Le Dit de l'UPV n° 127 - Université Paul Valéry
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<strong>Le</strong> magazine d’information <strong>de</strong> l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> – Montpellier 3<br />
Décembre 2011 # <strong>127</strong><br />
“Une semaine<br />
<strong>de</strong> cirque” :<br />
première édition<br />
L’incubation universitaire à <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong><br />
Création <strong>de</strong> projets<br />
innovants : nos labos<br />
savent le faire !<br />
Sommaire<br />
Formation<br />
3 La licence pro “Stratégies et métiers <strong>de</strong> l’intervention<br />
médiatique et sociale” : une autre passerelle<br />
vers les métiers <strong>de</strong> la communication<br />
Recherche<br />
5 L’incubation universitaire à <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong><br />
Création <strong>de</strong> projets innovants : nos labos savent le faire !<br />
6 Otograff : le magazine du futur !<br />
8 Weecod, une solution logicielle innovante<br />
9 Mora Vocis : un partenariat inédit et innovant entre<br />
une université et une compagnie musicale<br />
Initiatives<br />
10 Une semaine <strong>de</strong> cirque, une première édition, une standing<br />
ovation…<br />
11 L’UPV sous les feux <strong>de</strong> la rampe : "Une semaine <strong>de</strong> cirque"<br />
mémorable !<br />
Rencontre avec Philippe Goudard<br />
Réussites<br />
13 Luis Briceño : un bricoleur talentueux <strong>de</strong> l’animation<br />
Culture<br />
15 Pierric Bailly, un jeune romancier <strong>de</strong> Montpellier 3 chez P.O.L<br />
Publications<br />
16 <strong>Le</strong> <strong>Dit</strong> vous présente…<br />
La fête du cirque<br />
à <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong><br />
Pierric Bailly, romancier<br />
et ancien étudiant <strong>de</strong><br />
<strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong><br />
Directrice <strong>de</strong> la publication : Anne Fraïsse, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>. ISNN : 1620-364X<br />
Chargé d’édition et <strong>de</strong> rédaction : Mustapha M. Bensaada. Tél. : 04 67 14 55 10 / Mél. : ledit@univ-montp3.fr<br />
Photographie : Ch. Raynaud <strong>de</strong> Lage, Alain Julien, Halinka Zygart, Christian Dumas Burnens, Photo-libre<br />
<strong>Université</strong> <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> – Montpellier 3. Route <strong>de</strong> Men<strong>de</strong>, 34199 – Montpellier Ce<strong>de</strong>x 5. Internet : www.univ-montp3.fr<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 2
Formation<br />
À propos<br />
Une autre passerelle vers les métiers<br />
<strong>de</strong> la communication<br />
La licence pro “Stratégies et métiers <strong>de</strong> l’intervention médiatique<br />
et sociale”<br />
Tournée vers la maîtrise <strong>de</strong><br />
techniques <strong>de</strong> terrain, cette<br />
formation garantit un enseignement<br />
<strong>de</strong> haut niveau sur<br />
l e p l a n u n i v e r s i t a i r e e t<br />
conceptuel.<br />
Voilà une singularité dans<br />
le paysage universitaire<br />
français : une formation<br />
en communication et<br />
médias pilotée par un<br />
département <strong>de</strong> sociologie ! En effet, ce<br />
type <strong>de</strong> formation professionnelle (<strong>de</strong><br />
niveau Bac+3 “pro”) est généralement<br />
proposé par les filières d’Info-Com. <strong>Le</strong><br />
contenu <strong>de</strong> la licence professionnelle<br />
Stratégies et métiers <strong>de</strong> l’intervention<br />
médiatique et sociale semble assumer<br />
pleinement son originalité.<br />
« Il s’agit <strong>de</strong> proposer une formation<br />
spécifique aux métiers <strong>de</strong> la communication<br />
et <strong>de</strong>s “relations publiques”,<br />
souligne Michel Moatti, maître <strong>de</strong><br />
conférences, responsable <strong>de</strong> la licence<br />
pro. Cette formation est conçue pour<br />
être adaptée aux besoins <strong>de</strong>s structures<br />
privées et publiques. » Effectivement,<br />
la communication externe et la maîtrise<br />
<strong>de</strong>s contacts avec les médias <strong>de</strong>meurent<br />
un enjeu central pour les collectivités<br />
et les organisations publiques comme<br />
privées. Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s aspects purement<br />
pratiques <strong>de</strong>s relations presse,<br />
l’intérêt <strong>de</strong> cette licence rési<strong>de</strong> dans<br />
sa capacité à associer à l’enseignement<br />
<strong>de</strong>s techniques une réflexion en profon<strong>de</strong>ur<br />
sur les différentes réalités <strong>de</strong><br />
la société contemporaine. Une formation<br />
qui met en perspective les imbrications<br />
existantes entre les événements,<br />
les faits et leurs traductions médiatiques.<br />
L’accent est ainsi mis sur la mobilisation<br />
aussi bien <strong>de</strong>s concepts que <strong>de</strong>s<br />
outils pour investir <strong>de</strong>s champs<br />
d’activités professionnelles <strong>de</strong> plus en<br />
plus complexes.<br />
Totalement inédite dans la région, à<br />
ce niveau universitaire, cette licence<br />
pro dispense <strong>de</strong>s contenus spécifiques<br />
axés sur le métier <strong>de</strong>s « relations presse».<br />
C’est sans doute ce qui lui vaut son<br />
succès en termes <strong>de</strong> candidatures,<br />
puisque cette filière enregistre, chaque<br />
année, <strong>de</strong>puis 3 ans, près <strong>de</strong> 140<br />
dossiers <strong>de</strong> candidature venus <strong>de</strong> toute<br />
la France pour seulement 22 places<br />
disponibles.<br />
La formation est assurée par <strong>de</strong>s<br />
enseignants statutaires et <strong>de</strong>s professionnels<br />
externes expérimentés et guidés<br />
par une démarche résolument •••<br />
3<br />
DÉCEMBRE 2011 – LE DIT DE L’UPV
Formation<br />
en vigueur en agences et dans les<br />
rédactions <strong>de</strong> presse, vient d’être ajouté<br />
au programme <strong>de</strong> formation. Piloté<br />
par un professionnel <strong>de</strong> la presse, ce<br />
module est mené en parallèle à <strong>de</strong>s<br />
cours en TP <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> l’information.<br />
« <strong>Le</strong> département <strong>de</strong><br />
sociologie ne peut être<br />
étranger ou insensible<br />
à la formidable mutation<br />
<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> communication<br />
et d’information, qui<br />
interpellent en temps réel<br />
l’opinion publique. »<br />
••• orientée vers la pratique. <strong>Le</strong>s<br />
contenus enseignés, <strong>de</strong> la conception<br />
<strong>de</strong> communiqués ou <strong>de</strong> dossiers <strong>de</strong><br />
presse à la rédaction <strong>de</strong> reportages ou<br />
d’articles journalistiques en passant<br />
par l’analyse <strong>de</strong> contenus médias, le<br />
traitement <strong>de</strong> données et <strong>de</strong> l’information,<br />
occupent tout un semestre. <strong>Le</strong><br />
stage se déroule sur 12 semaines, il<br />
est évalué par une soutenance et un<br />
projet tuteuré.<br />
Coller à la réalité<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s TP (travaux pratiques),<br />
animés par une équipe <strong>de</strong> professionnels<br />
(dircoms, chefs d’agence, jour nalistes…),<br />
différentes déclinaisons ont été mises<br />
en place pour répondre à <strong>de</strong>s besoins<br />
ciblés. Des séances sur <strong>de</strong>s thèmes<br />
spécialisés (science, environnement,<br />
social, communication politique…)<br />
ou dédiés à la communication <strong>de</strong>s<br />
structures associatives (en particulier<br />
culturelles) sont régulièrement proposées.<br />
« L’objectif, précise M. Moatti,<br />
reste <strong>de</strong> coller au mieux aux missions<br />
réelles que les stagiaires doivent remplir<br />
lors <strong>de</strong> leur stage obligatoire et <strong>de</strong> les<br />
préparer, parfois <strong>de</strong> manière dédiée,<br />
aux réalités <strong>de</strong>s tâches qui les atten<strong>de</strong>nt<br />
dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la communication et<br />
<strong>de</strong>s relations presse. »<br />
Par ailleurs, un module complémentaire<br />
<strong>de</strong> finalisation du travail <strong>de</strong> communication<br />
via les techniques <strong>de</strong> PAO,<br />
conforme aux usages et aux normes<br />
<strong>Le</strong>s premiers retours concernant<br />
l’insertion professionnelle semblent<br />
encourageants. Une bonne part <strong>de</strong>s<br />
étudiants qui se sont mis sur le marché<br />
du travail est aujourd’hui en poste,<br />
dont certains en CDI. Ils ont été recrutés<br />
soit en agence <strong>de</strong> communication (chef<br />
<strong>de</strong> projet, chargé <strong>de</strong> communication,<br />
rédacteurs…), soit au sein <strong>de</strong> services<br />
<strong>de</strong> la communication et <strong>de</strong> l’information<br />
<strong>de</strong> collectivités territoriales ou d’établissements<br />
publics (attaché <strong>de</strong> presse,<br />
chargé <strong>de</strong> communication…). D’autres<br />
étudiants tentent bien évi<strong>de</strong>mment leur<br />
chance aussi dans les carrières <strong>de</strong> la<br />
presse et du journalisme. <<br />
> Pour plus d’informations, contactez le<br />
secrétariat <strong>de</strong> l’UFR 5, bureau 209, bât. B.<br />
Tél. 04 67 14 26 67<br />
Web : http://www.univ-montp3.fr/ufr5<br />
Responsable pédagogique : Michel Moatti<br />
Entretenir un réseau avec <strong>de</strong>s partenaires<br />
professionnels<br />
Dans une stratégie qui compte diversifier les approches et<br />
les opportunités pour les étudiants inscrits dans la licence<br />
pro Stratégies et métiers <strong>de</strong> l’intervention médiatique et<br />
sociale, un partenariat a été signé, l’année <strong>de</strong>rnière, avec le<br />
Club <strong>de</strong> la presse <strong>de</strong> Montpellier. L’adhésion <strong>de</strong>s étudiants<br />
au Club, prise en charge par ce <strong>de</strong>rnier, constitue une façon<br />
<strong>de</strong> favoriser leur entrée dans le réseau complexe du mon<strong>de</strong><br />
la communication et <strong>de</strong>s médias. Pour les stagiaires <strong>de</strong> la<br />
formation continue, en particulier les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi,<br />
l’accès à ce réseau spécifique a été accueilli avec enthousiasme.<br />
Ce partenariat offre l’accès aux stagiaires à la<br />
« bourse aux stages », la participation à <strong>de</strong>s journées professionnelles<br />
ainsi que <strong>de</strong>s invitations aux différentes manifestations<br />
du Club. Ces démarches visent bien évi<strong>de</strong>mment<br />
à mettre l’étudiant dans les conditions professionnelles où<br />
justement les notions <strong>de</strong> réseaux et <strong>de</strong> contacts ont une<br />
importance stratégique.<br />
Toujours dans une visée d’optimisation <strong>de</strong>s opportunités<br />
d’emploi et <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> stage, responsables et<br />
enseignants <strong>de</strong> la licence poursuivent la consolidation du<br />
réseau <strong>de</strong> partenaires professionnels dont pourraient bénéficier<br />
leurs étudiants. Parmi les établissements, avec lesquels <strong>de</strong><br />
bonnes relations sont établies, on trouve : le CRDP (Centre<br />
régional <strong>de</strong> documentation pédagogique), l’ONISEP (Office<br />
national d’information sur les enseignements et les professions),<br />
<strong>Le</strong> Petit Futé, Midi Libre, NRJ, La Gazette, les<br />
agences comme Anatome, DPNews, Patte Blanche ou<br />
NewsAssociés, la Ville <strong>de</strong> Montpellier, le Conseil général<br />
<strong>de</strong> l’Hérault, Sud <strong>de</strong> France-Export…<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 4
Recherche<br />
Zoom…<br />
L’incubation universitaire à <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong><br />
Création <strong>de</strong> projets innovants :<br />
nos labos savent le faire !<br />
L’accompagnement entrepreneurial<br />
par <strong>de</strong>s incubateurs en<br />
milieu universitaire est une activité<br />
assez récente en France. Un<br />
incubateur est une structure <strong>de</strong><br />
détection et <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong><br />
projets innovants au sein <strong>de</strong>s<br />
universités. La Direction <strong>de</strong> la<br />
recherche et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s doctorales<br />
(DRED) <strong>de</strong> l’université <strong>Paul</strong>-<br />
<strong>Valéry</strong> dispose d’un service <strong>de</strong><br />
valorisation offrant un soutien<br />
aux chercheurs et aux doctorants<br />
et sert d’interface entre les<br />
entreprises, les incubateurs<br />
régionaux et les laboratoires <strong>de</strong><br />
l’université.<br />
Àla différence d’une pépinière<br />
d’entreprise qui est un lieu ou<br />
une structure d’hébergement et<br />
d’accompagnements d’entreprises, l’incubateur<br />
universitaire met en relation le<br />
projet avec le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche et<br />
offre un appui significatif dans le montage<br />
<strong>de</strong>s dossiers et la recherche <strong>de</strong> financements.<br />
<strong>Le</strong> service qui en a la charge a pour<br />
mission <strong>de</strong> promouvoir le projet auprès <strong>de</strong><br />
partenaires institutionnels et économiques.<br />
<strong>Le</strong>s incubateurs universitaires<br />
ont donc pour vocation d’ai<strong>de</strong>r à l’épanouissement<br />
<strong>de</strong> ces projets en accompagnant<br />
leurs porteurs dans les démarches<br />
juridiques, administratives et financières.<br />
Ces cellules ou services <strong>de</strong> valorisation<br />
disposent généralement <strong>de</strong>s compétences<br />
et du recul nécessaires qui permettent aux<br />
porteurs <strong>de</strong> projets issus <strong>de</strong> la recherche<br />
une meilleure perception <strong>de</strong> l’environnement<br />
socio-économique et <strong>de</strong>s conditions<br />
techniques, financières et humaines.<br />
<strong>Le</strong> ministère <strong>de</strong> l’Enseignement<br />
supérieur et <strong>de</strong> la Recherche a enregistré<br />
et labellisé une trentaine d’incubateurs<br />
d’entreprises innovantes répartis sur<br />
tout le territoire national. Ils ont été<br />
créés principalement par les établissements<br />
d’enseignement supérieur et <strong>de</strong><br />
recherche dans le cadre <strong>de</strong>s dispositions<br />
<strong>de</strong> « la loi sur l’innovation et la<br />
recherche » du 12 juillet 1999. Comme<br />
le précise Sabine Cotreaux, en charge<br />
<strong>de</strong> la valorisation à la DRED, ce dispositif<br />
<strong>de</strong> lois avait comme intention initiale<br />
« d’introduire <strong>de</strong> la flexibilité dans<br />
le parcours administratif pour permettre<br />
l’innovation ». C’est une loi qui<br />
s’adresse à tous les personnels <strong>de</strong> la<br />
recherche désireux <strong>de</strong> se lancer dans un<br />
projet <strong>de</strong> création d’entreprise (chercheurs,<br />
enseignants-chercheurs, ingénieurs,<br />
jeunes docteurs et doctorants).<br />
Une culture d’entreprise<br />
à développer<br />
Il faut souligner que cette loi sur la<br />
promotion <strong>de</strong> la création d’entreprises<br />
est inscrite dès 1999 dans les universités<br />
<strong>de</strong> sciences et <strong>de</strong> technologies.<br />
« C’était l’idée, souligne Sabine<br />
Cotreaux, bien ancrée dans l’esprit <strong>de</strong><br />
l’époque, <strong>de</strong> la start-up et <strong>de</strong>s partenariats<br />
avec l’industrie et les technologies<br />
informatiques. » À l’inverse, ce dispositif<br />
avait beaucoup <strong>de</strong> mal à se mettre<br />
en place dans les universités <strong>de</strong> lettres et<br />
<strong>de</strong> sciences humaines et sociales. L’explication<br />
généralement avancée est<br />
celle d’un manque <strong>de</strong> culture entrepreneuriale<br />
dans les SHS, mais la réalité<br />
est beaucoup plus complexe. Il y a<br />
certes le manque <strong>de</strong> structuration et<br />
d’adaptation <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la<br />
recherche en sciences humaines et<br />
sociales au mon<strong>de</strong> économique, mais il<br />
y a également la méconnaissance <strong>de</strong>s<br />
principes du management (étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
marché, plan <strong>de</strong> financement, stratégie<br />
d’entreprise, etc.) ainsi que le manque<br />
<strong>de</strong> visibilité <strong>de</strong>s potentiels propres aux<br />
SHS.<br />
Selon le Ministère, en 2009, les projets<br />
incubés appartenant au secteur <strong>de</strong>s<br />
SHS ne représentent que 4 % <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s projets innovants recensés<br />
sur le territoire national. Cependant, il<br />
ne faut pas omettre d’ajouter que 34 %<br />
du total <strong>de</strong> ces projets sont issus du<br />
secteur <strong>de</strong>s TIC (technologies <strong>de</strong><br />
l’information et <strong>de</strong> la communication),<br />
un domaine où une université comme<br />
Montpellier 3 joue un rôle prépondérant.<br />
C’est en 2009 que le Service <strong>de</strong> valorisation<br />
<strong>de</strong> l’UPV a commencé à lancer<br />
puis à soutenir les actions d’incitations<br />
à la création d’entreprises. « <strong>Le</strong>s acteurs<br />
économiques et industriels <strong>de</strong> notre<br />
région, note Sabine Cotreaux, n’avaient<br />
pas conscience que notre université<br />
disposait <strong>de</strong> chercheurs pointus •••<br />
5<br />
DÉCEMBRE 2011 – LE DIT DE L’UPV
Recherche<br />
••• dans <strong>de</strong>s disciplines performantes,<br />
comme les sciences du langage ou la<br />
psychologie, et où il pouvait y avoir<br />
également un transfert d’innovation.»<br />
Outre la phase <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> candidats<br />
et d’ai<strong>de</strong> à l’émergence <strong>de</strong> projets,<br />
un chercheur détenant un projet innovant<br />
doit s’entourer d’un réseau<br />
d’acteurs appartenant à <strong>de</strong>s secteurs<br />
aussi variés que les services d’expertise<br />
juridique et financiers, l’industrie, les<br />
collectivités publiques et territoriales.<br />
<strong>Le</strong> service <strong>de</strong> valorisation a pour vocation<br />
<strong>de</strong> faciliter cette éclosion <strong>de</strong> projets,<br />
mais aussi <strong>de</strong> permettre à <strong>de</strong>s porteurs<br />
<strong>de</strong> projets externes à l’université<br />
<strong>de</strong> pouvoir se rapprocher <strong>de</strong> laboratoires<br />
<strong>de</strong> l’université. <strong>Le</strong> chercheur universitaire<br />
y trouve dans tous les cas un<br />
intérêt. Outre le fait que le laboratoire<br />
qui le représente touche une part <strong>de</strong>s<br />
ai<strong>de</strong>s financières attribuées par différents<br />
organismes au porteur <strong>de</strong> projet, le<br />
chercheur transfère sur l’entreprise le<br />
résultat <strong>de</strong>s ses recherches et publie ses<br />
travaux. <strong>Le</strong> chercheur continue à gar<strong>de</strong>r<br />
généralement un lien avec la start-up<br />
qui constitue pour lui un terrain<br />
d’observation privilégié. La start-up<br />
sert également <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> stage à <strong>de</strong>s<br />
étudiants <strong>de</strong> l’université.<br />
<strong>Le</strong>s laboratoires <strong>de</strong> l’UPV<br />
se lancent<br />
<strong>Le</strong> processus évolue rapi<strong>de</strong>ment et le<br />
service <strong>de</strong> valorisation constate une<br />
augmentation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’accompagnement<br />
à la création d’entreprises.<br />
Ce travail se fait non seulement en<br />
étroite collaboration avec les autres<br />
composantes <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la<br />
recherche, mais également et surtout<br />
avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s incubateurs régionaux<br />
comme Languedoc-Roussillon Incubation<br />
(LRI), ALteR’Incub (incubateur<br />
d’entreprises sociales du Languedoc-<br />
Roussillon), Cap Omega et Cap Alpha.<br />
Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières structures sont<br />
essentiellement portées par le Conseil<br />
régional Languedoc-Roussillon et le<br />
Conseil général <strong>de</strong> l’Hérault. <strong>Le</strong> service<br />
<strong>de</strong> valorisation suit, pour le moment,<br />
plusieurs projets d’entreprises dans <strong>de</strong>s<br />
domaines aussi variés que la psychologie,<br />
les sciences du langage, la sociologie<br />
ou les sciences <strong>de</strong> l’éducation.<br />
En collaboration avec Praxiling, qui<br />
apporte son expertise en linguistique,<br />
Namae Concept a mis au point une<br />
innovation logicielle qui consiste à<br />
créer <strong>de</strong> noms <strong>de</strong> marques pertinents.<br />
<strong>Le</strong> même laboratoire ainsi que l’équipe<br />
<strong>de</strong> l’IRSA (Institut <strong>de</strong> recherches sociologiques<br />
et anthropologiques) ont collaboré<br />
avec <strong>Le</strong>iiel Publications qui a<br />
développé le magazine Otograff (lire<br />
l’interview ci-<strong>de</strong>ssous). <strong>Le</strong> laboratoire<br />
Epsylon <strong>de</strong> psychologie est impliqué<br />
dans plusieurs projets <strong>de</strong> création <strong>de</strong><br />
start-up comme Weecod, logiciel d’évaluation<br />
<strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> la société<br />
Cartser (voir page 8). Quant à Marco -<br />
polis, c’est un projet qui offre <strong>de</strong>s services<br />
Internet et via smartphone dédiés<br />
à l’accompagnement <strong>de</strong>s personnes<br />
dans leur mobilité géographique et <strong>de</strong><br />
changement d’emploi. La société Kazelys<br />
développe la solutioN Va<strong>de</strong>qua, •••<br />
Otograff : le magazine du futur !<br />
Trois questions à Patrice d’Arras, dirigeant <strong>de</strong> <strong>Le</strong>iiel publications<br />
Jeune start-up, <strong>Le</strong>iiel publications lance son premier<br />
projet en publiant le magazine Otograff.<br />
Concept inédit, ce trimestriel personnalisable repose sur une<br />
interface éditoriale interactive où l’internaute compose luimême<br />
30 % du magazine papier. Une table <strong>de</strong> montage<br />
virtuelle lui permet d’intégrer à sa guise les contributions<br />
soumises à la rédaction par la communauté <strong>de</strong>s internautes.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux tiers du magazine sont réalisés par une équipe<br />
d’auteurs reconnus.<br />
Chaque exemplaire, unique, est imprimé sur un support<br />
haut <strong>de</strong> gamme et expédié directement à son commanditaire.<br />
Patrice d’Arras, directeur<br />
<strong>de</strong> cette publication 2.0,<br />
s’est associé à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> nos<br />
laboratoires <strong>de</strong> recherche<br />
(IRSA et Praxiling 1 ) pour<br />
affiner et confirmer son<br />
innovation dans le mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la presse.<br />
– Vous faites actuellement partie <strong>de</strong>s six projets d’incubation<br />
portés et encouragés par l’université Montpellier 3, une université<br />
en sciences humaines et sociales qui s’engage auprès d’un<br />
créateur d’entreprise, cela vous inspire quoi ?<br />
— Nous avons eu le soutien <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> comme Cap<br />
Oméga et Languedoc-Roussillon Incubation, mais l’université <strong>Paul</strong>-<br />
<strong>Valéry</strong> tient une part importante. Habituellement, les porteurs <strong>de</strong><br />
projets s’adressent en priorité à <strong>de</strong>s laboratoires scientifiques ou<br />
technologiques. Par tradition, les pouvoirs publics, l’État, ont plutôt<br />
tendance à encourager <strong>de</strong>s initiatives innovantes technologiquement<br />
alors que celles-ci sont généralement plus coûteuses. Dans les<br />
sciences humaines et sociales, les choses sont différentes, et il suffit<br />
parfois d’une bonne idée, d’une collaboration intelligente avec un<br />
laboratoire, en amont, pour générer tous les bénéfices d’une entreprise<br />
classique, à savoir un développement économique et <strong>de</strong>s perspectives<br />
d’emploi. L’autre grand intérêt à travailler avec la<br />
recherche en sciences humaines et sociales est celui <strong>de</strong> la réflexion<br />
transversale, du recul et <strong>de</strong>s capacités d’analyse, alors que nous, en<br />
tant que gérants d’entreprise, on est plutôt dans l’urgence et la résolution<br />
parfois purement matérielle ou technique <strong>de</strong>s problèmes.<br />
C’est cette dualité <strong>de</strong>s rythmes qui me semble intéressante même si<br />
elle n’est pas tout le temps évi<strong>de</strong>nte et simple à faire cohabiter.<br />
Par ailleurs, il faut souligner que l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> en mettant<br />
à notre disposition <strong>de</strong>s locaux, non seulement nous permet <strong>de</strong> sortir<br />
<strong>de</strong> notre isolement, mais nous rapproche davantage du milieu <strong>de</strong> la<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 6
Recherche<br />
••• un site Web “<strong>de</strong> rencontre entre<br />
particuliers et entreprises” fondé sur la<br />
recherche <strong>de</strong> la meilleure adéquation<br />
possible entre la culture d’entreprise et<br />
le futur employé. Enfin et avec le soutien<br />
<strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> l’IRSA, Excambia<br />
met en œuvre une solution innovante<br />
<strong>de</strong> réseau social d’échange <strong>de</strong> biens<br />
entre consommateurs sur Internet.<br />
La valorisation, mieux<br />
et autrement<br />
Après examen du projet par un<br />
comité <strong>de</strong> sélection, la phase d’incubation<br />
s’étale généralement sur une durée<br />
moyenne <strong>de</strong> 18 mois. « <strong>Le</strong> porteur <strong>de</strong><br />
projet, nous dit Sabine Cotreaux, n’est<br />
pas obligé <strong>de</strong> créer son entreprise à<br />
l’issue <strong>de</strong> ce délai, mais il doit pouvoir<br />
structurer son projet, son activité et<br />
la collaboration avec l’équipe <strong>de</strong><br />
recherche <strong>de</strong> l’université. »<br />
Afin <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r ce gros travail<br />
d’accompagnement, le service <strong>de</strong><br />
valorisation <strong>de</strong> l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong><br />
est membre actif <strong>de</strong> la commission<br />
sciences <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> la société du<br />
réseau CURIE (association dédiée à la<br />
valorisation <strong>de</strong> la recherche). <strong>Le</strong>s<br />
membres <strong>de</strong> ce réseau accompagnent<br />
les projets <strong>de</strong> valorisation issus <strong>de</strong><br />
recherches en sciences humaines et<br />
sociales, lettres, langues et arts. Nul<br />
n’ignore que l’impact <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong><br />
ces domaines sur le milieu socio-économique<br />
est difficile à mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />
ou à quantifier. Ce réseau s’emploie<br />
ainsi à mettre en place <strong>de</strong>s dispositifs<br />
spécifiques <strong>de</strong> transfert et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
protection <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la recherche<br />
et <strong>de</strong> l’innovation en SHS. La valorisation<br />
prend également d’autres formes à<br />
l’UPV. L’un <strong>de</strong>s exemples les plus<br />
aboutis est la rési<strong>de</strong>nce d’artistes au<br />
sein du Centre d’étu<strong>de</strong>s médiévales <strong>de</strong><br />
Montpellier (CEMM) et du théâtre La<br />
Vignette. En partenariat avec la DRAC<br />
(Direction régionale <strong>de</strong>s affaires culturelles)<br />
et le Conseil régional, l’université<br />
<strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> accompagne le projet<br />
«Une Voix Plurielle» (lire l’article p. 9).<br />
La conception du premier dictionnaire<br />
en ligne en égyptologie, le Hiérolexique,<br />
constitue un autre chantier<br />
d’envergure soutenu par la DRED et<br />
son Service <strong>de</strong> valorisation. Ce projet a<br />
pu bénéficier d’un soutien du service<br />
qui a mis en relation les chercheurs en<br />
égyptologie avec les chercheurs en<br />
informatique <strong>de</strong> Montpellier II. C’est<br />
aussi grâce à lui, et avec la collaboration<br />
du service juridique <strong>de</strong> l’université,<br />
que la fondation universitaire Hiérolexique<br />
a été en mesure <strong>de</strong> se lancer<br />
dans les appels au mécénat et le développement<br />
<strong>de</strong> partenariat.<br />
Sensible à son implication pleine et<br />
sans complexe dans le tissu socioéconomique<br />
et régional, l’UPV entend<br />
faciliter pour ses chercheurs ainsi que<br />
pour ses doctorants l’accès à d’autres<br />
voies aussi valorisantes que créatrices<br />
d’emploi. <<br />
> Pour plus d’informations, contactez le<br />
Service valorisation – DRED :<br />
Site St-Charles – UPV<br />
Mél : sabine.cotreaux@univ-montp3.fr<br />
MONDE <strong>Le</strong>s silences du 11 septembre STRATÉGIE L’art <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Sun Tzu détourné<br />
SOCIÉTÉ Halte à la sondagite PORTFOLIO 7 artistes ACTUALITÉS <strong>Le</strong>s trois <strong>de</strong>rniers mois au crible<br />
OPINION Pierre Assouline, Benoît Duteurtre, Sempé SPORTS Omerta sur le rugby<br />
()*%&'<br />
Prix <strong>de</strong> vente 15 €<br />
VERSION FRANÇAISE<br />
sept . oct . nov 2011<br />
nôtre . vôtre . leur - <strong>n°</strong>01<br />
recherche. Que notre<br />
projet soit associé à<br />
une gran<strong>de</strong> université<br />
en lettres et sciences<br />
humaines et sociales ne<br />
fait que donner plus <strong>de</strong><br />
légitimité à notre entreprise.<br />
– Comment se passe<br />
votre collaboration<br />
avec votre partenaire<br />
<strong>de</strong> la recherche et<br />
pourquoi le choix <strong>de</strong><br />
l’IRSA ?<br />
– Nous nous sommes<br />
adressés à l’IRSA<br />
parce qu’un laboratoire<br />
sociologique <strong>de</strong><br />
ce niveau a les capacités<br />
<strong>de</strong> recherche pour<br />
se pencher sur un projet<br />
comme le nôtre.<br />
Complètement inédit<br />
dans son genre et dans son principe <strong>de</strong> fonctionnement, Otograff<br />
est le premier magazine collaboratif au mon<strong>de</strong>. Et c’est en ce sens<br />
que nous avions eu besoin du regard critique <strong>de</strong> la recherche, ce qui<br />
n’a rien à voir avec une étu<strong>de</strong> marketing. La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que nous<br />
(+,-&).+-./$,0,123%.$&,-425,/6,7$./$8,96,+&,%7#2+-/$,#.',:,;?+&'@A,)./',:,;
Recherche<br />
Weecod, une solution logicielle innovante<br />
Trois questions à Frédéric Desmoulins, dirigeant et cofondateur <strong>de</strong> la société Cartser<br />
Weecod est une plateforme Internet d’évaluation <strong>de</strong>s compétences<br />
en programmation informatique. Une solution logicielle intégrée à<br />
une interface Web qui permet au recruteur d’apprécier le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
maîtrise technique, le savoir-faire et le profil <strong>de</strong> son futur collaborateur.<br />
Weecod place les candidats dans <strong>de</strong>s situations professionnelles<br />
simulées, mais où ils sont confrontés à <strong>de</strong>s problèmes concrets <strong>de</strong><br />
n’importe quelle entreprise. La jeune start-up commence déjà à enregistrer<br />
ses premières comman<strong>de</strong>s.<br />
Frédéric Desmoulins, Nicholas Antoniazzi et Au<strong>de</strong> Barral, créateurs <strong>de</strong><br />
cette solution innovante, ont fait appel à l’expertise du laboratoire<br />
Epsylon 1 <strong>de</strong> psychologie afin d’élaborer un protocole <strong>de</strong> tests dits<br />
adaptatifs.<br />
– Votre entreprise est soutenue par<br />
l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>, en quoi<br />
consiste votre projet ?<br />
– On a créé un logiciel innovant qui<br />
s’appelle Weecod et qui a pour objectif<br />
d’ai<strong>de</strong>r les entreprises à recruter <strong>de</strong> bons<br />
informaticiens développeurs. Sabine<br />
Cotreaux du Service valorisation nous<br />
a mis en relation avec plusieurs équipes<br />
<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’université dont Epsylon.<br />
Notre choix s’est porté finalement sur<br />
le labo <strong>de</strong> psycho qui pouvait nous ai<strong>de</strong>r<br />
dans la mise en place <strong>de</strong> cette application.<br />
Epsylon avait les connaissances scientifiques,<br />
suffisantes et nécessaires, pour<br />
mettre en œuvre ce modèle d’évaluation<br />
par le biais <strong>de</strong> tests adaptatifs. En résumé,<br />
au lieu d’avoir <strong>de</strong>s tests figés <strong>de</strong> type<br />
QCM, là, le questionnaire est adapté à<br />
chaque individu et tient compte <strong>de</strong>s<br />
réponses successives du sujet. Celui-ci<br />
est évalué et ainsi on situe automatiquement<br />
et rapi<strong>de</strong>ment son niveau <strong>de</strong> compétence<br />
et son adéquation au poste.<br />
L’apport <strong>de</strong> la psychologie se situe justement<br />
sur une échelle et sur <strong>de</strong>s aspects<br />
humains qui nous échappent en tant<br />
qu’informaticiens. Je dirais que nous<br />
adaptons ces connaissances à nos questionnaires<br />
et à nos exercices <strong>de</strong> programmation<br />
dans la mise en situation<br />
du test.<br />
– Comment se passe votre collaboration<br />
avec Epsylon ?<br />
– <strong>Le</strong> point essentiel <strong>de</strong> notre produit, je<br />
dirais même sa clé <strong>de</strong> voûte, repose sur<br />
sa capacité à mesurer non pas le savoir<br />
“encyclopédique” <strong>de</strong> l’individu évalué,<br />
mais plutôt ses capacités à structurer<br />
ses idées et à les agencer <strong>de</strong> manière à<br />
trouver une solution efficace au problème.<br />
<strong>Le</strong> laboratoire <strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong>vrait<br />
répondre à notre besoin d’affiner les<br />
aspects qualitatifs <strong>de</strong> ces tests adaptatifs.<br />
Nous avons eu <strong>de</strong>s échanges très intéressants<br />
et ils ont bien cerné notre problématique<br />
ainsi que nos attentes. Nous<br />
avons formalisé notre collaboration par<br />
un contrat et le contact est maintenu.<br />
– Quelle complémentarité avez-vous<br />
trouvé dans votre collaboration avec<br />
l’UPV ?<br />
– Je vous avoue qu’avant d’arriver ici,<br />
nous avons eu <strong>de</strong>s contacts avec au<br />
moins cinq autres laboratoires à Montpellier<br />
dont le LIRMM (Laboratoire<br />
d’informatique <strong>de</strong> robotique et <strong>de</strong> microélectronique).<br />
On pouvait s’adresser à<br />
<strong>de</strong>s établissements plus “technologiques”,<br />
mais la complémentarité avec <strong>Paul</strong>-<br />
<strong>Valéry</strong> nous paraissait, au contraire,<br />
plus pertinente. Et au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s<br />
financières attribuées en général aux<br />
labos et aux porteurs <strong>de</strong> projets, cette<br />
collaboration génère <strong>de</strong>s applications<br />
concrètes à <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> recherche pour<br />
l’université et pour nous un apport<br />
considérable en savoir expérimenté. Il<br />
y a également la visibilité que nous<br />
gagnons dans ce partenariat, être soutenu<br />
par la recherche universitaire nous donne<br />
plus <strong>de</strong> légitimité et <strong>de</strong> sérieux. Pour<br />
Montpellier 3, c’est également un moyen<br />
<strong>de</strong> s’implanter davantage dans le tissu<br />
économique régional. En somme,<br />
l’incubation profite à tout le mon<strong>de</strong>, à<br />
nous comme à l’université.<br />
Web : http://www.weecod.com/portal/<br />
– Laboratoire <strong>de</strong> psychologie Epsylon (dynamiques <strong>de</strong>s<br />
capacités humaines et conduites <strong>de</strong> santé – EA 4556)<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 8
Recherche<br />
Mora Vocis en rési<strong>de</strong>nce d’artistes à Montpellier 3<br />
Un partenariat inédit et innovant entre une université et une compagnie musicale<br />
Illustration d’une nouvelle<br />
dynamique : l’installation en<br />
rési<strong>de</strong>nce à l’université <strong>Paul</strong>-<br />
<strong>Valéry</strong> <strong>de</strong> l’ensemble Mora<br />
Vocis. La création musicale et<br />
artistique s’associe ainsi à la<br />
recherche musicologique, littéraire<br />
et historique. <strong>Le</strong> tout dans<br />
un objectif <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> la<br />
recherche et <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong>s<br />
savoirs.<br />
Depuis janvier 2011, l’ensemble<br />
vocal professionnel<br />
Mora Vocis est en<br />
rési<strong>de</strong>nce pour quatre ans<br />
à l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> autour du<br />
projet “Une voix plurielle”. La présence<br />
inhabituelle sur le campus <strong>de</strong><br />
musiciens, spécialisés dans l’interprétation<br />
<strong>de</strong>s musiques médiévales et<br />
contemporaines, a <strong>de</strong> quoi surprendre.<br />
Rien <strong>de</strong> plus naturel pourtant, aux<br />
yeux <strong>de</strong> Gisèle Clément et d’Isabelle<br />
Fabre, toutes <strong>de</strong>ux enseignantes-chercheuses<br />
au CEMM (Centre d’étu<strong>de</strong>s<br />
médiévales <strong>de</strong> Montpellier) et à l’origine<br />
<strong>de</strong> cette initiative.<br />
Plaçant la création au coeur <strong>de</strong> la<br />
recherche, les artistes sont associés à<br />
la recherche et les chercheuses participent<br />
à la création artistique. Ce<br />
projet, dont la thématique principale<br />
est <strong>de</strong> travailler autour du « Manuscrit<br />
<strong>de</strong> Chypre » (fin XIV e début XV e<br />
siècles) et d’étudier les motets <strong>de</strong> ce<br />
manuscrit.<br />
Associer les savoirs<br />
Que sait-on <strong>de</strong>s pratiques instrumentales<br />
et vocales à cette époque, <strong>de</strong><br />
ce qu’on appelle aujourd’hui les « dispositifs<br />
<strong>de</strong> performance musicale »,<br />
dans ce milieu singulier, à la croisée<br />
<strong>de</strong> l’Orient et <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt ? Une<br />
question qui sollicite l’interprète dans<br />
tous les sens du terme : le chercheur<br />
qui s’efforce <strong>de</strong> faire parler <strong>de</strong>s textes<br />
et <strong>de</strong>s notes figés à jamais sur la page,<br />
comme le musicien confronté à un<br />
langage et à <strong>de</strong>s pratiques d’exécution<br />
dont il ne reste quasiment aucun<br />
témoignage. L’expérience a montré<br />
que les uns et les autres pouvaient<br />
associer leurs connaissances et leur<br />
savoir-faire pour interroger à nouveau<br />
ce matériau lointain en le faisant<br />
revivre, loin <strong>de</strong>s clivages académiques<br />
et culturels. C’est ainsi qu’est<br />
né le projet “Une voix plurielle”, dont<br />
la ligne <strong>de</strong> force rési<strong>de</strong> justement dans<br />
une approche transdisciplinaire et<br />
dans la place réservée au processus <strong>de</strong><br />
création, au cœur même <strong>de</strong> la<br />
recherche universitaire.<br />
Une approche plurielle<br />
L’originalité d’une telle approche<br />
tient à la nature même du Centre<br />
d’étu<strong>de</strong>s médiévales <strong>de</strong> Montpellier.<br />
Un laboratoire qui embrasse plusieurs<br />
disciplines reconnues comme l’histoire,<br />
l’histoire <strong>de</strong> l’art, la musicologie<br />
et la littérature et qui les met en<br />
dialogue à travers <strong>de</strong>s rencontres et<br />
<strong>de</strong>s publications internationales. <strong>Le</strong>s<br />
chanteuses sont rejointes par <strong>de</strong>s<br />
instrumentistes professionnels qui<br />
viendront enrichir la palette sonore et<br />
élargir la recherche en matière<br />
d’interprétation. La conjonction <strong>de</strong><br />
ces différents savoirs et pratiques<br />
favorise une approche plus mo<strong>de</strong>rne<br />
et créative d’un répertoire dont le<br />
langage et l’esthétique s’adressent<br />
toujours à notre sensibilité d’aujourd’hui.<br />
À ces <strong>de</strong>ux structures aux<br />
visées et aux atouts différents mais<br />
complémentaires s’adjoint enfin le<br />
théâtre <strong>de</strong> La Vignette, outil professionnel<br />
qui articule son projet autour<br />
<strong>de</strong>s missions fondamentales <strong>de</strong> l’université<br />
: la recherche et la transmission<br />
<strong>de</strong>s savoirs.<br />
L’aboutissement <strong>de</strong> cet ambitieux<br />
travail <strong>de</strong> collaboration se sera en<br />
2014, sous la forme d’un spectacle<br />
vivant. Dans le cadre <strong>de</strong> cette rési<strong>de</strong>nce,<br />
Mora Vocis intervient dans le<br />
cadre <strong>de</strong>s cours et <strong>de</strong>s séminaires <strong>de</strong><br />
Gisèle Clément et d’Isabelle Fabre.<br />
L’ensemble musical propose également<br />
<strong>de</strong>s stages d’apprentissage aux<br />
étudiants et les accompagne dans la<br />
découverte du répertoire médiéval à<br />
travers une pédagogie qui privilégie le<br />
travail <strong>de</strong> la voix dans l’espace et sans<br />
partition. <<br />
Web : http://moravocis.fr/<br />
© Christian Dumas<br />
9<br />
DÉCEMBRE 2011 – LE DIT DE L’UPV
Initiatives<br />
Une semaine <strong>de</strong> cirque, une première<br />
édition, une standing ovation…<br />
© Ch. Raynaud <strong>de</strong> Lage<br />
“<strong>Le</strong> Grand C” <strong>de</strong> la C ie XY : représentation donnée au théâtre du Chai du Terral lors <strong>de</strong> la “Semaine <strong>de</strong> cirque”<br />
Première du genre,<br />
“Une semaine <strong>de</strong><br />
cirque” a mêlé colloques,<br />
spectacles<br />
e t f i l m s p o u r<br />
approcher et comprendre<br />
le cirque légendaire d’hier et<br />
un <strong>de</strong>s arts majeurs d’aujourd’hui.<br />
Composite et ouverte, la création<br />
circassienne contemporaine est en<br />
plein renouveau. Désormais elle fait<br />
l’objet d’étu<strong>de</strong>s universitaires et <strong>de</strong><br />
recherches aussi assidues qu’enthousiastes.<br />
C’est dans dans cette<br />
visée qu’a été conçue “Une semaine<br />
<strong>de</strong> cirque”, un véritable carrefour <strong>de</strong><br />
disciplines : littérature, cinéma,<br />
théâtre, arts du spectacle, sciences<br />
<strong>de</strong> l’éducation, mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong>s arts.<br />
C’est également la promesse <strong>de</strong> passer<br />
<strong>de</strong> bons moments <strong>de</strong> réjouissances<br />
culturelles, ouvertes au grand public<br />
et à la communauté universitaire.<br />
Cette manifestation accessible à<br />
tous et dans différents sites <strong>de</strong> la<br />
ville a été initiée et organisée par le<br />
Centre <strong>de</strong> recherche RIRRA21<br />
(Représenter, inventer la réalité du<br />
romantisme à l’aube du XXI e siècle)<br />
et le département Arts du spectacle<br />
<strong>de</strong> Montpellier 3. Elle a été animée<br />
par <strong>de</strong>s chercheurs, spaécialistes et<br />
artistes, doctorants et étudiants<br />
venant <strong>de</strong> France et d’autres pays du<br />
mon<strong>de</strong> autour <strong>de</strong> nombreuses thématiques<br />
: « cirque et littérature », «<br />
cirque et arts du spectacle », « cirque<br />
et mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong>s arts », « cirque et<br />
sciences <strong>de</strong> l’éducation », « édition<br />
et cirque », « cirque et musée »…<br />
Un chapiteau a été dressé sur le<br />
campus, parking route <strong>de</strong> Men<strong>de</strong>,<br />
<strong>de</strong>s spectacles ont été présentés au<br />
théâtre La Vignette, au théâtre Jean<br />
Vilar et au théâtre du Chai du Terral.<br />
<strong>Le</strong>s rapports du cirque et du cinéma<br />
ont fait l’objet <strong>de</strong> nombreuses projections<br />
au Diagonal, à Utopia et à la<br />
médiathèque Fellini. <strong>Le</strong> musée<br />
Fabre a également pris part à cette<br />
aventure et le site St-Charles a<br />
accueilli les colloques… Bref,<br />
Montpellier s’est levée pour le<br />
cirque ! <<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 10
L’UPV sous les feux <strong>de</strong> la rampe :<br />
“Une semaine <strong>de</strong> cirque” mémorable !<br />
Rencontre avec Philippe Goudard<br />
Initiatives<br />
❝Quand j’étais enfant, je voulais être clown,<br />
pompier, docteur et missionnaire !❞<br />
Philippe Goudard semble avoir réalisé presque tous ses vœux, sauf peut-être<br />
celui <strong>de</strong> missionnaire… D’abord son intérêt précoce pour le théâtre qu’il a<br />
commencé au lycée. Il est ensuite tombé dans le creuset du cirque en étant clown<br />
à 20 ans. Docteur en mé<strong>de</strong>cine, il a exercé d’abord en tant que mé<strong>de</strong>cin urgentiste.<br />
Il a été ensuite auteur, acteur, metteur en scène, entrepreneur du spectacle,<br />
avant d’intégrer, en 2006, l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>, en tant que maître <strong>de</strong> conférences,<br />
après son doctorat et son HDR en Arts du spectacle sous la direction <strong>de</strong><br />
Gérard Lieber.<br />
Chercheur, enseignant en “esthétique du cirque” et en “histoire du théâtre” au<br />
sein du département d’Arts du spectacle, il est à l’initiative, avec Marie Eve<br />
Thérenty directrice du RIRRA21 et leurs collègues du centre <strong>de</strong> recherche et ceux<br />
du département Arts du spectacle, <strong>de</strong> cette première édition autour <strong>de</strong>s arts du<br />
cirque. Du 17 au 27 novembre 2011, artistes, chercheurs, spécialistes, étudiants<br />
et public ont débattu autour <strong>de</strong> cet art aux multiples facettes et en plein essor.<br />
Quelques jours avant le lancement <strong>de</strong> cette “Semaine” flamboyante, Phillipe<br />
Goudard revient sur le contexte général à l’origine <strong>de</strong> cette manifestation singulière.<br />
– Cette manifestation est-elle une<br />
première du genre dans le cadre<br />
universitaire ?<br />
– Je crois que c’est une première en<br />
effet. Il existe <strong>de</strong> nombreux festivals et<br />
beaucoup <strong>de</strong> colloques ont déjà été<br />
organisés sur la thématique du cirque.<br />
Mais une manifestation qui mêle la<br />
recherche en arts du spectacle, <strong>de</strong>s<br />
productions artistiques et une programmation<br />
cinématographique dans<br />
le domaine <strong>de</strong>s arts du cirque, et qui<br />
suscite l’implication active <strong>de</strong>s étudiants,<br />
<strong>de</strong>s enseignants-chercheurs et<br />
<strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> l’université, oui,<br />
dans ce sens, c’est vraiment une première<br />
! Bien sûr, nous avons <strong>de</strong>s partenaires<br />
spécialisés comme le Pôle<br />
national du cirque, les cinémas Diagonal<br />
et Utopia, le musée Fabre, mais<br />
nous n’avons fait appel à aucun prestataire<br />
<strong>de</strong> service externe pour la production<br />
<strong>de</strong> la manifestation. Au contraire,<br />
nous voulions relever le défi et faire<br />
confiance à nos capacités <strong>de</strong> montage<br />
d’un projet <strong>de</strong> cette envergure.<br />
L’objectif, comme l’a écrit Anne<br />
Fraïsse dans son éditorial du programme<br />
<strong>de</strong> la manifestation, est <strong>de</strong><br />
valoriser le dynamisme <strong>de</strong> l’université<br />
<strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> dans un secteur aussi porteur<br />
et grand public que le spectacle<br />
vivant. Ainsi la recherche peut être à la<br />
fois fondamentale et appliquée. Tout<br />
cela coexiste parfaitement, au bénéfice<br />
du public, <strong>de</strong>s artistes et <strong>de</strong>s œuvres.<br />
– Comment est-on passé du cirque<br />
comme lieu <strong>de</strong> curiosité, puis <strong>de</strong><br />
loisirs et <strong>de</strong> spectacle vivant à celui<br />
d’un objet d’étu<strong>de</strong>s universitaires ?<br />
– <strong>Le</strong>s arts du cirque sont <strong>de</strong>s arts<br />
composites, <strong>de</strong>puis toujours. Ils sont<br />
par essence multidisciplinaires, interculturels,<br />
internationaux, au-<strong>de</strong>là<br />
même <strong>de</strong> la barrière <strong>de</strong>s langues et <strong>de</strong>s<br />
langages. On peut même dire que c’est<br />
leur fonction. Aussi il est tout à fait<br />
légitime que cette thématique rassemble<br />
<strong>de</strong> nombreux chercheurs <strong>de</strong><br />
toutes disciplines. L’UPV a été pionnière<br />
en introduisant, il y a presque<br />
vingt ans <strong>de</strong> cela, le premier cours<br />
d’esthétique du cirque ouvert en<br />
France. Il faut rendre hommage à<br />
Gérard Liéber fondateur du département<br />
Arts du spectacle qui a recruté un<br />
saltimbanque comme moi. Il est vrai<br />
que j’ai eu une carrière atypique et au<br />
début, en tant qu’artiste professionnel,<br />
je n’y voyais pas un grand intérêt, mais<br />
Gérard Liéber a fini par me convaincre<br />
et je m’en réjouis. J’ai fait ainsi ma<br />
secon<strong>de</strong> thèse et mon HDR, ici, à<br />
<strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> où j’enseigne aujourd’hui.<br />
L’autre spécificité qu’il faut<br />
citer est celle <strong>de</strong> la relation à la production.<br />
Une <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> marque du<br />
département Arts du spectacle, bien<br />
reconnues en France et au-<strong>de</strong>là, est que<br />
nos étudiants reçoivent une formation<br />
universitaire et culturelle d’un haut<br />
niveau à la fois intellectuelle, esthétique<br />
et pratique.<br />
– Qu’enten<strong>de</strong>z-vous par enseignement<br />
pratique ?<br />
– Bien évi<strong>de</strong>mment, nous ne dispensons<br />
pas un enseignement tel qu’il<br />
existe dans les écoles professionnelles<br />
<strong>de</strong> cirque ou <strong>de</strong> théâtre, danse ou<br />
musique. On ne forme pas, en France,<br />
les artistes professionnels à l’université.<br />
On y est plus dans la recherche<br />
académique que technique, mais on y<br />
pratique d’une façon soutenue et<br />
concrète le jeu théâtral, la mise en •••<br />
11<br />
DÉCEMBRE 2011 – LE DIT DE L’UPV
Initiatives<br />
recherche et le dynamisme positif<br />
d’une université qui bouge, qui forme,<br />
qui produit et qui est capable d’encadrer,<br />
d’organiser et <strong>de</strong> gérer entièrement<br />
la logistique et la réalisation<br />
d’une telle manifestation. Enfin, il<br />
s’agit aussi <strong>de</strong> valoriser les artistes et<br />
les œuvres. Car il n’y aurait pas<br />
d’étu<strong>de</strong>s en Arts du spectacle sans les<br />
artistes et les créateurs.<br />
© Alain Julien<br />
“Antigone” <strong>de</strong> la C ie Pochéros. Spectacle donné dans le chapiteau monté<br />
sur le campus à l’occasion <strong>de</strong> la «Semaine <strong>de</strong> cirque»<br />
••• scène, les techniques <strong>de</strong> la scène<br />
ou cinématographiques, y étudie<br />
l’esthétique et les différentes écritures<br />
<strong>de</strong>s arts du cirque, etc.<br />
– Quel a été le déclic à l’origine <strong>de</strong><br />
cette manifestation ?<br />
– <strong>Le</strong>s recherches universitaires sur les<br />
arts du cirque ont existé <strong>de</strong> façon<br />
confi<strong>de</strong>ntielle en France dès les<br />
années 1970 et l’enseignement <strong>de</strong> l’esthétique<br />
du cirque est pratiqué <strong>de</strong>puis<br />
1994 à l’UPV. C’est donc un long<br />
cheminement <strong>de</strong> réflexion et <strong>de</strong> maturation.<br />
Il fallait également convaincre<br />
les institutions universitaires, les partenaires<br />
régionaux et nationaux. Nous<br />
avons, par exemple, un partenaire<br />
important avec la SACD (la Société<br />
<strong>de</strong>s auteurs et compositeurs dramatiques)<br />
et ses 47 000 auteurs. Pour la<br />
première fois, cette société civile ai<strong>de</strong><br />
une université sur un projet qui n’est<br />
pas uniquement une création d’auteur.<br />
<strong>Le</strong> Pôle national <strong>de</strong>s arts du cirque<br />
Languedoc-Roussillon, avec le<br />
concours financier <strong>de</strong> l’UPV, a également<br />
apporté ses compétences au<br />
pilotage et à la programmation <strong>de</strong>s<br />
spectacles vivants. <strong>Le</strong> Centre national<br />
<strong>de</strong> ressources <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> la rue et <strong>de</strong>s<br />
arts du cirque “Hors <strong>Le</strong>s Murs”, avec<br />
qui nous venons <strong>de</strong> signer un partenariat<br />
<strong>de</strong> trois ans, nous apporte un<br />
soutien décisif en communication en<br />
Europe, en France et au-<strong>de</strong>là.<br />
Il y a eu progressivement cette prise <strong>de</strong><br />
conscience que le cirque est un spectacle<br />
vraiment populaire. En matière<br />
<strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> loisirs culturels,<br />
le cirque est i<strong>de</strong>ntifié, statistiquement,<br />
comme la première sortie <strong>de</strong>s Français<br />
au spectacle vivant. Il y a aujourd’hui,<br />
en France, toute une économie et une<br />
politique culturelles <strong>de</strong>stinées à promouvoir<br />
les arts du cirque comme il y<br />
en a pour la danse, le théâtre ou la<br />
musique. C’est donc le résultat d’une<br />
lente prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> l’intérêt<br />
du cirque et <strong>de</strong> son renouvellement<br />
esthétique. C’est d’ailleurs ce qui a été<br />
présenté pendant cette manifestation :<br />
un cirque contemporain et davantage<br />
ancré dans ses rapports avec la<br />
recherche universitaire et l’enseignement<br />
supérieur<br />
– Quel est l’impact attendu <strong>de</strong> cette<br />
manifestation ?<br />
– D’abord que le public se réjouisse<br />
parce que les spectacles, les films, les<br />
conférences et les savoirs présentés et<br />
partagés sont passionnants. <strong>Le</strong> spectacle<br />
vivant, c’est du plaisir ! Il s’agit<br />
également <strong>de</strong> valoriser et <strong>de</strong> remettre à<br />
sa place la recherche universitaire dans<br />
ce processus et dans ce domaine qu’est<br />
celui <strong>de</strong>s arts du spectacle. Il y a aussi<br />
l’objectif académique : celui d’une<br />
formation diplômante et professionnalisante<br />
où nous apprenons à nos jeunes<br />
à penser, mais aussi à agir. Il ne faut<br />
pas perdre <strong>de</strong> vue l’avenir <strong>de</strong> nos étudiants<br />
en offrant une formation et un<br />
diplôme qui les sécurisent dans leur<br />
parcours professionnel. En résumé,<br />
l’objectif, au travers un événement<br />
inédit <strong>de</strong> ce type, est <strong>de</strong> valoriser la<br />
– On a senti un véritable engouement<br />
pour cette “Semaine <strong>de</strong> cirque”…<br />
– Oui, en effet, un intérêt du public et<br />
la contribution enthousiaste <strong>de</strong> tous les<br />
collègues enseignants-chercheurs du<br />
département Arts du spectacle et du<br />
RIRRA 21. J’ai senti réellement une<br />
ambiance collégiale et humainement<br />
positive qui a bien porté ce projet<br />
collectif, et ce, jusqu’au bout. C’est<br />
dynamique, jouissif et vivant !<br />
– Avez-vous rencontré <strong>de</strong>s difficultés<br />
particulières en vous lançant dans un<br />
projet d’une telle envergure ?<br />
– Je dirais qu’il y en avait une. Ce n’est<br />
peut-être pas vraiment une difficulté,<br />
car elle a été surmontée : c’est celle <strong>de</strong><br />
convaincre ceux qui ne connaissent<br />
pas bien l’université qu’on y est aussi<br />
capable <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choses comme ça.<br />
Et convaincre par les actes, il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> meilleure démonstration. Il y a<br />
même eu à la fin <strong>de</strong> la préparation du<br />
projet, comme un effet d’entraînement,<br />
une bascule intéressante, où<br />
nous avons reçu un afflux <strong>de</strong> propositions<br />
et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> contributions<br />
au projet tel que l’on ne pouvait les<br />
absorber toutes. Il faudra donc recommencer<br />
!<br />
Je dirais aussi pour avoir beaucoup<br />
voyagé un peu partout dans le mon<strong>de</strong><br />
pour nos spectacles ou pour différentes<br />
rencontres, colloques ou communications<br />
qu’il existe peut être<br />
dans notre pays un cloisonnement très<br />
“frenchy”. On y est difficilement<br />
reconnu dans la diversité <strong>de</strong>s compétences<br />
professionnelles et la tendance<br />
consiste à sous-estimer ces compét<br />
e n c e s d è s l o r s q u ’ e l l e s s o n t<br />
multiples. Mais, c’est comme ça,<br />
quand on est un peu en marge, il faut<br />
l’assumer et ça, c’est une position très<br />
“cirque”…<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 12
Réussites<br />
Étudiants à l’UPV, hier…<br />
Luis Briceño :un bricoleur talentueux<br />
<strong>de</strong> l’animation<br />
Né au Chili, Luis Briceño vit en<br />
France <strong>de</strong>puis 1992. Il a réalisé<br />
<strong>de</strong>s clips vidéo et plusieurs<br />
courts métrages d’animation.<br />
R e m a rq u é d a n s d i f f é r e n t s<br />
festivals <strong>de</strong> courts où il a obtenu<br />
<strong>de</strong> nombreux prix, l’ancien<br />
étudiant <strong>de</strong> Montpellier 3 est<br />
considéré comme un “bricoleur<br />
surdoué” dans le genre.<br />
– Luis Briceño, quel cursus avez-vous<br />
suivi à l’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> ?<br />
– Je suis arrivé à Montpellier en 1992,<br />
je venais directement du Chili où<br />
j’avais suivi <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’ingénieur.<br />
J’ai fait ma licence en Arts du spectacle<br />
à <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>. Je suis resté ici<br />
jusqu’en 1996. En réalité, c’était l’année<br />
<strong>de</strong> ma maîtrise mais je ne l’ai pas<br />
finie parce que j’ai commencé à réaliser<br />
un film, ici, à Montpellier. L’animation<br />
me prenait beaucoup <strong>de</strong> temps<br />
et j’ai dû faire un choix à un moment<br />
donné. Je me suis dit : « Bon la<br />
licence ça suffit » (rires). Par rapport à<br />
ce que je voulais faire, un autre<br />
diplôme universitaire n’était pas<br />
nécessaire.<br />
– Vous avez monté votre propre boite<br />
“Metronomic” avec une ban<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> copains, comment cela s’est-il<br />
passé ?<br />
– Au début nous étions <strong>de</strong>ux à monter<br />
cette boite, même s’il y en avait<br />
d’autres (<strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s passionnés<br />
<strong>de</strong> films Super 8, ndlr). Nous étions<br />
<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>, Jérémy Rochigneux<br />
et moi. Il avait un an <strong>de</strong> moins<br />
que moi et m’avait aidé à réaliser le<br />
premier film que j’ai fait à Mont -<br />
pellier. Donc quand j’ai fait mon<br />
premier “vrai” film qui a très bien<br />
marché, <strong>Le</strong>s oiseaux en cage ne peuvent<br />
pas voler, ça nous a donné envie<br />
<strong>de</strong> monter une boite. L’envie était déjà<br />
présente avant, mais monter une boite<br />
c’est quelque chose d’assez compliqué.<br />
Et là, comme on avait déjà une<br />
activité qui roulait bien, on s’est dit<br />
« Aller on y va, c’est le moment ! »<br />
– FARD, primé au Festival international<br />
du court-métrage <strong>de</strong> Clermont-<br />
Ferrand, est-il votre projet le<br />
plus aboutit ?<br />
– Quelque part oui, on pourrait dire<br />
ça. C’est celui qui m’a <strong>de</strong>mandé le<br />
plus <strong>de</strong> travail. C’est le plus “cérébral”<br />
et le moins léger <strong>de</strong> mes films.<br />
– Est-ce quelque chose qui vous tient<br />
à cœur le fait d’être primé, la reconnaissance<br />
<strong>de</strong>s professionnels du<br />
métier ?<br />
– Bien sûr. Des fois, pour certains<br />
films je ne m’attends pas à recevoir<br />
<strong>de</strong>s prix. Mais quand les films sont<br />
sélectionnés dans <strong>de</strong>s festivals importants,<br />
c’est quand même super. C’est<br />
déjà une sorte <strong>de</strong> récompense, car tu<br />
sais au moins que ton film va exister.<br />
Selon moi, un film qui n’est pas vu<br />
n’est pas un film. Cela doit sortir <strong>de</strong> la<br />
sphère proche du réalisateur. C’est<br />
important, tout comme les prix, mais<br />
pas plus que cela. Et il y a différents<br />
types <strong>de</strong> récompenses. C’est déjà très<br />
bien d’avoir beaucoup <strong>de</strong> sélections.<br />
« Mes étu<strong>de</strong>s à l’UPV<br />
m’ont apporté une<br />
certaine amplitu<strong>de</strong><br />
dans la vision du mon<strong>de</strong><br />
cinématographique.<br />
Une soli<strong>de</strong> culture<br />
générale également. »<br />
– Quel est votre style dans les films<br />
d’animation ?<br />
– Il y a du “bricolage” dans presque<br />
tous mes films. Dans FARD aussi,<br />
même si c’est une bricole beaucoup<br />
plus poussée. Parce que techniquement<br />
il fallait trouver un truc qui<br />
marche. En fait, c’est une technique<br />
que nous avons mise en place en<br />
mélangeant plein d’autres techniques.<br />
Donc il y a toujours une histoire <strong>de</strong><br />
bricolage. Je pense que ce qui revient<br />
à chaque fois, c’est l’envie <strong>de</strong> faire<br />
<strong>de</strong>s choses différentes. Peut-être estce<br />
le facteur en commun dans chaque<br />
film. Au final, j’avoue que dans<br />
chacune <strong>de</strong> mes réalisations, il y a une<br />
part <strong>de</strong> pessimisme. Même si cela<br />
reste plutôt drôle comme la fin du<br />
mon<strong>de</strong> dans TOMATL ou la mort <strong>de</strong><br />
Pinochet sans être jugé dans Adieu<br />
général, Oscar qui revient dans son<br />
mon<strong>de</strong> manipulé dans FARD, ou<br />
encore la mort <strong>de</strong> la patate dans<br />
Wil<strong>de</strong> Kartoffel. Il y a une espèce <strong>de</strong><br />
boucle qui donne un côté un peu noir<br />
finalement.<br />
•••<br />
13<br />
DÉCEMBRE 2011 – LE DIT DE L’UPV
Réussites<br />
•••<br />
– Où puisez-vous votre imagination ?<br />
– Alors là, je ne sais pas… Ce n’est<br />
pas dans les livres, mais plutôt dans la<br />
vie <strong>de</strong> tous les jours. Je ne dirais pas<br />
non plus que ce sont <strong>de</strong>s anecdotes,<br />
mais au contraire <strong>de</strong>s envies. Et puis<br />
finalement, les films ont toujours une<br />
portée philosophique. Même si on<br />
n’est pas tourné vers la philosophie,<br />
on a toujours une vision philosophique<br />
du mon<strong>de</strong>. Une vision à<br />
défendre, à essayer <strong>de</strong> faire passer<br />
dans les films, même si elle ne se veut<br />
pas didactique. Par ailleurs, je ne veux<br />
absolument pas que les gens pensent<br />
comme moi, car cela serait vraiment<br />
dommage (rires). En réalité, je n’apporte<br />
pas <strong>de</strong> réponses, mais je pose<br />
<strong>de</strong>s questions.<br />
– Parmi toutes les activités que vous<br />
exercez : producteur, acteur, réalisateur,<br />
et narrateur, y en a-t-il une qui<br />
prime sur les autres ?<br />
– Ah oui, réalisateur ! Si je dois produire<br />
<strong>de</strong>s choses, je veux que cela soit<br />
mes propres films. Je m’occupe juste<br />
<strong>de</strong> la production exécutive <strong>de</strong> mes<br />
réalisations. Et acteur, je ne le ferai<br />
plus jamais, je suis trop mauvais.<br />
– Que vous ont apporté vos étu<strong>de</strong>s<br />
supérieures à l’UPV dans la réussite<br />
<strong>de</strong> votre carrière ?<br />
– Mes étu<strong>de</strong>s à l’UPV m’ont apporté<br />
<strong>Le</strong>s oiseaux en cage ne peuvent pas<br />
voler réalisé en 2000<br />
une certaine amplitu<strong>de</strong> dans la vision<br />
du mon<strong>de</strong> cinématographique. Une<br />
soli<strong>de</strong> culture générale également. <strong>Le</strong><br />
fait <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r beaucoup <strong>de</strong> choses,<br />
<strong>de</strong> se fâcher avec certains trucs,<br />
d’aimer certains profs et d’en détester<br />
d’autres, tout cela fait prendre position<br />
par rapport au cinéma. Il est<br />
nécessaire d’avoir du recul pour pouvoir<br />
prendre position dans le mon<strong>de</strong><br />
du cinéma.<br />
– Quels sont vos meilleurs et pires<br />
souvenirs d’étudiant à l’UM3 ?<br />
– J’ai une très mauvaise mémoire<br />
alors je ne saurais pas vous dire. Je<br />
crois qu’il n’y a pas <strong>de</strong> mauvais<br />
souvenirs. Concernant les bons,<br />
j’aimais beaucoup le cours « Histoire<br />
du cinéma comique » avec Monsieur<br />
Rolot, c’était l’un <strong>de</strong> mes cours<br />
favoris.<br />
– Avez-vous gardé <strong>de</strong>s contacts avec<br />
d’autres étudiants ?<br />
– Oui. Tout d’abord, j’ai monté ma<br />
boite avec un ancien d’ici, à savoir<br />
Jérémy Rochigneux. Sur Paris, je vois<br />
également plusieurs personnes sortant<br />
<strong>de</strong> <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>. Je dois en connaître<br />
six ou sept travaillant dans le cinéma<br />
et venant <strong>de</strong> l’UM3. À Montpellier<br />
pas tellement. En dix ans, c’est la<br />
<strong>de</strong>uxième ou troisième fois seulement<br />
que je reviens ici.<br />
– Pour finir, quel projet avez-vous en<br />
tête actuellement ?<br />
– Nous sommes en train d’écrire un<br />
long métrage, <strong>de</strong> développer un<br />
concept. Nous reprenons les mêmes<br />
principes techniques que notre film<br />
FARD. Ce ne sera pas pareil pour<br />
autant. Nous n’en sommes qu’au<br />
début <strong>de</strong> l’écriture pour le moment.<br />
– C’était votre rêve <strong>de</strong> faire un long<br />
métrage ?<br />
– Lorsque tu fais <strong>de</strong> l’animation, le<br />
passage au long métrage n’est pas<br />
évi<strong>de</strong>nt. Par la force <strong>de</strong>s choses on y<br />
parvient. Pour moi, que cela concerne<br />
l’animation ou la prise du réel, la<br />
frontière n’est jamais très claire. Finalement,<br />
tu utilises <strong>de</strong>s matériaux qui<br />
vont te servir pour faire ton film.<br />
Maintenant, c’est vrai que j’ai plus<br />
envie d’approfondir les histoires, <strong>de</strong><br />
développer <strong>de</strong>s trucs. <strong>Le</strong> problème du<br />
court métrage, c’est que les gens qui<br />
vont en voir tombent sur <strong>de</strong>s films par<br />
hasard. Quand tu vas voir une programmation<br />
<strong>de</strong> court métrage, tu ne<br />
vas pas voir un film en particulier.<br />
Alors que lorsque tu vas voir un long<br />
métrage, par exemple, le <strong>de</strong>rnier film<br />
<strong>de</strong>s frères Cohen, un film <strong>de</strong> Woody<br />
Allen, le <strong>de</strong>rnier film avec Brad Pitt…,<br />
tu choisis ce que tu veux voir. Moi,<br />
j’aimerais aussi avoir un public ayant<br />
envie d’aller voir mon film. Cela peut<br />
sonner prétentieux, mais je ne crois<br />
pas en être un. En résumé, j’ai envie<br />
<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s longs métrages et j’ai<br />
surtout envie que ça marche !<br />
Adieu Général film d’animation réalisé par Luis Briceño en 1999<br />
Propos recueillis par Laurine Bonnamy<br />
Étudiante en master 1 Information<br />
et communication<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 14
Culture<br />
Pierric Bailly, un jeune romancier <strong>de</strong><br />
Montpellier 3 chez P.O.L<br />
❝L’université <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> <strong>de</strong> Montpellier accueille les étudiants extérieurs à<br />
l’académie sans sélection sur dossier, je me suis inscrit au début du mois <strong>de</strong> juillet,<br />
en arts du spectacle. c’est d’abord pour mes parents que j’ai prétendu vouloir<br />
<strong>de</strong>venir producteur exécutif <strong>de</strong> cinéma. Si j’avais annoncé metteur en scène, ma<br />
mère aurait estimé que pour ça il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> partir si loin, et j’aurais<br />
fait comme tout le mon<strong>de</strong> dans le Jura, mes étu<strong>de</strong>s a Besançon.<br />
Ainsi parle Luc, le narrateur, à<br />
la page 16 du nouveau roman<br />
<strong>de</strong> Pierric Bailly.<br />
Chroniques estudiantines, Michael<br />
Jackson ne raconte rien du chanteur<br />
légendaire, mais parle <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong>s<br />
étudiants et <strong>de</strong> ces passages initiatiques<br />
ou très complexes vers l’âge<br />
adulte.<br />
<strong>Le</strong> premier roman <strong>de</strong> cet ancien <strong>de</strong><br />
<strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong>, Polichinelle, se situait<br />
dans une bourga<strong>de</strong> du Jura où une<br />
ban<strong>de</strong> d’ados à la dérive s’ennuyait<br />
entre Shopi et la place du village. Ce<br />
premier roman était déjà prometteur<br />
avec une écriture fiévreuse qui traduisait<br />
une poésie “mortel” entre décibels<br />
<strong>de</strong> scooters en furie et rage alcoolisée<br />
aux abords <strong>de</strong> la fontaine. Avec<br />
le <strong>de</strong>uxième roman, Bailly poursuit<br />
l’aventure avec plus <strong>de</strong> maîtrise et un<br />
certain sens du décalage. Michael<br />
Jackson, titre-farce, évoque toute une<br />
époque, celles <strong>de</strong>s années 2000, va-etvient<br />
entre scepticisme mélancolique<br />
et gran<strong>de</strong> nonchalance.<br />
Et à l’instar du protagoniste du roman,<br />
dans la vraie vie, Pierric a également<br />
choisi <strong>Paul</strong>-<strong>Valéry</strong> pour ses étu<strong>de</strong>s en<br />
Arts du spectacle <strong>de</strong> 2000 à 2003.<br />
« Entre Metz et Montpellier, le choix<br />
était assez facile à faire », nous dit le<br />
jeune auteur qui a commencé à écrire<br />
dès son arrivée sur Montpellier.<br />
Invité par le Service culturel, en partenariat<br />
avec la librairie Sauramps, et<br />
animé par Guy Dugas, professeur <strong>de</strong><br />
littérature comparée, et Philippe<br />
Navaro, responsable du SCAC,<br />
Pierric Bailly s’est retrouvé, en salle<br />
Camproux, face à <strong>de</strong>s étudiants<br />
« L’écriture est un plaisir<br />
et non pas un travail.<br />
Si on chiffrait en heures<br />
le temps passé dans l’acte<br />
d’écrire, ça serait démentiel<br />
par rapport au 35 heures<br />
hebdomadaire ! »<br />
Pierric Bailly<br />
attentifs et intéressés par son récit<br />
littéraire et universitaire.<br />
En répondant à une question concernant<br />
le PPP (projet professionnel<br />
personnalisé) à l’issu d’étu<strong>de</strong>s littéraires,<br />
Pierric Bailly a dû faire plaisir<br />
à beaucoup étudiants présents en salle<br />
lorsqu’il a affirmé son optimisme et<br />
sa conviction quant à la possibilité <strong>de</strong>s<br />
voies littéraires. « Il n’y a pas d’âge<br />
❞<br />
pour commencer à écrire, souligne-til<br />
avec beaucoup <strong>de</strong> sérénité, c’est ce<br />
qui est bien avec l’écriture. Ce n’est<br />
pas vraiment un métier en soi. On<br />
peut faire autre chose, et commencer<br />
même à l’âge <strong>de</strong> la retraite, à l’âge où,<br />
en général, on s’arrête <strong>de</strong> travailler ».<br />
« <strong>Le</strong> métier n’est pas quantifiable,<br />
poursuit-il, on ne sait même pas si on<br />
doit le considérer comme une profession.<br />
En tout cas, il est passionnant et<br />
risqué en même temps. »<br />
Et le manuscrit dans tout ça ? La question<br />
était sans doute sur le bout <strong>de</strong>s<br />
lèvres <strong>de</strong> beaucoup d’étudiants présents<br />
et P. Bailly est allé complètement<br />
à contre-sens <strong>de</strong> la réponse attendu.<br />
« Oui, je me suis contenté d’envoyer<br />
mon manuscrit par la poste et celui-ci a<br />
été pris du premier coup, chez P.O.L ! »<br />
L’auteur rassure son jeune auditoire<br />
en récusant l’idée reçue selon laquelle<br />
les éditeurs ne lisent que rarement les<br />
manuscrits qu’ils leur parviennent.<br />
Un sourire <strong>de</strong> soulagement se <strong>de</strong>ssine<br />
sur le visage <strong>de</strong> l’étudiante qui a posé<br />
la question : peut-être une future<br />
gran<strong>de</strong> écrivaine sortie tout droit <strong>de</strong><br />
l’UPV ! <<br />
15<br />
DÉCEMBRE 2011 – LE DIT DE L’UPV
Publications<br />
<strong>Le</strong> <strong>Dit</strong> vous présente…<br />
De la culture rock<br />
par Clau<strong>de</strong> Chastagner, Paris,<br />
PUF, 2011, 288 pages, 23 euros.<br />
La jeunesse occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong>s années<br />
1950 et 1960 s’est construit un univers<br />
propre, avec ses lois, ses co<strong>de</strong>s, ses<br />
valeurs, et l’a organisé autour d’une<br />
musique neuve et forte : une culture<br />
rock. Au cœur <strong>de</strong> cette culture, il y<br />
avait la volonté <strong>de</strong> se différencier du<br />
mon<strong>de</strong> adulte, <strong>de</strong> s’opposer à ses<br />
Enseignement <strong>de</strong>s langues<br />
et construction européenne.<br />
<strong>Le</strong> plurilinguisme, nouvelle<br />
idéologie dominante<br />
par Bruno Maurer, Paris, Éditions<br />
<strong>de</strong>s archives contemporaines,<br />
2011, 163 pages, 25 euros.<br />
compromissions et<br />
à ses censures. La<br />
rébellion s’est avérée<br />
le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement<br />
privilégié<br />
<strong>de</strong> la culture<br />
rock. Très vite, pourtant,<br />
l’utopie a fait<br />
place à l’amertume.<br />
On a dénoncé la naïveté <strong>de</strong> la révolte<br />
rock, la récupération commerciale dont<br />
elle aurait fait l’objet. Mais est-ce bien<br />
A fin <strong>de</strong>s années<br />
quatre-vingt-dix, le<br />
Cadre européen commun<br />
<strong>de</strong> référence proposait<br />
à l’enseignement<br />
<strong>de</strong>s langues<br />
<strong>de</strong>ux persepectives :<br />
une actionnelle et une<br />
didactique du plurilinguisme.<br />
Dix ans après, on dispose<br />
d’assez d’éléments pour dresser un<br />
bilan critique <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’enseignement<br />
<strong>de</strong>s langues sous l’influence<br />
du Conseil <strong>de</strong> l’Europe.<br />
<strong>Le</strong> premier constat est que didactique<br />
du plurilinguisme et didactique <strong>de</strong>s<br />
langues ne sont pas synonymes et<br />
pourraient même être antinomiques.<br />
Avec l’éducation plurilingue et interculturelle,<br />
il ne s’agit plus en réalité<br />
d’enseigner les langues, mais <strong>de</strong><br />
construire <strong>de</strong> toutes pièces l’i<strong>de</strong>ntité<br />
du futur citoyen européen.<br />
<strong>Le</strong> rôle <strong>de</strong> l’institution scolaire dans<br />
l’enseignement <strong>de</strong>s langues et la<br />
professionnalité d’enseignant <strong>de</strong> langue<br />
<strong>de</strong> cela qu’il s’agit ?<br />
Cet ouvrage explore une autre hypothèse :<br />
celle d’une i<strong>de</strong>ntité structurelle entre<br />
les objectifs <strong>de</strong> la culture rock et<br />
l’organisation capitaliste <strong>de</strong> nos sociétés,<br />
une convergence fondée sur la stratégie<br />
du slogan et du star-system, sur la<br />
provocation et l’outrance. Peut-on alors<br />
encore parler <strong>de</strong> rébellion rock ? Quelles<br />
voix reste-t-il pour porter le refus <strong>de</strong><br />
l’autorité, du conformisme et du statu<br />
quo ? <<br />
sont profondément remis en question.<br />
Ces mutations très profon<strong>de</strong>s s’opèrent<br />
pourtant sans bruit : c’est que le plurilinguisme<br />
fonctionne comme nouvelle<br />
idéologie dominante. Un examen minutieux<br />
<strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> l’éducation<br />
plurilingue et interculturelle<br />
permet <strong>de</strong> démonter les mécanismes<br />
<strong>de</strong> cette domination.<br />
Pourquoi l’Europe s’intéresse-t-elle<br />
tellement à l’enseignement <strong>de</strong>s langues ?<br />
Si la critique se fait politique, c’est<br />
parce que l’enseignement <strong>de</strong>s langues<br />
est aujourd’hui partie prenante d’un<br />
projet politique dont chercheurs et<br />
enseignants ignorent largement les<br />
enjeux… <<br />
Enfants issus <strong>de</strong> l’immigration<br />
maghrébine :<br />
grandir en France<br />
par Frédérique Sicard, Paris,<br />
L’harmattan, 2011, 290 pages,<br />
24 euros.<br />
<strong>Le</strong>s enfants issus <strong>de</strong> l’immigration<br />
maghrébine et vivant en France sont<br />
porteurs, à <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>grés divers, <strong>de</strong><br />
la culture d’origine<br />
<strong>de</strong> leurs familles.<br />
D a n s l e m ê m e<br />
temps ils adhèrent<br />
aux normes culturelles<br />
<strong>de</strong> la société<br />
française dans<br />
laquelle ils vivent. Comment à partir<br />
d’éléments parfois contradictoires,<br />
ces enfants se construisent-ils pour<br />
se forger une représentation <strong>de</strong> soi<br />
satisfaisante et faire <strong>de</strong> l’un à partir<br />
du multiple ? Comment, enfin,<br />
évoluent-ils au cours <strong>de</strong>s années qui<br />
les mènent <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> raison à<br />
l’adolescence <<br />
<strong>Le</strong>s catholiques et l’économiesociale<br />
en France,<br />
XIX e -XX e siècles<br />
par Geneviève Gavignaud-<br />
Fontaine, Paris, Éditions <strong>Le</strong>s In<strong>de</strong>s<br />
savantes, 2011, 220 pages,<br />
23 euros.<br />
La question portée par l’actualité est<br />
<strong>de</strong> savoir si le capitalisme est moral ou<br />
moralisable ; l’historienne analyse les pratiques<br />
privées et publiques qui, dans le<br />
passé, ont répondu à la volonté d’associer<br />
la morale à l’économie comme y invite<br />
la doctrine sociale catholique. Conduite<br />
dans la durée multiséculaire, la réflexion<br />
met en évi<strong>de</strong>nce que l’économie, dont la<br />
vocation est <strong>de</strong> servir l’homme et la<br />
société, se coupe <strong>de</strong> sa raison d’être en<br />
l’absence <strong>de</strong> mobiles sociaux moraux.<br />
Elle fait ressortir que<br />
les rapports économiques<br />
qui lient les<br />
hommes entre eux ne<br />
peuvent se construire<br />
durablement sur<br />
d’égoïstes intérêts.<br />
Des propos particulièrement<br />
opportuns<br />
en ces temps <strong>de</strong> crises. <<br />
LE DIT DE L’UPV – DÉCEMBRE 2011 16