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ITEM 38 Puberte normale et patholgique

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Puberté <strong>normale</strong> <strong>et</strong> pathologique<br />

Item <strong>38</strong><br />

S. SOSKIN<br />

La puberté est l’ensemble du processus perm<strong>et</strong>tant l’acquisition des caractères sexuels<br />

secondaires, de la taille finale puis de la fonction de reproduction.<br />

Il est important de bien connaître la puberté <strong>normale</strong> <strong>et</strong> ses variantes afin de repérer<br />

toute anomalie : précocité ou r<strong>et</strong>ard pubertaire, qui sera à explorer voire à traiter.<br />

I.PUBERTE NORMALE<br />

PHYSIOLOGIE DE LA PUBERTE<br />

Sous l’influence de LHRH d’origine hypothalamique, les gonadotrophines LH <strong>et</strong> FSH<br />

augmentent faiblement dans le sang au cours des deux années précédant la puberté.<br />

Après 10 ans chez la fille <strong>et</strong> 12 ans chez le garçon, FSH puis LH augmentent<br />

fortement. Contemporaine de l’augmentation de FSH, on observe une élévation de<br />

l’oestradiol (OII) ou de la testostérone (T).<br />

Chez l’homme, il existe un rétrocontrôle négatif entre les stéroïdes sexuels (T) <strong>et</strong><br />

l’hypophyse ou l’hypothalamus. Chez la femme, les choses sont plus complexes, avec<br />

un rétrocontrôle négatif <strong>et</strong> positif. En milieu de cycle, la montée de OII provoque un<br />

pic de FSH <strong>et</strong> de LH entraînant l’ovulation. Dans la deuxième moitié du cycle la<br />

montée de la progestérone provoque une baisse de FSH <strong>et</strong> de LH (rétrocontrôle<br />

négatif).<br />

SEQUENCES D’APPARITION DES CARACTERES SEXUELS SECONDAIRES<br />

Une grand variabilité dans les séquences <strong>et</strong> les âges d’apparition des différents<br />

caractères sexuels est observée. R<strong>et</strong>enons qu’avant l’âge de 8 ans (fille) <strong>et</strong> 10 ans<br />

(garçon) on parle de puberté précoce <strong>et</strong> après 13 ans (fille) <strong>et</strong> 14 ans (garçon) on parle<br />

de puberté tardive.<br />

1.Chez la fille<br />

C’est l’apparition du bourgeon mammaire précédée ou suivie de quelques mois par la<br />

pilosité pubienne qui est le meilleur repère du début de la puberté.<br />

La pilosité axillaire est observée 12 à 18 mois après, alors que le développement<br />

mammaire est au stade 3 ou 4. Les règles apparaissent 18 mois à 2 ans après les<br />

premiers signes pubertaires. Les premiers cycles sont anovulatoires.


La moyenne d’âge d’apparition des seins <strong>et</strong> des premiers poils pubiens est de 10,5 ans.<br />

Les règles apparaissent à 13 ans.<br />

Le développement concomitant de l’utérus <strong>et</strong> de l’ovaire peut être suivi par<br />

échographie <strong>et</strong> des tables de mensuration selon l’âge existent.<br />

2.Chez le garçon<br />

C’est l’augmentation du volume testiculaire à 12 ans qui inaugure la puberté, à peu<br />

près contemporaine des premiers signes de modification du scrotum <strong>et</strong> du pénis. La<br />

pilosité axillaire apparaît aux stades 3 ou 4 de la classification (tableau). La pilosité<br />

faciale est encore plus tardive. La mue de la voix survient aux stade 3 ou 4. Une<br />

gynécomastie modérée survient en milieu de puberté.<br />

FILLES<br />

S1 saillie simple du mamelon P1 duv<strong>et</strong> pubien<br />

GARCONS<br />

I.organes génitaux externes<br />

simple duv<strong>et</strong><br />

impubères<br />

P1<br />

S2 bourgeon mammaire<br />

droits<br />

soulèvement du sein<br />

lèvres<br />

<strong>et</strong> de l’aréole<br />

P2 quelques poils<br />

sur les grandes<br />

II.le scrotum se développe<br />

poils noirs à la base<br />

Testicules de longueur<br />

pénis<br />

2,5 cm<br />

verge impubère<br />

P2<br />

du<br />

S3 élargissement de la saillie<br />

denses <strong>et</strong><br />

sein + aréole<br />

P3 poils plus<br />

bouclés<br />

III.scrotum pigmenté<br />

plus longs<br />

testicules entre 3,3<br />

s’étalant vers le pubis<br />

<strong>et</strong> 4 cm<br />

le pénis s’allonge<br />

P3 poils<br />

S4 projection en avant<br />

mais<br />

de l’aréole <strong>et</strong> du mamelon<br />

P4 aspect adulte<br />

moins étendu<br />

IV.forte pigmentation<br />

poils d’aspect adulte<br />

du scrotum<br />

denses<br />

longueur du testicule<br />

entre 4,1 <strong>et</strong> 4,5 cm<br />

augmentation du volume<br />

de la verge<br />

P4<br />

plus<br />

S5 maturité<br />

Seul le mamelon fait<br />

P5 aspect adulte<br />

extension aux<br />

V.maturation adulte<br />

extension face<br />

P5<br />

interne


faces<br />

saillie<br />

cuisses<br />

interne des<br />

MODIFICATION DE LA CROISSANCE ET DE LA MATURATION OSSEUSE<br />

Un ralentissement de croissance dit prépubertaire est observé dans l’année qui précède<br />

le début de puberté. La poussée de croissance commence vers 11 ans chez la fille <strong>et</strong> de<br />

13 ans chez le garçon <strong>et</strong> le pic de croissance est observé en milieu de puberté à 12,5<br />

ans chez la fille <strong>et</strong> 14 ans chez le garçon.<br />

L’étude de l’âge osseux perm<strong>et</strong> de prévoir l’apparition de la puberté. En pratique, on<br />

utilise le plus souvent une radiographie de face de la main gauche <strong>et</strong> l’atlas de<br />

Greulich <strong>et</strong> Pyle. Même si d’autres techniques sont plus sophistiquées c’est la<br />

répétition tous les 6 mois qui perm<strong>et</strong> de suivre l’évolution d’une puberté dans une<br />

situation a<strong>normale</strong>. Les premiers signes de la puberté coïncident généralement avec<br />

l’apparition de sésamoïde du pouce à 11 ans chez la fille <strong>et</strong> 13 ans chez le garçon.<br />

EVOLUTION BIOLOGIQUE<br />

1.Puberté surrénalienne<br />

On observe à partir de 6-7 ans (fille) <strong>et</strong> 8-9 ans (garçon) une élévation plus<br />

significative des androgènes surrénaliens : déhydro-épiandrostérone (DHA) <strong>et</strong> son<br />

sulfate (S DHA) <strong>et</strong> le delta-4 androstènedione dans le sang accompagnée par une<br />

augmentation de leur excrétion urinaire (17 cétostéroïdes). C<strong>et</strong>te augmentation perm<strong>et</strong><br />

l’apparition de la pilosité pubienne. Le rôle de c<strong>et</strong>te puberté surrénalienne est mal<br />

connu.<br />

2.Axe hypothalamo-hypophysaire <strong>et</strong> stéroïdes sexuels<br />

La puberté est marquée par une augmentation progressive de la FSH puis de la LH<br />

plasmatique surtout importante pour c<strong>et</strong>te dernière avec une élévation du rapport<br />

LH/FSH. On observe surtout à la puberté une augmentation en fréquence <strong>et</strong> en<br />

amplitude des pics de LH pendant le sommeil.<br />

En même temps on observe une augmentation de la réponse en LH de l’hypophyse<br />

après stimulation par le LHRH.<br />

Les stéroïdes sexuels essentiellement oestradiol <strong>et</strong> testostérone vont augmenter dans le<br />

sang tout au long de la puberté.


EXPLORATION DE LA PUBERTE<br />

L’ensemble des éléments décrits précédemment participe à l’analyse des anomalies<br />

pubertaires : examen clinique, dosages biologiques, bilan radiologique comportant âge<br />

osseux <strong>et</strong> échographie pelvienne.<br />

-Au plan clinique l’analyse de la courbe de croissance est fondamentale en association<br />

avec le stade pubertaire.<br />

-Au plan biologique, le test de stimulation par le LHRH reste un outil précieux dans<br />

l’exploration d’une anomalie pubertaire.<br />

-Au plan échographique, une hauteur utérine supérieure à 35-36 mm chez la fille signe<br />

un début de puberté.<br />

II. PUBERTE PRECOCE<br />

La puberté précoce est définie par le développement des caractères sexuels avant l’âge<br />

de 8 ans chez la fille <strong>et</strong> à 10 ans chez le garçon. On distingue les pubertés précoces<br />

pathologiques des variantes de la puberté <strong>normale</strong>. Les pubertés précoces<br />

pathologiques peuvent être d’origine centrale (ce sont les pubertés précoces vraies,<br />

secondaires à une activation prématurée de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique)<br />

ou périphérique (ce sont les pseudo-pubertés précoces, secondaires à une production<br />

a<strong>normale</strong> de stéroïdes sexuels, sécrétion d’origine gonadique ou surrénalienne,<br />

indépendante d’une stimulation hypothalamo-hypophysaire).<br />

Dans de rares cas, elle sont périphériques indépendantes des gonadotrophines.<br />

La prise en charge d’un enfant adressé pour puberté précoce doit répondre<br />

successivement à trois questions :<br />

-la puberté est-elle vraiment précoce ou seulement avancée ?<br />

-s’agit-il d’une puberté précoce pathologique ou d’une variante de la puberté<br />

<strong>normale</strong> ?<br />

-en cas de puberté précoce pathologique, est-elle centrale ou périphérique ?<br />

DIAGNOSTIC DE L’ORIGINE D’UNE PUBERTE PRECOCE PATHOLOGIQUE<br />

Chez la fille :<br />

Le motif de consultation est le développement avant l’âge de 8 ans des seins, de la<br />

pilosité sexuelle, de menstruations <strong>et</strong>/ou l’accélération de la vitesse de croissance<br />

staturale. L’association du développement des seins <strong>et</strong> de la pilosité sexuelle est le<br />

motif de consultation le plus fréquent ; il correspond le plus souvent à une puberté<br />

précoce centrale. Cela est confirmé par la réponse des gonadotrophines (LH <strong>et</strong> FSH) à<br />

l’injection de LH-RH (test) avec un rapport pic LH/pic FSH supérieur à 0,6. Lorsqu’il<br />

persiste un doute sur l’origine centrale ou périphérique de la puberté précoce,<br />

l’échotomographie abdomino-pelvienne perm<strong>et</strong> d’avancer en montrant l’absence<br />

d’anomalie ovarienne <strong>et</strong>/ou surrénalienne. Les pubertés précoces périphériques


isosexuelles sont dues à une production a<strong>normale</strong> d’oestrogènes d’origine ovarienne<br />

ou surrénalienne. C<strong>et</strong>te production donne un tableau d’oestrogénisation<br />

(développement des seines, métrorragies). Les tumeurs s’expriment rarement par des<br />

signes d’oestrogénisation au premier plan mais plutôt par un syndrome abdominopelvien.<br />

Les pubertés précoces périphériques hétéro-sexuelles sont dues à une<br />

production a<strong>normale</strong> d’androgènes d’origine ovarienne ou surrénalienne. C<strong>et</strong>te<br />

production donne un tableau d’hyperandrogénie (développement de la pilosité<br />

sexuelle, hirsutisme, augmentation du volume du clitoris). Elle peut venir d’une<br />

tumeur ovarienne ou surrénalienne, mais souvent elle est due à une hyperplasie<br />

congénitale des surrénales à révélation tardive.<br />

Chez le garçon :<br />

Le motif de consultation est un développement avant l’âge de 10 ans de la pilosité<br />

sexuelle <strong>et</strong> d’une augmentation de la taille de la verge, avec survenue d’érections. Le<br />

volume testiculaire est l’élément qui guide vers l’origine centrale ou périphérique de la<br />

puberté précoce. Des dimensions testiculaires pubertaires (supérieures à 3 par 2 cm)<br />

indiquent une origine centrale de la puberté précoce. La réponse des gonadotrophines<br />

(LH <strong>et</strong> FSH) à l’injection (test) de LH-RH est de type pubertaire, avec un pic de LH<br />

supérieur au pic de FSH. Si les dimensions testiculaires sont prépubères (2 par 1 cm),<br />

le taux plasmatique de testostérone guide l’enquête étiologique. S’il est bas (inférieur à<br />

0,5 ng/ml) l’association pilosité sexuelle précoce <strong>et</strong> dimensions testiculaires<br />

prépubères oriente vers un développement prématuré non pathologique de la pilosité<br />

sexuelle. C<strong>et</strong>te situation est rare chez le garçon <strong>et</strong> doit rester un diagnostic d’exclusion.<br />

Si le taux plasmatique de testostérone est supérieur à 0,5 ng/ml, il s’agit d’une puberté<br />

précoce périphérique isosexuelle. La production de testostérone peut être d’origine<br />

testiculaire ou d’origine surrénalienne (avant tout une hyperplasie congénitale des<br />

surrénales à révélation tardive, ou une tumeur corticosurrénalienne). Si c<strong>et</strong>te recherche<br />

est négative alors que le taux plasmatique de testostérone est supérieur à 0,5 ng/ml, il<br />

peut s’agir d’une puberté précoce centrale à son début, vue avant l’augmentation du<br />

volume testiculaire. Les pubertés précoces périphériques hétérosexuelles sont dues à<br />

une production a<strong>normale</strong> d’oestrogènes d’origine testiculaire ou surrénalienne. C<strong>et</strong>te<br />

production donne une gynécomastie. Elle peut venir d’une tumeur testiculaire ou<br />

surrénalienne.<br />

PUBERTES PRECOCES CENTRALES<br />

Elles sont beaucoup plus fréquentes que les pubertés précoces périphériques.<br />

Formes étiologiques.<br />

Le mécanisme qui induit l’activation prématurée de l’axe hypothalamo-hypophysogonadique<br />

est dans presque tous les cas inconnu. Les étiologies des pubertés précoces<br />

centrales ont une répartition différente selon le sexe : elles sont le plus souvent (70 à<br />

80% des cas) idiopathiques chez la fille <strong>et</strong> lésionnelles chez le garçon. Le problème de<br />

l’étiologie de la puberté précoce centrale se pose différemment selon le contexte dans


lequel elle survient. Dans certains cas il est facile de la rapporter à une étiologie soit<br />

parce qu’elle survient chez un enfant traité pour une pathologie connue pour être cause<br />

de puberté précoce centrale (hydrocéphalie, gliome du chiasma, antécédents<br />

d’irradiation crânienne), soit parce qu’elle s’accompagne de signes neurologiques,<br />

oculaire ou cutanés (maladie de Von Recklinghausen) qui orientent d’emblée vers une<br />

étiologie. Mais le plus souvent, la puberté précoce centrale paraît isolée au premier<br />

examen. Une IRM hypophysaire est pratiquée de manière systématique devant toute<br />

puberté précoce centrale. Les deux étiologies les plus fréquentes sont : le gliome des<br />

voies optiques <strong>et</strong> l’hamartome hypothalamique. Lorsque le premier examen<br />

neuroradiologique est normal, le risque de voir se développer ultérieurement une<br />

tumeur semble être nul. En cas de tumeur intracrânienne, les indications<br />

thérapeutiques sont fonction du type <strong>et</strong> de la localisation de celle-ci : exérèse,<br />

radiothérapie, chimiothérapie, ou abstention thérapeutique avec surveillance.<br />

Cf tableau<br />

CLASSIFICATION ETIOLOGIQUE<br />

1-Pubertés précoces vraies ou PP centrales (PPC)<br />

a)idiopathique : ¾ des cas <strong>et</strong> 70% de toutes les PP<br />

b)neurogène : ¼ des cas<br />

-hydrocéphalie ; gliome du chiasme optique ; hamartome de l’hypothalamus ; kyste<br />

arachnoïdien supra-sellaire…<br />

2-Pseudo-puberté précoce (PPP)<br />

a)PPP isosexuelles (morphotype féminin)<br />

-tumeurs sécrétantes essentiellement ovariennes, bénignes ou malignes, ou plus rarement<br />

surrénaliennes. Dans ce cadre existe le syndrome de McCune-Albright, associant une atteinte cutanée, une<br />

dysplasie osseuse <strong>et</strong> des kystes ovariens.<br />

b)PPP hétérosexuelles (syndromes de virilisation)<br />

-hyperplasie congénitale des surrénales <strong>et</strong> plus exceptionnellement tumeurs<br />

sécrétantes d’androgènes, ovariennes ou surrrénaliennes.<br />

3-Symptomatologie isolée<br />

a)prémature thélarche ou développement isolé des seins.<br />

b)Prémature pubarche ou adrénarche : apparition isolée d’une pilosite pubienne<br />

accompagnée parfois de pilosité axillaire ou d’acné.<br />

c)Métrorragie isolée.<br />

Formes évolutives.<br />

Dans les pubertés précoces centrales lésionnelles <strong>et</strong> chez le garçon, le traitement<br />

freinateur est nécessaire. A l’inverse, chez la fille ayant une puberté précoce centrale<br />

idiopathique, l’évolutivité est variable d’un cas à l’autre. Le plus souvent (50 à 60%<br />

des cas), il s’agit d’une forme classique évolutive nécessitant un traitement freinateur<br />

d’emblée. Dans 20 à 30% des cas, il s’agit d’une forme plus évolutive qui ne nécessite


pas de traitement freinateur d’emblée à condition de pouvoir assurer une surveillance<br />

semestrielle. Il y a aussi des formes spontanément régressives (10% des cas).<br />

Traitement.<br />

L’augmentation prématurée de la sécrétion de stéroïdes sexuels accélère la vitesse de<br />

croissance staturale <strong>et</strong> la progression de l’âge osseux. Cela peut induire une soudure<br />

prématurée des cartilages de croissance <strong>et</strong> donc réduire la durée de la croissance,<br />

aboutissant à la réduction de la taille adulte. Les analogues du stimulus<br />

hypothalamique des cellules gonadotropes de l’hypophyse (LH-RH) sont utilisés à<br />

fortes doses pour freiner la sécrétion des gonadotrophines par l’hypophyse. Ce<br />

freinage est dû à l’occupation par la LH-RH administrée du récepteur de l’hypophyse à<br />

la LH-RH endogène. Ils suppriment l’activité hypophyso-gonadique, <strong>et</strong> donc la<br />

sécrétion de stéroïdes sexuels, freinant ainsi la progression de l’âge osseux.<br />

Le ralentissement plus marqué de la maturation osseuse que de la croissance staturale<br />

perm<strong>et</strong> une préservation du potentiel de croissance. A l’arrêt du traitement, le<br />

développement pubertaire reprend. Il n’a pas été rapporté d’eff<strong>et</strong> secondaire à ce<br />

traitement. La fonction de reproduction ne devrait pas être altérée, mais cela demande<br />

à être confirmé avec plus de recul. Du fait de ces éléments <strong>et</strong> du coût élevé des<br />

analogues de la LH-RH, la décision de traitement est à prendre en service spécialisé.<br />

III. RETARD PUBERTAIRE<br />

Le r<strong>et</strong>ard pubertaire est défini par l’absence de développement des caractères sexuels<br />

au-delà de 13 chez la fille <strong>et</strong> de 14 ans chez le garçon. On distingue le r<strong>et</strong>ard pubertaire<br />

pathologique du r<strong>et</strong>ard simple suivi d’un développement pubertaire spontané compl<strong>et</strong>.<br />

Le r<strong>et</strong>ard pubertaire simple est beaucoup plus fréquent chez le garçon que chez la fille.<br />

Le r<strong>et</strong>ard pubertaire pathologique peut être d’origine centrale hypothalamohypophysaire<br />

ou périphérique gonadique. Ce r<strong>et</strong>ard est responsable d’un r<strong>et</strong>ard à<br />

l’accélération de la vitesse de croissance staturale, accélération qui survient<br />

<strong>normale</strong>ment à la puberté. Cela explique que le motif de consultation soit souvent la<br />

p<strong>et</strong>ite taille.<br />

FORMES ETIOLOGIQUES<br />

Les étiologies du r<strong>et</strong>ard pubertaire peuvent être classées en 3 groupes : les anomalies<br />

hypothalamo-hypophysaires, les anomalies gonadiques, <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>ard pubertaire simple.<br />

Anomalies hypothalamo-hypophysaires (hypogonadismes hypogonadotropes) :<br />

absence d’augmentation de FSH <strong>et</strong> LH sous LH-RH. Congénitales : insuffisance<br />

hypophysaire globale ; isolée en gonadotrophines avec ou sans anosmie. Acquises :<br />

tumeurs (crâniopharyngiome, adénome à prolactine) ; irradiation. Fonctionnelles :<br />

affection chronique décompensée, troubles psychologiques (dont anorexie mentale).


Anomalies gonadiques (hypogonadismes hypergonadotropes) taux plasmatiques de<br />

FSH <strong>et</strong> LH élevés.<br />

Fille : congénitales (anomalies des chromosomes sexuels : syndrome de Turner,<br />

dysgénésies gonadiques pures 46XX ou 46XY). Insuffisances ovariennes primitives<br />

acquises : chimiothérapie, irradiation, auto-immunes.<br />

Garçon : congénitales (anomalies des chromosomes sexuels : syndrome de Klinefl<strong>et</strong>er<br />

(47, XXY), dysgénésies gonadiques (45, XX/46, XY), anorchidie, ectopie testiculaire.<br />

Acquise : chimiothérapie, irradiation, infection, torsion, traumatisme.<br />

R<strong>et</strong>ard pubertaire simple.<br />

Les taux plasmatiques de gonadotrophines (FSH <strong>et</strong> LH) sont normaux ou bas dans les<br />

anomalies hypothalamo-hypophysaires <strong>et</strong> dans le r<strong>et</strong>ard pubertaire simple <strong>et</strong> élevés<br />

dans les anomalies gonadiques. C<strong>et</strong>te élévation n’apparaît que lorsque l’âge osseux a<br />

dépassé 11 à 12 ans chez la fille <strong>et</strong> 13 à 14 ans chez le garçon. Ainsi, la mesure de ces<br />

taux perm<strong>et</strong> de distinguer les anomalies gonadiques des autres groupes. Chez le<br />

garçon, l’anomalie testiculaire peut être limitée à la fonction tubulaire<br />

(spermatogénèse) <strong>et</strong> dans ce cadre seule la FSH est élevée alors que la LH est <strong>normale</strong>.<br />

Dans les dysgénésies gonadiques, le r<strong>et</strong>ard pubertaire peut survenir après une<br />

intersexualité diagnostiquée à la naissance. Certains syndromes peuvent donner une<br />

insuffisance testiculaire <strong>et</strong>/ou un déficit en gonadotrophines (syndromes de Prader-<br />

Willi <strong>et</strong> de Laurence-Moon-Bard<strong>et</strong>-Biedl). Le r<strong>et</strong>ard pubertaire peut être dû à des<br />

mutations de gènes responsables de perte de leur fonction. Le syndrome de Morsier-<br />

Kallmann associe un déficit en gonadotrophines <strong>et</strong> une anosmie. Il est caractérisé par<br />

un défaut de migration durant la vie embryonnaire des neurones produisant la LH-RH<br />

<strong>et</strong> des neurones olfactifs. Le déficit congénital en gonadotrophines sans anosmie peut<br />

être dû à une mutation du gène du récepteur à la LH-RH. Une aménorrhée primaire<br />

peut être due à une mutation du récepteur de la FSH.<br />

DIAGNOSTIC CHEZ LE GARCON<br />

S’agit-il d’un r<strong>et</strong>ard pubertaire pathologique ou simple ? Chez le garçon, il s’agit dans<br />

80% des cas d’un r<strong>et</strong>ard pubertaire simple. Cependant, c’est un diagnostic d’exclusion.<br />

Les éléments en faveur de ce diagnostic sont : l’existence de r<strong>et</strong>ards pubertaires<br />

simples dans la famille <strong>et</strong> un taux plasmatique de gonadotrophines non élevé. En eff<strong>et</strong><br />

s’il est élevé, il indique une lésion primitive des deux testicules. Lorsque le taux<br />

plasmatique de gonadotrophines reste bas malgré un âge osseux supérieur à 13 ans,<br />

cela peut correspondre soit à un déficit en gonadotrophines, soit à un r<strong>et</strong>ard pubertaire<br />

simple.<br />

La réponse des gonadotrophines au test à la LH-RH est typiquement discriminante : en<br />

cas de déficit en gonadotrophines, les taux plasmatiques de gonadotrophines sont bas


<strong>et</strong> n’augmentent pas après injection de LH-RH ; en cas de r<strong>et</strong>ard pubertaire simple, ils<br />

augmentent.<br />

Cependant il est souvent difficile, lorsque l’âge osseux est inférieur à 13 ans, de<br />

distinguer un déficit partiel en gonadotrophines d’un r<strong>et</strong>ard pubertaire simple. Des<br />

antécédents d’ectopie testiculaire <strong>et</strong> de micropénis (longueur de la verge inférieure à 3<br />

cm) sont en faveur d’un déficit congénital en gonadotrophines.<br />

La p<strong>et</strong>ite taille est-elle due uniquement au r<strong>et</strong>ard pubertaire ? Le pic de croissance<br />

pubertaire survient en moyenne à l’âge de 14 ans chez le garçon. En cas de r<strong>et</strong>ard<br />

pubertaire, le pic de croissance est r<strong>et</strong>ardé, ce qui induit un changement de couloir de<br />

croissance.<br />

Cela pose deux questions : d’une part celle de ne pas méconnaître une pathologie qui<br />

serait responsable du r<strong>et</strong>ard pubertaire <strong>et</strong> du changement de couloir de croissance ;<br />

d’autre part, une fois une pathologie exclue, de discuter un traitement par la<br />

testostérone. Une pathologie peut en eff<strong>et</strong> s’exprimer à c<strong>et</strong> âge par un ralentissement<br />

statural : malabsorption, déficit en GH idiopathique ou surtout tumoral (en particulier<br />

par crâniopharyngiome) ou beaucoup plus rarement hypercorticisme ou hypothyroïdie<br />

par thyroïdite.<br />

Le changement de couloir de croissance secondaire à un r<strong>et</strong>ard pubertaire pose la<br />

question de savoir s’il y a une indication à évaluer la sécrétion de GH. L’interprétation<br />

des résultats de c<strong>et</strong>te évaluation peut être difficile <strong>et</strong> ce en raison de la fréquence<br />

élevée, dans ce contexte, de déficits transitoires dit « fonctionnels » de la sécrétion de<br />

GH.<br />

DIAGNOSTIC CHEZ LA FILLE<br />

Le r<strong>et</strong>ard pubertaire simple, contrairement au garçon) est exceptionnel. Une cause<br />

organique doit être recherchée dans tous les cas.<br />

Parmi les étiologies, le syndrome de Turner doit être évoqué en priorité, surtout si<br />

l’impubérisme s’associe à un r<strong>et</strong>ard de croissance, car il existe encore de trop<br />

nombreux cas de diagnostics tardifs de Turner.<br />

Le syndrome de Turner associe une anomalie d’un chromosome X, une p<strong>et</strong>ite taille <strong>et</strong><br />

une dysgénésie gonadique. La fréquence de ce syndrome à la conception est de 1,5%<br />

mais, du fait de la fréquence élevée d’avortements spontanés, sa fréquence est de 1<br />

pour 2500 naissances de filles. Il peut s’agir d’une anomalie de nombre (1 seul<br />

chromosome X), d’une mosaïque ou d’une anomalie de structure.<br />

La taille adulte moyenne des filles ayant un syndrome de Turner varie de 142 à 147<br />

cm. Le déficit en taille se constitue de la manière suivante : la vitesse de croissance est<br />

ralentie in utero aboutissant à une réduction de 1 DS des poids <strong>et</strong> taille de naissance ;<br />

<strong>normale</strong> de la naissance à 3 ans, puis diminue progressivement entre 3 <strong>et</strong> 10 ans. Audelà<br />

de l’âge de 10 ans <strong>et</strong> en l’absence de traitement substitutif par les oestrogènes, le<br />

pic de croissance pubertaire normal ne survient pas. On observe alors une croissance<br />

prolongée avec un r<strong>et</strong>ard de soudure des cartilages de croissance. Trois facteurs sont<br />

invoqués à l’origine de la p<strong>et</strong>ite taille : une réduction de la sécrétion de GH, l’anomalie


chromosomique <strong>et</strong> des anomalies du cartilage de croissance. Cependant, la sécrétion<br />

de GH est le plus souvent <strong>normale</strong>.<br />

La dysgénésie gonadique est responsable de l’absence de développement spontané de<br />

la puberté (80% des cas) <strong>et</strong> de la stérilité. Cependant des grossesses sont possibles<br />

dans 2% des cas, tous caryotypes confondus. Les risques d’avortement spontané, de<br />

malformation <strong>et</strong> d’anomalie chromosomique sont élevés. La dysgénésie gonadique<br />

entraîne une augmentation du taux plasmatique des gonadotrophines (FSH <strong>et</strong> LH).<br />

Cependant, ces augmentations ne sont présentes que durant les 2 premières années de<br />

vie <strong>et</strong> après l’âge de 10 à 11 ans. Les organes génitaux internes (vagin <strong>et</strong> utérus) sont<br />

féminins <strong>et</strong> normaux dans la majorité des cas.<br />

Les autres signes sont inconstants :<br />

-lymphoedème des mains <strong>et</strong> des pieds à la naissance, dans le cadre d’un syndrome de<br />

Bonnevie-Ullrich ;<br />

-particularités morphologiques dont les plus fréquentes sont un cou court voire palmé<br />

(pterygium colli), avec une implantation basse des cheveux, un thorax large <strong>et</strong> un<br />

cubitus valgus, des naevus fréquents <strong>et</strong> nombreux ;<br />

-cardiopathies congénitales (en particulier coarctation de l’aorte) ;<br />

-malformations rénales (en particulier rein en fer à cheval).<br />

Les anomalies thyroïdiennes (thyroïdite) ou de la tolérance glucidique (diabète sucré)<br />

sont plus fréquentes chez l filles ayant un syndrome de Turner que dans la population<br />

générale. L’intelligence <strong>et</strong> l’adaptation à la vie d’adulte sont le plus souvent normaux.<br />

Parmi les anomalies observées dans le syndrome de Turner, celles qui constituent<br />

réellement un problème sont la p<strong>et</strong>ite taille <strong>et</strong> la stérilité. Depuis peu, ces enfant<br />

peuvent être traités par GH <strong>et</strong> ce traitement est pris en charge par les caisses primaires<br />

d’assurance maladie. Etant donné que la sécrétion de GH est <strong>normale</strong>, l’efficacité du<br />

traitement pour augmenter la taille adulte est variable. Il semble perm<strong>et</strong>tre un gain de<br />

taille adulte moyen de 5 cm par rapport aux enfants non traités. Cela amène la taille<br />

adulte moyenne autour de 150 cm.<br />

Le traitement substitutif par oestrogènes, puis oestroprogestatifs, perm<strong>et</strong> une<br />

croissance pubertaire <strong>normale</strong>, un développement des seins, puis la survenue de<br />

menstruations. Les modalités de ce traitement sont codifiées. Les parents ont besoins<br />

d’entendre que les organes génitaux sont normaux, perm<strong>et</strong>tant une vie sexuelle<br />

<strong>normale</strong> <strong>et</strong> que le développement pubertaire se fera <strong>normale</strong>ment spontanément ou<br />

grâce à un traitement. Le don d’ovocytes pour fécondation in vitro perm<strong>et</strong> des<br />

grossesses. La prise en charge de ces aléas justifie le diagnostic précoce de syndrome<br />

de Turner, une information claire des parents puis de l’enfant devenu adolescente <strong>et</strong> le<br />

recours à une équipe spécialisée.<br />

INDICATIONS THERAPEUTIQUES<br />

Lorsque le r<strong>et</strong>ard pubertaire survient chez un patient suivi pour une pathologie connue,<br />

il conduit à essayer d’optimiser le traitement de c<strong>et</strong>te pathologie. Lorsque le r<strong>et</strong>ard est<br />

secondaire à une anomalie hypothalamo-hypophysaire ou gonadique, c’est une<br />

indication de traitement substitutif par les stéroïdes sexuels. Le but de ce traitement est<br />

d’induire un gain statural pubertaire, un développement des caractères sexuels<br />

secondaires puis une activité sexuelle adulte <strong>normale</strong>. Il est débuté vers l’âge de 11 à


12 ans chez la fille <strong>et</strong> 13 ans chez le garçon, en tentant compte de la demande de<br />

l’adolescent. Il est mené en trois étapes : d’abord stéroïdes sexuels à faible dose pour<br />

accélérer la vitesse de croissance sans faire progresser de manière excessive la<br />

maturation osseuse ; puis, lorsque la taille adulte est proche ou atteinte, passage à une<br />

dose adulte <strong>et</strong> à un schéma cyclique oestroprogestatif pour induire des règles chez la<br />

fille ; puis lorsqu’il y a souhait de fertilité, <strong>et</strong> que l’anomalie est hypothalamohypophysaire<br />

<strong>et</strong> non gonadique, les stéroïdes sexuels sont remplacés par un traitement<br />

qui a pour objectif d’induire l’ovulation chez la fille <strong>et</strong> de développer les tubes<br />

séminifères chez le garçon. Il peut s’agir d’un analogue de la LH-RH ou de<br />

l’association de hMG(« human menopausic gonadotrophin ») à eff<strong>et</strong> FSH <strong>et</strong> de hCG à<br />

eff<strong>et</strong> LH.<br />

Dans le r<strong>et</strong>ard pubertaire simple, qui touche essentiellement le garçon, le<br />

développement pubertaire se fait de manière complète mais différée. La question se<br />

pose de savoir s’il faut accélérer le développement pubertaire. Dans notre expérience,<br />

la p<strong>et</strong>ite taille <strong>et</strong> l’absence de développement des caractères sexuels sont souvent<br />

difficiles à tolérer sur le plan psychologique après l’âge de 15 ans. Cela est encore plus<br />

marque lorsque le r<strong>et</strong>ard pubertaire survient chez un garçon qui a une p<strong>et</strong>ite taille<br />

constitutionnelle. Parallèlement il a été montré que, à condition d’être utilisée à faible<br />

dose (environ 1/10 e de la dose adulte) <strong>et</strong> selon un schéma défini, le traitement par la ta<br />

testostérone n’induit pas de progression excessive de la maturation osseuse <strong>et</strong> donc pas<br />

de réduction de la taille adulte. De plus, il perm<strong>et</strong> de préserver la minéralisation<br />

osseuse. La décision de traitement par la testostérone dépend du niveau de testostérone<br />

plasmatique. Elle est à prendre dans un service spécialisé.<br />

CONCLUSION<br />

La prise en charge d’un adolescent qui un r<strong>et</strong>ard pubertaire comporte : la recherche<br />

d’une pathologie à l’origine de ce r<strong>et</strong>ard, la prise des décisions thérapeutiques <strong>et</strong><br />

l’information de l’adolescent.<br />

Les étiologies de r<strong>et</strong>ard pubertaire sont dominées chez le garçon, contrairement à ce<br />

que l’on observe chez la fille, par le r<strong>et</strong>ard pubertaire simple. Il reste cependant un<br />

diagnostic d’élimination afin de ne pas méconnaître une cause organique.

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