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<strong>Carnet</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>lecteurs</strong>
« Le voyage littéraire est soit un monologue, soit un dialogue, soit le cheminement d’un voyageur solitaire (Ulysse,<br />
le Pèlerin, Justine, Candi<strong>de</strong>, le Juif errant), soit <strong>de</strong>ux personnages marchant <strong>de</strong> concert (don Quichotte et Sancho,<br />
Huckleberry Flinn et Jim, le frère et la soeur à la recherche <strong>de</strong> l’oiseau bleu, Kim et son lama).»<br />
Le journal d’un lecteur, Alberto Manguel
Directrice <strong>de</strong> la publication : Edith Cresson<br />
© Les Editions <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> la Deuxième Chance<br />
<strong>de</strong> Châtellerault, décembre 2009<br />
209, grand’rue Châteauneuf<br />
86100 Châtellerault<br />
tél : 05 49 93 87 79<br />
age2c.chatellerault@orange.fr<br />
Mise en page, L’esprit livre, Jocelyne Barbas<br />
Impression RBS Poitiers<br />
ISBN N° 978-2-9531101-0-1, dépôt légal à parution
<strong>Carnet</strong> <strong>de</strong> <strong>lecteurs</strong><br />
Voyages littéraires en terres <strong>de</strong> poésie poitevine<br />
Répondre aux textes qui nous interpellent...<br />
Atelier d’écriture 2008 & 2009<br />
animé par<br />
Jocelyne Barbas, L’esprit livre<br />
www.esprit-livre.com<br />
jocelyne.barbas@wanadoo.fr<br />
Tel : 05 49 44 27 69<br />
ou 06 63 72 35 41
<strong>Carnet</strong>s <strong>de</strong> <strong>lecteurs</strong><br />
Stagiaires rédacteurs<br />
Alimata Diarra<br />
Mickaël Barra<br />
Guillaume Barre<br />
Vanessa Bellicaud<br />
Robin Benoît<br />
Cindy Cousin<br />
Olivia Bonneau<br />
Abigaïl Bouchon<br />
Lucie Boureau<br />
Emmanuel Bouzoul<strong>de</strong>s<br />
Florent Cagnart<br />
Julien Cappa<br />
Benjamin Chapillon<br />
Aurélie Charpentier<br />
Laura Chneina<br />
Angèle Céglarski<br />
Romain Couillaud<br />
Laurine Courbier<br />
Lydie Deveau<br />
David Desouches<br />
Kelly Dietrich<br />
Sabrina Dos santos<br />
Myriam Gaillard<br />
Laurence Gouron<br />
Johny Gros<br />
Romain Guellerin<br />
Alice Ingremeau<br />
Amandine Ladougne<br />
Raphaël Laplace<br />
Billy Lebuku<br />
Cindy Legruiec<br />
Charlotte Lequeux<br />
Laïla Mekhalfa<br />
Francine Mavunza<br />
Serge Ndoumbe Bona<br />
Timothée Nussbaum<br />
Tatiana Pastas Merchancano<br />
Morgan Mollien<br />
Virginie Moreau<br />
Vartan Nersisian<br />
Alexandre Planchard<br />
Magalie Potet<br />
Aline Raulhac<br />
Soraya Ramdane<br />
Isabelle Thao<br />
Frédéric Texier<br />
Blandine Vignaud<br />
Frédéric Villaumé<br />
Les Editions <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> la Deuxième Chance <strong>de</strong> Châtellerault
Préface<br />
L'un <strong>de</strong>s objectifs essentiels <strong>de</strong>s Ecoles<br />
<strong>de</strong> la Deuxième Chance est <strong>de</strong> relier le<br />
jeune stagiaire au mon<strong>de</strong> qu'il n'a perçu<br />
jusqu'alors qu'au travers <strong>de</strong> son environnement<br />
immédiat (famille, quartier,<br />
etc…). Ou qu'il croit saisir par les<br />
moyens d'information tels que la télévision<br />
ou Internet. La télévision et<br />
Internet procurent l'illusion d'avoir un<br />
accès rapi<strong>de</strong> à la réalité. On saute d'un<br />
fragment d'information à l'autre, sans<br />
recul, sans lien, sans hiérarchie. Une<br />
parcelle d'information formatée en<br />
chasse une autre. Tout glisse.<br />
Seule la lecture permet d'entrer à son<br />
rythme dans ce que l'auteur a pensé et<br />
ressenti. Elle restitue une vision individuelle<br />
du mon<strong>de</strong> faite d'interrogations<br />
<strong>de</strong>vant les niveaux superposés <strong>de</strong> la<br />
conscience et <strong>de</strong> la connaissance. Le<br />
champ <strong>de</strong> la lecture est illimité comme<br />
l'est le faisceau <strong>de</strong>s sentiments. C'est là<br />
qu'intervient plus spécialement la poésie<br />
qui mobilise la musique <strong>de</strong>s mots<br />
Edith CRESSON<br />
Ancien Premier Ministre<br />
Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Fondation<br />
<strong>de</strong>s Ecoles <strong>de</strong> la 2ème Chance<br />
www.fondatione2c.org
pour nous toucher au plus profond et accé<strong>de</strong>r<br />
à une autre réalité.<br />
C'est la poésie qui s'adresse à l'inconscient.<br />
Là ou vit cette partie obscure <strong>de</strong> nousmêmes<br />
qui n'obéit à aucun ordre, à aucune<br />
logique et sous-tend pourtant, notre parcours.<br />
Tout d'un coup, au détour d'un vers,<br />
nous nous disons " c'est ça, c'est vrai ". La<br />
poésie éclaire une vérité que habite ailleurs,<br />
hors <strong>de</strong> la logique apparente et qu'on<br />
explore sans fin, avec un bonheur croissant,<br />
comme on chemine parfois avec la musique.<br />
Chacun d'entre nous est à la fois unique<br />
et relié à ce mon<strong>de</strong> invisible au-<strong>de</strong>là du<br />
mon<strong>de</strong> matériel dont on a jusque-là beaucoup<br />
fait pour qu'il le croie exclusif. La poésie,<br />
contrairement à ce qu'on pense trop<br />
souvent, fait prévaloir le fond sur la forme.<br />
Et la forme poétique, obéissant à <strong>de</strong>s règles<br />
rigoureuses, <strong>de</strong>vient le véhicule <strong>de</strong> cette<br />
autre vérité qui nous accueille.<br />
<strong>de</strong> la Deuxième Chance <strong>de</strong> Châtellerault<br />
entrent dans son univers pour mieux<br />
connaître le mon<strong>de</strong> et se connaître euxmêmes.<br />
Edith CRESSON<br />
« Lire, c’est vivre !»<br />
Alberto Manguel<br />
En cela, la poésie est indispensable à notre<br />
vie. Et il est bon que les stagiaires <strong>de</strong> l'Ecole
La lecture créative en atelier d’écriture<br />
Il faut être poète pour penser que la poésie est<br />
indispensable ! Voici sans doute l'un <strong>de</strong>s principaux<br />
préjugés qui ont fait <strong>de</strong> la poésie un exercice scolaire<br />
et un art du langage inutile. On peut s'interroger<br />
à juste titre. A quoi peut bien servir ce regard<br />
sensible savamment mis en mots ? Quelle est donc<br />
la valeur d'un sentiment qui jamais ne se laissera<br />
monnayer ? Que cherchent ces prétentieux petits<br />
amas <strong>de</strong> lettres qui ont l'arrogance d'être bien plus<br />
que <strong>de</strong> simples mots ? Et ces rimes mécaniques en<br />
bout <strong>de</strong> vers qui voudraient faire chanter la langue<br />
alors que le quotidien nous désenchante ? Un art <strong>de</strong><br />
l'artifice métamorphosant la lai<strong>de</strong>ur en quelque<br />
chose <strong>de</strong> supportable ? La quête d'un mieux-être ?<br />
Certains pensent que la poésie est un acte spirituel<br />
qui ai<strong>de</strong> à trouver ce qu'il y a <strong>de</strong> meilleur en soi et<br />
dans la vie, d'autres qu'il s'agit <strong>de</strong> prodiguer à nos<br />
pensées une beauté supplémentaire. Chaque poète<br />
porte en lui ses propres réponses.<br />
Techniquement, la poésie est un texte généralement<br />
court en vers ou en prose utilisant toutes les<br />
ressources du langage pour créer chez l'auditeur ou<br />
le lecteur <strong>de</strong>s plaisirs intellectuels : le ravissement,<br />
l'étonnement, la surprise, un sentiment… Selon le<br />
Larousse, la poésie est l'art <strong>de</strong> combiner les sonorités,<br />
les rythmes, les mots d'une langue pour évoquer<br />
<strong>de</strong>s images, suggérer <strong>de</strong>s sensations, <strong>de</strong>s<br />
émotions. C'est ainsi que l'on transmet <strong>de</strong>s fragments<br />
<strong>de</strong> vie en utilisant les ressources <strong>de</strong> la<br />
«La poésie doit être<br />
pensée pour l'esprit,<br />
image pour l'imagination<br />
et musique pour l'oreille.»<br />
Alphonse <strong>de</strong> Lamartine<br />
langue française. Ces partages d'expériences<br />
humaines sublimées par le discours poétique<br />
<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s actes d'humanité gratuits et<br />
sincères.<br />
Convier les stagiaires <strong>de</strong> l'E2C à ces explorations<br />
poétiques en terres poitevines fut l'occasion <strong>de</strong> leur<br />
dévoiler <strong>de</strong>s espaces d'expression et <strong>de</strong> création<br />
insoupçonnés. Il a fallu les convaincre <strong>de</strong> l'utilité<br />
d'une telle démarche car ces poèmes ne signifiaient<br />
rien pour eux, et les inviter à s'aventurer dans ces<br />
univers où la langue française paraît toujours être<br />
en récréation, et où il est urgent <strong>de</strong> cesser <strong>de</strong> se<br />
prendre au sérieux pour réussir à cheminer dans<br />
les lieux imaginaires <strong>de</strong> trois poètes. Maurice<br />
Fombeure a fourni à plusieurs générations <strong>de</strong>s poèmes<br />
- récitations. Je rends un hommage particulier<br />
et personnel aux <strong>de</strong>ux autres : Odile Cara<strong>de</strong>c et<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Martin, qui est prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Maison<br />
<strong>de</strong> la Poésie à Poitiers. Ils furent les témoins et les<br />
confi<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> mes premiers pas en littérature et <strong>de</strong><br />
mes nombreux essais d'ateliers d'écriture sur<br />
Poitiers. Tous <strong>de</strong>ux militants et ar<strong>de</strong>nts défenseurs
<strong>de</strong> la poésie, ils ont toujours participé aux manifestations<br />
littéraires et salons du livre avec une fidélité<br />
exemplaire, sachant que même si la cause <strong>de</strong> la<br />
poésie semblait perdue d'avance, la possibilité <strong>de</strong><br />
rencontrer un nouveau lecteur restait possible.<br />
Ce recueil présente <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong> textes produits<br />
en atelier d'écriture en 2008 et 2009 et vient clôturer<br />
une collaboration <strong>de</strong> trois années avec l'Ecole<br />
<strong>de</strong> la Deuxième Chance <strong>de</strong> Châtellerault. Le fil<br />
directeur en est la lecture créative, concept qui<br />
s'inspire <strong>de</strong> l'intertextualité <strong>de</strong> Gérard Genette et<br />
du Journal d'un lecteur d'Alberto Manguel, auteur<br />
mondialement connu et résidant près <strong>de</strong><br />
Châtellerault, pour qui la lecture est une conversation<br />
dans laquelle le lecteur est invité à répondre<br />
aux textes qui l'interpellent. Les stagiaires ont réalisé<br />
<strong>de</strong>s gestes créatifs complets, <strong>de</strong> l'inspiration<br />
née <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong> ces auteurs à l'illustration<br />
<strong>de</strong> leurs poèmes en utilisant diverses techniques<br />
empruntées au scrapbooking. Ils ont fabriqué<br />
<strong>de</strong>s pages <strong>de</strong> poésie illustrée réunies dans un<br />
ouvrage collectif puis élaboré un livre d'artiste.<br />
Dans le forum <strong>de</strong> l'atelier d'écriture mis à la disposition<br />
<strong>de</strong>s stagiaires, <strong>de</strong>s contributions volontaires<br />
ont été réalisées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s séances ; il s'agissait<br />
la plupart du temps <strong>de</strong> poèmes. Ceux-là savent<br />
désormais que l'inutilité <strong>de</strong> l'art est indispensable<br />
pour libérer et apaiser nos esprits.<br />
Jocelyne Barbas<br />
Animatrice <strong>de</strong> l'atelier d'écriture<br />
« L'art <strong>de</strong> la poésie à l'homme est nécessaire<br />
Qui n'aime pas les vers a l'esprit sec et lourd<br />
Je ne veux pas chanter à l'oreille d'un sourd<br />
Les vers sont en effet la musique <strong>de</strong> l'âme.»<br />
Voltaire
Sur une idée d’Alberto Manguel<br />
« Parce que la lecture est peut-être<br />
avant tout une « conversation », tout<br />
lecteur éprouve le besoin <strong>de</strong> « répondre<br />
» aux textes qui l’interpellent et<br />
confèrent à sa vie un surcroît d’existence.<br />
»<br />
« Il y a <strong>de</strong>s livres que nous parcourons dans l’allégresse,<br />
oubliant chaque page lue sitôt tournée la suivante ; d’autres<br />
que nous lisons avec révérence, sans les oser ni approuver ni<br />
contester ; d’autres qui se bornent à nous renseigner et<br />
excluent d’avance nos commentaires ; d’autres encore que,<br />
parce que nous les aimons si fort et <strong>de</strong>puis si longtemps, nous<br />
ne pouvons que répéter, mot à mot, car nous les connaissons,<br />
au sens propre, par cœur. Et il y en a beaucoup encore qui<br />
tiennent <strong>de</strong> tous ceux-là et qui, au lieu <strong>de</strong> susciter le silence<br />
(respectueux ou ravi), nous aiguillonnent, nous prennent aux<br />
épaules, exigent <strong>de</strong> nous que nous réagissions par une opinion,<br />
une réflexion, une question, un souvenir, un désir.<br />
La lecture est une conversation. Des fous se lancent dans <strong>de</strong>s<br />
dialogues imaginaires dont ils enten<strong>de</strong>nt l’écho quelque part<br />
dans leur tête ; les <strong>lecteurs</strong> se lancent dans un dialogue similaire,<br />
provoqué par les mots sur une page. Si, le plus souvent,<br />
la réaction du lecteur n’est pas consignée, il arrive aussi que<br />
le lecteur éprouve le désir <strong>de</strong> prendre un crayon et <strong>de</strong> répondre<br />
dans les marges d’un texte. Ce commentaire, cette glose,<br />
cette ombre qui accompagne parfois nos livres préférés transpose<br />
le texte en un autre temps et une autre expérience ; il<br />
prête <strong>de</strong> la réalité à l’illusion qu’un livre nous parle et nous<br />
incite (nous, ses <strong>lecteurs</strong>) à exister. (…)<br />
Il m’est apparu que, si je relisais un livre par mois, je pourrais<br />
mener à bien, en un an, quelque chose qui tiendrait à la fois<br />
du carnet intime et du recueil <strong>de</strong> citations : un ensemble <strong>de</strong><br />
notes, réflexions, impressions <strong>de</strong> voyage et <strong>de</strong>scriptions<br />
d’amis et d’événements publics ou privés, le tout suscité par<br />
mes lectures. »<br />
Journal d’un lecteur, Alberto Manguel
Portrait d’Aberto Manguel<br />
Né en 1948 à Buenos Aires (Argentine), écrivain,<br />
essayiste, traducteur, Alberto Manguel tombe<br />
amoureux du Poitou-Charentes suite à l’invitation<br />
d’une libraire <strong>de</strong> Poitiers et s’installe près <strong>de</strong><br />
Châtellerault, entouré <strong>de</strong> ses 30.000 livres. Il<br />
rappelle ce vizir persan qui, au Xe siècle se déplaçait<br />
avec ses 117 000 livres portés par 400 chameaux,<br />
polyglotte, il les classe par langue et<br />
avoue qu’à défaut <strong>de</strong> ne pas les avoir tous lus, il<br />
les a tous ouverts…Il publie principalement chez<br />
Actes Sud : Histoire <strong>de</strong> la lecture, Dictionnaire <strong>de</strong>s<br />
lieux imaginaires, Dans la forêt du miroir, le <strong>Livre</strong><br />
d’Images et Journal d’un lecteur. Il dirige la collection<br />
Le Cabinet <strong>de</strong> lecture, toujours chez Actes<br />
Sud. Ce poitevin d’adoption se dit « lecteur <strong>de</strong><br />
profession ». Fils d’un diplomate argentin, il parcourt<br />
le mon<strong>de</strong> dès sa plus jeune enfance. Il grandit<br />
à Tel Aviv avec une nurse d’origine tchèque, vit<br />
en Italie, en Angleterre, en Allemagne… Sa bibliothèque<br />
personnelle <strong>de</strong>vient son principale repère<br />
et pays d’attache. En 1964, à l’âge <strong>de</strong> 16 ans il fait<br />
la rencontre <strong>de</strong> Jorge Luis Borges. Il travaille à<br />
l’époque dans une librairie anglo-Alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Buenos Aires. Pendant près <strong>de</strong> trois ans, il<br />
l’accompagne au cinéma (Borges est aveugle) et<br />
lui fait la lecture <strong>de</strong> Kipling, Stevenson, Henry<br />
James trois ou quatre fois par semaine avec le<br />
privilège <strong>de</strong> recevoir les commentaires <strong>de</strong> son<br />
pygmalion. La lecture, aventure initiatique par<br />
excellence, lui procure un sentiment d’exister<br />
intensément. Il déclare à ce sujet : « Je suis toujours<br />
étonné par les gens qui ne lisent pas, je ne<br />
sais pas comment il font pour nommer ce qu’ils<br />
ressentent, pour comprendre ce mon<strong>de</strong> complexe<br />
et absur<strong>de</strong>, avec tout ce qui s’y passe : l’amour,<br />
la mort, l’amitié… Le lecteur sait qu’il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> bonheur sans difficulté, que c’est dans le fait<br />
<strong>de</strong> surmonter les obstacles que le bonheur peut<br />
nous être donné. C’est très facile d’être stupi<strong>de</strong> et<br />
<strong>de</strong> se laisser porter par le courant sans savoir<br />
nager et d’aller tout droit vers la <strong>de</strong>struction et<br />
l’oubli !». Alberto Manguel a reçu le prix Médicis<br />
pour son Histoire <strong>de</strong> la Lecture en 1998, le prix du<br />
<strong>Livre</strong> en Poitou-Charentes en 2003 avec Chez<br />
Borges et le prix Roger Caillois pour l’ensemble <strong>de</strong><br />
son oeuvre en 2004.<br />
Jocelyne Barbas
Et vous, comment lisez-vous ?<br />
C'est à travers le livre que j'ai découvert le mon<strong>de</strong><br />
Un mon<strong>de</strong> où l'on peut s'éva<strong>de</strong>r, rêver<br />
Un mon<strong>de</strong> haut en couleur et fort en émotion<br />
Chaque livre est un mon<strong>de</strong> à lui seul<br />
Avec une histoire et une vie différentes<br />
Un mon<strong>de</strong> qui nous laisse entrevoir<br />
Par ces lignes marquées blanc sur noir<br />
Le paradis ou le désespoir<br />
Chaque nouvelle histoire<br />
Est un mon<strong>de</strong> qui se <strong>de</strong>ssine<br />
Lire n'est pas un moment dérisoire<br />
C'est un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> plaisirs qui nous illuminent<br />
Laurence Gouron<br />
Moi je lis souvent le soir et la journée quand<br />
j'ai un moment<br />
Je lis quand je suis seul pour m'occuper et<br />
penser à autre chose<br />
Un livre me permet d'apprendre et d'être<br />
Florent Cagnart<br />
En veux-tu en voilà !<br />
De la réalité à la science-fiction<br />
Du genre policier en allant aux histoires d'amour<br />
Les pages se tournent et se retournent<br />
A la vue du public ou précieusement conservées<br />
Des récits, <strong>de</strong>s révélations, <strong>de</strong>s illustrations<br />
Toi et moi, on entre en fusion<br />
Vous êtes tellement si différents<br />
Mais à la fois vraiment intéressants<br />
Merci à vous …. Les livres !!<br />
Laurence Gouron<br />
« C'est mon livre », c'est-à-dire une partie intégrante<br />
<strong>de</strong> moi-même. Du début jusqu'à la fin, ce<br />
livre m'appartient. Dès que j'ai posé mes mains<br />
<strong>de</strong>ssus pour la première fois, j'ai pu en faire ce<br />
que je voulais. Il est à moi et rien qu'à moi. Mais<br />
ce n'est pas pour cela que je le malmène. Pas <strong>de</strong><br />
pages cornées, pas d'écriture dans les marges ;<br />
pas <strong>de</strong> fluo sur les mots. Je le respecte beaucoup,<br />
car il m'apporte beaucoup. Il me raconte son histoire<br />
et je me contente <strong>de</strong> l'écouter et <strong>de</strong> le regar<strong>de</strong>r.<br />
Je ne lui réponds pas. Non. Les livres nous<br />
parlent, mais nous <strong>lecteurs</strong>, nous ne parlons pas<br />
aux livres. Ce livre est à moi car c'est avec moi<br />
qu'il a partagé son histoire et avec personne d'autre.<br />
Mais après avoir fermé la <strong>de</strong>rnière page, plus<br />
rien. Il ne veut plus rien me dire. Que faire ? Je ne<br />
sais pas. Peut-être en ouvrir un autre et partager<br />
encore d'autres histoires ?<br />
Aline Raulhac
L’homme aux 30 000 livres<br />
« J'explore ma bibliothèque à la façon d'un homme qui retrouverait son pays natal après une absence<br />
<strong>de</strong> plusieurs dizaines d'années.<br />
C'est donc l'occasion (…) <strong>de</strong> revenir, à travers la littérature et l'actualité, sur le parcours d'une vie, <strong>de</strong><br />
réfléchir au secret dialogue entre une oeuvre et son lecteur. « Je peux suivre la trace <strong>de</strong> tous mes souvenirs<br />
grâce à ces volumes empilés. »<br />
« Une bibliothèque est un reflet du mon<strong>de</strong>, mais un reflet optimiste, réorganisé, repensé pour lui donner<br />
comme une structure narrative. Le matin, quand j'écris, c'est moi le maître, mais, la nuit, les livres<br />
prennent le pouvoir. Je suis sous leur influence, sous leur force. »<br />
Alberto Manguel<br />
« A l’exemple <strong>de</strong> ce chien, il vous convient d’avoir, légers à la poursuite et hardis<br />
à l’attaque, le discernement <strong>de</strong> humer, sentir et appréciers ces beaux textes <strong>de</strong><br />
haute graisse ; puis, par une lecture attentive et une réflexion assidue, rompre l’os<br />
et sucer la substantifique moelle (c’est-à-dire ce que je comprends pas ces symboles<br />
pythagoriques) avec le ferme espoir <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir avisés et vertueux grâce à<br />
cette lecture : vous y trouverez un goût plus subtil et une philosophie cachée qui<br />
vous révélera <strong>de</strong> très hauts arcanes et d’horrifiques mystères, en ce qui concerne<br />
tant notre religion que, aussi, la situation politique et la gestion <strong>de</strong>s affaires.»<br />
François Rabelais<br />
Gargantua, Ed. Points p. 50, 51
Fréquenter le livre<br />
et la bibliothèque du Château <strong>de</strong> Châtellerault<br />
L’E2C a conclu un partenariat en 2008 avec la bibliothèque du Château. Corinne Cauconnier et ses collégues ont<br />
accueilli à plusieures reprises les stagiaires afin <strong>de</strong> leur transmettre leur amour <strong>de</strong>s livres et d’aiguiser leur<br />
curiosité. Ainsi, quelques cartes <strong>de</strong> lecteur ont été délivrées...
Corinne Cauconnier (à droite <strong>de</strong> la fenêtre) explique le<br />
fonctionnement <strong>de</strong> la bibliothèque et présente le fonds.<br />
Musar<strong>de</strong>r dans une bibliothèque, se promener<br />
dans les rayonnages est encore<br />
le meilleur moyen <strong>de</strong> découvrir le livre<br />
qui va nous intéresser.
Visite dans le magasin et découverte<br />
d’un trésor : le livre le plus vieux <strong>de</strong> la<br />
bibliothèque datant du 16 e siècle.
Plusieurs ateliers d’écriture<br />
se sont déroulés à la bibliothèque<br />
du Château <strong>de</strong><br />
Châtellerault.
Comment répondre aux textes<br />
qui nous interpellent ?<br />
Entrez dans l’atelier d’écriture...<br />
Il est possible <strong>de</strong> réagir <strong>de</strong> mille manières. Les potentialités <strong>de</strong> création étant infinies, sept d’entre-elles<br />
ont été choisies, inspirées <strong>de</strong> Gérard Genette et <strong>de</strong> sa théorie <strong>de</strong> l'intertextualité. Cette approche littéraire<br />
a été reformulée simplement <strong>de</strong> manière ouverte puisqu’il était possible d'inventer ses propres procédés<br />
d'écriture. Chaque entrée dans l'atelier a donné lieu à la réalisation d'un marque-page afin d'intégrer ces<br />
possibilités d'écriture et <strong>de</strong> les utiliser sans difficulté, à savoir :<br />
(1) Relever <strong>de</strong>s citations et les commenter librement<br />
(2) Établir <strong>de</strong>s listes <strong>de</strong> mots : mots inconnus, mots que j'aime, mots rigolos… et les combiner ensuite<br />
librement entre eux afin d'inventer un texte<br />
(3) Prolonger le texte <strong>de</strong> l'auteur (relevé d'un mot, d'une phrase, d'un paragraphe, d'une page) pour<br />
produire ensuite un nouveau récit<br />
(4) Réécrire un passage en l'adaptant à son univers, à sa manière <strong>de</strong> parler<br />
(5) Rédiger par association <strong>de</strong>s mots extraits d'un texte sur un thème <strong>de</strong> son choix<br />
(6) Écrire pour manifester un avis contraire à celui <strong>de</strong> l'auteur<br />
(7) Inventer son propre procédé d'écriture en relation avec les textes lus en atelier
Galerie <strong>de</strong> marque-pages<br />
Romain Guellerin<br />
Robin Benoît<br />
Romain Couillaud<br />
Blandine Vignaud<br />
Aline Raulhac<br />
Kelly Dietrich
Vartan Nersisian<br />
Olivia Bonneau<br />
Lydie Deveau<br />
Frédéric Texier<br />
Laura Chneina<br />
Virginie Moreau<br />
Raphaël Laplace
Isabelle Thao<br />
Francine Mavunza
Magalie Potet
L’univers poétique d’Odile Cara<strong>de</strong>c
Portrait<br />
« Je cultive la naissance<br />
ininterrompue.»<br />
Citron Rouge, Ed. Le dé bleu<br />
Poétesse, secrète et discrète, elle attend <strong>de</strong> recevoir<br />
le prix Charles Vildrac en 1996 et ses soixante dix<br />
ans révolus avant <strong>de</strong> dire à ses proches qu’elle écrit<br />
<strong>de</strong> la poésie. Atteinte d’une profon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>stie, elle<br />
se cache jusque dans les profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> son être<br />
pour y puiser son inspiration. Le secret étant l’une<br />
« <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> l’art ». Selon<br />
Jean Rousselot, « elle est une <strong>de</strong>s rares femmes à<br />
pratiquer l’humour en poésie ». Robert Sabatier<br />
parle <strong>de</strong> son « humour d’un noir <strong>de</strong> jais enchâssé<br />
dans une belle élégance d’écriture », Vahé Go<strong>de</strong>l<br />
évoque son « lyrisme grinçant, corrosif et dru ». Elle<br />
publie à partir <strong>de</strong> 40 ans et compte près <strong>de</strong> 20<br />
recueils dont certains sont bilingues (français-allemand).<br />
Ses poèmes figurent dans <strong>de</strong> nombreuses<br />
anthologies dont La poésie du XXe siècle <strong>de</strong><br />
Robert Sabatier, L’érotisme dans la poésie féminine<br />
Ed. Pauvert. Née à Brest en 1925, elle exerce<br />
comme documentaliste pendant <strong>de</strong> longues années<br />
au Lycée Camille Guérin <strong>de</strong> Poitiers, puis se consacre<br />
à l’écriture et au violoncelle.<br />
Jocelyne Barbas
Naître à la poésie<br />
La poésie peut être belle ou imaginaire<br />
Mais quand on veut ouvrir sa boîte<br />
On n'arrive pas à comprendre ce qu'elle veut<br />
nous dire<br />
Elle peut avoir parfois trop <strong>de</strong> mots ou alors<br />
pas assez<br />
Elle n'arrive pas toujours à bien s'exprimer<br />
Et à nous dire ce qu'elle est vraiment<br />
Aline Raulhac
Que dire <strong>de</strong> ces mots-là<br />
Des mots qui n'ont aucun sens<br />
Que dire <strong>de</strong> tout ça<br />
J'écris ce texte tout doucement comme une<br />
plume <strong>de</strong> pluie<br />
Qui tombe avec merveille<br />
Comme une belle fille dans la clarté du soleil<br />
C'est l'apothéose je n'ai aucune idée mais<br />
pourtant<br />
Dans ma tête les mots ar<strong>de</strong>nts défilent<br />
comme un tremblement<br />
Morgan Mollien<br />
Quel récit pour ouvrir un poème<br />
L'intérêt <strong>de</strong> fermer une boîte <strong>de</strong> récits<br />
C'est comme faire briller une lumière<br />
éteinte dans le ciel<br />
Voila une chose incompréhensible<br />
Voila le goût d'un poème<br />
Un os à moelle<br />
On peut vivre sans lui<br />
Romain Guellerin
Quelle galère la poésie<br />
Quand on commence le début du poème<br />
C'est tout un problème<br />
Que c'est marrant<br />
Un poème qui met ses rimes en avant<br />
Pauvres personnes qui s'intéressent au<br />
poème<br />
Il y a la preuve<br />
Au fond <strong>de</strong>s mémoires<br />
Soyez submergés par vos émotions<br />
Poème romantique et fantastique<br />
Vanessa Bellicaud<br />
« La poésie, c’est ce qu’il y a d’intime dans tout.»<br />
Victor Hugo
Recevoir un prénom<br />
et c’est la plus gran<strong>de</strong> aventure<br />
qui commence !<br />
Alexandre<br />
On m'a obligé <strong>de</strong> m'appeler Alexandre<br />
De commencer mon nom par un grand A<br />
Qu'aurais-je fait si on m'avait <strong>de</strong>mandé<br />
mon avis ?<br />
Je ne sais pas !<br />
M'appeler autrement,<br />
Sûrement pas !<br />
Ce nom-là on me l'a donné et je le respecte<br />
car<br />
Il avait un autre propriétaire…<br />
Mon grand-père<br />
Alexandre Planchard<br />
Francine<br />
On m'a permis <strong>de</strong> m'appeler Francine<br />
<strong>de</strong> commencer mon nom avec un gros F,<br />
plein <strong>de</strong> fables et <strong>de</strong>s farces.<br />
Avec le gros nœud au milieu du F<br />
on emprunte <strong>de</strong>s chemins sans direction<br />
et même si on ne trouve pas d'explication<br />
on s'en sort avec l'amère détermination<br />
Francine Mavunza
Clair et obscur...<br />
Clair-Obscur<br />
Elle emmène son homme<br />
Comme une étoile filante<br />
On ne voit que son visage<br />
Et un sourire très charmant<br />
On distingue l'amour entre eux<br />
Et leurs joies<br />
Blandine Vignaud<br />
Clair-obscur<br />
Comme une lanterne magique<br />
Assortie <strong>de</strong> poussière d’étoile<br />
J’éclaire dans la nuit sombre<br />
D’étranges personnes que l’on<br />
peut voir la nuit<br />
C’est alors tous les soirs <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s millénaires<br />
J’attends avec impatience cette poussière<br />
d’étoile<br />
Pour enfin faire apparaître<br />
Les personnages comme par magie<br />
Kelly Dietrich<br />
Illustrations ci-contre
Clair et obscur
Déclics : les mots que j’aime<br />
Ces fleurs ressemblent à un tableau qui<br />
m'a déjà heurté l'esprit<br />
dans un musée <strong>de</strong> Paris<br />
Il y a déjà bien longtemps<br />
<strong>de</strong> ça c'était avant que mes<br />
parents se séparent pour<br />
travailler chacun dans<br />
leur coin. En revanche<br />
je m'inquiète sur la couleur<br />
<strong>de</strong> la fleur que je n'avais<br />
jamais vu auparavant<br />
Robin Benoît<br />
- Pour réveiller les morts à grands<br />
coups <strong>de</strong> trompette<br />
- J'ai dorloté les cor<strong>de</strong>s d'un violoncelle<br />
- J'ai appris à me servir <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>nts<br />
- J'ai appris à me servir <strong>de</strong> mes ongles<br />
Romain Couillaud<br />
(Un peu <strong>de</strong> musique - Citron Vert -<br />
Odile Cara<strong>de</strong>c)<br />
Procédé d’écriture<br />
J'avance comme une chaloupe<br />
au pas rapi<strong>de</strong> dans une botte magique<br />
La terre saute comme un lapin<br />
Je pêche <strong>de</strong>s sirènes mûres comme le soleil. Je m'enfonce<br />
dans les couches profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leurs voix. J'engage avec elles<br />
une lutte cohérente.<br />
Je n'ose plus approcher d'elles, car j'inscris mon nom dans<br />
l'océan et les livres<br />
Eloignez-vous <strong>de</strong> moi, car je suis une personne discrète<br />
comme une étoile morte<br />
Romain Guellerin
Quelques photos <strong>de</strong> l’atelier<br />
poésie et scrapbooking<br />
De la conception à la mise<br />
en page, les stagiaires<br />
ont réalisé <strong>de</strong>s gestes<br />
créatifs complets.
Juste une histoire <strong>de</strong> plumes<br />
et <strong>de</strong> rêves<br />
L'été<br />
Les plumes <strong>de</strong> la pluie d'une colombe<br />
Tombent du ciel en forme <strong>de</strong> tous petits cœurs<br />
Pour nous donner plein <strong>de</strong> bonheur<br />
Dans notre belle vie<br />
Ce sont <strong>de</strong> toutes petites plumes extraordinaires<br />
Qui servent à écrire <strong>de</strong>s poèmes<br />
Il naît <strong>de</strong>s éclairs <strong>de</strong> beauté<br />
Avec <strong>de</strong>s phrases émerveillées<br />
Le soleil illumine les mots<br />
C'est la saison <strong>de</strong> l'été<br />
Vanessa Bellicaud<br />
Le petit oiseau<br />
Je voudrais avancer au pas <strong>de</strong> course<br />
Dans un manteau qui émerveille mes pensées<br />
La terre siffle, chante, je suis comme un oiseau<br />
Distraite, brune colorée. Comme les pétales<br />
<strong>de</strong> fleurs, je m'ouvre quand il y a une lumière<br />
Pétillante, <strong>de</strong> la chaleur, du rire, <strong>de</strong> la joie <strong>de</strong> vivre<br />
Je m'envole et je m'envole<br />
Aurélie Moreau
Dans la forêt <strong>de</strong>s poèmes<br />
Les arbres à nuages<br />
Dans la forêt du<br />
poème, le feuillage<br />
<strong>de</strong>s arbres est fait<br />
<strong>de</strong> nuages, où <strong>de</strong>s<br />
livres y poussent.<br />
De temps en temps,<br />
le promeneur au<br />
petit bec, y inscrit<br />
<strong>de</strong>s poèmes qui<br />
viennent du ciel,<br />
pour que chaque<br />
mot aille toucher les<br />
racines et ravive<br />
l'arbre. Quelquefois<br />
une femme vient<br />
pour cueillir <strong>de</strong>s<br />
livres et se repose<br />
au pied <strong>de</strong>s arbres<br />
en lisant les poèmes<br />
et en écoutant les<br />
bruits <strong>de</strong> l'oiseau en<br />
train d'inscrire<br />
d'autres poèmes<br />
Aline Raulhac
L’univers poétique <strong>de</strong> Jean-Clau<strong>de</strong> Martin<br />
Ce vélo sur le balcon du quinzième m’intrigue. Ce n’est pas un<br />
lieu où s’exhiber, encore moins un endroit pour pédaler. Est-il<br />
si fier qu’il veut toiser ses congénères ? Si timi<strong>de</strong> qu’il craint le<br />
sous-sol aux promiscuités ? Ou bien si vieux que son ami n’a<br />
pas eu le courage <strong>de</strong> la chasser, mais ne lui permet plus <strong>de</strong> dormir<br />
au pied du lit ? L’hiver viendra, le rouillera. Le ferailleur<br />
aurait pu être plus doux... Que m’importe l’étrange cycle ?...<br />
Quoique je me sente, tout comme lui, «être à côté».<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Martin, Le tour <strong>de</strong> la question<br />
Un regard espiègle<br />
porté sur la réalité,<br />
ses interstices,<br />
et ses non-dits.<br />
La concision et<br />
la sobriété <strong>de</strong><br />
l’expression.
Portrait Jean-Clau<strong>de</strong> Martin<br />
Ce poète affectionne la brièveté, un style épuré, la prose pour<br />
décrire l’étrangeté du quotidien et la précarité <strong>de</strong> toutes choses.<br />
Observateur discret, il lie dans son écriture ces petits riens qu’il a<br />
vus ou entendus, y mêle son état d’âme et confère à sa pensée<br />
une portée symbolique. Né en 1947 en Charente, conservateur à<br />
la bibliothèque universitaire <strong>de</strong> Poitiers. Il trouve son style d’écriture<br />
en 1978, influencé entre autres par les auteurs surréalistes.<br />
Il s’essaie également à la nouvelle et au théâtre. La ville <strong>de</strong> Lyon<br />
lui décerne en 1986 le prix Roger Kowalski pour Saisons sans<br />
réponse. Son recueil Un ciel si grand lui vaut le prix du livre<br />
Poitou-Charentes en 1994. Auteur d’une dizaine <strong>de</strong> recueils <strong>de</strong><br />
poèmes, il a publié également <strong>de</strong>s nouvelles dans Le Mon<strong>de</strong> et<br />
participé à une soixantaine <strong>de</strong> revues et d’anthologies.<br />
Jocelyne Barbas
Vue du ciel<br />
Quand je me réveille le matin je<br />
regar<strong>de</strong> le ciel<br />
S'il pleut je suis un peu triste<br />
S'il fait beau je suis heureux<br />
Il y a <strong>de</strong>ux mois je marchais dans la<br />
rue et il pleuvait<br />
J'ai été mouillé comme un poisson<br />
J'ai eu froid comme un glaçon<br />
et le soleil m'a manqué<br />
Vartan Nersisian
Trompeuse cette baie<br />
qui ressemble au ciel !<br />
A travers, je ne vois que<br />
le bleu du ciel<br />
Et tous mes rêves<br />
qui s'envolent<br />
Les uns après les autres<br />
Ma vie tout entière s'enfuit<br />
Aline Raulhac
Transparence et indécence<br />
Le miroir<br />
Moi je ne vois que moi<br />
Dans ce texte-là<br />
Dès que je te vois<br />
Je sens en moi<br />
Mon grand désarroi<br />
J'ai besoin <strong>de</strong> toi<br />
Ai<strong>de</strong>-moi !<br />
Emmène-moi à la métamorphose<br />
Emmène-moi à l'apothéose<br />
Car je sens, qu'ils flambent en émois<br />
Le désir, l'envie, la joie<br />
Cachés au plus profond <strong>de</strong> moi<br />
Emmène-moi dans un endroit<br />
Chaleureux et chaud à la fois<br />
Que cette chaleur me prenne le cœur<br />
Jusqu'au bout <strong>de</strong>s doigts<br />
J'aimerais tellement ça<br />
Te prendre dans mes bras<br />
Je suis une nouvelle moi<br />
Lorsque tu es à côté <strong>de</strong> moi<br />
Si toi aussi tu ressens cette envie au<br />
fond <strong>de</strong> toi<br />
Regar<strong>de</strong>-moi et enlace-moi<br />
Magalie Potet<br />
Il y avait tant <strong>de</strong> vies sur<br />
l'écran <strong>de</strong> télévision<br />
Que ça ne valait pas la peine<br />
d'en avoir une !<br />
Détectives, hommes d'affaires,<br />
ils buvaient du champagne<br />
Conduisaient <strong>de</strong>s voitures<br />
magnifiques<br />
Embrassaient <strong>de</strong>s femmes<br />
somptueuses<br />
Quand je regar<strong>de</strong> la télévision<br />
je vois que l'indécence<br />
Emmanuel Bouzoul<strong>de</strong>s
Ces mécanismes étranges qui mesurent le temps<br />
Ce que le temps nous montre<br />
Les aiguilles <strong>de</strong> l'horloge sont au bon endroit<br />
Mais en est-on vraiment sûrs ?<br />
Qu'elles soient à droite ou à gauche<br />
Son cliquetis nous met dans un état <strong>de</strong> stress<br />
constant<br />
Un seul regard vers elles<br />
Et notre vie entière est une course permanente<br />
Alors arrêtons cette horloge<br />
Stoppons les aiguilles<br />
Rien <strong>de</strong> plus facile que d'enlever les piles<br />
Et laissons-nous vivre au gré du temps…<br />
Laurence Gouron<br />
Le temps<br />
Il marche et il ne s'arrête pas<br />
Chaque secon<strong>de</strong>, il m'indique que la vie avance<br />
Chaque minute que le temps est court<br />
Je n'ai pas le temps, je me dis souvent<br />
quand il sonne<br />
Il faut que je parte…<br />
Et lui souriant me répond : calme-toi<br />
Que le jour où je vais m'arrêter, ce serait le jour où<br />
tu n'aurais plus <strong>de</strong> temps<br />
Il me le répète souvent…<br />
PROFITE, PROFITE,<br />
Que chacune <strong>de</strong> mes minutes soit d'or<br />
Et<br />
Chacune <strong>de</strong> mes secon<strong>de</strong>s coûte ta vie<br />
Francine Mavunza
Ces aiguilles qui me talonnent<br />
Une femme à l'horloge, ses aiguilles se sont arrêtées<br />
Car le temps qui trotte fait beaucoup trop <strong>de</strong> bruit<br />
En rêvant, elle a libéré ce cheval<br />
Elle se promène sur son dos<br />
Puis, au galop, il s'envole<br />
Quel merveilleux moment, elle passe dans le ciel<br />
Avec son cheval blanc<br />
Il l'emmène dans son univers<br />
Sur les nuages, sont épinglées ses photos<br />
Chut ! Elle rêve encore…<br />
Virginie Moreau<br />
Le pouvoir du temps<br />
Si j'avais un pouvoir, ce serait celui d'arrêter<br />
le temps, d'un simple regard. L'horloge ressentirait<br />
ce que je veux et alors elle s'arrêterait<br />
quand j'en aurais envie. Comme cela, je<br />
n'aurais plus besoin <strong>de</strong> me dépêcher pour arriver<br />
à l'heure pour embaucher. Prendre le<br />
temps <strong>de</strong> vivre, dormir, dormir sans penser<br />
qu'il est déjà l'heure <strong>de</strong> me lever, <strong>de</strong> profiter<br />
<strong>de</strong> mes vacances, <strong>de</strong> visiter <strong>de</strong>s pays, d'apprendre<br />
d'autres cultures, faire le tour du<br />
mon<strong>de</strong> en bateau, en avion, se faire bronzer<br />
sur une île paradisiaque, penser à rien, juste<br />
vivre à son rythme.<br />
Aurélie Moreau<br />
Le maître <strong>de</strong> la vie<br />
L'horloge arrêtée indique <strong>de</strong>ux fois par jour<br />
l'heure exacte. Tous les jours, au même<br />
moment, et au même endroit, elles sont<br />
toujours là. Les aiguilles tournent jour après<br />
jour. Le temps passe et ne s'arrête plus. Il<br />
avance sans qu'on puisse le maîtriser. On<br />
peut arrêter ou enlever les aiguilles <strong>de</strong> l'horloge,<br />
rien ne changera.<br />
Il avance sans se rendre compte qu'à <strong>de</strong>s<br />
moments <strong>de</strong> la vie, il pourrait s'arrêter et<br />
nous laisser vivre sans que l'on se soucie du<br />
temps qu’il nous reste.<br />
Et pourquoi ne pas remonter le temps et<br />
revivre ou changer <strong>de</strong>s choses qui se sont<br />
passées.<br />
Le temps lui s'en moque. Il avance sans<br />
réfléchir. Il ne nous laisse pas vivre comme<br />
on le voudrait. Il nous raccourcit la vie. Sans<br />
lui on vivrait librement. Et nous, sans avoir<br />
le choix on le suit. On ne vit que par lui.<br />
On avance, on vieillit et on meurt avec lui.<br />
Le temps est notre maître.<br />
Aline Raulhac
Tic-tac<br />
Tic-tac tic-tac, ce bruit m'insupporte.<br />
Cette horloge insensée n'en fait qu'à sa tête<br />
Même <strong>de</strong>rrière la porte isolée <strong>de</strong> mon quotidien<br />
Je me tiens la tête à pleines mains pour essayer <strong>de</strong> ne<br />
pas l'entendre<br />
Je ne peux plus la supporter<br />
Cela me démange <strong>de</strong> l'arrêter, mais comment ferai-je<br />
pour savoir à quelle heure commencer ? A quelle<br />
heure rentrer ? A quelle heure manger ? Tout serait<br />
déboussolé<br />
J'essaye <strong>de</strong> prendre cela avec tact mais impossible<br />
d'arrêter ce tic-tac<br />
Lorsqu'elle dort, c'est incomparable, ses cauchemars<br />
sont assourdissants, ses ronflement paralysants<br />
Je ne peux plus l'arrêter, elle marche sans arrêt, elle<br />
se plaint<br />
Cela me soulagerait si elle arrêtait, mais elle ne<br />
pense qu'à ses aiguilles et se comporte comme une<br />
fille, capricieuse, coléreuse, provocante et surtout<br />
fatigante<br />
Je n'en peux plus ! Faites quelque-chose je vous en<br />
prie, ai<strong>de</strong>z-moi à arrêter ce bruit, dites lui <strong>de</strong> se calmer<br />
et d'arrêter enfin<br />
Tic-tac tic-tac, qu'elle change <strong>de</strong> bruit et chante une<br />
mélodie<br />
Je ne peux plus supporter ces sons insensés<br />
Morgan Mollien<br />
Je n'ai jamais pu rattraper le temps<br />
Il s'écoule, la mort qui nous poursuit<br />
L'amour <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>vient difficile. Le cœur endurci<br />
doit se battre pour avoir sa place. Je n'ai pas trouvé<br />
le sens <strong>de</strong> la vie. Le mon<strong>de</strong> qui nous entoure est<br />
<strong>de</strong>venu si cruel<br />
Le plus faible ne trouve ni la tranquillité ni sa place<br />
La violence a pris le contrôle <strong>de</strong> l'humanité<br />
Oh dans le mon<strong>de</strong> on ne voit plus le temps passer<br />
On a perdu la joie <strong>de</strong> vivre<br />
La guerre, la famine, les inondations nous empêchent<br />
<strong>de</strong> survivre<br />
Je marche <strong>de</strong>vant moi, j'ai la main sur la tête sans<br />
regar<strong>de</strong>r à gauche ou à droite<br />
Noir, rouge, jaune, blanc, donnons-nous la main pour<br />
un mon<strong>de</strong> meilleur<br />
L'avenir nous réserve plein <strong>de</strong> bonheurs<br />
donnons -nous le temps <strong>de</strong> partager cette merveille<br />
avant qu'il ne soit trop tard<br />
Alimata Diarra
L’univers poétique <strong>de</strong> Maurice Fombeure<br />
Maurice Fombeure a imaginé<br />
un mon<strong>de</strong> intérieur<br />
régi par une géographie<br />
sentimentale, littéraire<br />
et onirique. Le<br />
discours poétique est<br />
chez lui «affaire d’humour,<br />
d’imagination et<br />
d’intelligence» pour<br />
reprendre les mots d’un<br />
autre poéte poitevin :<br />
Jean Rousselot.
Portrait<br />
(1906 – 1981)<br />
Grand prix <strong>de</strong> l’Académie Française en 1980 pour l’ensemble <strong>de</strong> son œuvre déjà fort<br />
connue dans le mon<strong>de</strong> littéraire, ses poésies ont été récitées par <strong>de</strong>s générations d’écoliers.<br />
Fier <strong>de</strong> ses racines poitevines, Jean Rousselot, poète lui-même, le décrit comme un<br />
« explorateur <strong>de</strong> forêts et <strong>de</strong> mares ». Ses poèmes sont empreints d’une éternelle<br />
enfance, <strong>de</strong> légen<strong>de</strong>s et chansons populaires du Poitou ; <strong>de</strong> sensualité, d’un humour narquois,<br />
<strong>de</strong> tendresse. La plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses œuvres a été publiée aux éditions<br />
Gallimard <strong>de</strong> 1942 à 1957, dont Images <strong>de</strong> la nuit, Grenier <strong>de</strong>s Saisons, A dos d’oiseaux,<br />
Arentelles. Bien qu'ayant signé cinq ouvrages en prose, c'est la poésie qui fait son renom<br />
avec quinze recueils. Dans son roman, La rivière aux oies, il décrit la forêt <strong>de</strong> Moulière<br />
et faire revivre avec humour les personnages <strong>de</strong> son enfance. Fidèle à ses origines, ses<br />
textes mettent en évi<strong>de</strong>nce un petit mon<strong>de</strong> poitevin avec <strong>de</strong>s portraits haut en couleur.<br />
Il rédige également un opéra-bouffe Orion-le-tueur, plusieurs fois représenté. Enfin,<br />
nombre <strong>de</strong> ses poèmes ont été mis en musique par Poulenc, Florent Schmitt, Clau<strong>de</strong><br />
Arrieu. Né à Jardres en 1906, sa mère meurt en couche à vingt ans. Il est élevé à<br />
Ogeron, domaine <strong>de</strong>s grands-parents maternels où quatre générations cohabitent sous<br />
le même toit. Après avoir fréquenté le collège <strong>de</strong> Châtellerault, l’Ecole Normale, la<br />
Faculté <strong>de</strong> Poitiers, il intègre l’Ecole Normale <strong>de</strong> Saint Cloud. Devenu professeur <strong>de</strong><br />
lettres, il enseigne à Paris au lycée J.B Say puis au lycée Lavoisier. Ses premiers textes<br />
paraissent dans La ligne <strong>de</strong> cœur <strong>de</strong> Julien <strong>de</strong> Lanoë, puis la Nouvelle Revue Française,<br />
Le Mercure <strong>de</strong> France, La Revue <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s. Ce poète <strong>de</strong> Saint-Germain-<strong>de</strong>s-Près,<br />
installé Place Saint-Sulpice, reçoit <strong>de</strong>s jeunes talents à sa table réservée chez Lipp.<br />
Cependant, il ne coupe pas ses liens avec la Vienne et revient régulièrement à Bonneuil-<br />
Matours pour y puiser son inspiration. C’est là qu’il a souhaité être enterré.<br />
Jocelyne Barbas
Portrait<br />
exposé<br />
au musée<br />
Maurice<br />
Fombeure<br />
à Bonneuil<br />
Matours
Souvenirs <strong>de</strong> récitations<br />
«A dos <strong>de</strong> mule<br />
A dos d’oiseau<br />
A dos <strong>de</strong> libellule hulot<br />
A dos <strong>de</strong> ras-mulot<br />
A pas <strong>de</strong> campanule<br />
A bras <strong>de</strong> mélilot<br />
S’en va la pluie à bulles<br />
S’en va la pluie sur l’eau.»<br />
Maurice Fombeure
Visite du musée<br />
L'école a organisé une sortie. Nous sommes allés à Bonneuil-Matours, pour visiter<br />
le musée du poète Maurice Fombeure avec Jocelyne barbas qui a animé<br />
ensuite l'atelier écriture, avec Anne-Laure, une formatrice, Cyril, David, Vanessa,<br />
Angèle, Aurélie, Somia, Serge, Julien.<br />
Son épitaphe nous a marqué :<br />
« Si tu voles autour <strong>de</strong> cette tombe<br />
Chante lui ta plus belle chanson »<br />
Maurice Fombeure a été décoré <strong>de</strong> plusieurs titres. Il est notamment : officier <strong>de</strong><br />
la légion d'honneur en 1960, prix <strong>de</strong> la poésie, prix <strong>de</strong> l'humour et grand prix<br />
littéraire en 1957.<br />
Dans l'après-midi nous sommes allés à la plage pour inventer <strong>de</strong>s textes en<br />
s’inspirant <strong>de</strong>s poèmes <strong>de</strong> Maurice Fombeure. Nous nous sommes bien amusés.<br />
Jocelyne a tout filmé.<br />
Aurélie Charpentier
Ecrire sur les terres du poète...<br />
Vous prendrez bien un petit vers ?<br />
A partir d'une sélection <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> Fombeure tirés au sort, <strong>de</strong>s défis poétiques<br />
ont été organisés. Organisés en plusieurs manches, il s'agissait<br />
d'inventer le plus possible à partir d'un seul vers, puis d'en incorporer un<br />
maximum dans une composition personnelle afin <strong>de</strong> partager les ivresses<br />
<strong>de</strong> la création sur les terres où vécut ce poète. La fantaisie, l'humour et<br />
la beauté <strong>de</strong>s images ont été recherchés. Après la lecture <strong>de</strong>s textes écrits<br />
par leur auteur, le groupe a fait part <strong>de</strong> sa préférence aux compétiteurs<br />
engagés, <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux, dans ces challenges poétiques.<br />
Et si vous essayiez ?
Première série <strong>de</strong> vers<br />
puisés dans l’oeuvre <strong>de</strong> Maurice Fombeure<br />
Première manche<br />
Inventer un poème à partir<br />
d’un seul vers au choix<br />
Poème <strong>de</strong> terre en robe <strong>de</strong>s champs<br />
<strong>Livre</strong> d'escargots pressés<br />
Vers <strong>de</strong> carottes fondantes<br />
Collection épinard<br />
Edition du menu<br />
Tome 4 <strong>de</strong> brebis<br />
Recueil <strong>de</strong> fourmis<br />
Dédicace <strong>de</strong> limace<br />
Acte II scène 3<br />
Rime à ongle<br />
Cabane d'édition<br />
Huma nu script<br />
Défi<br />
Inventez une histoire,<br />
une situation,un<br />
univers<br />
poétique à partir <strong>de</strong><br />
ces quelques mots<br />
Deuxième manche<br />
La même chose en mieux,<br />
c’est une revanche !<br />
J'aime le démentiel et le démesuré<br />
L'outrage et les hommages<br />
La folie jolie<br />
La sagesse tristesse<br />
L'humour décalé<br />
Les lettres et les pieds<br />
Alexandre un jour<br />
Poète où vas-tu ?<br />
Vers laid tue<br />
Qui suis-je ?
Deuxième série <strong>de</strong> vers<br />
Méli mélo : mélangez vos vers avec les siens<br />
Entrer dans la nuit <strong>de</strong>s jours<br />
Comme dans la légen<strong>de</strong><br />
Rêver son avenir<br />
En un passé fleuri<br />
Un clin d'œil <strong>de</strong> paupière<br />
En guise <strong>de</strong> poussière<br />
Cacophonie haletante d'enfer<br />
J'aime le démentiel et le démesuré<br />
Telle une gorgone<br />
Les chevelures <strong>de</strong>s serpents<br />
Souris bleues <strong>de</strong>s neiges éternelles<br />
Virginité couvée comme un œuf<br />
J'ai mal à mon village<br />
Ar<strong>de</strong>nts, les buissons dansent sous la lune<br />
Farandoles et chansonnettes<br />
Mais où sont les neiges d'antan ?<br />
Défi<br />
Utiliser le maximun<br />
<strong>de</strong> vers et laissezvous<br />
aller à<br />
l’ivresse poétique
Quelques poèmes issus <strong>de</strong> joutes poétiques<br />
Je transporte une flèche enfoncée dans mon cœur<br />
Qui a percé mon amour au plus profond <strong>de</strong> moi<br />
Les souvenirs frémissent dans ma boîte en fer blanc<br />
Mes émotions, mes joies, mes rencontres illuminent mon<br />
cœur percé<br />
Entrer dans la nuit, <strong>de</strong>s jours, <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> bonheur<br />
Souris bleues <strong>de</strong>s neiges<br />
Bleue comme la mer <strong>de</strong> l'océan et neige comme la couleur<br />
blanche d'un sommet <strong>de</strong> montagne<br />
Emmêler les sommeils<br />
Démêler les sommeils qui sont pris au piège par <strong>de</strong>s cauchemars<br />
horribles<br />
Etre né à " la Rue "<br />
Etre pauvre et malheureux dans corps<br />
Vanessa Bellicaud<br />
Les souvenirs frémissent<br />
dans ma boîte en fer blanc<br />
Mes souvenirs sont si importants à mes<br />
yeux quand j'ouvre ma boîte en fer blanc et<br />
que je vois les photos <strong>de</strong> mon enfance en<br />
famille à la neige. Les sorties, le ski, les<br />
balla<strong>de</strong>s, tout est gravé dans ma mémoire<br />
pour toujours. Aussi, il y a mon secret qui<br />
brille dans toutes ces photos que je ne<br />
dévoilerai pour rien au mon<strong>de</strong>.<br />
Vanessa Bellicaud
Buissons ar<strong>de</strong>nts<br />
Je marchais tranquillement dans la rue, le soir, dans<br />
mon village où les buissons dansaient sous la lune.<br />
Tout un coup une meute d'hiron<strong>de</strong>lles cravacha le<br />
ciel.<br />
Je passai <strong>de</strong>vant la rivière <strong>de</strong>s oies quand j'aperçus<br />
une jeune femme sortir <strong>de</strong> la rivière. Les oies s'envolèrent.<br />
Elle était belle comme une poésie en robe<br />
<strong>de</strong>s champs. Elle me fit un clin d'œil <strong>de</strong> paupière,<br />
puis sortit une arbalète, me transperça le cœur avec<br />
une flèche en pointe d'argent. Elle venait tout droit<br />
<strong>de</strong>s enfers, après m'avoir blessée, elle ressuscita<br />
<strong>de</strong>s morts <strong>de</strong> plusieurs siècles. Il y avait <strong>de</strong>s serpents<br />
et plusieurs autres reptiles qui rampaient sans<br />
cesse sur <strong>de</strong>s squelettes. Leurs cercueils ouverts<br />
avaient une grille en guise <strong>de</strong> fond. Je ne suis pas<br />
encore morte.<br />
A l'heure où les poissons chuchotent dans les blés,<br />
je vis une lumière illuminer le ciel. Tout était démentiel<br />
et démesuré. Cette femme était bien là pour<br />
moi. Je suis montée au ciel et je suis passée <strong>de</strong> l'autre<br />
côté comme certains disent. J'ai revu ceux que<br />
j'aimais le plus et même <strong>de</strong>s personnes que j'avais<br />
vu <strong>de</strong> ma vie qu'en photo. Je me suis sentie heureuse<br />
et bien dans ma tête même si j'étais morte.<br />
Aurélie Charpentier
Les souvenirs frémissent dans la boîte en fer blanc<br />
Père à la mer<br />
Et ma mère l'oie<br />
Pour faire tomber les asticots<br />
Des trente-six métiers, trente-six misères<br />
Pauvre Martin, pauvre misère<br />
Tout et fermé sauf le paysage<br />
À l'heure où les poissons chuchotent dans les blés<br />
La voix recueillie <strong>de</strong>s fontaines<br />
Roucoulent à l'office<br />
Vois le chêne qui se déplace, dans ses gros pantalons <strong>de</strong> bois<br />
Se soumet à l'astral et au plan cadastral<br />
Quelle est cette langueur qui habite mon cœur ?<br />
Anne-Laure Jimenez Bresson, formatrice
J'aime le démentiel et le démesuré<br />
Lorsque les événements les plus curieux accélèrent la vie<br />
A 3000 à l'heure, voir un clair <strong>de</strong> terre et une éclipse <strong>de</strong> Neptune<br />
Un château d'escargot royal dans le désert<br />
Une paille en or pour y aspirer le sable et faire venir la mer<br />
Déplacer les montagnes et semer <strong>de</strong>s touristes dans le plein du mois d'août<br />
Inverser le sens <strong>de</strong>s pentes et l'orientation <strong>de</strong>s virages<br />
Foncer jusqu'à dépasser le temps, coiffer au poteau la vitesse <strong>de</strong> la lumière<br />
Faire trois fois le tour <strong>de</strong> la galaxie en ski nautique intergalactique<br />
A propulsion poétique, s'il-vous-plaît !<br />
Envoyer au diable les signes <strong>de</strong> ponctuation<br />
Pour insuffler <strong>de</strong> l'air dans le confiné<br />
Mettre <strong>de</strong> l'huile sur le feu du centre <strong>de</strong> la terre<br />
Faire péter les volcans <strong>de</strong> colère<br />
Dégeler les glaces du pôle à coups <strong>de</strong> fer à repasser<br />
Le dimanche après-midi, quand tous les magasins sont fermés<br />
et que tu t'ennuies<br />
Faire marcher la planche à billets en prévision <strong>de</strong> leur réouverture<br />
Tant que c'est possible, tant que le temps dure<br />
Jusqu'à la disparition <strong>de</strong>s forêts sur notre terre<br />
Jusqu'à inquiéter les petits hommes verts<br />
Les martiens débarqueraient nous sauver<br />
Connaissent rien à l'humour ces gens-là !<br />
Je leur ferais bien visiter une usine <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong>s Smarties<br />
Rien que pour leur faire croire que le génie humain a élaboré une nouvelle<br />
arme bactériologique, un truc aussi contagieux que le plaisir <strong>de</strong> manger du<br />
chocolat coloré<br />
Un truc infernal qui fait soulever les côtes dans <strong>de</strong>s soubresauts chaotiques<br />
On croit manquer d'air<br />
Mais qu'est-ce que c'est bien que d'apprendre à mourir <strong>de</strong> rire<br />
C'est bien décidé<br />
J'aime le démentiel et le démesuré !<br />
Jocelyne Barbas
Les souvenirs frémissent dans la boîte en fer blanc<br />
Seule dans mon placard avec ce bel ornement<br />
Remplie d'un autre mon<strong>de</strong>, celui <strong>de</strong> mon passé que je vois et entends<br />
Il me suffit <strong>de</strong> toquer sur le couvercle brillant<br />
Pour être inspirée dans ce moment<br />
L'appel <strong>de</strong> cette boîte se fait toujours à cette heure précise<br />
Quand je suis tout seule et que mon esprit s'enivre <strong>de</strong> joie et <strong>de</strong> gloire passée.<br />
Voir sa propre vérité<br />
Des choses que j'aurais du éviter.<br />
Tous ces sons, une cacophonie haletante d'enfer<br />
Dans cette boite où je peux tout voir...<br />
je me vois petite bou<strong>de</strong>r en bas <strong>de</strong>s escaliers<br />
C'est fou ce que cette boîte restitue<br />
C'est comme si je ressuscitais <strong>de</strong>s siècles <strong>de</strong> morts<br />
Entrer dans la nuit <strong>de</strong>s jours<br />
Des rêves et <strong>de</strong>s réalités<br />
je les contemple lorsque j'en ressens le besoin<br />
Car j'oublie.. J'oublie tout ... Sauf cette boîte en fer blanc<br />
Charlotte Lequeux
Emmêler les sommeils<br />
Se confondre en éveil<br />
Fermer les yeux<br />
pour se sentir mieux,<br />
s'accor<strong>de</strong>r une trêve<br />
pour accé<strong>de</strong>r aux rêves<br />
Estomper la réalité<br />
pour en atténuer ses effets<br />
S'échapper d'un mon<strong>de</strong> en guerre<br />
que l'on ne peut pas prier <strong>de</strong> se taire,<br />
<strong>de</strong> cette cacophonie haletante d'enfer<br />
qui ne nous est pas nécessaire<br />
Ressusciter <strong>de</strong>s siècles <strong>de</strong> morts<br />
pour leur prouver qu'ils ont tort<br />
<strong>de</strong> croire que les jeunes rêvent encore<br />
d'une vie éternellement dorée<br />
Un seul clin d'œil <strong>de</strong> paupière<br />
suffit à nous rendre poussière<br />
Laïla Mekhalfa<br />
Etonnés les serpents et les reptiles,<br />
Qui rampaient tout le temps <strong>de</strong> finir en souliers,<br />
Les chevelures <strong>de</strong>s serpents entraient dans la nuit <strong>de</strong>s jours,<br />
Eux, boudaient au bas <strong>de</strong>s escaliers,<br />
à l'heure où les poissons chuchotent dans les blés<br />
Abigaïl Bouchon
Autres poèmes inspirés <strong>de</strong> Maurice Fombeure<br />
Chez moi<br />
Que ce soit l'hiver ou l'été, les sources<br />
en couleurs à côté <strong>de</strong>s bois<br />
En <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s rochers<br />
Les rayons du soleil font briller l'eau<br />
Les chemins traversent les bois<br />
On découvre <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> blé<br />
Des ruches <strong>de</strong>ssous les sapins<br />
Ma maison est à 400 mètres<br />
Des bois, sur une colline<br />
On y voit <strong>de</strong>s étangs<br />
Des merles noirs, <strong>de</strong>s pies<br />
David Desouches<br />
Que ce soit rêve ou réalité<br />
Son esprit se promène<br />
Entre paysage ensoleillé, pluvieux et enneigé<br />
Des rêves plein les yeux<br />
Du bonheur plein le cœur<br />
Laissant s'envoler toutes ses pensées<br />
Sur un simple morceau <strong>de</strong> papier<br />
A l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa plume dorée…<br />
Laurence Gouron
Mon plus beau souvenir<br />
Je vous raconte le plus beaux souvenirs <strong>de</strong> ma vie comment je<br />
suis arrivé sur terre. Ce fut entre <strong>de</strong>ux longs voyages d'été et<br />
hiver. Là, je déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> venir au mon<strong>de</strong> à une heure où tout est<br />
fermé même pas une feuille <strong>de</strong> bananier pour allonger ma chère<br />
maman mais un paysage <strong>de</strong> rêve<br />
qui fait croire qu'on est dans<br />
mon village avec<br />
les cris <strong>de</strong>s corbeaux<br />
perchés sur<br />
<strong>de</strong>s buissons à la<br />
tombée <strong>de</strong> la pleine<br />
lune. Et Quel beau<br />
bébé que je suis ! Ma<br />
mère me dit lorsque elle me touche<br />
la tête que je fais déjà <strong>de</strong>s clins d'œil avec mes petites paupières.<br />
Il y avait toute une famille <strong>de</strong> serpents et autres reptiles<br />
qui rampaient tout autour. Ils rigolaient en nous lisant un beau<br />
poème <strong>de</strong> Maurice Fombeure.<br />
Serge Ndoumbe Bona
Avis contraire<br />
La grand-mère est partie <strong>de</strong><br />
la fenêtre<br />
Debout sur les épaules du chien, la<br />
chauve-souris joue<br />
avec ses ailes<br />
L'araignée<br />
compte<br />
sur ses<br />
fils<br />
La flaque<br />
d'eau<br />
reflète le silence<br />
Une vieille maison couleur<br />
aman<strong>de</strong>, prise d'un soleil tapant<br />
Des rats rouges <strong>de</strong>rrière le feu<br />
Des souris blanches dans les pâturages blancs<br />
Le soleil <strong>de</strong>ssine leur barbe<br />
Dans le château du gar<strong>de</strong> du corps<br />
Des jours sans travail et <strong>de</strong>s nuits sans diable<br />
Les feuilles assourdissent le bruit <strong>de</strong> la pluie<br />
La plaine pleut peu à peu<br />
Devient un bois mort<br />
Les gens rouges vont arriver<br />
Julien Cappa
Alerte aux chevaux d'Espagne<br />
Vallée sombre et lune en haut<br />
Un aigle bat la campagne<br />
J'entends boire les crapauds<br />
Dans le brouillard <strong>de</strong> mes rêves à moitié endormie<br />
Je sens battre <strong>de</strong>s ailes <strong>de</strong>s oiseaux<br />
Je rêve, je dors, tout est dans mes pensées<br />
Je sens le bruit <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong>s arbres qui<br />
Se battent avec le vent. La nature si belle et si calme<br />
Les chevaux d'Espagne arrivent<br />
Vallée obscure et lune resplendissante<br />
L'aigle vole au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s champs<br />
J'imagine le bruit <strong>de</strong>s petits animaux<br />
Tatiana Pastas Merchancano
Sirène d'eau douce<br />
A moins, qu'une sirène d'eau douce verte<br />
M'atten<strong>de</strong> les bras entrouverts<br />
Et m'offre pour ma perte<br />
D'une ombre un château vert<br />
L'ombre d'une étoile <strong>de</strong> mer, fleur offerte<br />
Dans ce palais aux volets verts<br />
L'ombre du château sous les rayons du soleil<br />
Dans la mer où l'on voit<br />
La charmante sirène s'amuse<br />
Avec les vagues au coucher du soleil<br />
La sirène d'eau douce rêve <strong>de</strong> son ange<br />
Qui la protège partout où elle va<br />
Cet ange est l'âme <strong>de</strong> sa mère<br />
Qui lui a promis <strong>de</strong> ne jamais l'abandonner<br />
Dans la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la nuit<br />
Une voix a surgi<br />
La lumière <strong>de</strong> la vie<br />
Un arc en ciel <strong>de</strong> douceur<br />
Tout droit venu du cœur<br />
Alors je me suis envolée<br />
Pour aller la retrouver dans le ciel<br />
Car elle est aussi l'ange <strong>de</strong>s couleurs<br />
Qui s'est posé sur mon cœur<br />
Pour m'apprendre à aimer<br />
Virginie Moreau
Création<br />
<strong>de</strong> livres d’artistes
Une erreur <strong>de</strong> conception :<br />
les pages intérieures sont<br />
trop gran<strong>de</strong>s. Il faut à<br />
nouveau découper.
La minutie exige <strong>de</strong> la concentration...
... mais la créativité se cultive dans la bonne humeur...
le scrapbooking<br />
Afin d’illustrer ce recueil<br />
les stagiaires ont été<br />
conviés à s’essayer au scrapbooking,<br />
ce qui signifie en<br />
français «morceaux» et<br />
«livre». Il s’agit <strong>de</strong> regrouper<br />
<strong>de</strong>s éléments divers dans<br />
une forme esthétique. Une<br />
manière originale <strong>de</strong> revisiter<br />
les arts graphiques avec<br />
une approche créative du<br />
recyclage.<br />
Cet ouvrage ne présente que<br />
<strong>de</strong>s extraits. Les productions<br />
ont en effet été nombreuses.
Participation à un concours <strong>de</strong> poésie<br />
A l'occasion du 7ième concours <strong>de</strong> poésie organisé par le Centre du livre et <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong><br />
Poitou-Charentes, les stagiaires <strong>de</strong> l'E2C ont composé leur poème en agençant à leur façon<br />
<strong>de</strong>s vers empruntés à Jacques Bertin, Magyd Cherfi, Valérie Rouzeau, Jean-François Mathé,<br />
Albert Ostermaier, Daniel Reynaud.<br />
J'insiste la colère un peu la haine.<br />
Des gros yeux sévères me regardaient tout droit<br />
Et l'amour jaunit à peine<br />
La douleur ainsi faite colère vous soulage <strong>de</strong> jamais rien voir venir<br />
Longue échelle ciel en feu et du vent<br />
L'automne est un violoncelle enseveli sous les feuilles<br />
Poème recomposé par<br />
Sabrina Dos santos<br />
Brûlant comme feu <strong>de</strong> bois vert<br />
Ce matin il a pris la forme d'un nuage invisible à ta fenêtre<br />
Mais voilà j'étais prêt et sur le quai comme un bateau<br />
Ma solitu<strong>de</strong> fécondée <strong>de</strong>vient vivante<br />
Qui oublie ses racines pour mourir dans le vent feuille à feuille emportée<br />
Leur âme encore & jouent en continu<br />
Poème recomposé par Billy Lebuku
J'espère que tu es là j'espère que tu le sais<br />
La pluie plate du quotidien sur le carreau <strong>de</strong> l'habitu<strong>de</strong><br />
En nous le souffle monte à travers un arbre<br />
Et je me retrouve couché dans tes yeux<br />
L'oreille au bord <strong>de</strong>s lèvres et l'œil dans un nuage<br />
Tes coups <strong>de</strong> langue à distance<br />
Marchent <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux mes mots<br />
Donc, je suis <strong>de</strong>venu sage comme une image<br />
En gaieté aujourd'hui à cloche-pied hop hop hop<br />
On pouvait chanter fort la gadoue la gadoue<br />
Poème recomposé par Alice Ingremeau<br />
Je ne sais pas comment on place<br />
Blessé seulement<br />
Et je me tais tandis qu'au loin<br />
On se dit qu'il faudrait crier pour lacérer cette réalité qui<br />
nous exclut, qui sans s'éloigner<br />
Ce qui est dit est dit<br />
Je pense à tes mains dépliant leur feuille<br />
A l'herbe légère <strong>de</strong> tes cheveux<br />
Et je me retrouve couché dans tes yeux<br />
Couleur <strong>de</strong> soleil et <strong>de</strong> chèvrefeuille<br />
Récipients d'air<br />
Au bois sifflaient les ziaux les loups les pâtres grecs<br />
Et j'oubliais qu'à trop avoir la dalle on mange tout, on a<br />
l'appétit pour que dalle<br />
Poème recomposé par Timothée Nussbaum
Tricoteuse <strong>de</strong> silence, une femme oublie son cœur<br />
Vous entendrez souvent la cloche fêlée sur l'étang<br />
Et les petites bottes bleues enfoncées dans la boue<br />
Puis silence, comme quand la pluie cesse<br />
Fauché au ras du sol qui <strong>de</strong>vient<br />
Sombre et pourri<br />
Tout en moi vrombit quand<br />
A ton ventre je frémis<br />
La douleur ainsi faite colère<br />
vous soulage <strong>de</strong> jamais rien voir venir<br />
Poème recomposé par Lucie Boureau
Poèmes librement inspirés<br />
Solitu<strong>de</strong><br />
Ma solitu<strong>de</strong> fécondée <strong>de</strong>vient vivante<br />
Si tu savais ce que le temps est dur<br />
à vivre sans toi<br />
Je t'en prie reste tranquille<br />
Je t'en prie ne m'oublie pas<br />
Et surtout ne m'en veux pas<br />
De t'avoir moi-même abandonné<br />
Ne t'avoir que lâchement laissé<br />
Pour seul souvenir un petit bout <strong>de</strong> papier griffonné<br />
Ici ça fait un trou bleu tout seul dans le gris du ciel<br />
Je t'en prie reste tranquille<br />
J'ai juste eu besoin <strong>de</strong> tremper mes larmes dans<br />
l'aci<strong>de</strong> à cause <strong>de</strong> tout ce qui manque à mon bonheur<br />
Ma solitu<strong>de</strong> fécondée <strong>de</strong>vient vivante<br />
Je t'en prie reste tranquille<br />
Oublie-moi si tu le veux<br />
Mais je t'en prie ne m'en veux pas<br />
Lucie Boureau<br />
Je me dis qu'il faudrait crier pour lacérer cette réalité<br />
qui nous exclut<br />
Mais cet étouffement est bien trop réel pour pouvoir<br />
crier<br />
Sans tomber dans ce gouffre<br />
Si tu savais ce que le temps est dur à vivre sans toi<br />
Je t'en prie reste tranquille<br />
Je t'en prie ne m'oublie pas<br />
Et surtout ne m'en veux pas
L'amour<br />
Version SMS<br />
L'amour est un sentiment bon et douloureux à la fois<br />
kan il est là on est heureux<br />
kan il part on se sent terrassé par elle<br />
Espérer le retrouver est bien plus excitant ke <strong>de</strong> se<br />
morfondre tout le temps<br />
C un petit poème pour tous ceux ki<br />
se sentent concernés<br />
Frédéric Villaumé<br />
La flamme<br />
Un jour tu as allumé<br />
La petite bougie<br />
Chaque jour<br />
Tu faisais briller la flamme<br />
Un peu plus fort<br />
Et puis un jour<br />
Tu as soufflé <strong>de</strong>ssus tellement violemment<br />
Que la cire a coulé et a brûlé<br />
Une partie <strong>de</strong> mon cœur<br />
HISTOIRE VRAIE<br />
Billy Lebuku<br />
Traduction en français courant<br />
L'amour est un sentiment bon et douloureux à la fois<br />
Quand il est là on est heureux<br />
Quand il part on se sent terrassé par elle<br />
Espérer le retrouver est bien plus excitant que <strong>de</strong> se<br />
morfondre tout le temps<br />
C'est un petit poème pour tous ceux qui<br />
se sentent concernés<br />
Frédéric Villaumé
La douleur<br />
Cette douleur due à un cœur brisé<br />
Souffrant d'un manque d'amour inconsidéré<br />
Comment réussir à résister<br />
A cette douleur qui nous fait tant pleurer ?<br />
Souvent on essaye <strong>de</strong> cacher nos faiblesses<br />
Celles qui dans nos esprits nous rabaissent<br />
Il ne faut pas oublier que malgré nos faiblesses<br />
Nous avons tous en nous une force<br />
La force d'espérer un bel avenir<br />
Celle <strong>de</strong> pouvoir sourire<br />
On peut même réussir à séduire<br />
Et fon<strong>de</strong>r une famille qui va nous réjouir !<br />
Il faut toujours gar<strong>de</strong>r l'espoir<br />
Celui <strong>de</strong> croire et <strong>de</strong> voir<br />
De regar<strong>de</strong>r la nuit tomber le soir<br />
Et se souvenir <strong>de</strong>s bons moments<br />
qui restent dans nos mémoires !<br />
Laurine Courbier<br />
Nos chemins se sont croisés<br />
Cette fille était d'une extrême beauté<br />
Belle comme un bouton <strong>de</strong> rose<br />
Ta maladresse <strong>de</strong>vient une apothéose<br />
Ta beauté m'a envoûtée<br />
Comme un sort jeté<br />
Angèle Céglarski<br />
J'ai dorloté les cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ton cœur<br />
Pour que s'envole toute ta rancœur<br />
Et que reviennent tes petites bulles<br />
<strong>de</strong> BONHEUR<br />
Dans ton regard ENSORCELEUR<br />
Laurence Gouron<br />
Si tu étais une rose, je serais tes pétales<br />
Si tu étais un soleil, je serais ta clarté<br />
Si tu étais un oiseau, je serais ton plumage<br />
Si tu étais un arbre, je serais ton feuillage<br />
Si tu étais un ange, je serais tes ailes<br />
Si tu étais ce garçon, je serais cette fille<br />
Angèle Céglarski
En route pour la pêche<br />
Il aimait l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la terre quand tout dort encore<br />
Souvent, le jour le surprenait sur la terrasse, le visage<br />
Tourné vers la ligne sombre <strong>de</strong>s lan<strong>de</strong>s vers la mer<br />
La fraîcheur du matin, la terre gelée, l'air vif, l'herbe<br />
Blanchie, tout craque sous les chaussures<br />
Il prend <strong>de</strong>s moulinets, <strong>de</strong>s cannes anglaises, sa caisse<br />
Sa bourriche, <strong>de</strong>s porte-canes<br />
Il prend aussi un parasol <strong>de</strong> pêche, la tente, une chaise pliante<br />
Il vérifie ses appâts : asticots, <strong>de</strong>s lèches, <strong>de</strong>s vifs<br />
Puis, il démarre en direction <strong>de</strong> la rivière<br />
David Desouches
Les enfants dans le mon<strong>de</strong><br />
Quand les enfants sont maltraités<br />
Ils ne l'oublient jamais<br />
Quand les enfants sont tristes<br />
Ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt l'ai<strong>de</strong> du Christ<br />
Les malheureux ont d'abord besoin d'êtres chaleureux<br />
Qu'un petit mala<strong>de</strong> fixe le noir d'une chambre d'hôpital<br />
Qu'un autre crie famine parce que son ventre est vi<strong>de</strong><br />
Qu'un autre encore ven<strong>de</strong> son âme et son corps au diable<br />
Pour avoir une vie moins misérable<br />
C'est toujours la même détresse insoutenable<br />
Enfants <strong>de</strong>s rues<br />
Enfants cherchant leur pitance dans les ordures<br />
Enfants que l'on vend sans scrupule<br />
Enfants qui vous prostituez<br />
Enfants mutilés au nom <strong>de</strong> traditions millénaires<br />
Enfants travaillant comme <strong>de</strong>s adultes<br />
Vous êtes <strong>de</strong>s diamants<br />
Et nul n'a le droit <strong>de</strong> tenir ce qui est brillant<br />
De vos regards coulent une lumière si pure<br />
Qu'il faut avoir le cœur bien dur ! Pour briser les rêves<br />
d'aussi fragiles créatures.<br />
Benjamin Chapillon
J'aimerais trouver la clé qui ferme la porte du malheur,<br />
et trouver celle qui ouvre la porte du bonheur,<br />
Je m'enfermerais à double tour<br />
Et j'y resterais jusqu'à mon <strong>de</strong>rnier jour..<br />
Soraya Ramdane<br />
Des paroles <strong>de</strong> douceur<br />
Des moments <strong>de</strong> bonheur<br />
Des regards échangés<br />
Un zeste <strong>de</strong> complicité<br />
Des étoiles dans les yeux<br />
La joie d'être <strong>de</strong>ux<br />
Main dans la main<br />
Suivre le même chemin.<br />
Des rêves plein le coeur<br />
Que du plaisir, aucune rancoeur<br />
Aimer et oublier<br />
Les blessures du passé.<br />
Juste la magie <strong>de</strong> l'amour<br />
Guillaume Barre<br />
JE PREFERE OUVRIR LES BOITES<br />
QUE DE M'Y RETROUVER…<br />
EN BOITE !<br />
Vartan Nersisian
Poèmes en forme<br />
<strong>de</strong> lettres ouvertes<br />
Avis au mon<strong>de</strong> entier !<br />
J'accuse la petite souris d'avoir voler nos <strong>de</strong>nts<br />
J'accuse M. Sarkozy d'avoir volé l'argent public<br />
J'accuse Dieu d'avoir volé mon <strong>de</strong>stin<br />
J'accuse Jésus d'avoir trop bu <strong>de</strong> son sang<br />
J'accuse l'État <strong>de</strong> nous empêcher <strong>de</strong> nous soigner en<br />
laissant les hôpitaux s'autogérer<br />
J'accuse le Père Noël d'avoir déçu beaucoup d'enfants<br />
J'accuse notre arrière train <strong>de</strong> flatulences imprévisibles<br />
J'accuse les politiciens <strong>de</strong> mentir à mots couverts<br />
J'accuse les gens <strong>de</strong> vivre comme <strong>de</strong>s moutons<br />
J'accuse l'argent <strong>de</strong> nous pousser à faire <strong>de</strong>s choses<br />
inacceptables<br />
J'accuse la bêtise d'exister<br />
J'accuse les chaînes <strong>de</strong> TV <strong>de</strong> violenter nos esprits<br />
J'accuse Internet d'abus <strong>de</strong> téléchargements<br />
Benjamin Chapillon<br />
Lettre ouverte à ceux qui ne savent<br />
pas être jeune<br />
Comment être jeune ? Comment survivre<br />
à une adolescence difficile sans<br />
cé<strong>de</strong>r à l'imitation : fumer, boire, les<br />
potes et les soirées, faire <strong>de</strong>s conneries<br />
? Les jeunes aiment la liberté et<br />
profiter <strong>de</strong> la vie mais la peur prend le<br />
<strong>de</strong>ssus.<br />
Se respecter et se faire respecter, c'est<br />
déjà <strong>de</strong>venir adulte et… refuser sa jeunesse.<br />
Myriam Gaillard
Lettre ouverte à la déesse <strong>de</strong> l'amour<br />
Ma chère Aphrodite<br />
J'aimerais que toi, la plus gran<strong>de</strong> déesse <strong>de</strong><br />
l'amour, tu m'ai<strong>de</strong>s à faire les bons choix<br />
dans ma vie sentimentale. Je n'ai malheureusement<br />
jamais réussi à les faire seule et<br />
à l'heure actuelle je suis avec un homme<br />
avec qui je me sens bien et qui sera bientôt<br />
le père <strong>de</strong> mon enfant. Mais sera-t-il la<br />
bonne personne ? Comment le savoir?<br />
Comment ne pas avoir peur <strong>de</strong> l'avenir ? Je<br />
viens <strong>de</strong> voir un couple que je pensais idéal<br />
s'effondrer. Comment avoir confiance en<br />
l'amour ? Si seulement nous vivions à une<br />
autre époque, une époque sans divorce, sans<br />
peur et sans reproche. Je me dis qu'avec une<br />
vie sentimentale bien rangée, je réussirais<br />
mieux ma vie professionnelle, sans toutes<br />
ces craintes qui nous troublent aujourd'hui.<br />
En attentant d'un signe <strong>de</strong> ta part.<br />
Cindy Cousin
Les haïkus<br />
Les haïkus sont <strong>de</strong> petits poèmes japonais. Ils expriment un moment unique<br />
et singulier. Poésie <strong>de</strong> l'instant, ils ne puisent que <strong>de</strong> brefs moments dans la<br />
réalité. Sobres, ils résultent d'une hésitation entre dire et se taire. Cette retenue<br />
volontaire ajoute une intensité émotionnelle.<br />
Amour<br />
Mon corps frémit<br />
Mon souffle s'accélère<br />
Ses mains passent...<br />
Charlotte Lequeux<br />
Sensation<br />
Les gens me regar<strong>de</strong>nt<br />
Ils chuchotent<br />
Qu'est je donc ?<br />
Charlotte Lequeux<br />
La solitu<strong>de</strong><br />
Je suis seul au mon<strong>de</strong>.<br />
J'en ai perdu mon prénom<br />
La solitu<strong>de</strong> m'emporte<br />
Johny Gros<br />
Angoisse<br />
J'ai peur <strong>de</strong> te regar<strong>de</strong>r<br />
Peur <strong>de</strong> ne pas te plaire<br />
En regardant tes beaux yeux clairs<br />
Abigaïl Bouchon<br />
Ecouter <strong>de</strong> la musique est un moment unique<br />
elle nous emmène, nous transporte<br />
C'est un voyage magique<br />
Guillaume Barre<br />
Sensation<br />
Je sens en moi<br />
Un petit être qui bouge<br />
J'écoute<br />
Cindy Legruiec
Haikus <strong>de</strong>s quatre saisons<br />
L'écureuil sur son tronc<br />
observe les feuilles tomber<br />
et le ciel bleuté<br />
impatient <strong>de</strong> revoir l'été<br />
Mickael Barra<br />
Feuille jaune, rouge, orange,<br />
feuille qui tombe,<br />
feuille qui craque,<br />
C'est le début <strong>de</strong> l'automne<br />
Amandine Ladougne<br />
Les feuilles rouges<br />
Au bord <strong>de</strong>s routes<br />
S'illuminent au lever du jour<br />
Cindy Legruiec<br />
L'hiver<br />
Des couleurs froi<strong>de</strong>s<br />
Bleus, Blancs, Beurres,<br />
Marchent sur la neige éclatante<br />
Abigaïl Bouchon<br />
Les feuilles tombées renaissent <strong>de</strong> leurs cendres<br />
Comme un phoenix à l'aube <strong>de</strong> l'été<br />
Elles vivent <strong>de</strong>s couleurs du temps.<br />
Abigail Bouchon
Tendresse<br />
Je pense à toi<br />
A tes bras qui m'entourent<br />
A ta voix qui m'envahit<br />
A ton cœur qui m'appartient<br />
A toi qui m'éblouis.<br />
Abigaïl Bouchon<br />
Je somnole dans mes rêves<br />
Je te vois !<br />
Mon cœur palpite<br />
Abigaïl Bouchon<br />
L'amour est à la vie<br />
ce que le talent est à la peinture<br />
sans lui, elle n'a pas <strong>de</strong> valeur<br />
Guillaume Barre
Inachèvement<br />
Si le présent recueil s'achève, il est impossible <strong>de</strong> terminer véritablement un atelier d'écriture tant les<br />
lectures et les écrits contiennent <strong>de</strong>s germes qui formeront <strong>de</strong>s pensées à venir. Ces transformations<br />
discrètes sont autant d'ouvertures, <strong>de</strong> possibilités nouvelles, d'initiatives, <strong>de</strong> potentialités et <strong>de</strong> créations.<br />
Refermer la couverture <strong>de</strong> ce recueil ne clôt pas ces expériences. Ce geste ne marque qu'une étape.<br />
Jocelyne Barbas
« Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter aux <strong>lecteurs</strong>... » : voix<br />
intérieure <strong>de</strong> la personne préposée à la relecture <strong>de</strong> ce livre dédié...<br />
aux voix intérieures. Une page blanche, un doute, la peur. Séduire la<br />
page et puis quoi encore...Non, plutôt la mater en coin, avec un stylo<br />
un peu las. Dire que nous ne cessons <strong>de</strong> nous parler tout bas ? De<br />
beaux écrits. Ils sont déjà là quand je les lis...Des vers qui ricochent<br />
comme ceux-ci. Des voiles <strong>de</strong> pu<strong>de</strong>ur sur la vie <strong>de</strong> ses auteurs, <strong>de</strong>s<br />
jeux, <strong>de</strong>s questionnements, personne ne ment. Voix d'hommes, <strong>de</strong><br />
femmes, chuchotements, murmures, vertiges, cris. Le tout, comme<br />
une caresse <strong>de</strong> plume, un souffle <strong>de</strong> vie. Ce carnet met en scène un<br />
atelier, <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> liberté. Des <strong>de</strong>stins en miroir. Des vies en<br />
espoir. Ainsi le temps est-il venu <strong>de</strong> les écouter vraiment, et <strong>de</strong> les lire<br />
enfin. Une page à la main.<br />
Christophe Ingrand<br />
Coordinateur pédagogique