> Jan Bruegel l'Ancien (1568-1625). Sa première école est celle <strong>de</strong> son père, dont le naturalisme<br />
et le réalisme étaient jusqu'alors inédits. Pieter le Jeune se forme ensuite à Anvers où il est reçu franc maître en 1585 et<br />
se retrouve très vite à la direction d'un atelier. Il compte parmi ses élèves son propre fils Pieter III. Surnommé Bruegel<br />
d'Enfer à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes d'incendie dont il fait un <strong>de</strong> ses thèmes favoris, il s'illustre surtout à travers <strong>de</strong> nombreuses<br />
copies <strong><strong>de</strong>s</strong> tableaux <strong>de</strong> son père. Il répondait ainsi à la forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> collectionneurs dès la fin du XVIe siècle . Si on<br />
lui accor<strong>de</strong> beaucoup moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>xtérité que son père et moins d'aisance dans la retranscription <strong><strong>de</strong>s</strong> détails, il reste<br />
cependant un transmetteur incontournable <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres originales <strong>de</strong> son père en partie disparues.<br />
ŒUVRE<br />
Ce Paysage d'hiver avec trappe à oiseauxest l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreuses répliques <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Pieter Brueghel l'Ancien<br />
(1528-1569), conservée à Bruxelles. Pieter Brueghel le Jeune, commence à livrer ses premières versions au moins trente<br />
ans après la création <strong>de</strong> l'original.<br />
Il s'agit ici d'une scène quotidienne et paisible qui se déroule avec harmonie dans un paysage dépouillé du Brabant, peutêtre<br />
le village <strong>de</strong> Pe<strong>de</strong>-Sainte-Anne. L'œuvre, d'un format réduit, offre cependant un vaste panorama <strong>de</strong> campagne<br />
lointaine sous la neige. La perspective plongeante à vol d’oiseau avec une ligne d'horizon encore relativement haute<br />
permet d’embrasser une vaste étendue. Un chemin <strong>de</strong> glace sur lequel patinent les paysans, serpente autour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
maisons pittoresques. Les arbres parsèment le chemin jusqu'à l'horizon. La vie y semble paisible et enjouée, le<br />
sentiment <strong>de</strong> quiétu<strong>de</strong> emplit les espaces naturels. Les camaïeux <strong>de</strong> gris et brun clair se mêlent <strong>de</strong> façon harmonieuse,<br />
rehaussés par les aplats <strong>de</strong> blanc et quelques points <strong>de</strong> couleur. Une incroyable luminosité emplit la toile et soutient<br />
l'idée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> l'hiver, le moment du dégel. A droite <strong>de</strong> la composition, le piège à oiseaux est prêt à<br />
fonctionner : une vieille porte en bois faisant office <strong>de</strong> trappe et soutenue par un manche peut s'abattre à tout instant<br />
sur le pauvre oiseau impru<strong>de</strong>nt. Cette scène semble renvoyer à celle <strong>de</strong> gauche, là où les patineurs, les joueurs <strong>de</strong> toupie<br />
ou <strong>de</strong> hockey, dont la bonhomie fait sourire, risquent <strong>de</strong> se briser sous l'effet du dégel. Dans cette apparente tranquillité<br />
d'un fort accent <strong>de</strong> vérité et <strong>de</strong> réalisme, Bruegel souligne la fragilité et l'incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vie et renvoie à l'humilité que<br />
l'auteur énonce comme une vertu essentielle. On comprend ici l'humanisme qui habite l'artiste, sa curiosité, sa<br />
compassion mais aussi son regard amusé sur la condition humaine. Loin <strong>de</strong> la condamner, ni <strong>de</strong> prendre parti pour tel ou<br />
tel jugement, il souligne sa possible harmonie avec la nature dont la gran<strong>de</strong>ur infinie le dépasse et rappelle le doute <strong>de</strong><br />
toute existence, si cher à Erasme. Pieter Bruegel l'Ancien a fait une série <strong>de</strong> 6 tableaux sur les saisons. Cette copie du fils<br />
n'a peut être pas la fluidité et la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> détails <strong>de</strong> l'original mais possè<strong>de</strong> cependant toutes les qualités <strong>de</strong> réalisme,<br />
une atmosphère hivernale qui permet <strong>de</strong> séduire les grands collectionneurs du XVIIe siècle. Ces paysages <strong>de</strong> Pieter<br />
Bruegel ouvrent la voie aux grands paysages hollandais du XVIIe siècle.
PISTES PEDAGOGIQUES<br />
1er DEGRE - <strong>Arts</strong> visuels<br />
Collage : Réaliser une collection morceaux <strong>de</strong> papiers <strong>de</strong> gris et blancs en déchirant différents<br />
supports (catalogues). Réaliser un assemblage abstrait en accumulant ces fragments sur un<br />
support.<br />
Réaliser un monochrome en blanc et gris : Créer différents blancs et gris pales en mélangeant<br />
les couleurs, réaliser un camaïeu sur toute la surface d’un support (jouer sur la forme, l’empreinte<br />
ou la touche). Créer à l’encre noir (plume ou pinceau) <strong>de</strong> petites scènes, figures, éléments sur ce<br />
« paysage enneigé »<br />
2 nd DEGRE – Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong> - collège<br />
« <strong>Arts</strong>, créations, cultures », l'œuvre d'art et la genèse <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures<br />
Les scènes quotidiennes notamment <strong>de</strong> Bruegel dans l'atmosphère du paysage, posent la question <strong>de</strong><br />
l'œuvre comme témoin <strong>de</strong> la société. L'œuvre relate ici les différentes formes <strong>de</strong> sociabilité (manifestations<br />
populaires, ludiques, festives...)<br />
En quoi l'œuvre peut-elle témoigner d'une époque ?<br />
La culture humaniste s'accomplit tout au long <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la renaissance. Elle participe <strong>de</strong><br />
l'avènement et du développement du paysage en tant que genre pictural à part entière. Dans quelle<br />
mesure la culture humaniste agit-elle sur la créativité artistique ?<br />
« <strong>Arts</strong> – Espaces - Temps » :<br />
L'homme découvre le mon<strong>de</strong>, l'univers, il voyage dans le temps et sa perception <strong>de</strong> l'espace s'en est<br />
trouvée modifiée. Il se veut « grand » et découvre dans un même temps sa petitesse. A la Renaissance, il<br />
aspire à vivre en harmonie avec son environnement.<br />
Sa place dans l'univers et dans la nature qui l'entoure fait l'objet <strong>de</strong> nombreux questionnements<br />
philosophiques, scientifiques et artistiques encore très prégnants au XXIe siècle.<br />
Quels rapports peuvent s'établir entre la naissance du paysage et la place <strong>de</strong> l'homme dans le<br />
mon<strong>de</strong> et la nature <strong>de</strong>puis l'antiquité ?<br />
« <strong>Arts</strong>, ruptures, continuités »<br />
Les Flamands ont inventé et fait perdurer la peinture <strong>de</strong> paysage . Ils héritent <strong>de</strong> sources antiques que<br />
l'évolution du rapport au mon<strong>de</strong> à alimenté. Du symbolisme au réalisme <strong>de</strong> leursreprésentations ils ont<br />
marqué autant la peinture hollandaise du XVIIe siècle et la peinture réaliste et romantique du XIXe siècle<br />
que le surréalisme du XXe. On s'accor<strong>de</strong> à y trouver les sources <strong>de</strong> notre propre regard sur le paysage<br />
naturel contemporain. Les réflexions qu'ils apportent sur notre rapport à la nature et sur la survivance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
leçons mythologiques.<br />
Pourquoi et comment les artistes se sont-ils intéressés au paysage ? Dans quel contexte<br />
l'attrait pour le paysage a-t-il perduré ? Sous quelles formes artistiques s'exprime-t-il<br />
aujourd'hui ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / français<br />
Champ anthropologique ; thématique « <strong>Arts</strong>, réalités, imaginaires » : l'art et le réel/ Objet<br />
d'étu<strong>de</strong> « Des goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs, discutons-en »<br />
Le relevé d'impressions <strong>de</strong> nos élèves lorsqu'ils observent <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres datant du XVI e au XX e siècle et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
raisons pour lesquelles ils apprécient ou non une production artistique permettrait la mise en place d'un jeu<br />
argumentatif oral – on visera ici le maniement <strong>de</strong> la concession – et d'un travail sur le lexique <strong>de</strong> la<br />
perception. Ces activités menées en début <strong>de</strong> séquence constitueraient une première approche <strong>de</strong> la<br />
question « comment faire partager ses goûts dans une démarche <strong>de</strong> dialogue et <strong>de</strong> respect ?»
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots-clés<br />
Anonyme, imitateur <strong>de</strong> Pieter Brueghel<br />
le Vieux<br />
Paysage avec un artiste <strong><strong>de</strong>s</strong>sinant<br />
vers 1600<br />
Huile sur bois<br />
50,8 x 68,6 cm<br />
Londres, National Gallery, Inv. 1298<br />
Paysage, artiste, peinture<br />
CONTEXTE<br />
Comme dans le reste <strong>de</strong> l'Europe, le XVe siècle dans les Flandres est marqué par la pensée humaniste naissante<br />
qu'alimente l'invention <strong>de</strong> l'imprimerie <strong>de</strong> Gutenberg. Les récits et textes antiques développent une culture <strong>de</strong> la réflexion<br />
sur la vie sociale et inspirent <strong>de</strong> nouvelles idées aux artistes. Le pluri-culturalisme s'y illustre plus qu'ailleurs, dans une<br />
région où les batailles <strong>de</strong> territoire, les échanges commerciaux et les guerres <strong>de</strong> religions entre protestants et catholiques<br />
font cohabiter différentes cultures. L'avènement <strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> paysage découle à la fois <strong>de</strong> ce contexte culturel et<br />
économique. Le commerce <strong>de</strong> l'art y est prospère, et la gravure <strong>de</strong>vient un procédé répandu notamment grâce à la<br />
pratique virtuose <strong>de</strong> Dürer (1471-1528). Pieter Bruegel l'Ancien (1525-1569) en exécuta tout au long <strong>de</strong> sa carrière et<br />
celles ci tout comme ses tableaux étaient très prisés à la fin du XVIe siècle. Ils firent donc l'objet <strong>de</strong> nombreuses copies.<br />
ARTISTE<br />
On ne connait pas l'auteur <strong>de</strong> cette toile. On sait toutefois que le tableau est inspiré d'une gravure <strong>de</strong> Simon Novellanus<br />
(vers 1538- vers 1590) d'après un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin <strong>de</strong> Pieter Bruegel l'Ancien (1525-1569) aujourd'hui perdu. Pieter Bruegel<br />
produisit les premiers paysages dits naturalistes, issus d'une observation réelle <strong>de</strong> la nature dans une vision cosmique du<br />
mon<strong>de</strong>. Datée vers 1590-95, cette gravure correspond au nouvel engouement pour le peintre flamand dans le cercle <strong>de</strong><br />
Rodolphe II <strong>de</strong> Habsbourg à la cour <strong>de</strong> Prague. Le paysage y est alors très apprécié et <strong>de</strong> nombreux peintres (Hoefnagel,<br />
Roelant et Hans Savery, Peter Stevens ou Paulus van Vianen) s'inspirent <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres <strong>de</strong> Bruegel que possè<strong>de</strong> le<br />
collectionneur. Les peintures <strong>de</strong> paysages dans lesquels figure un <strong><strong>de</strong>s</strong>sinateur trouvent leur origine dans une aquarelle<br />
d’Albrecht Dürer <strong>de</strong> la fin du XVe siècle. Elles permettent à la fois d'attester la réalisation d'après nature et en plein air<br />
(pratique qui commence à se répandre) et la vérité d'un lieu reconnaissable. Dans la gravure, l'intérêt du genre est<br />
avancé par l'intermédiaire <strong>de</strong> figures mythologiques (Mercure et Psyché) qui affirment l’idée que la peinture <strong>de</strong> paysage a<br />
sa valeur puisqu'elle appelle l’imagination et le génie du peintre et offre ainsi une gloire immortelle. L'interprétation<br />
picturale <strong>de</strong> cet auteur anonyme est donc assez libre mais s'inscrit dans la pure tradition du paysage flamand. La toile a<br />
pu être exécutée par un artiste du Nord tout comme par un artiste italien, la notoriété du paysage flamand étant déjà<br />
acquise dans toute l'Europe.<br />
ŒUVRE<br />
Un grand panorama s'ouvre sur <strong>de</strong> hautes montagnes bleutées. Des plans successifs révèlent la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> champ<br />
qu'accentue une perspective atmosphérique issue <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci et si bien retranscrit dans les paysages<br />
flamands.<br />
Au premier plan à gauche <strong>de</strong> la composition, au pied d'un arbre discret, l'artiste nous fait entrer dans le paysage et<br />
finalement dans le tableau qu'il observe et retranscrit. Le thème est donné : L'artiste et son sujet, le paysage. Il nous fait<br />
découvrir la vallée et ses imposantes masses rocheuses autour <strong><strong>de</strong>s</strong>quelles serpente une large rivière. Plus l'on s'éloigne,<br />
plus les éléments sont vaporeux et le coloris froid. De minuscules détails s'échelonnent : <strong><strong>de</strong>s</strong> embarcations <strong><strong>de</strong>s</strong>cen<strong>de</strong>nt la<br />
rivière; viennent ensuite, à droite <strong>de</strong> la composition, les carrières <strong>de</strong> minerai <strong>de</strong>vant lesquelles les ouvriers s'activent. Les<br />
rochers dont la représentation est conforme aux <strong><strong>de</strong>s</strong>sins d'observation <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres flamands du XVe, s'achèvent en pente<br />
rai<strong>de</strong> dans l'eau claire <strong>de</strong> la rivière. Par souci <strong>de</strong> réalisme, les premiers paysagistes utilisaient bien souvent un bout <strong>de</strong><br />
roche qu'ils observaient afin <strong>de</strong> représenter les montagnes. Si celles-ci conservent un aspect étrange et quelque peu<br />
stylisé elles n'en <strong>de</strong>meurent pas moins empruntes <strong>de</strong> vérité.<br />
L'espace est aussi perçu à travers la douceur <strong>de</strong> la lumière qui irise la rivière et prolonge par le reflet la verticalité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
rochers. Le lointain bleuté s'efface dans l'horizon du ciel. Les verts et bruns tendres, les bleus froids constituent une<br />
palette classique <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages naturels <strong>de</strong> la peinture flaman<strong>de</strong>.<br />
Il n'y a ici aucune référence mythologique comme dans la gravure ayant servie <strong>de</strong> référence, aucune justification semblet-il<br />
<strong>de</strong> l'intérêt porté au paysage, mais un simple <strong><strong>de</strong>s</strong>sinateur évoqué finalement dans son quotidien. Le lieu même n'est<br />
pas i<strong>de</strong>ntifiable, il semble universel et ne peut avoir fonction <strong>de</strong> témoignage géographique précis. C'est ce qui semble<br />
particulièrement intrigant pour cette toile du tout début du XVIIe siècle. Elle semble annoncer la reconnaissance du<br />
paysage comme genre pictural à part entière et témoigne <strong>de</strong> l'intérêt porté aux peintres <strong>de</strong> paysage dont la noblesse<br />
rési<strong>de</strong> dans leurs capacités d'observer et d'imaginer. Le paysage s'inscrit alors comme un lieu <strong>de</strong> passage pour l'artiste<br />
entre la réalité et le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la création.
PISTES PEDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE - <strong>Arts</strong> visuels<br />
Réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> supports monochromes dans les trois tons : bleus, verts et bruns. Arracher ces<br />
supports en ban<strong><strong>de</strong>s</strong> horizontales étroites. Recomposer un support en organisant ces ban<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
en un paysage abstrait, coller.<br />
Créer un paysage sur la base d’une image choisie en utilisant la règle <strong><strong>de</strong>s</strong> trois tons : se<br />
limiter à <strong><strong>de</strong>s</strong> camaïeux <strong>de</strong> bleus, verts, et bruns.<br />
2 nd DEGRE - COLLEGE :<br />
« <strong>Arts</strong> – Espaces - Temps »<br />
L'homme découvre le mon<strong>de</strong>, l'univers, il voyage dans le temps et sa perception <strong>de</strong> l'espace s'en est<br />
trouvée modifiée. A la Renaissance, il aspire à vivre en harmonie avec son environnement. La place<br />
assignée au paysage est un exemple prégnant <strong>de</strong> cette nouvelle perception. Au cœur <strong>de</strong> cette perception se<br />
trouve l'artiste, à la fois témoin et acteur, il est ici sujet même <strong>de</strong> la réflexion.<br />
Quels rapports peuvent s'établir entre la naissance du paysage et la place <strong>de</strong> l'homme dans le mon<strong>de</strong> et la<br />
nature <strong>de</strong>puis l'antiquité ? Quels rapports peuvent s'établir entre cette nouvelle perception et la place <strong>de</strong><br />
l'artiste dans le mon<strong>de</strong> ?<br />
« <strong>Arts</strong>, ruptures, continuités »<br />
Les Flamands ont inventé et fait perdurer la peinture <strong>de</strong> paysage . Ils héritent <strong>de</strong> sources antiques que<br />
l'évolution du rapport au mon<strong>de</strong> a alimenté. Du symbolisme au réalisme <strong>de</strong> leurs représentations ils ont<br />
marqué autant la peinture réaliste et romantique du XIXe siècle que le surréalisme du XXe siècle. On<br />
s'accor<strong>de</strong> à y trouver les sources <strong>de</strong> notre propre regard sur le paysage naturel contemporain.<br />
Pourquoi et comment les artistes se sont-ils intéressés au paysage ? Dans quel contexte l'attrait pour le<br />
paysage a-t-il perduré ? Sous quelles formes artistiques s'exprime-t-il aujourd'hui ?<br />
« <strong>Arts</strong>, ruptures, continuités »<br />
Albrecht Dürer a ouvert la voie à l'autoportrait : le peintre <strong>de</strong>vient le sujet même <strong>de</strong> la peinture. Il est ici<br />
représenté au travail et en donne la dimension matérielle et spirituelle à travers la valeur du paysage.<br />
Aujourd'hui encore <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes exposent leurs matrices, font <strong>de</strong> leur journal quotidien l'œuvre elle même,<br />
relatent <strong>de</strong> l'instant <strong>de</strong> production, du travail en train <strong>de</strong> se faire...<br />
Pourquoi l'artiste se prend-t-il pour sujet ? En quoi l'évocation <strong>de</strong> son quotidien peut intéresser les hommes<br />
du XVIe siècle ? Les raisons sont-elles i<strong>de</strong>ntiques aujourd'hui ?<br />
« <strong>Arts</strong>, créations, cultures », l'œuvre d'art et la genèse <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures<br />
Les scènes quotidiennes notamment <strong>de</strong> Bruegel dans l'atmosphère du paysage, posent la question <strong>de</strong><br />
l'œuvre comme témoin <strong>de</strong> la société. L'œuvre relate ici <strong><strong>de</strong>s</strong> habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> du peintre.<br />
En quoi l'œuvre peut-elle témoigner d'une époque ?<br />
La culture humaniste s'accomplit tout au long <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Renaissance. Elle participe <strong>de</strong><br />
l'avènement et du développement du paysage en tant que genre pictural à part entière. Dans quelle<br />
mesure la culture humaniste agit-elle sur la créativité artistique ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL - Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / français<br />
Champ anthropologique ; thématique « <strong>Arts</strong>, réalités, imaginaires » : l'art et le réel / Objet<br />
d'étu<strong>de</strong> « Des goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs, discutons-en »<br />
Le relevé d'impressions <strong>de</strong> nos élèves lorsqu'ils observent <strong><strong>de</strong>s</strong> oeuvres datant du XVI e au XX e siècle et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
raisons pour lesquelles ils apprécient ou non une production artistique permettrait la mise en place d'un jeu<br />
argumentatif oral – on visera ici le maniement <strong>de</strong> la concession – et d'un travail sur le lexique <strong>de</strong> la<br />
perception. Ces activités menées en début <strong>de</strong> séquence constitueraient une première approche <strong>de</strong> la<br />
question « comment faire partager ses goûts dans une démarche <strong>de</strong> dialogue et <strong>de</strong> respect ?».
Fiche 2<br />
Le Maniérisme du Nord<br />
CONTEXTE<br />
Renaissance<br />
A la Renaissance, les arts se renouvellent dans un dialogue Nord-Sud, dans une nouvelle quête <strong>de</strong> la réalité que<br />
formalisent au XVe siècle, la perspective mathématique et la perspective atmosphérique dans le réalisme <strong>de</strong> la<br />
représentation. Les arts atteignent une apogée en Italie avec les célèbres Léonard <strong>de</strong> Vinci (1452-1519), Michel-Ange<br />
(1475-1564) et Raphaël (1483-1520) qui s’installe à Rome en 1509, où il s’entoure <strong>de</strong> nombreux élèves.<br />
Simultanément au Nord où se perpétue l’esprit gothique, <strong>de</strong>ux innovants foyers <strong>de</strong> création se distinguent : en<br />
Flandres où Jérôme Bosch (vers 1450-1517) accumule <strong><strong>de</strong>s</strong> figures d’une extrême précision dans <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces<br />
fantasmagoriques, et en Allemagne où Mattias Grünewald (vers 1445/1460, 1528) construit l’image exaltée d’un corps en<br />
souffrance dans le Retable d’Issenheim, commandé en 1513. Par la diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> images permise par l’invention <strong>de</strong><br />
l’imprimerie et par l’essor du voyage en Italie chez les artistes, <strong><strong>de</strong>s</strong> créateurs fusionnent les influences : Michael Pacher au<br />
Tyrol, Hans Holbein l’Ancien et Hans Burgkmair en Bavière, ou Quentin Metsys à Anvers qui continuent <strong>de</strong> se focaliser sur<br />
la représentation <strong>de</strong> l’humain. Avec Adam et Eve, en 1504, Albrecht Dürer incarne l’esprit <strong>de</strong> la Renaissance du Nord alliant<br />
la perfection formelle <strong>de</strong> la représentation au sentiment profond <strong>de</strong> nature. Lucas Cranach (1472-1553) et Albrecht<br />
Altdorfer (1482/85-1538) suivent ses traces montrant une gran<strong>de</strong> sensibilité au paysage ; au Pays-Bas, Joachim Patinir<br />
s’intéresse presque uniquement à ce genre qu’il développe.<br />
La Réforme<br />
Martin Luther (1483-1546) s’oppose aux choix <strong>de</strong> la Papauté en 1517 : la Réforme conquiert le Nord <strong>de</strong> l’Europe,<br />
s’opposant images <strong>de</strong> dévotion. Dans les pays germaniques, la diversité <strong>de</strong> peinture décline rapi<strong>de</strong>ment au seul bénéfice<br />
du portrait. Recommandé par Erasme, Hans Holbein le Jeune (1497-1543) gagne l’Angleterre en 1526. Aux thèses <strong>de</strong> Jean<br />
Calvin (1509-1564), acquis aux idées luthériennes succè<strong>de</strong> dans la secon<strong>de</strong> moitié du XVIe siècle un mouvement<br />
iconoclaste. La question religieuse divise violemment l’Europe : le protestantisme s’étend dans <strong>de</strong> nombreux pays du Nord<br />
Angleterre, Allemagne, Suisse et Pays Bas du Nord où <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes se spécialisent dans <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets sur lesquels l’église<br />
protestante n’a pas d’avis comme la peinture d’objet. En 1543, Nicolas Copernic (1473-1543) révolutionne la conception<br />
du mon<strong>de</strong> en publiant son traité d’astronomie à Nuremberg. En ce début <strong>de</strong> siècle, trois grands monarques dominent<br />
l’Europe : Charles Quint (-1558), François Ier (-1547) et Henri XVIII (-1547) qui font le projet d’une école artistique que<br />
seul le souverain français mène à bien : l’école <strong>de</strong> Fontainebleau.<br />
La Contre-Réforme<br />
L’église réagit face à la Réforme et à Trente en Italie, un Concile construit <strong>de</strong> 1545 à 1563, la nouvelle politique <strong>de</strong><br />
l’église catholique. Un rôle nouveau est assigné à l’image dans les églises, rôle théorisé par Ignace <strong>de</strong> Loyola, fondateur<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Jésuites en 1534 : l’œuvre d’art doit séduire, émouvoir et instruire. En 1572, à Paris, les protestants sont massacrés<br />
lors <strong>de</strong> la nuit <strong>de</strong> la Saint-Barthélemy ; les Pays-Bas se révoltent contre l’autorité espagnole. Guillaume d’Orange prend la<br />
tête du mouvement <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas du Nord en 1577, la révolte est réprimée dans ceux du Sud en 1578.<br />
MOUVEMENT<br />
Maniérisme<br />
Le maniérisme apparaît entre les années 1515 et 1520 dans différentes villes italiennes. Dans La Transfiguration<br />
qu’il réalise en 1520 pour l’église <strong>de</strong> Narbonne, Raphaël représente <strong>de</strong>ux éléments simultanés qu’il différencie dans le<br />
traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> corps. Suite au sac <strong>de</strong> Rome par les armées <strong>de</strong> Charles Quint en 1527, les élèves <strong>de</strong> Raphaël, qui<br />
continuent à former une école après la mort du maître en 1520, se dispersent en Europe et essaiment cet art. Fiorentino<br />
Rosso migre à Fontainebleau en 1530, bientôt rejoint par Le Primatice.<br />
« C’est un pauvre disciple qui ne surpasse pas son maitre » a écrit Léonard <strong>de</strong> Vinci, l’imitation <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres se<br />
dénature progressivement en recherche d’originalité. Les artistes tentent <strong>de</strong> s’individualiser par le bizarre et l’insolite :<br />
décors étranges, détails incongrus, postures exagérées, anatomies hypertrophiées, couleurs altérés… Au XVIIIe siècle,<br />
l’abbé Luigi Lanzi, historien <strong>de</strong> l’art, introduit le terme <strong>de</strong> maniérisme pour caractériser négativement ce style qui se<br />
généralise en Europe dans la secon<strong>de</strong> moitié du XVIe siècle. Alain Tapié, conservateur <strong>de</strong> l’exposition, signale l’aptitu<strong>de</strong><br />
spécifique du maniérisme à régénérer les i<strong>de</strong>ntités locales et à transcen<strong>de</strong>r les singularités : paysages fabuleux en<br />
Flandres, érotisme froid <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> école <strong>de</strong> Fontainebleau* i ; raffinement du centre praguois.<br />
Des foyers maniéristes se développent en Europe, à Florence autour <strong>de</strong> Pontormo (Pontorme, 1494- Florence,<br />
1557), à Parme autour du Corrège (Correggio, 1489 – Corregio 1534) et du Parmesan (Parme, 1503 – Casalmagiorre,<br />
1540), à Anvers autour <strong>de</strong> 1540 avec Frans Floris (Anvers, 1520 - Anvers, 1570), à Haarlem avec Maarten Van Heemskerk<br />
(Heemskerk, 1498 - Haarlem, 1574), puis à Prague à la cour <strong>de</strong> Rodolphe II, à partir <strong>de</strong> 1562 avec Guiseppe Archimboldo<br />
(Milan,1527 - Milan,1593) puis Bartholomeus Spranger (Anvers, 1546- Anvers, 1611).<br />
Après 1550, toutes les cours européennes favorisent un maniérisme décoratif artificiel et froid. Entre 1580 et 1610,<br />
Prague <strong>de</strong>viend la capitale du maniérisme européen qui s’éteint dans la <strong>de</strong>rnière décennie du siècle avec l’avènement du<br />
réalisme du Caravage (1557-1602) et du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin naturaliste <strong><strong>de</strong>s</strong> frères Carrache (Augustin, 1557-1602 et Annibal, 1560-<br />
1609). Ces <strong>de</strong>ux révolutions picturales s’opposent à Rome quand le jeune Rubens s’installe à Rome en 1600. A Londres,<br />
Shakespeare rédige Hamlet.<br />
Le maniérisme flamand<br />
En Flandres, les artistes se rangent à la mo<strong>de</strong> italienne, on les nomme Romanistes. Après un voyage en Italie, ils<br />
intègrent les innovations artistiques aux ambitions locales : <strong>de</strong> la couleur vénitienne dans la première moitié du siècle au<br />
triomphe du naturalisme <strong><strong>de</strong>s</strong> Carrache.<br />
A Rome, ces artistes aiment en <strong><strong>de</strong>s</strong>siner les paysages comme Jan Gossart entre 1508 et 1509, Jan Van Scorel en
1522 et Marteen Van Heemskerck entre 1532 et 1536. Ces véduta marient les motifs architecturaux à ceux <strong>de</strong> la nature<br />
dans <strong>de</strong> monumentaux théâtres qui accueillent le sujet. A la fin du siècle, Paul Brill (1553/54 – 1626), qui gagne Rome en<br />
1574, <strong>de</strong>vient avec l’allemand Elsheimer un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus célèbre paysagiste synthétisant le maniériste flamand au nouveau<br />
paysage classique <strong><strong>de</strong>s</strong> Carrache qui triomphe en 1575.<br />
L’anversois Frans Floris intègre la culture italienne à une forte sensualité; à sa mort, Maerten <strong>de</strong> Vos (1532-1603)<br />
prend la tête <strong>de</strong> la guil<strong>de</strong> Saint-Luc, il a été formé dans l’atelier du Titien. A contre-courant, Pieter Bruegel (1525/30-1569)<br />
refuse l’aspect héroïque qu’implique l’idéal italien, il élabore <strong>de</strong> grands paysages où l’homme se situe comme élément <strong>de</strong> la<br />
nature. Il joue du fantastique pour dépeindre l’universelle folie humaine. Ses fils, Pieter Bruegel le jeune et Jan,<br />
multiplieront son œuvre par la copie bien après sa mort, diffusant l’œuvre du maître. Cet aspect industriel <strong><strong>de</strong>s</strong>sert participe<br />
au rejet du maniérisme à certaines époques.<br />
Pieter Aertsen (1508-1575) se partage entre sa ville natale Amsterdam et Anvers, il met en scène <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages<br />
populaires dans une veine naturaliste caractéristique. L’objet, porteur <strong>de</strong> symbole, est magnifié, initiant la nature morte<br />
hollandaise du XVIIe siècle.<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – <strong>Arts</strong> visuels<br />
Accentuer <strong><strong>de</strong>s</strong> postures : Choisir <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres <strong>de</strong> toutes époques. Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> tableaux vivants :<br />
mimer les actions, reprendre les postures. Puis exagérer les attitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, les pousser à l’extrême :<br />
photographier. Constater l’effet produit. Plastiquement, la mise en scène sera plus efficace si les<br />
élèves sont habillées <strong>de</strong> façon uniforme sur fond neutre.<br />
Créer un paysage fantastique : sur la base d’une photo choisie, créer un paysage dans lequel on<br />
multipliera à l’extrême une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> petites scènes, personnages, bizarreries.<br />
2 nd DEGRE - Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts, Collège<br />
« <strong>Arts</strong>-Ruptures-continuités »<br />
Le maniérisme semble prolonger les acquis <strong>de</strong> la Renaissance. Il s'opère cependant une réécriture parfois<br />
caricaturale <strong><strong>de</strong>s</strong> leçons <strong><strong>de</strong>s</strong> grands maîtres qui font du maniérisme un nouveau mouvement.<br />
Aujourd'hui encore, la distorsion, l'exagération, l'étrangeté alimentent les visions artistiques contemporaines.<br />
Entre continuité et rupture, quelles sont les caractéristiques et les causes du maniérisme et ses influences<br />
sur les mouvements qui le suivent jusqu'à aujourd'hui ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL – classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français / Histoire<br />
Champ esthétique ; thématique « arts, théories et pratiques » : L'art et ses conventions / Objet<br />
d'étu<strong>de</strong> « Des goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs, discutons-en » / Sujet d'étu<strong>de</strong> historique « Humanisme et<br />
Renaissance »<br />
L'enseignement <strong>de</strong> l'histoire peut servir <strong>de</strong> borne chronologique à l'étu<strong>de</strong> du maniérisme comparativement à<br />
celle du baroque. Il conviendra ici <strong>de</strong> mener un projet transversal qui permette aux élèves <strong>de</strong> contextualiser<br />
et <strong>de</strong> repérer les caractéristiques dominantes d'un courant artistique en vue <strong>de</strong> s'ouvrir aux goûts <strong><strong>de</strong>s</strong> autres<br />
et <strong><strong>de</strong>s</strong> époques.<br />
PARCOURS DANS LES COLLECTIONS PERMANENTES<br />
Maniérisme flamand<br />
Anonyme, Le concert dans l’œuf, copie d’une œuvre disparue <strong>de</strong> Jérôme Bosch entre 1550 et 1600<br />
Jan San<strong>de</strong>rs Van Hemessen, Vanité, vers 1535-40<br />
Entourage <strong>de</strong> Jan Massys, Tarquin et Lucrèce, vers 1550<br />
Maerteen Van Heemskerck, Course <strong>de</strong> Taureau à l’antique, 1552<br />
Albert Jacobszoon, La Cène, autour <strong>de</strong> 1552<br />
Paul Brill, Le Naufrage <strong>de</strong> Jonas,<br />
Joos <strong>de</strong> Momper II, Vue <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes, vers 1600-1610<br />
Bruegel<br />
Pieter Bruegel II, Le Dénombrement <strong>de</strong> Bethléem<br />
Ecole <strong>de</strong> Fontainebleau<br />
Lucas Penni, La Déploration du Christ, vers 1540<br />
Ecole <strong>de</strong> Prague<br />
Joachim Wtevael, La Résurrection <strong>de</strong> Lazare, vers 1600<br />
Dirk Van Ravensteyn, Vénus et l’amour, vers 1600<br />
*Portrait présumé <strong>de</strong> Gabrielle d’Estrée et sa sœur, vers 1594, Musée du Louvre
Auteur<br />
Œuvre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots clé<br />
Paul Brill (Anvers, 1554–Rome, 1662)<br />
Le naufrage <strong>de</strong> Jonas<br />
Vers 1616-1630<br />
Huile sur bois<br />
125 x 169 cm<br />
Acquis par le musée en 1976<br />
Tempête, Jonas, Paysage<br />
CONTEXTE<br />
Les premières représentations <strong>de</strong> la nature sont l’œuvre <strong>de</strong> peintres du Nord à la Renaissance. Pour le retable <strong>de</strong><br />
Genève en 1444, Konrad Witz (Rottweil, vers 1440/50 – Bâle ou Genève vers 1444/46) situe La Pêche Miraculeuse<br />
sur les rives du Lac Léman qu’il décrit avec une fidélité qui interpelle les fidèles dans une réalité quotidienne. A<br />
Anvers, Joachim Patinir (Dinan ou Bouvignies, vers 1485 – Anvers 1524) organise <strong>de</strong> grands paysages où il situe<br />
ses scènes religieuses. Pieter Brueghel (Brueghel, vers 1525- Bruxelles, 1569) développe <strong><strong>de</strong>s</strong> vues flaman<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
organisées où foisonne la vie et Jérôme Bosch (Bois-le-duc, vers 1550-60 – 1516) développe le fantastique dans<br />
ses paysages. La réalité banale <strong>de</strong>vient une source <strong>de</strong> poésie. Le paysage se développe concomitamment en Italie<br />
où le terme apparait en 1520 pour désigner <strong><strong>de</strong>s</strong> vues <strong>de</strong> la nature à Venise. La pratique vénitienne s’implante à<br />
Rome dans la secon<strong>de</strong> moitié du XVIe siècle.<br />
Au tournant du siècle, Paul Bril est un <strong><strong>de</strong>s</strong> paysagistes les plus importants, <strong>de</strong> son vivant même. Il développe le<br />
réalisme dans le paysage avant que Nicolas Poussin ne développe son idéalisation. Clau<strong>de</strong> Gellée dit le Lorrain se<br />
formera auprès <strong>de</strong> son élève Agostino Tassi (Rome, 1580 – Rome, 1644).<br />
ARTISTE<br />
Peu <strong>de</strong> documents subsistent <strong>de</strong> cette époque et on trouve trois peintres à Anvers sous le patronyme Bril :<br />
Mattheus l’Ancien qui <strong>de</strong>meurait Cloitre Notre-Dame en 1546, Mattheus le Jeune né à Anvers en 1550 et Paul qui y<br />
nait 4 ans plus tard. Nés dans l’atelier paternel, les fils épousent souvent la même carrière que leur père, se<br />
forment dans d’autres ateliers, puis voyagent en Italie à partir <strong>de</strong> la Renaissance avant <strong>de</strong> postuler à la Guil<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
peintres <strong>de</strong> leur cité. Il est ainsi très probable que Paul soit le fils <strong>de</strong> Mattheus « l’Ancien » et le frère <strong>de</strong> Mattheus<br />
« le Jeune » qui part à vingt ans achever sa formation en Italie où il est signalé en 1581.<br />
Paul apparait dans l’atelier Anversois <strong>de</strong> Damien Wortelmans comme peintre <strong>de</strong> clavecin avant <strong>de</strong> gagner Lyon<br />
en 1574 puis Rome où le succès <strong>de</strong> son frère grandit. Il sera l’apprenti <strong>de</strong> son frère jusqu’à son décès en 1583,<br />
alors qu’il réalise les fresques <strong>de</strong> la Salle Ducale du Vatican. Le pape Grégoire XIII lui confie l’achèvement du<br />
chantier. Il travailla pour neuf papes qui se succè<strong>de</strong>nt lors <strong>de</strong> son séjour romain. Il se lie d’amitié avec les célèbres<br />
frères Carrache : Annibale Carrache collabore à plusieurs <strong>de</strong> ses œuvres. En 1590, Paul Bril commence à peindre<br />
sur cuivre et sur toile <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages <strong>de</strong> tradition flaman<strong>de</strong> : trois plans successifs en trois tons brun, vert et bleu<br />
sont <strong>de</strong>nsément peuplés. Séduit par le luminisme <strong>de</strong> son compatriote Adam Elsheimer qui arrive en 1600 dans la<br />
capitale italienne, il commence à donner un rôle constructif à la lumière. Ses compositions évoluent vers plus <strong>de</strong><br />
naturel, il est un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers artistes à traduire un moment <strong>de</strong> la journée ou <strong>de</strong> la saison dans ses panoramas.<br />
Honneur rare pour un paysagiste, il occupe dès 1620 <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions à l’académie San Luca et restera à Rome jusqu’à<br />
sa mort.<br />
OEUVRE<br />
Une tempête déchaine les éléments, <strong>de</strong> sombres nuées s’abattent sur un voilier malmené par les flots, les<br />
vagues bouillonnantes se fracassent sur sa coque, un mat se brise, les voiles déchirées claquent au vent. Arraché<br />
au navire, un colis danse sur l’écume. Dans l’ombre, la côte hérisse ses rocs augurant du naufrage. Aux lames<br />
marines frangées d’écume répon<strong>de</strong>nt les lames minérales bordées <strong>de</strong> feuillages. Brisants, montagnes, flots, une<br />
nature sombre exprime sa colère. Cependant au loin, l’horizon est lumineux, et <strong><strong>de</strong>s</strong> navires dans la baie glissent sur<br />
une mer étale. Le sort s’acharnerait-il sur l’infortuné voilier pointé par le triangle <strong><strong>de</strong>s</strong>siné grâce aux noirs nuages ?<br />
C’est ce que pensent les matelots du voilier qui, au pied du mat, précipitent dans les flots l’infortuné que poursuit<br />
« le mauvais œil ». Et ils ne se trompent guère car Jonas – car il s’agit bien du personnage biblique – a fui les<br />
directives divines. A Ninive, Dieu l’avait envoyé combattre un renouveau du culte <strong><strong>de</strong>s</strong> idoles. Effrayé par la mission,
le prophète embarque en méditerranée où le rattrapent les foudres divines. Jonas jeté à l’eau, la tempête s’apaise.<br />
Mais un grand poisson avale le fuyard dans l’estomac duquel il restera trois jours et trois nuits. Le peintre le<br />
figure mi-chien mi-serpent <strong>de</strong> mer : un monstre jaillissant <strong><strong>de</strong>s</strong> abysses, gueule ouverte, frappant la surface <strong>de</strong> sa<br />
queue écailleuse. La clémence divine libérera le prophète repenti, et l’extraordinaire animal recrachera Jonas sur<br />
une plage d’où il se rendra à Ninive dont il présagera la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction.<br />
Dans ce récit biblique Paul Bril insuffle <strong>de</strong> la puissance flaman<strong>de</strong> à la tradition italienne. Sur la diagonale <strong>de</strong><br />
l’œuvre, il étage la côte en alternant promontoires noyés dans l’ombre et caps violemment éclairés. Le peintre<br />
construit l’espace en décors coulissant <strong>de</strong> théâtre dont la perspective conduit à une lumière douce. Tours <strong>de</strong> guet,<br />
arches, phare, temple, monastère, fort, les architectures antiques hantent les rochers. Dans une économie <strong>de</strong> tons<br />
héritée du paysage flamand, Paul Bril bâtit un cadre surnaturel au récit féérique. Le paysage <strong>de</strong>vient fantastique, un<br />
espace où s’affrontent les contraires : <strong>de</strong> l’ombre et <strong>de</strong> la lumière, <strong>de</strong> la tempête et l’étale, <strong><strong>de</strong>s</strong> verticales<br />
jaillissantes et <strong><strong>de</strong>s</strong> horizontales apaisantes : un affrontement <strong>de</strong> l’humain et du divin.<br />
Ce paysage imaginaire à dimension cosmique relève du maniérisme par sa construction asymétrique et le climat<br />
fantastique qu’expriment les motifs rocheux tourmentés, le monstre, et les effets lumineux dramatiques. Le Musée<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong> Royaux <strong>de</strong> Bruxelles en possè<strong>de</strong> une autre version du même artiste qui reprend sur toile, une fresque qu’il<br />
a réalisé à la Scala Santa <strong>de</strong> Rome en 1588.<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – <strong>Arts</strong> visuels<br />
Des théâtres d’objets : créer dans <strong><strong>de</strong>s</strong> boites en carton, <strong>de</strong> petits théâtres d’objets.<br />
Aménager <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvertures latérales et sommitales par lesquelles on éclaire différemment les<br />
scènes réalisées : constater les effets produits. Photographier.<br />
Paysages fantastiques : Choisir une image <strong>de</strong> paysage, modèle sur la base duquel on vient<br />
créer au crayon un paysage fantastique en en déformant les éléments constitutifs. Colorer<br />
l’ensemble en se limitant à <strong><strong>de</strong>s</strong> bruns, bleus et jaunes. Accentuer les contrastes.<br />
2 nd DEGRE - Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts, Collège<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes, religions »<br />
Cette peinture <strong>de</strong> paysage du XVIIe siècle s'articule autour d'une fable sacrée. Le grand récit est ici<br />
évoqué avec un réalisme éloigné <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions symboliques : Jonas est réduit à une minuscule<br />
figure et l'accent est mis sur une atmosphère emprunte <strong>de</strong> vérité, à savoir tumulte <strong><strong>de</strong>s</strong> flots et scène<br />
d'activité humaine.<br />
Comment ce mythe biblique s'exprime-t-il à travers le paysage ? En quoi cette expression témoigneelle<br />
d'un nouveau regard sur le mon<strong>de</strong> et d'une « humanisation » <strong><strong>de</strong>s</strong> interprétations iconographiques<br />
religieuses ?<br />
Lycée professionnel - classe <strong>de</strong> première professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, réalités, imaginaires » : l'art et l'imaginaire /<br />
Objet d'étu<strong>de</strong> « Du côté <strong>de</strong> l'imaginaire »<br />
La transposition d'un récit biblique et la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments cauchemar<strong><strong>de</strong>s</strong>ques (créature<br />
fabuleuse, univers tourmenté...) dans cette oeuvre <strong>de</strong> Paul Brill peut servir <strong>de</strong> prétexte à la définition<br />
du fantastique avant <strong>de</strong> conduire nos élèves à la lecture intégrale d'une fable, d'un conte ou d'un récit<br />
imaginaire.
Fiche 3<br />
Le sens caché <strong>de</strong> la peinture flaman<strong>de</strong> au XVI e<br />
siècle<br />
L’abondance <strong>de</strong> références dans les œuvres flaman<strong><strong>de</strong>s</strong> du XVIe siècle contribue à l’ambiguïté, au mystère <strong>de</strong> leur<br />
interprétation. Symbole, allégorie, emblème, mythe, fable sacrée, toutes les références à l’érudition humaniste <strong>de</strong> la<br />
Renaissance, toutes les références à la société et aux mœurs <strong>de</strong> l’époque, ainsi que le rôle déterminant <strong>de</strong> la<br />
pensée chrétienne du XVIe siècle, riche d’un débat religieux virulent, tout cela contribue au mystère du sens<br />
profond <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres d’art.<br />
Le sens caché du quotidien<br />
Au XVIe siècle, la tradition iconographique religieuse elle-même est remise en question dans son symbolisme trop<br />
connu. L’œuvre ne se contente pas d’illustrer, <strong>de</strong> donner lecture <strong>de</strong> l’Evangile, elle commente, elle explicite comme<br />
un sermon. Elle propose un sens caché ou spirituel. L’introduction du quotidien, <strong>de</strong> la nature, le rejet du symbolisme<br />
froid et abstrait, l’usage d’objets concrets, <strong>de</strong> situations triviales permettent l’actualisation du message biblique. Un<br />
dynamisme <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> l’image a été inventé alors pour captiver le fidèle, pour le toucher d’une manière inédite.<br />
Dès lors, selon l’option <strong>de</strong> références, l’interprétation érudite <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres diverge. L’ambiguïté <strong>de</strong> lecture est<br />
renforcée par l’absence <strong>de</strong> sources écrites. Carel Van Man<strong>de</strong>r (1548- 1606) à travers sa «vie <strong><strong>de</strong>s</strong> plus illustres<br />
peintres <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays- Bas et d’Allemagne» constitue l’unique référence. L’idée d’un art flamand nourri <strong>de</strong> symbolisme<br />
caché s’en est trouvé confortée. Par souci <strong>de</strong> concision, on n’explorera que quelques formes du symbolisme déguisé<br />
du paysage flamand au XVIe siècle.<br />
La forme la plus connue se rattache aux symboles anecdotiques que l’on trouve couramment chez Bosch et Bruegel.<br />
C’est par exemple dans une scène <strong>de</strong> fête populaire villageoise, un personnage portant une cuillère accrochée à la<br />
hanche ou au chapeau. C’est la cuillère pour l’écuelle <strong>de</strong> bouillie qui désigne le pauvre journalier, le paysan sans<br />
terre. Autre anecdote symbolique souvent entrevue : l’entonnoir sur la tête, symbole <strong>de</strong> tromperie, ou encore le<br />
hibou, symbole <strong>de</strong> stupidité, voire <strong>de</strong> démence profon<strong>de</strong>. La trappe aux oiseaux qu’on découvre dans les paysages<br />
d’hiver a une signification précise. L’oiseau est associé à l’âme fragile du chrétien qui n’est pas à l’abri <strong><strong>de</strong>s</strong> pièges et<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> tentations pour le faire tomber dans le péché. Le diable a posé cette trappe et l’homme pieux doit à tout prix<br />
l’éviter pour gagner son salut ; d’ où parfois ces traces <strong>de</strong> pas dans la neige qui contournent le piège. Ces symboles<br />
anecdotiques sont tirés <strong><strong>de</strong>s</strong> proverbes, <strong>de</strong> la culture orale, <strong>de</strong> la littérature populaire <strong>de</strong> colportage. Leur utilisation<br />
insistante se mêle à l’exaltation <strong>de</strong> la culture et <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions flaman<strong><strong>de</strong>s</strong>, comme les scènes <strong>de</strong> kermesses et <strong>de</strong><br />
festivités villageoises l’attestent. Cela apparaît comme une forme <strong>de</strong> résistance à l’ordre nouveau imposé par les<br />
occupants espagnols.<br />
Particulièrement chez Bruegel, le thème <strong><strong>de</strong>s</strong> réjouissances paysannes est un prétexte pour interroger l’homme sur<br />
sa condition. La fête reliée à la folie et aux jeux est présentée comme le théâtre du mon<strong>de</strong>. Ce qui est rendu visible<br />
dans ces fêtes populaires est la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> sens. La noce <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans thème traité avant Bruegel par <strong><strong>de</strong>s</strong> graveurs<br />
comme Pieter Van Der Borcht, a pour enjeu la dénonciation <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés capitaux comme l’intempérance, la luxure,<br />
la satisfaction éhontée <strong><strong>de</strong>s</strong> instincts primitifs. En associant les paysans aux obscènes pulsions immédiates, Bruegel<br />
attire l’attention sur les valeurs bourgeoises opposées. Ces valeurs réclament, au contraire, la maîtrise <strong>de</strong> soi, le<br />
contrôle <strong><strong>de</strong>s</strong> passions, l’éthique du travail, la résignation sociale. Elles sont les valeurs <strong>de</strong> la bourgeoisie établie,<br />
semi humaniste <strong><strong>de</strong>s</strong> villes <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas d’ où sont issus les commanditaires <strong>de</strong> Bruegel et <strong>de</strong> ses confrères.<br />
L’influence <strong>de</strong> l’humanisme<br />
L’appartenance <strong>de</strong> certains artistes comme Bruegel aux cercles humanistes où ils côtoient <strong><strong>de</strong>s</strong> érudits (on y trouve<br />
également <strong><strong>de</strong>s</strong> imprimeurs et amateurs d’art) les sensibilisent au renouveau littéraire. L’emblème est un genre<br />
littéraire qui se développe à la Renaissance et qui connaît une gran<strong>de</strong> fortune dans l’Europe humaniste. A la fois jeu<br />
d’esprit et propos moral, l’emblème séduit les artistes par sa faculté <strong>de</strong> « peindre la parole et <strong>de</strong> parler aux<br />
yeux ». Andrea Alciato (Emblemata-1531) et Pierio Valeriano (Hieroglyphica- 1556) sont les auteurs <strong>de</strong> référence<br />
avant que ne paraisse l’ouvrage majeur «Iconologia » (1593) <strong>de</strong> Cesare Ripa. Les livres d’emblèmes sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
recueils illustrés <strong>de</strong> gravures avec comme principe l’association d’un titre (la <strong>de</strong>vise considérée comme l’âme <strong>de</strong><br />
l’emblème), d’une image et d’un texte. Le texte explique, éluci<strong>de</strong> le sens caché <strong>de</strong> l’image et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>vise. Dans la<br />
Chute d’Icare <strong>de</strong> Bruegel, une condamnation ironique <strong>de</strong> l’orgueil humain confinant à la démence s’inscrit dans la<br />
série <strong><strong>de</strong>s</strong> sept péchés capitaux <strong><strong>de</strong>s</strong> livres d’emblèmes. Icare vole par prouesse comme un paon, l’attribut <strong>de</strong><br />
l’orgueil. Sa vanité est le défaut <strong>de</strong> la jeunesse comme il apparaît toujours dans les emblèmes. Et la chute constitue<br />
bien la punition immédiate <strong>de</strong> l’orgueil comme on le trouve également dans le mythe <strong>de</strong> Babel, miroir <strong>de</strong> l’orgueil.<br />
Un symbolisme plus profond accompagne l’émergence du paysage dans sa version panoramique <strong>de</strong>puis Joachim<br />
Patinir. Il affecte même <strong>de</strong> façon plus générale le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> l’œuvre. Une forme <strong>de</strong> stratégie du piège<br />
apparaît chez <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs comme Bruegel. Le modèle se trouverait dans L’éloge <strong>de</strong> la folie d’Erasme ; où l’on piège<br />
le lecteur en le conduisant à admettre qu’en miroir c’est <strong>de</strong> lui dont il est toujours question. Chez Bruegel, le<br />
spectateur est pris au piège <strong>de</strong> la beauté du mon<strong>de</strong> visible, il est amené malicieusement à l’admirer exclusivement.<br />
Comme chez Patinir, le paysage semble <strong>de</strong>venir l’essentiel du tableau. Hors, il faut renoncer à ce survol émerveillé<br />
du mon<strong>de</strong> et se tourner vers un regard intérieur. C’est le thème <strong>de</strong> l’aveuglement emprunté aux propos d’Erasme<br />
sur la vraie spiritualité (intérieure et personnelle). La cécité s’oppose à l’ascension spirituelle. Le paysage<br />
paradisiaque conduit à la perdition. Ce sens intentionnel, ce second <strong>de</strong>gré symbolique est renforcé par la disposition<br />
particulière <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes religieuses miniaturisées, isolées dans <strong>de</strong> vastes compositions <strong>de</strong> paysages ou <strong>de</strong> scènes <strong>de</strong><br />
foules. La plupart du temps, les protagonistes vaquent à leurs occupations quotidiennes sans attention spéciale pour<br />
l’épiso<strong>de</strong> sacré pourtant présent à leur côté. Seul le spectateur a une vision dominante (le point <strong>de</strong> vue élevé du<br />
paysage à vol d’oiseau) et se trouve en mesure <strong>de</strong> discerner l’essentiel. Lui seul peut voir. Il peut redécouvrir par
une vision attentive la signification du texte biblique et méditer. L’appréhension <strong>de</strong> l’œuvre d’art est déterminée par<br />
une spiritualité intérieure qui apparaît dans les Pays-Bas méridionaux aux cours <strong><strong>de</strong>s</strong> années d’émergence <strong>de</strong> la<br />
Réforme et qui est un humanisme chrétien marqué par la pensée d’Erasme. La découverte visuelle qui conduit au<br />
salut et à la conversion <strong>de</strong> l’âme s’inspire du sens caché <strong><strong>de</strong>s</strong> paroles <strong>de</strong> Jésus lorsqu’ il a recours aux paraboles. Il<br />
explique à ses disciples : « Il vous est donné <strong>de</strong> connaître les mystères du Royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> Cieux tandis qu’à ceux là<br />
ce n’est pas donné… voilà pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’ils regar<strong>de</strong>nt sans regar<strong>de</strong>r, qu’ils enten<strong>de</strong>nt<br />
sans entendre ni comprendre, pour eux s’accomplit la prophétie d’ Isaïe : vous aurez beau entendre vous ne<br />
comprendrez pas, vous aurez beau regar<strong>de</strong>r, vous ne verrez pas. » L’œuvre flaman<strong>de</strong> a une vocation à la dévotion,<br />
elle est un bijou spirituel. Au thème <strong>de</strong> l’aveuglement (l’homme est fou parce qu’il ne distingue pas l’essentiel qui<br />
est la vie éternelle <strong>de</strong> l’accessoire qui est la vie terrestre) s’oppose le thème du juste : l’homme simple qui entend<br />
distinctement la parole <strong>de</strong> Dieu, qui sait sans le secours d’aucune science.<br />
Une autre référence spirituelle qu’on interprète comme sens caché explique l’insertion d’épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> sacrés dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
scènes <strong>de</strong> vie contemporaine. C’est l’influence <strong>de</strong> Sébastien Franck dont il est question. C’est un historien<br />
humaniste, esprit indépendant pour qui seule importe la foi individuelle en un Dieu que n’emprisonnent ni les<br />
dogmes, ni les écritures, ni les théologiens. Il prône un christianisme libre. Pour lui, la foi chrétienne est affaire<br />
personnelle ; c’est quelque chose <strong>de</strong> vécu et non d’extérieur à soi. La force <strong><strong>de</strong>s</strong> écritures est dans le sens spirituel,<br />
existentiel et non dans le sens littéral. Tout ce qui a été enseigné par l’Eglise est à revoir. Et voici l’idée<br />
particulièrement influente : selon lui, les histoires d’Adam et du Christ ne sont pas Adam et le Christ. La vérité <strong>de</strong> la<br />
Bible ne concerne plus les événements qui se déroulèrent en Palestine en <strong><strong>de</strong>s</strong> temps reculés mais plutôt ce qui<br />
advient en nous, maintenant. Le Christ doit naître, vivre, mourir et ressusciter en nous. L’acte ré<strong>de</strong>mpteur survient<br />
lorsque nous découvrons que le royaume <strong>de</strong> Dieu est en nous-mêmes. L’anachronisme si courant dans les scènes<br />
<strong>de</strong> la passion du Christ est symbole d’intériorisation. L’épiso<strong>de</strong> religieux inséré se conçoit comme une parole<br />
intérieure qui s’éveille.<br />
Le XVIe siècle est une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise intense. La récidive du doute a fait vaciller les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la vérité, ce<br />
qui rend plus sensible l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong> faux-semblants. Une dénonciation <strong>de</strong> toutes les formes <strong>de</strong> déguisement<br />
apparaît dans la littérature et dans les arts. On apprend à tromper les attentes, à jouer du quiproquo pour dire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
choses plus sensées, pour cultiver le doute. Le sens caché <strong>de</strong> l’image est aussi une alchimie du faux-semblant.<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – <strong>Arts</strong> visuels<br />
Décrire une œuvre : Proposer une œuvre choisie aux élèves (grand format), la regar<strong>de</strong>r silencieusement<br />
puis en recenser tous les éléments représentatifs constitutifs (vocabulaire, structuration spatiale). Relever<br />
les incongruités, émettre <strong><strong>de</strong>s</strong> hypothèses : constater qu’un sens caché peut nous échapper.<br />
2 nd DEGRE<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes et religions » Nouvelle religion, nouveau symbolisme <strong>de</strong> l’art.<br />
L’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> doctrines religieuses <strong>de</strong> la Réforme sur le symbolisme original <strong>de</strong> l’art flamand <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié<br />
du XVIème siècle. Distinguer entre l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> mentalités religieuses populaires et la connaissance humaniste<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> textes <strong><strong>de</strong>s</strong> grands auteurs <strong>de</strong> la Réforme.<br />
L’iconographie religieuse traditionnelle et le symbolisme déguisé dans l’art flamand <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVIème<br />
siècle.<br />
LYCEE PROFESSIONNEL – Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts - Histoire<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts et sacré » : l'art, le divin et les croyances / Sujet d'étu<strong>de</strong><br />
historique « Humanisme et Renaissance »<br />
L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la peinture flaman<strong>de</strong> du XVI e siècle au travers <strong>de</strong> l'expression du sentiment religieux montrera que la<br />
codification visuelle <strong>de</strong> cette époque s'appuie à la fois sur la connaissance humaniste <strong><strong>de</strong>s</strong> textes sacrés et sur les<br />
croyances populaires.
Auteur<br />
Œuvre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
D’après Pieter Bruegel l’ancien.<br />
Copie d’un orignal perdu<br />
Paysage avec la chute d’Icare<br />
1600<br />
Huile sur toile<br />
63 x 90cm<br />
Musée van Buuren, Uccle<br />
Belgique<br />
CONTEXTE<br />
La folie et la thématique du mon<strong>de</strong> renversé constituent un symbolisme fort au 16e siècle. Les<br />
inversions <strong>de</strong> la fête <strong><strong>de</strong>s</strong> fous et du carnaval, celles <strong>de</strong> l’hagiographie populaire burlesque avec ses<br />
saint Soulard, sainte Fainéante, saint Glin-glin…sont <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples <strong>de</strong> cette inversion généralisée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
valeurs. Le mon<strong>de</strong> est fou, renversé par le péché, le montrer c’est le rendre visible pour le remettre à l’<br />
endroit. Le terme <strong>de</strong> folie a un sens plus large au XVIe siècle que le sens <strong>de</strong> maladie mentale donné<br />
aujourd’hui par la psychiatrie. Il est vrai qu’on est toujours fou par rapport à une société donnée. Mais<br />
au Moyen-Age et encore au 16e siècle, le fou n’est pas à soigner ni à enfermer, il fascine par son<br />
ambiguïté. L’insensé rappelle aux hommes ce qu’ils sont, ce qui les attend et cela réveille la hantise du<br />
Salut. Pour l’Eglise, le fou a un caractère sacré qu’on ne saurait oublier. Le simple d’esprit a longtemps<br />
été l’enfant chéri <strong>de</strong> l’église : « heureux les pauvres d’esprit car le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux est à eux ». Le<br />
fou est l’Elu <strong>de</strong> Dieu, la transcendance <strong>de</strong> l’élan spirituel se laisse percevoir en tant que folie aux yeux<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> mortels. C’est encore une forme <strong>de</strong> renversement, le simple d’esprit est en réalité le vrai sage en<br />
sa foi naïve qui l’ai<strong>de</strong> à ignorer les fausses valeurs. Des auteurs <strong>de</strong> forte influence comme Erasme <strong>de</strong><br />
Rotterdam dans l’Eloge <strong>de</strong> la folie (1509) et Sébastien Brant dans la Nef <strong><strong>de</strong>s</strong> fous (1494) font <strong>de</strong> la<br />
folie une question <strong>de</strong> vérité religieuse. La thèse d’Erasme est que la folie gouverne tout : le mon<strong>de</strong> n’a<br />
pas <strong>de</strong> sens, il est mené par une folie aveugle mais joyeuse. Ayant vanté les mérites <strong>de</strong> la folie, il<br />
termine par l’énonciation <strong><strong>de</strong>s</strong> véritables idéaux chrétiens. Pour Sébastien Brant, la vision <strong>de</strong> la folie est<br />
plus pessimiste. L’auteur ne croit pas que l’homme puisse s’amen<strong>de</strong>r, il craint que le bateau n’aille vers<br />
son naufrage. La folie est aveuglement, une incapacité à voir la vérité. L’homme oublie sa condition<br />
ultime qui est <strong>de</strong> mourir et il met en péril son bien le plus précieux, à savoir son Salut. L’homme est<br />
fou et il faut l’en avertir pour l’ai<strong>de</strong>r à se corriger. L’orgueil d’Icare est l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés les plus graves,<br />
les plus détestables aux yeux <strong>de</strong> Dieu. L’orgueil est une folie qui aveugle l’intelligence et pervertit le<br />
jugement. C’est par l’orgueil que la désobéissance à Dieu est entrée dans le mon<strong>de</strong>.<br />
OEUVRE<br />
Par un petit matin tranquille, dans un paysage grandiose et serein, un laboureur travaille son lopin <strong>de</strong><br />
terre, l’œil rivé sur les sillons. En contrebas apparaît un berger appuyé sur sa houlette, fixant<br />
nonchalamment le ciel. Dans la baie radieuse, un galion gagne le large, toutes voiles gonflées,<br />
l’équipage à la tâche dans les gréements. Plus bas encore, on distingue un pêcheur fixant sa ligne.<br />
Rien dans la composition ne fait écho au titre du tableau si ce n’est tout à coup ce petit détail ridicule<br />
dans l’angle inférieur : une paire <strong>de</strong> jambes en détresse battant les flots. Icare a cru braver les lois <strong>de</strong><br />
la gravité et <strong>de</strong> la condition humaine. Il a accompli ce prodige <strong>de</strong> voler grâce à l’ingéniosité <strong>de</strong> son père<br />
Dédale (son nom signifie l’ingénieux). Icare et son père se sont échappés en volant du labyrinthe <strong>de</strong><br />
Minos en Crète dans l’espoir <strong>de</strong> retourner à Athènes. Ecervelé, Icare n’écoute pas les conseils du père<br />
et finit par se rapprocher trop du soleil au zénith. La cire fond, les ailes se désintègrent, Icare est<br />
précipité dans la mer qui <strong>de</strong>puis porte son nom. Bruegel tourne Icare en dérision en le réduisant à un<br />
détail anecdotique : Seules les jambes sont visibles mais les témoins du drame ne les voient pas.<br />
Selon un proverbe germanique «aucun laboureur ne s’arrête pour la mort d’un homme ». Icare a tenté<br />
l’exploit, il a échoué, le mon<strong>de</strong> suit toujours les lois <strong>de</strong> la nature et l’homme reste attaché à ses tâches<br />
quotidiennes. Bruegel illustre un passage <strong><strong>de</strong>s</strong> Métamorphoses d’Ovi<strong>de</strong> en soulignant le sens moral<br />
antique. Icare est la figure symbolique <strong>de</strong> l’aspiration <strong>de</strong> l’homme à s’élever dans les airs, à tendre au<br />
sublime, à s’affranchir <strong><strong>de</strong>s</strong> liens terrestres. Il symbolise l’orgueil humain et la démesure, dans cette<br />
folle volonté <strong>de</strong> dépassement <strong><strong>de</strong>s</strong> limites humaines. Cette transgression <strong>de</strong> la tempérance constitue<br />
chez les grecs une faute morale majeure méritant un châtiment : la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction. Le stoïcisme<br />
humaniste trouve à s’exprimer dans la mise en scène <strong>de</strong> Bruegel où il apparaît que le bonheur, c’est la<br />
vertu. La déraison, c’est <strong>de</strong> vouloir plier les choses à sa volonté, la vertu c’est d’harmoniser le désir et<br />
le réel, d’accepter son sort, <strong>de</strong> vivre en accord avec la nature. La résignation béate du paysan à la<br />
tâche est la vertu.<br />
La présomption, l’orgueil appellent aussi un jugement <strong>de</strong> l’Eglise. Le vice d’orgueil est vu comme le<br />
chef tyrannique <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux vices, la racine <strong>de</strong> tout mal. L’homme reste fondamentalement
prisonnier du péché d’orgueil comme du péché originel qui eut d’ ailleurs pour conséquence l’éviction<br />
du paradis et l’aliénation définitive au travail. En outre, l’homme bouffi d’orgueil a une estime exagérée<br />
<strong>de</strong> soi au mépris <strong>de</strong> tous les autres. A ne chercher à trouver sa force qu’en soi, on se retranche <strong>de</strong> la<br />
communion avec les autres. Plus terrible encore, dans son insatiable désir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, le fou d’orgueil<br />
ne se contente pas <strong>de</strong> s’élever au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> autres et <strong>de</strong> les mépriser, il cherche à s’élever au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />
<strong>de</strong> Dieu lui-même. Bruegel n’a pu ignorer le sens symbolique religieux <strong>de</strong> la chute d’Icare. Lucifer<br />
n’accepta pas sa condition <strong>de</strong> créature et voulut se faire l’égal <strong>de</strong> Dieu, déchu, il est tombé du ciel sur<br />
terre. La chute d’Icare est un rappel à l’humilité <strong>de</strong> l’Homme, il ne peut trouver sa perfection qu’en<br />
<strong>de</strong>meurant dans la soumission à la volonté <strong>de</strong> Dieu.<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – <strong>Arts</strong> visuels<br />
Décalquer...<br />
Utiliser la collection d’images sur ce qui vole pour décalquer <strong><strong>de</strong>s</strong> silhouettes: êtres vivants, machines...<br />
Voler comme Icare<br />
Fabriquer <strong><strong>de</strong>s</strong> photomontages...<br />
Puiser dans la littérature, les héros ayant eu recours à un insecte ou un oiseau pour voler (exemples : Poucette,<br />
Nils, Bernard, etc.). Associer oiseau et personnage en respectant les proportions.<br />
Fabriquer <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes-oiseaux... Fabriquer <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux hybri<strong><strong>de</strong>s</strong> volants...<br />
Dessiner, puis utiliser la technique la plus appropriée à la réalisation du projet : utiliser la technique <strong>de</strong> la gravure,<br />
du photomontage, <strong>de</strong> l’assemblage, etc.<br />
Décomposer le vol...<br />
Après avoir analysé le travail <strong>de</strong> Jules-Étienne Marey (chronophotographie), traduire un vol faisant bouger une<br />
silhouette d’oiseau détourée sur la glace <strong>de</strong> la photocopieuse au moment <strong>de</strong> l’éclair <strong>de</strong> lumière.<br />
HISTOIRE DES ARTS - Comment le mythe d’Icare a-t-il été source d’inspiration dans les<br />
différents domaines artistiques?<br />
ARTS <strong>DU</strong> SON<br />
Manuel Correa, Mateo Romero, Joan Baptista Cabanilles, Manuel Machado et Bernardo Murillo<br />
Le Vol d’Icare, sous la direction d’Albert Recasens, 2010<br />
ART <strong>DU</strong> LANGAGE<br />
Ovi<strong>de</strong>, Les Métamorphoses,<br />
Olivier Douzou, Régis Lejonc, Icare, Éditions du Rouergue<br />
Un homme-mouche amoureux d’une ampoule cherche à l’atteindre. Point <strong>de</strong> vue d’un voltigeur.<br />
ARTS DE L’ESPACE<br />
Les labyrinthes<br />
Cathédrale Notre Dame, XIII e siècle, Amiens, France<br />
ARTS <strong>DU</strong> VISUEL<br />
Charles le Brun, Dédale et Icare, entre 1645 et 1646, H190x L124 cm, Musée <strong>de</strong> l’Ermitage, Saint-Pétersbourg,<br />
Russie.<br />
Henri Matisse, La chute d'Icare, gouache découpée, 1943.<br />
Greenaway Peter, Le Bruit <strong><strong>de</strong>s</strong> nuages, catalogue <strong>de</strong> la Réunion <strong><strong>de</strong>s</strong> musées nationaux, 1992.<br />
Marc Chagall, La Chute d’Icare, 1974, huile sur toile, Musée National d'Art Mo<strong>de</strong>rne, Paris<br />
Hayao Miyazaki, Le Château dans le ciel, <strong><strong>de</strong>s</strong>sin animé, 1986<br />
Léonard <strong>de</strong> Vinci, Plan pour une machine volante, 1488<br />
Panamenrenko, Meganeudon 1, 1972, sculpture<br />
Pablo Picasso, La Chute d’Icare, 1958, Fresque pour le grand hall <strong>de</strong> l’Unesco, Paris<br />
2 nd DEGRE - Lycée<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes et religions »<br />
Les mythes ont vocation au mystère. Le récit fabuleux qui les constitue est à double sens, le mythe propose<br />
souvent par énigmes le déchiffrement <strong>de</strong> la nature humaine. L’interprétation du mythe d’Icare que propose Bruegel<br />
pose <strong><strong>de</strong>s</strong> questions propres à son temps et actualise l’enseignement moral <strong>de</strong> cette fable. Comment l’art<br />
réinterprète-t-il certains mythes ?<br />
Lycée professionnel : classe <strong>de</strong> Terminale professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, sociétés, cultures » : l'art et les autres / Objet<br />
d'étu<strong>de</strong> littéraire « Au XX e siècle, l'homme et son rapport au mon<strong>de</strong> à travers la littérature<br />
et les autres arts »<br />
Le mythe d'Icare abor<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> thèmes comme les relations père-fils, l'effet néfaste que peut avoir un conseil ou une<br />
interdiction, ainsi que le désir <strong>de</strong> l'Homme d'aller toujours plus loin, au risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir se retrouver face à face<br />
avec sa condition <strong>de</strong> simple être humain. Dans le cadre d'une séquence du programme <strong>de</strong> français, les élèves<br />
s'interrogent sur l'appartenance <strong><strong>de</strong>s</strong> mythes au passé et apprennent à construire une position personnelle et<br />
argumentée en confrontant <strong><strong>de</strong>s</strong> regards (Brueghel l'Ancien, Michel Butor, Raymond Queneau, Kent Lew, Erika<br />
Jong...) et <strong><strong>de</strong>s</strong> interprétations différentes du mythe d'Icare à partir <strong>de</strong> documents <strong>de</strong> nature diverses (artistique,<br />
littéraire, psychanalytique...).
Fiche 4<br />
Du temps où les dieux et les héros voisinaient avec les saints<br />
et les prophètes et ce qu’il en advint<br />
REPERES<br />
Le «Moyen-Age», expression vague et un peu étrange pour rendre compte <strong>de</strong> dix siècles d’Histoire. Située entre<br />
l’Antiquité et les Temps mo<strong>de</strong>rnes, cette pério<strong>de</strong> est connotée <strong>de</strong> manière négative : <strong><strong>de</strong>s</strong> temps anciens avec leur lot <strong>de</strong><br />
guerres, famines, pestes et autres fléaux, qui sont le terreau du fanatisme religieux (notamment au XIV ème siècle) avec<br />
une Eglise toute puissante servant un Dieu omniprésent et omniscient. A l’inverse, la Renaissance porte en elle, par cette<br />
appellation même, l’idée <strong>de</strong> vitalité, d’énergie créative revivifiée à la source antique, dans un mon<strong>de</strong> nouveau dont<br />
l’homme a repoussé les limites et où il essaie <strong>de</strong> reprendre en main son <strong><strong>de</strong>s</strong>tin.<br />
Temps <strong><strong>de</strong>s</strong> Ténèbres qui attend l’aube d’un jour nouveau ? C’est oublier la ferveur romane, l’élévation gothique dont les<br />
cathédrales attestent la fécondité artistique ; c’est oublier les mouvements <strong>de</strong> population, les échanges culturels et<br />
commerciaux (les uns ne vont pas sans les autres !) <strong>de</strong> l’Italie du Sud aux pays du Nord (Flandres et France comprises)<br />
sans oublier l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne ; ce serait oublier la quête spirituelle qui va <strong>de</strong> la cité terrestre au(x)<br />
mon<strong>de</strong>(s) <strong>de</strong> l’au-<strong>de</strong>là ; ce serait oublier les références multiples aux dieux et héros antiques et les diverses influences<br />
qu’ils ont exercées dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> Chrétiens et ce malgré ou avec les hommes d’Eglise car les dieux «servaient <strong>de</strong><br />
véhicules à <strong><strong>de</strong>s</strong> idées si profon<strong><strong>de</strong>s</strong>, si tenaces, qu’ils ne pouvaient périr» 1 .<br />
L’Antiquité revisitée<br />
L’Eglise est partagée : faut-il lutter contre les superstitions et les cultes païens « enracinés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits si durs »<br />
(comme le note au VIème siècle Grégoire <strong>de</strong> Tours) ou les intégrer ? L’ancrage est si profond qu’il semble plus habile <strong>de</strong><br />
les assimiler. Ce ne sont pas simplement les temples (ou ce qu’il en reste !) qui <strong>de</strong>viennent lieux du culte chrétien, les<br />
saints et leurs légen<strong><strong>de</strong>s</strong> fabuleuses peuvent <strong>de</strong>venir les successeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux. Ce sont, en effet, le plus souvent, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
chrétiens lettrés qui ont préservé l’héritage gréco-romain et qui ont même enseigné la mythologie ; certains, non sans<br />
quelque fatuité, estimaient qu’ils étaient seuls capables <strong>de</strong> déceler sous la fable profane « <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignements sacrés<br />
indéchiffrables du vulgaire ».<br />
Ainsi, Chartres et Orléans étaient-ils <strong><strong>de</strong>s</strong> foyers d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> classiques réputés. Homère, Hésio<strong>de</strong> et surtout Virgile… les<br />
faisaient entrer dans l’intimité <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux et alimentaient leur réflexion. Ovi<strong>de</strong>, boudé jusqu’alors pour son immoralité, fut<br />
un <strong><strong>de</strong>s</strong> écrivains les plus en vogue au XIIe siècle «aetas ovidiana» : on aime alors l’étrange, les monstres et hybri<strong><strong>de</strong>s</strong> qui<br />
peuplent Les Métamorphoses. Les penseurs revisitent le texte antique. Ainsi, l’Ovi<strong>de</strong> moralisé (XIV ème siècle) peut même<br />
servir à l’édification <strong><strong>de</strong>s</strong> nonnes (elles remplacent les déesses !).<br />
Fables sacrées – Fables profanes<br />
Dans la littérature et l’art du Moyen-Age et <strong>de</strong> la Renaissance, les mises en parallèle d’épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> bibliques et <strong>de</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
antiques apparaissent évi<strong>de</strong>ntes aux contemporains, alors que, pour nous, elles semblent parfois surprenantes.<br />
L’historien Eusèbe établit ainsi une comparaison entre Héraclès qui a vaincu le géant Antée, et tué le lion <strong>de</strong> Némée et<br />
Samson à la force légendaire, capable <strong>de</strong> terrasser un lion <strong>de</strong> ses mains nues et <strong>de</strong> lutter victorieusement contre les<br />
occupants philistins (Livre <strong><strong>de</strong>s</strong> Juges).<br />
Saint Christophe, Cananéen à l’énorme stature apparaît comme l’héritier <strong>de</strong> Mercure, d’Hercule et même d’Anubis, le<br />
dieu égyptien <strong><strong>de</strong>s</strong> morts (car les cultes orientaux ont également été intégrés – les Néo-platoniciens y sont pour<br />
beaucoup !). Christophe « Le Réprouvé » est connu pour sa lai<strong>de</strong>ur ; dans l’iconographie orientale, il était pourvu d’une<br />
tête <strong>de</strong> chien. Comme le dieu égyptien psychopompe, il servait d’intermédiaire entre le mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants et l’au-<strong>de</strong>là.<br />
Comme Mercure, le dieu messager également psychopompe, Christophoros – le porteur du Christ – est chargé d’assurer<br />
le passage <strong>de</strong> la rivière en aidant les pauvres à traverser. L’enfant Jésus s’adresse à lui incognito ; Christophe le prend<br />
sur ses épaules mais la charge se fait <strong>de</strong> plus en plus pesante, au fur et à mesure qu’ils avancent ; c’est pourquoi le saint<br />
a souvent été comparé au géant Atlas, condamné par Jupiter, à supporter la voûte céleste. Dans la sculpture médiévale,<br />
Hercule peut même être transformé en Saint Christophe.<br />
L’Antiquité utilisée à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins morales<br />
L’Eglise chrétienne cherche à « découvrir dans la figure <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux, une signification spirituelle et dans leurs aventures un<br />
enseignement moral », c’est ce qu’avait voulu Grégoire le Grand, dans Moralia avec les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> figures <strong>de</strong> la Bible.<br />
Fulgence 2 poursuit la même démarche dans ses allégories profanes Mythologicae mais il va trop loin, au gré <strong>de</strong> Grégoire,<br />
« sous prétexte d’extraire <strong><strong>de</strong>s</strong> fables païennes, il en perpétue le souvenir »… « Laissons là les dieux et tournons-nous<br />
plutôt vers l’Evangile ».<br />
Rabelais se moquera <strong>de</strong> ses « allégoriseurs qui préten<strong>de</strong>nt découvrir chez Ovi<strong>de</strong> les Sacrements <strong>de</strong> l’Evangile ». Luther,<br />
quant à lui, s’insurge contre ceux qui ont fait d’Apollon le Christ ou <strong>de</strong> Daphné (métamorphosée en laurier) la Vierge<br />
Marie. Ils ont beau faire !<br />
Plusieurs exemples <strong>de</strong> cette moralisation sont ici donnés :<br />
- les trois déesses soumises au Jugement <strong>de</strong> Paris (Junon – Minerve – Vénus) <strong>de</strong>viennent les symboles <strong>de</strong> la vie<br />
active, <strong>de</strong> la vie contemplative et <strong>de</strong> la vie amoureuse.<br />
- la coalition <strong>de</strong> Diane et <strong>de</strong> Pallas contre Vénus représente la sagesse victorieuse <strong><strong>de</strong>s</strong> vices.<br />
1 Seznec La Survivance <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux antiques<br />
2 Fulgence (v 467 – 533) écrivain latin chrétien. Auteur d’ouvrages théologiques, il professa l’augustinisme et<br />
lutta contre l’arianisme.
- les yeux d’Argus semés sur la queue du paon <strong>de</strong> Junon figurent les vanités du mon<strong>de</strong>. Argus, veilleur infatigable,<br />
avait été chargé par Junon <strong>de</strong> surveiller Io courtisée par Jupiter. Mercure, le messager envoyé en « mission »<br />
par Jupiter, l’ensorcelle avant <strong>de</strong> le décapiter. L’épiso<strong>de</strong> a été souvent illustré.<br />
Autre mythe fameux : celui <strong>de</strong> la déchéance qui punit l’orgueil <strong>de</strong> se prendre pour <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux, l’hybris. Nous en avons<br />
plusieurs exemples : Phaéton avait obtenu <strong>de</strong> conduire le char du Soleil (le titan Hélios). Malgré les recommandations <strong>de</strong><br />
ce <strong>de</strong>rnier, il s’approche trop près <strong>de</strong> la Terre et Jupiter le foudroie, il tombe dans le fleuve Eridanus (le Po). Il est<br />
assimilé à Lucifer, l’ange déchu. Icare, « l’homme oiseau » n’écoute pas plus les conseils <strong>de</strong> son père Dédale en montant<br />
trop près du soleil, il tombe dans la mer, la cire <strong>de</strong> ses ailes ayant fondu. Fustiger l’orgueil et montrer les difficultés <strong>de</strong><br />
l’ascension spirituelle, tels sont les enseignements <strong>de</strong> la Fable.<br />
Les lettrés humanistes : Pétrarque, Erasme, Marsile Ficin et bien d’autres penseurs, sont persuadés que l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
auteurs grecs et latins (surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens, <strong><strong>de</strong>s</strong> poètes et <strong><strong>de</strong>s</strong> moralistes) contribuent largement au bien <strong>de</strong> l’humanité<br />
et à toute sorte <strong>de</strong> sagesse (« ad omnem sapientiam ») par le pouvoir <strong>de</strong> l’amour, <strong>de</strong> l’amitié, <strong>de</strong> la paix (« amore,<br />
concordia » 3 ). Marsile Ficin, Pic <strong>de</strong> la Mirandole diffusent en Italie les idées <strong>de</strong> Platon, en France aussi, à la cour <strong>de</strong><br />
Marguerite <strong>de</strong> Navarre. Ce qu’on exaltait surtout chez Platon, c’était sa théorie <strong>de</strong> l’amour (cf. Rabelais, Montaigne ou du<br />
Bellay). A la lumière du néo-platonisme, nombre d’humanistes découvrent aussi une doctrine religieuse et un<br />
enseignement chrétien : il n’y a pas d’opposition entre les fables sacrées et les fables profanes puisqu’elles sont<br />
porteuses <strong>de</strong> sens.<br />
Astrologie<br />
Déjà aux tympans <strong><strong>de</strong>s</strong> cathédrales, les pères <strong>de</strong> l’Eglise et les saints côtoyaient dieux et héros antiques ; la Sibylle 4 est<br />
mise au même rang que les prophètes. Dans l’art roman, on retrouve es allégories <strong>de</strong> la Terre, <strong>de</strong> l’Océan, du Soleil…<br />
puisque l’homme est soumis aux forces cosmiques. Il cherche une explication aux phénomènes naturels et surnaturels,<br />
elle lui est fournie par l’astrologie : les planètes Saturne, Pluton, Mars portent le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux. « Chaque planète,<br />
chaque constellation correspond à une figure <strong>de</strong> la Fable ». Elles influencent notre existence. L’astrologie, en outre,<br />
fournit un système cohérent <strong>de</strong> correspondances : les signes du Zodiaque sont liés aux quatre éléments (Air, Feu, Terre<br />
et Eau) ainsi qu’aux saisons, aux tempéraments, aux humeurs… Les peintres aiment intégrer ces éléments dans leurs<br />
tableaux comme <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles. Ils peuvent aussi les traiter séparément (cf. Jan Bruegel I er. ).<br />
Lactance (v 260-325), rhéteur latin, converti au christianisme, précepteur <strong>de</strong> l’empereur Constantin ne peut nier<br />
l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> astres, Saint Augustin (354 - 430) l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre docteurs <strong>de</strong> l’Eglise en reconnaît aussi l’importance.<br />
Cette idée se trouve renforcée par les Arabes qui nous ont transmis l’héritage grec et qui ont établi le rapport avec les<br />
autres sciences.<br />
Les Chrétiens sont pourtant conscients <strong><strong>de</strong>s</strong> dangers que représentent les figures païennes. Beaucoup y voient<br />
l’incarnation du Mal. Pan avec son cortège <strong>de</strong> satyres aux pattes fourchues, aux cornes <strong>de</strong> bouc, <strong>de</strong>vient le Dieu du Mal.<br />
N’ont-ils pas légué leurs attributs à Satan et à ses démons. Diane qui libère les puissances <strong>de</strong> l’instinct est la déesse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
païens « <strong>de</strong>a paganorum ». Mercure, issu <strong>de</strong> l’Hermès Trimégiste, est l’instigateur <strong>de</strong> sciences occultes.<br />
L’Enfer, une « bouche monstrueuse »<br />
La peur du péché, <strong>de</strong> la chute, <strong><strong>de</strong>s</strong> démons est omniprésente ; les visions infernales sont alimentées par l’angoisse du<br />
Jugement <strong>de</strong>rnier (cf. Apocalypse <strong>de</strong> St Jean. « On verra se lever nation contre nation, royaume contre royaume ; il y<br />
aura <strong>de</strong> grands tremblements <strong>de</strong> terre, <strong><strong>de</strong>s</strong> épouvantements, <strong><strong>de</strong>s</strong> famines, <strong><strong>de</strong>s</strong> pestes <strong>de</strong> tous les côtés et <strong>de</strong> grands<br />
signes dans le ciel. Ce sont là les commencements <strong><strong>de</strong>s</strong> douleurs »).<br />
Au XII e siècle, un anonyme (sans doute un moine irlandais) décrit les visions <strong>de</strong> l’âme d’un chevalier repentant qui, en<br />
Enfer, est accompagné par un ange (cf. La Vision <strong>de</strong> Tondal).<br />
Dante (Florence, 1265 – Ravenne, 1321) exploite la même veine dans son long poème La Divine Comédie surtout connu<br />
à la Renaissance et divisée en trois parties : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Il revisite l’histoire politique et littéraire<br />
<strong>de</strong> son temps et nous propose un voyage initiatique dans l’au-<strong>de</strong>là, guidé par Virgile « poème sacré auquel ciel et terre<br />
ont mis la main ».<br />
Les Enfers<br />
Nombre d’écrivains ont puisé leur inspiration à la source antique : Proserpine, fille <strong>de</strong> Cérès et <strong>de</strong> Jupiter, a suscité<br />
l’amour <strong>de</strong> Pluton (fils <strong>de</strong> Saturne et <strong>de</strong> Cybèle). Il enlève la jeune fille alors qu’elle cueillait <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs et la conduit aux<br />
Enfers. Plus tard, on y retrouve Eurydice, fille d’une nymphe charmée par la voix et la musique d’Orphée (cf.<br />
Proserpine, Pluton et Orphée, Bruegel). « Les bêtes sauvages quand il jouait venaient se rouler à ses pieds. Les<br />
arbres et les fleurs s’inclinaient sur son passage ». Il peut arrêter les bêtes sauvages, les monstres mais la jeune<br />
nymphe meurt mordue par un serpent. Il obtient <strong>de</strong> l’arracher aux Enfers, il réussit à envoûter Pluton et Proserpine par<br />
sa musique vibrante. Malheureusement… (on connaît la suite). Orphée, modèle <strong><strong>de</strong>s</strong> poètes et <strong><strong>de</strong>s</strong> mages, est, pour<br />
certains démonologues, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands magiciens <strong>de</strong> tous les temps capable <strong>de</strong> faire apparaître <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
morts, <strong><strong>de</strong>s</strong> démons.<br />
Dans la hiérarchie diabolique, on retrouve parmi les dignitaires Pluton, prince du feu, gouverneur <strong><strong>de</strong>s</strong> pays enflammés,<br />
surintendant <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux forcés <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés, et Proserpine l’archi-diablesse (cf. Jean Wier (1569) La monarchie<br />
diabolique).<br />
Ceux qui résistent au Mal<br />
En surmontant les épreuves infligées par Dieu, les hommes pieux sont conduits sur les voies <strong>de</strong> la grâce divine.<br />
Exemple : Job dont le nom signifie « persécuté », qui supporte l’adversité. Satan avait eu la permission par Dieu <strong>de</strong> le<br />
mettre à l’épreuve. Lui qui vivait dans l’opulence, avec une famille heureuse et nombreuse, se retrouve ruiné, quitté par<br />
les siens, atteint <strong>de</strong> lèpre maligne, il ne récrimine pas contre Dieu et se soumet à sa volonté. Il s’en trouvera finalement<br />
récompensé (Livre <strong>de</strong> Job).<br />
Autre exemple : Saint Antoine (251-356), qui vit en ascète dans le désert, est en prise à toutes sortes <strong>de</strong> tentations.<br />
Cette iconographie, diffusée en particulier au XV e siècle, est une mythologie <strong>de</strong> cauchemars, <strong>de</strong> visions.<br />
Les débats restent ouverts quant à l’origine et à la nature <strong>de</strong> ces dieux<br />
3 Lorenzo Valla Elegantiae, 1440.<br />
4 Sur le tympan <strong><strong>de</strong>s</strong> églises gothiques, la Sibylle voisine avec les prophètes, elle exerçait une gran<strong>de</strong> fascination<br />
grâce à sa longévité et à son art <strong>de</strong> la divination. Il s’agit en fait <strong>de</strong> la Sibylle <strong>de</strong> Cumes prêtresse d’Apollon (le<br />
nom commun est <strong>de</strong>venu nom propre).
Qui sont réellement ces dieux ou héros ? Plusieurs hypothèses ont été formulées sur leur origine et leur nature. Selon<br />
Evhémère (III ème siècle av. JC), les dieux n’étaient que <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes qui ont été sacralisés ; élevés <strong>de</strong> la terre au ciel par<br />
leurs qualités hors du commun et pour leurs exploits. Cicéron partage cette idée dans les Tusculanes et le De natura<br />
<strong>de</strong>orum « ceux-là portent en leur âme un élément surnaturel et sont promis à l’immortalité, qui se sentent nés pour<br />
ai<strong>de</strong>r, défendre et sauver l’humanité. Hercule est passé au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux. », tout comme Minerve qui enseigna aux<br />
hommes le tissage, Dédale, premier architecte et aéronaute, Prométhée qui leur livra le secret <strong>de</strong> feu (on dit même qu’il<br />
aurait façonné les hommes avec <strong>de</strong> la boue !), Orphée, le père <strong>de</strong> la poésie, Atlas le grand astrologue… Les bienfaiteurs<br />
<strong>de</strong> l’humanité ont transmis l’héritage antique, il faut leur en être reconnaissant. Chrétien <strong>de</strong> Troyes nous le recomman<strong>de</strong>.<br />
Dès lors, on peut associer à la Fable, l’Histoire en recherchant une ascendance glorieuse : les Romains affirmaient<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre du Troyen Enée, les clercs <strong>de</strong> l’époque mérovingienne font du Troyen Francus leur ancêtre.<br />
Il faut dire que la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Troie connut une extraordinaire fortune (cf. Le Roman <strong>de</strong> Troie <strong>de</strong> Benoît <strong>de</strong> St More) avec<br />
les épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> fameux souvent racontés ou représentés : Troie en flammes – Enée fuyant avec son père Anchise sur le dos<br />
– Enée et la Sibylle – Enée aux Enfers…<br />
Au Moyen-Age, la Fable, la Bible et l’Ecriture sont mêlées. Les ecclésiastiques s’inquiètent <strong>de</strong> « l’invasion » païenne mais<br />
comme ils sont nourris <strong>de</strong> lettres antiques, ils « continuent d’aimer comme humanistes ce qu’ils condamnent (ou doivent<br />
condamner) comme théologiens ». L’Allégorie sert d’excuse à l’utilisation et à la représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> fables profanes. Ainsi<br />
l’Eglise qui en proscrit l’usage est-elle amenée à en exploiter la richesse littéraire et la valeur édifiante. Les Jésuites<br />
poursuivront cette tradition par leur art emblématique.<br />
La somme <strong><strong>de</strong>s</strong> manuels se rapportant à l’Antiquité est impressionnante. Cette culture livresque est à l’origine <strong>de</strong> fêtes,<br />
cortèges, mascara<strong><strong>de</strong>s</strong> auxquels collaborent <strong><strong>de</strong>s</strong> poètes <strong>de</strong> la Pléia<strong>de</strong>. Ces divertissements sont très prisés par une<br />
certaine élite. A la Renaissance, l’Antiquité <strong>de</strong>vient un sujet d’étu<strong>de</strong> scientifique. Cette mise à distance lui confère un<br />
caractère historique.<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES EN ARTS VISUELS<br />
1 er DEGRE – arts visuels<br />
« Illustrer une fable» en la transposant dans sa contemporanéité : appréhen<strong>de</strong>r une fable, sacrée ou<br />
profane, en explorer verbalement ses différents aspects (lieux, personnages) en recherchant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
correspondances avec le mon<strong>de</strong> où évolue l’élève. Réaliser une composition plastique d’une scène <strong>de</strong> cette<br />
fable en la situant dans un cadre contemporain (décors, protagonistes : collage). Comparer sa démarche<br />
avec celle <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes du XVIe siècle.<br />
2 nd DEGRE - Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts - Collège<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes, religions »<br />
La peinture <strong>de</strong> paysage au XVIe siècle est traversée par les fables païennes ou sacrées, les grands récits<br />
mythologiques et les proverbes populaires. Ils participent à la naissance même du paysage à qui l'on accor<strong>de</strong> un<br />
sens symbolique.<br />
Comment ces mythes se sont-ils exprimés à travers le paysage ? En quoi ces expressions témoignent-elles d'une<br />
évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> interprétations et <strong>de</strong> la vision du mon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> contenus religieux et païens aux contenus politiques,<br />
sociaux, économiques qu'ils peuvent prendre aujourd'hui ?<br />
« <strong>Arts</strong>, Ruptures, continuités »<br />
L'image se veut récit, le récit, image... Les pensées interfèrent sur ces <strong>de</strong>ux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> représentation, peinture et<br />
littérature. Comment ces <strong>de</strong>ux formes artistiques dialoguent-elles entre elles dans le cadre propice <strong><strong>de</strong>s</strong> fables<br />
sacrées et profanes <strong>de</strong>puis l'antiquité jusqu'à nos jours ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL - classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / français<br />
Champ anthropologique ; thématique « <strong>Arts</strong> et sacré» : l'art et les grands récits / Objet d'étu<strong>de</strong><br />
« Parcours <strong>de</strong> personnages »<br />
Il conviendrait ici <strong>de</strong> situer un ensemble <strong>de</strong> productions artistiques dans son contexte historique et culturel et <strong>de</strong><br />
comprendre au travers d'un corpus documentaire (textes fondateurs, oeuvres d'art...) qu'il existe entre les dieux et<br />
les héros <strong>de</strong> l'Antiquité (Hercule, Mercure...) et les saints et les prophètes <strong>de</strong> l'Eglise chrétienne (Samson,<br />
Christophoros...) une parenté garantissant au modèle héroïque une continuité.
Fiche 5<br />
Les diableries<br />
Les diableries : merveilleux ou fantastique ?<br />
Dans l’Antiquité, le « phantasma » grec signifie la ressemblance apparente <strong><strong>de</strong>s</strong> choses d’où découle la notion d’art<br />
«phantastique» qui représente les vues <strong>de</strong> l’esprit, c’est l’art <strong>de</strong> l’imagination, <strong>de</strong> l’apparence illusoire.<br />
Une opposition voit le jour avec saint Augustin entre les visions « phantastica », inconsistantes et erronées, qui détournent<br />
l’esprit et les révélations divines. En 1919, Sigmund Freud définira le fantastique ainsi : «L’inquiétante étrangeté sera cette<br />
sorte <strong>de</strong> l’effrayant qui se rattache aux choses connues <strong>de</strong>puis longtemps, et <strong>de</strong> tout temps familières». En 1976, Zvetan<br />
Todorov dans Introduction à la littérature fantastique le définit comme l’apparition <strong>de</strong> l’étrangeté dans le quotidien sans<br />
qu’aucune loi connue <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> ne l’explique. Mais bien différente est la notion <strong>de</strong> fantastique antérieure au XIX e<br />
siècle.<br />
Au XVI e siècle, l’homme vit dans un mon<strong>de</strong> qu’il connaît mal, certes si les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> découvertes élargissent ses champs <strong>de</strong><br />
connaissances, il n’en reste pas moins que beaucoup d’évènements non expliqués sont <strong><strong>de</strong>s</strong> « merveilles ». Profondément<br />
croyant, pour lui l’univers relève <strong>de</strong> la création divine même si les forces du mal essaient d’y placer le désordre ou que dieu<br />
lui-même bouleverse parfois l’ordre qu’il a créé (cf. Le Déluge). Donc, l’évènement surnaturel et étrange est parfaitement<br />
explicable puisqu’elle découle <strong>de</strong> l’autorité divine ou <strong>de</strong> la volonté du diable. Le fantastique pourrait alors se définir entre ce<br />
qui est voulu par le diable tandis que le merveilleux émanerait <strong>de</strong> dieu.<br />
Quand apparaît l’entité du diable ?<br />
Probablement au paléolithique quand les hommes ont commencé à invoquer esprits bienfaisants ou malfaisants dont les<br />
traces <strong>de</strong> leurs croyances ont été retrouvées au travers d’amulettes, <strong>de</strong> peintures rupestres (L’esprit monstrueux, entre<br />
5000 et 3000 av J.C, Tassili n’Ajjer, Algérie). Peu à peu, la conscience morale apparaît, <strong>de</strong>ux principes opposés vont<br />
naître : le bien et le mal. Deux entités distinctes vont émerger : l’esprit <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres lié au mal, à la mort, aux abîmes et<br />
celui <strong>de</strong> la lumière, lié à l’amour, la vie, le ciel. Parmi les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> relions polythéistes, celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Égyptiens où face aux<br />
divinités bienfaisantes comme Ptah, Ra, Ammon, Osiris, Isis vont s’opposer Seth le ravageur, le serpent Apepi, l’impur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
ténèbres, Babaï, la gran<strong>de</strong> dévoreuse. En perse Ormuz se dispute le pouvoir du mon<strong>de</strong> avec Ahriman, en In<strong>de</strong> Indra le<br />
créateur et Varuna le conservateur s’opposent à Vrita et aux Asuras. En Grèce et à Rome, une armée <strong>de</strong> génies<br />
malfaisants dont Typhon, Méduse, Géryon, Python se soulèvent contre les divinités <strong>de</strong> l’Olympe, partagées elles-mêmes<br />
entre bons et méchants. Mais c’est sans doute dans le mazdéisme <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens perses que le dualisme bien/mal est porté à<br />
son paroxysme.<br />
Le Judaïsme à son tour va faire émerger <strong>de</strong> manière plus nette la figure <strong>de</strong> Satan avec la captivité <strong><strong>de</strong>s</strong> Hébreux à Babylone<br />
sous Nabuchodonosor II soit au VIIIe siècle av.J.C. Les hébreux au contact avec le mazdéisme babylonien vont s’ouvrir sur<br />
certaines doctrines qu’ils assimilent. Ainsi dans le livre <strong>de</strong> Job, Satan apparaît comme source majeure du mal. Petit à petit,<br />
il gagne <strong>de</strong> l’épaisseur dans le Livre <strong>de</strong> la Sagesse, d’Enoch où il apparaît comme instigateur d’épreuves.<br />
C’est le christianisme qui donnera une figure définitive à l’incarnation du mal, il parachève la figure <strong>de</strong> la tentation<br />
existante <strong>de</strong>puis l’antiquité. Le diable, le semeur <strong>de</strong> trouble est l’opposé <strong>de</strong> Dieu qui règne au ciel, il est le prince <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Ténèbres et le Grand Diviseur. Vers l’an mil, le rôle du diable se définit pleinement, il est un adversaire à la hauteur <strong>de</strong><br />
Dieu, puissant, habile et sans repos. Plusieurs noms désigne le diable : Lucifer, que l’on retrouve cité par Isaïe dans la<br />
bible :ex-ange porteur <strong>de</strong> lumière d’une très gran<strong>de</strong> beauté qui en s’opposant à dieu se voit déchu et <strong>de</strong>vient le prince du<br />
mal, Satan, « l’Accusateur », Belzébuth, « Seigneur du fumier ou <strong><strong>de</strong>s</strong> mouches », Asmodée « celui qui fait périr », etc.<br />
D’où vient l’iconographie du diable ?<br />
Son apparence physique découle probablement <strong>de</strong> résurgences <strong>de</strong> démons païens. Ainsi Charu, démon <strong><strong>de</strong>s</strong> enfers<br />
étrusques, possè<strong>de</strong> un nez à bec <strong>de</strong> vautour, <strong><strong>de</strong>s</strong> oreilles pointues, <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes et défenses. Le Démon Pazuzu divinité<br />
démoniaque assyrienne, est une créature à corps d'homme et à tête <strong>de</strong> "dragon-serpent". Il est représenté sous la forme<br />
d'un génie avec ses <strong>de</strong>ux paires d'ailes qui sont, comme ses pattes, empruntées aux rapaces. Affublé d'une queue <strong>de</strong><br />
scorpion, son corps est le plus souvent recouvert d'écailles.<br />
A partir du Haut Moyen-Age, l’iconographie chrétienne représentera le diable sous une apparence effrayante, avec un corps<br />
anthropomorphe, sombre, très velu, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> cornes, <strong><strong>de</strong>s</strong> griffes, parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes <strong>de</strong> chauve souris. Y seront associées les<br />
caractéristiques du bouc, cornes, pieds et queue fourchue qui évoquent aussi le Pan bestial <strong>de</strong> la mythologie grecque. La<br />
renaissance italienne l’humanisera et lui rendra cependant une certaine beauté. Dans le jugement <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> Michel Ange<br />
diable et dieu se ressemblent étrangement.<br />
Le diable tentateur apparait sous différentes formes…<br />
La tradition chrétienne distingue trois mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'action <strong>de</strong> Satan. Le premier, la tentation, est le plus commun. Les autres<br />
stratégies attribuées à Satan se traduisent par <strong><strong>de</strong>s</strong> manifestations spectaculaires, c'est l'infestation, par laquelle Satan<br />
persécute les saints pour leur faire abandonner leur vocation, et la possession, l'homme « possédé » sent en lui la<br />
présence d'un «autre » démoniaque qui lui fait proférer <strong><strong>de</strong>s</strong> blasphèmes et accomplir <strong><strong>de</strong>s</strong> actes sacrilèges ou anormaux.<br />
Le diable souvent tentateur prend <strong>de</strong> fausses apparences pour atteindre son but.<br />
Les artistes vont décliner dès le Moyen-Age les représentations <strong>de</strong> figures démoniaques dans les enluminures, les décors<br />
sculptés médiévaux et les peintures. L’une <strong><strong>de</strong>s</strong> sources littéraires la plus connue <strong>de</strong> ces mises en gar<strong>de</strong> contre le<br />
travestissement du tentateur est sans doute La légen<strong>de</strong> dorée <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Voragine mais on les trouve également dans<br />
les hagiographies <strong><strong>de</strong>s</strong> saints. Au XII e siècle, l’iconographie <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects du diable est fixée. Il peut prendre l’apparence <strong>de</strong><br />
démons, <strong>de</strong> créatures hybri<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> certains animaux comme le serpent, le basilic, le dragon, le scorpion, le crocodile. Mais<br />
il peut apparaître sous les traits d’une femme ou d’un homme qui laissera alors apparaître une déformation du corps :<br />
cheveux hirsutes, yeux énormes, peau recouverte <strong>de</strong> poils ou laissant voir un détail anormal <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sous son vêtement :<br />
un pied fourchu, <strong><strong>de</strong>s</strong> griffes, une queue, <strong><strong>de</strong>s</strong> cornes, <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes <strong>de</strong> chauve-souris, etc.
D’où vient le thème <strong>de</strong> l’enfer ?<br />
Dans les religions préchrétiennes, l’enfer est un mon<strong>de</strong> souterrain sans lumière, sans joie(l’Hadès grec, le Schéol hébreu),<br />
un lieu sombre et déplaisant où s’ajoute parfois la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> punitions infligés aux hommes. La théologie chrétienne<br />
fait <strong>de</strong> l’enfer un lieu d’expiation <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné aux pécheurs défunts, qui doivent endurer <strong><strong>de</strong>s</strong> tourments sans fin. La séparation<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> bons et <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants après l’ultime jugement après la mort apparaît au I e siècle avant J.C via les textes d’Isaïe et <strong>de</strong><br />
Zacharie. Cette idée est reprise dans le nouveau testament notamment avec les évangiles <strong>de</strong> saint Luc, saint Matthieu et<br />
surtout dans l’apocalypse <strong>de</strong> saint Jean. Dès le X e siècle, l’enfer <strong>de</strong>vient un lieu <strong>de</strong> damnation éternel dominé par Lucifer /<br />
Satan, et où les âmes <strong><strong>de</strong>s</strong> pêcheurs subissent toutes sortes <strong>de</strong> tourments et <strong>de</strong> tortures infligés par <strong><strong>de</strong>s</strong> démons. Jacques<br />
Le Goff a rassemblé <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> voyage dans l’au-<strong>de</strong>là du VII e siècle au début du XIV e siècle. Les plus célèbres sont la<br />
Vision <strong>de</strong> Tungdal, racontée par un moine en 1140, le Purgatorium sancti Patricii écrit entre 1180 et 1220 par H. <strong>de</strong><br />
Saltrey, la Vision <strong>de</strong> Tuchill en 1206 du cistercien Radulphe <strong>de</strong> Coggeshall et la Divine Comédie <strong>de</strong> Dante du début XIV e<br />
siècle. Comme la légen<strong>de</strong> irlandaise <strong>de</strong> Tungdal, celles <strong>de</strong> Brendan et d’Owen dressent une liste <strong><strong>de</strong>s</strong> supplices selon la<br />
teneur <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés et <strong><strong>de</strong>s</strong> démons qui les infligent.<br />
Pourquoi l’image du feu est-il associé au diable et aux démons ?<br />
L’idée <strong>de</strong> la punition par le feu se trouve déjà dans l’ancien testament, notamment dans la Genèse où l’on retrouve la<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong><strong>de</strong>s</strong> villes <strong>de</strong> Sodome et Gomorrhe, lieux <strong>de</strong> débauches et <strong>de</strong> luxure.<br />
Dans les évangiles <strong>de</strong> Matthieu, Marc et Luc sont reprises les paroles du Christ qui parle du feu qui ne s’éteint pas et où<br />
brûleront pour l’éternité les mauvais chrétiens, et qui cite le châtiment <strong>de</strong> la Géhenne <strong>de</strong> feu.<br />
La représentation d’un enfer en flammes, qui empeste le soufre provient en partie <strong>de</strong> l’ancienne vallée <strong>de</strong><br />
Gé-Hinnom à Jérusalem, vallée du sacrifice et plus tard <strong>de</strong> la combustion <strong><strong>de</strong>s</strong> ordures, qui donnera le nom <strong>de</strong> la Géhenne<br />
<strong>de</strong> la Bible, <strong>de</strong> la Dschehenna du Coran. La représentation du feu provient aussi <strong>de</strong> l’observation <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes<br />
volcaniques, pour Tertullien (150-230), les volcans constituent une preuve <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> l’enfer souterrain.<br />
Pourquoi le thème <strong><strong>de</strong>s</strong> diableries est-il aussi présent au XVIe siècle ?<br />
Au milieu du XVe siècle, la Chrétienté, se sent menacée, elle exerce sa répression sur les individus sorcier ou <strong>de</strong> la<br />
sorcière, adorateurs <strong>de</strong> Satan, mais elle instaure aussi une théorie du complot satanique: on craint qu’à côté <strong>de</strong> la société<br />
chrétienne divisée, ne se constitue une entité collective qui serait son envers.<br />
Si les grands bûchers coïnci<strong>de</strong>nt avec la Réforme et les guerres <strong>de</strong> religions, les conflits religieux n’expliquent pas tout,<br />
même s'ils restent omniprésents du XVI e siècle à la révocation <strong>de</strong> l'édit <strong>de</strong> Nantes, en 1685. Si les hérétiques et sorciers<br />
accusés <strong>de</strong> remettre en cause la société, ont toujours permis <strong>de</strong> justifier la répression, il faut aussi tenir compte du<br />
sentiment général d'insécurité fait <strong>de</strong> peurs réelles ou diffuses, guerres, famines, épidémies sont légions au XVI e siècle. A<br />
la fois causes et conséquences, elles engendrent une véritable psychose collective qui réactive <strong><strong>de</strong>s</strong> superstitions<br />
profondément ancrées dans les esprits. Sorciers et sorcières sous la férule du Diable en sont les victimes toutes trouvées.<br />
La force <strong><strong>de</strong>s</strong> convictions entre le bien et le mal ignore la Renaissance et bafoue la raison au siècle <strong>de</strong> Descartes.<br />
Quelle est la place <strong>de</strong> Bosch dans la représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> diableries ?<br />
L'art <strong>de</strong> Jérôme Bosch est éminemment personnel. On peut trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> ressemblances iconographiques entre son œuvre<br />
et les peintures du Maître <strong>de</strong> Flémalle, le « style international » <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1400, la gravure alleman<strong>de</strong>, les incunables du<br />
XV e siècle, l’œuvre <strong>de</strong> Dirck Bouts, les sculptures romanes, le bestiaire fantastique, l'imagerie populaire, le théâtre, la<br />
«vau<strong>de</strong>rie», les calembours, les us et coutumes du peuple brabançon, l'exotisme <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> voyage, sans oublier<br />
l'astrologie, la superstition, la sorcellerie et l'alchimie. Cependant, si Bosch a emprunté çà et là quelques éléments, il les a<br />
totalement assimilés. Ses « diableries» et ses «drôleries» peuvent aussi être considérées comme un aboutissement <strong>de</strong> ces<br />
différentes sources iconographiques. Mais, <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits divers ont également nourri l’œuvre <strong>de</strong> Jérôme Bosch : les ars<br />
moriendi, les ouvrages <strong><strong>de</strong>s</strong> mystiques, La Nef <strong><strong>de</strong>s</strong> fous <strong>de</strong> Brant, La Légen<strong>de</strong> dorée <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Voragine, Les Visions <strong>de</strong><br />
Tungdal, poème irlandais qui décrit le spectacle même <strong>de</strong> l'enfer, quintessence <strong>de</strong> l'horrible.<br />
Quant à ses sujets qui nous paraissent si fantastiques, ce ne sont nullement <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes grotesques et encore moins<br />
l’œuvre d’un hérétique, mais plutôt d’un sage qui, dans ses tableaux, a raillé le comportement coupable <strong>de</strong> l'homme.<br />
Profondément pieux, appartenant à la Confrérie Notre Dame <strong>de</strong> Bois-le-Duc, Bosch n’a eu <strong>de</strong> cesse que <strong>de</strong> dénoncer les<br />
travers <strong>de</strong> l’humanité.<br />
Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’artiste exprimant la hantise <strong>de</strong> l'enfer, et les travers humains dans une œuvre habitée <strong>de</strong> symboles, <strong>de</strong><br />
mystères et <strong>de</strong> monstres, fera <strong><strong>de</strong>s</strong> émules, dont Bruegel sera le plus important.<br />
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE - PISTES EN HISTOIRE DES ARTS<br />
Comment les artistes ont-ils abordé le thème <strong><strong>de</strong>s</strong> diableries au travers les différents arts ? Comment ont-ils tantôt traduit<br />
l’animalité du diable ou son humanité ? Comment le mythe du pacte avec le diable s’est-il manifesté dans les arts ?<br />
ARTS <strong>DU</strong> LANGAGE<br />
Pierre Gripari, Vincent Ehrart-Devay, Le diable aux cheveux blancs, Edition Grasset Jeunesse, 2005, album à partir <strong>de</strong><br />
5 ans<br />
Une histoire <strong>de</strong> paysan qui part au combat, d’une femme qui <strong>de</strong>vient contrariante et du diable qui joue <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais<br />
tours…<br />
Lorris Murail, Éric Turlotte, Un méchant petit diable, Édition Gallimard Jeunesse, roman à partir <strong>de</strong> 7 ans<br />
Une petite fille battue sauve son père <strong>de</strong> lui-même avec l’ai<strong>de</strong> involontaire du diable…<br />
François David, Natali Fortier, Des mains pleines <strong>de</strong> doigts, Édition Nathan, 2001, album dès 8 ans<br />
Benoit et Emmanuelle <strong>de</strong> Saint Chamas, Laura Rosano, Le puits du diable, Édition du Jasmin, 2003, conte à partir <strong>de</strong> 8<br />
ans<br />
Un jeune homme accepte par brava<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre dans le puit du diable qui conduit droit à la <strong>de</strong>meure du malin…<br />
Charles-Ferdinand Ramuz, Nathalie Novi, L’Histoire du Soldat, Edition Didier Jeunesse, 2011, livre-audio à partir <strong>de</strong> 8<br />
ans<br />
Un soldat ne possédant qu’un violon pour toute fortune, accepte d’échanger son instrument contre un livre qui prédit<br />
l’avenir…<br />
Leo Lamarche, Florence Koenig, Les contes du diable Vauvert-Démons et merveilles, Édition Oskar Jeunesse, 2001&,
oman à partir <strong>de</strong> 11 ans<br />
Le diable aux pieds fourchus apparaît partout <strong>de</strong> l’Italie aux steppes <strong>de</strong> Russie….<br />
Alain Gaussel, Caroline Dall’ava, Chrysopompe <strong>de</strong> Pompinasse, Édition Syros, 2011, album à partir <strong>de</strong> 5 ans<br />
Un enfant pauvre part dans la forêt pour trouver <strong>de</strong> quoi survivre, il entend un bruit dans la forêt, il s’approche, c’est<br />
le diable…<br />
ARTS <strong>DU</strong> SON<br />
Jean Carné, Les visiteurs du soir, 1942, film noir et blanc<br />
Charles Gounod, Ballet <strong>de</strong> Faust, 1859<br />
ARTS <strong>DU</strong> SPECTACLE VIVANT<br />
Maurice Béjart, La Damnation <strong>de</strong> Faust, 1964<br />
Jean-Christophe Maillot, Faust, pour les Ballets <strong>de</strong> Monte-Carlo, 2007<br />
ARTS <strong>DU</strong> VISUEL<br />
Tim Burton, Sleepy Hollow, 1999<br />
Terry Williams, L’Imaginarium du docteur Parnassus, 2009<br />
Roman Polanski, Rosemary’s Baby, film, 1968<br />
William Friedkin, L’exorciste, 1973<br />
Vincente Minnelli, Cabin in the sky, 1943<br />
Brian <strong>de</strong> Palma, Phantom of Paradise, 1974<br />
ARTS DE L’ESPACE<br />
Giambologna, L’Apennin, Parc <strong>de</strong> la villa Demidoff, Pratolino, Italie<br />
Stalactites géantes dont émerge <strong>de</strong> manière incongrue un géant dans les jardins…<br />
Eglise <strong>de</strong> Vézelay, Chapiteaux, fin du XIe siècle, Yonne, France<br />
Chapiteaux remplis <strong>de</strong> ces représentations <strong>de</strong> l'esprit du mal.<br />
ARTS <strong>DU</strong> QUOTIDIEN<br />
Michel Pastoureau, L’étoffe du diable, une histoire <strong>de</strong> rayures et <strong><strong>de</strong>s</strong> tissus rayés, Editions seuil, 2003<br />
Bernard Palissy, Grand plat ovale à décor <strong>de</strong> serpents, écrevisses, poissons, fond rocailleux, faïence, XVIe siècle<br />
musée du Louvre, Paris<br />
Un rapport ambigu avec la nature, un trouble <strong><strong>de</strong>s</strong> perceptions.<br />
2 nd DEGRE-COLLEGE-PISTES EN HISTOIRE DES ARTS<br />
ARTS-CREATIONS-CULTURES<br />
Les diableries participent <strong>de</strong> l'Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures, elles relèvent <strong><strong>de</strong>s</strong> croyances et <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions populaires et revêtent<br />
différentes formes selon les époques et les lieux, à travers les fables, les contes, les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> et les mythes. Elles<br />
alimentent la production artistique qui en leur donnant forme, nourrit à son tour les représentations et les croyances.<br />
En quoi les artistes, à travers les diableries, participent à la construction <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité culturelle et témoignent<br />
<strong>de</strong> sa diversité ?<br />
ARTS-MYTHES-RELIGIONS<br />
Les diableries inspirent les différents mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'expressions artistiques (orales, écrites, plastiques, sonores...) Ses<br />
expressions traduisent <strong><strong>de</strong>s</strong> visions du mon<strong>de</strong>, à travers notamment <strong><strong>de</strong>s</strong> signes et <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles parfois ésotériques qu'elles<br />
engendrent. D'autre part, si elles prennent un caractère mythologique à travers les récits païens et profanes, elles<br />
sollicitent à travers le sacré <strong><strong>de</strong>s</strong> écritures, la spiritualité et la transmission du sentiment religieux. Des artistes comme<br />
Jérôme Bosch entretiennent ce rapport personnel au sacré.<br />
Dans quelle mesure L'artiste se met-il au service <strong>de</strong> la religion et <strong>de</strong> ses convictions? En quoi une oeuvre d'art<br />
peut-elle être qualifiée <strong>de</strong> « spirituelle » ? Les symboles et les signes engendrés par les représentations<br />
mystiques ne sont-ils pas réservés à la lecture d'un cercle d'initiés, et dans ce cas pourquoi ?<br />
Lycée professionnel : classe <strong>de</strong> première professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, réalités, imaginaire » : l'art et l'imaginaire / Sujet d'étu<strong>de</strong> littéraire<br />
« Du côté <strong>de</strong> l'imaginaire »<br />
Le diable se métamorphose et s'adapte à chaque pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire. Au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, rituels, offran<strong><strong>de</strong>s</strong>, sacrifices,<br />
conjurations, envoûtements, incantations, maléfices et sortilèges entraînent le lecteur dans le tourbillon <strong>de</strong> récits<br />
évocateurs et d'images. La littérature et les <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> se complètent ainsi dans la lutte entre la vie et la mort. Pour cette<br />
étu<strong>de</strong>, nous retiendrons quelques exemples ajoutés à ceux que l'exposition “Fables du paysage flamand” montre : les<br />
représentations <strong>de</strong> sacrifices humains chez les Aztèques, le détail <strong>de</strong> la Tyrannie dans l'Allégorie du mauvais gouvernement<br />
d'Ambrogio Lorenzetti (vers 1340), Le Jardin <strong><strong>de</strong>s</strong> Délices <strong>de</strong> Jérôme Bosch (1504), L'Enfer <strong>de</strong> Dante (1314), Faust <strong>de</strong><br />
Goethe (1808), La Comédie du diable d'Honoré <strong>de</strong> Balzac (1831), Sous le soleil <strong>de</strong> Satan <strong>de</strong> Georges Bernanos (1926), Le<br />
Diable et le Bon Dieu <strong>de</strong> Jean-Paul Sartre (1951), La Cache du diable <strong>de</strong> Dean R. Koontz (1992), et au cinéma, L'exorciste<br />
<strong>de</strong> William Friedkin (1973).<br />
PARCOURS DANS LES COLLECTIONS PERMANENTES<br />
Anonyme d’après Jérôme Bosch, Le concert dans l’œuf, entre 1550 et 1600, huile sur toile<br />
Anonyme, Jésus aux Limbes, XV e siècle, Allemagne<br />
David Teniers II David, La Tentation <strong>de</strong> Saint Antoine, Huile sur toile<br />
Dirck Bouts, La Chute <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés, huile sur bois, 1475.<br />
Jacob Jordaens Jacob, La Tentation <strong>de</strong> Marie-Ma<strong>de</strong>leine,
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots-clés<br />
Jan Mandyn (Harlem, 1502-Anvers, 1560)<br />
Les Epreuves <strong>de</strong> Job<br />
Vers 1540<br />
Huile sur bois<br />
67cm x 41cm<br />
Douai, musée <strong>de</strong> la Chartreuse<br />
Diableries, créatures, instruments <strong>de</strong><br />
musique, coiffe, animaux.<br />
CONTEXTE<br />
L’originalité et l’inventivité <strong>de</strong> Bosch vont exercer une fascination et laisser une empreinte évi<strong>de</strong>nte dans l’histoire <strong>de</strong><br />
l’art. L’œuvre <strong>de</strong> l’artiste va susciter <strong>de</strong> nombreux imitateurs ou faussaires qui vivront confortablement en recopiant les<br />
« diableries » à <strong><strong>de</strong>s</strong> fins pécuniaires. Mais, elle va également avoir un impact dans la portée morale, dans la réflexion<br />
créatrice sur la vie d’ici-bas chez un certain nombre <strong>de</strong> peintres et graveurs flamands. Ces <strong>de</strong>rniers adopteront les<br />
images <strong>de</strong> la tentation qui torture autant les saints que les pêcheurs tout en élaborant leurs propres créations. Ils<br />
perpétueront ainsi le message spirituel <strong>de</strong> Bosch.<br />
ARTISTE<br />
Jan Mandyn, né en 1502 à Harlem, mort en 1560 à Anvers, est un peintre maniériste anversois. Il acquiert une gran<strong>de</strong><br />
renommée comme " faiseur <strong>de</strong> diableries et <strong>de</strong> drôleries ", dans l'esprit <strong>de</strong> Bosch. Ses compositions restent cependant<br />
plus amusantes que torturées, et se différencient par <strong><strong>de</strong>s</strong> coloris plus chauds que ceux du maître. La production <strong>de</strong><br />
Mandyn oscille entre le traditionalisme propre à Jérôme Bosch et le mo<strong>de</strong>rnisme lié à ses étroites relations avec Pieter<br />
Aertsen qu’il rencontre à Anvers vers 1530.<br />
Parmi les étudiants d’Anvers <strong>de</strong> Jan Mandyn qui <strong>de</strong>viendront célébrissimes figurent Gillis Mostaert (1534-1598) et<br />
Barthélémy Spranger (1545-1611).<br />
ŒUVRE<br />
Que nous montre l’œuvre ?<br />
Dans un édifice en ruine, Job assis sur un tas <strong>de</strong> fumier, est coiffé d’une toque <strong>de</strong> velours et drapé d’un manteau rouge,<br />
vestiges <strong>de</strong> son ancien prestige. A moitié dénudé à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> pustules qui couvrent son corps, il se tient au côté <strong>de</strong> son<br />
épouse fort lai<strong>de</strong> qui porte le trousseau <strong>de</strong> clefs et la bourse du ménage attachés à sa ceinture. Coiffée d’un hennin<br />
médiéval à <strong>de</strong>ux cornes, ceinte d’un petit corset, elle revêt davantage l’apparence d’une sorcière que d’une tendre<br />
épouse. Elle n’est citée qu’une seule fois dans le Livre <strong>de</strong> Job, où elle incite son mari à renier Dieu et mourir.<br />
Derrière les époux la vue en coupe d’une chaumière nous donne à voir plusieurs personnages terrassés par la foudre :<br />
ce sont les enfants <strong>de</strong> Job en train <strong>de</strong> manger, surpris par un incendie. A gauche du couple une idole païenne montée<br />
sur une colonne païenne se dresse, tenant le croissant maléfique <strong>de</strong> l’Islam, allusion au choix païen proposée à Job si sa<br />
foi vacillait. Au XVI e siècle, le motif <strong>de</strong> Job <strong>de</strong>vient sarcastique et démoniaque. On retrouve ici une iconographie très<br />
boschiennes : trompette soufflant du feu, hibou signe <strong>de</strong> malheur, luth joué un monstre. Malgré toute cette agitation et<br />
cette cacophonie, Job, résigné, continue à tendre une pièce d’or.<br />
Qui est Job ?<br />
Homme riche et pieux, Job est frappé d’une série <strong>de</strong> calamités plus épouvantables les unes que les autres. Dieu semble<br />
s’acharner contre lui alors qu’il est l’exemplarité <strong>de</strong> l’homme intègre et droit, père <strong>de</strong> sept fils et trois filles, qui se gar<strong>de</strong><br />
du mal et craint dieu. Mais Job est en fait l’enjeu d’un pari : Satan évoquant sa richesse et sa piété exemplaire, déci<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> le mettre à l’épreuve avec l’accord <strong>de</strong> Dieu. Tour à tour, le malin tuera ses valets, massacrera ses troupeaux, fera<br />
mourir ses enfants, frappera Job <strong>de</strong> la lèpre et le conduira sur les cendres d’un dépotoir, <strong>de</strong>rnier terme du dénuement et<br />
<strong>de</strong> l’abjection.<br />
Pourquoi autant <strong>de</strong> musiciens entourent-ils Job ?<br />
Un texte apocryphe relate que Job était distrait par <strong><strong>de</strong>s</strong> musiciens pendant ses repas, il <strong>de</strong>vient ainsi au XV e siècle<br />
patron <strong>de</strong> plusieurs confréries <strong>de</strong> musiciens. La musique est aussi censée adoucir les maux <strong>de</strong> cet homme sur lequel<br />
dieu semble s’acharner. Ici, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> musiciens vêtus <strong>de</strong> haillons, maléfiques et inquiétants qui entourent le saint.<br />
L’un d’eux d’ailleurs porte les emblèmes du mal et <strong>de</strong> la folie signifiés par un scorpion et un grelot. Les instruments ne<br />
sont pas choisis <strong>de</strong> manière anodine, on ne trouve que d’instruments populaires à vent (cornemuse, trompette), <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
percussions, (tambours et tambourin), instruments populaires assimilés à la bestialité contrairement aux instruments à<br />
cor<strong><strong>de</strong>s</strong> qui exigent un apprentissage plus intellectuel. Il n’y a qu’un luth mais ridiculement joué par un monstre à corps<br />
d’œuf. Cette hiérarchisation remonte à la joute musicale entre Apollon et Pan dans la mythologie grecque. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
l’iconographie, la musique a été longtemps considérée comme un art pernicieux et donc mêlée à la représentation <strong>de</strong><br />
plusieurs vices.<br />
D’où sont tirées les sources iconographiques <strong><strong>de</strong>s</strong> épreuves <strong>de</strong> Job ?<br />
Elles proviennent <strong>de</strong> l’ancien testament dans le Livre <strong>de</strong> Job qui commence par un récit : Job est à la fois un homme<br />
irréprochable et comblé par la vie. Pourtant, s'il est fidèle à Dieu, n'est-ce pas par intérêt? Or le voilà privé <strong>de</strong> tout : ses<br />
biens, ses enfants, sa santé. Au fond <strong>de</strong> sa souffrance restera-t-il fidèle à Dieu. Si Dieu est juste, pourquoi ce malheur<br />
frappe-t-il Job? Trois hommes veulent convaincre leur ami que sa souffrance est nécessairement la punition d'une faute
qu'il a dû commettre. Ainsi s'engage le grand débat qui occupe, sous la forme d'un poème, la partie centrale du livre, la<br />
plus longue. Les trois amis développent les arguments traditionnels, tandis que Job conteste violemment leur point <strong>de</strong><br />
vue et leur oppose un fait : l'injustice <strong>de</strong> la condition humaine. Il se révolte contre l'image <strong>de</strong> Dieu que défen<strong>de</strong>nt ses<br />
amis, et répète qu'il est innocent. Le livre se termine en revenant à la forme du récit ou Dieu affirme que seul Job a<br />
correctement parlé <strong>de</strong> lui; il rend à Job le double <strong>de</strong> ce qu'il avait perdu.<br />
PISTES PEDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE - arts visuels<br />
<br />
Tableau sonore<br />
Mettre en son ce tableau cacophonique.<br />
<br />
Symboles du mal<br />
Relever les symboles du mal peints dans le tableau : hibou, monstres, scorpion, grelots, serpent, sorcières.<br />
Reproduire et réaliser une nouvelle composition avec ces éléments.<br />
HISTOIRE DES ARTS - Comment les artistes ont-ils traité le dénuement?<br />
ARTS <strong>DU</strong> LANGAGE<br />
. Dominique Sampiero, Monique Czarnecki, P’tite mère, Editions Rue du mon<strong>de</strong>, 2002, roman dès 7 ans<br />
Le père cherche du travail, la cantine est trop chère, Laetitia a souvent froid et s'occupe <strong>de</strong> son petit frère. Si la petite<br />
fille peut décrire avec autant d'application cette situation c'est qu'elle la connaît bien<br />
. Murielle Szac, J’attends maman, éditions Thierry Magnier, 2003<br />
. Hans Christian An<strong>de</strong>rsen, La petite fille aux allumettes, 1845<br />
ARTS <strong>DU</strong> SON<br />
Petr Eben, Le livre <strong>de</strong> Job, 1987<br />
Composition du cycle le cycle biblique, pour orgue concertant et un récitant<br />
Luigi Dallapiccola, cantate "Job" «sacra rappresentazione» pour soli, chœurs et orchestre.<br />
Groupe FAR, Job's Eyes<br />
Métaphore du récit du Livre <strong>de</strong> Job.<br />
2 nd DEGRE-Collège-Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts<br />
ARTS-RUPTURES-CONTINUITES<br />
La scène illustre un épiso<strong>de</strong> biblique, les accents naturalistes dans la composition <strong><strong>de</strong>s</strong> figures n'empêchent pas d'ancrer<br />
cette représentation dans la catégorie <strong><strong>de</strong>s</strong> fables. En effet, l'image <strong>de</strong>meure fictionnelle, emplie <strong>de</strong> monstres et d'éléments<br />
fantastiques pour exemplifier un sens moral. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'apparence littérale <strong>de</strong> l'image, le sens appartient au paysage<br />
peuplé <strong>de</strong> signes et incite à réfléchir sur la condition humaine que l'humanisme va cultiver.<br />
Quel dialogue s'établit entre le récit biblique, la fable et la peinture? Quels croisements, analogies,<br />
transpositions ?<br />
Lycée professionnel : classe <strong>de</strong> première professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, réalités, imaginaires » : l'art et l'imaginaire / Sujet d'étu<strong>de</strong><br />
littéraire « Humanisme et Renaissance » / Sujet d'étu<strong>de</strong> littéraire « Du côté <strong>de</strong> l'imaginaire »<br />
Toutes les cultures ont tenté d'exorciser à travers les mythes, les croyances, les contes et les légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, leurs peurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
catastrophes, <strong>de</strong> la mort, <strong>de</strong> l'autre, <strong>de</strong> l'étranger. Elles ont inventé <strong><strong>de</strong>s</strong> monstres, <strong><strong>de</strong>s</strong> démons tapis dans les profon<strong>de</strong>urs<br />
ou aux confins <strong><strong>de</strong>s</strong> frontières connues. Le Diable boiteux d'Alain-René Lesage (1707), Le Diable amoureux <strong>de</strong> Jacques<br />
Cazotte (1772), certains contes fantastiques d'Edgar Allan Poe ou <strong>de</strong> Guy <strong>de</strong> Maupassant, L'oeuvre <strong>de</strong> Dieu, la part du diable<br />
<strong>de</strong> John Irving (1985) sont autant d'exempleslittéraires à découvrir et à confronter pour les curieux <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations du<br />
bien et du mal.
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots-clés<br />
Suiveur <strong>de</strong> Jérôme Bosch<br />
La Tentation <strong>de</strong> Saint-Antoine (Panneau central)<br />
Fin XVI e /début XVII e siècle<br />
Huile sur bois<br />
117,5cm x 110,3cm<br />
Dijon, musée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong><br />
Démons, saint anachorète, ermite, messe noire,<br />
incendie, monstres, créatures<br />
CONTEXTE<br />
A la fin du Moyen-Age, les saints sont conformes à la manière <strong>de</strong> vivre du Christ. Leur ascèse rigoureuse s’inscrit dans le<br />
rejet <strong>de</strong> la vie terrestre. Comme le Christ, les saints ermites et anachorètes sont cesse tourmentés par les tentations <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
démons. Ainsi, la vie <strong>de</strong> Saint Antoine répond à celle <strong>de</strong> Jésus qu’il s’agisse <strong>de</strong> la passion ou <strong>de</strong> la Tentation dans le<br />
désert.<br />
ARTISTE<br />
L’artiste est probablement un suiveur tardif <strong>de</strong> Bosch, seul le panneau central du triptyque précepte <strong>de</strong> Lisbonne, a été<br />
recopié. Le format est plus grand et seuls quelques détails ainsi que les couleurs plus uniformes diffèrent <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong><br />
Bosch.<br />
Hieronymus Bosch <strong>de</strong> son véritable nom Jeroen van Aeken, est né vers 1450 probablement à Aix-la-Chapelle, et s’établit<br />
à Bois le Duc où il épouse Alci<strong>de</strong> van Meervenne, issue d’une famille bourgeoise aisée. Dès lors, sa carrière va prendre un<br />
véritable essor. Il répond à <strong>de</strong> nombreuses comman<strong><strong>de</strong>s</strong> d’une confrérie à laquelle il appartient, la confrérie Notre Dame,<br />
et très vite les <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> vont affluer, les œuvres <strong>de</strong> Bosch étant gran<strong>de</strong>ment appréciées par l’aristocratie pour leur<br />
contenu intellectuel et profane, notamment à la cour d’Espagne, où Philippe II était un grand admirateur <strong>de</strong> l’artiste.<br />
L’art <strong>de</strong> Bosch reste éminemment personnel même si vraisemblablement l’artiste a puisé dans l’iconographie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
incunables et surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> drôleries <strong>de</strong> leurs marges <strong>de</strong> pages, <strong><strong>de</strong>s</strong> polyptiques du style international avant et après 1400,<br />
<strong>de</strong> la gravure alleman<strong>de</strong>, la tradition populaire, il connaissait sans doute les symboles alchimiques. Il a assimilés ces<br />
sources au point d’en faire un véritable langage hiéroglyphiques que <strong>de</strong> nombreux historiens d’art et psychanalystes ont<br />
tenté <strong>de</strong> décrypté.<br />
ŒUVRE<br />
Qui est saint Antoine ?<br />
Né vers 251 et mort vers 356 soit à 105 ans, Antoine né en Egypte <strong>de</strong> famille aisée, renonce à ses biens pour se retirer<br />
très tôt dans le désert où le diable le tente sans cesse. Il résiste grâce à sa foi inébranlable, et accueille <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples<br />
avec qui il organise la vie cénobitique. Mais profondément solitaire, il retourne au désert. A la fin <strong>de</strong> sa vie, il rencontre<br />
Paul l’ermite avec qui il se liera d’amitié. Antoine est un saint admiré, invoqué contre le mal <strong><strong>de</strong>s</strong> ar<strong>de</strong>nts, maladie définie<br />
aujourd’hui comme l’ergotisme dont les hallucinations peuvent être <strong><strong>de</strong>s</strong> symptômes. Ses reliques seront transférées du<br />
désert <strong>de</strong> Constantinople au Dauphiné en France au XIe siècle dans une abbaye où dorénavant l’ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> Antonins sera<br />
spécialisé dans l’accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> atteints <strong>de</strong> maladies contagieuses et essaimera le culte du saint dans toute la<br />
chrétienté.<br />
Quels sont les personnages qui entourent le pauvre saint Antoine ?<br />
Au centre du tableau, saint Antoine agenouillé nous regar<strong>de</strong>, il esquisse un geste <strong>de</strong> bénédiction.<br />
Il est entouré d’une matrone flaman<strong>de</strong> portant la coiffe, inquiétante avec sa traîne pointue pareille à une queue <strong>de</strong><br />
lézard, <strong>de</strong>vant le saint se tiennent une religieuse, un grylle, monstre tout en tête et en jambes, un peu plus bas un petit<br />
personnage coiffé d’un chapeau en tuyau <strong>de</strong> poêle, sa béquille posée et son pied coupé avec <strong><strong>de</strong>s</strong> fers qui signifient son<br />
ancien état <strong>de</strong> prisonnier le regar<strong>de</strong>. A gauche <strong>de</strong> saint Antoine, <strong>de</strong>ux personnages aux habits raffinés semblent célébrer<br />
une messe. L’un tend un verre à <strong>de</strong>ux croyants : un monstre à groin <strong>de</strong> cochon coiffé d’une chouette maléfique tenant un<br />
luth sous son bras, (instrument <strong>de</strong> cour raffiné mais aussi symbole d’amour charnel), et un homme plus âgé, infirme,<br />
une vielle à roue (instrument <strong><strong>de</strong>s</strong> mendiants) accrochée à la ceinture. Celui-ci est accompagné d’un petit chien coiffé du<br />
capuchon rouge <strong><strong>de</strong>s</strong> bouffons.<br />
A côté <strong><strong>de</strong>s</strong> protagonistes élégants qui officient, un personnage noir tend un plateau où un crapaud porte un œuf,<br />
symbole <strong>de</strong> l’alchimie. Beaucoup <strong>de</strong> détails dans cette scène font allusion à une messe satanique. A l’arrière plan <strong>de</strong> cette<br />
scène sabbatique entourant le saint, c’est à peine si on distingue dans une crypte noire, un véritable autel avec crucifix,<br />
cierge et calice à côté duquel apparaît le Christ <strong>de</strong>bout, vêtu comme saint Antoine d’une robe noire. Lui aussi esquisse<br />
un geste <strong>de</strong> bénédiction tourné vers le groupe central. <strong>de</strong>rrière les <strong>de</strong>ux officiants élégants se trouve un oiseau<br />
monstrueux et encapuchonné, son bec en forme <strong>de</strong> tuyau <strong>de</strong> cornemuse souffle <strong>de</strong> la fumée vers l’ouverture du tombeau<br />
qu’un rayon <strong>de</strong> lumière perce dans l’obscurité pour nous conduire vers le Christ ré<strong>de</strong>mpteur.<br />
Que voit-on autour <strong>de</strong> cette scène centrale ?<br />
Beaucoup <strong>de</strong> démons et <strong>de</strong> scènes <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tructions sont <strong><strong>de</strong>s</strong> parodies <strong>de</strong> l’imagerie sacrée. Ainsi la «Sainte famille» en<br />
bas à droite est représentée par une femme au corps d’arbre tenant un enfant emmailloté monté sur un rat, elle est<br />
entourée <strong>de</strong> caricatures <strong>de</strong> chevaliers, allusion sans doute aux rois mages. Au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus d’eux s’élève une tour ornée <strong>de</strong>
as reliefs idolâtres et bibliques s’élèvent. D’autres démons rappellent un environnement satanique. Au premier plan à<br />
gauche, <strong><strong>de</strong>s</strong> démons sortent d’une grosse fraise, un poisson navire transportant <strong><strong>de</strong>s</strong> singes, affronte un canard-bateau<br />
sans tête le tout sur <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux troubles d’égouts. Le tableau fourmille <strong>de</strong> créatures volantes. Au loin un incendie embrase<br />
un village alors qu’une armée traverse un pont. A droite <strong><strong>de</strong>s</strong> architectures à coupole sont <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong>de</strong> débauches tandis<br />
que le ciel est peuplé <strong>de</strong> créatures malignes.<br />
Pourquoi ce thème ?<br />
A la fin du Moyen-Age, les saints sont conformes à la manière <strong>de</strong> vivre du Christ. Leur ascèse rigoureuse s’inscrit dans le<br />
rejet <strong>de</strong> la vie terrestre. Comme le Christ, les saints ermites et anachorètes sont cesse tourmentés par les tentations <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
démons. Ainsi la vie <strong>de</strong> Saint Antoine répond à celle <strong>de</strong> Jésus qu’il s’agisse <strong>de</strong> la passion ou <strong>de</strong> la Tentation dans le<br />
désert.<br />
PISTES PEDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – arts visuels<br />
Monstrueux pantins articulés<br />
Reprendre le procédé d’Antoine Rogiers, visible dans l’exposition temporaire. Relever par <strong><strong>de</strong>s</strong>sin <strong><strong>de</strong>s</strong> différents éléments<br />
<strong>de</strong> monstres <strong>de</strong> Breughel (pattes, têtes, troncs, coiffes, membres, etc.). Les reproduire en <strong><strong>de</strong>s</strong>sin sur cartoline, les<br />
détourer, les assembler en articulant les différentes parties à l’ai<strong>de</strong> d’attaches parisiennes. Les présenter, les faire<br />
bouger. Les photographier dans différents mouvements.<br />
Hybridation<br />
Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> monstres en photomontage en détourant et assemblant différentes parties d’animaux, <strong>de</strong> personnages voire<br />
<strong>de</strong> machines.<br />
L’incendie<br />
Tenter <strong>de</strong> reproduire l’illusion d’une ville incendiée aux pastels secs ou gras sur papier Canson noir.<br />
HISTOIRE DES ARTS - Comment les artistes ont-ils évoqué les diableries dans d’autres<br />
domaines artistiques ?<br />
ARTS <strong>DU</strong> SON<br />
Charles Trenet, la Java du Diable, 1955<br />
Hector Berlioz, la Symphonie fantastique : Songe d’une nuit <strong>de</strong> Sabbat, 1830<br />
Mo<strong><strong>de</strong>s</strong>t Moussorgski, Une Nuit sur le mont chauve, 1867<br />
ARTS DE L’ESPACE<br />
Art roman : chapiteaux sculptés.<br />
Giorgio Vasari, Bernardo Buontalenti, Entrée <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> grotte, 1580, Jardins Boboli, Florence, Italie<br />
ARTS <strong>DU</strong> LANGAGE<br />
Jacques Cazotte, Le Diable amoureux, 1772<br />
Edgar Poe, Le Chat noir, Nouvelles histoires extraordinaires, trad. <strong>de</strong> Charles Bau<strong>de</strong>laire, 1853<br />
Henri Pourrat, La Queue du diable, Contes, éd. Gallimard Folio<br />
Edgar Poe, Le Diable dans le beffroi, Nouvelles histoires extraordinaires, trad. Charles Bau<strong>de</strong>laire (1854)<br />
ARTS <strong>DU</strong> SPECTACLE VIVANT<br />
Jean-Christophe Maillot, Faust, 2007, pour les Ballets <strong>de</strong> Monte-Carlo<br />
2 nd DEGRE- Collège- HISTOIRE DES ARTS - ARTS-CREATIONS-CULTURES<br />
« Beaucoup <strong>de</strong> démons et <strong>de</strong> scènes <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tructions sont <strong><strong>de</strong>s</strong> parodies <strong>de</strong> l’imagerie sacrée. »<br />
L'oeuvre témoigne à la fois <strong>de</strong> formes savantes (codifications, symboles) et <strong>de</strong> formes populaires (parodies).<br />
Comment l'oeuvre opère-t-elle <strong><strong>de</strong>s</strong> croisements entre la culture populaire et la culture savante ?En quoi cela<br />
participe-t-il <strong>de</strong> la diversité d'une culture ?<br />
ARTS-ESPACES-TEMPS<br />
Dans ces récits sacrés du début du XVIe siècle, le paysage est une métaphore qui énonce l'histoire biblique. La nature<br />
ayant longtemps été considéré comme l'image même du chaos, et du désordre , le désert apparaît comme le lieu idéal<br />
<strong>de</strong> la spiritualité. L'histoire <strong>de</strong> Saint Antoine est un exemple prégnant <strong>de</strong> cette vision; Le paysage est donc ici peuplé <strong>de</strong><br />
monstres et d'éléments fantastiques qui disent la tentation et le diable. Le paysage traduit ainsi un rapport tendu à la<br />
nature. La place <strong>de</strong> l'homme dans le mon<strong>de</strong> terrestre n'est que transitoire et n'est motivée que par le chemin <strong>de</strong> la foi :<br />
Echapper au chaos terrestre pour rejoindre le divin, ce mon<strong>de</strong> abstrait qui sollicite l'imaginaire.<br />
Comment à travers la conception figurative d'un espace, la peinture exprime-t-elle une vision du mon<strong>de</strong> et<br />
la place <strong>de</strong> l'homme dans ce mon<strong>de</strong> ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL : classe <strong>de</strong> première professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Français<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, réalités, imaginaires » : l'art et l'imaginaire / Sujet d'étu<strong>de</strong><br />
littéraire « Humanisme et Renaissance » / Sujet d'étu<strong>de</strong> littéraire « Du côté <strong>de</strong> l'imaginaire »<br />
Les hommes rivalisent d'imagination lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> faire figurer le merveilleux et le monstrueux. Leurs<br />
représentations montrent comment, à partir d'évènements historiques, sociaux, culturels, se construit l'imaginaire. Dans<br />
Le Paradis perdu <strong>de</strong> John Milton (1667), Le Horla <strong>de</strong> Guy <strong>de</strong> Maupassant (1887), Le Diable au corps <strong>de</strong> Raymond<br />
Radiguet (1923), Le Diable <strong>de</strong> Marina Tsvetaïeva (vers 1935), Le Diable s'habille en Prada <strong>de</strong> Lauren Weisberger (2003),<br />
entre autres, les démons sont souvent le double <strong>de</strong> l'homme.
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Provenance<br />
Mots-clés<br />
Dirk BOUTS (1420-1475)<br />
Le chemin <strong><strong>de</strong>s</strong> élus<br />
1475<br />
Huile sur bois<br />
H. 115 cm ; L. 70 cm<br />
Abbaye <strong>de</strong> Tongerlo (?), Flandres<br />
Paradis, anges, paysage, perspective atmosphérique<br />
CONTEXTE<br />
Les Flandres appartiennent <strong>de</strong>puis le XIV e siècle au riche Duché <strong>de</strong> Bourgogne. En 1467, Charles le Téméraire,<br />
prince français, fils du Duc <strong>de</strong> Bourgogne, en hérite. Louvain, qui en fait partie, est un centre <strong>de</strong> commerce<br />
important <strong>de</strong>puis le XI e siècle, réputé pour le négoce du lin. La fondation <strong>de</strong> l’Université Catholique en 1425 apporte<br />
une renommée supplémentaire à la cité flaman<strong>de</strong>.<br />
ARTISTE<br />
Dirk Bouts est né à Haarlem entre 1410 et 1420. Ses premières œuvres témoignent <strong>de</strong> sa connaissance <strong>de</strong> Rogier<br />
Van <strong>de</strong>r Wey<strong>de</strong>n et Petrus Christus. Vers 1450, il épouse Katharina van <strong>de</strong>r Bruggher, issue <strong>de</strong> la bourgeoisie <strong>de</strong><br />
Louvain. L’artiste a quatre enfants dont <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>viennent peintres. Connu pour ses tableaux religieux, il peint à<br />
l’huile sur <strong><strong>de</strong>s</strong> supports <strong>de</strong> bois mais aucune <strong>de</strong> ses œuvres n’est signée. Il meurt en 1475.<br />
Les tableaux <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> appartiennent à un triptyque dont il manque la partie centrale, sans doute commandé par la<br />
ville <strong>de</strong> Louvain en 1468 pour décorer une chapelle <strong>de</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>. Bouts a effectivement beaucoup travaillé pour<br />
cette cité prospère dont il <strong>de</strong>vient le peintre officiel et pour laquelle il réalise <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong><strong>de</strong>s</strong>, aidé par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
théologiens qui lui transmettent le programme iconographique <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres.<br />
ŒUVRE<br />
Dans un paysage verdoyant, quatre groupes <strong>de</strong> personnes sont conduits par <strong><strong>de</strong>s</strong> anges. Ils s’acheminent vers une<br />
fontaine puis poursuivent leur chemin vers le sommet d’une colline avant <strong>de</strong> s’élever au ciel.<br />
Au premier plan, un ange <strong>de</strong> dos aux ailes grises et vêtu d’un lourd et riche manteau <strong>de</strong> brocard conduit trois<br />
hommes et trois femmes ceints d’un drap <strong>de</strong> lin blanc. Ils foulent un tapis verdoyant, parsemé <strong>de</strong> nombreuses<br />
plantes et <strong>de</strong> pierres précieuses. Ces détails sont peints avec une minutie étonnante. A leur gauche, sur un rocher<br />
moussu, chantent <strong><strong>de</strong>s</strong> oiseaux. Le regard <strong><strong>de</strong>s</strong> élus est tourné vers une architecture <strong>de</strong> style gothique, au centre du<br />
tableau. C'est la fontaine <strong>de</strong> vie d’où coulent quatre fleuves issus du paradis («Un fleuve sortait d’E<strong>de</strong>n pour<br />
arroser le jardin et <strong>de</strong> là se divisait en quatre bras », Genèse 2,10). Les élus sont dans un jardin terrestre qui<br />
préfigure le paradis céleste qui les attend.<br />
Ici, Bouts se réfère à un manuscrit du XIV e siècle, écrit par Bérol, qui narre les aventures du chevalier Owein. Dans<br />
ce récit, celui ci s’est rendu aux portes du paradis et <strong>de</strong> l’enfer. Bouts illustre à la lettre la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription du héros : le<br />
Paradis terrestre est «une prairie émaillée <strong>de</strong> fleurs».<br />
L’artiste rend l’impression <strong>de</strong> quiétu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> douceur par l’emploi d’une gamme <strong>de</strong> couleurs chau<strong><strong>de</strong>s</strong> et apaisantes,<br />
une lumière douce et cristalline qui enveloppe la scène, un cortège <strong>de</strong> personnages aux gestes calmes et posés.<br />
Dirck Bouts n’utilise pas la perspective scientifique <strong><strong>de</strong>s</strong> italiens (pas <strong>de</strong> point <strong>de</strong> fuite). De même, sa connaissance<br />
en anatomie n’équivaut pas celle <strong>de</strong> ses contemporains italiens : les corps sont rai<strong><strong>de</strong>s</strong>, le rendu <strong>de</strong> la marche<br />
maladroit. Cette peinture reflète cependant la volonté <strong>de</strong> rendre une illusion <strong>de</strong> réalité, typique <strong>de</strong> la Renaissance<br />
qui s’étend alors dans toute l’Europe. Le peintre utilise les procédés <strong>de</strong> ceux que l’on appelle les Primitifs flamands.<br />
Il se sert <strong>de</strong> l’étagement <strong><strong>de</strong>s</strong> plans pour rendre la profon<strong>de</strong>ur du paysage, <strong>de</strong> la perspective chromatique (ou<br />
atmosphérique) pour renforcer l’illusion d’éloignement. En effet, les couleurs sont saturées au premier plan, alors<br />
qu'elles s’éclaircissent et <strong>de</strong>viennent bleutées dans le lointain.<br />
Bouts utilise la peinture à l’huile. Cette technique, mise au point par les frères Van Eyck vers 1426, permet un<br />
travail très précis par l’utilisation <strong>de</strong> glacis rendant possible la déclinaison infinie <strong>de</strong> nuances <strong>de</strong> couleurs. Elle<br />
donne à la matière picturale un effet émaillé. Admirables sont le rendu du velouté du brocard, la sécheresse du lin,<br />
la légèreté et l’effet méché <strong><strong>de</strong>s</strong> cheveux, la brillance <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres précieuses. De la même manière, les fleurs sont<br />
peintes avec une minutie <strong>de</strong> botaniste: pâquerette, violette, chélidoine, fraisier, plantain et renoncule sont toutes<br />
connues alors pour avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> vertus médicinales mais sont aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles moraux (la violette symbolise<br />
l’humilité).
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRÉ<br />
<strong>Arts</strong> Visuels<br />
Réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> planches <strong>de</strong> botanistes<br />
A la manière <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes flamands, <strong><strong>de</strong>s</strong>siner avec une gran<strong>de</strong> minutie, aux crayons <strong>de</strong> couleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes qui<br />
pourraient peupler un endroit paradisiaque. S’inspirer <strong><strong>de</strong>s</strong> catalogues d’horticulture ou <strong>de</strong> botanique.<br />
Créer un patchwork <strong>de</strong> verdure<br />
Fabriquer le plus <strong>de</strong> verts différents à la gouache en utilisant uniquement les couleurs primaires : bleu <strong>de</strong> Cyan et<br />
jaune primaire ainsi que blanc et noir. Couvrir <strong>de</strong> petits supports (10 cm x15 cm) en variant les proportions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
couleurs et le nombre d'outils. Réaliser ensuite un immense patchwork en associant ces échantillons.<br />
Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> essaims d’anges étranges<br />
L’ange est habituellement représenté avec un corps d’homme et <strong><strong>de</strong>s</strong> paires d’ailes d’oiseaux. Le nombre <strong>de</strong> ces<br />
ailes varie selon la place tenue par l'ange dans la hiérarchie céleste. Perturber cette représentation habituelle en<br />
faisant voler <strong><strong>de</strong>s</strong> anges peu communs : vaches, chiens, alligators etc. avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes inhabituelles, ailes <strong>de</strong> papillon,<br />
<strong>de</strong> libellule, <strong>de</strong> chauve-souris, etc. Photocopier <strong><strong>de</strong>s</strong> images d'ailes et d'animaux divers, tirées <strong>de</strong> planches <strong>de</strong><br />
gravures anciennes. Réaliser un photomontage en associant ailes et animaux pour créer <strong><strong>de</strong>s</strong> anges atypiques. Les<br />
placer sur un fond <strong>de</strong> paysage choisi dans un magazine.<br />
Réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> anges en volume<br />
Créer une silhouette <strong>de</strong> personnage en fil <strong>de</strong> fleuriste, la planter dans un socle <strong>de</strong> pâte à mo<strong>de</strong>ler. Découper <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
ailes, un visage <strong>de</strong> personne, trouvés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> pages <strong>de</strong> magazines. Les placer sur la silhouette. Poursuivre la<br />
parure <strong>de</strong> l’ange avec <strong><strong>de</strong>s</strong> papiers légers (papiers <strong>de</strong> soie), <strong>de</strong> la <strong>de</strong>ntelle, <strong><strong>de</strong>s</strong> rubans pour signifier ses vêtements.<br />
Lectures<br />
BAUER Juta, L’ange <strong>de</strong> grand-père, Editions Gallimard Folio Benjamin, cycle 2<br />
BOUCHER Michel, Ange ou démon, Editions du Rouergue, cycle 1 et 2<br />
DE MONTELLA Christian, CHARBIN <strong>DU</strong>MAS Alice, un ange dans la nuit, Editions Bayard jeunesse, cycle 2<br />
MAC KAY Hillary, Sally et l’ange, Editions Seuil jeunesse, cycle3<br />
RIGAL Sophie, BEAUCOUSIN Pierre, Un ange gardien à domicile, Editions Casterman roman, cycle 2<br />
STURGIS Alexan<strong>de</strong>r, CHILD Lauren, L’ange <strong>de</strong> Léonard, Editions Albin Jeunesse<br />
TAMAN Susanna, Tobie et l’ange, Editions Seuil jeunesse, cycle 3<br />
VINCENT Gabriel, Désordre au Paradis, Editions Casterman<br />
2 nd DEGRÉ<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts<br />
<strong>Arts</strong>, créations, cultures<br />
Les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> représentations symboliques ou mythiques (histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures), les lieux <strong>de</strong> culte<br />
Art, espace, temps<br />
L’œuvre d’art et l’évocation du temps (celui <strong>de</strong> la narration) et <strong>de</strong> l’espace (étagement <strong><strong>de</strong>s</strong> plans, perspective<br />
chromatique). L’œuvre et l’homme dans la nature (harmonie et déplacement du corps)<br />
<strong>Arts</strong>, mythes et religions<br />
L’œuvre d’art et le sacré (source d’inspiration artistique. Personnages, thème et motifs, formes conventionnelles)<br />
<strong>Arts</strong>, techniques et expressions<br />
Utilisation <strong>de</strong> la peinture à l’huile, amélioration du rendu <strong><strong>de</strong>s</strong> matières, <strong><strong>de</strong>s</strong> transparences et <strong>de</strong> la lumière…<br />
virtuosité technique<br />
<strong>Arts</strong>, ruptures et continuités<br />
Inspiration, traditions, composition <strong>de</strong> l’image tradition<br />
LYCÉE PROFESSIONNEL<br />
<strong>Arts</strong> Appliqués et cultures artistiques<br />
Champ 2 « construire son i<strong>de</strong>ntité culturelle »<br />
Œuvre intégrée au parcours « Moyen Âge/Renaissance : une rupture esthétique » dont l’objectif est <strong>de</strong> permettre<br />
aux élèves <strong>de</strong> mettre en perspective les œuvres <strong>de</strong> la Renaissance afin <strong>de</strong> percevoir ce qu’est une rupture<br />
esthétique. On <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra aux élèves <strong>de</strong> choisir une œuvre qui leur a plu et <strong>de</strong> justifier leur choix.<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong>, 2 n<strong>de</strong> Bac Pro<br />
<strong>Arts</strong>, goûts, esthétiques<br />
L’art, jugements et approches : le concept <strong>de</strong> beau, sa relativité, universalité <strong>de</strong> l’œuvre, diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> goûts<br />
esthétiques. L’art et ses classifications : catégories, découpages, évolutions, relectures… L’art et ses co<strong><strong>de</strong>s</strong> :<br />
normes esthétiques, éthiques et sociales.<br />
Histoire, 2 n<strong>de</strong> Bac Pro<br />
Sujet d’étu<strong>de</strong> « Humanisme et Renaissance »<br />
Français, 2 n<strong>de</strong> Bac Pro<br />
Objet d’étu<strong>de</strong> « <strong><strong>de</strong>s</strong> goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs, discutons-en… »
PARCOURS THÉMATIQUES DANS LES COLLECTIONS<br />
Les anges<br />
MAÎTRE AU FEUILLAGE EN BRODERIE (groupe du), Triptyque <strong>de</strong> la Vierge à l’enfant entourée d’anges musiciens,<br />
huile sur bois, XV e siècle<br />
BACO Jacomart, La Trinité, huile sur bois, 1470<br />
MAÎTRE DE L’ADORATION DE LILLE, L’Adoration <strong><strong>de</strong>s</strong> bergers, huile sur bois, 1512<br />
VAN HEMESSEN Jan, Vanité, huile sur toile, vers 1530<br />
RUBENS Pierre Paul, Sainte Marie-Ma<strong>de</strong>leine en extase, 1620<br />
MOL Pieter Van, L’Annonciation, huile sur toile, 1631<br />
BOUCHER François, La France gémit <strong><strong>de</strong>s</strong> troubles qui la divisent, huile sur toile, 1760<br />
GOYA Y LUCIENES Francisco <strong>de</strong>, Le Temps, huile sur toile, vers 1810<br />
DELACOIX Eugène, L’Ange Raphaël quittant Tobie, huile sur toile, 1864<br />
CAZIN Jean Charles, Tobie et l’ange, huile sur toile, 1880<br />
Les jardins et les fleurs<br />
MAÎTRE AU FEUILLAGE EN BRODERIE (groupe du), Triptyque <strong>de</strong> la Vierge à l’enfant entourée d’anges musiciens,<br />
huile sur bois, XV e siècle<br />
SUSTRIS Lambert, Noli me tangere, huile sur toile, XVI e siècle<br />
SAVRY Rœlant, Bouquet <strong>de</strong> fleurs, huile sur toile, vers 1610-1620<br />
DESPORTES François, Feuillage avec un melon sur fond rouge, huile sur papier, XVIII e siècle<br />
BLAIN DE FONTENAY Jean-Baptiste, Fleurs et bas-relief antique, XVIII e siècle<br />
DELACROIX Eugène, Bouquet champêtre, vers 1850<br />
MARIN Henri Jean Guillaume, Dans le jardin, huile sur toile, XIX e siècle<br />
MONTIGNY Jenny, Verger en fleurs, huile sur toile, XIX e siècle<br />
VUILLARD Édouard, Fleurs dans un vase, huile sur carton, 1905
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Provenance<br />
Mots-clés<br />
Dirk BOUTS (1420-1475)<br />
La chute <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés<br />
1475<br />
Huile sur bois<br />
H. 118 cm ; L. 71 cm<br />
Abbaye <strong>de</strong> Tongerlo (?), Flandres<br />
Enfer, souffrance, monstres<br />
CONTEXTE<br />
Les Pays-Bas appartiennent <strong>de</strong>puis le XIV e siècle au riche Duché <strong>de</strong> Bourgogne. En 1467, Charles le<br />
Téméraire, prince français, fils du Duc <strong>de</strong> Bourgogne, hérite du duché.<br />
Louvain appartient au Brabant : c'est un centre <strong>de</strong> commerce important <strong>de</strong>puis le XI e siècle réputé pour le<br />
négoce du lin. La fondation <strong>de</strong> l’Université catholique en 1425 apporte une renommée supplémentaire à la<br />
cité néerlandaise.<br />
ARTISTE<br />
Dirk Bouts est né à Haarlem entre 1410 et 1420. Ses premières œuvres témoignent <strong>de</strong> sa connaissance<br />
<strong>de</strong> Rogier Van <strong>de</strong>r Wey<strong>de</strong>n et Petrus Christus. Vers 1450, il épouse Katharina van <strong>de</strong>r Bruggher, issue <strong>de</strong><br />
la bourgeoisie <strong>de</strong> Louvain. L’artiste a quatre enfants dont <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>viennent peintres. Connu pour ses<br />
tableaux religieux, il peint à l’huile sur <strong><strong>de</strong>s</strong> supports <strong>de</strong> bois. Il meurt en 1475. Aucune <strong>de</strong> ses œuvres<br />
n’est signée.<br />
Les tableaux <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> appartiennent à un triptyque dont il manque la partie centrale, sans doute<br />
commandé par la ville <strong>de</strong> Louvain en 1468 pour décorer une chapelle <strong>de</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
Bouts a effectivement beaucoup travaillé pour cette cité prospère dont il <strong>de</strong>vient le peintre officiel et pour<br />
laquelle il réalise <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong><strong>de</strong>s</strong>, aidé par <strong><strong>de</strong>s</strong> théologiens qui lui donnent le programme<br />
iconographique <strong>de</strong> ses œuvres.<br />
ŒUVRE<br />
L’œuvre est probablement le volet droit d’un triptyque dont il manque la partie centrale, le volet gauche<br />
représentant le chemin <strong><strong>de</strong>s</strong> élus. Sa taille mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te laisse supposer qu’il était <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné non à un maître<br />
autel d'église, mais plutôt à une chapelle d'hôpital ou à la salle <strong>de</strong> l’hôtel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Louvain où l’on<br />
rendait la justice.<br />
L’artiste s’appuie sur une version du Purgatoire <strong>de</strong> saint Patrick, manuscrit du XIV e siècle écrit par Bérol,<br />
qui relate le voyage du chevalier Owein dans l’au-<strong>de</strong>là. Dirck Bouts peint les effrois <strong>de</strong> ceux qui n’ont pas<br />
respecté la morale chrétienne. Le lieu <strong>de</strong> l’enfer est décrit comme un abîme, un lieu <strong>de</strong> ténèbres et <strong>de</strong><br />
fournaise. L’artiste reprend les détails décrits par le chevalier. En arrière-plan, on distingue «une gran<strong>de</strong><br />
roue dont les rais et ban<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> fers (…) auxquels étaient suspendus <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres humains». De la même<br />
manière, un homme nu est jeté dans un fleuve noir où il fait écho au texte d’inspiration: «il (Owein) voit<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes, se tenant accroupis: un vent violent les précipite dans un fleuve glacé». Les<br />
tons grisâtres <strong><strong>de</strong>s</strong> corps renvoient aux paroles suivantes:«les impies, rendus semblables au plomb par<br />
leurs péchés (…) seront enfoncés dans les profon<strong>de</strong>urs».<br />
Au centre du tableau, les damnés tombent à la verticale sous le poids <strong>de</strong> leurs péchés et leurs corps<br />
s’entassent dans les rochers où <strong><strong>de</strong>s</strong> monstres hybri<strong><strong>de</strong>s</strong> les assaillent. La composition nous ramène vers la<br />
gauche où le feu, supplice éternel, attend les pêcheurs. C’est un univers cauchemar<strong><strong>de</strong>s</strong>que que l’artiste<br />
décrit en jouant sur:<br />
- la composition <strong><strong>de</strong>s</strong>cendante : les hommes tombent et s’écrasent dans les rochers.<br />
- les couleurs sombres et hostiles <strong>de</strong> l’environnement minéral sans la moindre présence <strong>de</strong> verdure.<br />
- le jeu <strong>de</strong> contraste violent <strong>de</strong> lumière où les corps blancs, tordus par l’effroi et la souffrance, sont<br />
violemment éclairés.<br />
- la gestuelle <strong>de</strong> ces damnés qui se débattent en vain.<br />
- le contraste <strong><strong>de</strong>s</strong> matières: le corps lisse <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et celui <strong><strong>de</strong>s</strong> bêtes recouvert d’écailles ou <strong>de</strong><br />
peaux reptiliennes.<br />
- la sensation <strong>de</strong> grouillement donné par ces monstres et ces hommes dramatiquement enchevêtrés.<br />
Les <strong>de</strong>ux pendants du triptyque initial joue sur l'opposition <strong>de</strong> la composition, la gamme <strong>de</strong> couleurs,<br />
l'éclairage (voir le Chemin <strong><strong>de</strong>s</strong> élus).
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRÉ<br />
<strong>Arts</strong> Visuels<br />
Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> monstres<br />
Le Moyen Âge est chargé <strong>de</strong> visions apocalyptiques <strong>de</strong> l’enfer. L’iconographie met en scène <strong>de</strong> nombreux<br />
animaux inquiétants et grouillants. Ici les monstres terrifient car ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> être hybri<strong><strong>de</strong>s</strong>, velus, griffus,<br />
<strong>de</strong>ntus. Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres effrayants en mêlant par photomontage fragments humains et animaux. Ajouter<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> détails graphiques comme les <strong>de</strong>nts, les cornes, le pelage, les griffes.<br />
Une vison d’apocalypse : un environnement hostile<br />
Par photomontage, accumuler <strong><strong>de</strong>s</strong> visions apocalyptiques: une ville bombardée, <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux polluées, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
bâtiments bombardés, <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants qui pleurent. Y insérer par le collage le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin d’un personnage isolé et<br />
perdu.<br />
Compositions abstraites et interprétations <strong>de</strong> l’image<br />
Donner un effet <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur à la feuille grâce à une organisation <strong>de</strong> formes, <strong>de</strong> couleurs… Donner un<br />
effet <strong>de</strong> mouvement en jouant sur la verticalité ou les diagonales… Réinterpréter et recomposer l’image<br />
dans un format horizontal<br />
Lectures<br />
HONAKER Michel, Le sortilège <strong><strong>de</strong>s</strong> ombres, Editions Père Castor Flammarion 2007, roman cycle 3<br />
JIMENES Guy, USDIN Elene, Orphée l’enchanteur, Editions Nathan 2004, roman cycle 3<br />
LOSSANI Chiara, MONACO Octavia, La naissance <strong><strong>de</strong>s</strong> saisons : le mythe <strong>de</strong> Déméter et Perséphone,<br />
Editions Grasset jeunesse collection lecteurs en herbe 2007, roman, cycle 2 et 3<br />
PREVERT Jacques, <strong>DU</strong>HÊME Jacqueline, Prosper aux enfers, Editions Gallimard jeunesse, album cycle 2<br />
2 nd DEGRÉ<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong><br />
<strong>Arts</strong>, créations, cultures : les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> représentations symboliques ou mythiques (histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
cultures), les lieux <strong>de</strong> culte<br />
Art, espace, temps : espace symbolique, narration et effets <strong>de</strong> mouvement<br />
<strong>Arts</strong>, mythes et religions : l’œuvre d’art et le sacré. L’enfer, l’apocalypse, les monstres : sources<br />
d’inspiration artistique - Personnages, thème et motifs, formes, couleurs et tonalités conventionnelles.<br />
<strong>Arts</strong>, techniques et expressions : composition <strong><strong>de</strong>s</strong>cendante, étagement <strong><strong>de</strong>s</strong> plans, procédés<br />
graphiques et illusion du volume, lumière et mo<strong>de</strong>lé en peinture, expressions <strong><strong>de</strong>s</strong> postures.<br />
<strong>Arts</strong>, ruptures et continuités : inspiration, traditions, composition <strong>de</strong> l’image tradition.<br />
LYCÉE PROFESSIONNEL<br />
<strong>Arts</strong> appliqués et cultures artistiques<br />
Champ 2 « construire son i<strong>de</strong>ntité culturelle »<br />
Abor<strong>de</strong>r le registre fantastique ainsi que le lexique « imaginaire/imagination, « peur/étrange » grâce à la<br />
représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> monstres <strong>de</strong> l’enfer. Dans le cadre d’une séquence sur la représentation <strong>de</strong><br />
l’enfer dans la littérature et les autres arts, rédiger une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> l’enfer.<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Arts</strong>, 1 ère Bac Pro<br />
<strong>Arts</strong>, réalités, imaginaires<br />
L’art et l’imaginaire : inventions artistiques (transpositions et récits <strong>de</strong> rêves, <strong>de</strong> cauchemars, créatures,<br />
personnages et motifs fictifs, univers légendaires, fantastiques, mythologiques, fabuleux…).<br />
Français, 1 ère Bac Pro<br />
Objet d’étu<strong>de</strong> : « du côté <strong>de</strong> l’imaginaire »<br />
PARCOURS THÉMATIQUES DANS LES COLLECTIONS<br />
Le fantastique<br />
Anonyme, Encensoir Mosan, laiton, 1160<br />
BOUTS Dirck, La Chute <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés, huile sur bois, 1475<br />
Atelier <strong>de</strong> Veit Von TAISTEN, Retable <strong>de</strong> saint Georges, bois sculpté et peint, XV e siècle<br />
HEMESSEN Jan Van, Vanité, huile sur toile, vers 1520<br />
BARENTZ Dirk, Les Morts sortent <strong>de</strong> leurs tombeaux, huile sur toile, 1550-1560<br />
SCHEFFER Ary, Les Morts vont vite, huile sur toile, XIX e siècle<br />
POMPON François, Vanité, XIX e siècle<br />
ZADKINE Ossip, Forêt humaine, XX e siècle<br />
ROULLAND Jean, Ardèche, XX e siècle<br />
La souffrance<br />
Anonyme, Descente aux limbes, XVI e siècle<br />
BOURDON Sébastien, Le Martyre <strong>de</strong> Saint André, huile sur toile, XVII e siècle
RUBENS Pierre Paul (d'après), Prométhée enchaîné, huile sur bois, XVII e siècle<br />
DIEGO Polo, Le Martyre <strong>de</strong> Saint Étienne, huile sur toile, XVII e siècle<br />
VELASQUEZ Eugenio Lucas y, Le garrot, huile sur bois, XIX e siècle<br />
DEULLY Eugène, Dante et Virgile aux enfers, huile sur toile, 1897<br />
<strong>Arts</strong> du quotidien au Moyen Âge<br />
Plaque <strong>de</strong> boucle <strong>de</strong> ceinture, émail champlevé, fin XII e siècle<br />
Plat <strong>de</strong> reliure <strong>de</strong> Dormeuil, émail champlevé, vers 1200<br />
Manche <strong>de</strong> couteau, ivoire ciselé, XIII e siècle<br />
Châsse <strong>de</strong> Saint Nicolas, émail champlevé, XIII e siècle<br />
Stèle funéraire <strong>de</strong> Guillaume du Fay, XIV e siècle<br />
Cassonne, bois peint, XIV e siècle<br />
Aquamanile, laiton, XV e siècle<br />
Matrices <strong>de</strong> sceaux
Artiste<br />
Titre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Provenance<br />
Mots-clés<br />
Jérôme BOSCH (d’après) (vers 1453–1516)<br />
Le concert dans l’œuf<br />
Copie d’une œuvre du milieu du XVI e siècle<br />
Huile sur toile<br />
H. 0,365 cm ; L. 1,26 cm<br />
inconnue<br />
Fantastique, alchimie, satire, musique, bestiaire,<br />
médiéval, symbole<br />
CONTEXTE<br />
La secon<strong>de</strong> moitié du XV e siècle dans le nord <strong>de</strong> l’Europe est une pério<strong>de</strong> d’agitation religieuse où<br />
l’on attend avec certitu<strong>de</strong> la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps annoncés par les Écritures. Ruysbroeck, mystique du<br />
nord, introduit la <strong>de</strong>votio mo<strong>de</strong>rna, doctrine qui prône une spiritualité à la fois affective et concrète<br />
et qui considère que la vie du chrétien se déroule au plus profond <strong>de</strong> lui-même et qu'il doit donc<br />
l'entretenir. La bulle du pape Innocent VIII (1484), Summis <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rantes affectibus, prône la lutte<br />
contre les pratiques magiques. L’Inquisition s’attaque aux sorcières et aux alchimistes. Les Pays-<br />
Bas bourguignons sont marqués par une atmosphère <strong>de</strong> bouleversements politiques et religieux.<br />
ARTISTE<br />
Jérôme Bosch est un peintre néerlandais d’origine alleman<strong>de</strong>. Issu d’une famille d’artistes, il tient<br />
son patronyme <strong>de</strong> sa ville natale, Hertogenbosh. Il est formé dans l’atelier familial. On connaît une<br />
première mention <strong>de</strong> son nom en 1480 dans les registres <strong>de</strong> la confrérie <strong>de</strong> Notre-Dame à Bois-le-<br />
Duc, dont il <strong>de</strong>vient membre et peintre attitré après son mariage avec une riche aristocrate. De son<br />
vivant, ses œuvres connaissent un grand succès. Bosch est à la tête d’un atelier reconnu et<br />
prospère. Les puissants <strong>de</strong> l’époque apprécient ses œuvres : Philippe le Beau lui comman<strong>de</strong> en<br />
1504 un grand Jugement <strong>de</strong>rnier, Marguerite d’Autriche lui achète une Tentation <strong>de</strong> Saint Antoine.<br />
Philippe II possè<strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> ses œuvres dans ses collections <strong>de</strong> l’Escurial (actuellement au<br />
Musée du Prado à Madrid). Aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres <strong>de</strong> Bosch n’est datée et cinq seulement portent sa<br />
signature. Les autres œuvres connues lui sont attribuées par analogie <strong>de</strong> style. Son œuvre peut<br />
être perçue comme une manifestation tardive <strong>de</strong> l’esprit médiéval au moment où la Renaissance est<br />
en train <strong>de</strong> s’imposer en Europe. Les traditions hermétiques, alchimistes ou astrologiques résultent<br />
d’un besoin <strong>de</strong> mysticisme familier au Moyen-Âge. Bosch est un homme <strong>de</strong> son époque. Il peint le<br />
combat du Bien contre le Mal. Il exprime la piété <strong>de</strong> son temps et <strong>de</strong>meure un artiste du XV e siècle<br />
utilisant les thèmes et les symboles familiers <strong>de</strong> son époque. Il révèle à travers sa peinture les<br />
mensonges et les illusions du mon<strong>de</strong>. L’homme, par sa bêtise et ses péchés, est tombé sous<br />
l’emprise du diable. La représentation caricaturale du Mal a <strong><strong>de</strong>s</strong> aspects exorcistes mais sert aussi<br />
d’avertissement accusateur basé sur <strong><strong>de</strong>s</strong> principes théologiques.<br />
ŒUVRE<br />
L'œuvre <strong>de</strong> Bosch est inspirée d'un récit <strong>de</strong> Sébastien Brandt, poète rhénan qui écrit La nef <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Fous en 1491. Ce récit relate la folle embarquée <strong>de</strong> l'humanité dans un navire où la passion<br />
humaine est exacerbée.<br />
L’espace central du tableau est presque entièrement occupé par un œuf d’un blanc lumineux où<br />
jouent <strong><strong>de</strong>s</strong> ombres. Dix personnages sont réunis pour un concert dans une énorme coquille d’œuf.<br />
Une gran<strong>de</strong> cohésion les rassemble dans la même folie. Ils portent <strong><strong>de</strong>s</strong> couvre-chefs insolites :<br />
oiseaux ou objets. Le moine <strong>de</strong> dos constitue l’élément butoir qui invite le regard vers la partition et<br />
permet d’entrer dans le tableau. Il s’agit d’un détournement habile d’une scène tout à fait évi<strong>de</strong>nte<br />
au Moyen-Âge, celle <strong><strong>de</strong>s</strong> monastères où le moine lit le lectionnaire. Pourtant, Bosch traite la lectio<br />
divina <strong>de</strong> manière parodique puisque la partition est une chanson grivoise <strong>de</strong> Créquillon, célèbre<br />
musicien du XVI e siècle.<br />
De nombreux détails enrichissent la scène centrale. L’œuf comporte trois petites cassures : dans la<br />
première, on voit un singe une flûte à la bouche ; dans l’autre, un homme à conformation hybri<strong>de</strong><br />
joue du luth. Un voleur au visage sombre est en train <strong>de</strong> couper la bourse accrochée à la ceinture<br />
du moine. On voit également s’échapper <strong>de</strong> la troisième cassure un bras qui semble vouloir<br />
s’emparer d’un poisson qui se trouve sur une grille à l’extérieur <strong>de</strong> l’œuf. D’autres détails du<br />
tableau sont traités comme <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes à part entière. A gauche <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages, un panier <strong>de</strong><br />
pique-nique est représenté comme une véritable nature morte. Le bas du tableau est occupé par<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> scènes miniatures sans rapport apparent avec le sujet : à droite, un festin satanique dans une<br />
chaussure ; à gauche, le feu <strong>de</strong> l’enfer.<br />
Bosch utilise un langage d’images fantastiques à la signification symbolique, agrémentées du<br />
folklore <strong>de</strong> l’époque. Son style s’inspire <strong><strong>de</strong>s</strong> bestiaires du Moyen-Âge mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> visions <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
prédicateurs <strong>de</strong> l’époque. On peut retenir les symboles suivants :<br />
- la folie : lunettes et entonnoirs renversés, coiffes insolites…<br />
- le registre ornithologique : <strong>de</strong> nombreux oiseaux très détaillés aux multiples connotations<br />
symboliques, typiques <strong><strong>de</strong>s</strong> Flandres<br />
- la luxure : le luth, la cigogne, la ruche, la chanson paillar<strong>de</strong>, la socque …<br />
- l’alchimie : l’œuf, la tortue, la cruche, la pie …<br />
- le vice, le Mal : le singe, le serpent, la chouette…<br />
Au niveau stylistique, les divers éléments qui constituent le tableau sont traités avec une minutie
typiquement flaman<strong>de</strong>. Dans le traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> expressions, on remarque une nette<br />
individualisation <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages. Les figures sont également très expressives (par exemple,<br />
l’homme qui joue du pipeau les joues gonflées, les muscles du cou saillants). Les figures humaines<br />
et animales typiques <strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> Bosch sont mêlées : par exemple, le personnage richement<br />
vêtu a une tête d’âne. Bosch ignore la perspective italienne et utilise la perspective intuitive issue<br />
<strong>de</strong> la tradition médiévale. Des procédés <strong>de</strong> composition originaux et une géométrie personnelle<br />
organisent la composition. Les changements d’échelle sont aussi frappants.<br />
Sous la fantaisie et l’humour, il s’agit d’une satire à forte connotation moralisatrice. Ce tableau peut<br />
être lu comme une critique <strong>de</strong> l’alchimie où l’œuf est le creuset du Grand Œuvre (transformation du<br />
mon<strong>de</strong> en un paradis éternel). Bosch y fustige les inconscients et les avertit du sort tragique qui les<br />
attend s’ils s’obstinent dans la voie <strong>de</strong> l’erreur. En <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> péchés, il y a d’autres menaces qui<br />
pèsent sur les hommes : la crédulité, la bêtise, la folie… qui conduisent les hommes à s’en remettre<br />
à <strong><strong>de</strong>s</strong> charlatans. C’est une représentation morale : il interroge la responsabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes icibas.<br />
L’examen attentif <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Bosch permet <strong>de</strong> penser qu’elle se situe dans la ligne<br />
orthodoxe <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> l'Église.<br />
PISTES PEDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE<br />
<strong>Arts</strong> visuels<br />
Changement d’échelle<br />
Créer un univers fantastique à partir d’association d’images. Détourer <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments d’images, les<br />
associer pour leur donner un sens nouveau. Jouer sur l’humour, l’onirisme.<br />
Couvre chefs originaux<br />
Les protagonistes du tableau sont coiffés d’un entonnoir, d’un athanor, d’une chouette, d’un<br />
bonnet. Imaginer <strong><strong>de</strong>s</strong> couvre chefs originaux en regard <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> personnalité <strong>de</strong> personnages.<br />
De quelle sorte <strong>de</strong> chapeau affublerait-on un joueur <strong>de</strong> foot, un capitaine <strong>de</strong> gendarmerie, la fée<br />
clochette, Alice au pays <strong><strong>de</strong>s</strong> merveilles ? Dessiner <strong><strong>de</strong>s</strong> projets <strong>de</strong> chapeaux, puis les réaliser en<br />
volume.<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts<br />
Le maniérisme : mouvement d’avant-gar<strong>de</strong> au XVI e siècle<br />
<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> l’espace<br />
La Grotte <strong><strong>de</strong>s</strong> pins, Château <strong>de</strong> Fontainebleau, Le Primatice, Serlio, 1540, France<br />
Une architecture spontanée, où les termes et les atlantes comme doués <strong>de</strong> vie semblent fusionner<br />
avec la pierre.<br />
<strong>Palais</strong> du Té, Giulio Romano, 1525, Mantoue, Italie<br />
Une architecture qui s’ajoute à une autre et annonce une ruine future, un nouveau temps<br />
d’appréhension <strong>de</strong> l’édifice.<br />
<strong>Arts</strong> du langage<br />
Gargantua, François Rabelais, 1587<br />
Ecrit subversif qui pose une réflexion sur l’éducation mais aussi sur la guerre et la religion en une<br />
époque très troublée par la question religieuse en Europe.<br />
<strong>Arts</strong> du son<br />
Premier livre <strong>de</strong> madrigaux, Carlo Gesualdo, 1594<br />
Une musique aux caractères singuliers qui joue sur la rencontre dissonante <strong><strong>de</strong>s</strong> voix, les règlements<br />
rythmiques, dérangeant ainsi par son aspect formel novateur.<br />
<strong>Arts</strong> du quotidien<br />
Grand plat ovale à décor <strong>de</strong> serpents, écrevisses, poissons, fond rocailleux, Bernard Palissy,<br />
Paris.<br />
Des objets étranges où chaque insecte ou coquillage est moulé sur le vif et agencé comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
bijoux. L’étrangeté au goût <strong><strong>de</strong>s</strong> princes.<br />
2 nd DEGRE<br />
<strong>Arts</strong> plastiques<br />
Le bestiaire<br />
Concevoir un bestiaire à partir d’hybridations entre l’homme et l’animal. Hétérogénéité et<br />
cohérence plastique. Découvrir en histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts la récurrence <strong>de</strong> l’animal hybri<strong>de</strong> dans l’œuvre<br />
<strong>de</strong> l’antiquité à nos jours.<br />
Robot hybri<strong>de</strong><br />
A partir d’éléments hétérogènes (jouets, outils, fragments d’objets…), réaliser un être hybri<strong>de</strong> en<br />
volume. Le nommer, inventer son histoire.<br />
Attitu<strong>de</strong> parodique<br />
Travailler la métamorphose, l’hybridation, voire le morphing, à partir <strong>de</strong> sa propre image ou celle<br />
d’un personnage célèbre ou d’un personnage <strong>de</strong> roman, <strong>de</strong> manière à évoquer une attitu<strong>de</strong><br />
parodique. Analyser les rapports entre le corps, ses formes, sa posture ou sa symbolique<br />
(hybridation animale) et la psychologie du personnage.<br />
LYCEE PROFESSIONNEL<br />
<strong>Arts</strong> appliqués et cultures artistiques<br />
Champ 2 : «Construire son i<strong>de</strong>ntité culturelle»<br />
Abor<strong>de</strong>r le registre fantastique, les symboles ainsi que le lexique « imaginaire/imagination ». Bosch
est reconnu par les surréalistes comme le maître <strong>de</strong> leur art. On peut donc faire le lien entre les<br />
<strong>de</strong>ux pôles du champ littéraire : registre fantastique et surréalisme. Faire justifier aux élèves la<br />
reconnaissance <strong>de</strong> Bosch par les surréalistes. Imaginer aussi un travail sur les êtres hybri<strong><strong>de</strong>s</strong> dans<br />
les traditions mythologiques et religieuses et faire réaliser, à la manière <strong><strong>de</strong>s</strong> surréalistes, un collage<br />
sur ce thème.<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts, 1 ère Bac Pro<br />
<strong>Arts</strong>, réalités, imaginaires<br />
L’art et l’imaginaire : inventions artistiques (transpositions et récits <strong>de</strong> rêves, <strong>de</strong> cauchemars,<br />
créatures, personnages et motifs fictifs, univers légendaires, fantastiques, mythologiques,<br />
fabuleux…).<br />
Français, 1 ère Bac Pro<br />
Objet d’étu<strong>de</strong> « Du côté <strong>de</strong> l’imaginaire »<br />
PARCOURS THEMATIQUES DANS LES COLLECTIONS<br />
Le fantastique<br />
Anonyme, Encensoir Mosan, laiton, 1160<br />
BOUTS Dirck, La Chute <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés, huile sur bois, 1475<br />
Atelier <strong>de</strong> Veit Von TAISTEN, Retable <strong>de</strong> saint Georges, bois sculpté et peint, XV e siècle<br />
HEMESSEN Jan Van, Vanité, huile sur toile, vers 1520<br />
BARENTZ Dirk, Les Morts sortent <strong>de</strong> leurs tombeaux, huile sur toile, 1550-1560<br />
SCHEFFER Ary, Les Morts vont vite, huile sur toile, XIX e siècle<br />
POMPON François, Vanité, XIX e siècle<br />
ZADKINE Ossip, Forêt humaine, XX e siècle<br />
ROULLAND Jean, Ardèche, XX e siècle<br />
Le costume au Moyen-Âge<br />
Groupe du Maître au feuillage en Bro<strong>de</strong>rie, Louis <strong>de</strong> Quarré, Barbe <strong>de</strong> Cruysinck en donateurs, huile<br />
sur bois, 1482<br />
BELLEGAMBE Jean, Triptyque <strong>de</strong> la Trinité, huile sur bois, XV e siècle<br />
Anonyme, Triptyque <strong>de</strong> la Nativité du Christ, huile sur bois, début XVI e siècle<br />
QUARTON Enguerrand, Le Repas chez Simon, huile sur bois, début XVI e siècle<br />
BRUYN Barthel, Portrait <strong>de</strong> femme, huile sur toile, XVIe siècle<br />
BRUEGHEL II Pieter, La Prédication <strong>de</strong> Saint Jean Baptiste, huile sur toile, XVII e siècle<br />
BRUEGHEL II Pieter, Le Dénombrement <strong>de</strong> Bethléem, huile sur toile, XVII e siècle<br />
COUPIN DE LA COUPERIE Marie Philippe, Les Amours funestes <strong>de</strong> François <strong>de</strong> Rimini, huile sur toile,<br />
1822<br />
STEUBEN Charles, Jeanne la Folle attendant la résurrection <strong>de</strong> Philippe le Beau, huile sur toile, 1836
Fiche 6<br />
Babel renaissante<br />
PROPOS<br />
L'image mentale que nous nous faisons aujourd'hui <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel découle indéniablement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
représentations picturales d'un épiso<strong>de</strong> biblique évoqué dans le chapitre XI <strong>de</strong> la Genèse qui allaient<br />
s'épanouir dans les Flandres à partir <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e siècle et, plus particulièrement <strong><strong>de</strong>s</strong> trois<br />
tableaux que réalisa Pieter Bruegel (1525-1569) à la fin <strong>de</strong> sa vie. En effet, si l'archéologie nous révèle<br />
qu'au cœur <strong>de</strong> la cité babylonienne située dans l'actuel Iraq, agrandie et embellie par le roi Nabuchodonosor<br />
II entre le VII e et le VI e siècle avant notre ère, se dressait une impressionnante ziggurat à base carrée<br />
élevée par <strong>de</strong>grés sur près <strong>de</strong> cent mètres, les artistes <strong>de</strong> la Renaissance, férus d'Antiquité, ont peint une<br />
tour cylindrique étagée inspirée du Colisée romain et <strong>de</strong> la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription que fit vers - 460 Hérodote dans ses<br />
Histoires. Hans Bol (1534-1593), Hendrik Van Cleef (1525-1589), Lucas van Valckenborch (1535-1597),<br />
Tobias Verhaecht (1561-1631) - pour ne citer que ceux que le <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> expose cet<br />
automne - tous ont légué à l'histoire <strong>de</strong> l'art et inscrit dans notre mémoire un paysage local d'époque dans<br />
lequel culmine un édifice à galeries superposées <strong>de</strong> manière hélicoïdale.<br />
Cette fascination pour ce temple sacré babylonien dédié à Marduk - dieu suprême du panthéon<br />
mésopotamien – et confondu dans la Bible avec la cité qu'auraient bâtie les <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants <strong>de</strong> Noé après le<br />
Déluge sur une plaine dans le pays <strong>de</strong> Shinéar apparaissait déjà dans l'art médiéval. Nombre <strong>de</strong> miniatures,<br />
d'enluminures, <strong>de</strong> fresques et <strong>de</strong> chapiteaux ayant traversé le temps nous montrent le motif <strong>de</strong> l'édification<br />
d'une tour <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à atteindre les cieux. Les images réalisées jusqu'au XIV e siècle associaient souvent la<br />
tour <strong>de</strong> Babel à l'arche <strong>de</strong> Noé, valorisant ainsi le travail <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, reflétant alors les grands chantiers<br />
d'époque au travers <strong>de</strong> l'illustration <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes techniques <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong> l'organisation du travail<br />
(outils, systèmes <strong>de</strong> levage...). Progressivement, les représentations jusqu'alors miroir <strong>de</strong> la floraison<br />
gothique allaient insister sur la dangerosité d'une entreprise humaine trop ambitieuse, trop orgueilleuse et<br />
souligner la tension entre ce qui relève <strong>de</strong> la difficulté du projet et ce qui émane du pouvoir <strong><strong>de</strong>s</strong> grands<br />
bâtisseurs. A partir du XV e siècle, les images <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel s'opposaient à celles <strong>de</strong><br />
la Pentecôte, épiso<strong>de</strong> du Nouveau Testament qui rétablit l'ordre entre les humains en leur permettant enfin<br />
<strong>de</strong> se comprendre.<br />
Dès lors, peut-on lire dans l'art occi<strong>de</strong>ntal renaissant traitant du mythe <strong>de</strong> Babel l'antinomie que soulève<br />
l'association entre l'érection <strong>de</strong> la tour que la confusion <strong><strong>de</strong>s</strong> langues ne permettrait d'atteindre le ciel et la<br />
Jérusalem céleste qu'évoquaient les apôtres dispersés sur toutes les terres connues. Cette idée d'une<br />
diaspora issue d'un multilinguisme ordonné par Dieu est à mettre en parallèle avec la séparation religieuse<br />
qui découla <strong>de</strong> la traduction <strong>de</strong> la Bible en langue vulgaire dans les nations <strong>de</strong> l'Europe du Nord. Pieter<br />
Bruegel, le premier, traduisit dans ses tableaux le génie d'un peuple au travers d'un fourmillement <strong>de</strong><br />
personnages bâtisseurs désireux <strong>de</strong> mettre fin à l'hégémonie du latin comme langue unificatrice. Bien<br />
qu'inachevée et menacée par quelques nuages, la gigantesque tour <strong>de</strong> Babel qui jaillit <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages<br />
flamands dans cette secon<strong>de</strong> moitié du XVI e siècle porte ainsi atteinte à la décision divine et,<br />
symboliquement, à la Rome pontificale, Babylone biblique, que les étapes successives <strong>de</strong> reconstruction,<br />
d'agrandissement et d'embellissement <strong>de</strong> la basilique Saint-Pierre confirmaient aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants<br />
l'indétermination entre ce qui relève <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs temporel et spirituel.<br />
Aucun miracle ne transparaît donc dans l'œuvre <strong>de</strong> ces paysagistes flamands ; seule se <strong><strong>de</strong>s</strong>sine en filigrane<br />
la volonté d'exalter une nouvelle foi et <strong>de</strong> dénoncer l'amour <strong>de</strong> soi. Toutefois, la charge émotive qui se<br />
dégage <strong>de</strong> l'image <strong>de</strong> ces tours en partie éventrées, toujours inachevées et souvent exposées au regard<br />
d'un monarque – les exégètes y verront les traits <strong>de</strong> Nemrod, roi <strong>de</strong> Babel et arrière-petit-fils <strong>de</strong> Noé –<br />
n'est pas non plus sans rappeler le contexte politique <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas alors soumises tant bien<br />
que mal à la domination <strong>de</strong> la couronne <strong>de</strong> Philippe II d'Espagne (1527-1598) : en ce sens, la tour annonce<br />
l'échec <strong>de</strong> cet impérialisme. Quoi qu'il en soit, ces colossales architectures cylindriques dépeintes avec la<br />
plus vertigineuse minutie et rendues <strong>de</strong> manière réaliste par le biais d'une audacieuse perspective linéaire<br />
prennent racine sur le bord d'un cours d'eau où s'activent moult bateliers, manouvriers et négociants à<br />
l'instar <strong>de</strong> ces villes portuaires septentrionales telles Anvers ou Rotterdam dans lesquelles transitaient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
commerçants venus <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre coins <strong>de</strong> l'Europe. La sensibilité mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> ces paysages panoramiques au<br />
rendu vif et naturel au centre <strong><strong>de</strong>s</strong>quels domine l'allégorie <strong>de</strong> la civilisation <strong>de</strong>meure plus que jamais<br />
d'actualité.
PISTES PÉDAGOGIQUES EN ARTS VISUELS<br />
1 er DEGRE<br />
<br />
<br />
Réaliser une collection <strong>de</strong> cartons d’emballages et <strong>de</strong> boites à chaussures. Créer avec ses matériaux, une<br />
tour la plus haute possible. Photographier chaque proposition <strong>de</strong> groupe. Verbaliser les problématiques <strong>de</strong><br />
construction et d’équilibre, rechercher comment les architectes ont résolu ces instabilités.<br />
Réaliser un mur d’image sur le thème <strong><strong>de</strong>s</strong> tours : collecter sur le net, revues, encyclopédies. En dégager<br />
les constantes et différences, matériaux, formes…<br />
2 nd DEGRE – Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts - collège<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes, religions »<br />
Le récit du mythe <strong>de</strong> Babel a influencé les différents mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'expressions, en littérature, en <strong>Arts</strong> Plastiques, en<br />
Musique...<br />
Comment s'est-il exprimé tout au long <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles <strong>de</strong>puis l'antiquité ? En quoi ces expressions témoignent-elles<br />
d'une évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> interprétations et <strong>de</strong> la vision du mon<strong>de</strong>, du contenu religieux du mythe jusqu'au XVIIIe siècle<br />
au contenu politique, social, économique aujourd'hui ?<br />
« <strong>Arts</strong>-techniques-Expressions »<br />
La tour <strong>de</strong> Babel cultive le désir <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> construire le plus haut possible. La tour Eiffel au XIXe siècle en est<br />
un exemple prégnant.<br />
Quels sont les rapports entre les évolutions techniques et la persistance du mythe <strong>de</strong> Babel ? En quoi le mythe<br />
suscite-t-il <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches et <strong><strong>de</strong>s</strong> prouesses techniques ? N'est-ce pas aussi les progrès et les évolutions techniques<br />
qui ont pu relancer le mythe <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel et engager <strong>de</strong> nouvelles interprétations ?<br />
« <strong>Arts</strong>-ruptures-continuités »<br />
Le mythe <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel est un mythe fondateur, s' il explique l'origine <strong>de</strong> la diversité <strong><strong>de</strong>s</strong> langues, il possè<strong>de</strong><br />
une dimension religieuse et morale à ses origines. Il active toujours aujourd'hui les créations artistiques en<br />
littérature, en arts plastiques, en architecture...Et cependant il change <strong>de</strong> contenu au fils du temps témoignant d'un<br />
nouvel état d'esprit, <strong>de</strong> nouveaux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> pensée.<br />
Comment à partir du XVIIIe siècle le contenu religieux et moral du thème s’efface et témoigne d’un nouveau regard<br />
? Comment s'est transformé la représentation <strong>de</strong> la Tour <strong>de</strong> Babel ? En quoi le mythe <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel a-t-il<br />
nourri les utopies architecturales et urbaines notamment <strong>de</strong>puis le siècle <strong><strong>de</strong>s</strong> Lumières ?<br />
« <strong>Arts</strong> – Espaces - Temps »<br />
L'homme se veut « grand » et découvre dans un même temps sa petitesse par rapport au mon<strong>de</strong>, à l'univers;<br />
L'infiniment grand et l'infiniment petit ont fait l'objet <strong>de</strong> nombreux questionnements philosophiques, scientifiques et<br />
artistiques encore très prégnants au XXIe siècle.<br />
Quels rapports peuvent s'établir entre le mythe <strong>de</strong> Babel et la place <strong>de</strong> l'homme dans le mon<strong>de</strong> et la nature <strong>de</strong>puis<br />
l'antiquité ?<br />
LYCEE PROFESSIONNEL - classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Histoire<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, sociétés, cultures » : l'art et les i<strong>de</strong>ntités<br />
culturelles / Sujet d'étu<strong>de</strong> historique « Humanisme et Renaissance »<br />
L'art et les i<strong>de</strong>ntités culturelles : l'analyse plastique et la confrontation <strong>de</strong> ces « tours <strong>de</strong> Babel flaman<strong><strong>de</strong>s</strong> » avec<br />
d'autres documents textuels et iconiques (vue <strong>de</strong> l'amphithéâtre flavien, extraits <strong>de</strong> la Genèse et <strong><strong>de</strong>s</strong> Histoires<br />
d'Hérodote, paysages flamands du XVI e siècle...) conduiront les élèves à relever les emprunts à l'Antiquité, les<br />
expressions symboliques et les particularismes régionaux dans ces œuvres <strong>de</strong> la Renaissance.
Auteur<br />
Oeuvre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots clé<br />
Lucas van Valckenborch (Louvain,<br />
1535 – Francfort-sur-le-Main, 1597)<br />
La Tour <strong>de</strong> Babel<br />
1595<br />
Huile sur bois<br />
42 x 68 cm<br />
Mittelrhein Muséum, Coblence<br />
(Allemagne)<br />
Paysage, religion, mythologie,<br />
humanisme, Renaissance.<br />
CONTEXTE<br />
Avant d'être sous contrôle espagnol, les dix-sept provinces <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas étaient réunies sous une même couronne<br />
par les Ducs <strong>de</strong> Bourgogne puis, <strong>de</strong> 1515 à 1555, par Charles Quint, empereur issu <strong>de</strong> la Maison <strong><strong>de</strong>s</strong> Habsbourg. En<br />
1549, celui-ci fait <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas un État distinct du Saint Empire romain germanique et du Royaume <strong>de</strong> France<br />
s'assurant ainsi <strong>de</strong> la pérennité <strong>de</strong> cette main mise espagnole sur ces dix-sept provinces qui rapportent quatre fois<br />
plus que les Amériques ou l'Espagne elle-même.<br />
Sous le règne <strong>de</strong> son fils Philippe II un conflit s'engage avec l'Espagne. Si Charles Quint était « un enfant du pays »,<br />
son successeur <strong>de</strong>meure un souverain étranger, éduqué en Espagne. À cela s’ajoute un conflit contre le<br />
gouvernement trop centralisateur et une fracture religieuse - les rois catholiques luttant fermement contre<br />
l'« hérésie protestante ». En 1581, les sept provinces à majorité protestantes, situées au nord <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas font<br />
abjuration du roi et constituent les Provinces-Unies. Les dix provinces catholiques restent sous le contrôle <strong>de</strong> la<br />
couronne d'Espagne. De 1581 à 1609, puis <strong>de</strong> 1621 à 1648, plusieurs guerres sont alors nécessaires pour garantir<br />
aux Provinces-Unies leur indépendance définitive.<br />
ARTISTE<br />
Né à Louvain en 1535, Lucas van Valckenborch est admis comme maître à la guil<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> peintres <strong>de</strong> Malines en<br />
1564. Suite aux persécutions religieuses infligées par les troupes du Duc d'Albe aux sympathisants <strong>de</strong> la Réforme, il<br />
se réfugie à Liège puis, en 1566, à Aix-la-Chapelle. Résidant momentanément à Anvers, il entre en 1577 au service<br />
<strong>de</strong> l'archiduc Matthias, alors gouverneur <strong><strong>de</strong>s</strong> Pays-Bas espagnols. A partir <strong>de</strong> 1581, il accompagne ce <strong>de</strong>rnier à<br />
Vienne, à Prague, à Linz et à Nuremberg. Vers 1592, il rejoint son frère Maarten, peintre lui aussi, avec qui il<br />
partage un atelier à Francfort-sur-le-Main. Il y obtient la citoyenneté en 1594 et y meurt en 1597.<br />
Lucas van Valckenborch est un paysagiste dans la lignée <strong>de</strong> Pieter Bruegel l'Ancien qui s'adonne à la représentation<br />
<strong>de</strong> scènes <strong>de</strong> saison dans lesquelles le travail <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans et l'amusement <strong><strong>de</strong>s</strong> bourgeois sont habilement décrits.<br />
Ses paysages panoramiques, montagneux ou boisés, aux nuances lumineuses et raffinées, donnent souvent une<br />
impression <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> précision topographique tout en s'appuyant sur une conception imaginaire <strong>de</strong> l'espace.<br />
OEUVRE<br />
Entre terre et ciel, s'élève une gigantesque tour dont le sommet encore inachevé traverse déjà quelques nuages<br />
effilochés. Dans le lointain, <strong><strong>de</strong>s</strong> pics bleuâtres d'un ton émail prolongent cette édifiante construction et se mêlent<br />
progressivement à la profon<strong>de</strong>ur <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux. Sur le côté gauche, un vieil arbre ayant pris racine sur la roche semble<br />
être le <strong>de</strong>rnier rappel <strong>de</strong> ce que fut l'endroit avant que l'homme ne domine complètement les forces <strong>de</strong> la nature.<br />
Plus bas, au premier plan, au bord d'une crevasse et <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>ux soldats armés <strong>de</strong> piques, un roi coiffé d'une<br />
couronne, portant un sceptre à la main et un grand manteau d'hermine au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> son pourpoint, discute du<br />
chantier avec un maître d'œuvre humblement agenouillé et le bourgmestre.<br />
Ce tableau au format mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te évoque évi<strong>de</strong>mment l'épiso<strong>de</strong> biblique <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel. Le motif <strong>de</strong> la<br />
construction fait intervenir <strong>de</strong>ux espaces essentiels : le haut, domaine du divin, et le bas, réservé aux hommes, que<br />
la dynamique verticale <strong>de</strong> la tour tente en vain <strong>de</strong> réunir. Le monarque du premier plan représente probablement<br />
Nemrod, fils aîné <strong>de</strong> Cham et petit-fils <strong>de</strong> Noé, qui, dans la Genèse, est décrit comme celui qui défia Dieu en faisant<br />
croire à son peuple que la ville qu'il bâtira n'aura pour but que <strong>de</strong> se protéger <strong><strong>de</strong>s</strong> ennemis. Nemrod souhaitait<br />
surtout ériger une tour suffisamment haute pour que les flots d'un nouveau Déluge ne pussent la submerger.<br />
A l'instar <strong>de</strong> celles que réalisa Bruegel l'Ancien quelques années plus tôt, la tour <strong>de</strong> Lucas van Valckenborch<br />
<strong>de</strong>meure équivoque. S'il exprime l'insignifiance et l'orgueil démesuré <strong>de</strong> l'homme, l'artiste s'applique également à<br />
dépeindre les connaissances et l'ingéniosité <strong>de</strong> ses contemporains. La forme <strong>de</strong> la tour, respectant les arca<strong><strong>de</strong>s</strong>, les<br />
vomitoires et les soutènements du Colisée que redécouvrent les artistes <strong>de</strong> la Renaissance, suggèrerait aussi celle<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> monuments <strong>de</strong> l'Amérique précolombienne dont les navigateurs et conquérants ont pu faire connaître l'image.<br />
Tel un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin en coupe, la représentation <strong>de</strong> la tour dans ses différentes étapes <strong>de</strong> construction montre avec<br />
minutie, les procédés techniques <strong>de</strong> l'architecture (grues, échelles, monte-charges...) employés à cette époque.<br />
De plus, l'édification près <strong>de</strong> ce qui semble être l'embouchure d'un fleuve, à proximité d'un port, exalte l'essor<br />
commercial tant <strong>de</strong> Francfort-sur-le-Main où travaille alors Lucas van Valckenborch que les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes maritimes<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Provinces-Unies dont il est originaire. Babel, symbole du développement économique, évoque enfin les violents<br />
conflits politico-religieux qui secouent encore l'Europe septentrionale en ce XVI e siècle finissant : l'entreprise<br />
avortée <strong>de</strong> Nemrod par la colère divine ne préfigure-t-elle pas l'échec du roi catholique Philippe II d'Espagne dans<br />
sa tentative d'imposer son autorité sur ces riches provinces du Nord et <strong>de</strong> lutter contre les « hérésies<br />
protestantes » ?
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – arts visuels<br />
<br />
<br />
Construire une architecture la plus haute possible : à partir d’une collection <strong>de</strong> sucres en morceaux,<br />
ériger la structure la plus haute possible. Chaque résultat est photographié ou <strong><strong>de</strong>s</strong>siné : comparer les<br />
résultats et les métho<strong><strong>de</strong>s</strong> : base, assemblages, infrastructure.<br />
Faire le portrait d’un bâtiment : choisir un bâtiment sur la commune, en réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> croquis sur le<br />
terrain. Afficher les résultats : comparer les points <strong>de</strong> vue, les déformations, la mise en page, et les effets<br />
produits.<br />
2 nd <strong>de</strong>gré – Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts - collège<br />
« <strong>Arts</strong>-techniques-Expressions »<br />
La tour <strong>de</strong> Babel cultive le désir <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> construire le plus haut possible. La tour Eiffel au XIXe siècle en est<br />
un exemple prégnant.<br />
Quels sont les rapports entre les évolutions techniques en matière d'architecture et la persistance du mythe <strong>de</strong><br />
Babel ? En quoi le mythe suscite-t-il <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches et <strong><strong>de</strong>s</strong> prouesses techniques ? N'est-ce pas aussi les progrès et<br />
les évolutions techniques qui ont pu relancer le mythe <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel et engager <strong>de</strong> nouvelles interprétations ?<br />
Les images <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel, ainsi que le développement du paysage réaliste semblent dépendre en très gran<strong>de</strong><br />
partie <strong><strong>de</strong>s</strong> avancées techniques en matière <strong>de</strong> représentation spatiale (perspective) et <strong>de</strong> rendu <strong>de</strong> la lumière<br />
(peinture à l'huile). En quoi les avancées techniques insufflent-elles un renouveau <strong><strong>de</strong>s</strong> sujets et accompagnent<br />
l'évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> pensées et <strong><strong>de</strong>s</strong> conceptions du mon<strong>de</strong> ?<br />
« <strong>Arts</strong>, mythes, religions »<br />
Le récit du mythe <strong>de</strong> Babel a influencé les différents mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d'expressions, en littérature, en <strong>Arts</strong> Plastiques, en<br />
Musique...<br />
Comment s'est-il exprimé tout au long <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles <strong>de</strong>puis l'antiquité ? En quoi ces expressions témoignent d'une<br />
évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> interprétations et <strong>de</strong> la vision du mon<strong>de</strong>, du contenu religieux du mythe jusqu'au XVIIIe siècle au<br />
contenu politique, social, économique aujourd'hui ?<br />
Lycée professionnel : classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Histoire<br />
Champ anthropologique ; thématique « arts, réalités, imaginaires » : l'art et le réel / Sujet<br />
d'étu<strong>de</strong> historique « Humanisme et Renaissance »<br />
Au XVI e siècle, les artistes veulent représenter le mon<strong>de</strong> tel qu'il apparaît aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes par le rendu <strong>de</strong><br />
l'espace et <strong><strong>de</strong>s</strong> volumes, par la perspective linéaire, le mo<strong>de</strong>lé et la lumière. Leurs personnages, plus consistants,<br />
s'individualisent et les éléments s'intègrent dans un paysage réaliste. Outre la possibilité d'exploiter avec les élèves<br />
les avancées <strong>de</strong> la Renaissance nées en Italie, on s'arrêtera sur les nombreux détails pittoresques que permet la<br />
peinture à l'huile, technique représentative <strong>de</strong> l'art flamand <strong>de</strong> cette époque.
Auteur<br />
œuvre<br />
Date<br />
Technique<br />
Dimensions<br />
Lieu conservation<br />
Mots clé<br />
CONTEXTE<br />
Hendrik III van Cleve (Anvers, 1525 –<br />
Anvers, 1589)<br />
La Tour <strong>de</strong> Babel<br />
non connue<br />
huile sur cuivre<br />
42 x 55 cm<br />
Fondation Custodia<br />
Institut néerlandais, Paris<br />
paysage, religion, mythologie,<br />
humanisme, Renaissance<br />
A la Renaissance, on rêve d'un mon<strong>de</strong> oriental que l'on assimile au cadre <strong><strong>de</strong>s</strong> épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> bibliques. Ce mon<strong>de</strong><br />
exotique fascine peut-être parce que la communauté chrétienne y trouve ses racines et que les Croisés ont raconté<br />
tant <strong>de</strong> choses merveilleuses qui s'y sont déroulées. On aspire aussi aux splen<strong>de</strong>urs antiques <strong>de</strong> l'Italie que les<br />
artistes ne manquent pas d'en retranscrire les ruines et d'en capter l'atmosphère lumineuse.<br />
Avec cette influence italienne on assiste, chez les peintres du Nord, à une recru<strong><strong>de</strong>s</strong>cence d'intérêt pour les détails<br />
décoratifs et les déformations prononcées. Dans la peinture <strong>de</strong> paysage, l'accent est mis sur une vision<br />
panoramique <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong>vant laquelle s'impose une architecture insolite, composite. Cette dimension gigantesque<br />
permet, par exemple, à la tour <strong>de</strong> Babel <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir le sujet qui occupe l'espace du tableau habituellement réservé à<br />
la représentation <strong>de</strong> personnages. Le goût italianisant conduit certains artistes à abandonner l'image d'une tour<br />
fantastique pour représenter un édifice plus proche <strong>de</strong> la réalité.<br />
ARTISTE<br />
Fils <strong>de</strong> Willem van Cleve, ancêtre fondateur <strong>de</strong> cette illustre lignée <strong>de</strong> peintres, Hendrik van Cleve est né à Anvers<br />
en 1525 et suit une formation dans l’atelier <strong>de</strong> Frans Floris. Il fait le voyage en Italie avant 1551, l’année même où<br />
il est reçu franc maitre dans la Guil<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint Luc d'Anvers. Il semble aussi être connu comme maître <strong>de</strong> la Guil<strong>de</strong><br />
d’Utrecht sous le nom d’Hendrik “van Cleef” où sa présence est attestée en 1569.<br />
On ne connaît que peu <strong>de</strong> chose sur son œuvre sinon les gravures éditées par Filips Galle d’après ses paysages<br />
topographiques, ses vues urbaines - dont celles <strong>de</strong> Rome - ou ses ruines romaines. Quelques tableaux seulement<br />
sont attestés <strong>de</strong> sa main grâce au monogramme HVC : <strong><strong>de</strong>s</strong> versions d’une vue du Vatican, un panorama <strong>de</strong> la ville<br />
<strong>de</strong> Rome datant <strong>de</strong> 1550, une vue <strong><strong>de</strong>s</strong> jardins du Cardinal Cesi à Rome, <strong><strong>de</strong>s</strong> exemplaires <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> la<br />
Tour <strong>de</strong> Babel, d’un style très impressionnant, proche <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> Maarten Van Valckenborch. L’un d’entre-eux<br />
autrefois attribué à Hans Rottenhammer, fait penser à un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin d’architecte ou à une gran<strong>de</strong> miniature peinte, qui<br />
ouvrent la voie à une conception grandiose du paysage et <strong><strong>de</strong>s</strong> réunions galantes dans un décor antique ou dans un<br />
palais.<br />
OEUVRE<br />
Comme toutes les tours <strong>de</strong> Babel inventées par les peintres flamands du XVI e siècle, celle que représente Hendrik<br />
van Cleef occupe, avec son échelle colossale, presque toute la surface du support. Architecture <strong>de</strong> rêve, elle<br />
conserve, à l'exception <strong>de</strong> sa base, la rotondité jusqu'à son sommet avec une décroissance progressive <strong><strong>de</strong>s</strong> étages<br />
que l'on relève dans les tableaux <strong>de</strong> Bruegel l'Ancien, <strong>de</strong> Lucas van Valckenborch ou <strong>de</strong> Tobias Verhaecht. De plus,<br />
elle est également ouverte sur tout son pourtour par <strong>de</strong> grands arcs cintrés distribués régulièrement.<br />
Conformément au récit biblique, sa construction reste inachevée aux <strong>de</strong>rniers niveaux, laissant entrevoir l'intérieur<br />
comme dans une ruine.<br />
Toutefois, van Cleef s'éloigne du modèle coliséen qui inspire nombre <strong>de</strong> ses contemporains en proposant une<br />
variation plus maniériste du sujet, accentuant <strong>de</strong> surcroît la forme conique <strong>de</strong> la tour. Les relevés in situ d'après les<br />
palais antiques et renaissants qu'il réalise lors <strong>de</strong> son voyage à Rome vers le milieu du siècle, lui offrent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
éléments architectoniques nouveaux qu'il agence au gré <strong>de</strong> sa fantaisie au fur et à mesure que sa tour s'élève vers<br />
les cieux : moellons en opus incertum, fenêtres à meneaux, claveaux surlignant les arcs plein cintre, corniches et<br />
entablements proéminents...Le choix d'une perspective axonométrique accusant les reliefs, la disposition<br />
symétrique <strong><strong>de</strong>s</strong> détails ordonnançant les faça<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> part et d'autre <strong>de</strong> l'arête vive du premier niveau, les ponts et<br />
les larges artères en dénivellation ascendante : tout concourt à diriger notre regard vers le haut <strong>de</strong> cette tour qui ne<br />
finit pas <strong>de</strong> se dresser, piquant bientôt la voûte céleste.<br />
Fiat lux : la lumière qui émane <strong>de</strong> la gauche du tableau, transcription du verbe divin, révèle au mieux la démesure<br />
<strong>de</strong> l'entreprise humaine qui se donne à voir tel un spectacle. La dimension théâtrale apparaît davantage encore au<br />
premier plan. A défaut <strong>de</strong> trouver un rocher qui mord sur la structure au pied <strong>de</strong> la tour comme dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
images babéliennes composées par les peintres flamands <strong>de</strong> cette époque, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> pignons <strong>de</strong> bâtisses qui<br />
encadrent l'animation <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages à contre-jour sur ce qui semble être un belvédère. Cette scénographie d'un<br />
mystère et mythologique, et biblique, qui se joue <strong>de</strong>vant nous telle une mansion insuffle un renouveau dans la<br />
peinture topographique <strong><strong>de</strong>s</strong> pays <strong>de</strong> l'Europe du Nord.
PISTES PÉDAGOGIQUES<br />
1 er DEGRE – <strong>Arts</strong> visuels<br />
<br />
Réaliser collectivement une tour <strong>de</strong> Babel à partir <strong>de</strong> briques d’argiles : Créer <strong><strong>de</strong>s</strong> plaques qui sont<br />
ensuite divisées en petites briques relativement calibrées. Sur le modèle architectural <strong>de</strong> Babel, élever une<br />
spirale dans l’espace. La question <strong>de</strong> l’intérieur et le l’extérieur émerge alors. Après achèvement du travail,<br />
en réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> croquis et photo numériques (macro) en variant les points <strong>de</strong> vue. Comparer les résultats.<br />
2 nd <strong>de</strong>gré – collège<br />
« <strong>Arts</strong>-techniques-Expressions »<br />
La tour <strong>de</strong> Babel cultive le désir <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> construire le plus haut possible. La tour Eiffel au XIXe siècle en est<br />
un exemple prégnant.<br />
Quels sont les rapports entre les évolutions techniques et la persistance du mythe <strong>de</strong> Babel ? En quoi le mythe<br />
suscite-t-il <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches et <strong><strong>de</strong>s</strong> prouesses techniques ? N'est-ce pas aussi les progrès et les évolutions techniques<br />
qui ont pu relancer le mythe <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel et engager <strong>de</strong> nouvelles interprétations ?<br />
« <strong>Arts</strong> – Espaces - Temps »<br />
L’homme se veut « grand » et découvre dans un même temps sa petitesse par rapport au mon<strong>de</strong>, à l'univers;<br />
L'infiniment grand et l'infiniment petit ont fait l'objet <strong>de</strong> nombreux questionnements philosophiques, scientifiques et<br />
artistiques encore très prégnants au XXIe siècle.<br />
Quels rapports peuvent s'établir entre le mythe <strong>de</strong> Babel et la place <strong>de</strong> l'homme dans le mon<strong>de</strong> et la nature <strong>de</strong>puis<br />
l'antiquité ?<br />
Lycée professionnel : classe <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle<br />
Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> arts / Histoire / Français<br />
Champ scientifique et technique ; thématique « arts, sciences et techniques » : l'art et les innovations<br />
scientifiques et techniques / Sujet d'étu<strong>de</strong> historique « Humanisme et Renaissance » / Objet d'étu<strong>de</strong><br />
littéraire « Des goûts et <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs, discutons-en »<br />
Si l’œuvre <strong>de</strong> van Cleve montre ce que sont les hommes <strong>de</strong> la Renaissance (les arts, l'Humanisme et, ici, la<br />
question du protestantisme à l'arrière-plan), elle illustre également l'élargissement que connaît l'Europe au XVI e<br />
siècle à travers l'exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> villes et l'essor du nouvel esprit scientifique et technique (hommage aux architectes<br />
<strong>de</strong> la Renaissance qui s'inspirent <strong>de</strong> l'Antiquité).
Programmation culturelle<br />
Nocturnes<br />
Antonio Vivaldi / John Cage : 8 seasons<br />
jeu. 25 octobre 2012 > 20h<br />
Partenariat Flagey, Bruxelles - Concert-projection.<br />
Tarifs : 12 € • 7 € • Pré-achat possible<br />
La Nuit fantastique<br />
mer. 21 novembre 2012 > 19h<br />
Nocturne étudiants : atelier <strong>de</strong> modèle vivant et Nuit “Miyazaki”.<br />
Entrée gratuite.<br />
Réservée aux étudiants et - <strong>de</strong> 26 ans.<br />
Le <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> délices<br />
mar. 27 novembre 2012 > 19h30<br />
Partenariat Tables et toques du Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais<br />
Grand banquet fantastique.<br />
Tarif : 90 €. Réservation uniquement : jcharles@mairie-lille.fr.<br />
Têtes <strong>de</strong> lecture<br />
lun. 03 décembre 2012 > 20h<br />
Avec : Jean-Clau<strong>de</strong> Carrière et Carole Bouquet<br />
Lecture <strong><strong>de</strong>s</strong> textes <strong>de</strong> la Genèse.<br />
Tarifs : 12 € • 7 €. Pré-achat possible.<br />
Fables polyphoniques<br />
dim. 13 janvier 2013 > 20h<br />
Concert <strong>de</strong> clôture.<br />
Tarifs : 12 € • 7 €. Pré-achat possible.<br />
visite-lecture<br />
Jean-Marie Blas <strong>de</strong> Roblès, Les greniers <strong>de</strong> Babel<br />
mer. 14 novembre 2012 > 12h30<br />
Lecture <strong>de</strong> textes par l’auteur<br />
Tarifs : 9 € - 6 €.<br />
Précédée d’une visite libre à 11 h 30.<br />
Jean-Marie Blas <strong>de</strong> Roblès / Babel,<br />
Ed. Invenit, sept. 2012, 64 pages, 12€<br />
Conférences<br />
mer. 10 octobre 2012 > 18h30<br />
Les maîtres du paysage flamand au XVIe siècle et la question <strong>de</strong> l’attribution, par Jan <strong>de</strong> Maere,<br />
Historien <strong>de</strong> l’art<br />
mer. 24 octobre 2012 > 18h30<br />
Le mon<strong>de</strong> vu d’en haut. Le paysage cosmique flamand du XVIe siècle, par Michel Weemans, Historien <strong>de</strong><br />
l’art<br />
Tarifs : 5 € • 3 € • 1 €. Précédées d’une visite libre à partir <strong>de</strong> 17h30<br />
Conférences croisées : <strong>Lille</strong> / Cassel<br />
dim. 21 octobre 2012 > 10h30<br />
Au <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong> : Marguerite Yourcenar et la peinture flaman<strong>de</strong><br />
mer. 04 <strong>de</strong>cembre 2012 > 19h<br />
Au Musée <strong>de</strong> Flandre, Cassel : Les Fables du paysage flamand<br />
Danse/Opéra <strong>de</strong> <strong>Lille</strong><br />
Babysitting Tête <strong>de</strong> cire ...<br />
sam. 08 au mer. 19 décembre > 19h30<br />
Création Robyn Orlin (www.opera-lille.fr)<br />
Spectacle déambulatoire.<br />
Tarifs : 18 € - 13 € - 8 €<br />
Brussels <strong>Lille</strong> Artline Nouvelle dynamique <strong>de</strong> coopération culturelle entre <strong>Lille</strong> et Bruxelles.<br />
A Flagey : Festival cinéma et musique : Concerts, ciné-concerts, cinéma autour du fantastique<br />
18 > 27 octobre 2012<br />
www.flagey.be - t. +00 32 2/641 10 20<br />
Au musée royaux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>, Bruxelles : Le paysage dans la peinture au XVIe siècle<br />
06 oct. 2012 > 14 jan. 2013 - Parcours dans les collections.
Informations pratiques<br />
Horaires<br />
Lundi, 14h à 18h, du mercredi au vendredi, 10h à 18h.<br />
Samedi et dimanche <strong>de</strong> 10h à 19h (<strong>de</strong> 18h à 19h : accès uniquement aux expositions<br />
Babel et Fables du paysage flamand).<br />
Présentations <strong>de</strong> l’exposition aux enseignants<br />
Mercredi 10 et 17 octobre (au choix) : 14h30<br />
> gratuit, sur inscription au 03.20.06.78.63.<br />
Tarifs groupes scolaires<br />
Droit d’entrée :<br />
2€ /élève – 1€ pour les élèves lillois, hellemmois et lommois<br />
Visite guidée 1h : 56€ par groupe + droit d’entrée / Visite guidée 1h30 : 84€ par<br />
groupe + droit d’entrée (30 élèves maximum par groupe)<br />
Atelier plastique 2h (atelier + visite guidée incluse) : 66€ par groupe <strong>de</strong> 15 élèves<br />
maximum + droit d’entrée<br />
Réservations<br />
Tél : 03 20 06 78 17 / fax : 03 20 06 78 61<br />
reservationpba@mairie-lille.fr<br />
Contacts<br />
- Céline Villiers, chargée <strong>de</strong> l’action éducative – relation enseignants :<br />
03 20 06 78 63 – cvilliers@mairie-lille.fr<br />
- Marie-José Parisseaux – Dominique Delmotte, enseignants détachés 1 er <strong>de</strong>gré : 03<br />
20 06 78 09 – mjparisseaux@mairie-lille.fr, dominique2.<strong>de</strong>lmotte@ac-lille.fr<br />
Dossier pédagogique à télécharger également sur notre site internet<br />
www.pba-lille.fr<br />
Complétez également votre visite <strong>de</strong> l’exposition par une découverte <strong><strong>de</strong>s</strong> collections <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Musées Royaux <strong>de</strong> Bruxelles où un circuit thématique a tout spécialement été conçu<br />
autour <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages flamands au XVIe siècle.<br />
www.fine-arts-museum.be - t. +00 32 2/508 32 11<br />
L’exposition est organisée par la Ville <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> / <strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Beaux</strong>-<strong>Arts</strong>, dans le cadre <strong>de</strong> FΔNTΔSTIC / <strong>Lille</strong>3000.<br />
Elle est reconnue d’intérêt national par le Ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication / Direction générale<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Patrimoines/Service <strong><strong>de</strong>s</strong> Musées <strong>de</strong> France et bénéficie à ce à ce titre d’un soutien financier exceptionnel <strong>de</strong><br />
l’Etat. Elle est réalisée grâce au soutien du Conseil Régional Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais et <strong>de</strong> <strong>Lille</strong> Métropole<br />
Communauté urbaine. Elle est réalisée grâce au soutien du gouvernement flamand, du Service public Fédéral<br />
Affaires Etrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement du Royaume <strong>de</strong> Belgique et a reçu<br />
le label <strong>de</strong> l’Eurométropole <strong>Lille</strong>-Kortrijk-Tournai. Elle bénéficie du mécénat <strong>de</strong> la Caisse d’Epargne Nord France<br />
Europe et <strong>de</strong> GDFSUEZ ainsi que <strong>de</strong> SFETD et d’Auchan. Le catalogue <strong>de</strong> l’exposition est édité grâce au<br />
concours d’AG2R La Mondiale.<br />
<strong>Palais</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> beaux-arts <strong>de</strong> <strong>Lille</strong><br />
Place <strong>de</strong> la République -59000- <strong>Lille</strong> - France<br />
T. +33 (0)3 20 06 78 00 - F. +33 (0)3 20 06 78 15 - www.pba-lille.fr<br />
Impression dossier Ville <strong>de</strong> <strong>Lille</strong>