Trop fort ! - Le forum Vélo Vert

essai
Lapierre Froggy 518 - 3 400 E - 16,4 kg*
par vincent julliot - photos manu molle
Il ne manquait plus
que lui, le voilà enfin !
Il est le dernier né
de la famille des
suspendus construits
autour du brevet
OST, apparu l’an
passé. Après le
Zesty, le Spicy et le
DH, Lapierre vient de
dévoiler le Froggy
et ses 180 mm de
débattement arrière.
Après plus d’un mois
et demi de test, voilà
tout ce que vous
devez savoir sur lui…
Trop fort !
Esthétiquement proche des
fameux Zesty et Spicy, le
Froggy se distingue par
des tubes renforcés et une
allure plus robuste.
Entre gros enduro et petit vélo de
descente, le Froggy 518 offre une
nouvelle dimension dans la polyvalence,
grâce notamment à un excellent
équilibre, à une efficacité de suspension
exemplaire et à un rendement
(pour ce type de vélo) épatant !
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Cette nouvelle gamme
a déjà fait l’objet
d’une présentation
dans le dernier numéro
de Bike (n° 66). Mais,
comme toujours chez Bike, nous
souhaitions vous donner plus
d’éléments à son sujet et en
particulier sur le modèle 518, le
plus polyvalent. Davantage en
tout cas que son petit frère, le
318 qui est équipé de suspensions
qui lui confèrent un caractère
totalement différent. Alpe
d’Huez (38), Auron (06), Maxi
Avalanche de Val Thorens (73),
Whistler (Canada)… Rarement
un vélo aura foulé autant de
terres pour un test. Mais vous le
savez maintenant, chez Bike,
quand on aime on ne compte
pas ! Et pour tester comme il se
doit ce nouveau vélo, il fallait
bien ça !
Cadre
Le Froggy, c’est avant tout un
cadre qui reprend, traits pour
traits, les lignes de ses cadets les
Zesty et Spicy. Seules subtilités
perceptibles à l’œil, la taille des
tubes plus grosse, un top tube
légèrement cintré pour permettre
le montage d’un amortisseur
avec bombonne déportée, une
douille de direction en 1.5 et un
renfort de tube de selle/tube
supérieur soudé alors qu’il est
intégré et hydroformé sur les
se retrouver avec un angle de
direction supérieur et un boîtier
plus bas. Bien vu ! Côté suspension,
le Froggy 518 est construit
autour de la cinématique
Lapierre OST équipée de
produits Fox. Pour mémoire, et
pour faire simple, l’OST consiste
à opposer la force exercée par
et sur la chaîne lors du pédalage
et celles qui génèrent l’ende
plateaux. A ce sujet, il est à
noter le cheminement de la
gaine qui contourne la base
gauche dans un rayon très court,
pas forcément très esthétique ni
mécanique. Il semble que pour
remédier au passage sous le
boîtier occasionnant une exposition
aux pierres, il n’y ait pas
eu beaucoup d’autres solutions.
N’empêche, ce n’est pas très
Avec le Froggy, Lapierre réinvente
le vélo joueur et polyvalent !
autres. Concernant la douille de
direction, comme le vélo est
conçu pour être utilisé théoriquement
avec une fourche en
180 mm de débattement et que
ce modèle est équipé d’une Fox
36 avec 160 mm de course, il a
fallu compenser la longueur
plus courte de la fourche par
une cuvette spéciale de jeu de
direction qui permet de conserver
les cotes de base au lieu de
foncement de la suspension
pour rester au maximum sur un
point d’équilibre qui se situe
autour du SAG préconisé. C’est
dans cette position que la
suspension offre son rendement
optimal. Comme sur le Spicy
(voir Bike 55), on retrouve le
dérailleur avant fixé sur le bras
oscillant et non sur le triangle
avant. C’est gage de plus de
précision lors des changements
gracieux. On retrouve également
une fixation pour les systèmes
anti-déraillement au standard
ISCG 05 ainsi que la jolie petite
protection de dérailleur en
carbone. Par contre, exit les
roulements de pédalier intégrés.
Retour en arrière avec des
roulements externes vissés,
jugés plus en rapport avec les
pratiques agressives auxquelles
est dédié le Froggy. Comment
Le film épais de protection sous le
tube diagonal est efficace... sauf là
où il n’y en a pas !
ne pas souligner l’effort “cosmétique”
fait sur ce modèle (et
sur l’ensemble de la gamme
d’ailleurs !) ? Une large prédominance
de blanc délicatement
relevée de touches de vert
réparties d’une extrémité à
l’autre du vélo et pas de la plus
simple des manières. La plupart
de ces touches de couleur sont
obtenues grâce à des pièces
anodisées (patte de dérailleur,
moyeux, guides gaines, serrage
de selle, vis de fixations bras et
biellettes, colliers de serrage des
poignées). Des pièces réalisées
La plaque de protection en carbone a joué son
rôle. Mais nous avons eu des soucis avec les
pneus Continental, qui étaient des pré-série.
exprès dans ce coloris et pour
ce vélo. La classe ! Côté équipement,
on joue la carte de la
fiabilité avec une paire de roues
robustes, trente-deux rayons et
jantes larges, pédalier Shimano
Saint… Bref, aucune partie du
vélo n’a fait l’objet d’une prise
de risque.
Action
C’est sur des terrains très
différents et dans des conditions
très variées (compétition, pratique
ludique, test poussé) que
FICHE TECHNIQUE
Cadre :
Suspension AV :
Suspension AR :
Jeu de direction :
Potence/guidon :
Tige de selle/selle :
Commandes :
Dérailleurs AV/AR :
Pédalier :
Freins à disque :
Moyeux/jantes :
Pneus :
Poids :
Disponibilité :
Distributeur :
nous avons sollicité pendant
plus d’un mois et demi ce nouvel
opus Lapierre. De quoi en faire
le tour et surtout déceler
précisément les qualités et les
éventuels défauts du Froggy.
Voici point par point notre avis
sur ce vélo…
n Pédalage/relances : c’est
une qualité que l’on ne s’attend
pas à rencontrer sur ce type de
vélo. Et pourtant… Comme ses
petits frères, Zesty et Spicy,
dont on connaît les facultés en
la matière, il n’est pas surprenant
Aluminium SL,OST (Optimized
Suspension Technologie)
Fox 36 Van RC2, déb.160 mm
Fox DHX Air 4.0, déb.180 mm
Lapierre Froggy
Thomson 4X /Syncros Bulk
Syncros
Shimano SLX
Shimano SLX/Saint
Shimano Saint 22/36
Formula Oro K18, ø 200 mm
Lapierre /Alexrims FR 32
Continental Rubber Queen 26x2.4
16,4 kg (avec pédales)
Novembre 2008
Lapierre, 03 80 52 51 86
www.cycles-lapierre.fr
Géométrie
480 mm
+
580 mm
67°
1 180 mm
360 mm
440 mm
En taille 48
• Polyvalence
• Efficacité
• Equipement
• Fonctionnement
des suspensions
-
•Fragilité des pneus ?
*Mesure Bike avec pédales
105

lapierre froggy 518
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de retrouver l’essence de ce trait
de caractère chez le Froggy.
Merci au système OST. On avait
déjà évoqué cette possibilité sur
le Spicy 916, mais là encore, on
se dit qu’en jouant sur les roues,
on peut passer d’un vélo typé
rendement et pédalage à un
vélo très typé descente pour
l’adapter aux spécificités des
parcours des différentes courses
de descente marathon et autres
enduros qui fleurissent si abondamment
sur le calendrier.
Bref, c’est du tout bon, et on ne
ressent pas les 180 mm de course
dans ce cas précis. De quoi offrir
de la polyvalence !
n Stabilité : pas de problème
de ce côté-là. Le 518 est à l’aise
lorsque la vitesse s’élève. Un
empattement important, un
angle de direction à 66,5°, un
boîtier justement perché par
rapport au reste de la géométrie,
un poste de pilotage large…
Tout va bien. Sur ce modèle,
la stabilité s’accroît perceptiblement
avec l’augmentation
de la vitesse. L’inertie des roues
donne l’impression d’avoir un
amortisseur de direction. A
faible allure, dans les sections
techniques sinueuses, cet aspect
disparaît. Le vélo apporte alors
une maniabilité qui permet de
se sentir également à l’aise. Le
518 se place plus facilement
dans les enchaînements de
Sa progressivité, ajustable en
fin de course par une précharge
en air dans la bombonne
déportée du DHX Air 4.0,
permet l’utilisation de tout le
débattement sans talonnage. A
l’extrême, pour une utilisation
sur des modules ou des sauts
faut pas le voir comme un
blocage rendant le pédalage
plus efficace, mais plus comme
un réglage destiné à obtenir une
compression plus freinée pour
ceux qui préfèrent “sentir”
l’arrière. La fourche Fox 36 Van
2009 est une véritable petite
L’efficacité au pédalage avec
180 mm de course est bluffante !
virages serrés (malgré ses
440 mm de bases), que d’autres
vélos plus légers ayant un
empattement et un débattement
moins importants. Difficile à
expliquer… Angle de direction,
hauteur de boîtier, rigidité,
précision de l’avant… C’est un
ensemble de petites choses qui
donnent un résultat probant.
n Suspensions : leur fonctionnement
laisse apparaître
un gros travail de recherche,
de tests et de personnalisation.
L’arrière apporte une sensation
de sensibilité et d’onctuosité
digne d’un amortisseur à ressort.
impliquant des réceptions
lourdes, il faut augmenter la
pression de cette bombonne et
le vélo s’adapte. Ceci s’est
vérifié lors du test à Whistler
où, bien souvent les réceptions
de sauts sont trop courtes par
rapport aux appels et à la vitesse
à laquelle on les négocie. Du
coup, on se retrouve bien
souvent sur des réceptions à
plat. Et là, aucun souci, le vélo
encaisse. Le réglage du SAG est
facilité par un indicateur. Le
DHX Air 4.0 est doté d’un
levier actionnant le Pro Pedal.
L’incidence sur la compression
est à peine perceptible. Il ne
Testé sur différents terrains et même
avec différents montages (en photo
ici avec une fourche Suntour Durolux
et des roues DT Swiss N’Duro) pour
croiser nos sensations et affiner notre
jugement, nous avons fait vivre un mois
et demi intense au Froggy 518 !
merveille de fonctionnement et
de fiabilité. Avec pour seuls
(gros) défauts un réglage délicat
et un prix important, elle se
place sans conteste sur le
podium dans sa catégorie. Elle
permet d’obtenir un niveau de
performance très élevé pour qui
comprend et sait adapter ses
réglages à son style, son poids,
et au fonctionnement de la
suspension arrière. Pour ce
dernier point, avec 180 mm très
optimisés à l’arrière, le vélo ne
pouvait pas supporter une
suspension avant juste “bonne”.
Il fallait du top pour que les
160 mm soient à la hauteur des
180 mm. D’après Lapierre, le
vélo a montré, lors des différents
développements, un comportement
plus ludique, plus vif,
avec cette fourche qu’avec une
fourche en 180 mm. On veut
bien les croire. Il n’empêche
que si Fox est capable de faire
du 150 mm sur une Float 32
(théoriquement annoncée à
140 mm), ils auraient peut-être
pu pousser la 36 à 170 voire
175 mm ? On n’imagine même
pas le résultat ! Un vrai petit
vélo de descente. Cette configuration
donne au Froggy un
caractère particulier. On ne sait
pas vraiment dans quelle famille
le positionner : gros enduro,
freerider pas trop engagé, DH
junior ? Le 518 est un peu tout à
la fois. Pour vraiment affiner
notre jugement, nous l’avons
essayé avec la fourche Suntour
Durolux qui offre 180 mm. Le
vélo a peu changé côté
géométrie, et il a surtout gagné
sur les gros chocs. Côté
fonctionnement, comparons ce
qui est comparable : la Fox est
beaucoup plus pointue qu’une
fourche à 399 €. Malgré tout, et
mise à rude épreuve, la Suntour
s’est avérée comme une vraie
bonne surprise (voir test produit
à venir). En tout cas, le Froggy
ainsi équipé a gardé son côté
ludique.
n Roues/Pneus : on est sur
un compromis intéressant.
Côté roues, on joue la fiabilité
avec une jante large et profonde
non tubeless Alexrims FR 32.
A noter qu’avec les nombreux
kits qui existent désormais, il
devient très simple de les
passer en UST. Celles-là s’y
prêtent particulièrement de
part leur profondeur importante
qui assure un montage
aisé des tringles. Les moyeux
sont faits par Lapierre. L’axe
arrière est en 10 mm traversant.
Un choix logique sur ce type
de vélo. Il apporte un léger
gain de rigidité à l’arrière par
rapport à un serrage rapide de
9 mm. En revanche, nous avons
eu une petite déception concernant
la résistance des pneus.
Des flans lacérés avec la
chambre à air visible à de multiples
endroits, une ré-sistance
aux crevaisons par pincement
finalement pas si bonne, le vieillissement
a été douloureux et
semble être fonction du type de
terrain. En tout cas sur le
parcours de la Maxi-Avalanche
de Val Thorens, particulièrement
exigeant de ce point de vue,
nous avons eu de sérieux soucis :
heureusement, le Rubber Queen
garde des qualités d’accroche et
de rendement excellentes grâce
aux propriétés de sa gomme, à
un profil carré, et des dessins
bien construits. A voir si dans sa
version UST 2,4 à 1 080 grammes,
il sera capable de remonter le
niveau de résistance ? Tenus au
courant de nos soucis, les
Allemands de Continental nous
ont assuré que ces pneus étaient
des préséries non conformes,
réalisées rapidement pour la
présentation Lapierre. A suivre
donc avec la série…
n Composants : les éléments
du groupe Shimano Saint
présents sur le 518 (transmission
et indexation) sont tout à fait à
leur place. Après la petite cure
d’amincissement par rapport à
la version précédente, le Saint
offre un rapport poids/résistance
excellent. Par contre, avec une
couronne trente-six dents en
gros plateau, on a vite les jambes
autour du cou ! Le freinage est
puissant voire agressif, mais
avec des Formula Oro K18 en
disque de 200 mm, ce n’est pas
une surprise.
n Les petits détails : le passage
de la gaine arrière juste avant sa
jonction avec le dérailleur la
met à portée de la chaîne lorsque
celle-ci est secouée par les chocs.
A terme, il faudra certainement
la remplacer plus vite que si elle
passait par l’extérieur. En tout
cas, elle est marquée par la
chaîne, et c’est dommage. La
plaque carbone de protection
du dérailleur a quant à elle très
bien joué son rôle à de nombreuses
reprises sans jamais
céder. Stylée et efficace, c’est
une réussite ! La protection de
plateau est également bien utile
dans la préservation de l’intégrité
de ses dents…
Alors ?
Bike dans la course...
Chez Bike, on aime solliciter les vélos de test jusqu’au bout de leurs
limites. C’est ce que nous faisons à chaque fois sur nos très nombreuses
sorties et sur des terrains très différents. D’ailleurs, pour le
Froggy 518, nous n’avons pas hésité à l’amener avec nous à Whistler
(Canada), histoire de compléter les tests réalisés à l’Alpe d’Huez (38)
et à Auron (06). Mais dès que l’occasion se présente, nous nous
efforçons de courir également des épreuves. Car rien ne remplace
l’ambiance de la course et les contraintes maximales qu’induisent la
compétition de haut niveau pour récolter davantage d’enseignements
sur les vélos. Pour le Froggy 518, c’est la Maxi-Avalanche de Val
Thorens (73), également manche de Coupe d’Europe DH Marathon,
qui a servi de support à ce test. Notez que notre pilote-testeur
Vincent Julliot a fini à son guidon à une belle sixième place et
qu’il remporte en même temps le challenge Multisport Assur !
On est, à n’en pas douter, en
présence d’un vélo performant
qui repousse encore la polyvalence,
pour un VTT en 180 mm,
en terme d’efficacité et de rendement
au pédalage. Facile à
prendre en main, le Froggy 518
permet d’aller chercher des
sensations qui le rapprochent
plus d’un véritable vélo de
descente que d’un freeride. En
d’autres termes, le Froggy 518
est un excellent premier vélo
typé enduro voire DH, même si
les 160 mm de sa fourche le
limitent dans cet axe. Le Froggy
318 est quant à lui beaucoup
typé bike-park avec des suspensions
très progressives. Plus
simples aussi. Le kit cadre Frog-
© UCC
gy 718 reste une solution plus
onéreuse, mais qui permet de se
monter un vélo orienté exactement
comme on le souhaite. Ne
reste qu’à faire son choix en
fonction du type de pratique qui
est la sienne. Bref, vous le voyez,
Lapierre a réussi à faire avec un
seul cadre, trois vélos très différents,
et très performants à chaque
fois ! Avec en plus cette superbe
polyvalence qui leur permet
à chacun d’aller chatouiller
d’autres pratiques et le modèle
supérieur… Une réussite ! l
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