Pour une DA qui bouge - LMDA - Le Monde De La Distribution ...

actualités
Samuel Mansard, dirigeant d’Ecodistri (Île de La Réunion)
« Pour une DA qui bouge»
167 km, 9 000 mètres de dénivelé, une
course harassante contre la montre et contre
soi-même, tel est le programme de la Diagonale
des Fous. Ce grand raid pourrait en
décourager plus d’un, et pourtant Samuel
Mansard, fondateur et dirigeant d’Ecodistri à
La Réunion, se lancera pour la troisième année
consécutive dans cette aventure qui se
tiendra du 13 au 16 octobre 2011. Il nous
explique ses motivations et le sens de cet engagement.
LMDA : On voit rarement
les professionnels de la DA
parler de leurs passions,
de leurs hobbys, est-ce par
timidité ?
Samuel Mansard : Je crois surtout
que ces derniers, et j’en ai fait partie,
sont complètement accaparés
par leur activité. La distribution
automatique est une maîtresse exigeante,
chronophage et qui au final
vous envoûte. Je crois également
que le métier de gestionnaire est
particulièrement stressant, car nous
nous trouvons en permanence en
prise avec les tracas du quotidien.
Je veux bien entendu parler des
pannes, des affaires sur le feu et
de la gestion des personnels qui
sont en permanence hors de l’entreprise.
Nous qui vendons une pause,
sommes généralement incapables
d’en prendre nous-mêmes ! On dit
bien toujours que ce sont les cordonniers
les plus mal chaussés.
Depuis la création d’Ecodistri, en
1993, j’ai investi beaucoup de mon
temps et de mon énergie pour le
développement de l’activité et pour
la satisfaction des clients de La
Réunion qui est notre domaine d’expression.
La crise économique que
nous avons vécue a aussi contribué
à accroître la pression, car nous
dépendons beaucoup du pouvoir
d’achat des consommateurs. De
fait, ce n’est pas de la timidité, mais
bien souvent le manque de temps,
et peut-être aussi l’angoisse de
pouvoir passer du temps hors de
l’entreprise.
LMDA : Le Grand Raid est
une aventure extrême.
Peut-on dire que c’est aussi
une échappatoire ?
S.M. : C’est pour moi une manière
de faire le vide et de me donner
8 lmda 162 janvier 2011

un challenge. Passé la quarantaine,
et j’ai quarante sept ans, on peut
aussi avoir l’impression d’avoir ses
plus belles années derrière soi. Se
remettre en danger en s’engageant
dans la Diagonale des Fous est aussi
une volonté de se joindre aux 3 000
participants pour se confronter à eux.
C’est une compétition, car il y a des
règles, des passages de temps à
respecter, mais c’est aussi une lutte
contre soi-même, une volonté de se
mettre en danger de manière sécurisée.
La préparation s’effectue sur
une année et nécessite trois sorties
par semaines pour s’entrainer à la
course à pied, ainsi qu’une course
dans la nature toutes les quinzaines,
nécessitant un départ à quatre heures
du matin, lampe au front. Mais c’est
aussi une joie de voir mon île autrement
qu’au travers de son quotidien,
de renouer le contact simple avec la
nature.
LMDA : Comment cette
expérience a-t-elle eu des
répercussions sur l’entreprise
?
S.M. : Celles-ci sont positives, car la
course est très populaire à l’Île de La
Réunion et attire aussi beaucoup de
participants de la métropole. Qui plus
est, je crois que c’est une autre façon
de valoriser la distribution automatique.
Trop souvent, nous sommes
mal vus en tant que chef d’entreprise,
car on nous accuse de tous
les maux, et notamment, de vendre
des produits mauvais pour la santé,
des confiseries et des sodas. Ici c’est
tout le contraire, car l’image de cette
compétition sportive balaie les a priori
sur son passage. Il faut être en très
bonne condition physique pour s’y
engager et on est de fait bien loin de
l’image du responsable d’une société
de gestion qui peut être assimilée à
celle de l’obésité. D’une certaine manière,
la promotion du sport ne peut
être que bénéfique pour nous. La distribution
automatique est un vecteur
de convivialité et de détente. Je dis
toujours que si on a soif, il faut boire
de l’eau et que les sodas, en quantité
raisonnable, apportent au même titre
que les snacks, des petits plaisirs. La
lutte contre l’obésité passe par l’éducation,
le respect d’une hygiène de
vie et une alimentation raisonnée. Le
sport est un excellent moyen pour y
arriver.
LMDA : Et votre personnel
est-il aussi sensible à cette
aventure ?
S.M. : En ce qui concerne l’entreprise
Ecodistri, nous allons prochainement
réaliser un repas d’équipe à Grand
Bassin*, un petit village enclavé,
accessible uniquement à pied. De
fait, nous allons transporter tout le
personnel par hélicoptère, afin que
l’ensemble des collaborateurs puisse
profiter du spectacle naturel. Peutêtre
allons-nous aussi donner une
vocation à certains qui pourraient
décider de monter à pied l’année prochaine.
LMDA : Vous passez d’une
passion à une autre, mais
n’est-elle pas tout aussi individuelle
?
S.M. : Pas du tout, car j’ai le plaisir
de courir avec mon épouse, qui elle
aussi s’est inscrite à la Diagonale.
Nous nous préparons ensemble,
nous soutenons et nous épaulons
pendant la course. La Diagonale est
devenue une aventure familiale qui
nous permet de partager autre chose,
même nos quatre enfants sont de la
partie en assurant l’assistance. C’est
un réel plaisir que nous attendons
tous les deux, même si cela doit passer
par des efforts et de la souffrance
durant le Raid.
LMDA : On peut donc être
gestionnaire et un peu fou ?
S.M. : Je crois qu’il faut être un peu
fou pour se lancer dans la gestion.
Plus sérieusement, je souhaite inviter
mes confrères ou des fournisseurs
qui le désirent à venir me rejoindre
dans cette aventure, et pourquoi
pas créer une équipe de DA pour le
Grand Raid, car plus il y a de fous …
*Accessible uniquement à pied, Grand
Bassin, se situe au fin fond de la Plaine
des Cafres, au pied des remparts du
cirque de Cilaos. Pour accéder à Grand
Bassin, le sentier est tout en descente
(un peu moins de 1 000 mètres de dénivelé).
9