solidarité - Territoire de Belfort

N o 87 • décembre 2007 / janvier 2008
LE DOSSIER
DE VIVRE LE TERRITOIRE
3 PAGE II
:: Les multiples visages
de la solidarité
3 PAGES III À VIII
::Témoignages
Les multiples visages
de la solidarité

DOSSIER
le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Les multiples visages
de la solidarité
LE SAVIEZ VOUS ?
Solidarité ?
La solidarité, dans son
acception positive, est une
démarche humaniste qui
définit la relation entre des
personnes ayant conscience
d’une communauté d’intérêts.
Quand il y a solidarité, il y a
obligation morale de ne pas
desservir les autres et de leur
porter assistance.
(dictionnaire le Robert)
PRÉCISION
Ce dossier n’a pas pour
ambition de présenter
l’ensemble des associations
caritatives du Territoire
de Belfort mais de donner
quelques exemples
des actions menées par
les bénévoles du Territoire
de Belfort.
La saison hivernale et l’approche des fêtes de fin d’année redonnent généralement un
peu de vigueur aux élans de charité. On s’inquiète de l’autre, on lui vient en aide, on veut
faire plaisir… La solidarité serait-elle saisonnière ?! Pour le Conseil général et pour de
nombreux habitants du Territoire, c’est un engagement de tous les instants. Vivre le
Territoire est allé à la rencontre de ces personnes, bénévoles, qui vivent ou ont vécu la
solidarité au quotidien.
:::: Par sa volonté permanente d’assurer
la protection des intérêts de tous les
habitants du Territoire de Belfort, le
Conseil général a fait de la solidarité le
moteur de son action.
Être à l’écoute de chaque
habitant du Territoire,
prévenir, aider et
soutenir quand les difficultés
se présentent.
Cette ambition mise au service du
« mieux vivre ensemble » est au cœur
II
VIVRE LE TERRITOIRE N°87
« Un certain refus
du “chacun pour soi”»
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT
de l’action menée par la collectivité et
elle est partagée.
Chaque jour, tout au long de l’année, de
nombreux habitants du Territoire s’inscrivent
dans cette logique
de solidarité, de tolérance
et finalement
dans un certain refus du
« chacun pour soi ». Un
état d’esprit, un rapport à
l’autre qui peut s’exprimer simplement
par un regard, un geste simple, une attention
mais aussi par un engagement
plus conséquent.
Vivre le Territoire est allé à la recherche de
ces habitants, de ces bénévoles qui, avec
conviction et persévérance, œuvrent discrètement,
vont au-devant de l’autre avec
curiosité et une soif de partager.
Ils offrent un peu de leur temps, un peu
de leur énergie. Ils aident, encouragent,
épaulent, soutiennent… Jeunes ou
moins jeunes, actifs ou retraités, ils ont
tous un profil, une histoire et des motivations
qui leur sont propres.
Dans une société que l’on définit
comme de plus en plus individualiste
et marquée par l’indifférence et le repli
sur soi, les valeurs de fraternité et de solidarité
trouvent chez ces personnes un
écho qui leur permet de conjuguer au
quotidien cette soif du « mieux vivre
ensemble ».
Par leur engagement, ils nous disent,
avec force et simplicité que la solidarité
est l’affaire de tous. Elle n’est jamais
vaine. :: P.F.

le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Pascal Heck, 38 ans
« Je ne pourrais pas imaginer
ma vie autrement »
Espoir et vie
L’association propose tous les samedis matins des
colis alimentaires aux personnes en grande difficulté.
Elle mise sur un accueil de qualité et un suivi
individuel des bénéficiaires qui doivent, tous les trois
mois, faire le point
de leur situation avec le responsable de l’association.
Les bénévoles sont formés à l’accueil du public en
situation de précarité. « C’est difficile de trouver des
bénévoles qui s’engagent vraiment » regrette le
responsable qui fait de l’accompagnement social un
point d’honneur. Environ 300 personnes s’adressent
chaque mois à Espoir et Vie pour un colis alimentaire.
Accueil
Centre Chrétien
22 rue du Colonel Frisch à Belfort
Tél. 03 84 21 67 84
Colis alimentaires et vêtements
le samedi de 10h à 12h.
Saint-Vincent de Paul
:: C’est primordial d’aider les gens,
c’est comme si je le faisais pour un membre
de ma famille. Pour moi, être pompier
volontaire correspond à une vraie vocation.
C’est un choix de vie qui implique des
sacrifices. Le volontariat, à la différence du
bénévolat, comporte des obligations et des
contraintes. Par exemple, je dois effectuer
des gardes de douze heures en caserne deux
fois par semaine, ce qui m’isole de ma
famille. À la maison, j’ai un bip pour pouvoir
être contacté en cas d’urgence. Sans parler
des heures de formations… Heureusement,
sur le plan professionnel je peux organiser
mes horaires de travail facilement.
En général, ceux qui s’engagent dans le
volontariat chez les pompiers ne restent pas
plus de cinq ans. Ils sont séduits tout d’abord
par le prestige de l’uniforme, puis ils
se rendent vite compte que ce n’est pas
un loisir. Je suis parfois confronté à des
situations très douloureuses, des personnes
qui souffrent, qui pleurent, et qu’il faut
soulager. Les secours à la personne
représentent 70% des interventions. Cela va
de la personne âgée qui a raté une marche,
au jeune en scooter fauché par un camion.
Venir en aide à autrui demande une force
psychologique. Les interventions sur incendie
représentent une part minime de notre
activité. On est loin de cette image
du combattant du feu, ce héros, qui séduit
les jeunes. Certains sont déçus.
Personnellement, je suis pompier volontaire
depuis 20 ans. Je ne pourrais pas imaginer
ma vie autrement. Je me sens vraiment utile.
Lorsqu’une intervention a été
particulièrement traumatisante, nous
en parlons entre nous pour partager nos
émotions et les évacuer. J’apprécie le lien
fraternel qui soude les pompiers volontaires
entre eux. Un dernier conseil pour les jeunes
qui veulent se lancer dans le volontariat :
c’est une expérience formidable sur le plan
humain, mais réfléchissez bien avant
de signer !
Depuis 1838, Saint-Vincent de Paul fait œuvre de
charité à Belfort. L’association compte une quinzaine
de bénévoles et autant de donateurs. Environ 300
personnes s’adressent à l’association chaque mois
pour des colis alimentaires, une aide financière
ponctuelle, des vêtements, de la vaisselle…
En cas d’urgence, Saint-Vincent de Paul est la seule
association de Belfort à faire du portage de repas à
domicile. « Les personnes démunies apportent plus
sur le plan humain que la valeur d’un colis », déclare
la Présidente de l’Association qui souhaite recruter
de nouveaux bénévoles.
Accueil
Le vendredi matin, 7 rue Voltaire à Belfort
(au fond de la cour de la cure St Joseph)
Adresse postale :
159 rue Jean Jaurès - 90 000 Belfort.
Tel. 03 84 26 58 61
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT VIVRE LE TERRITOIRE N°87
III

le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Monique Sarrazin, 65 ans
« La solidarité est un penchant
naturel »
La Croix Rouge
Française
L’association a la particularité d’assurer des
formations aux premiers secours pour tous
ceux qui veulent connaître les gestes qui
sauvent. Elle installe également des postes
de secours lors des manifestations publiques
dans lesquels des secouristes bénévoles
donnent les premiers soins. Deux antennes
locales sont présentes sur le Territoire, à
Belfort et à Giromagny. Elles regroupent
environ quarante-cinq bénévoles, secouristes
compris. L’antenne de Giromagny organise
également quatre fois par an une collecte de
sang pour le compte des Etablissements
Français du Sang. La dernière collecte de
l’année aura lieu le 6 décembre 2007.
Accueil à Belfort : 5 avenue Sarrail
Colis alimentaires et vêtements le mardi de
14h30 à 16h30, et de novembre à avril le jeudi
de 9h à 11h30 et de 13h45 à 16h30.
Tel. 03 84 28 00 48
Accueil à Giromagny : 9 rue des Casernes
Colis alimentaire de produits pérennes
de novembre à avril,
le 3 e mercredi du mois de 14h à 15h30.
Tel. 03 84 29 36 95
:: S’engager dans une action de solidarité
est un acte militant. Celui de défendre des
valeurs qui permettent à notre société de
mieux vivre. J’ai toujours pensé qu’en chacun
d’entre nous sommeille la générosité,
la volonté d’aller vers les autres, d’apporter
son expérience et ses compétences. Certains
n’ont simplement pas appris à le faire !
J’ai commencé ma carrière professionnelle
en tant qu’institutrice, c’est pourquoi je suis
très attachée à l’éducation. Dès cette époque,
je me suis rendu compte que l’école de la vie
nécessitait un apprentissage de qualité, que
les enfants ne devaient pas découvrir seuls
les dangers qui les entourent. Savez-vous
que les accidents domestiques font 20 000
morts par an en France ? Ce chiffre dépasse
de loin les accidents de la route. Moi, j’ai été
accidentellement brûlée à 3 ans. C’est peutêtre
pour cela que je me suis engagée
comme bénévole dans une association de
prévention des accidents de la vie courante.
Tous les jours, je constate qu’il y a un énorme
travail d’éducation à faire. Récemment, j’ai vu
deux enfants rouler à vélo dans une voie
de bus en sens inverse ! J’étais hors de moi !
Bien sûr, prendre des risques fait partie de la
construction des individus, à condition d’en
connaître les conséquences. C’est une
question de discernement. En tant que
bénévole, j’interviens à la demande
des écoles et des collèges pour sensibiliser
les enfants. En fonction de l’âge, j’utilise
des films, des témoignages. J’organise aussi
des conférences avec des adultes ou des
personnes âgées. J’essaie de leur rappeler le
bon sens. Est-ce raisonnable d’aller chercher
un livre tout en haut de la bibliothèque en
montant sur une chaise pliante ? Quand
l’accident arrive, il est trop tard... Je n’ai pas
de statistiques, mais je suis persuadée
qu’une de mes interventions a permis, ou
permettra, à quelqu’un d’éviter l’accident.
À cette seule pensée, je sais que je fais mon
devoir de citoyenne solidaire.
IV
VIVRE LE TERRITOIRE N°87
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT

le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Michel Grimont, 72 ans
« C’est dans ma nature d’aider
autrui »
:: Être solidaire, c’est se préoccuper des
problèmes des autres, tout simplement. Moi,
j’ai commencé par soutenir mes camarades
L’Armée du Salut
d’ALSTOM. Pendant 17 ans, j’ai assuré le rôle
de délégué du personnel. Puis j’ai quitté mon
emploi de dessinateur industriel pour me
consacrer au syndicalisme jusqu’à devenir
juge aux Prud’hommes. À l’époque, nous
menions davantage de luttes, nous étions plus
investis, plus actifs qu’aujourd’hui. Ça se perd
un peu, mais il y a tellement d’autres combats.
J’en ai rejoint certains. D’abord celui des
droits de l’homme. Pendant 10 ans, j’ai été
Président de la section départementale
de la Ligue. Aujourd’hui je suis encore viceprésident
et j’interviens auprès de la
Protection juridique de la jeunesse à
Montbéliard. La vie m’a ensuite confronté au
SIDA. En 1990, un jeune vient se confier à moi
et me demander de l’aide. Il est séropositif.
Je ne connaissais rien de cette maladie qui
venait de faire son apparition, mais je tombe
au même moment sur une annonce de
l’association AIDES, à la recherche de
bénévoles. Je décide d’y devenir un membre
actif. Aujourd’hui je le suis toujours.
C’est dans ma nature d’aider autrui. On devrait
tous prendre soin les uns des autres.
Aujourd’hui je suis prêtre, j’ai été ordonné
à l’âge de 55 ans. Avec le recul, je me rends
compte que j’ai consacré ma vie à aider mon
prochain. C’est une vraie richesse.
La fondation Armée du Salut du Territoire de Belfort assure l’accueil et l’hébergement d’urgence
de personnes en difficulté et/ou sans abri. Plateforme d’urgence sociale, l’Espace Colbert
à Belfort leur offre un dépannage alimentaire, une laverie, une douche, les services d’une
infirmière et d’un psychologue ainsi qu’un suivi personnalisé avec une aide au montage
de dossiers pour les demandes de Revenu minimum d’insertion, Fonds solidarité logement
ou encore de Couverture maladie universelle. La fondation assure également la gestion de
90 places en hébergement d’urgence ou temporaire. En 2006, près de 4700 personnes ont été
reçues en accueil de jour et près de 2500 en accueil de nuit. Par ailleurs, la fondation Armée
du Salut propose un service de repas au Centre d’hébergement et restaurant social
« le Carré d’As » à Belfort pour une participation maximum de 2 euros. Pour joindre
la plateforme d’urgence sociale, faire le 115.
Accueil de jour :
7 rue Colbert, 90000 Belfort
Hébergement temporaire :
11 rue Legrand, 90000 Belfort
Accueil de nuit :
3 rue Heim, 90000 Belfort
CHRS « le carré d’As » :
3 rue de l’As de Carreau, 90000 Belfort
Françoise Klingelschmitt, 66 ans
« Apporter une
écoute et un soutien
aux enfants et à
leurs parents »
:: Rencontrer des gens, découvrir leur vie,
leur culture, voilà ce qui passionne l’équipe de
bénévoles du Secours catholique qui assure
l’accompagnement scolaire. J’ai longtemps
animé la catéchèse puis une fois à la retraite,
j’ai intégré l’association. Il y a sept ans
maintenant. Au départ, comme j’étais très
prise, je suivais une seule famille et assurais
quelques travaux de secrétariat. Aujourd’hui
je suis responsable de la section accompagnement
scolaire. Elle compte 35 à 40
bénévoles. Nous apportons notre aide à un peu
plus de 65 enfants. Il ne s’agit pas ici d’une
simple aide aux devoirs. C'est-à-dire que nous
intervenons au domicile de la famille en
présence de l’enfant et de l’un des deux
parents. Notre rôle est de leur permettre
d’acquérir un maximum d’autonomie,
d’enrichir les connaissances de l’enfant et de
renforcer les facultés d’éducation des parents
en les écoutant, les encourageant et en leur
redonnant confiance. Ces familles que notre
société de consommation entraîne dans
la détresse souhaitent simplement que leurs
enfants réussissent. Nous ne sommes ni
des enseignants, ni des assistants-sociaux,
ni des psychologues, mais nous leur apportons
une écoute et un soutien qui parfois fait
la différence.
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT VIVRE LE TERRITOIRE N°87
V

le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Christine Brand, 48 ans
« Ensemble, l’espoir renaît »
:: Je suis devenue bénévole parce que j’ai
beaucoup reçu des autres moi-même. Ma
fille est atteinte du syndrome de Moebius,
une maladie orpheline très rare qui paralyse
le visage. Lorsqu’elle a été diagnostiquée,
mon mari et moi étions seuls face à nos
questions. Et puis l’inconnu fait peur. Au
début, certains voisins ne nous parlaient
Secours catholique
plus. Alors nous avons décidé d’aller vers
les autres pour lever les tabous. J’ai rencontré
d’autres familles en France concernées par
ce syndrome, réunies dans une association.
Ensemble, nous avons parlé d’avenir, d’école,
de soins médicaux, et de tous les « petits
trucs » qui permettent à nos enfants de vivre
au quotidien plus facilement. Ma fille m’a
même remercié de lui avoir montré
des enfants comme elle. Ce soutien
psychologique est fondamental. Là, l’espoir
renaît. Aujourd’hui je suis vice-présidente
de cette association. Je donne à tous ceux
qui me contactent ce que j’ai reçu moi-même :
un soutien moral, de l’écoute, des conseils…
Mais je ne m’arrête pas là ! Je fais partie du
comité des fêtes de Danjoutin où j’habite,
et je préside l’association de quartier. Plus
aucun voisin n’a peur de nous parler ! Parce
qu’il n’y a pas que la maladie de ma fille,
j’ai aussi organisé cinq ans de suite une
manifestation pour le Téléthon. Et cette
année je suis chargée de toute l’organisation
départementale ! En m’impliquant autant
pour les autres, je constate que les gens sont
beaucoup plus solidaires qu’on ne le croit.
Moi, aller vers les autres me donne de
l’énergie, c’est mon carburant pour avancer
dans la vie, en particulier dans les moments
les plus difficiles. La solidarité, c’est
un partage, et le partage, ce n’est que
du bonheur !
Les 250 bénévoles du Secours catholique dans le Territoire de Belfort aident et
accompagnent les personnes touchées par la pauvreté, l’endettement ou encore
l’isolement. Qu’il s’agisse d’aide financière, alimentaire, vestimentaire ou à l’insertion,
l’association apporte son écoute et son soutien tout en incitant les personnes à
retrouver confiance en elles pour ensuite s’assumer et reprendre leur vie en main.
Les activités du Secours Catholique sont nombreuses et vont de l’animation d’ateliers
de formation à la langue française, à l’accompagnement au retour à l’activité en
passant par l’aide scolaire, l’animation d’ateliers créatifs et conviviaux ou encore
l’organisation de voyages. En cette période de fêtes, l’association assurera une vente
de jouets d’occasion les 7 et 8 décembre et son habituelle veillée de Noël.
Accueil à Belfort : 10 rue Michelet, 90000 Belfort
Accueil à Giromagny : 1 rue de l’Eglise, 90200 Giromagny
Accueil à Delle : 7 bis rue St-Nicolas, 90100 Delle
Aide financière d’urgence, tickets services, accueil et accompagnement.
Gorkï Anatoli, 65 ans
« La générosité
n’est pas vaine »
:: Ma femme et moi sommes arrivés à Belfort il y
a sept ans, en tant que réfugiés politiques. Nous
venions de Slavgorod, dans la région de l’Altaï en
Sibérie du Sud. Nous avons été hébergés dans
un centre d’accueil. C’est là que quelqu’un nous
a parlé du Secours populaire. À l’époque, nous
n’avions vraiment rien : ni de quoi manger, ni
assez de vêtements, et nous ne parlions même
pas le Français ! Les bénévoles que nous avons
rencontrés ont été formidables. Grâce à leur
soutien, leur écoute, nous avons rencontré
d’autres familles russes dans le même cas que
nous. En témoignage de notre gratitude, nous
avons écrit une lettre de remerciement que nous
avons tous signée. C’était important pour nous
de faire savoir que la générosité de ces personnes
n’est pas vaine. D’ailleurs, cette solidarité m’a
permis de trouver un emploi. Même si ce travail
n’avait rien à voir avec ma formation de
professeur d’histoire géographie, j’étais fier de
pouvoir subvenir aux besoins de ma famille.
Ce qui m’a beaucoup touché ici, c’est la
reconnaissance du droit à la culture et aux loisirs
pour tous. L’urgence est souvent de subvenir aux
besoins vitaux, comme manger, s’habiller, être
propre et trouver un abri. Ensuite, il faut aussi
penser à sa tête ! Moi, j’apprends le français grâce
aux livres d’occasion que donnent les gens aux
associations caritatives. Pour les vacances les
bénévoles sont aussi là. Ils surveillent les
calendriers de réservations pour dénicher
la meilleure offre accessible aux personnes
en difficulté financière. Seuls, nous ne pourrions
pas faire ce travail de veille, il nous faudrait un
ordinateur et Internet ! Avec ce système, ma
femme et moi sommes partis plusieurs fois
au bord de la mer. Ce sont des moments très
importants. Au retour, vis-à-vis des autres,
on se sent moins exclus.
VI
VIVRE LE TERRITOIRE N°87
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT

le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Les Restos du Cœur
Initiés par Coluche, les restos du cœur distribuent colis alimentaires et repas chauds
aux plus démunis. Dans le Territoire de Belfort, l’association compte 5 antennes
réparties à Belfort, Delle, Beaucourt et Giromagny. Le camion « Restos du cœur »
couvre le reste du département. L’association compte un resto bébé dont la
spécificité est de distribuer couches, laits et petits pots aux tout-petits. Elle propose
également une distribution de vêtements, une bibliothèque dans le quartier des
Glacis à Belfort et met en place, cette année, un atelier d’alphabétisation
à Beaucourt. Plus de 200 bénévoles oeuvrent actuellement dans le département.
Plus de 200 000 repas ont été distribués lors de la saison hivernale 2006-2007,
soit environ 2100 personnes accueillies par les Restos du cœur dans le Territoire
de Belfort.
Accueil à Belfort : 8 rue de la Paix ou 5 rue de Berne, 90000 Belfort
Accueil à Delle : Maison des loisirs, rue de la Libération, 90100 Delle
Accueil à Beaucourt : Impasse du Châtelet, 90500 Beaucourt
Accueil à Giromagny : Place des Commandos d’Afrique, 90200 Giromagny
Aide alimentaire, resto bébé, aide vestimentaire ponctuelle.
Lise Besançon, 27 ans
« Nous apprenons
tout autant que
les autres apprennent
de nous »
Nicolas Masson, 40 ans
« Les gens sont prêts à donner
d’eux-mêmes »
:: Au sein de la Communauté Emmaüs, ce
sont les Compagnons (personnes sans abri
accueillies, ndlr) qui génèrent de la solidarité.
Le travail de ramassage, de restauration,
de réparation et de vente des objets permet
de faire vivre la Communauté mais aussi de
dégager près de 80200 euros par an qui sont
destinés à aider localement des familles à
s’installer mais également, au niveau
international, à soutenir financièrement
une communauté Emmaüs dans la ville
de Mendoza en Argentine. C’est une
communauté que nous parrainons depuis
plus de 15 ans. Chaque année, nous
effectuons près de 6000 ramassages dans
le Territoire de Belfort et le Haut-Rhin et ce
sont près de 8000 dépôts qui nous sont faits
de donateurs. La Communauté n’est souvent
connue que pour ses actions de ramassage
et de vente alors que derrière tout cela, il y a
une véritable aide apportée à des personnes
confrontées à des situations difficiles. Nous
les accueillons dans un lieu de vie et les
faisons entrer dans une dynamique de
travail. Une assistante sociale est également
à leur écoute et les accompagne dans leurs
démarches. La Communauté accueille 47
personnes. Certains y passent quelques jours
et d’autres quelques années. Actuellement,
la plus jeune a 21 ans et la plus âgée a 75 ans.
Ce qui est inquiétant c’est que nous
accueillons de plus en plus de jeunes.
Il n’y a encore pas de réponses satisfaisantes
apportées à la précarité mais
paradoxalement j’ai le sentiment que
les gens sont prêts à donner d’eux-mêmes
pour aider les autres.
:: La solidarité, c’est pour moi avant tout
des rencontres et des échanges. C’est tout
naturellement que j’ai rejoint le Comité
catholique contre la faim et pour le
développement (CCFD). Auparavant, je faisais
partie d’Action catholique enfants (ACE) puis
de Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Le CCFD
mène principalement deux actions : éduquer
à la solidarité en France et soutenir les pays
étrangers. L’éducation passe par des actions telles
que l’accueil d’un partenaire étranger ou encore
le défi « Bouge ta planète » qui propose, chaque
année, des jeux sur une journée. En 2008,
le thème sera celui du développement et de
l’économie solidaire. Ce type de manifestation
permet aux plus jeunes de connaître les réalités
d’autres pays. Quant aux projets soutenus
à l’étranger, dans les pays du Sud notamment,
ils touchent à la souveraineté alimentaire,
l’économie solidaire ou encore l’éducation.
Le CCFD ne soutient que des initiatives mises
en place par des acteurs locaux. C’est un principe
auquel j’adhère totalement car pour moi, la
solidarité à l’échelle internationale, ce n’est pas
de l’assistanat. Dans ce domaine, nous apprenons
tout autant que les autres apprennent de nous.
LE MAGAZINE DU CONSEIL GÉNÉRAL DU TERRITOIRE DE BELFORT VIVRE LE TERRITOIRE N°87
VII

Aline Laloux, 37ans
« Travailler aux côtés de l’Abbé Pierre
a changé mon rapport à l’autre »
:: Originaire de Montbéliard et belfortaine
depuis 18 mois, Aline Laloux a côtoyé durant son
activité professionnelle celui qui milita au cours
de l’hiver 54 pour une « insurrection de la
bonté ». Une expérience qui a transformé son
regard sur le monde. « En travaillant auprès de
l’Abbé Pierre j’ai découvert des valeurs fortes. Elles
ont profondément modifié mon rapport à l’autre.
Comme il aimait dire :
« la vie c’est un peu de temps donné à des libertés
pour apprendre à aimer ». Cette approche de la
solidarité qui consiste à se mettre en situation de
comprendre l’autre, de l’écouter, de se mettre
d’égal à égal et d’aider dans la mesure de ses
moyens est quelque chose qui continue de
m’animer et qui fonde finalement mon existence
aujourd’hui. On ne peut pas vivre que pour soi.
C’est une certitude. Ensuite, on ne peut pas aider
l’autre si on ne cherche pas à l’écouter et le
comprendre.
Cette solidarité vécue au quotidien, je pense que
beaucoup de gens la partagent. On dit de notre
société qu’elle est de plus en plus individualiste.
Je n’en suis pas convaincue. Il y a aujourd’hui
une vraie implication des gens dans le milieu
associatif. Malgré la violence du quotidien,
un nombre impressionnant de personnes trouve
malgré tout du temps pour aller au-devant de
l’autre. En arrivant dans le Territoire de Belfort par
exemple, j’ai été impressionnée par le nombre
d’associations et d’entreprises d’insertion.
Je pense que la solidarité existe car c’est une
nécessité pour bien vivre ensemble. J’y crois ».
Au-dessus du bureau d’Aline trône en bonne
place une photo de l’Abbé Pierre avec cette
phrase : « Ensemble, continuons ! »
le dossier
Les multiples visages
de la solidarité
Le Secours Populaire
Ouvert à tous, le Secours populaire est un lieu
d’accueil et de conseil pour les personnes en
difficulté. Environ 50 bénévoles donnent de leur
temps pour accueillir, aider et écouter les plus
démunis. « Près de 250 familles viennent chercher
chaque semaine un colis alimentaire », déclare
Maurice Saxer, secrétaire général de l’association.
Elle propose également des vêtements, des
meubles, des jouets, des livres, de l’électroménager,
moyennant une participation financière minimale.
Son activité humanitaire va même jusqu’à l’aide
aux pays en voie de développement et aux
interventions d’urgence sur les sites de
catastrophes naturelles. L’association organise
chaque année la Journée des oubliés des vacances,
destinées aux enfants, et permet à certaines
familles de partir une semaine à des tarifs adaptés
à la faiblesse de leurs moyens.
Accueil
6, rue Paul Bert à Belfort
Tél. 03 84 22 83 09
Colis alimentaires le mardi et le jeudi
de 8h30 à 11h et de14h30 à 16h
Meubles et vêtements le vendredi de 14h à 17h
Giromagny
Les points accueil / aides alimentaires
et hébergement d’urgence
Belfort
Beaucourt
Delle
Armée du Salut
03 84 21 05 53 et 115
::: 7, rue Colbert – Belfort
::: 11, rue Legrand – Belfort
::: 3 rue Heim – Belfort
Croix Rouge
03 84 28 00 48
::: 15, avenue Sarrail – Belfort
::: 9, rue des Casernes – Giromagny
Les Restos du cœur
03 84 21 42 55
::: 8, rue de la Paix – Belfort
::: 5, rue de Berne – Belfort
::: Maison des loisirs, rue de la Libération – Delle
::: Impasse du Châtelet - Beaucourt
::: Place des Commandos d’Afrique – Giromagny
::: Camion du cœur gare de Belfort
(mardi et vendredi de 20h à 22h)
Saint-Vincent-de-Paul
03 84 26 58 61
::: 7, rue Voltaire – Belfort
Secours Catholique
03 84 28 22 70
::: 10, rue Michelet – Belfort
::: 1, rue de l’Église – Giromagny
::: 7 bis, rue Saint-Nicolas – Delle
Secours Populaire
03 84 22 83 09
::: 6, rue Paul Bert – Belfort
Espoir et vie
03 84 21 67 84
::: 22, rue du Colonel Frisch – Belfort
N o 87 • décembre 2007 / janvier 2008
LE DOSSIER
DE VIVRE LE TERRITOIRE