Toujours plus, toujours mieux - Philosophie Management
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<strong>Philosophie</strong> & <strong>Management</strong> asbl<br />
Compte-rendu du Séminaire du 16 janvier 2010<br />
«<strong>Toujours</strong> <strong>plus</strong>, <strong>toujours</strong> <strong>mieux</strong> ? Quel avenir pour la<br />
consommation, la croissance et leur gestion ? »<br />
Patrick Viveret<br />
Si l’on prend ces étymologies pour le mot « travail », on pourrait voir les personnes<br />
qui sont en train de mendier aujourd’hui comme des travailleurs. Elles sont amenées,<br />
pour des raisons de nécessité, de survie, à entrer dans un rapport de dépendance à<br />
autrui et de pénibilité.<br />
Grâce notamment aux luttes syndicales, le travail a été tellement humanisé qu’il est<br />
passé du stade de « tripalium » au stade de droit revendiqué. Progressivement, on a<br />
mis autre chose dans le travail comme le droit à un revenu décent, à une protection<br />
sociale et la possibilité d’être reconnu socialement pour construire l’estime de soi à<br />
travers celle-ci.<br />
Ce n’est pas du tout la même chose de défendre la valeur « travail » au sens positif<br />
du terme ou de la défendre au premier sens du terme. Tant que l’on n’a pas levé<br />
cette ambiguïté ou a minima - comme le fait le philosophe André Gorz – distingué le<br />
travail contraint du travail choisi, on a un débat complètement marqué par du<br />
malentendu et du procès d’intention. C’est la raison pour laquelle je suis assez<br />
partisan du fait de parler de « droit au métier » parce que le métier réintroduit<br />
pleinement les dimensions de sens, de contribution pour la collectivité en tant que<br />
service et de construction de la personne.<br />
Le métier a des connotations de sens comparables à la vocation, c’est-à-dire que<br />
des chambres des métiers devraient être, dans cette perspective, des espaces où<br />
des personnes sont accompagnées pour se poser la question de leur choix de vie.<br />
On aura de <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong> besoin de cette perspective parce que si vous prenez les<br />
problèmes d’emploi à l’échelle planétaire, la logique simple d’offres et d’employabilité<br />
par les entreprises est structurellement incapable de répondre à la question de<br />
l’ensemble des êtres humains. Quelles conséquences apparaissent si l’on prend au<br />
sérieux l’image classique disant qu’à eux seuls, le Brésil, la Chine et l’Inde pourraient<br />
être l’atelier, la ferme et le bureau du monde en répondant à l’essentiel des besoins<br />
potentiels de biens et de services ? Cela entraînerait un chômage de masse potentiel<br />
à l’échelle planétaire si l’on ne raisonne qu’à partir de la logique emploi comme étant<br />
des offres d’entreprises (dont, en <strong>plus</strong>, la vocation sociale n’est pas directement<br />
l’emploi) et nous mènera, de <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong>, à des véritables drames sociaux.<br />
Il faut prendre le problème par l’autre bout. Tout être humain est porteur de deux<br />
métiers matriciels (en générant des tas d’autres). L’un que l’on pourrait appelé de<br />
« chargé de projets de sa propre vie ». La société a intérêt à ce que ce métier soit<br />
détecté et exercé dans de bonnes conditions car une personne qui n’arrive à se<br />
charger de sa propre vie, se détruit et produit des dégâts autour d’elle qui finissent<br />
pas coûter très chers à la société (protection sociale, prévention de la délinquance,<br />
etc.).<br />
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