La réglementation relative aux relations de voisinage ... - ULC
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Droit/Recht<br />
<strong>de</strong> Konsument<br />
U N I O N L U X E M B O U R G E O I S E D E S C O N S O M M A T E U R S<br />
Avis juridique<br />
Objet : la réglementation <strong>relative</strong><br />
<strong>aux</strong> <strong>relations</strong> <strong>de</strong> <strong>voisinage</strong> concernant<br />
la plantation d’arbres ou <strong>de</strong> haies<br />
Il existe un bon nombre d’inconvénients sur les propriétés<br />
qui résultent <strong>de</strong>s dégâts causés par les arbres ou arbustes<br />
(les branches et leurs racines) implantés sur <strong>de</strong>s propriétés<br />
voisines.<br />
Aussi, la loi a-t-elle posé un certain nombre <strong>de</strong> principes<br />
essentiels à respecter en matière <strong>de</strong> distance <strong>de</strong>s<br />
plantations.<br />
Règles générales :<br />
Édictées par l’article 671 du Co<strong>de</strong> civil :<br />
Les articles 671 à 673 du Co<strong>de</strong> civil règlementent les modalités<br />
<strong>de</strong> plantation d’arbres ou d’arbrisse<strong>aux</strong> et d’arbustes entre<br />
<strong>de</strong>ux propriétés différentes mais contigües.<br />
Ainsi, il est précisé dans l’article 671 du Co<strong>de</strong> civil qu’ « il n’est<br />
permis d’avoir <strong>de</strong>s arbres, arbrisse<strong>aux</strong> et arbustes dont la<br />
hauteur dépasse <strong>de</strong>ux mètres qu’à la distance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres<br />
<strong>de</strong> la ligne séparative <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux héritages. »<br />
Ceci implique qu’il est possible <strong>de</strong> planter <strong>de</strong>s arbres ou<br />
autres dont la hauteur dépasse les 2 mètres qu’à la condition<br />
que ces arbres soient à plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres <strong>de</strong> la limite séparative<br />
<strong>de</strong> la propriété voisine.<br />
Il s’entend également et en toute logique que ces plantations<br />
ne doivent pas gêner les voisins par une o<strong>de</strong>ur nauséabon<strong>de</strong><br />
ou tous autres dérangements qui seront abordés ci-après.<br />
L’article 671 du Co<strong>de</strong> civil énonce encore que les arbres, arbrisse<strong>aux</strong><br />
et arbustes <strong>de</strong> toute espèce peuvent être plantés en<br />
espaliers <strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong> la clôture séparative, sans que<br />
l’on soit tenu d’observer aucune distance.<br />
Dans l’hypothèse où le mur <strong>de</strong> séparation n’est pas mitoyen,<br />
le propriétaire du mur a lui seul le droit d’y appuyer ses<br />
espaliers.<br />
Sanction en cas <strong>de</strong> violation <strong>de</strong> l’article 671 du Co<strong>de</strong> civil :<br />
L’article 672 du Co<strong>de</strong> civil énonce le principe suivant lequel le<br />
voisin éloignant a le droit d’exiger que les plantations d’une<br />
Novembre 2009 I N°11 - 17
Droit/Recht<br />
<strong>de</strong> Konsument<br />
U N I O N L U X E M B O U R G E O I S E D E S C O N S O M M A T E U R S<br />
distance inférieure à 2 mètres <strong>de</strong> la limite <strong>de</strong> la propriété soient<br />
arrachées ou bien encore réduites à la hauteur légale <strong>de</strong> 2<br />
mètres.<br />
Ce principe souffre <strong>de</strong>s 3 exceptions suivantes :<br />
Photos: shutterstock<br />
Le voisin qui a la plantation litigieuse sur sa propriété dispose<br />
d’un titre : c’est un acte authentique qui concrétise un accord<br />
entre voisins.<br />
<strong>La</strong> <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> père <strong>de</strong> famille : ce terme peu explicite veut<br />
dire qu’initialement les <strong>de</strong>ux propriétés ne formaient qu’une<br />
seule propriété et qu’il y a eu ultérieurement une division <strong>de</strong><br />
la propriété ce qui a entrainé <strong>de</strong> fait le non-respect <strong>de</strong>s distances<br />
<strong>de</strong>s plantations.<br />
<strong>La</strong> prescription décennale : le non respect <strong>de</strong>s distances légales<br />
existe <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 10 ans sans que le voisin n’ait jamais<br />
émis la moindre contestation juridique.<br />
De plus, si celui qui jouie du bénéfice <strong>de</strong> ces 3 exceptions<br />
déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> couper ou d’arracher ses propres plantations ou si<br />
les plantations dépérissent, il pourra les remplacer mais à la<br />
condition <strong>de</strong> respecter cette fois-ci la distance légale <strong>de</strong> l’article<br />
671 du Co<strong>de</strong> civil.<br />
Cas <strong>de</strong>s branchages ou racines empiétant<br />
chez le voisin :<br />
Il arrive fréquemment que les plantations débor<strong>de</strong>nt sur la propriété<br />
voisine à cause <strong>de</strong> leurs branches ou <strong>de</strong> leurs racines.<br />
Dans ce cas précis, le voisin peut contraindre le propriétaire<br />
<strong>de</strong>s plantations à couper les branches qui dépassent. S’il ne<br />
fait pas la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, il pourra néanmoins s’approprier les fruits<br />
qui poussent sur les branches qui dépassent sur sa propriété<br />
(voir arbres fruitiers).<br />
Cependant, s’il s’agit <strong>de</strong> racines, <strong>de</strong> ronces ou encore <strong>de</strong> brindilles,<br />
le voisin « envahi » peut les couper lui-même toute en<br />
respectant la limite <strong>de</strong> sa propriété.<br />
Ce droit est imprescriptible ce qui veut dire que le voisin « envahi<br />
» peut agir à tout moment et qu’il n’est pas limité par un<br />
quelconque délai.<br />
Enfin, s’il s’agit <strong>de</strong> plantations se trouvant dans la haie mitoyenne,<br />
ce qui implique qu’elles font office <strong>de</strong> mur <strong>de</strong> séparation<br />
entre les <strong>de</strong>ux propriétés, chacun <strong>de</strong>s voisins peut exiger<br />
leur abattage.<br />
Exception <strong>aux</strong> règles générales <strong>de</strong> l’article 671<br />
du Co<strong>de</strong> civil :<br />
Il peut exister <strong>de</strong>s dérogations <strong>aux</strong> règles générales instituées<br />
par le Co<strong>de</strong> civil.<br />
En effet, <strong>de</strong>s règlements ministériels ou commun<strong>aux</strong> peuvent<br />
déroger explicitement au Co<strong>de</strong> civil.<br />
Ainsi dans le cadre <strong>de</strong> l’arrêté grand-ducal du 4 avril 1960 relatif<br />
<strong>aux</strong> constructions et plantations le long <strong>de</strong>s routes, la distance<br />
légale est <strong>de</strong> 10 mètres.<br />
Il en est <strong>de</strong> même <strong>de</strong> la loi du 17 décembre 1859 <strong>relative</strong> à la<br />
police <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer où la distance est <strong>de</strong> 20 mètres du<br />
franc bord <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer pour les arbres à haute tige et<br />
<strong>de</strong> 6 mètres pour les autres.<br />
<strong>La</strong> loi du 12 juillet 1844 sur les chemins vicin<strong>aux</strong> énonce que<br />
la distance à respecter est celle <strong>de</strong> l’article 671 du Co<strong>de</strong> civil<br />
mais en apportant toutefois une précision. En effet, les communes<br />
peuvent diminuer les distances prescrites par l’article<br />
671 du Co<strong>de</strong> civil.<br />
Ainsi, avant toute action, il convient d’étudier les règles communales<br />
afin <strong>de</strong> voir si la commune a institué une dérogation<br />
particulière.<br />
s. Me Jean-Marie BAULER<br />
18 - Novembre 2009 I N°11