Découvrez le 76 Faubourg, la revue de Sotheby's France.

76FAUBOURG
LA REVUE DE SOTHEBY’S FRANCE
MAI-JUILLET 2013
Giacometti, Calder, Basquiat...
La collection De Witt à Paris
Le génie Dubuffet
Peguy Luyindula, footballeur et collectionneur
76.faubourg_4.2015_cov_v18.indd 1 06/05/13 12:12

I e NVe NUe
La French Touch
SoMMAIRe
4 CARNet d’UN AMAteUR
Par Robin Massonnaud
8 ReNdez-VoUS
en mai et juin 2013 chez Sotheby’s à Paris
18 RegARd SUR
L’irrésistible expansion de Dubuffet
Par Valérie de Maulmin
22 ReNCoNtRe AVeC ViViane De WiTT
Propos recueillis par Dr Philipp Herzog von Württemberg
24 l’INVIté INAtteNdU
PeGuy LuyinDuLa
26 le ChoIx de NoS exPeRtS
28 KAléIdoSCoPe
30 Sotheby’S eSt AUSSI … à lIlle
31 CoNtACtS
Sotheby’S FRANCe
Galerie Charpentier
76, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Tél + 33 (0) 1 53 05 53 05
sothebys.com
twitter.com/sothebysfr
facebook.com/sothebys
instagram.com/sothebys
s76 F AUBOURG
PAR SteFANo MoReNI
DireCTeur Du DéParTemenT
arT ConTemPorain De SoTHeby’S FranCe
ART CONTEMPORAIN
VENTE à PARIS LE 5 JUIN 2013
Zao Wou-Ki
14.07.1971
ESTIMATION 700 000 - 1 000 000 €
Photo de couverture
Jean-Michel Basquiat
Crown Hotel (Mona Lisa Black Background),
1982 (détail)
Collection Comtesse Viviane De Witt
ESTIMATION 5 000 000-7 000 000 €
On lit et on entend souvent que les capitales mondiales des ventes d’art
contemporain sont New York et Londres. Il est vrai que depuis quelques
décennies, les records les plus spectaculaires sont réalisés dans ces deux
grandes villes anglo-saxonnes. Il est tout aussi incontestable que le marché de l’art
contemporain en Chine est en pleine expansion, et il n’a échappé à personne que
Sotheby’s vient d’organiser à Doha, au Qatar, une vente d’art contemporain qui a tenu
toutes ses promesses.
Pour autant, Paris garde une place à part et de choix dans ce nouveau concert
mondial, grâce à la capacité d’attraction intacte de la capitale française, et parce que
les ventes d’art contemporain peuvent y développer un style et une personnalité bien
reconnaissables, qui plaisent aux amateurs français comme internationaux.
Cette French Touch repose sur quelques ingrédients essentiels, dont nos ventes des
5 et 6 juin prochains donnent un brillant aperçu.
Premier élément, la présence dans ces ventes d’artistes français ou ayant vécu en France,
reconnus au plan international, mais qui trouvent à Paris leur terre d’élection naturelle.
Citons, au milieu de tant d’autres, les noms de Nicolas de Staël, de Jean Dubuffet,
de Simon Hantaï, de Pierre Soulages, et de Zao Wou-Ki, en rendant au passage à ce
dernier, qui vient de nous quitter, l’hommage que son œuvre immense mérite.
Une seconde dimension est venue s’ajouter depuis que Sotheby’s a établi, en décembre
2007, le record pour une œuvre d’art contemporaine vendue en France, une toile de
Francis Bacon adjugée au-delà de 13 millions d’euros. Il s’agit de la capacité que nous
avons de mettre en valeur des œuvres importantes d’artistes internationaux. Grâce à
la communication et à la promotion sur mesure qui leur sont réservées, l’exposition
et la vente de ces œuvres à la Galerie Charpentier sont assurées d’une visibilité sans
faille et sans frontières. C’est ainsi que des artistes comme Basquiat, Calder, Warhol,
De Kooning trouvent dans nos ventes du printemps une place de premier ordre. Pour
leurs œuvres, le résultat envisageable à Paris n’a, de ce fait, rien à envier à celui qui
pourrait être attendu dans les salles de ventes de New York ou de Londres.
Nous sommes particulièrement heureux et fiers que la combinaison de ces deux
ingrédients, propres aux ventes parisiennes de Sotheby’s, nous permette d’offrir des
œuvres majeures issues de deux collections particulières internationales de très haut niveau :
la Collection d’Alex et Elisabeth Lewyt et la Collection de la comtesse De Witt. n
76 FAUBOURG • 3

CARNet d’UN AMAteUR
L’art est un INStANt d’éMotIoN
PAR RobIN MASSoNNAUd
L’homme et l’objet, c’est
une histoire de rencontre
et de séduction, une sorte
d’échange amoureux qui mène
à la constitution patiente et
passionnée d’une collection.
Quatre ventes de ce début
d’année à la galerie Charpentier
témoignent, dans des domaines
très divers, de ce langage courtois.
s
s
s
dans le même esprit, deux chaises
d’hector Guimard au dossier en forme de
virgule ne pouvaient que séduire par leur
légèreté. elles partirent à 30 750 euros.
La belle consuelo vanderbilt, duchesse
de Marlborough aurait pu s’y asseoir. Les
contempler chez soi invite l’imagination
à s’envoler vers ce monde aristocratique
raffiné, dévasté par la Première Guerre
mondiale.
La femme est au centre des créations de
l’Art Nouveau. une balustrade en bronze
patiné suscitait la plus haute enchère.
estimée 200 000 à 300 000 euros, elle
partait à 1 240 750 euros.
réalisée par rené Lalique pour son stand
à l’exposition universelle de 1900, cette
PIeRRe MotheS, CoMMISSAIRe-PRISeUR
AU MARteAU FACe à UNe SAlle CoMble
PeNdANt lA VeNte de lA ColleCtIoN
dU gARdeN MUSeUM.
heCtoR gUIMARd, deUx ChAISeS
AdjUgéeS 30 750 €.
PAblo PICASSo, Portrait de Jacqueline
au fauteuil, AdjUgé 46 350 €
UN SEUL REGARD PROVOQUE LE
DéSIR DE VIVRE AVEC UN OBJET.
a-t-il un point commun entre le
Y mobilier Art Nouveau, les estampes
de Picasso, la statuaire précolombienne et
les objets décoratifs classiques européens ?
Aucun, si ce n’est l’émotion esthétique.
dans la salle des ventes, c’est ce sentiment
fugace mais prégnant qui s’empare de
l’amateur devant l’œuvre qui le retient et
qu’il contemple avec la gourmandise d’un
enfant devant la vitrine d’une pâtisserie.
c’est avec cette même émotion qu’il
enchérira, parfois bien au-delà des
estimations, dans le fol espoir d’en devenir
le propriétaire. Loin des considérations
sur les tendances du marché, les segments
porteurs ou les spéculations mercantiles,
ce sentiment unique d’excitation et de
joie mêlée d’angoisse, à l’idée de voir
échapper le lot convoité, est le véritable
moteur des ventes. durant le premier
trimestre 2013, Sotheby’s a démontré que
l’art est avant tout une rencontre, une
affaire de séduction entre un objet et un
collectionneur.
Hymne à la FémInITé
Au mois de février, la galerie charpentier
présentait un ensemble de 130 pièces
d’Art Nouveau provenant des anciennes
collections du Garden Museum fondé au
Japon par takeo horiuchi. ces œuvres
sont la quintessence du mobilier Art
Nouveau où dominent la représentation
de la nature, par des décorations végétales
tout en sinuosité, et l’exaltation de la
femme, déesse et fée, être hybride
mi-animal mi-humain à la séduction
envoûtante. ce style, que ses détracteurs
qualifiaient de nouille, est le premier
signe d’une modernité recherchant le
parfait équilibre entre l’homme et la
nature. Il en résulte un mobilier délicat,
sinueux tout en courbes et subtilités.
Le voluptueux bureau aux orchidées de
Louis Majorelle est une pièce parmi les plus
représentatives de cet art si féminin. on y
imagine une élégante alanguie et pensive,
chère à helleu ou Boldini, écrivant un
billet à l’homme de ses pensées. un de ces
exemplaires était proposé aux enchères et
a trouvé preneur pour 330 750 euros.
4 • 76 FAUBOURG

CARNet d’UN AMAteUR
grande pièce de près d’un mètre de haut
représente une femme ailée dénudée, les
bras croisés au-dessus de la tête. cette
créature magique est la nature même dans
son expression la plus pure, la plus parfaite.
on rêve de s’envoler avec ce papillon irréel.
la Femme, TOUJOURS ...
Était au centre d’une autre vente, un
hommage à Aldo crommelynck qui fut le
graveur de Pablo Picasso. Les aquatintes
et eaux-fortes de l’artiste exaltent les
formes féminines en les exagérant, les
grossissant ou en les déformant. Il s’en
dégage un bonheur de vivre et une
grande sensualité. un seul regard porté
sur ces estampes suffisait à provoquer
le désir de posséder l’un de ces instants
immortalisés par l’espagnol le plus célèbre
au monde. Le Portrait de Jacqueline au
fauteuil avec ses grands yeux doux et son
corps épanoui est l’expression même de
l’attachement de Picasso à son dernier
grand amour. Il donne foi en la vie.
d’où un prix de 46 350 euros pour une
estimation de 10 000 à 12 000 euros.
Le peintre a souvent aimé représenter
l’artiste dans son atelier travaillant à la
réalisation d’un nu. une aquatinte du
peintre sur la plage avec femmes nues
et cheval en arrière-plan sentait bon la
Méditerranée et méritait ses 19 950 euros.
enfin, les Étreintes de Picasso, d’un érotisme
fougueux teinté d’amour passionné et
attentif, séduisent au premier coup d’œil.
L’une d’entre elles s’est vendue 18 750 euros.
la SenSUalITé DeS lIGneS
changeons d’époque pour aborder l’Amérique
précolombienne. Sotheby’s vendait la
magnifique collection Barbier-Mueller qui,
si l’espagne n’était pas en crise économique,
se trouverait aujourd’hui dans son musée à
Barcelone. Parmi les civilisations de ce monde
fascinant, les céramiques à représentation
animale frisent la perfection. un canard à
l’envol de la culture tarasque (Mexique 1200-
1521 apr. J.-c.) à engobe rouge brique et
peinture blanche, aux formes elliptiques, à
la queue schématique et aux larges ailes en
forme de nageoires, étonnait par sa modernité
et sa légèreté proche d’un mobile de calder.
Le choc esthétique provoqué par cet objet
justifiait le prix de 1 609 500 euros.
Mais l’art préhispanique se conjugue
aussi avec des représentations humaines
extrêmement stylisées ou presque primaires.
une petite statuette d’homme assis de la
civilisation olmèque, le crâne rasé, les yeux bridés
donnait une impression, de tranquillité absolue
d’où son prix de 79 500 euros. une amulette
de la culture tairona (colombie, 500-1000 apr.
J.-c.) en pierre dure, représentant un homme
aux traits schématiques dégageait quant à elle
une joie de vivre contagieuse. un porte-bonheur
qui a explosé son estimation de 4 000 à 5 000
euros pour atteindre 18 750 euros.
le GOûT D’Un “PRInce”
Autre monde, celui de Nicolas Landau,
surnommé “le prince des antiquaires”.
espiègle et touche-à-tout, il mélangeait
les styles et les époques, créant un univers
personnel à l’humanisme très renaissance.
Les coupes aux matières précieuses dignes
du cabinet de curiosités de rodolphe II
de habsbourg y occupaient une place
de choix. une coupe d’agate montée
en vermeil, avec une prise en forme
d’hippocampe, étonnait par sa finesse, sa
fragile délicatesse et partait à 13 750 euros.
un puissant Atlas, les jambes légèrement
pliées, les bras largement ouverts pour tenir
une grande sphère armillaire, surprenait
par son équilibre et réalisait 55 500 euros.
Quel que soit le prix à payer, la création et
la contemplation de sa collection resteront
toujours le plus intime des plaisirs.
RObIn maSSOnnaUD eSt JourNALISte
MArchÉ de L’Art Pour Mieux ViVre
Votre ArGeNt, L’exPreSS. IL Y tIeNt uN
BLoG « roBIN deS ArtS ».
s
s
CoUPe d’AgAte MoNtée
eN VeRMeIl, AdjUgée 13 750 €.
StAtUette d’hoMMe ASSIS
CIVIlISAtIoN olMèqUe
AdjUgée 79 500 €
6 • 76 FAUBOURG 76 FAUBOURG • 7

veNteS et exPoSItIoNS eN MAI ET JUIN 2013 chez SotheBY’S à PArIS
MAI
MAI
PhOTOgRAPhIES
Vente le 29 mai
Exposition les 24, 25, 27 & 28 mai
Contact : Simone Klein 01 53 05 52 41
ARTS DéCORATIfS
DU XX E SIèCLE & DESIgN
Vente le 22 mai
Exposition les 16, 17, 18, 20 & 21 mai
Contact : Florent Jeanniard 01 53 05 52 69
Plusieurs ensembles issus de collections françaises et étrangères
seront présentés tel ce groupe de sculptures de Demeter Chiparus
provenant d’une collection anglaise, des céramiques des années
1930 de Gio Ponti venant d’une importante collection italienne, un
banc probablement unique, attribué à Antoni Gaudí conçu pour
la maison Larrard, résidence du comte de Güell, grand mécène
de Gaudí qui réhabilita cette maison et son mobilier. Par Jacques
Adnet, un ensemble de mobilier réalisé en 1934, où l’artiste
décorateur s’illustra par l’emploi du galuchat et du parchemin,
ou encore cette collection parisienne réunissant des pièces des
années 1950 de Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Serge Mouille,
Pierre Jeanneret et Jean Royère.
La vente comprendra également des œuvres de Carlo et Rembrandt
Bugatti, émile-Jacques Ruhlmann, René Lalique, Clément Mère,
Alberto et Diego Giacometti, Line Vautrin, François-Xavier et
Claude Lalanne, Maria Pergay, Guy de Rougemont, Ron Arad et
Zaha Hahid, pour ne citer que quelques noms.
ENDEZ-VOUS
s
AlbeRto gIACoMettI
PAIRe de lAMPAdAIReS feuille,
VeRS 1936
bRoNze à PAtINe bRUNe
Estimation 180 000-220 000 €
Un ensemble exceptionnel de photographies du XIX e siècle provenant
d’une importante collection européenne ouvrira la vente. Les grands
noms de l’époque y seront représentés avec des tirages de très haute
qualité, comme ce tirage salé des Fruitsellers, 1842, de Henry Fox
Talbot, extrêmement riche en tonalités, l’Hermaphrodite, 1860, de
Nadar et encore Beatrice, 1870, en grand tirage albuminé par la célèbre
portraitiste Julia Margaret Cameron.
Dans la section « vintage » où seront proposées, entre autres, des
œuvres de Man Ray, Laure-Albin Guillot et Raoul Ubac, un accent
fort sera mis sur la photographie de mode et contemporaine. Des
chefs-d’œuvre par Horst P. Horst, F. C. Gundlach, Herb Ritts et
Helmut Newton seront suivis de créations récentes d’Andres Serrano,
Hiroshi Sugimoto, Elger Esser, Massimo Vitali, Nan Goldin, Stéphane
Couturier, Roland Fischer, des serpents de Guido Mocafico et Sunset,
after Emil Nolde, 2006, de la série Pictures of Pigment de Vik Muniz.
LIVRES ET MANUSCRITS
Vente le 29 mai
Exposition les 24, 25, 27 & 28 mai
Contact : Anne Heilbronn 01 53 05 53 19
La vente de Livres et Manuscrits proposera des lettres et manuscrits
de première importance : 17 lettres d’amour de Rousseau à Madame
d’Houdetot, 61 lettres de Voltaire au président de Ruffey, un manuscrit illustré
relatant l’expédition de Duguay-Trouin à Rio de Janeiro en 1711, un important
ensemble de manuscrits de Chateaubriand pour les Mémoires d’Outre-
Tombe et une lettre d’Alfred Dreyfus au ministre de l’Intérieur, écrite en prison
le 26 janvier 1895, avant son transfert en Guyane.
S’y ajouteront 75 lettres de Barnave, le manuscrit d’une des Diaboliques de
Barbey d’Aurevilly, des manuscrits de Mérimée, Bloy, Char, éluard ainsi que
des exemplaires aux provenances prestigieuses : Marot de la bibliothèque de
Balzac, le Code de la Police de Lamoignon, le Gruter de De Thou.
Seront également présents par des livres, des lettres ou des dessins originaux :
Dalí avec une lettre à Cassanyes sur Picasso et la Sainte Bible enrichie d’une
aquarelle, Miró avec un dessin offert à Char et un autre à Gomis, mais
aussi Matisse et Picasso, et Cendrars et Sonia Delaunay avec un superbe
exemplaire sur Japon de la Prose du Transsibérien.
Une session de la vente sera consacrée à la collection de Minka et Karl-Hans
Strauss avec des lettres de Courbet, Rodin, Rilke, Renoir, Monet, Pissarro,
Signac, Proust…
de hAUt eN bAS
VIK MUNIz
SunSet, after emil nolde
(de lA SéRIe PictureS of Pigment), 2006
Estimation 35 000-45 000 €
jUlIA MARgARet CAMeRoN
Beatrice, 1870
eStIMAtIoN 8 000 - 12 000 €
blAISe CeNdRARS - SoNIA delAUNAy
la ProSe du tranSSiBérien et de la Petite
Jehanne de france, 1913.
UN deS RARISSIMeS exeMPlAIReS SUR jAPoN,
ASSeMblé PAR SoNIA delAUNAy,
SIgNé PAR CeNdRARS et delAUNAy
AVANt lA gUeRRe.
Estimation 100 000-150 000 €
76 FAUBOURG • 9

R e N dez-V o US
JUIN
JUIN
ART CONTEMPORAIN
Vente les 5 & 6 juin
Exposition du 31 mai au 5 juin
Contact : Stefano Moreni 01 53 05 52 76
Le cœur de la vente du soir d’Art Contemporain battra, le 5 juin,
au rythme des chefs-d’œuvre de la collection de la comtesse
Viviane De Witt : monumentale, l’œuvre de Basquiat, Crown
Hotel (Mona Lisa Black Background), qui réunit sur le fond noir de
la toile tendue sur le châssis en croix, les icônes de l’art occidental,
Mona Lisa et Olympia, au milieu d’une composition complexe et
polysémique. Exposée l’année de sa création à la galerie Bruno
Bischofberger, cette œuvre de 1982 est d’une densité formelle et
d’une intelligence hors norme. Autre œuvre exceptionnelle sur
le marché français, un grand dessin de Willem de Kooning, Five
Women, daté de 1952, année de naissance de l’Expressionnisme
Abstrait américain qui révolutionna toute la scène contemporaine
internationale. Un remarquable ensemble de quatre sculptures
de Calder et quatre œuvres de Jean Dubuffet, dont deux
sculptures de la période ludique de l’Hourloupe, qui témoignent
du goût cultivé et audacieux du collectionneur. Issues de
différentes collections privées, des œuvres magistrales
de Jean Dubuffet, Les Riches Fruits de l’erreur (1963), d’Andy
Warhol, Vesuvius (1985) et Les Muses inquiétantes (1982), mais
aussi de Soulages, Mathieu et Atlan, de Zao Wou-Ki et Hantaï
complètent ce panorama sans précédent et sans frontières. Le
lendemain, la vente du jour du 6 juin présentera une sélection
d’œuvres variées et choisies allant de l’abstraction française des
années 1950 à la jeune création contemporaine avec Philippe
Decrauzat et Adel Abdessemed.
ART IMPRESSIONNISTE & MODERNE
Vente le 6 juin
Exposition du 31 mai au 5 juin
Contact : Thomas Bompard 01 53 05 53 58
Lors de la vente d’Art Impressionniste et Moderne du 6 juin
prochain, seront proposées deux exceptionnelles sculptures
d’Alberto Giacometti issues de collections privées : un
magnifique Torse de 1925 et surtout Femme debout, un
rarissime bronze peint réalisé par l’artiste au début des années
1960 provenant de la collection de la comtesse Viviane De
Witt. Comme toujours, le Surréalisme y sera représenté en
force : Giorgio de Chirico, Wifredo Lam, Marcel Duchamp,
André Masson, Man Ray, Salvador Dalí, Max Ernst, Wolfgang
Paalen et Francis Picabia, à l’honneur avec une très belle
transparence (Portrait de Germaine Everling), un remarquable
portrait de la période des «monstres» et une composition de
la période abstraite aux couleurs particulièrement électriques.
Enfin, une vibrante peinture de Kandinsky, Cercle bleu II, est le
premier tableau de la légendaire vente Bourdon (1990) à être
représenté en vente publique chez Sotheby’s à Paris.
s
jeAN-MIChel othoNIel
SanS titre, 2007
Estimation 60 000-80 000 €
s
NIColAS de StAël
marSeille, 1954
eStIMAtIoN 1 200 000-1 800 000 €
s WASSIly KANdINSKy
cercle Bleu ii, 1925
eStIMAtIoN 1 000 000-1 500 000 €
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R e N dez-V o US
JUIN
©SUCCESSION PICASSO 2013
aRT ImPReSSIOnnISTe
& mODeRne
VenTe à PaRIS le 6 JUIn 2013
s
PablO PIcaSSO
PAleTTe eT TêTe de TAureAu,
1938
eSTImaTIOn
1 000 000 - 1 500 000 €
s
PablO PIcaSSO
FeMMe ASSiSe en roBe griSe,
1943
eSTImaTIOn
2 500 000 - 3 500 000 €
leS NobleS CAUSeS de MARINA PICASSo
Sotheby’s a l’immense privilège d’avoir été choisie par Marina Picasso
pour proposer, à Paris, deux tableaux de Picasso provenant de la
collection personnelle de la petite-fille de l’artiste. La vente sera réalisée
au profit de nobles causes défendues par Marina Picasso, en faveur des
enfants et des adolescents en difficulté, dans la lignée des nombreuses
actions de générosité qu’elle a déjà accomplies au Vietnam, sur la Côte
d’Azur ou à Genève. Au Vietnam, grâce à sa Fondation, elle a créé
un village pour orphelins à Thu Duc, banlieue d’Hô-Chi-Minh-Ville
(ex-Saigon), comprenant 25 maisons, un dortoir pour les plus grands,
une antenne médicale, un terrain de sport, une piscine... qui a accueilli
350 enfants pendant plus de 20 ans et est aujourd’hui un orphelinat
d’état. Elle est également venue en aide à l’hôpital pédiatrique d’Hô
Chi Minh-Ville (financement de matériel, reconstruction de certains
bâtiments, formation d’infirmières), a fait parvenir du lait infantile, a
financé la création de dispensaires dans plusieurs cantons, ainsi que la
rénovation de l’orphelinat de Go Vap et de la maison de retraite des
sœurs de la mission Vietnam.
À Nice, les actions de Marina Picasso ont notamment consisté en une
importante aide financière à la Fondation Lenval pour l’acquisition de
matériel médical, l’aménagement de la zone pédiatrique, de la salle
d’isolement et de la salle des parents, ainsi que pour une assitance aux
enfants africains et le financement d’actions chirurgicales. En 2012 a
été inaugurée une maison pour les adolescents qui porte son nom, en
présence du maire de Nice et de Mme Bernadette Chirac. À Cannes,
elle a offert une aide financière aux pompiers de Cannes-La Bocca pour
la conduite de missions en Amérique du Sud.
À Genève, elle a soutenu le Foyer Handicap, un centre dédié aux
tétraplégiques adultes.
Si une partie de la collection de Marina Picasso avait été montrée, au
début des années 1980, lors d’expositions mémorables qui firent le tour
du monde, c’est la toute première fois que les collectionneurs pourront
enchérir sur des œuvres de Picasso mises en vente par la petite-fille
du peintre. Ces deux tableaux de 1938 et 1943, emblématiques des
années de guerre de Picasso, définissent une nouvelle esthétique du
combat chez l’artiste que le conflit mondial mènera vers l’engagement
et le militantisme. En 1938, une année après le choc de Guernica, la
tension dramatique exprimée dans le chef-d’oeuvre de 1937 est toujours
présente : Palette et Tête de Taureau révèle ainsi un malaise et un effroi
grandissants dans le registre inattendu de l’épure du trait peint en noir
sur un fond en grisaille. La puissante composition Femme assise en robe
grise montre Dora Maar en sphinx noir, dans une robe élisabéthaine aux
airs d’armure ancienne, mise en relief par des entrelacs de cernes noirs
et un graphisme tramé très dense.
©SUCCESSION PICASSO 2013
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76 FAUBOURG • 13

R e N dez-V o US
JUIN
JUIN
ARTS D’ASIE
Vente le 12 juin
Exposition du 8 au 11 juin
Contact : Caroline Schulten 01 53 05 53 16
La vente d’Arts d’Asie offrira un riche panorama des arts
décoratifs chinois sous les dynasties Ming et Qing avec des
jades, des bronzes, des objets de lettrés et des porcelaines,
dont une belle sélection de coupes et bols à fond jaune
provenant d’une collection particulière française. La vente
comprendra aussi un rare ensemble de jades archaïques
d’une collection allemande. D’Allemagne également, un
important groupe de bronzes sino-tibétains du XVIII e
siècle sera présenté. Enfin, la peinture chinoise sera mise
à l’honneur avec un délicat album de Huang Shen (1687-
1768) d’une collection particulière japonaise ainsi que des
œuvres de l’école chinoise moderne, dont Les Fleurs de Wu
Changshuo (1844-1927) conservée jusqu’à présent dans
une collection particulière à Paris.
s
StAtUe jANUS, SoNgye,
RéPUblIqUe déMoCRAtIqUe
dU CoNgo, hAUt. 58 CM
ColleCtIoN FRANçoISe et
jeAN CoRlAy, PARIS
eStIMAtIoN 350 000-500 000 €
s
SIFFlet eN IVoIRe, MbUNN,
RéPUblIqUe déMoCRAtIqUe
dU CoNgo, hAUt. 9,5 CM
ColleCtIoN FRANçoISe et
jeAN CoRlAy, PARIS
eStIMAtIoN 20 000-30 000 €
s
hUANg SheN (1687-1768)
fleurS
eNCRe SUR PAPIeR, AlbUM
CoMPoSé de doUze FeUIlleS,
ChACUNe PoRtANt UNe
INSCRIPtIoN.
eStIMAtIoN 65 000-95 000 €
s
Pot à PINCeAUx bItoNg eN IVoIRe
SCUlPté, ChINe, éPoqUe qIANloNg
(1736-1795)
(détAIl)
Estimation 50 000-70 000 €
COLLECTION fRANçOISE ET JEAN CORLAy
ARTS D’AfRIQUE
&
ARTS D’AfRIQUE ET D’OCéANIE
Ventes le 18 juin
Exposition les 14, 15 & 17 juin
Contact : Marguerite de Sabran 01 53 05 53 39
La vente d’Arts d’Afrique et d’Océanie sera précédée de
la vente de la collection Françoise et Jean Corlay d’arts
du Congo. Son cœur en est un remarquable ensemble de
statues Songye, illustrant dans ses œuvres monumentales
autant que dans ses miniatures les notions de « force et de
sensible ». Une exceptionnelle statue Janus Songye à patine
suintante renvoie de manière saisissante au vocabulaire
qui fonda le Cubisme, tandis qu’un superbe appuie-tête
provenant de la collection Bela Hein illustre le génie créatif
des artistes Yaka.
14 • 76 FAUBOURG 76 FAUBOURG • 15

R e N dez-V o US JUIN
JUIN
COLLECTION RAOUL SIMONSON – MONIQUE ET ALbERT KIES
Vente le 19 juin
Exposition les 14, 15, 17 & 18 juin
Contact : Anne Heilbronn 01 53 05 53 19
expert de la vente: Pascal de Sadeleer
s
loUISe MoIlloN
nature morte aux PêcheS
danS une couPe de Porcelaine
Bleu Blanc ming Sur un
entaBlement, 1629
eStIMAtIoN 250 000–350 000 €
s
Raoul Simonson (1896-1965), éminente figure de la librairie belge du
XX e siècle, sera à l’honneur le 19 juin lorsque sera vendue la première
partie de sa bibliothèque personnelle.
éditeur et bibliographe (de Gide et de Valéry), il éleva le niveau de
la bibliophilie à un degré d’exigence rarement atteint, que l’on appela
dès lors l’« état belge ». Dans cette collection, figurent notamment le
n° 1 exemplaire sur Japon de Du côté de chez Swann, sans doute celui
de Lucien Daudet, l’un des rares exemplaires sur Hollande des Fleurs du
Mal, les œuvres de Victor Hugo truffées de multitudes de pièces jointes
et de dédicaces,11 poèmes de Cellulairement et de nombreux manuscrits
de Verlaine, un exemplaire annoté de l’Histoire de la peinture en Italie de
Stendhal, et son joyau le plus précieux : deux poèmes autographes, Les
Deux Crépuscules. Le Matin/Le Soir, qui paraîtront dans Les Fleurs du Mal.
Cette remarquable collection survécut à Raoul Simonson lorsqu’elle
passa dans les mains de sa fille Monique et de son gendre Albert Kies,
lequel, en fin lettré, philologue et professeur d’université l’élargit - au
travers des grands textes littéraires - jusqu’au Moyen Âge.
La seconde partie de la collection sera vendue en décembre 2013 et
réunira les éditions Fin de siècle et XX e siècle.
s
heNRI d’AINeCy,
CoMte de MoNtPezAt
Promenade de l’emPereur
naPoléon iii au BoiS de Boulogne
eStIMAtIoN 80 000-120 000 €
ORfèVRERIE EUROPéENNE,
bOîTES EN OR ET ObJETS DE VITRINE
Vente le 26 juin
Exposition les 22, 24 & 25 juin
Contact : Thierry de lachaise 01 53 05 53 21
TAbLEAUX ET DESSINS ANCIENS ET DU XIX E SIèCLE
Vente le 27 juin
Exposition les 22, 24, 25 & 26 juin
Contact : Tableaux et dessins Anciens, Pierre etienne 01 53 05 53 26
Tableaux et dessins du XiX e siècle, Pascale Pavageau 01 53 05 53 10
La vente débutera par une sélection de boîtes en or et objets
de vitrine de grande qualité et diversité incluant également des
flacons à parfum, des miniatures et un superbe face-à-main
en or émaillé par Filippi à Paris vers 1850. Les collectionneurs
auront ensuite l’occasion d’enchérir sur des pièces d’orfèvrerie
française et européenne du XVII e au XX e siècle dont certaines
ont une provenance historique (aiguière et son bassin aux
armes Savoie-Arenberg par Wolfers à Bruxelles, poêlon
couvert par Biennais d’époque Empire provenant de la vente
David-Weill) ou sont insculpées de rares poinçons telle une
grande statue de la Vierge au poinçon de Malte vers 1750
ou un aquamanile indo-portugais en forme de caquesseitao
(oiseau mythique) vers 1700. On peut encore signaler parmi
les objets rares une crosse d’évêque parisienne par Poussielgue-
Rusand commandée pour l’évêque de Chartres en 1896. Plus
classiques, un grand nombre de ménagères françaises (Puiforcat,
Risler et Carré), danoises (Jensen) ou américaines (Tiffany),
des chandeliers des XVIII e et XIX e siècles, des chopes allemandes,
et même un rare service à café et thé en or massif allemand des
années 1950 sauront susciter un vif intérêt auprès des amateurs.
s
s
ChARleS bAUdelAIRe. leS deux
créPuSculeS. le matin/le Soir,
MANUSCRIt AUtogRAPhe SIgNé
(3 FeUIlletS IN-FolIo), deS PoèMeS
AVeC lettRe d’eNVoI à FeRNANd
deSNoyeRS (1853-1854), PARUS dANS
leS fleurS du mal.
eStIMAtIoN 150 000-250 000 €
éMIle FRoMeNt-MeURICe,
PAIRe de CoUPeS eN ARgeNt
et CRIStAl, PARIS, VeRS 1860 (détAIl)
eStIMAtIoN 15 000-20 000 €
Dans cette vente de haute qualité, les écoles françaises des XVII e et XVIII e
siècles sont particulièrement bien représentées. La spectaculaire nature
morte de Louise Moillon est la première œuvre connue, signée et datée
de l’artiste, il s’agit de l’une des toutes premières natures mortes françaises.
Sa facture brillante, associée à une composition sobre, révèle une artiste
faisant déjà preuve d’une grande maîtrise de son art, et nous livrant, à dixneuf
ans, une œuvre d’une intensité à la fois très intérieure et monumentale.
Le XVIII e siècle français dévoile son originalité et sa douceur avec, entre
autres, Le Bal de Tivoli, œuvre remarquable de Watteau de Lille ou avec
le Portrait de Jean-René Vestier par son père. Dans cette vente de haute
qualité, les écoles françaises, les écoles flamandes et hollandaises seront
aussi représentées, notamment avec un large panneau illustrant L’Arche
de Noé de Jacob Savery le Jeune.
La deuxième partie de la vente, consacrée au XIX e siècle, offre aux
collectionneurs de tableaux et de dessins un très joli choix d’œuvres
françaises couvrant tout le siècle.
Deux études de Pierre-Paul Prud’hon pour un plafond du Louvre
non réalisé, l’une à l’huile l’autre au crayon noir, ont pour sujet Minerve
conduisant le génie des arts à l’immortalité.
À noter, un beau tableau par Henri-Auguste de Montpezat représentant
Napoléon III pendant une promenade au bois de Boulogne.
La vente propose également un ensemble de paysages français
par Courbet, Trouillebert, Lépine, Diaz et Daubigny, provenant de
collections privées françaises.
16 • 76 FAUBOURG
76 FAUBOURG • 17

R egARd SUR
PAR VAléRIe de MAUlMIN
L’IRRéSISTIBLE
exPANSIoN
DE duBuffet uffet
Au moment où la Fondation dubuffet célèbre son 40 è anniversaire, Sotheby’s
mettra en vente les 5 et 6 juin prochains neuf œvres sgnificatives de périodes
importantes du travail de l’artiste. l’occasion de revenir ici sur le marché d’un des
plus grands créateurs du xx e siècle.
« Il y a dans toutes mes peintures deux vents contraires qui soufflent, l’un me
portant à outrer les marques de l’intervention et l’autre, à l’opposé, qui me
porte à éliminer toute présence humaine... et boire à la source de l’absence ».
Indéniablement le paradoxe est au cœur de l’œuvre de Jean Dubuffet
(1901-1985), iconoclaste et inventeur de l’art brut, l’un des plus grands
créateurs du XX e siècle. Creusant son sillon hors des sentiers battus,
il a toujours fait cavalier seul, menant inlassablement sa réflexion avec
l’opiniâtreté d’une tête chercheuse.
Hostile à l’art officiel et lui-même inclassable, auteur en 1968 d’Asphyxiante
Culture, il s’est intéressé à “l’art des fous” ou des autodidactes qu’il définit
comme “l’art brut”, sa collection personnelle étant maintenant conservée à
Lausanne, ville à laquelle il en a fait don.
Son œuvre prolifique, mais structurée, comprend 10 000 œuvres (dont
3 000 huiles et 1 000 sculptures). Archi-organisé, Dubuffet n’a rien laissé
au hasard, comme en témoigne le découpage méticuleux du catalogue
raisonné de son œuvre par fascicules thématiques. Il a aussi prévu tous
les détails de sa Fondation, créée en 1973 pour “maintenir groupé” un
ensemble significatif de ses travaux et veiller sur le devenir de deux
œuvres majeures de 1973 : le tableau animé Coucou Bazar et la Closerie
Falbala, vaste installation classée Monument Historique en 1998.
En 2013, l’actualité autour de Dubuffet est riche, avec en premier lieu les
40 ans de sa Fondation – l’une des premières fondations françaises lancée
par l’artiste lui-même. L’autre grand évènement se tiendra à l’automne aux
Arts Décoratifs, avec «Jean Dubuffet - Coucou Bazar» – la précédente
exposition muséale remontant à 2001, avec la rétrospective du centenaire
de l’artiste au Centre Pompidou.
s jeAN dUbUFFet
figure d’arBre, 1968
eStIMAtIoN 250 000 - 350 000 €
jeAN dUbUFFet SUR lA CloSeRIe FAlbAlA, PéRIgNy-SUR-yeRReS © FoNdAtIoN dUbUFFet/AdAgP PARIS 2013
76 FAUBOURG • 19

R egARd SUR
DUBUFFET, EXPOSITIONS ET VENTES
Un maRcHé InTeRnaTIOnal FORT
Sophie Webel, directrice de la Fondation
Dubuffet, observe qu’il est «considéré comme
une valeur sûre» par le marché, avec des
gouaches qui «atteignent le prix des tableaux».
On note un changement d’optique, avec une
valorisation de l’Hourloupe depuis 3-4 ans, au
détriment de certaines séries (les Corps de
Dames de 1950-1951 ou les Portraits de 1947)
qui ont longtemps focalisé l’engouement. Il
en va de même pour des périodes auparavant
moins convoitées comme les Texturologies,
les Matériologies, ainsi que les Mires et les
Non-lieux des années 1980. Hymne à la vie
typique et animée, la série Paris-Circus (1961-
1962) obtient toujours des records, avec
notamment Trinité Champs-Élysées, 1961,
vendu pour 5,1 M US$ en 2006 à New York
chez Sotheby’s, revendu en 2009 pour 6,1 M
US$. Le précédent record remontant à 1990
avec Pèse Cheveu, 1962, 5,1 M US$.
s jeAN dUbUFFet, leS richeS fruitS de l’erreur, 1963
eStIMAtIoN 1 000 000–1 500 000 €
s
jeAN dUbUFFet, PaySage couleur
de Viande cuite, 1949
eStIMAtIoN 600 000 - 800 000 €
des collectionneurs américains. Il est même
le seul artiste français de la seconde moitié
du XX e siècle exposé au MoMA de New
York... Dans les années 1970, son atelier “à
l’américaine” compte jusqu’à quinze ou vingt
assistants, pour l’Hourloupe notamment – un
business model à la Jeff Koons avant l’heure.
Homme d’affaire, expérimenté, il maîtrise
tout pour rester indépendant et financer la
réalisation de son œuvre. Original et novateur,
il aime brouiller les pistes avec des formules à
l’emporte-pièce et des prises de position aussi
abruptes que le personnage, qui décrète : «L’art
est un département des aberrations.» Fasciné
par “la terre et le peuple”, il scrute le désert, le
sable, le sol et la matière, la “pauvreté” de ces
matériaux aux tons terreux, d’où émergent
des formes, puis des personnages, le tout se
combinant comme un puzzle avec l’Hourloupe.
neUF ŒUVReS SIGnIFIcaTIVeS
en VenTe cHez SOTHeby’S
aU PRInTemPS
Quatre d’entre elles proviennent de la
collection de Viviane De Witt. Captivante,
La Mer de Barbe, 1959, huile sur toile
(400 000 - 600 000 €) est une abstraction
gris cendre. Tout est parti d’un échange
épistolaire entre Dubuffet et Georges
Limbour, son ami et “exégète”, et d’un
délire extravagant sur une caricature de
l’empereur romain Marc-Aurèle à la barbe
de plus en plus envahissante... De mai
à novembre 1959, il explorera toutes les
possibilités de la texturologie baroque de
ces barbes à l’expansion sans limite : Barbe
des Dynasties régnantes, Festival de barbes,
Barbes des opportunités manquées...
Ironiquement, la série des Barbes prépare
le cycle des Matériologies, images du
désert et de la vie sans l’homme.
Il y a aussi Paysage vibratile, 1958, gouache et
encre sur collage de papier (40 000-60 000 €),
œuvre mystérieuse en noir et blanc totalement
abstraite et Paysage logologique, 1968, transfert
sur polyester (100 000-150 000 €) comme
un totem tricolore. Et enfin une spectaculaire
Figure d’arbre, 1968, transfert sur polyester
(250 000-350 000 €).
Parmi les autres lots, on note une
intéressante œuvre de la fin des années
1940 au titre décalé, à l’image du sens de
l’humour et de l’absurde de Dubuffet :
Paysage couleur de viande cuite, 1949, huile
sur toile de jute (600 000 - 800 000 €).
Provenant de la Pierre Matisse Gallery
de New York, ce paysage rose comme
un steak est animé de personnages et
de routes fourmillantes. Et pour finir, une
œuvre d’exception issue de l’Hourloupe,
Les Riches Fruits de l’erreur, 1963, huile sur
toile dédicacée à Max Loreau, philosophe,
poète et critique d’art belge, qui a publié
le catalogue raisonné de Dubuffet.
Provenant de sa collection et estimée
1 000 000-1 500 000 €, elle devrait séduire
le marché. N’en déplaise à Dubuffet, qui se
disait rétif au plébiscite : «Je n’aime pas les
veaux gras primés des concours agricoles,
j’aime les vieux loups intraitables»...
• ArT ConTeMPorAin
vente à Paris les 5 & 6 juin 2013 chez Sotheby’s
• « duBuFFeT, SCriPTionS, JArgonS, griBouilliS »
fondation dubuffet, 137 rue de Sèvres 75006 Paris jusqu’au 12 juillet 2013
www.dubuffetfondation.com
• visiter la Closerie Falbala, fondation dubuffet à Périgny-sur-Yerres
val-de-Marne (sur rendez-vous : tél 01 47 34 12 63)
• « duBuFFeT, de lA PeinTure Au MonuMenT »
à l’espace-Musées - Aéroport de roissy - du 1er juin 2013 au 5 janvier 2014
www.espacemusees.com
• « CHAiSSAC-duBuFFeT, de lA PluMe Au PinCeAu »
L’Adresse Musée de la Poste, Paris
du 27 mai au 28 septembre 2013 – Musée de L’Abbaye Ste-croix
Les Sables d’olonne, du 12 octobre 2013 au 26 janvier 2014
• « JeAn duBuFFeT – CouCou BAzAr »
Les Arts décoratifs, Paris, du 24 octobre au 1 er décembre 2013
SeUl aRTISTe FRançaIS eXPOSé
aU moma
Exposé à la galerie Pierre Matisse de New
York, Dubuffet a été reconnu aux états-
Unis dès les années 1950 et soutenu par
ValéRIe De maUlmIn eSt JourNALISte
et crItIQue d’Art à CoNNAiSSANCe deS
ArtS, SPÉcIALISÉe dANS Le MArchÉ de
L’Art et LA crÉAtIoN coNteMPorAINe
20 • 76 FAUBOURG
UNe RePRéSeNtAtIoN de coucou Bazar, 1973 © FoNdAtIoN dUbUFFet/AdAgP PARIS 2013

R e NCo N t R e
ViViane de WItt
s
jeAN-MIChel bASqUIAt
croWn hotel (mona liSa Black
Background), 1982
Estimation 5 000 000–7 000 000 €
l a VIe mU l TIPle D ’ U ne Femme D e l’aRT
PROPOS RecUeIllIS PaR DR PHIlIPP HeRzOG VOn WÜRTTembeRG
s
AlexANdeR CAldeR
loW three featherS, 1967
Estimation 350 000-450 000 €
Commissaire-priseur et collectionneur, Viviane De Witt a su très tôt s’imposer dans le
monde encore masculin des ventes aux enchères. Sa sensibilité féminine ne s’exerce pas
qu’au marteau, collectionner est pour elle un bonheur sans cesse renouvelé qui la mène
toujours plus loin dans ses choix esthétiques. Elle a confié à Sotheby’s un exceptionnel
ensemble d’œuvres de sa collection qui seront mises en vente les 5 et 6 juin prochains (voir
agenda p10-11). Entretien avec cette passionaria du bel objet.
s
AlbeRto gIACoMettI
figurine, 1950-1951
eStIMAtIoN
1 000 000-1 500 000 €
VOUS aVez DébUTé en TanT
qUe cOmmISSaIRe-PRISeUR à
Une éPOqUe Où PeU De FemmeS
embRaSSaIenT ceTTe caRRIèRe .
Au début des années 1980, nous n’étions
que trois femmes dans ce milieu qui leur
était resté interdit à Paris jusqu’en 1978.
C’est en accompagnant mon père aux
ventes publiques dirigées par étienne
Ader au Palais Galliera que ma vocation
est née. Face à mon envie d’embrasser
cette profession, il m’avait expliqué que les
femmes ne pouvaient être commissairepriseur
mais, mais vous savez... à tout rêve,
il n’est rien d’impossible…
VOUS FaITeS PaRTIe
D’Une ImPORTanTe FamIlle De
cOllecTIOnneURS,
qUe cOllecTIOnnez-VOUS ?
J’ai eu plusieurs passions, les tabatières
chinoises à une période où personne ne
s’y intéressait, sur lesquelles j’ai d’ailleurs
publié un livre en 1980 ; le mobilier XVIII e
siècle aussi et puis, un jour, j’ai compris que
ce n’était pas ce que j’aimais. Je me suis
alors prise de passion pour l’art africain,
l’art moderne et l’art déco qui me fascinent
toujours autant. J’ai d’ailleurs écrit un livre
sur Jules et André Leleu. J’ai aussi une
grande attirance pour les bijoux que je
collectionne avant tout comme des objets
et deux de mes livres ont été consacrés aux
joailliers Sterlé et Marina Bulgari.
eT aUJOURD’HUI ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes artistes
que j’ai envie d’acheter. Revendre, dans cette
optique, des pièces consacrées me permettra de
les collectionner. C’est ce qui m’amuse le plus.
VOTRe nOUVelle aVenTURe en
TanT qUe DIRecTRIce-GénéRale
DeS mOnTReS De WITT eST DOnc
TOUT à FaIT cOHéRenTe aVec VOS
PaSSIOnS SUcceSSIVeS, n’eST-ce PaS ?
Cela n’a rien d’extravagant, en effet, car
ce sont des montres à mouvement de
haute horlogerie qui n’ont rien à voir
avec l’horlogerie industrielle. C’est une
© OLIVIER VOGELSANG
aventure mêlant création esthétique et
haute technicité, et tout cela est vraiment
passionnant car une montre peut être
une création tout comme un bijou, une
sculpture ou un tableau peuvent l’être.
aUJOURD’HUI, DanS qUel bUT
VenDez-VOUS ?
Je vends pour plusieurs raisons. J’ai
effectivement très envie de refaire une
collection de jeunes artistes et de ne pas
m’en tenir à ce qui est consacré uniquement,
car c’est toujours amusant de revenir à la
source. Je veux aussi ré-exercer mon œil et
mon goût pour voir si, au fil des années, j’ai
eu raison dans mes choix. C’est un exercice
de connaissance de soi et de confrontation
avec le goût de l’époque, une façon de
rester dans son temps. En ce moment, par
exemple, j’achète de l’art sud-américain
et de l’art chinois, notamment des dessins
préparatoires de l’épopée de Mao.
aImez-VOUS RencOnTReR leS
aRTISTeS cOnTemPORaInS DOnT
VOUS cOllecTIOnnez leS OeUVReS ?
Oui ! Pour moi l’artiste est quelqu’un qui
met ses tripes à l’air et qui vous permet
d’accéder à son art et à sa sensibilité, il vous
transporte. J’aime les rencontrer plusieurs
fois, discuter avec eux et les écouter. Selon
moi, il y a deux sortes d’artistes, celui qui est
fermé et revêche et celui qui communique.
J’étais très amie avec César, c’était un
grand communiquant !
VOUS aVez aUSSI Un PROJeT
De mUSée en FRance…
C’est venu d’une conversation avec mon
petit-fils à propos de ma vie dans les années
1950 et qui devant mes explications, m’a dit :
« Pour moi, tu viens de la planète Mars ».
J’ai été frappée, car toute cette vie, qui est
encore très proche, est inconnue des jeunes
d’aujourd’hui. Les objets usuels de cette
époque ne peuvent intéresser que les gens
qui ont vu le geste derrière l’outil… Ce geste
étant perdu, j’ai réfléchi à la façon dont j’allais
continuer à collectionner l’art populaire et à
retracer, avec ces objets, la vie des Français.
Pour cela, je suis secondée par un historien.
J’ai racheté quelques musées de province qui
allaient disparaître et j’ai acquis toutes sortes
d’objets. Après quatre ans de préparation, nous
commençons la construction de ce musée en
Seine-et-Marne. J’espère que les anciens y
retrouveront la saveur de leur jeunesse, mais
surtout que les jeunes découvriront comment
ont vécu leurs grands-parents et arrièregrands-parents.
C’est très amusant. Vous avez
compris que je ne m’ennuyais jamais !
DR PHIlIPP HeRzOG VOn
WÜRTTembeRG eSt chAIrMAN
SotheBY’S euroPe et dIrecteur
GÉNÉrAL SotheBY’S ALLeMAGNe
76 FAUBOURG • 23

L’INVITé INATTENDU PEgUy LUyINDULA
PROPOS RecUeIllIS PaR maRGUeRITe De SabRan
Peguy Luyindula, né à Kinshasa, est un footballeur professionnel. Après avoir évolué notamment dans les équipes de Lyon,
de Marseille et du Paris-Saint Germain, avoir été plusieurs fois sélectionné en équipe de France, il est aujourd’hui l’avantcentre
des Red Bulls de New York. Il évoque ici sa passion pour les objets d’art africains et la constitution de sa collection.
mdS : Il s’agit donc d’une passion familiale ?
PL : Oui, mon grand-père en a été l’initiateur
et c’est assez extraordinaire. Il vivait à
Kinshasa à une époque où collectionner
ces objets « chargés » était très rare pour
un Africain. À vrai dire, sa passion était mal
perçue et il a été courageux de s’y engager.
On lui reprochait de conserver chez lui ces
objets, d’une part parce qu’ils suscitaient la
crainte de ses proches, mais aussi parce qu’en
les sortant de leur contexte traditionnel, il les
désacralisait d’une certaine façon.
mdS : les choses ont-elles été plus faciles
pour votre père qui vivait en France?
dilettante à l’art africain. Il y a six ans, enfin,
j’ai acquis mon premier objet et collectionner
est devenu une passion. J’ai d’abord procédé
par échanges entre collectionneurs, puis je
me suis accordé le temps de visites chez des
marchands, dans des salles de vente… où
nous nous sommes rencontrés il y a deux ans.
s
MASqUe, lWAlWA,
RéPUblIqUe déMoCRAtIqUe
dU CoNgo, hAUt. 30 CM,
ColleCtIoN FRANçoISe
et jeAN CoRlAy
eStIMAtIoN 60 000 - 90 000 €
ARtS d’AFRIqUe et d’oCéANIe
VeNte à PARIS le 18 jUIN
mdS : Restez-vous fidèle, dans votre
collection, aux arts du congo ?
PL : Je suis particulièrement sensible aux arts
provenant de mon pays d’origine, mais pas
exclusivement. Je collectionne aussi des œuvres
issues d’autres pays d’Afrique centrale – les arts du
Gabon et d’Angola surtout –, mais aussi d’Afrique
de l’Ouest, en particulier le Burkina Faso.
mdS : comment choisissez-vous
vos œuvres ? quels sont les critères qui
guident votre collection ?
PL : Mes critères sont avant tout esthétiques.
Pour une question de culture générale, j’aime à
connaître la signification de telle ou telle œuvre
dans son contexte d’origine – surtout pour
pouvoir répondre aux questions de mes enfants !
Mais chez nous, cette signification est toujours
porteuse d’un certain poids, lié à l’histoire, aux
ancêtres, aux croyances. Et je n’aime pas entrer
dans ces discussions. La question du beau a
été lourde à défendre pour mon grand-père.
J’ai la chance de vivre à une époque et dans un
contexte où je peux en être affranchi. J’aime l’art
africain pour ses formes, c’est pour moi l’essentiel.
mdS : Vous avez découvert en « avantpremière
» la collection Françoise et Jean
corlay d’art africain, dont le cœur est le
congo. quelle œuvre vous a le plus séduit ?
MARgUERITE DE SAbRAN :
Peguy luyindula, votre talentueuse carrière
de footballeur international a révélé votre
personnalité. en revanche, votre vie de
collectionneur et votre passion pour l’art
africain sont inconnues du grand public.
Depuis quand avez-vous commencé à vous
intéresser à l’art africain ?
PEgUy LUyINDULA :
En réalité depuis toujours, mais mon rapport
avec ces objets a évolué au fil des années.
Quand j’ai rejoint mon père en France à l’âge
de 2 ans, la maison était remplie d’objets –
certains donnés par mon grand-père luimême
collectionneur, d’autres par mon oncle,
qui était sculpteur sur ivoire. J’en ai d’abord
eu peur, puis à l’adolescence, j’ai été gêné
par leur présence. Je n’aimais pas afficher
auprès de mes copains cette connotation
très africaine. Le jour où elles ont cessé de
me faire peur, j’ai commencé à les aimer.
PL : En réalité, pendant longtemps, pour
respecter le désir de ma mère, n’étaient
exposés aux regards à la maison que les
objets décoratifs. Les objets « sacrés » – les
masques anciens en particulier – étaient
conservés dans une autre pièce. Cependant,
il était beaucoup plus facile pour mon père
vivant en France, même s’il comptait à
l’époque parmi les rares collectionneurs
africains d’art de son continent, d’affirmer son
attrait pour leurs seules qualités esthétiques.
mdS : quand avez-vous commencé
vous-même à collectionner ?
PL : Dès que je suis passé, adolescent, de
la peur à l’admiration. Je suis alors devenu
collectionneur d’abord en me considérant
comme un « héritier ». J’aimais ces objets et
ils m’étaient offerts. Contrairement à mon
père qui adore chiner et est très familier des
salles de vente, j’ai eu longtemps le sentiment
que ma carrière sportive ne me laisserait pas
le temps de me consacrer autrement qu’en
PL : Difficile de faire mon choix entre le masque
kifwebe (Songye) et le masque Lwalwa... Les
deux ont une qualité plastique qui me fascine.
J’aime aussi la finesse de leur trait. Cette beauté
à la fois moderne et harmonieuse.
mdS : comment se passent vos débuts
avec l’équipe des new york Red bulls
après des années au Paris Saint-Germain
et en équipe de France ?
PL : Très bien ! J’ai la chance de faire une
belle carrière et de jouer dans des grands
clubs. J’avais envie d’une nouvelle vie, de
faire découvrir une culture différente à mes
enfants. J’ai été très vite intégré et pour
mon deuxième match avec l’équipe samedi
dernier, nous avons remporté notre première
victoire du championnat ! Et quel plaisir de
vivre à New York et de passer du temps au
Met, qui est de loin mon musée préféré !
maRGUeRITe De SabRan eSt dIrectrIce
du dÉPArteMeNt ArtS d’AfrIQue et
d’ocÉANIe de SotheBY’S frANce.
24 • 76 FAUBOURG
76 FAUBOURG • 25

le choix de nos experts
guillaume cerutti
Président-directeur général de Sotheby’s France
Deputy Chairman Sotheby’s Europe
Marseille et les écrivains
Capitale culturelle de l’Europe cette année,
Marseille méritait qu’un ouvrage explore enfin
les relations passionnées que les plus grands auteurs français ont
entretenues au cours du siècle dernier avec la cité phocéenne. C’est
chose faite avec ce livre de mon ami Rémi Duchêne. On y croise
naturellement des figures attendues comme Antonin Artaud, Marcel
Pagnol, Louis Brauquier, Albert Cohen, Marseillais de naissance ou
d’adoption, et les « voisins » Jean Giono, Guillaume Apollinaire,
René Char et Paul Valéry. Mais également ceux si nombreux qui,
attirés par la Méditerranée ou simplement de passage, ont rêvé,
sont tombés amoureux ou se sont perdus dans les méandres de
Marseille, de son port et de ses quartiers : Blaise Cendrars, Louis
Aragon, André Malraux, Albert Camus, André Gide, Jean Cocteau,
les Surréalistes… Et enfin, ceux qui ont découvert Marseille par les
hasards de leur activité ou de leur vie : Colette lors de ses tournées
de music-hall, Céline à la recherche d’un emploi, Simone de Beauvoir
quand elle eut son premier poste d’enseignante, Jean Genet,
déserteur emprisonné… Un livre enthousiasmant, qui est aussi un
hommage à cette ville fascinante, à laquelle l’auteur voue, comme
moi, une affection et une admiration indéfectibles.
Cécile Verdier
Directrice Europe du département Arts Décoratifs
du XX e siècle & Design, Paris
Eileen Gray
Rares sont les femmes qui jouèrent un rôle dans
l’évolution du design au XX e siècle. L’exposition
que le Centre Pompidou consacre à l’irlandaise Eileen Gray,
parisienne d’adoption dès 1902, permet de revisiter une partie de
son œuvre immense : des secrets de la laque, qu’elle sut percer
avec l’aide des artisans japonais, lui permettant de réaliser des
créations luxueuses destinées à de riches mécènes, aux meubles
fonctionnels en simple bois peint ou en métal, parfois bricolés,
souvent multifonctionnels, en passant par ses projets architecturaux
dont seuls trois furent réalisés, Eileen Gray a bien plus qu’imposé un
style : véritable « tête chercheuse », elle a contribué à révolutionner
la conception de l’ameublement et son rapport à l’architecture.
Le transat réalisé pour le Maharajah d’Indore, version en laque noire
du modèle créé en sycomore pour sa maison de Roquebrune et
présenté au Centre Pompidou, reflète parfaitement sa période de
transition où l’idée du modernisme a fait son chemin, se parant de
laque et de cuir fauve pour ce prince indien.
Eileen Gray, Fauteuil Transat, 1930. Exposition du 20 février au 20 mai 2013
Centre Georges Pompidou, 19 rue Beaubourg - 75004 Paris, France +33 1 44 78 47 99
http://www.centrepompidou.fr/
Julia Girard
Catalogueur senior
au département Photographies, Paris
L’atelier du restaurateur
Dans un atelier baigné de lumière, à la fois sobre et
plein d’objets insolites, travaille l’homme à qui nous
confions des daguerréotypes ayant subi l’épreuve du temps. Entre ses
mains, ils vont recouvrer leur magnificence. On s’imagine l’alchimie
quand il parle de sulfure d’argent, de traitement électrochimique,
ou encore de retrouver une image en dessous d’une couche de
ternissure, mais il s’agit d’interventions extrêmement réfléchies où
la concentration est impérative, l’erreur non permise car la moindre
rayure est irréversible sur les plaques fragiles qui portent les premières
images photographiques. Afin d’éviter des traitements plus poussés,
c’est un travail avant tout préventif, protégeant les daguerréotypes
des agressions physiques et de l’air tout en respectant l’esthétique de
l’époque de leur création. Ainsi étaient mis sous verre sept magnifiques
daguerréotypes représentant des scènes animées d’Alger en 1844,
au verso desquels on pourra découvrir, lors de notre vente de
Photographies le 29 mai, les légendes manuscrites d’époque.
Atelier Etex, Paris - monnierjerome@hotmail.fr
Olivier Fau
Spécialiste au département Art Contemporain, Paris
M-ARCO
C’est en 2009 que Marie-Hélène et Marc Féraud
ont créé le fonds de dotation M-ARCO, dédié
à la promotion de l’art contemporain. M-ARCO
est installé près du port de l’Estaque, dans les anciens abattoirs
de Marseille, un espace de plus de 1 000 m 2 ouvert sur la mer.
L’ exposition inaugurale en 2011 confrontait les œuvres d’Alan
Charlton avec celles de Gérard Traquandi. L’année suivante,
« Nouvelle génération de l’abstraction » réunissait les œuvres
d’artistes internationaux dont Jacob Kassay, Friedrich Kunath,
Oscar Tuazon, Sterling Ruby et Florian Schmidt. Cette année,
du 24 mai jusqu’au mois de septembre, la fondation M-ARCO
accueillera « 5 x 3 », une exposition monographique de François
Morellet qui dresse un panorama de sa création passée et
récente. À la fin de l’année, s’ouvrira une exposition autour de la
génération WEB, avec notamment des œuvres de Lizzie Fitch et
Ryan Trecartin que le grand public a découverts en France l’année
dernière au musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. M-ARCO,
s’impose désormais comme un lieu incontournable à Marseille.
www.m-arco.org / Tél. +33 4 91 96 90 02
Nouvelle génération de l’abstraction, Le Box, Marseille, mai 2012 © D.R.
L’embarcadère des lettres,
Marseille et les écrivains
1900-1950
Rémi Duchêne
Éditions JC Lattès
© Editions Jean-Claude
Lattès, 2013

KALéIDOSCOPE
5
hoMMAGe à roS e LINe BAcou
« PaRleR De ROSelIne bacOU, c’eST PaRleR De DeSSIn » *
c’est sans doute la figure tutélaire
de son grand-père, Gustave fayet,
collectionneur érudit et mécène
renommé, qui a guidé roseline
Bacou vers le monde des arts.
historienne de l’art, grande experte
des dessins anciens et modernes,
conservateur en chef au cabinet
des dessins du musée du Louvre
de 1949 à 1988 et professeur très
appréciée à l’école du Louvre, elle
a su développer sa connaissance
et son expertise tout au long de
sa carrière, tout en jouant un rôle prépondérant dans la donation au Louvre
de collections prestigieuses, comme celles de claude roger-Marx ou d’Ari
redon, fils de l’artiste dont Gustave fayet avait défendu l’œuvre.
Grande spécialiste de redon, elle a été commissaire de la grande
exposition de 1956 à l’orangerie et a rédigé en 1987 un important
ouvrage consacré aux pastels de l’artiste, pérennisant ainsi le lien établi
par son grand-père avec les redon.
2
VENTE D’ART CONTEMPORAIN AU PROFIT DE LA RESTAURATION
DE LA TOUR KEITH HARING
HOPITAL UNIVERSITAIRE NECKER - ENFANTS MALADES
chez Sotheby’s à Paris le 17 avril 2013
1 jeanne Calmont, commissaire-priseur, et hubert loriaux, service clients
2 julia gruen, directrice de la Fondation Keith haring
3 Mireille Faugere, directrice générale de l’Assistance Publique
hôpitaux de Paris, et Serge Morel, directeur de l’hôpital Universitaire
Necker – enfants Malades
4 jérôme de Noirmont
1
6
elle a restauré et entretenu l’abbaye Saint-André à villeneuve-lès-Avignon
(propriété de sa famille) et ses somptueux jardins, ouverts au public. tout
comme son grand-père qui recevait souvent des artistes (on se souvient
entre autres de la célèbre soirée de 1915 où redon au piano et fayet au
violon jouaient un morceau de Schumann), roseline Bacou réunissait ses
amis tels cy twombly, Andrée Bernheim ou encore André Putman.
La passion, la connaissance et l’engagement de cette femme extraordinaire ont
influencé toute une génération d’experts, de conservateurs et d’historiens de l’art.
elle mérite aujourd’hui l’hommage de ses pairs et de tous les amoureux des arts.
ANdrew StrAuSS
*Michel Laclotte, Président-directeur honoraire du musée du Louvre, Hommage au dessin,
Mélanges offerts à roseline Bacou, 1996, p. 1
5 M. le président Valery giscard d’estaing et Anne heilbronn,
vice-présidente de Sotheby’s France lors de l’exposition
de la bibliothèque des ducs de luynes, château de dampierre
6 Charles Pépin, signature de son livre quand la beauté nous sauve
7 jean-Michel hoppan, ingénieur d’études au CNRS, Conférence,
Collection barbier Mueller, mars 2013
8 Catherine deneuve, art impressionniste & moderne, janvier 2013
3
7 8
4

S otheby’S e S t AUSSI...
C o N t ACt S
...à lIlle
PASCALE bOMy
coNSuLtANte SotheBY’S Pour LA rÉGIoN Nord
Dévoiler des œuvres d’une région française…
de la découverte de l’œuvre jusqu’au coup de marteau, c’est à
chaque fois une nouvelle histoire qui se raconte et se transmet en
collaboration avec toute l’équipe d’un département de notre Maison.
La réactivité, l’excitation de la découverte, l’expertise exigeante
et la pertinence du conseil sont les clés des liens de proximité et de confiance que je tisse au quotidien
avec mes clients collectionneurs.
c’est pour moi un grand plaisir de vous dévoiler deux œuvres remarquables, conservées depuis plus
d’un siècle dans ma région parmi les trésors de collectionneurs privés.
SOTHEBY’S FRANCE
Guillaume cerutti
Président-directeur général
Deputy Chairman Sotheby’s Europe
Princesse de beauvau craon
Présidente d’honneur
Grégoire billault
cyrille cohen
anne Heilbronn
Pierre mothes
andrew Strauss
Vice-présidents
mark Grol
Directeur général délégué
Jeremy Durack
Secrétaire général
ART IMPRESSIONNISTE & MODERNE
Thomas bompard
andrew Strauss
+33 (0)1 53 05 52 59
ART CONTEMPORAIN
Stefano moreni
+33 (0)1 53 05 53 61
TABLEAUX & DESSINS ANCIENS
Pierre etienne
+33 (0)1 53 05 53 94
TABLEAUX ET DESSINS
DU XIX e SIÈCLE & ORIENTALISTES
Pascale Pavageau
+33 (0)1 53 05 53 10
ART RUSSE
nathalie beras
+33 (0)1 53 05 53 27
MOBILIER FRANÇAIS DU XVIII e SIÈCLE
brice Foisil
Patrick leperlier
+33 (0)1 53 05 52 78
SCULPTURES ET OBJETS D’ART
Ulrike Goetz
+33 (0)1 53 05 53 64
ORFÈVRERIE
Thierry de lachaise
+33 (0)1 53 05 53 21
JOAILLERIE
Gabriella mantegani
claire de Truchis-lauriston
+33 (0)1 53 05 53 37/52 37
ARTS DÉCORATIFS DU XX e SIÈCLE
& DESIGN
cécile Verdier
+33 (0)1 53 05 52 81
LIVRES ET MANUSCRITS
anne Heilbronn
+33 (0)1 53 05 53 19
PHOTOGRAPHIES
Simone Klein
+33 (0)1 53 05 52 41
ARTS D’AFRIQUE ET D’OCÉANIE
marguerite de Sabran
Patrick caput (consultant)
+33 (0)1 53 05 53 39
ARTS D’ASIE
caroline Schulten
Philippe Delalande (consultant)
+33 (0)1 53 05 53 16
AUTRES DOMAINES DE COLLECTION
caroline bessière
+33 (0)1 53 05 52 84
SERVICE DE PRESSE
Sophie Dufresne
+33 (0)1 53 05 53 66
DÉVELOPPEMENT ET COLLECTIONS
Pierre mothes
+33 (0)1 53 05 53 80
INVENTAIRES
Stéphanie Denizet
+33 (0)1 53 05 53 78
SERVICE CLIENTS
Dominique Doucet
+33 (0)1 53 05 53 74
BUREAU DES ENCHÈRES
Hubert loriaux
+33 (0)1 53 05 53 34
ABONNEMENTS AUX CATALOGUES
+44 (0)20 7293 5000
Fax +44 (0)20 7293 6555
cataloguesales@sothebys.com
CONSULTANTS RÉGIONAUX
AQUITAINE
alain de baritault
+33 (0)5 56 58 72 04
BRETAGNE-PAYS DE LA LOIRE
François d’Hautpoul
+33 (0)2 40 69 14 89
EST
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+33 (0)3 88 60 00 61
LANGUEDOC-ROUSSILLON
béatrice Viennet
+33 (0)4 67 24 95 72
MIDI-PYRÉNÉES
Florence Grassignoux
+33 (0)6 87 40 99 91
NORD-PICARDIE
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+33 (0)6 07 60 79 62
ÎLE-DE-FRANCE
anne de lacretelle
+33 (0)1 45 48 44 57
anne Giscard d’estaing
+33 (0)6 80 04 40 45
PROVENCE
Florence Vidal
+33 (0)4 91 48 65 59
RHÔNE-ALPES
Robert du marais
+33 (0)6 08 84 19 49
SOTHEBY’S MONACO
mark armstrong
Douglas Walker
+377 9330 8880
SOTHEBY’S BELGIQUE
monique bréhier
+32 2 648 0080
SOTHEBY’S ITALIE
claudia Dwek
Filippo lotti
+39 02 295 001
SOTHEBY’S PAYS-BAS
eveline van Oirschot
albertine Verlinde
+31 20 550 2200
Le Bal de tivoli de watteau de Lille, exquise et joyeuse scène galante du xvIII e siècle, avec des couples
dont on croit deviner les tendres mots chuchotés en secret. et L’Arche de Noé de Jacob Savery le
Jeune, œuvre flamande du xvII e siècle, vivante et pétillante représentation de cette célèbre scène.
ces deux tableaux susciteront sûrement l’intérêt des amateurs et voyageront dans leur imaginaire
jusqu’à la date de la vente de tableaux Anciens du 27 juin.
s FRANçoIS WAtteAU de lIlle
(1758-1823) le Bal de tiVoli
eStIMAtIoN 100 000 - 150 000 €
Adresses e-mail chez Sotheby’s : prénom.nom@sothebys.com
agrément n°2001–002 du 25 octobre 2001 – responsabLe de La pubLication : NAthAlIe PetIt directeur artistique : eRI KoIzUMI correctrice : doMINIqUe ChoFFel
photographes : © ARt dIgItAl StUdIo/Sotheby’S © SeRge lAbRUNIe © lAUReNCe jARRoUSSe © PhIlIPPe SeRVeNt © MIChA PAtAUlt
photogravure : PRINt Model impression : deCKeRS - SNoeCK
ont participé à ce numéro : Chloé blAIx, PASCAle boMy, gUIllAUMe CeRUttI, jeANNe-MARIe Colé, SoPhIe dUFReSNe, olIVIeR FAU, jUlIA gIRARd, SteFANo MoReNI, CéCIle VeRdIeR
© AdAgP 2013
30 • 76 FAUBOURG 76 FAUBOURG • 31

BIBLIOTHÈQUE DES DUCS DE LUYNES,
CHÂTEAU DE DAMPIERRE – PREMIÈRE PARTIE
PARIS, AVRIL 2013
ESTIMATION 1,2–1,7 MILLIONS €
RÉSULTAT 2,35 MILLIONS €
LES GRANDS COLLECTIONNEURS
EUROPÉENS CHOISISSENT SOTHEBY’S
En privilégiant Sotheby’s, les collectionneurs savent qu’ils bénéficieront d’une mise en scène raffinée
et d’un service sur mesure leur garantissant les meilleurs résultats pour chacune de leurs œuvres.
COLLECTIONS PRIVÉES EUROPÉENNES
RENSEIGNEMENTS: PARIS +33 1 53 05 53 98 | LONDRES +44 20 7293 5052 | MILAN +39 02 2950 0254
FRANCFORT +49 69 740 787 | ZURICH +41 44 226 22 00 | GENÈVE +41 22 908 48 00 | SOTHEBYS.COM