Tales of Heroes - reciprocity 2012

“…l’édifice immense du souvenir”.
“Elle envoya chercher un de ces gâteaux
courts et dodus appelés Petites Madeleines
qui semblent avoir été moulés dans la valve
rainurée d’une coquille de Saint-Jacques”.
La scène des Petites Madeleines est
merveilleusement bien écrite, dépeignant des
sentiments dans des questions émotionnelles
et souvenirs sensibles, qui imprègnent le lecteur.
Cette évocation d’un frisson irradie et se blottit
dans le souvenir, tout comme le font certains
projets qui sont présentés dans l’exposition
Memorabilia. Dans ce contexte, les délicieuses
Madeleines - si grassement sensuelles - ont tout
de suite éveillé le souvenir, se démarquant
des projets reçus, en l’occurrence, plus de
400 projets ont été envoyés à RECIPROCITY
par des designers provenant de 31 pays.
La diversité des projets reçus nous pousse
à nous demander s’il n’existerait pas des
malentendus au sujet du mot ‘memorabilia’.
Le Robert indique que ce sont des souvenirs :
des mots, des objets, des produits, des choses,
des bagatelles, des gadgets… qui nous
rappellent des événements passés ; associations
d’expériences. Les designers sélectionnés ont
fait référence à ces deux parties de la définition.
Ils les ont interprétées, capturant la valeur
initiale de quelque chose ou de son souvenir,
l’insufflant dans un objet, produit ou projet, et
transformant l’expérience en quelque chose
de mémorable pour eux-mêmes ou les autres.
Certains objets sont comme des cocktails,
pleins de formes, de couleurs et d’éléments. Ils
peuvent être fonctionnels, décoratifs, physiques,
virtuels, tout à fait contemporains et même
très innovants. Ce que montre l’exposition,
c’est qu’au bout d’un certain laps de temps les
souvenirs acquièrent de multiples significations.
“She sent for one of those squat, plump little
cakes called “petites madeleines, which
look as though they had been moulded
in the fluted valve of a scallop shell.”
The scene of the Petites Madeleines is magically
well written, portraying feelings wrapped up in
emotional questions and sensitive memories
that stay with the reader. This goose-bump
evocation, shines, and nestles in the memory,
just like some of the projects featured in
the Memorabilia exhibition. Here, the good
Madeleines – si grassement sensuelles – instantly
excited the process of recall, standing out from
more than 400 submissions that were sent to
RECIPROCITY by designers coming from 31
countries.
The diversity of the works we received makes us
wonder whether there are misunderstandings
regarding the very word ‘memorabilia’. The
Collins dictionary states it as memories: words,
objects, products, things, trinkets, gadgets...
which remind [one of ] past events; associations
of experiences. It was these two strands of
definition that the selected designers referred
to and interpreted, capturing the initial value
of something or of its memory in an object,
product or project, and transforming the
experience into one that becomes memorable
for them or others. Some are like cocktails, full of
shapes, colours and components; they can be
functional, decorative, physical, virtual, highly
contemporary and even innovative. What the
exhibition shows, is that after time memories
take on multiple meanings.
Au fil de la sélection, le jury a vu émerger une
certaine forme de classification : des projets liés
à des souvenirs très personnels, des associations
superficielles, des objets déjà vus, tous différents,
mais toujours basés sur des éléments existants.
Toutefois, certains objets, le plus souvent
ceux venus d’Asie, sont de vrais memorabilia,
tirant leur essence de vrais souvenirs
provenant d’images archétypes de l’histoire.
Memorabilia emmène les gens vers
d’autres mondes, vers d’autres pensées, le
tout sur un fond de bruissement varié. Ce
murmure, matière première du travail des
designers dans leur projet, rencontre nos
interprétations, notre contexte, pour permettre
l’émergence de nouvelles convergences,
afin de rendre l’expérience mémorable. Et
ce n’est que grâce à de telles interactions
réciproques - usage, consommation et
associations avec des objets et des mots -
que les memorabilia acquièrent leur valeur.
Les objets et produits que le jury a sélectionnés
pour l’exposition devraient donc devenir des
souvenirs, pas seulement pour RECIPROCITY,
mais simplement parce qu’ils valent la
peine qu’on s’en souvienne, grâce à leur
ingéniosité, les associations qu’ils évoquent,
le souvenir d’autres événements et de soimême
dans des circonstances particulières.
N’oublions pas que tous les projets présentés
sont des memorabilia potentiels, avec
l’une ou l’autre signification, occupant un
espace quelque-part entre réalité et fiction.
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Marcel PROUST, A la recherche du temps perdu. Du coté
de chez Swann, 1913.
Marcel PROUST, In Search of Lost Time:
Swann’s Way, 1913.
“… the vast str ucture of recollection.”
As the selection evolved, the jury observed
a certain classification emerging: projects
linked to very personal memories; superficial
associations; objects that have already been
seen; all different but always based on existing
elements. Yet some objects, mostly the ones
from Asia, are real memorabilia, existing as real
memories that come from archetypal images
of history.
Memorabilia can lead people to other worlds,
to other thoughts, often accompanied by a
background rustling. These murmurs, which
the designers deal with in their projects, quickly
encounter our interpretations, our context, to
allow new convergences to emerge, to make
the experience what we call memorable. And
it is only from such reciprocal interactions -
use, consumption, and associations with other
objects and words - that an expression of
memorabilia gets its value.
The objects and products that the jury selected
for the exhibition should thus become
memories, not only for RECIPROCITY, but simply
because they are worth remembering thanks
to their ingenuity, the associations they evoke,
the memory of other events and of oneself in
specific circumstances. Let’s not forget that all
the featured works are potential memorabilia,
with one or another meaning, inhabiting a
place somewhere between reality and fiction.
Moniek E. Bucquoye