les lentilles de contact sommaire - Futurophta

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LES LENTILLES DE CONTACT
SOMMAIRE
Généralités sur les lentilles de contact
Dr Paul Gallant
Lentilles de contact et surface oculaire
Dr Sophie Lejeune
Les pathologies liées au port des lentilles de contact
à ne pas méconnaître
Dr Florence Malet
Hygiène et entretien des lentilles de contact
Drs Morlot Burou Martine et Vis Choukroun Katheline
Lentilles et médicaments
Dr Fiat-Rubolini Stéphane
Quelques conseils à prodiguer aux nouveaux porteurs
Dr Karsenti-Piquemal Dominique
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0Th'êë--­
Moteur d'innovotion

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L A L B R A R E M E D CAL E
A A M D c A
GÉNÉRALITÉS SUR LES
LENTILLES DE CONTACT
Dr Paul Gallant
L'adaptation des lentilles de contact suppose la connaissance des divers
types de lentilles tant sur le plan du matériau que de sa géométrie, avant de
pouvoir répondre à la question essentielle : quelle lentille pour quelle
correction? et quelle lentille pour quel patient?
Les impératifs auxquels doivent répondre les lentilles de contact sont de
quatre ordres:
• respect physiologique de l'œil
• bonnes performances optiques
• bonne résistance mécanique
• bon confort subjectif
Depuis 1950 les matériaux rigides et souples sont apparus successivement et
leurs améliorations ont permis d'aboutir pour les lentilles flexibles à une
perméabilité à l'oxygène excellente.
Celle-ci se chiffre par le dk et le dk/e. Le dk/e des lentilles rigides peut varier
jusqu'à 160 à ce jour.
Les autres progrès ont porté sur la mouillabilité, la rigidité, l'hydratation et
la résistance aux dépôts, sans oublier les progrès en matière de géométrie
(mono ou multicourbe, asphérique, dégagements).
Divers procédés intégrant fluor, silicone et acrylate, ont autorisé ces diverses
améliorations tout en apportant leurs propres limites.
Les lentilles souples qui se classent par durée de vie (traditionnelles,
mensuelles, hebdomadaires, bihebdomadaires et journalières) se classent
également selon l'ionicité et l'hydrophilie en quatre groupes.
Ces quatre groupes sont importants pour répondre aux différents dépôts
lipidiques ou protidiques prépondérants sur les lentilles de certains patients.
La dernière innovation en matière de lentilles souples est constituée par
l'apparition des silicohydrogels, combinaison de matériaux à priori non
miscibles et qui augmentent surtout la perméabilité à l'oxygène avec une
augmentation du dk considérable.
Avec ces matières la question du port permanent avec les lentilles souples
est à nouveau posée alors que ce port permanent était réservé avec plus de
sécurité aux lentilles rigides jusqu'a présent.
Ces matières constituent, l'espère-t-on, un pas en avant décisif.
1 •
Le premier point, lors d'une demande d'adaptation doit faire apparaître les
motivations du patient et nécessite de la part de l'ophtalmologiste une
attitude positive.

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A A II. D c A
L'âge du patient intervient en premier lieu et varie classiquement entre
12 ans et un âge quelquefois avancé n'excluant pas les "77ans" de nos chères
BD sans oublier bien-sûr les adaptations de l'enfant jeune si justement
rappelées par le dernier rapport de la SfOALC.
Les lentilles seront rigides si possible chez le sujet jeune afin de préserver son
avenir de porteur de lentilles dans les conditions physiologiques les
meilleures.
Chez le sujet âgé il faudra faire des choix tenant compte de la qualité
volontiers médiocre du film lacrymal et des exigences de confort immédiat
ou à long terme.
L'activité du patient permettra de savoir si l'indication sera professionnelle,
sportive, esthétique, optique. La qualité de vision orientera sur la lentille
rigide, le milieu empoussiéré ou non autorisera la lentille rigide ou souple,
l'activité sportive sera soumise à une exigence visuelle immédiate tout en
obéissant à des milieux différents, secs, empoussièrés, humides, qui sont
autant de facteurs de choix entre lentille rigide ou souple, en port permanent
ou non. S'agit-il d'un nouveau porteur ou d'un ancien porteur qu'il faut ou
non remotiver ?
Toutes ces questions sont importantes et détermineront la motivation du
patient.
L'interrogatoire notera le type d'environnement (produits manipulés, air
conditionné...) et fera faire un choix de matière souvent fonction de la
sécheresse ambiante.
Ces données générales ne déterminent pas seules le choix de la lentille.
Il faut encore connaître quel type de port est envisagé par le patient: port
journalier, port occasionnel, port permanent; ceci oriente le choix vers une
lentille mensuelle, journalière, rigide ou silicohydrogel.
Le profil psychologique sera essentiel surtout en cas de port permanent où
les notions d'observance seront essentielles.
L'interrogatoire s'intéressera aux antécédents médicaux généraux (diabète,
pathologie ORL, traitements généraux, maladies immunitaires, allergies...)
et locaux.
Les antécédents ophtalmologiques détermineront les contre-indications
absolues (herpès, conjonctivites allergiques ou virales, hyposécrétions
lacrymales majeures, bulles de filtration de chirurgie glaucomateuse...) ainsi
que les contre-indications relatives (chirurgie réfractive incisionelle et
lentilles, hyposécrétions lacrymales...).
L'examen ophtalmologique proprement dit permettra de compléter les
informations et aidera au choix de la lentille.
Cet examen comporte, bien sûr, une réfraction lunettes précise en mono et
binoculaire optimisée par le test rouge vert.
On tiendra compte des conversions dues à la distance verre oeil avec une
attention toute particulière pour les astigmatismes.
L'état phorique sera examiné avec soin en rappelant qu'un myope doit
converger d'avantage avec lentilles et l'inverse pour l'hypermétrope, sans
oublier les conséquences sur l'accommodation, si importantes pour le
presbyte débutant.

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A A M o c A
La kératométrie, élément clé, mesurera le rayon de courbure cornéen,
l'astigmatisme total, cornéen, et/ou interne éventuel. 11 orientera sur une
lentille souple torique, flexible sphérique ou torique voire bitorique.
Les tests lacrymaux et surtout le BUT (évaluation qualitative) bien plus
déterminant que le test de Schirmer (évaluation quantitative) orienteront
sur le choix d'une lentille rigide ou souple de groupe d'ionicité et
d'hydrophilie à déterminer.
La biomicroscopie examinant les paupières, la conjonctive et la cornée
recherchera les ,contre-indications évidentes tels les néovaisseaux et la
conjonctivite gigantopapillaire sans oublier l'examen de la PlO, le cristallin
et la rétine.
2.
Avant d'aborder le choix d'une lentille en fonction d'un type d'amétropie
il faut revenir sur le choix de la lentille en fonction des critères
physiologiques. Ceux-ci orienteront sur le choix rigide ou souple.
A) En fonction de la physiologie
• Ainsi une myopie évolutive orientera sur le port soutenu de lentilles
rigides qui apportent un espoir de freination de cette évolutivité.
• Les indications du port de lentille chez le jeune enfant (strabismes
accomodatifs, myopie évolutive, anisométropie, appareillage d'attente
chez l'aphaque...) orienteront tout naturellement vers la LRPG pour
des raison de respect de la physiologie oculaire. Toutefois, l'acceptation
de ces lentilles peut varier avec l'âge et tout particulièrement entre 5 ans
et 10 ans.
• La qualité des larmes et leur quantité peuvent faire préférer une LRPG
en cas d'hyposécrétion, le choix d'une lentille souple fera préférer une
lentille de groupe 2 voire 1 plutôt qu'une lentille de groupe 4.
La qualité des larmes et des dépôts orientera en matière de lentilles
souples vers une lentille ionique ou non.
• L'observation de néovaisseaux, conséquence d'un port permanent
inconsidéré, orientera vers les hauts dk en LRPG et sans doute les
silicohydrogels.
• Les antécédents de chirurgie réfractive incisionelle orienteront
obligatoirement vers les LRPG à haut dk.
B) En fonction de l'amétropie.
• Les lentilles sphériques souples ou rigides constituent une bonne
réponse aux amétropies simples telles que la myopie et l'hypermétropie
en tenant compte des modifications liées à la distance verre oeil. Cellesci
seront choisies en fonction des critères objectifs et subjectifs abordés
précédemment.

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A A M o c A
LENTILLES DE CONTACT ET SURFACE OCULAIRE
Dr Sophie Lejeune
La surface oculaire représente une entité anatomique et fonctionnelle où
conjonctive, cornée et film lacrymal sont étroitement liés. Qu'elle soit rigide
ou souple, la lentille, "intra-Iacrymale", repose sur la surface oculaire.
Avant d'envisager les interactions entre lentille et surface oculaire, il est
important de faire un bref rappel de la physiologie lacrymale.
Le film lacrymal, par des mécanismes physiques, chimiques et immunologiques,
constitue le premier rempart contre les agressions de la surface
cornéo-conjonctivale.
Son architecture peut être assimilée à une structure en mosaïque où les trois
éléments principaux, eau, lipides et mucus, sont étroitement liés. La couche
muqueuse, la plus profonde est située au contact de l'épithélium cornéen et
réalise un nécessaire lien entre la couche aqueuse et la surface épithéliale
hydrophobe. La couche aqueuse a un rôle hydratant, un rôle mécanique,
immunologique et antibactérien. La couche lipidique constituée de méibum,
a un rôle essentiel car elle s'oppose à l'évaporation excessive des larmes. Elle
garantit la stabilité du film lacrymal.
Les interactions entre lentille et surface oculaire sont multiples. Bien qu'ils
soient tous intriqués, on retiendra, pour simplifier, des effets mécaniques,
thermiques, métaboliques, immunologiques et chimiques.
La présence d'une lentille sur la surface oculaire entraîne par effet
mécanique, à long terme, une diminution des microplis et des microvillosités
des membranes des cellules épithéliales. Or ces microvillosités sont nécessaires
à l'ancrage du film lacrymal sur la surface épithéliale. Leurs altérations
favorisent l'instabilité du film lacrymal, à l'origine de sensation de sécheresse
préjudiciable au confort du porteur. L'adhésivité bactérienne est augmentée.
La diminution des échanges thermiques sous lentilles souples est à l'origine
de la rareté du clignement du porteur de lentilles. Or le clignement permet
le drainage des cellules desquamées, des déchets du métabolisme et des
micro-organismes. La diminution du turn-over lacrymal augmente le risque
infectieux. Le port d'une lentille trop serrée aggrave le processus.
Les lentilles en matériaux hydrophiles conventionnels sont responsables
d'une hypo-oxygénation cornéenne chronique. Cette hypo-oxygénation
est proportionnelle au dk/e ou transmissibilité à l'oxygène de la lentille,
constante liée au matériau et à l'épaisseur de la lentille. L'hypo-oxygénation
cornéenne chronique a de nombreux retentissements sur la cornée. Elle
entraîne un ralentissement du métabolisme épithélial, une diminution de
l'activité mitotique, et par conséquent un amincissement épithélial.
Apparaissent des ruptures de la barrière épithéliale par anomalies des
jonctions intercellulaires, qui se traduisent cliniquement par une kératite
ponctuée superficielle favorisant la pénétration des germes pathogènes.

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L'hypoxie entraîne une diminution des terminaisons nerveuses
intraépithéliales, responsable d'une perte de la sensibilité cornéenne. Cette
perte de sensibilité augmente le risque de complications, puisque la douleur
n'alerte plus assez précocement le porteur.
L'hypo-oxygénation cornéenne chronique est responsable de la pénétration
de néovaisseaux, à point de départ limbique, qui envahissent la cornée
périphérique. Ces néovaisseaux sont recherchés systématiquement lors des
examens de contrôle annuels des porteurs de lentilles souples car leur
aggravation impose une réadaptation. Celle-ci s'oriente vers des lentilles à
haut dk/e : lentilles souples en silicohydrogel, lorsque l'amétropie le permet,
ou lentilles rigides.
Le port de lentilles est responsable de complications inflammatoires
conjonctivales d'origine immunologique ou conjonctivite gigantopapillaire.
Cette conjonctivite chronique, qui apparaît après quelques
années de port de lentilles, est liée à l'encrassement des matériaux souples
par les protéines lacrymales. Ces protéines, déposées à la surface mais
surtout dans la trame des matériaux souples, se dénaturent rapidement (en
moins de trois semaines). Leurs modifications de structure provoquent une
réaction immunologique. Les microtraumatismes répétées de la paupière
lors du clignement augmenteraient le risque de sensibilisation de celle-ci
aux dépôts.
L'apparition de cette complication impose un renouvellement très fréquent
des lentilles.
La réadaptation en lentilles journalières ou en lentilles de renouvellement
bi-mensuel est une solution. Lorsque l'amétropie ne permet pas la
réadaptation en lentilles journalières, il est nécessaire de réadapter en
lentilles rigides, ces dernières étant moins sensibles aux dépôts protéiques.
L'utilisation quotidienne de produits décontaminants est indispensable
même si ces derniers ne sont pas dénués d'effets chimiques cornéoconjonctivaux.
Ils sont responsables d'agressions infracliniques répétées de
l'épithélium cornéen. Les conservateurs (chlorure de benzalkonium,
chlorhexidine) perturbent la stabilité du film lacrymal par action sur la
couche lipidique, entraînant une sensation de sécheresse à long terme.
L'utilisation de produits oxydants serait moins déstabilisante pour le film
lacrymal que celle des produits "tout en un". L'utilisation de lentilles
journalières permet de réadapter les porteurs sensibilisés aux produits
d'entretien.
En conclusion, le port de lentilles entraîne de nombreuses modifications de
la physiologie lacrymale et cornéo-conjonctivale. Obtenir la meilleure
adéquation entre lentille et surface oculaire est le but d'une adaptation
de bonne qualité. Le large choix de matériaux et de géométries, à notre
disposition, permet de le réaliser.
La surveillance ophtalmologique du porteur de lentilles vérifie que ces
modifications inéluctables ne deviennent pas pathologiques.
La contactologie ne peut se concevoir, qu'en ayant toujours à l'esprit le
respect de la physiologie lacrymale et cornéo-conjonctivale, qui seul permet
la tolérance des lentilles à long terme.
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A A M D c A
LES PATHOLOGIES LIÉES AU PORT DES
LENTILLES DE CONTACT À NE PAS
, Â
MECONNAITRE
Florence Malet
Très polymorphes dans leur expression clinique, les pathologies induites par
le port de lentilles de contact sont diverses. Elles se distinguent entre elles
par un gradient extrêmement varié de sévérité [l, 2, 3].
Beaucoup de ces pathologies sont bien connues des contactologues et
relativement caractéristiques : ce sont les complications mécaniques
(syndrome 3 heures - 9 heures des lentilles rigides; KPS d'origine mécanique
par corps étranger, par détérioration de la lentille, par manipulation
traumatisante; conséquences d'une mauvaise adaptation dont le syndrome
de serrage), les complications hypoxiques (néovascularisation cornéenne;
oedème cornéen; microkystes ; fragilité épithéliale cornéenne ; kératites
ponctuées superficielles), les complications toxiques (KPS par mauvaise
utilisation d'un produit d'entretien).
En revanche, trois classes de pathologies liées au port de lentilles de contact
méritent d'être développées, car chaque ophtalmologiste, quelle que soit sa
spécificité, peut y être confronté, en effet:
• L'allergie et la décompensation d'une sécheresse oculaire sont
extrêmement fréquentes lors du port de lentilles et prennent souvent le
masque trompeur d'une petite gêne oculaire, surtout depuis la quasidisparition
des conjonctivites papillaires géantes due à l'avènement des
nouveaux types de lentilles.
• L'infection oculaire, du fait de sa gravité potentielle, prend le devant de
la scène bien que son incidence soit extrêmement basse (2 à 20 cas pour
la 000 porteurs par an). Elle constitue une réelle hantise, compte tenu
du risque de séquelles anatomiques et visuelles majeures. A juste titre,
elle représente une véritable urgence thérapeutique, nécessitant une
prise en charge rapide.
1 •
Dans le monde occidental, les kératites infectieuses liées au port de lentilles
de contact seraient responsables de 40 à 70 % des infections cornéennes. Des
études multicentriques incluant de grandes cohortes de patients ont été
nécessaires afin de préciser leur incidence qui reste basse.
Malgré cette faible incidence, les complications infectieuses représentent le
risque le plus grave lié au port de lentilles de par l'agressivité des germes
pathogènes en cause. Il existe des facteurs de risque mieux connus et l'on
retient, parmi ceux-ci:
• le port permanent en lentilles souples hydrophiles, le non respect des
consignes d'hygiène, d'entretien et de renouvellement des lentilles,

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• des facteurs généraux favorisants comme le diabète, la prise de
corticoïdes,
• des facteurs locaux oculaires comme l'œil sec, l'hypoesthésie
cornéenne, la blépharite chronique.
A) Les infections bactériennes
Du fait de l'inversion de la flore conjonctivale saprophyte chez le porteur de
lentilles, les infections à germes gram négatif sont le plus souvent en cause
et représentent plus de 60 % des cas (Pseudomonas aeruginosa, Sen"atia,
Moraxella).
S'il s'agit de germes gram positifs, Staphylococcus aureus, epidermidis,
Streptococcus pneumoniae sont les plus souvent isolés.
Le début de l'infection est brutal, douloureux et il existe des sécrétions
muco-purulentes. L'ulcère cornéen s'accompagne d'un infiltrat sous-jacent
et peut être associé à un hypopion. Dans le cas d'une infection par
pyocyanique, il existe un risque perforatif assez rapide en raison de la
libération d'endotoxines et d'enzymes protéolytiques.
Ces abcès sous lentille sont des urgences thérapeutiques médicales
nécessitant la réalisation de prélèvements cornéens et conjonctivaux avant
la mise en route d'une antibiothérapie intensive à large spectre. En plus de
ces prélèvements, les étuis des lentilles, les lentilles et les solutions
d'entretien doivent être récupérés et expédiés au laboratoire pour examen
direct, mise en culture sur milieux spécifiques à la recherche de bactéries,
mais aussi d'amibes et de champignons.
L'antibiothérapie est locale, administrée toutes les heures les premiers jours
de l'infection, faisant appel à :
• soit des collyres fortifiés en association pour être actifs sur les gram + et
les gram -,
• soit des quinolones.
Cette antibiothérapie sera, bien sûr, secondairement adaptée en fonction des
résultats·du germe isolé et de l'antibiogramme.
B) Les infections amibiennes
Décrites pour la première fois par Jones en 1974, ces infections dues à une
amibe libre de type Acanthamoeba, sont particulièrement graves. Elles
surviennent plus fréquemment chez les porteurs de lentilles présentant des
facteurs de risque de contamination particuliers comme l'utilisation d'eau
du robinet pour le rinçage des lentilles ou le port des lentilles en piscine.
L'Acanthamoeba présente un cycle évolutif particulier avec des trophozoïtes
mobiles, actifs et des kystes quiescents ; cette particularité explique l'allure
évolutive chronique de cette affection faite de poussées et de rémissions.
Sur le plan clinique, le premier stade est épithélial et dure de plusieurs jours
à plusieurs semaines : il est caractérisé par l'importance des douleurs
ressenties par le patient qui contraste avec la pauvreté des signes épithéliaux
souvent réduits à un aspect de pseudo-dendrite ou de lignes épithéliales
surélevées. L'existence d'une kératonévrite radiaire est très évocatrice de
l'infestation par ce parasite et de son neurotropisme. Au stade stromal de
l'affection, l'aspect en anneau de l'infiltrat est un signe pathognomonique
de l'infection: à ce stade, le pronostic est sévère.

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La difficulté thérapeutique de l'infection amibienne est due à la résistance
des kystes aux différentes molécules et à la possibilité pour les trophozoïtes
de s'enkyster lors de conditions défavorables. Les traitements les plus actifs
sont les antiseptiques cationiques comme le PHMB à 0,02 %
(polyhexaméthyl biguanide) ou la chlorhexidine à 0,02 % associés à des
diamines aromatiques comme l'iséthionate de propamidine à 0,1 % (ou
Brolène®) ou l'hexamidine. Le traitement institué devra être poursuivi
plusieurs semaines afin que les kystes soient détruits.
C) Les infections fongiques
Leur fréquence est moins grande et est évaluée à 4 % des infections
survenant chez les porteurs de lentilles. Elles ont pour caractéristique de
survenir volontiers chez les patients équipés en lentilles thérapeutiques et
chez les patients ayant un terrain immuno-déprimé ou des facteurs
favorisants comme l'alcoolisme, le diabète.
Sur le plan clinique, l'existence de foyers de petite taille, multiples, profonds
d'évolution lente est évocatrice. Les champignons isolés sont par ordre de
fréquence : Candida albicans, Fusarium solanii et Aspergillus niger. En
l'absence d'immunodépression, le traitement antifongique est local utilisant
des collyres préparés d'amphotéricine B à 0,15 %, de miconazole à 0,1 % ou
de natamycine à 5 %.
D) Importance de l'éducation des porteurs de lentilles
Quel que soit l'agent infectieux en cause, l'éducation des porteurs de
lentilles et leur sensibilisation aux facteurs de risque devraient permettre
de diminuer ce risque. L'arrêt du port de lentilles au moindre symptôme
anormal suivi d'une consultation en l'absence d'une amélioration
franche et rapide permet une prise en charge thérapeutique limitant les
séquelles.
2.
A) La conjonctivite papillaire géante
Cette conjonctivite allergique est très spécifique du porteur de lentilles de
contact bien qu'elle ait été également rapportée chez les porteurs de
prothèses oculaires.
La symptomatologie est celle d'une intolérance progressive des lentilles de
contact en rapport avec le stade évolutif de l'affection. Elle survient le plus
souvent après plusieurs années de port de lentilles sans problème. Sa
fréquence est plus grande chez le porteur de lentilles souples que chez le
porteur de lentilles rigides. Un certain nombre de facteurs de risque est
évoqué (Tableau 1).
Au début, le patient se plaint d'une irritation légère survenant en fin de
journée associée à quelques sécrétions blanchâtres, puis les signes
augmentent l'obligeant à retirer ses lentilles de plus en plus tôt au cours de
la journée, l'arrêt du port entraînant la sédation de la symptomatologie.

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Le diagnostic clinique est facile: à l'éversion de la paupière supérieure, les
papilles sont bien visibles et leur taille permet de bien classifier le stade de
l'affection. Au stade l, on note une légère hyperhémie ; au stade 2, les
papilles sont présentes, de petite taille, inférieures ou égales à 0,5 mm,
l'hyperhémie est nette. Au stade 3, les papilles atteignent une taille de Imm,
l'œdème de la conjonctive palpébrale est manifeste et l'on note la présence
de mucus.
Le mécanisme immunologique de cette conjonctivite associerait une
hypersensibilité de type l (immédiate), mais aussi de type IV (retardée).
Les allergènes invoqués selon différents auteurs seraient les dépôts
protéiniques dénaturés à la surface des lentilles, une sensibilisation aux
produits d'entretien avec certainement une participation mécanique induite
par les frottements répétés de la lentille sur la conjonctive lors du
clignement.
Le traitement est donc orienté dans plusieurs directions compte tenu du
caractère plurifactoriel des causes invoquées. On associe le plus souvent un
traitement médical par collyres anti-allergiques à une modification du type
de lentilles portées (lentilles à remplacement fréquent, lentilles jetables
journalières) et/ou à un changement de famille chimique du produit
d'entretien utilisé.
.... Tableau l
Jeune âge
Facteurs de risques de la conjonctivite papillaire géante
Lentille couverte de dépôts
Temps de port très long
Lentille peu souvent renouvelée
Lentille de grand diamètre
Système de nettoyage insuffisant
Atopie associée (elle multiplie par 5 le risque de CPGj
B) L'allergie aux produits d'entretien
h peut s'agir d'allergie aux conservateurs et plus particulièrement d'allergie
aux dérivés mercuriels, d'allergie aux antiseptiques constituant le produit
d'entretien ou encore d'allergie aux enzymes utilisées lors de la
déprotéinisation. Les sujets aux antécédents atopiques et/ou présentant une
conjonctivite allergique sont plus exposés à la survenue de ces allergies.
L'interrogatoire du patient permet de bien préciser le ou les produits utilisés
(pour la décontamination, le rinçage) et de les classer dans une famille chimique
; en effet, la découverte d'une allergie au chlorure de benzalkonium,
par exemple, qui fait partie des ammoniums quaternaires, fera alors préférer
l'utilisation d'une molécule d'une autre famille comme les biguanides.
Sur le plan symptomatologique, le patient rapporte une irritation, une gêne
à la pose de la lentille avec majoration des signes dans le temps. A l'examen,
l'hyperhémie conjonctivale est manifeste et il peut exister des infiltrats
cornéens de siège le plus souvent supérieur et périphérique.
Un test épicutané allergologique spécifique des composants des solutions
d'entretien peut être réalisé et aider à confirmer le diagnostic.

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Le traitement est celui de l'éviction de l'allergène et l'utilisation de systèmes
de décontamination les moins allergisants possibles. Un entretien avec du
peroxyde d'hydrogène est alors souvent préconisé.
Les lentilles jetables journalières trouvent également toute leur place dans ce
type d'allergie supprimant ainsi toute utilisation de produit.
C) Les infiltrats stériles
li faut reconnaître que la physiopathologie des infiltrats cornéens stériles
n'est pas parfaitement connue ; il semblerait que leur présence signe le
résultat d'une cascade de mécanismes de défense cornéenne (on retrouve
seulement des éléments leucocytaires lors de leur biopsie). Ils ne
représentent donc qu'un symptôme à des étiologies variées.
Parmi les étiologies suspectées, sont évoqués un mécanisme de toxicité ou
d'hypersensibilité aux conservateurs, aux solutions d'entretien, une réaction
immunologique à la toxine d'un germe pathogène (bien connue lors des
blépharites où elle est associée à la libération des différentes toxines du
staphylocoque, on pourrait imaginer, lors de la présence d'une bactérie
adhérente sur la lentille, le même mécanisme) ; certains ont même évoqué
une possibilité de réaction immunologique au matériau même de la lentille
(fréquence beaucoup plus grande avec les matériaux contenant de
l'hydrogel, nature absorbante des polymères ?). L'hypoxie a également été
évoquée comme mécanisme, or le développement des silico-hydrogels, avec
leur très haute perméabilité à l'oxygène, contredit cette hypothèse puisque
des infiltrats stériles sont également rapportés.
Les éléments d'orientation sont essentiellement cliniques comme: le nombre
d'infiltrats (multiples: plutôt stériles), leur taille (supérieure à 1 voire 2 mm,
plutôt infectieux), leur siège (plutôt périphérique dans les formes stériles),
l'état épithélial au-dessus de l'infiltrat (intact, fluo négatif : stériles) en
sachant que, dans quelques cas rares, des infiltrats infectieux peuvent se
développer sous un épithélium sain. L'existence d'éléments associés comme la
douleur, une réaction de chambre antérieure, des sécrétions mucopurulentes
est en désaccord avec une étiologie stérile et constitue des
arguments de présomption infectieuse de ces lésions. L'arrêt du port des
lentilles et un traitement local par corticoïdes permettent la guérison. De
plus en plus d'auteurs préconisent d'y associer une couverture antibiotique
de sécurité.
D) La kératoconjonctivite limbique supérieure
Elle est actuellement beaucoup plus rare depuis que l'utilisation de
thiomersal pour l'entretien des lentilles a été abandonnée. Il s'agit d'une
réaction d'hypersensibilité en général à un composant du produit
d'entretien. Elle se manifeste par une injection intense de la conjonctive
bulbaire supérieure avec présence au niveau de la cornée supérieure
d'opacités épithéliales et sous-épithéliales. Il existe une vascularisation
cornéenne superficielle supérieure associée à une tendance évolutive de ces
lésions en forme de "v".
Il faut la différencier de la kératoconjonctivite supérieure idiopathique de
Théodore qui survient chez la femme d'âge moyen présentant une
pathologie thyroïdienne associée et une kératite filamenteuse dans 35 à 50 %
des cas.

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3.
A A M D c A
Il est assez fréquent et le reconnaître est relativement facile, car le porteur de
lentilles va spontanément décrire une sensation de "sécheresse" maximale
en fin de journée ou survenant dans des conditions particulières: travail sur
écran où la raréfaction du clignement majore les signes, lieu climatisé...
L'examen pourra retrouver, outre une diminution du Schirmer et du BUT, de
minimes lésions épithéliales sous la lentille prenant parfois un aspect
arciforme inférieur. La présence d'une véritable KPS devra faire éliminer les
autres causes de KPS chez le porteur de lentille:
• Les KPS toxiques par mauvaise utilisation d'un produit d'entretien (non
respect de neutralisation d'une solution oxydante, mauvais rinçage
après déprotéinisation...),
• Les KPS d'origine mécanique par passage sous la lentille d'un corps
étranger, par détérioration du bord de la lentille ou déchirure, par
difficulté de manipulation lors de la pose ou du retrait de la lentille,
• Les KPS par hypoxie.
Il est important de préciser l'étiologie de cette hyposécrétion: essentielle ou
secondaire.
Une hyposécretion lacrymale chez un porteur de lentilles présentant des
lésions épithéliales manifestes doit conduire à l'arrêt du port, car le risque
infectieux est majoré.
L'existence d'une sensation de sécheresse oculaire survenant lors de
certaines situations, non accompagnée de lésions cornéennes épithéliales,
ne constitue pas une contre-indication au port et, dans ce cas, l'utilisation
ponctuelle de collyres mouillants sans conservateur permet une
amélioration du confort.
4.
Information, recommandations, règles d'hygiène données aux porteurs des
lentilles et contrôle ophtalmologique régulier permettent de réduire
l'incidence de pathologies liées au port de lentilles de contact.
'. BIBLtO-.-GRAPHIE •
1. Malet f. lentilles et chirurgie réfractive. In Saragoussi JJ, Colin J, Arné JL, Montard M.
Ed Masson, Rapport SFO 2001 : la Chirurgie Réfractive. Paris, 2001
2. Philips JA, Speedwell. Contact lens Ed. Butterworth,Heinemann, Oxford, 1997.
3. Gasson A, Morris J. The contact lens manual. Ed. Butterworth, Heinemann,Oxford,
1997.

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HYGIÈNE ET ENTRETIEN DES LENTILLES
DE CONTACT
Drs Morlot-Burou Martine et Vis-Choukroun Katherine
1 •
L'entretien est le meilleur compromis entre efficacité, tolérance et
observance. Le marché des solutions d'entretien se porte mal: les chiffres du
SYFFOC enregistrent une baisse de chiffre d'affaires de 21 % sur le premier
semestre 2001, alors que les lentilles voient une hausse de 3 %.
Les exigences de l'entretien sont : une toxicité minimale, c'est-à-dire le
respect de l'oeil et du matériau de la lentille et une efficacité antimicrobienne.
Il doit demeurer stérile et stable, et sa simplicité est le garant
de l'observance. Dans un premier temps seront développés les dépôts et leur
corollaire: la déprotéinisation.
Puis seront abordées les différentes phases du système chimique classique et
les produits spécifiques de chacune.
La dernière partie résumera les deux autres systèmes d'entretien: le produit
multifonction et le système oxydant et leurs indications.
2.
Les dépôts sur les lentilles de contact font encore partie des problèmes
rencontrés au quotidien par le contactologue. Néanmoins, depuis
l'avènement des lentilles à renouvellement fréquent (L.R.F.) et encore, plus
récemment, des lentilles journalières, ils n'ont plus la même incidence et les
dépôts majeurs observés avec les lentilles traditionnelles (L.T.), de type
minéro-organique, (marguerite, cocarde, oeuf au plat...) devraient
appartenir à l'histoire.
Cependant les nouveaux matériaux s'encrassant facilement, le sujet reste
d'actualité et mérite notre vigilance.
Les produits d'entretien ont considérablement amélioré le problème, mais
leur usage inadéquat est encore trop fréquent : lentilles traditionnelles
entretenues avec des solutions multifonctions sans déprotéinisation,
utilisation de produits blancs dits "produits de distributeurs" ou de grande
surface. Ceci génère une confusion pour les porteurs : ce ne sont pas des
génériques interchangeables.
A) Origines
Les larmes
Par leur composition en plusieurs couches, elles vont être responsables de
différents dépôts:
• lipidiques (cholestérol)
• muciniques (dépôts de mucopolysaccharides)
• aqueux (lysosyme, phosphate et carbonate de calcium).

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La flore microbienne est inversée chez les porteurs de lentilles : 70 % de
gram -. Il Y a une interaction avec les bactéries, favorisée par les dépôts qui,
eux-mêmes sont un support nutritif pour celles-ci (cycle auto-entretenu).
Le milieu extérieur
Les doigts peuvent véhiculer des dépôts lipidiques, des colorants, des germes
et des poussières.
Les étuis non renouvelés, mal entretenus favorisent le biofilm : les bactéries
y sont engluées, sécrètent le glycocalix (mélange de polysaccharides et
glycoprotéines) et restent fixées à l'étui.
Les solutions d'entretien contaminées, périmées (éviter les grands
conditionnements), les solutions de rinçage sans conservateur (sérum
physiologique "fait maison", eau du robinet), les cosmétiques, le maquillage,
la laque, la pollution atmosphérique, la fumée, les aérosols sont également
responsables de dépôts.
B) Circonstances d'apparition
Pendant le port
Le port quotidien "prolongé" sans avis médical : bon nombre de porteurs
dépasse régulièrement 15 heures de port, dorment avec des lentilles inadaptées,
ne respectent pas le moment où la lentille doit être jetée, parfois "on"
leur a conseillé des délais totalement erronés.
L'atmosphère de travail, le chauffage, le travail sur écran, le tabac et la
climatisation entraînent une dessiccation des matériaux et favorisent les
dépôts: d'où l'intérêt de bien interroger les porteurs sur leurs habitudes et
mode de vie.
Pendant les manipulations
Insister sur le lavage des mains, expliquer le rôle du massage des lentilles et
l'intérêt du renouvellement de l'étui.
C) Responsables
La lentille
Le type de matériau
Les matériaux à haute hydrophilie et ioniques favorisent les dépôts
protéiniques. Les matériaux ioniques peuvent, par une action de relarguage,
provoquer des irritations: il faut donc éviter le trempage prolongé dans le
peroxyde d'hydrogène.
Les fluoro-silico-acrylates contenus dans certaines LRPG favorisent les
dépôts lipidiques : il faut utiliser des tensio-actifs en douceur, sans
microbilles pour respecter l'état de surface.
L'état de surface
Le moindre défaut, rayure, gravure, devient un point d'ancrage pour les
dépôts. Il n'est pas exceptionnel de voir porter des lentilles endommagées,
plus fréquemment en L.T. et chez les forts amétropes et qui souvent n'ont
plus de lunettes en leur possession!
Le type de port
Les lentilles journalières sont la solution radicale aux problèmes de dépôts.
Pour le port occasionnel, préconiser des entretiens appropriés, si possible en

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unidoses. Le port permanent avec les nouveaux matériaux demande une
surveillance étroite surtout les premiers mois, car c'est une source
d'accentuation de dépôts.
L'entretien choisi
L'entretien sera soigneusement choisi en fonction de tous les paramètres: le
porteur, son type de port, le matériau de la lentille. Il sera réadapté lors des
contrôles ou en cas de problèmes. Eviter de changer pour un produit
identique! Nous devons expliquer notre choix pour éviter tout dérapage.
Le porteur
La teneur des larmes est source de dépôts: avec l'âge, les larmes diminuent
en quantité et en qualité.
Les pathologies chroniques sont un facteur aggravant (blépharite, allergie),
de même que la grossesse, l'atmosphère sèche ou poussiéreuse, la fumée, la
prise de médicaments...
D) Les composants des dépôts
D.l - Les protéines
En provenance des larmes, le lysozyme en est le principal. Les albumines,
globulines, glycoprotéines, mucines sont également présentes. Les protéines
accumulées se dénaturent et provoquent: allergies, irritations, elles-mêmes
sources de production d'autres protéines.
D.2 - Les micro-organismes
• Le plus souvent virus et bactéries gram -.
• Les amibes sont responsables de kératites gravissimes.
• Les levures: candida.
• Les champignons mycéliens qui, contrairement aux autres microorganismes,
ont une taille leur permettant de traverser les pores de la
lentille, et donc d'envahir le matériau, mais ceci devrait appartenir à
l'histoire.
• Les protéines favorisent la croissance mycosique et peuvent créer des
dépôts mixtes, d'aspect largement décrit dans la littérature: "oeuf sur le
plat, marguerite, cocarde".
Ceci est le résultat d'une mauvaise hygiène et/ou d'une mauvaise utilisation.
D.3 - Les films inorganiques
Les dépôts gras sont en rapport avec les secrétions des glandes de
Meibomius. Les blépharites doivent être traitées avant adaptation et il faut
se méfier des peaux grasses, fréquentes chez l'adolescent.
La co-précipitation de phosphate de calcium et de protéines à la surface de
la lentille se voyait surtout à l'époque des lentilles d'aphakes en port
permanent.
DA - Les calculs
Ils contiennent du calcium, se forment à la surface de la face antérieure de
la lentille et peuvent pénétrer le matériau: ils sont formés de phosphate de
calcium, protéines et lipides. Les bactéries mortes sont engluées dans le
biofilm et sont responsables des calculs.

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Une imprégnation cristalline à base de carbonate de calcium forme des
cristaux qui s'accumulent en calculs et donnent une sensation de grains de
sable.
D.S - Les dépôts métalliques
Le fer provenant des larmes ou de l'environnement est responsable de "red
spot". Les dérivés mercuriels (thimerosal) contenus dans certains produits
teintent la lentille en gris.
D.6 - Conclusion
Les dépôts sont responsables d'inconfort, de mauvaise vision, d'infection,
d'allergie, de détérioration du matériau : tous ces facteurs entretenus par
mésusage et mauvais conseil engendrent l'abandon, notre plus grand fléau.
Dans tous les sondages de porteurs, il est à noter que le confort reste la plus
grande préoccupation, loin devant le coût.
3.
Elle doit être adaptée à chaque cas. C'est une phase de l'entretien indispensable,
en dehors des lentilles jetables pour lesquelles aucun entretien n'est
préconisé puisqu'il n'y a pas de dépose des lentilles (journalières ou port
permanent 1 mois)
Pour les LRF, les solutions "multifonctions" les plus utilisées pour ce type
de lentille contiennent un agent déprotéinisant et, la déprotéinisation sera
quotidienne. En ce qui concerne les lentilles traditionnelles souples ou
rigides, on rajoutera une déprotéinisation hebdomadaire à l'entretien
journalier.
Elle assure la prévention des dépôts et plus difficilement l'élimination de
ceux-ci lorsqu'ils sont constitués. Elle est hebdomadaire (peut être
quotidienne pour Supraclens) et elle est basée sur l'utilisation d'enzymes
protéolytiques (sauf pour Progent) d'origine animale ou non qui se
présentent sous la forme de comprimés ou de liquide à rajouter à la solution
de décontamination ou dans une solution saline. Cette étape se fait soit
simultanément à la décontamination soit avant celle-ci. Il faut absolument
effectuer un rinçage avant la pose.
Les différents produits: leur composition, leur durée d'action et pour quel
type de lentilles:
• Les comprimés à dissoudre dans une solution de décontamination (J)
EFFICLEAN Bausch & Lomb Subtilisine 2 heures LS etLR
UNIZYME Ciba Vision Subtilisine 6 heures LS et LR
TRIPLE AOION Hydron Protéase Lipase Pronase 4 heures LS et LR
ULTRAlYME Allergan Subtilisine 6 heures LS
COMPLETE Allergan Subtilisine 4 heures LS
TOTAL CARE Allergan Subtilisine 6 heures LR
", pl 7-23 : source ContngHide 2002

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• Les comprimés à dissoudre dans le sérum ou solution de rinçage (lI
HYDROCARE FIZlY Allergan Papaïne Cystéine 2 heures LS etLR
POLYZYM Alcon Pancréatine 15 minutes LS etLR
TRIPLE AGION Hydron Protéase Lipase Pronase 4 heures LS et LR
• Les déprotéinisants en liquide (l)
SUPRACLENS Alcon Pancréatine 4 heures LS etLR
Mettre une goutte par lentille
dans l'OPTI-SOAK
PROGENT Ménicon A / hypo chlorite de Na
B/ Bromure de K
Mélanger A et B
au moment de l'emploi
30 minutes LR
OPTI-FREE Pancréatine 4 heures LS et LR
• Autres 1'1
NETIOYANT ESSILOR Sodium perborate
en sachet
4.
Il existe un cycle auto entretenu: germes-dépôts (ils se génèrent l'un l'autre).
Les larmes entraînent des dépôts et le nettoyage évite ou élimine ceux-ci tandis
que l'environnement apporte des germes que la décontamination élimine.
Le nettoyage se fait par massages des 2 faces de la lentille (avec des mains
propres !) pendant 20 secondes avec quelques gouttes d'un produit
tensioactif plus ou moins visqueux et son action mécanique intervient dans
l'effet bactéricide outre l'effet "savon". Cette phase qui potentialise les
phases suivantes de l'entretien doit se faire pour toutes les lentilles rigides et
pour les lentilles souples traditionnelles : elle se fait soit avec le produit
"multifonctions" soit avec des produits spécifiques:
• Pour les lentilles rigides (II
BOSTON ADVANCE NETTOYAGE Bausch & Lomb
TOTAL CARE Solution de nettoyage Allergan
• Pour les lentilles souples et rigides (II
LIQUlNET Allergan
POLYCLEAN Alcon
PRAXICLINE LCA
La décontamination et la conservation
L'action bactéricide se fait par différents agents: biguanides (chlorhexidine,
PHMB), ammoniums quaternaires (chlorure de benzalkonium, Polyquad),
dérivés de l'alcool ou amidoamines. Les produits contiennent tous un
conservateur et un chélateur de calcium (EDTA ou hydranate). Dans les
systèmes "multifonctions" sont ajoutés des agents de viscosité
(hydroxyéthylcellulose, hypromellose) et des agents mouillants. La durée de
trempage est de 4 à 6 heures minimum. Les solutés de trempage peuvent
être spécifiques aux lentilles souples ou rigides ou parfois compatibles avec
les 2 types de lentilles.
0, p17-23 : sOl/rce COr/togl/ide 2002

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L'information est très importante à ce stade car il nous arrive de voir des
patients porteurs de LRPG nettoyer leurs lentilles avec un produit pour
lentilles souples en une étape.
• Les produits pour les lentilles rigides (1)
OPTI-SOAK Alcon
LIQUIFILM TOTAL Allergan
TOTAL CARE Solution de décontamination, de conservation, de lubrification
et de rinçage Allergan
BOSTON ADVANCE CONSERVATION Bausch &: Lomb
• Les produits pour les lentilles souples et rigides (1)
UNISOLUTION Essilor
5.
Il se fait à l'aide de solution de NaCI à 0.75 %, 0.80 % ou 0.90 % avec
conservateur (lorsqu'il est en flacon) ou sans conservateur (en aérosols ou en
unidoses). Il faut insister sur l'importance du rinçage qui intervient dans
la potentialisation de l'efficacité de chaque étape dans les systèmes
classiques de nettoyage ou avant la pose des lentilles. Eviter les grands
conditionnements qui peuvent rester ouverts longtemps.
Aérosols
LENS PLUS Allergan
SALINE Ciba Vision
6.
Unidoses 10 ml
MENICON RMénicon
POLYRINSE Alcon
PRAXIDOSE LCA
UNIDOSES 30 Essilor
Flacons 100 à 300 ml
LENS PLUS PURITE Allergan
SOFT WEAR SALINE Ciba Vision
Après avoir abordé le système chimique classique et ses différentes étapes,
il faut envisager maintenant le système oxydant:
Les oxydants gardent encore un intérêt majeur dans nos prescriptions même
si nous nous adressons la plupart du temps aux solutions multifonctions
quel que soit le type de lentilles choisies. Preuve en est l'apparition de
nouveaux produits sur le marché. Leur utilisation s'est simplifiée bien que
nécessitant un peu plus de rigueur, d'où l'importance d'une part de la
prescription médicale complète concernant l'entretien et des conseils
d'hygiène et d'utilisation.
Les oxydants appartiennent à la classe des agents décontaminants
(classe Il B des dispositifs médicaux). Ils doivent maintenir SECURITÉ et
PERFORMANCE des lentilles et s'adressent aux LSH et LR (AOSEPT PLUS
exclusivement).
Les oxydants doivent remplir 4 fonctions
• Nettoyage: décrocher les dépôts de surface
• Décontamination trempage : détruire agents microbiens, virus,
champignons, amibes
• Rinçage + neutralisation
• Pose application
," 1'17-23: source COl1tl/guide 2002
(1)

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Le principe actif est le peroxyde d'hydrogène à 3 %.
Le mode d'action est l'oxydation par libération d'oxygène:
(2 HzOz == 2 HzO + Oz radical OH).
Nécessité d'utilisation d'un catalyseur pour neutraliser le peroxyde
d'hydrogène.
Le peroxyde d'hydrogène non neutralisé est nocif pour l'oeil.
A) Mode d'action
Ils captent les électrons, libèrent les radicaux libres, modifient la structure
chimique des protéines et des phospholipides membranaires, provoquent
des cassures chromosomiques au niveau du noyau et par conséquence
dégradent le collagène, ce qui induit la mort cellulaire.
B) Système oxydant
La catalyse : action physico-chimique par laquelle certain corps dits
"catalyseurs" accélèrent les réactions chimiques sans y participer.
Les catalyseurs sont de 2 types:
• physique: mousse de platine
• chimique: enzyme oxydante
Leur propriété est la décomposition de l'eau oxygénée avec dégagement
d'oxygène.
C) Catalyseurs physiques
Disque en mousse de platine
• porte lentille indissociable du disque en mousse de platine.
• couvercle muni d'une valve de sécurité afin de laisser s'échapper
librement l'oxygène.
D) Catalyseurs chimiques
Forme galénique: comprimés
• Composition: catalase synthétique (au centre)
après dissolution de la substance enrobant la catalase, déclenchement
de la neutralisation, coloration de la solution afin de visualiser la
neutralisation
Durée de la réaction : 6 H
Solution résiduelle après neutralisation: chlorure de sodium NaCI
Pas de conservateur
Durée de trempage maximum dans la solution neutralisée: 24 H
E) Décontamination
Le but de la décontamination est la destruction des:
• bactéries: bactéricidie
• champignons: fongicidie
• virus: virucidie
L'effet mécanique des bulles aboutit à un décollement des micro-organismes.
Nécessité d'un nettoyant enzymatique hebdomadaire pour les lentilles de
remplacement traditionnel.
L'efficacité de cette décontamination est importante.

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F) Avantages et inconvénients du peroxyde d'hydrogène
F.I - Les plus
Pouvoir décontaminant (réduction de 5 LOG du nombre de micro-organismes)
Large spectre d'action si temps de trempage suffisant, réduction de 5 LOG
sur Gram -, plus efficace sur les champignons.
Non allergisant car pas de molécule chimique, grand intérêt chez les sujets
allergiques.
F.2 - Les moins
• Non sélectivité aux résiduels: seuils de perception individuelle variant
de 100 PPM à 30 PPM (plus petites particules moléculaires), possibilité
de cytotoxicité avec lésions cornéo-conjonctivales par concentration
résiduelle d'HzOz sur ou dans les lentilles
• Variation de pH 6.6 à 7.8 source d'inconfort
• Modification des paramètres des L.S.H. du groupe IV
• Pas de conservateur: l'utilisation doit être quotidienne et la lentille doit
être entretenue tous les jours même si elle n'est pas po.rtée.
• Danger de kératite aïgue faute de compréhension de'l'importance de la
neutralisation (HzOz confondu avec rinçage, les. porteurs ne
commettent l'erreur qu'une fois ...)
G) Les indications
G.I - Choix guidé par:
• Type de lentille: Souple ou Rigide
• Matériau
Groupe IV pas de trempage prolongé dans peroxyde d'hydrogène
Lentilles cosmétiques (s'assurer auprès du fabriquant de la compatibilité
avec les oxydants)
• Fréquence du renouvellement
Très intéressant pour les L.S.H. traditionnelles surtout quand le contexte
oculaire favorise une fixation rapide ou importante des dépôts.
• Type de port
Contre-indiqué dans le port occasionnel tel que les lentilles cosmétiques
ou solaires car la solution n'est plus conservée après neutralisation.
G.2 - Pour:
• Porteurs fiables: observance
• Yeux sensibles: pas de conservateur
• Porteur de lentilles à renouvellement planifié: entretien approfondi
• Allergiques
• Risques infectieux: sida, diabète, immuno-dépression
• Les peu méticuleux
• Climats chauds: lacrymation moyenne = moins de risque d'incidence
sur la qualité du film lacrymal
• Enfants : préférer les produits à neutralisation différée en raison de
l'allongement de la durée de contact des lentilles avec un bain dont la
concentration est maximum
G.3 - Contre:
• Hyperactifs, pressés, étourdis
• Contraintes professionnelles, travail nocturne, urgences...
21

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G.4 - Lors des contrôles
En vérifiant la compréhension de l'entretien et son observance, on peut être
amené à changer l'entretien en cas:
• d'apparition d'une contre-indication aux autres produits
• d'allergie, conjonctivite papillaire géante
• d'intolérance ou complications répétées
• d'altération des matériaux
... Différents systèmes Oxydants III
Peroxydes
Hydrogène
= H20 2
Aosept plus
Ciba Vision
Bluesept
Ciba Vision
Oxysept
Allergan
Easysept
B&L
Concerto
platinium
Essilor
Décontaminant H 20 2 3 % H 20 2 3 % H 20 2 3 % H 20 2 3 % H 20 2 3 %
LSH & LR PO LS H LS H LS H LS H
Nettoyant Poloxamer Non Non Non Non
Etui special Disque + valve Percé de trous Percé de trous Disque +
percé de trous
Temps de trempage 6h 6h 6h 6h
Disque
Catalyseur Disque mousse Comprimé Comprimé Comprimé Disque
de platine Catalase Catalase Catalase de platine
Neutralisation Forte Coloration Bleue Coloration rose Effervescence Effervescence
Effervescence Effet retard 40' Effet retard 20'
Multi doses 120 ml 360 ml 360 ml 60 ml 300 ml 355 ml 375 ml
AOSEPT PLUS est destiné à remplacer AOSEPT FREQUENT il possède deux
fonctions de décontamination par H 20 2 + nettoyage par ajout de poloxamer.
Il existe comme pour les autres systèmes, des produits blancs appelés
également: "produit de distributeur".
En dehors du fait qu'ils contiennent du peroxyde d'hydrogène, le reste est
IGNORE: Concentration? Composition? Neutralisation?
La confusion du porteur peut entraîner nombre de problèmes y compris
l'abandon, première cause d'échec en contactologie.
H) Le système multifonction
Le dernier système multifonction ("Tout en un"), où un seul produit
effectue toutes les fonctions décrites précédemment, sera utilisé pour les
lentilles à renouvellement fréquent ou pour les lentilles rigides (quelquefois
complété par une déprotéinisation) et déconseillé pour les lentilles
traditionnelles.
H.l - Pour les lentilles souples (1)
• COMPLETE Allergan
• CONCERTO SOUPLES Essilor
• DISPOSOL Théa
• FRESHLOOK'CARE Ciba Vision
• HYDRON MULTI Hydron
• JAZZ MULTIFONCTION Ophtalmie
• MEDILENS SOFT Médilens
• MODUSOFT 2M Contact
," /117·23: source Contaguide 2002
6h

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• OPTIFREE EXPRESS FL ET UD Alcon
• OPTIFREE EXPRESS LT A1con pour lentilles traditionnelles (le seul agréé
FDA sans nécessité de massage)
• PRECI'CARE Ciba Vision
• RENU MULTI PLUS Bausch & Lomb
• SOLO CARE PLUS Ciba Vision
• VELVET CVE
H.2 - Pour les lentilles rigides (1)
• BOSTON SIM PLICITY Bausch & Lomb
• CONCERTO RIGIDES Ocular Sciences
• MEDILENS HARD Médilens
• MENlCARE PLUS Ménicon
• MENICON 0 CLAIR Ménicon
• SOLO CARE HARD CibaVision
H.3 - Les indications
• Les lentilles souples traditionnelles: utiliser le système oxydant ou le
système classique en expliquant bien au porteur la nécessité et le
pourquoi d'un tel entretien qui peut apparaître comme contraignant.
• Les lentilles à renouvellement fréquent: là, est la majeure indication
du système multifonction ; pour le port·occasionnel, privilégier
l'utilisation de doses, de même pour la dépose occasionnelle de lentilles
en port permanent.
• Les lentilles rigides: soit système classique ou multifonction.
• Les lentilles cosmétiques et esthétiques : se référer aux conseils du
fabricant.
Il faut savoir moduler le type d'entretien en fonction du porteur et de son
profil. Ne pas hésiter à changer de système si des problèmes d'intolérance ou
d'encrassement apparaissent: d'où l'intérêt de bien connaître les produits
qui souvent ont les mêmes composants (quelquefois sous des noms
différents !!) et de ne pas redonner un produit identique!
7.
Malgré le développement des lentilles journalières où il n'y a plus
d'entretien, le nettoyage reste fondamental pour un port de lentilles avec
confort et sécurité. Il y a nécessité d'insister auprès de nos patients sur son
intérêt à respecter les conseils du médecin et les notices délivrées avec le
produit et, ce, d'autant plus qu'ils sont souvent jeunes (et/ou première
adaptation). Il est important de rappeler sans cesse les précautions d'hygiène
et de vérifier leur respect même chez d'anciens porteurs.
Il va sans dire que nos ordonnances, qui doivent mentionner ces consignes
de même que le type de produit, ne doivent pas être modifiées sans notre
accord: il y va de notre responsabilité médicale.
Malgré l'essor de la chirurgie réfractive, il reste un avenir pour la
contactologie où un partenariat doit s'établir entre le médecin adaptateur, le
distributeur et le patient.
'" (J17-23 : SOllrce Contas"ide 2002

24
L A L B R A R E M E D CAL E
A A M c A
LENTILLES ET MÉDICAMENTS
Dr Fiat-Rubolini Stéphane
la prise de médicaments, pour le porteur de lentilles peut entraîner une
diminution de la tolérance de celles-ci: soit par l'altération de la lentille ellemême,
soit par l'altération du film lacrymal. Il faut distinguer également les
médicaments par voie générale des collyres.
Nous n'allons pas donner une liste exhaustive des médicaments responsables
de gêne lors du port des lentilles, mais un relevé de ceux rencontrés
en pratique courante. Ils sont nombreux, mais il faut les connaître.
1 •
Médicaments responsables d'une hyposécrétion lacrymale:
Médicament per 05: Antimuscariniques
Psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques,
antihypertenseurs)
Antiparkinsoniens
Antihistaminiques
Pa rasympathomimétiques
Diurétiques
Quinidine, allopurinol, thiabendazole, carbinazone,
Penicillamine
Certains anticancéreux: endoxan, ledertrexate
Imurel
Collyres: Pilocarpine (après une période d'hypersécrétion)
Epinéphrine
Phospholine
Timolol
Médicaments modifiant la qualité du film lacrymal
Médicament per 05: Oestrogènes
Antihistaminiques
Psychotropes
Antispasmodiques
Certains anti-hypertenseurs
Médicaments responsables de manifestations allergiques et/ou atteintes
de surface
Médicament per 05: Antileucémiques
Isotrétinoïne
Collyres: Atropine, néosynéphrine, anesthésiques de surface
Benzalkonium et benzododécinium
Dexaméthasone et autres cortisones locales
Antibiotiques locaux: néomycine, gentamycine,
ofloxacine, norfloxacine

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2.
A A M A
Certains médicaments peuvent entraîner une coloration des lentilles:
Tous les collyres colorés eux-mêmes, mais aussi les synéphrines et des
cortisones locales.
Parmi les médicaments per os citons: des anti-mitotiques, des médicaments
à base de peroxyde de benzoyle contre l'acné, des médicaments contenant
du fer, les caroténoïdes, l'hydroxychloroquine, l'amiodarone et les
tétracyclines. Enfin l'indométacine et la rifampicine.
Certains médicaments modifient le biomatériau des lentilles :
principalement le chlorure de benzalkonium, conservateur très courant
dans les collyres.
3.
Il est donc important, lors de l'interrogatoire d'un candidat à une
adaptation ou chez un porteur se plaignant d'une intolérance, de relever la
liste des médicaments qu'il prend, que ce soit par voie locale ou générale.
Néanmoins, ces médicaments ont une incidence relative en fonction de la
sécrétion lacrymale de chaque patient : il faut donc vérifier la tolérance
in situ. En cas de problèmes liés à la sécrétion lacrymale, certains matériaux
et certains modes de port peuvent être toléré, d'autres non.
Pour ce qui est des médicaments agissant sur les lentilles elles-mêmes,
on peut relativiser ces inconvénients dans la mesure où l'on peut équiper
ces patients en lentilles jetables: mensuelles, bihebdomadaires ou mieux,
journalières.
Pour ce qui est du chlorure de benzalkonium, il est évident qu'il faudra
privilégier, chez le porteur de lentilles nécessitant un traitement local
concomitant, les collyres sans conservateur.
Néanmoins, il faut avant tout juger de l'opportunité d'autoriser le port des
lentilles au décours d'une pathologie nécessitant un traitement local.
4.
Cette classe de médicaments revêt une importance particulière pour le
contactologue pour plusieurs raisons : ces médicaments, très efficaces sur
une pathologie très fréquente (l'acné) sont très souvent prescrits, qui plus est
2S

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A A M c A
chez des patients très demandeurs ou très souvent porteurs de lentilles de
contact: les adolescents. De plus, la sécheresse oculaire qu'ils entraînent est
particulièrement importante.
Le mécanisme d'action de ces médicaments est principalement une
réduction du volume des glandes sébacées d'où diminution de la production
de sébum. Ils accélèrent également le renouvellement cellulaire au niveau de
l'épiderme.
Au niveau oculaire, il existe donc une diminution de la phase lipidique du
film lacrymal secondaire à l'atrophie des glandes de Meibomius, entraînant
une évaporation de la phase aqueuse des larmes et une élévation de la
concentration de Staphylocoques dorés dans la conjonctive.
Il existe aussi une kératinisation de l'épithélium conjonctival et un
amincissement des couches superficielles de la peau des paupières.
Les dermatologues prescrivent en général systématiquement des substituts
lacrymaux en même temps que l'isotrétinoïne.
Pour le porteur de lentille: en principe, les lentilles souples sont contreindiquées
pendant le traitement, mais les lentilles rigides peuvent être mieux
tolérées (souvent, l'intolérance est nettement ressentie par le patient et il
consulte de lui-même l'ophtalmologiste). Cependant, on a vu également des
cas d'intolérance majeure au port de lentilles rigides, pourtant jusque-là bien
tolérées.
11 faut savoir également que, dans certains cas, l'intolérance au port de
lentilles de contact peut perdurer longtemps après l'arrêt de l'isotrétinoïne,
longtemps aussi après la disparition des signes fonctionnels de sécheresse
oculaire consécutive au traitement (quelques mois voire plus d'un an). 11 est
donc très important de surveiller ces porteurs.
Devant la gravité potentielle de telles intolérances, il serait bon de pouvoir
juger avant sa mise en route, de la nécessité d'un traitement par les
rétinoïdes chez les porteurs de lentilles.

L A L B R A R E M E D CAL E
A A M D A
Quelques conseils à prodiguer aux nouveaux porteurs
Dr Karsenti-Piquemal Dominique
Vous voilà équipé de lentilles de contact, elles vont vous apporter beaucoup de satisfaction!
Rappelez-vous simplement les quelques consignes qui vous ont été données lors de l'apprentissage,
afin de réduire au maximum les risques d'incidents ou de complications plus graves.
1 . Toujours
• se laver les mains avant de placer ou d'enlever une lentille
• utiliser une dose de produit d'entretien renouvelée quotidiennement
• utiliser du sérum physiologique en unidose
• garder propre l'étui de conservation (séché et laissé ouvert)
• renouveler les lentilles selon les délais prévus
2 . Ne jamais utiliser
• de l'eau du robinet (elle contient des amibes, très dangereuses sous lentilles)
• du sérum physiologique en flacons de 250 cc (risque de contamination)
• un produit d'entretien dont la date de péremption est dépassée (préférer les petits flacons)
3 . Attention
• si votre oeil est rouge, même non douloureux
• si la vue est trouble, variable
• si votre oeil est collé, coule, s'il est douloureux...
Il faut alors enlever la lentille (avec des mains propres), la rincer, contrôler qu'elle soit bien à
l'endroit, non déchirée... et la reposer ou la changer si elle a un défaut. En cas de persistance du
problème, retirez la lentille pour la journée. Si le problème dure plus de 24 heures, n'hésitez pas à
appeler votre ophtalmologiste.
IL EST DONC NECESSAIRE ET IMPORTANT d'avoir à disposition (dans le sac, la voiture, sur le lieu
de travail. 00) de quoi rincer et conserver ses lentilles si on a besoin de les retirer. Et d'avoir aussi
une paire de lunettes que l'on accepte de porter (tant du point de vue esthétique, que de leur
puissance "mise à jour").
4 . Petits ennuis
• La vue est trouble dès la pose: n'auriez-vous pas interverti les deux lentilles?
• Vous vous êtes endormi avec les lentilles? Hydratez-les au réveil (dosette de sérum physiologique)
• Les lentilles se dessèchent sur les yeux (manque de clignement, air sec. 00)' hydratez-les en
clignant plusieurs fois ou à l'aide de produits sans conservateur prévus pour cet usage.
Mais en cas de doute ou de gêne plus importante, retirez les lentilles et n'hésitez pas à nous
demander conseil.
Le port de lentilles bien adaptées permet une vision parfaite et vous débarrassera de tous les
inconvénients liés aux lunettes. Il pourra se poursuivre sur de nombreuses années, à condition de
rester toujours très rigoureux dans l'observation des règles d'hygiène qui vous ont été enseignées.
C'est à cette condition que vous pourrez éviter les incidents, en particulier infectieux, parfois à
l'origine de complications graves.
N'hésitez pas à nous demander d'autres conseils ou explications. Nous souhaitons que votre
équipement en lentilles vous apporte toute la satisfaction que vous pouvez en attendre!
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