Thromboses veineuses de localisation inhabituelle - SFMU
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URGENCES<br />
2007<br />
Chapitre52<br />
co-fondateurs<br />
<strong>Thromboses</strong> <strong>veineuses</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>localisation</strong> <strong>inhabituelle</strong><br />
D. LAUQUE, H JUCHET<br />
Les thromboses <strong>veineuses</strong> sont le plus souvent situées au niveau <strong>de</strong>s membres<br />
inférieurs. Bien que moins fréquentes, les thromboses <strong>veineuses</strong> <strong>de</strong>s<br />
membres supérieurs, du cerveau, du petit bassin et <strong>de</strong> l’abdomen ne sont<br />
pas exceptionnelles. Ce sont <strong>de</strong>s urgences dont le diagnostic et le traitement<br />
précoce améliorent le pronostic. Ces thromboses <strong>veineuses</strong> se manifestent par<br />
<strong>de</strong>s signes locaux ou, plus rarement, par une embolie pulmonaire. Elles reconnaissent<br />
souvent une cause locale, une anomalie <strong>de</strong> la coagulation, un contexte<br />
septique.<br />
1. <strong>Thromboses</strong> <strong>veineuses</strong> profon<strong>de</strong>s du membre supérieur<br />
Les thromboses <strong>veineuses</strong> profon<strong>de</strong>s (TVP) du membre supérieur siègent surtout<br />
au niveau <strong>de</strong>s veines axillaires et sous-clavières. Elles concerneraient 1 à 4 % <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s TVP (1). Leur fréquence augmente en raison <strong>de</strong> l’utilisation<br />
croissante <strong>de</strong> cathéters centraux et <strong>de</strong> chambres implantables. Les TVP <strong>de</strong>s<br />
membres supérieurs sont séparées en <strong>de</strong>ux groupes étiologiques (2). Les TVP<br />
primaires englobent les formes spontanées et celles survenant quelques jours<br />
après <strong>de</strong>s exercices intenses inhabituels dans le cadre d’activités sportives,<br />
professionnelles ou récréatives. Les TVP primaires sont liées à <strong>de</strong>s anomalies<br />
anatomiques du défilé cervico-thoracique (côte cervicale, tendons pectoraux<br />
hypertrophiés, faisceaux musculaires anormaux) qui compriment le retour<br />
veineux lors d’efforts répétés. Ces TVP primaires surviennent typiquement chez<br />
<strong>de</strong>s hommes jeunes actifs au niveau du bras dominant. Une hypercoagulabilité<br />
Service <strong>de</strong>s urgences, CHU TSA 40031, 31059 Toulouse ce<strong>de</strong>x 9, France.<br />
Correspondance : E-mail : lauque.d@chu-toulouse.fr<br />
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d’origine génétique ou acquise peut contribuer au développement <strong>de</strong> ces<br />
thromboses. La prévalence <strong>de</strong>s thrombophilies varie selon les séries <strong>de</strong> 8 à 60 %<br />
<strong>de</strong>s cas (3).<br />
Les TVP secondaires se développent chez <strong>de</strong>s patients ayant un cathéter central<br />
(incluant les chambres implantables) utilisé pour la chimiothérapie, la dialyse ou<br />
la nutrition parentérale, ou en cas <strong>de</strong> pacemaker ou <strong>de</strong> compression tumorale.<br />
Les cathéters centraux seraient la cause <strong>de</strong> 60 à 75 % <strong>de</strong>s TVP <strong>de</strong>s membres<br />
supérieurs (2, 4). En plus <strong>de</strong> l’effet du cathéter sur l’endothélium vasculaire, un<br />
état d’hypercoagulabilité lié à la maladie sous-jacente, souvent néoplasique, une<br />
infection du cathéter et <strong>de</strong>s lésions endothéliales induites par la chimiothérapie<br />
peuvent contribuer au développement <strong>de</strong> la TVP.<br />
Cliniquement, les TVP du membre supérieur se manifestent par <strong>de</strong> l’œdème<br />
(environ 74 % <strong>de</strong>s cas) qui débute au niveau <strong>de</strong> la main puis s’étend à l’avantbras<br />
et au bras, <strong>de</strong> la douleur (24 %), une circulation collatérale cutanée, un<br />
comblement du creux sus-claviculaire. La palpation du creux axillaire peut percevoir<br />
un cordon douloureux. Une thrombose <strong>de</strong> la veine cave supérieure doit être<br />
évoquée si les <strong>de</strong>ux bras sont atteints, les veines jugulaires turgescentes, le visage<br />
œdématié. Elle est en général due à une néoplasie médiastinale comprimant la<br />
veine cave supérieure, parfois à l’extension d’un thrombus du membre supérieur.<br />
L’échographie-doppler précise le diagnostic et l’extension <strong>de</strong> la thrombose. La<br />
phlébographie <strong>de</strong>s membres supérieurs peut être nécessaire en cas <strong>de</strong> forte suspicion<br />
clinique si l’échographie-doppler est négative.<br />
Le traitement est basé sur les anticoagulants et sur l’exérèse d’un éventuelle<br />
cause : ablation du cathéter ou <strong>de</strong> la chambre implantable, chirurgie d’une côte<br />
cervicale, etc. Les TVP <strong>de</strong>s membres supérieurs étaient classiquement considérées<br />
comme peu emboligènes et <strong>de</strong> bon pronostic. En réalité, elles peuvent se<br />
compliquer d’embolie pulmonaire dans 9 à 36 % <strong>de</strong>s cas (1, 5). Surtout, la<br />
mortalité <strong>de</strong>s patients qui présentent une TVP du membre supérieur associée à<br />
un cathéter central est élevée, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 30 % au cours <strong>de</strong>s semaines suivant<br />
le diagnostic (2, 4). Cette mortalité élevée est plus en relation avec la sévérité<br />
<strong>de</strong> la maladie sous-jacente et l’existence d’une infection systémique qu’avec le<br />
processus thromboembolique lui-même.<br />
Les TVP <strong>de</strong>s membres supérieurs, surtout les formes primaires, peuvent évoluer,<br />
comme celles <strong>de</strong>s membres inférieurs, vers un syndrome postphlébitique (dans<br />
7 à 46 % <strong>de</strong>s cas) caractérisé par <strong>de</strong>s douleurs persistantes, une sensation <strong>de</strong><br />
bras lourd, <strong>de</strong>s crampes, un gonflement, <strong>de</strong> l’œdème, <strong>de</strong>s varices (6). Les TVP<br />
peuvent récidiver surtout en cas <strong>de</strong> thrombophilie associée.<br />
En pratique, <strong>de</strong>ux situations peuvent schématiquement être distinguées dans le<br />
service <strong>de</strong>s urgences :<br />
1) TVP d’un membre supérieur chez un patient porteur d’un cathéter central (le<br />
plus souvent une chambre implantable). Le diagnostic est suspecté aux urgences,<br />
le traitement anticoagulant débuté en l’absence <strong>de</strong> contre-indication, le patient<br />
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transféré dans son service hospitalier habituel où le diagnostic sera confirmé, le<br />
traitement anticoagulant poursuivi et l’ablation du cathéter central discutée en<br />
fonction <strong>de</strong> l’évolution et <strong>de</strong>s autres possibilités d’abord veineux.<br />
2) TVP d’un membre supérieur d’allure primitive chez un patient sans antécé<strong>de</strong>nt<br />
majeur. Le diagnostic est suspecté et le traitement anticoagulant (héparine<br />
<strong>de</strong> bas poids moléculaire) débuté aux urgences. Un prélèvement sanguin à la<br />
recherche d’une thrombophilie et un cliché thoracique sont réalisés. Le patient<br />
est adressé en consultation le jour même ou le len<strong>de</strong>main à l’angiologue pour<br />
confirmation du diagnostic, conduite thérapeutique et bilan étiologique incluant<br />
<strong>de</strong>s tests dynamiques à la recherche d’une compression veineuse au niveau du<br />
défilé cervico-thoracique.<br />
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2. <strong>Thromboses</strong> <strong>veineuses</strong> cérébrales<br />
La thrombose <strong>de</strong>s veines cérébrales superficielles ou profon<strong>de</strong>s est une urgence<br />
vitale ou fonctionnelle qui doit être fréquemment évoquée aux urgences en<br />
raison <strong>de</strong> sa présentation clinique variée et peu spécifique (7, 8). Le mo<strong>de</strong> d’installation<br />
peut être aigu (moins <strong>de</strong> 48 h) ou progressif sur quelques jours. La<br />
céphalée (avec ou sans hypertension intracrânienne) est le symptôme le plus fréquent.<br />
Une céphalée brutale qui n’est pas en rapport avec une hémorragie<br />
méningée doit faire évoquer une thrombose veineuse cérébrale. Un déficit neurologique<br />
focal transitoire, régressif ou persistant, une crise comitiale, un trouble<br />
<strong>de</strong> la vigilance peuvent également se rencontrer en fonction <strong>de</strong> la topographie<br />
<strong>de</strong> la thrombose. Ces déficits sont évocateurs lorsqu’ils sont bilatéraux et alternes,<br />
mais cette présentation en rapport avec <strong>de</strong>s formes évoluées est rare. Un<br />
contexte <strong>de</strong> postpartum, <strong>de</strong> néoplasie, <strong>de</strong> thrombophilie connue oriente le diagnostic.<br />
Celui-ci repose sur l’IRM faite en urgence, car la tomo<strong>de</strong>nsitométrie<br />
montre rarement la thrombose. Elle permet surtout d’écarter les autres affections<br />
pouvant donner un tableau clinique similaire. L’anticoagulation débutée<br />
précocement limite le risque d’évolution vers une hypertension intracrânienne ou<br />
vers une nécrose cérébrale et un déficit neurologique séquellaire. Outre les<br />
causes générales favorisant les thromboses, <strong>de</strong>s causes locales telles qu’une<br />
tumeur, une malformation, une infection doivent être recherchées.<br />
3. <strong>Thromboses</strong> <strong>veineuses</strong> pelviennes<br />
Les thromboses <strong>de</strong>s veines pelviennes sont le plus souvent en rapport avec<br />
l’extension <strong>de</strong> thrombus fémoraux. Les thromboses <strong>veineuses</strong> pelviennes isolées<br />
sans atteinte <strong>de</strong>s veines <strong>de</strong>s membres inférieurs surviennent au cours <strong>de</strong> la grossesse,<br />
du postpartum, après une chirurgie ou un traumatisme pelvien (9, 10). Les<br />
patients présentent <strong>de</strong>s symptômes abdominaux ou pelviens non spécifiques, tels<br />
que <strong>de</strong>s douleurs, <strong>de</strong>s vomissements, <strong>de</strong>s signes urinaires (dysurie, pollakiurie,<br />
rétention aiguë), sans douleur ni œdème <strong>de</strong>s membres inférieurs.<br />
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La thrombose veineuse pelvienne septique se manifeste dans le postpartum par<br />
<strong>de</strong>s douleurs abdomino-pelviennes et une fièvre élevée qui résiste aux antibiotiques.<br />
L’utérus est gros et douloureux en raison d’une endométrite associée.<br />
Des embols pulmonaires septiques sont possibles.<br />
Le diagnostic d’une thrombose pelvienne isolée repose sur l’imagerie par résonance<br />
magnétique (IRM) et la tomo<strong>de</strong>nsitométrie injectée, car l’échographie<br />
Doppler est peu sensible pour visualiser les caillots pelviens. Une phlébographie<br />
pelvienne dirigée peut être nécessaire pour confirmer le diagnostic, en particulier<br />
dans les traumatismes pelviens (11). Le traitement est similaire à celui <strong>de</strong>s TVP<br />
<strong>de</strong>s membres, avec antibiotique en cas <strong>de</strong> thrombose septique.<br />
4. <strong>Thromboses</strong> <strong>veineuses</strong> abdominales<br />
4.1. Thrombose <strong>de</strong>s veines sus-hépatiques<br />
L’obstruction <strong>de</strong>s veines sus-hépatiques ou syndrome <strong>de</strong> Budd-Chiari est le plus<br />
souvent due à une thrombose compliquant ou révélant un syndrome myéloprolifératif<br />
(50 % <strong>de</strong>s cas environ) ou à une thrombophilie d’origine génétique ou<br />
acquise (12). La thrombose <strong>de</strong>s veines sus-hépatiques peut être associée à une<br />
thrombose <strong>de</strong> la veine cave inférieure ou <strong>de</strong> la veine porte. Sur le plan anatomopathologique,<br />
l’obstruction <strong>de</strong>s veines sus-hépatiques entraîne une dilatation<br />
<strong>de</strong>s capillaires sinusoï<strong>de</strong>s, une nécrose <strong>de</strong>s hépatocytes et <strong>de</strong> la fibrose, ces trois<br />
lésions prédominant dans les régions centrolobulaires.<br />
Le syndrome <strong>de</strong> Budd-Chiari atteint surtout <strong>de</strong>s femmes jeunes. Sa forme aiguë<br />
se manifeste par <strong>de</strong> la fièvre, <strong>de</strong>s douleurs, une ascite, une cytolyse hépatique<br />
marquée et une baisse du facteur V (13). La forme chronique plus fréquente est<br />
caractérisée par l’apparition d’une ascite indolore ou par <strong>de</strong>s saignements digestifs<br />
liés à l’hypertension portale, sans altération biologique hépatique marquée.<br />
L’ictère est inhabituel. Les immunoglobulines ne sont pas augmentées, ce qui est<br />
un bon argument contre une ascite d’origine cirrhotique.<br />
L’échographie-doppler permet d’orienter le diagnostic en visualisant <strong>de</strong>s veines<br />
sus-hépatiques sténosées, obstruées ou dilatées en amont d’une sténose, un flux<br />
sanguin ralenti, aboli ou inversé, une circulation veineuse collatérale intrahépatique<br />
ou sous-capsulaire. Le diagnostic est confirmé par l’IRM ou par la phlébographie<br />
sus-hépatique.<br />
Le traitement est basé sur l’anticoagulation et sur la reperméabilisation par<br />
cathétérisme percutané <strong>de</strong>s veines sus-hépatiques avec stenting (14). La mise en<br />
place d’un shunt intrahépatique porto-systémique par voie transjugulaire (TIPS)<br />
ou une transplantation hépatique est proposée en cas d’impossibilité ou d’échec<br />
<strong>de</strong> la recanalisation. Grâce à ces techniques, la survie s’est améliorée, <strong>de</strong> l’ordre<br />
<strong>de</strong> 90 % 5 ans après le diagnostic (14).<br />
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4.2. Thrombose <strong>de</strong>s veines splanchniques<br />
La thrombose <strong>de</strong> la veine porte ou <strong>de</strong>s veines mésentériques est le plus souvent<br />
la conséquence d’une affection thrombogène, un syndrome myéloprolifératif ou<br />
une thrombophilie (15, 16). Une étiologie locale est parfois en cause : cancer<br />
comprimant la veine porte, pancréatite, foyer infectieux abdominal (appendicite,<br />
diverticulite, maladie <strong>de</strong> Crohn) responsable d’une pyléphlébite, traumatisme<br />
chirurgical lors d’une splénectomie ou d’une cholécystectomie.<br />
Les formes aiguës se manifestent par une douleur abdominale, <strong>de</strong> la fièvre, un<br />
tableau d’infarctus splénique ou intestinal d’installation moins brutale qu’en cas<br />
d’occlusion artérielle. La forme chronique <strong>de</strong> thrombose <strong>de</strong> la veine porte est<br />
qualifiée <strong>de</strong> cavernome portal en raison du développement d’une circulation collatérale<br />
périportale (dont la morphologie rappelle celle <strong>de</strong>s corps caverneux) (17).<br />
Elle évolue vers l’hypertension portale avec ascite, hypersplénisme, circulation<br />
collatérale cutanée et saignements digestifs.<br />
L’imagerie abdominale (échographie complétée par une tomo<strong>de</strong>nsitométrie ou<br />
une IRM) objective l’obstruction <strong>de</strong> la veine porte et/ou mésentérique et le cavernome<br />
dans les formes chroniques. Le traitement anticoagulant débuté précocement<br />
permet la recanalisation veineuse et évite l’évolution vers l’hypertension<br />
portale. Le pronostic <strong>de</strong> la thrombose portale s’est transformé <strong>de</strong>puis quelques<br />
années en raison <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> l’imagerie qui permettent sa reconnaissance à<br />
un sta<strong>de</strong> précoce (18).<br />
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4.3. Thrombose <strong>de</strong> la veine cave inférieure<br />
La thrombose <strong>de</strong> la veine cave inférieure est le plus souvent une extension d’une<br />
thrombose d’un membre inférieur. Elle peut être également due à la compression<br />
<strong>de</strong> la veine cave par une tumeur, un anévrisme aortique, une fibrose rétropéritonéale,<br />
ou à la présence d’un filtre cave. La dérivation du sang vers les voies<br />
<strong>de</strong> suppléance se fait vers la veine cave supérieure et/ou inférieure (dans sa partie<br />
proximale) par les veines lombaires, le système azygos, les veines pariétales, les<br />
plexus rachidiens. L’obstruction <strong>de</strong> la veine cave inférieure se manifeste par un<br />
œdème en général bilatéral <strong>de</strong>s membres inférieurs, <strong>de</strong>s douleurs <strong>de</strong>s membres<br />
inférieurs, abdominales ou lombaires, <strong>de</strong> la fièvre. La circulation collatérale est<br />
surtout visible aux racines <strong>de</strong>s cuisses, au <strong>de</strong>ssus du pubis, dans la partie inférieure<br />
<strong>de</strong>s lombes. Une embolie pulmonaire ou une paraparésie peuvent également<br />
être <strong>de</strong>s signes révélateurs. L’échographie, la tomo<strong>de</strong>nsitométrie ou l’IRM<br />
injectée permettent d’affirmer le diagnostic et <strong>de</strong> rechercher une cause locorégionale.<br />
La phlébographie cave est parfois réalisée en cas d’indication <strong>de</strong> filtre<br />
cave.<br />
4.4. Thrombose <strong>de</strong> la veine rénale<br />
La thrombose aiguë <strong>de</strong> la veine rénale se rencontre au cours <strong>de</strong>s syndromes<br />
néphrotiques, <strong>de</strong>s cancers du rein, plus rarement dans les suites d’un traumatisme<br />
rénal. Elle se manifeste par une douleur lombaire et une hématurie<br />
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Tableau 1 – Principales causes générales <strong>de</strong> thromboses <strong>veineuses</strong><br />
• Grossesse, postpartum<br />
• Contraception œstro-progestative, traitement hormonal substitutif<br />
• Cancers, hémopathies malignes<br />
• Maladies systémiques inflammatoires : vascularites, collagénoses<br />
• Hémopathies : polyglobulie <strong>de</strong> Vaquez, thrombocytémie essentielle, anémie hémolytique,<br />
anémie ferriprive, drépanocytose<br />
• Anomalies <strong>de</strong> la coagulation : déficit en protéine S, en protéine C, en antithrombine III,<br />
mutation du gène du facteur V Ley<strong>de</strong>n, mutation du gène <strong>de</strong> la prothrombine, anticoagulant<br />
circulant et anticorps antiphospholipi<strong>de</strong>s, coagulation intravasculaire disséminée<br />
• Infections systémiques bactériennes, virales, mycosiques, parasitaires<br />
• Déshydratation<br />
simulant une colique néphrétique. La percussion <strong>de</strong> la fosse lombaire est douloureuse.<br />
La tomo<strong>de</strong>nsitométrie permet <strong>de</strong> faire le diagnostic, <strong>de</strong> rechercher une<br />
néoplasie rénale, une extension du thrombus dans la veine cave inférieure, et <strong>de</strong><br />
débuter rapi<strong>de</strong>ment le traitement anticoagulant.<br />
5. Bilan à effectuer <strong>de</strong>vant une thrombose veineuse<br />
<strong>de</strong> <strong>localisation</strong> <strong>inhabituelle</strong><br />
Une TVP <strong>de</strong> <strong>localisation</strong> <strong>inhabituelle</strong> doit faire rechercher une cause locale et<br />
générale pour expliquer sa survenue (tableau 1). Localement, un traumatisme<br />
récent, une compression veineuse, une tumeur, un foyer inflammatoire ou infectieux,<br />
un corps étranger (cathéter) peuvent expliquer la TVP. Schématiquement,<br />
une thrombophilie acquise (anticoagulant circulant) ou génétique (mutation d’un<br />
gène <strong>de</strong> la coagulation ou <strong>de</strong> la fibrinolyse) sera recherchée chez les sujets jeunes,<br />
en cas <strong>de</strong> récidive ou d’antécé<strong>de</strong>nt familial. Un cancer ou une hémopathie<br />
maligne seront plus facilement évoqués à partir <strong>de</strong> 40 ans. L’hémogramme sera<br />
systématique. La thrombophilie doit être recherchée par un prélèvement sanguin<br />
avant <strong>de</strong> débuter le traitement anticoagulant qui fausse ces dosages.<br />
En conclusion, les thromboses <strong>veineuses</strong> <strong>de</strong> <strong>localisation</strong> <strong>inhabituelle</strong>s regroupent<br />
un ensemble hétérogène d’affections peu fréquentes que l’urgentiste doit savoir<br />
reconnaître car leur diagnostic est urgent, leur pronostic dépendant <strong>de</strong> la<br />
précocité <strong>de</strong> la mise en route du traitement anticoagulant.<br />
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