1 Jean Paul Carrière, Christophe Demazière, Laurent ... - citeres
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LA LOIRE MÉTROPOLE ?<br />
<strong>Jean</strong> <strong>Paul</strong> Carrière, <strong>Christophe</strong> Demazière, <strong>Laurent</strong> Nowik, Sylvie Servain-Courant,<br />
Serge Thibault, Laura Verdelli : UMR 6173 CITERES, Dominique Andrieu<br />
UMS 1835 Villes et territoires<br />
Angers, 30 novembre 2005<br />
Les recherches menées au sein de l’UMR CNRS 6173 CITERES (Cités Territoires, Environnement<br />
et Sociétés) en relation avec la Loire relèvent de deux grands domaines scientifiques.<br />
Avec les sciences de la société, elles portent sur tout ou parties des relations passées et actuelles que<br />
les sociétés urbaines et leurs individus construisent et entretiennent avec leur environnement naturel et<br />
construit. Elles visent également à guider les politiques d’aménagement du territoire dans le cadre des<br />
transformations territoriales, des changements d’échelle et de l’évolution modes d’habiter,<br />
actuellement à l’œuvre. Ces recherches s’appuient pour une bonne part sur un travail d’ordre<br />
contractuel, mené pour le compte de grands organismes de recherche (Union Européenne, Ministère de<br />
la recherche, CNRS, etc.) mais également des collectivités territoriales (Régions, etc.).<br />
Celles qui relèvent des sciences de la nature visent à comprendre l’évolution des écosystèmes, de leur<br />
biodiversité à leurs structures paysagères. Elles visent également à développer la gestion patrimoniale<br />
et paysagère de ces écosystèmes. Le corridor fluvial ligérien et son hydrosystème sont les terrains<br />
privilégiés de ces recherches. Elles s’inscrivent pleinement dans la Zone Atelier Bassin de la Loire<br />
(ZAL), soutenue par le CNRS. Les travaux de la ZAL sont menés par une trentaine d’unités de<br />
recherche, dont une bonne partie appartiennent aux universités et établissements d’enseignement<br />
supérieur ligériens, d’Orléans, Tours, Angers à Nantes.<br />
Dans le cadre de ce colloque, nous avons privilégié une présentation résumée de quelques acquis de la<br />
recherche portant sur les relations construites entre les villes et leur espace ligérien et les problèmes<br />
contemporains d’aménagement du territoire. Cette présentation contient cinq parties :<br />
1. Le val de Loire, un espace structurant pour les activités humaines ?<br />
2. Loire métropole(s) ?<br />
3. Développement et métropolisation<br />
4. La Loire, une infrastructure paysagère, culturelle et environnementale<br />
5. Travaux et publications<br />
Les résultats obtenus par la Zone Atelier Loire sont disponibles sur son site, http://zal.brgm.fr
1. Le val de Loire, un espace structurant pour les activités<br />
humaines ?<br />
Dominique ANDRIEU et <strong>Laurent</strong> NOWIK<br />
UMS 1835 Villes et Territoires – UMR 6173 CITERES<br />
Le bassin versant de la Loire couvre 9 régions, 25 départements et depuis 2000, 280 Km du<br />
fleuve sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO (de Sully-sur-Loire en amont à<br />
Chalonnes-sur-Loire en aval). Longue de 1020 Km, la Loire draine un cinquième du bassin<br />
hydrographique de la France, mais son débit irrégulier n’a pas permis à la navigation de Loire<br />
de résister à l’arrivée de la voie de chemin de fer au milieu du XIX e siècle.<br />
Si dans le passé, cette voie de navigation naturelle a favorisé le développement d’activités<br />
spécifiques dans le val, la question se pose aujourd’hui de savoir quel rôle joue encore le<br />
fleuve (dans sa partie moyenne et inférieure), compte tenu notamment de la multiplication et<br />
la diversité des moyens de transports.<br />
La Loire est-elle un élément structurant des territoires allant du Loiret jusqu’à la Loire-<br />
Atlantique ? Au-delà de son attractivité touristique, la Loire (et ses châteaux !) favorise-t-elle<br />
d’autres activités économiques se traduisant par un dynamisme démographique le long du<br />
fleuve ? Enfin, existe-t-il une identité ligérienne ? Si parler de « population ligérienne » a un<br />
sens, cela supposerait que l’on puisse mentionner des relations entretenues via le fleuve ou<br />
grâce au fleuve, au-delà de celles qui peuvent être initiées par les collectivités territoriales<br />
pour gérer les ressources hydrauliques 1 .<br />
Ce texte propose quelques réflexions pour mieux appréhender les populations qui vivent à<br />
proximité du fleuve. En prenant appui sur des données démographiques spatialisées, les<br />
auteurs montrent que l’axe ligérien d’Orléans à Saint-Nazaire est une construction théorique<br />
insuffisante pour rendre compte de la diversité des territoires traversés par la Loire et du<br />
développement démographique du Centre-Ouest.<br />
1.1. Evolution et dynamique du peuplement de la vallée de la Loire<br />
Il n’est pas nécessaire de rappeler que l’histoire de l’occupation humaine dans la vallée de<br />
la Loire est très ancienne, comme c’est le cas général de toutes les vallées. Mais le<br />
peuplement à l’échelle du territoire national, observé avec un recul temporel relativement<br />
limité, montre une occupation qui peut s’affranchir des cours d’eau. On le constate en prenant<br />
connaissance de la situation de la France du point de vue de la densité de population à la fin<br />
du XIXe siècle (figure 1-a). La carte ci-dessous permet effectivement de visualiser une<br />
concentration des habitants le long de la Loire, dans sa partie située entre Nevers et Angers.<br />
Le Cher inférieur est également facilement repérable. Mais, en allant vers l’ouest, à l’aval<br />
d’Angers, le tracé de la Loire disparaît. En 1886, les pays de Loire inférieure, la Bretagne et la<br />
Normandie représentent un important foyer de peuplement, caractérisé par sa relative<br />
uniformité (pas de grande concentration urbaine : les densités de population au Mans ou à<br />
Rennes ne sont pas supérieures à celles des bocages). Le peuplement de l’Ouest de la France<br />
s’oppose par exemple au Centre : en Beauce, les plaines fertiles agricoles repoussent les<br />
habitants ou ne permettent pas leur implantation.<br />
<br />
1 Exemple de l’Etablissement Public d’Aménagement de la Loire et de ses Affluents qui contribuent à des actions<br />
d’aménagement hydraulique, de gestion de l’eau et de développement économique.
Figure 1.1 : les densités de population en 1886 (1-a) et 1999 (1-b)<br />
Un siècle plus tard, la figure 1-b met en évidence le contraste français entre zones<br />
faiblement et fortement denses. En effet, entre 1886 et 1999, la France s’est industrialisée et<br />
urbanisée 2 . Le tracé de la vallée de la Loire se dessine alors sur une plus grande longueur, tout<br />
comme d’autres vallées : la Saône ou le Rhône. La logique du peuplement est celle du<br />
développement des centres urbains favorisé par l’exode rural. C’est particulièrement net le<br />
long de la Loire où la densité des villes traversées par la Loire augmente. L’apparition<br />
d’importants pôles urbains qui contrastent avec des zones rurales faiblement peuplées<br />
constitue en outre une caractéristique nouvelle du Centre-Ouest de la France.<br />
L’évolution des populations communales représentée sur les cartes 2 montre le rôle des<br />
villes dans ce phénomène de concentration. De 1975 à 1982, les communes ayant un<br />
accroissement très fort sont situées au sein ou à proximité immédiate des agglomérations<br />
(figure 2-a). Au cours des années 80 et 90, l’urbanisation se diffuse ensuite vers les<br />
périphéries de plus en plus éloignées (figures 2-b et 2-c). Les villes situées sur la Loire telles<br />
qu’Orléans, Tours, Angers et Nantes, mais aussi d’autres comme Le Mans voient se<br />
développer de très larges couronnes périurbaines, pour reprendre le terme employé dans la<br />
définition des espaces urbains de l’INSEE en 1996.<br />
<br />
2 L’urbanisation de la France est cependant beaucoup moins forte que dans les pays d’Europe du Nord.
Figure 1.2 : l’évolution de la population dans les régions Centre et Pays de Loire de 1975 à 1999<br />
Cette évolution s’observe aussi dans des villes plus modestes, qu’elles soient sur la Loire<br />
ou non : Saumur, Cholet ou Romorantin-Lanthenay. Ainsi, entre 1975 et 1999, les couronnes<br />
périurbaines des plus grandes villes du Centre-Ouest s’étendent progressivement et s’avèrent<br />
aujourd’hui moins concentriques. Elles forment un étalement sub-urbain couvrant une surface<br />
toujours plus grande des départements : cas du Loiret ou de la Sarthe.<br />
La troisième carte (figures 3-a et 3-b) présente le solde migratoire et le solde naturel qui<br />
résultent de l’évolution de la population communale sur la dernière période inter-censitaire<br />
(entre 1990 et 1999). Les valeurs sont représentées sur un fond de carte qui déforme les
surfaces communales en fonction de l’effectif de la population de ces unités communales au<br />
recensement de 1999. Cette méthode permet de mettre visuellement en avant les communes<br />
les plus peuplées, c’est-à-dire les communes urbaines. Le fait urbain ne se résumant pas à une<br />
seule commune, ces cartogrammes montrent ainsi l’ensemble des communes sous l’influence<br />
d’une ville.<br />
Figure 1.3 : l’évolution des soldes migratoire et naturel des régions Centre<br />
et Pays de Loire de 1990 à 1999<br />
Cette représentation, tout comme les précédentes, ne révèle pas l’évidence d’un<br />
« peuplement ligérien ». Seuls les pôles urbains apparaissent : Nantes Angers, Tours, Orléans,<br />
mais aussi Chartres, le Mans ou Bourges qui ne se situent pas sur l’axe.<br />
La cartographie des soldes permet de différencier les centres de ces pôles, parfois<br />
déficitaires en termes de migrations. C’est le cas par exemple des communes de Tours, Saint-<br />
Pierre-des-Corps et Joué-lès-Tours pour le pôle de Tours. Il reste que les couronnes<br />
périurbaines, caractérisées dans cette représentation par des communes très étirées autour des<br />
pôles urbains, s’accroissent principalement grâce à l’arrivée de nouveaux habitants. Ces<br />
évolutions sont par exemple très fortes autour de Nantes. La façade atlantique caractérise un<br />
autre ensemble géographique non exclusivement urbain pour lequel l’augmentation de<br />
population par le solde migratoire est également positive. Dans une moindre mesure, on<br />
retrouve cette situation dans les communes proches de l’Île-de-France, entre les centres<br />
urbains – de Dreux à Montargis - plutôt déficitaires.
Le dynamisme naturel de ces villes définit mieux cette frange frontalière avec le pôle<br />
urbain francilien. Parmi les soldes naturels les plus forts, les communes de Dreux et<br />
Vernouillet d’un coté (agglomération de Dreux), Lucé et Mainvilliers de l’autre (pôle urbain<br />
de Chartres) sont les plus peuplées, avec aussi celle de Saint-<strong>Jean</strong>-de-Braye qui fait partie du<br />
pôle d’Orléans.<br />
De la sorte, la frange francilienne et la côte atlantique s’individualisent sur les<br />
cartogrammes. Il n’en est pas de même du peuplement ligérien, où la seule caractéristique<br />
semble se résumer à la présence de pôles urbains relayés par des villes moyennes intercalées<br />
(Ancenis, Saumur, Blois). L’axe ligérien a certes le privilège historique d’avoir en son sein les<br />
villes les plus importantes (en nombre d’habitants) des deux régions, mais ces cartogrammes<br />
montrent qu’elles ont leur propre évolution démographique de forme concentrique.<br />
1.2. Evolution des aires urbaines<br />
L’étude du zonage INSEE en aire urbaine, qui a remplacé en 1996 les anciennes<br />
définitions des communes urbaines, confirme cette dynamique démographique principalement<br />
concentrique, autour des pôles urbains, et non le long d’un axe ligérien fort (Cf. figure 4). Ce<br />
zonage oppose des espaces à dominante urbaine aux espaces à dominante rurale. La<br />
répartition des pôles urbains et ruraux montre un semis de villes, assez régulier et<br />
caractéristique, comme signalé plus haut, du Centre-Ouest de la France. Seules les villes du<br />
Berry apparaissent les plus isolées dans cet ensemble spatial. Cette répartition ne redessine<br />
pas davantage la vallée de la Loire, à l’exception toutefois, et avec un peu d’effort, de la partie<br />
comprise entre Tours et Gien, où des pôles ruraux assurent entre les grands pôles urbains une<br />
certaine continuité : Mer, Beaugency et Saint-<strong>Laurent</strong>-Nouan entre Blois et Orléans,<br />
Châteauneuf-sur-Loire et Sully-sur-Loire entre Orléans et Gien. La proximité et la contiguïté<br />
des pôles de Tours et Amboise semblent assurer une continuité plus urbaine, aussi bien en<br />
aval qu’en amont.<br />
Toutefois cette continuité fonctionnelle est récente 3 . Noizay est l’unique commune<br />
traversée par la Loire qui soit devenue, entre 1990 et 1999, une commune d’un pôle urbain<br />
(ici celui de Tours). En effet les extensions des différents types de communes urbaines se sont<br />
effectuées plus souvent sur les plateaux que dans la vallée : Orléans et Saumur sont deux<br />
villes où les quelques nouvelles communes de la couronne périurbaine se situent dans la<br />
vallée pour des raisons d’accessibilité plus rapide au centre-ville au regard de l’ensemble de<br />
l’urbanisation de ces zones urbaines 4 .<br />
À l’inverse, la vallée de la Sarthe, de Sablé au Mans, évolue davantage vers un continuum<br />
qui se connecte avec la vallée du Loir à la Flèche. Le cas de la vallée de la Mayenne est<br />
similaire, de Mayenne à Château-Gontier. La carte 4 permet aussi le repérage de la poussée<br />
périurbaine francilienne sur l’Eure-et-Loir et le Loiret, englobant les pôles de Dreux et<br />
Chartres auparavant indépendants.<br />
<br />
3 Dans sa définition des « aires urbaines », l’INSEE s’appuie entre autre sur le nombre d’emplois ou le nombre de<br />
personnes se déplaçant pour le travail hors de sa commune de résidence.<br />
4 Existence d’axes autoroutiers sur Orléans et proximité géographique des nouvelles communes du pôle urbain saumurois<br />
à la sous-préfecture.
Figure 1.4 : l’évolution du zonage en aires urbaines dans les régions Centre<br />
et Pays de Loire entre 1990 et 1999<br />
Les observations qui précèdent ne concourent pas à identifier le val de Loire comme une<br />
région de peuplement spécifique et homogène. Cette vallée se caractérise par une succession<br />
de villes qui ne mérite le qualificatif de ligérien que par leur localisation. Peut-on cependant<br />
imaginer que les liens entre ces pôles, cartographiés jusqu’à présent par les définitions de<br />
l’INSEE sous la forme de zonages, puissent structurer un réseau ligérien de villes ?<br />
1.3. Migrations pendulaires (domicile-travail)<br />
La figure 5 représente les déplacements domicile-travail de 1999 qui, comme on le sait,<br />
structurent fortement le quotidien des populations. Sur la carte, les déplacements sont<br />
repérables par des triangles étirés entre les communes de résidence (base des triangles) et les<br />
communes de travail (sommet des triangles). Ici, seuls les déplacements hors de la commune<br />
de résidence sont étudiés, pour des relations supérieures à 100 habitants 5 .<br />
<br />
5 Retenir un seuil pour ce type de carte est toujours un choix relativement arbitraire. Pourquoi 100, multiple de 10, et<br />
pourquoi pas 80 ou 120 ? En fixant le seuil égal à 100, nous cherchions une valeur simple, suffisamment élevée pour alléger<br />
la représentation graphique, permettant de représenter quasiment la moitié des habitants qui se déplace, sans pour autant<br />
éliminer les relations entre Saumur et Tours. La carte montre que ces relations sont relativement modestes, mais elles ne sont<br />
pas nulles pour autant. Un seuil supérieur à 113 aurait suggéré leur inexistence.
Figure 1.5 : les déplacements domicile-travail dans l’ouest de la France en 1999<br />
Les communes liées entre elles par des flux de ce type (déplacements supérieurs à 100<br />
habitants) représentent seulement 1,2 % des liaisons possibles entre deux communes, mais<br />
48 % des habitants qui se déplacent. La carte montre que ces relations dominantes et fortes<br />
organisent l’espace en trois niveaux de réseau urbain.<br />
Le premier niveau est le plus spectaculaire par les longues distances qui le caractérisent. Il<br />
s’agit du niveau national organisé par l’attractivité parisienne ou francilienne. Malgré<br />
l’éloignement de Paris, certains habitants du Centre-Ouest de la France exercent leur activité<br />
professionnelle à Paris. L’offre de service en lignes de chemin de fer à grande vitesse a<br />
facilité ces déplacements et permet même, dans certains cas, les navettes quotidiennes. En<br />
témoignerait l’évolution des déplacements (non représentée ici) entre Tours et Paris depuis<br />
l’ouverture de la ligne de TGV.<br />
Le second niveau est régional. Des relations fortes existent entre les agglomérations de la<br />
région Centre et de la région Pays de la Loire. Le premier réseau relie Orléans, Tours et Blois,<br />
avec des connections perpendiculaires à la Loire vers les villes de Vendôme et Bourges ;<br />
Bourges étant aussi reliée à Châteauroux. Ce système, dont la colonne vertébrale se trouve sur<br />
l’axe ligérien, est isolé du couple Dreux-Chartres tourné vers l’Île-de-France. Il est également<br />
déconnecté du second grand réseau structurant le grand Ouest français, situé dans la région<br />
Pays de Loire et se poursuivant en Bretagne jusqu’à Rennes. Nantes est la tête de ce réseau<br />
reliée à St-Nazaire, à la Roche-sur-Yon et à Cholet ; puis Angers, le Mans, Laval et Rennes<br />
vient élargir le réseau vers le nord. Dans cette structure, Saumur est un satellite d’Angers et<br />
cette ville ne fait guère le lien avec l’amont de la vallée de la Loire. Bien que ce lien soit ténu,<br />
il est le seul qui semble assurer un semblant de connexions interrégionales, connexions qui<br />
n’existent pas, par exemple, entre Le Mans et Tours 6 , Vendôme ou Orléans.<br />
<br />
6 L’achèvement de la liaison autoroutière entre le Mans et Tours prévu fin décembre 2005 pourrait faire évoluer les<br />
relations entre les deux préfectures.
Enfin le troisième niveau est local et illustre l’influence de chaque pôle urbain sur son<br />
proche espace. Il décrit l’étalement périurbain de façon réticulaire alors que les figures<br />
précédentes en donnaient une interprétation spatiale abusivement homogène. Il confirme<br />
évidemment la logique concentrique de l’influence urbaine, que les villes considérées<br />
s’inscrivent ou non dans la vallée de la Loire. Le tracé du fleuve n’apparaît pas clairement, à<br />
quelques exceptions près entre Orléans et Blois où les pôles intermédiaires de Meung-sur-<br />
Loire, Beaugency ou St-<strong>Laurent</strong>-Nouan assurent un continuum ligérien assez complexe. Dans<br />
une moindre mesure et du fait de l’élargissement de la vallée entre ces deux villes, Angers et<br />
Saumur ont aussi un réseau composé de relais avec Longué-Jumelles ou Beaufort-en-Vallée.<br />
Ainsi il existe bien des relations entre les villes ligériennes, mais elles ne sont pas<br />
exclusives et assurent parfois un rôle de pont entre des réseaux septentrionaux et méridionaux<br />
: Nantes ou Blois par exemple. Le long de la vallée, les relations y sont rarement plus fortes<br />
ou plus complexes. Elles le sont encore moins au niveau de la limite régionale. Du point de<br />
vue de ces déplacements, les deux régions administratives semblent faiblement en relation le<br />
long du fleuve.<br />
1.4. Identités politiques ?<br />
La séparation entre les deux régions administratives n’est pas spécifique aux navettes<br />
domicile-travail. On la retrouve si on s’intéresse au choix des électeurs du Centre-Ouest,<br />
comme le signale la dernière carte qui représente les résultats de la présidentielle 2002.<br />
Cartographiés sur un fond de carte « classique » (projeté dans un espace euclidien) ou sur un<br />
fond de carte « déformé » (Cf. méthodologie de la figure 3), la couleur politique des deux<br />
régions est opposée.
Figure 1.6 : les candidats arrivés en tête à l’issu du premier tour de l’élection présidentielle de<br />
2002 dans les régions Centre et Pays de Loire<br />
L’espace rural de l’ouest est nettement à droite, alors qu’en région Centre Le Pen y arrive<br />
souvent en tête (en particulier dans les deux départements qui jouxtent la région francilienne).<br />
Le cartogramme est très instructif quant au profil politique des populations urbaines.<br />
L’électorat de Jospin est situé en ville dans plusieurs agglomérations des Pays de Loire<br />
(Nantes, Saint-Nazaire, Le Mans), alors qu’en région Centre, Chirac arrive en tête dans les<br />
pôles urbains. Le vote socialiste l’emporte seulement dans quelques villes voisines des<br />
communes-centres : la Riche et Saint-Pierre-des-Corps pour Tours par exemple.<br />
Le tracé de la Loire d’Est en Ouest ne permet pas de comprendre ces oppositions entre<br />
régions. Il faut en fait mobiliser trois types spatiaux d’électorat différents pour rendre compte<br />
du choix politique des ligériens :<br />
- Le tronçon entre Orléans et Amboise se définit par des centres villes ayant voté pour<br />
Chirac. Le vote en faveur de Le Pen apparaît rapidement aux portes des villes, à l’instar de la<br />
banlieue orléanaise.<br />
- de Tours à Ancenis se dessine une zone de transition entre la partie orientale et<br />
occidentale de notre carte. Elle est caractérisée par des centres villes toujours favorables à<br />
Chirac, et où l’électorat périurbain et rural vote aussi pour ce candidat, à l’exception de
quelques communes de banlieues (de tradition ouvrière) ayant placé Jospin en tête du premier<br />
tour.<br />
- la partie de l’estuaire, de Nantes à Saint-Nazaire, a prioritairement voté pour Jospin dans<br />
les communes des deux pôles urbains et le long de la rive nord de l’estuaire, alors que les<br />
périphéries proches et lointaines sont en faveur de Chirac. Dans les communes des marais de<br />
la Grande Brière, de Grand-Lieu ou de Machecoul, le candidat Saint-Josse est en tête.<br />
1.5. Conclusion<br />
Ce texte ne permet sans doute pas de répondre de manière définitive à notre question de<br />
départ. D’autres indicateurs pourraient venir compléter notre réflexion. Néanmoins, à la<br />
lumière de ces premières analyses, on a montré qu’il existe, selon le thème abordé, non pas<br />
une, mais plusieurs entités ligériennes, qui parfois s’opposent.<br />
Les paramètres de peuplement qui viennent d’être présentés illustrent la complexité de<br />
l’espace ligérien, suivant l’échelle géographique analysée : niveau national, régional ou local.<br />
Alors que dans les deux régions la part des habitants qui vivent dans des communes ayant une<br />
limite avec la Loire représente 40% de la population totale (ces communes ligériennes<br />
représentant seulement 13% de l’ensemble des communes des deux régions), ce poids<br />
démographique ne suffit pas à faire de la vallée un axe structurant l’espace sur toute sa<br />
longueur.<br />
Aujourd’hui l’espace national est organisé grâce aux métropoles, qui dans le cas français,<br />
se détachent difficilement de l’emprise exercée par la région capitale. Dans ce cadre, la Loire<br />
abrite certes des villes qui participent à cette organisation, mais ce n’est pas le fleuve en tant<br />
que tel qui structure les activités humaines.<br />
Il reste qu’on ne doit pas en faire abstraction à une échelle locale. D’abord, parce que nous<br />
avons vu que la Loire structurait des espaces restreints prenant la forme de petits corridors<br />
(axe est-ouest), mais aussi parce que le fleuve représente une contrainte géographique : à<br />
l’heure où les modes de transport sont majoritairement individuels, les déplacements entre les<br />
deux rives se heurtent de toute évidence à cette barrière naturelle que constitue le cours d’eau.<br />
Dans le cas de Tours par exemple, la distinction entre Tours-Nord et Tours-Sud n’est pas<br />
seulement une division de l’espace en deux parties théoriques. En pratique, on vit d’un côté<br />
ou de l’autre de la Loire 7 , et, sans motifs précis, on évitera la traversée du fleuve. Ces<br />
extensions urbaines qui s’opèrent préférentiellement sur les plateaux, indiquent que<br />
l’existence du cours d’eau, ayant perdu sa valeur économique intrinsèque, cède le pas à sa<br />
réalité physique : au lieu d’attirer les habitants sur ces rives, le fleuve pourrait les repousser :<br />
il contraint le développement urbain sur un axe perpendiculaire, voire privilégie une rive aux<br />
dépens d’une autre.<br />
Ce constat ne signifie pas que le cours d’eau n’a plus d’intérêts pour ses habitants. La<br />
Loire, dernier fleuve sauvage d’Europe, berceau des rois de France, détient de manière<br />
évidente, un héritage historique fort. Il offre par conséquent d’autres atouts dès lors que les<br />
populations ligériennes et les institutions politiques locales lui reconnaissent sa valeur<br />
symbolique et en assure sa promotion.<br />
<br />
7 Alors que la distinction Tours-Ouest/Tours-Est n’est pas usitée, pourtant les axes routiers Nord-Sud permettraient de<br />
donner sens à cette division de l’espace (A10, N10, avenue Grammont).
2. Loire métropole(s) ?<br />
Serge Thibault<br />
UMR 6173 CITERES<br />
La vallée ligérienne, comme bien d’autres vallées fluviales, comme la plupart des espaces<br />
littoraux, mais également la plupart des espaces frontaliers et transfrontaliers, accueille les<br />
principales agglomérations des régions qu’elle traverse. Alors que bien d’autres sites<br />
comparables tentent de renforcer la coopération métropolitaine entre leurs principales<br />
agglomérations urbaines, la vallée ligérienne n’est pas encore le lieu d’un véritable projet<br />
stratégique ou opérationnel qui associe ses principales villes en un réseau à dimension<br />
métropolitaine, piloté par leurs puissances publiques et articulé sur les qualités paysagères,<br />
culturelles et naturelles de son corridor.<br />
Tant que le fleuve fut l’un des moyens privilégiés de communication et de transport des<br />
régions qu’il traverse, l’urbanisation des villes, situées dans son corridor, s’est développée le<br />
long de son cours, formant un réseau urbain géographiquement et économiquement organisé à<br />
partir de la Loire, du moins d’Orléans à Nantes. Depuis l’époque qui a vu l’abandon de la<br />
marine fluviale, nombreux sont les facteurs qui n’associent plus par le fleuve, ses principales<br />
villes.<br />
Parmi ceux ci, le développement économique et spatial des agglomérations urbaines<br />
s’appuie sur d’autres moyens de transport et de communication, comme les systèmes formés<br />
par le réseau autoroutier et les grandes voies de contournement urbain ; ces voies ne sont pour<br />
la plupart localisées dans le corridor fluvial.<br />
Avec le développement récent de la mobilité, l’observation des pratiques spatiales des<br />
individus montre qu’elles s’appuient de façon dominante sur deux échelles. La première<br />
correspond à l’ensemble constitué par le lieu de résidence et l’agglomération urbaine qui le<br />
contient ou voisine. La seconde correspond à des espaces plus ou moins lointains mais très<br />
rarement régionaux.<br />
Alors que la décentralisation, débutée depuis plus de vingt années, conduit les acteurs<br />
locaux à prendre directement en charge le destin des territoires qu’ils pilotent sur le plan<br />
politique, elle ne conduit pas immédiatement au développement de la coopération, à des<br />
échelles même intra régionales.<br />
Pour autant, d’aucun pense que l’espace ligérien peut être conçu comme une ressource en<br />
matière de développement. Encore bien souvent qualifié de jardin de la France et traversé par<br />
un fleuve plus naturel qu’il ne le fut pendant plusieurs siècles, cet espace est le support de<br />
représentations qui exposent ces dimensions naturelles et cultivées du corridor. Elles sont<br />
mobilisées pour soutenir la conception de quelques projets qui se voudraient plus ou moins<br />
innovants en matière d’espace habité, fondé sur la coopération métropolitaine et la<br />
valorisation des qualités paysagères, culturelles et naturelles de son fleuve. Un tel type de<br />
développement avait déjà été proposé au cours des années 1970 avec le projet de la métropole<br />
jardin ; il pourrait être réactualisé à partir du classement de la Loire au patrimoine mondial de<br />
l’UNESCO, comme à partir des travaux actuellement menés dans le cadre du schéma de<br />
développement de l’espace communautaire, les différents travaux liés à l’aménagement du<br />
territoire national, les schémas régionaux d’aménagement du territoire, etc.<br />
Ce texte s’appuie principalement sur les résultats acquis par trois recherches et leurs suites.<br />
La première, intitulée « Centralités émergentes », menée pour le compte du Plan<br />
Urbanisme Construction et Architecture (Ministère de l’équipement, du logement, des<br />
transports et du tourisme) visait à rendre intelligible le processus de polycentrement,
caractéristique des agglomérations contemporaines. La deuxième, « Les échelles de<br />
l’habiter », fut menée pour le compte de la Datar. Elle a permis de définir les nouvelles<br />
échelles spatiales pratiquées par les individus et différents modes d’appropriation et<br />
d’occupation de l’espace. La troisième, intitulée, « Mathématiques, espace et sciences<br />
sociales », menée pour le compte du Ministère de la recherche, Action Concerté Incitative<br />
« Terrains, techniques, théories » a contribué à poursuivre la modélisation de la centralité<br />
d’accessibilité pour des agglomérations urbaines.<br />
2.1. Flux, reflux<br />
Il n’est point utile de trop insister sur le déclin de la Loire en tant qu’infrastructure de<br />
transport des individus et des marchandises, tant est connue cette partie de l’histoire récente<br />
des réseaux de transport. Moyen de transport abandonné à la fin du dix-neuvième siècle, son<br />
déclin avait débuté avec la création des premiers réseaux ferrés. Les années mille huit cent<br />
quarante, au cours desquelles les nouveaux embarcadères urbains sont installés en limite de la<br />
ville intra muros pour accéder à la voie ferrée nouvelle, correspondent également au<br />
basculement du peuplement de l’espace français, après une période de croissance<br />
géographiquement répartie sur quasiment la totalité des communes. Après ces années et<br />
jusqu’à la moitié des années mille neuf cent soixante dix, la croissance de la population pour<br />
tous les départements français va se concentrer sur les seuls chefs lieu de département,<br />
d’arrondissement et de canton.
Figure 2.1 : dynamique du peuplement de l’Indre et Loire et de la Charente-maritime – 1793/1846<br />
et 1846/1975 (François Moriconi-Hébrard, Les échelles de l’habiter, rapport DATAR, 2004)<br />
A partir des années 1970, La baisse continue de la population des communes d’abord les<br />
plus ou moins proches des agglomérations urbaines, sera stoppée avec le phénomène de la<br />
péri urbanisation.<br />
<br />
<br />
Figure 2.2 : dynamique du peuplement de l’Indre et Loire et Charente maritime 1975/1999<br />
(François Moriconi -Hébrard, Les échelles de l’habiter, rapport DATAR, 2004)<br />
Rappelons que cette péri-urbanisation résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs. La<br />
création des nouveaux centres commerciaux et des nouvelles zones d’activités, périphériques,<br />
en bordure des rocades urbaines ou des principales voies d’accès aux agglomérations, va<br />
favoriser un étalement de l’habitat, au-delà des banlieues. Il prendra la forme dominante de la<br />
résidence individuelle. Ce type de production de l’habitat est soutenu par les politiques<br />
publiques nationales et locales ; elle est également représentative du changement de statut
social d’une part importante des nouvelles classes moyennes avec la montée en puissance de<br />
l’individuation de notre société.<br />
L’accès aux nouveaux espaces d’urbanisation est rendu possible par la création des<br />
nouvelles rocades urbaines, le renforcement du système autoroutier et la généralisation de<br />
l’emploi du véhicule individuel de transport.<br />
Même si cette péri-urbanisation, globalement radioconcentrique pour l’Indre et Loire,<br />
correspond à un étalement de l’urbanisation, depuis la moitié du dix-neuvième siècle celle-ci<br />
s’est polarisée sur les plus grandes villes des départements avec une progression dominante<br />
pour leur chef lieu. C’est à ce titre que la Loire peut apparaître comme un axe de peuplement,<br />
mais pas plus ou pas moins que d’autres espaces le sont, comme la vallée rhodanienne, celle<br />
de la Garonne, les espaces frontaliers de plaine, les espaces littoraux, etc.<br />
Figure 2.3 : croissance et décroissance communale entre 1962 et 1990 dans la vallée moyenne de<br />
la Loire (Hervé Le Bras, La planète au village Datar/éditions de l’aube 1993)
2.2. Plug in cité<br />
Ce développement de l’urbanisation et de sa péri-urbanisation, avec la mise en œuvre et en<br />
place de tous les dispositifs, tant politiques que techniques qui lui sont associés, est lié à un<br />
mode de croissance urbaine, avec une évolution et une transformation de la centralité et de ses<br />
lieux, engagé dans l’organisation spatiale et sociale des espaces habités.<br />
La notion de centralité est relative aux espaces, ensembles sociétaux, activités et situations<br />
pris en considération. Par exemple, les lieux de centralité d’un individu, c’est à dire ceux<br />
qu’ils fréquentent le plus ou qui lui sont les plus représentatifs, ne correspondent pas<br />
nécessairement à ceux qui caractérisent de façon commune toute une société urbaine et son<br />
aire urbaine.<br />
Figure 2.4 : cartogramme des lieux fréquentés par un individu au cours des douze derniers mois<br />
(la surface du lieu est proportionnelle au temps passé). La ville d’Orléans est en périphérie de<br />
Châteauneuf-sur-Loire et de Molliet (Landes)
Les lieux de centralité d’une agglomération, liés à l’activité économique, dépendent de leur<br />
accessibilité. Celle d’un lieu quelconque peut être définie par l’addition de la somme<br />
(normée) des plus petites distances du lieu à tous ceux de l’espace pris en compte, à la plus<br />
petite distance (normée) au réseau qui relie l’agglomération à son environnement, les voies<br />
rapides et le système autoroutier lorsque l’on considère l’accessibilité routière.<br />
Lorsque l’on applique de façon sommaire ce mode de calcul de l’accessibilité à des<br />
représentations simplifiées des étapes successives d’une ville, comme celle ci après qui peut<br />
schématiser le développement urbain de quelques villes ligériennes, il donne un déplacement<br />
des lieux de meilleure accessibilité en fonction de l’évolution des réseaux principaux qui<br />
relient une ville à son environnement.<br />
Figure 2.5 : trois étapes successives. 1. La Loire et deux portes, 2. La Loire et une voie terrestre en<br />
position centrale. 3. La voie terrestre et la gare ferroviaire<br />
Cette concordance entre centralité et accessibilité se maintient actuellement. Comme<br />
aujourd’hui, le développement spatial des agglomérations urbaines est très largement<br />
dépendant du système constitué par les interrelations entre le réseau de transport routier,<br />
l’habitat et l’activité économique, les lieux de meilleure accessibilité sont liés à l’évolution<br />
des grandes voies d’accès.
Tous comme les ports fluviaux ont été en leur temps les lieux d’appui du développement<br />
de l’urbanisation, aujourd’hui ce sont les points d’accès aux grands réseaux de transport<br />
routier qui jouent ce rôle. Comme hier, le développement urbain s’accroche aux réseaux<br />
d’échange ; les sites d’urbanisation dépendent de la localisation des accès à ces réseaux et des<br />
distances aux autres espaces habités.
2.3. Habiter<br />
Le rapport des individus aux espaces est au moins de deux natures. Tout d’abord, pour un<br />
individu, l’espace est constitué par les lieux qu’il fréquente mais également par leurs liaisons 8 .<br />
Ensuite, les individus entretiennent également des rapports de qualification aux lieux, qu’ils<br />
fréquentent ou non. Ces rapports peuvent être le fruit d’une expérience personnelle, plus ou<br />
moins individuelle, mais également la trace de ceux développés, construits et entretenus par le<br />
ou groupes sociaux d’appartenance ou d’identification de l’individu.<br />
Nombreux sont les exemples qui montrent que l’espace ligérien et plus particulièrement le<br />
paysage du fleuve fait partie de cette catégorie de lieux qui servent d’image pour représenter<br />
un espace et le doter d’une identité, construite par cette image. Pour autant, la fréquentation<br />
effective de cette espace et plus largement de son espace régional par ceux qui y habitent n’a<br />
rien de bien particulier par rapport à ce qui peut-être observé de façon plus générale. Comme<br />
tend à le montrer la quasi-totalité de la soixantaine d’enquêtes réalisées auprès d’individus<br />
résidents en région parisienne, en région orléanaise, au sein des agglomérations de Tours et de<br />
Toulouse, leurs pratiques spatiales sur une année, conjuguent deux échelles. La première est<br />
constituée par le ou les lieux de résidence et l’agglomération urbaine voisine ou qui ces lieux<br />
de résidence. La seconde correspond à des lieux lointains, lieux de vacances, de loisirs, mais<br />
également lieux liés à l’activité professionnelle. Rarement apparaît une fréquentation de lieux<br />
correspondant à une échelle intermédiaire, celle régionale.<br />
<br />
8 En effet, le déplacement n’est pas qu’une simple ligne qui relie deux lieux ; c’est un espace parcouru à l’aide ou non d’un<br />
véhicule qui peut être lui-même apparenté à lieu en mouvement. L’investissement consenti par les individus, les ménages<br />
mais également les sociétés et les collectivités pour acquérir et aménager les véhicules de transport, reflète cette relation<br />
particulière nouée par les individus, les ménages, etc., aux lieux mobiles. On peut y travailler, se reposer, faire salon, dormir,<br />
lire, etc., en faire temporairement son habitat, etc.
Toutes les enquêtes ont été traitées pour bâtir cette représentation du réseau des lieux<br />
fréquentés sur une année 9 . Ce réseau correspond à une personne qui réside à Jargeau et<br />
travaille à Orléans. Pratiquant la plupart des centralités périphériques de l’agglomération, son<br />
espace urbain s’étend de Jargeau, son lieu de résidence, à l’agglomération. Ensuite, domine<br />
des lieux plus lointains, comme Embres, Les Sables d’Olonne, etc. L’espace régional<br />
n’apparaît guère dans ses pratiques.<br />
<br />
9 La surface du cercle représentant un lieu est proportionnelle au temps passé. La longueur des liaisons est proportionnelle<br />
au temps de déplacement. L’orientation des nœuds du graphe suit approximativement la direction géographique par rapport<br />
au lieu de résidence principale.
Cette personne possède deux lieux de résidence, l’un à Châteauneuf-sur-Loire, l’autre dans<br />
les Landes. Si elle pratique encore occasionnellement la périphérie orléanaise, son centre est<br />
quasiment ignoré. Ce graphe des pratiques spatiales illustre l‘une des dimensions de l’urbain<br />
contemporain, un ensemble de lieux en réseau et non plus un espace de la proximité et de la<br />
contiguïté.
Cette dame cumule des petits travaux ponctuels : elle se charge d’amener des enfants à<br />
l’école, de les ramener, ainsi que de « faire des ménages » dans les « boites » de la ZAC Nord.<br />
Elle s’investit aussi dans des activités de quartier (Maison de la solidarité). Catholique, elle a<br />
effectué un voyage organisé à Lourdes, très important à ses yeux. Le mode de déplacement lui<br />
est indifférent, elle valorise fortement la dimension culturelle de ses voyages : « On profite le<br />
plus possible, lorsqu’on se déplace. »<br />
Cet exemple confirme le peu de pratiques de l’espace régional. De plus, son espace urbain<br />
le plus fréquenté correspond à la partie nord de l’agglomération de Tours, avec Tours nord<br />
comme lieu de centralité 10 .<br />
<br />
10 L’observation des pratiques a montré que cette agglomération pouvait être vue comme un ensemble de trois quasi-villes,<br />
celle du nord, celle du centre et celle du sud (voir thèse de doctorat de monsieur Jérôme Rollinat)
2.4. Loire métropole(s) ?<br />
Le phénomène contemporain d’urbanisation correspond à un accroissement du peuplement<br />
des principales agglomérations du val de Loire, avec, depuis trois décennies, le<br />
développement du processus de péri-urbanisation qui se traduit par l’extension des<br />
agglomérations, liée à leur nouvelle polycentralité. Mais cette polarisation du peuplement ne<br />
se traduit pas nécessairement par un renforcement de l’armature urbaine ligérienne, si l’on<br />
considère qu’il s’exprime par des relations et liaisons de toute nature, plus fortes et plus<br />
intenses entre les aires urbaines elles-mêmes qu’avec leur environnement. Le basculement des<br />
centralités d’agglomération s’appuie sur des réseaux contemporains de transport et de<br />
communication, qui relient plus chacune des agglomérations ligériennes à leur environnement<br />
lointain que proche. Les pratiques individuelles correspondent à un paysage urbain à deux<br />
échelles, l’agglomération et son voisinage immédiat pour la première, des lieux lointains et<br />
très rarement régionaux pour la seconde. Ces deux facteurs ne renforcent guère la dimension<br />
métropolitaine de l’espace ligérien si elle était uniquement définie par ceux ci.<br />
Il n’en reste pas moins vrai que les principales agglomérations du val de Loire constitue un<br />
ensemble urbain particulier. Il est constitué d’agglomérations de taille voisine, peu distantes<br />
géographiquement les unes des autres et ayant en commun un capital spatial représenté par la<br />
Loire mais également par leur proximité à la région urbaine parisienne et à la façade<br />
atlantique.<br />
La Loire, aujourd’hui reconnue comme étant un capital naturel, paysager et culturel,<br />
symbolise la nouvelle alliance que recherche le développement durable, et qui doit renouveler<br />
l’association entre la dimension construite de notre environnement et sa dimension naturelle.<br />
Avec ses principales agglomérations, l’espace ligérien peut donc être conçu comme un espace<br />
d’expérimentation pour la conception de nouvelles formes d’habiter et de leur relation à leur<br />
environnement.<br />
Enfin, l’aménagement du territoire européen et la concurrence territoriale contribuent très<br />
largement à renforcer la nécessité de la coopération régionale et interrégionale. Les espaces<br />
régionaux et leurs principales agglomérations doivent s’organisent au mieux et de façon<br />
partagée afin d’accroître et valoriser leurs ressources pour assurer leur développement<br />
(urbain) comme celui de la qualité de leur environnement naturel, paysager et culturel.<br />
Aujourd’hui, c’est aux décideurs locaux de s’organiser. Ils peuvent mettre en place les<br />
conditions pour valoriser leur patrimoine culturel, naturel, pour créer la ville de demain avec<br />
ses nouvelles formes de l’habiter, en fonction des contraintes qui se font jour et de plus en<br />
plus pressantes, contraintes d’ordre environnemental, sociétal et économique. Alors que les<br />
schémas de cohérence territoriale vont être réaliser, ne conviendrait-il pas de prendre en<br />
compte une échelle régionale et interrégional que seul les décideurs locaux sont en mesure de<br />
s’imposer à eux-mêmes, pour le bénéfice de toute la société ligérienne ?
3. Développement et métropolisation<br />
J.-P. Carrière et Ch. Demazière<br />
UMR 6173 CITERES<br />
Envisagées à l’échelle européenne ou même nationale, les plus grandes agglomérations du<br />
Val de Loire ne peuvent pas être rangées dans la catégorie des métropoles, ensembles urbains<br />
multimillionnaires qui rayonnent à l’échelle internationale. Malgré leur indéniable dynamisme<br />
économique et démographique ces quinze dernières années, Orléans, Blois, Tours ou Angers<br />
voient leur développement être influencé par la proximité d’une aire métropolitaine de niveau<br />
mondial, l’Ile-de-France. Par ailleurs, le Val de Loire dispose d’une notoriété internationale<br />
pour son patrimoine naturel et bâti, ses châteaux et jardins, ses vignobles et son art de vivre. Il<br />
le traduit en une forte activité touristique et une certaine attractivité résidentielle. Mener des<br />
recherches sur le Val de Loire, c’est donc étudier, voire conceptualiser, un mode de<br />
développement spécifique. Ni métropolitain stricto sensu, ni périmétropolitain au sens que<br />
donnent à ce mot les collègues du CEDETE de l’Université d’Orléans 11 , on peut tenter de le<br />
qualifier de patrimoniopolitain. La gestion de l’environnement, la valorisation du patrimoine<br />
et la coopération entre villes (du niveau intercommunal à l’échelle interrégional) seraient<br />
quelques caractéristiques majeures de ce mode de développement fondé sur la reconnaissance<br />
du fait ligérien.<br />
Au sein de L’UMR CITERES, les recherches sur l’aménagement des territoires du Val de<br />
Loire, les questions de développement et les discussions sur la métropolisation poursuivent<br />
plusieurs directions dont deux axes complémentaires. Pour le premier, ses travaux visent à<br />
préciser les échanges entre territoires du Val de Loire, dans la proximité (relation villecampagne,<br />
périurbanisation) ou la distance (armature urbaine et réseaux de villes). Classiques<br />
par leur objet, ces travaux font l’objet d’approfondissements méthodologiques d’une certaine<br />
importance. De plus, ils forment un complément utile à une analyse de l’insertion du Val de<br />
Loire dans l’ensemble européen, rendue possible par la coordination scientifique, par des<br />
chercheurs de l’unité, de la réalisation du Schéma de Développement de l’Espace Atlantique.<br />
Les travaux du second axe examinent les actions publiques, notamment celles permettant<br />
éventuellement de faire évoluer les agglomérations de taille moyenne vers un statut supérieur.<br />
Les agglomérations du Val de Loire cherchent, comme de nombreuses autres en France, à<br />
créer les conditions de la performance dans le domaine économique et à offrir un cadre de vie<br />
le plus favorable possible à la population. On trouve un point d’articulation entre les deux<br />
séries de travaux dans la question suivante : ne faut-il pas envisager l’évolution des sites du<br />
Val de Loire non seulement de façon séparée, mais dans une mise en réseau possible,<br />
permettant de faire émerger une aire métropolitaine intermédiaire entre l’Ile-de-France et le<br />
Grand-Ouest ? Cette question en amène une autre, qui est d’importance pour les praticiens de<br />
l’aménagement du Val de Loire : quelles sont les voies et moyens pour construire un espace<br />
« patrimoniopolitain » à partir de sites urbains situés à bonne distance les uns des autres et<br />
sous l’influence de l’Ile-de-France ?<br />
<br />
11 Voir MIRLOUP, J. (sous la direction de), 2002 - Régions périmétropolitaines et métropolisation, Orléans, Presses<br />
Universitaires d’Orléans
3.1. De la métropole-jardin à la structuration d’agglomérations et d’aires<br />
urbaines<br />
A l’instar d’autres agglomérations du Centre-Ouest (Nantes, La Rochelle…), les<br />
principales aires urbaines du val de Loire (Orléans, Blois, Tours, Angers) ont connu, au cours<br />
des années 1990, un fort accroissement de leur population. L’axe ligérien, bien équipé en<br />
infrastructures de transport et doté de multiples aménités tout en étant assez proche de l’Ilede-France,<br />
fait partie des espaces français attractifs. Ce fait est important en soi et également<br />
quand on le relie aux politiques d’aménagement. En effet, dans les années 1960, la partie<br />
urbanisée du Val de Loire ne répondait pas à la plupart des critères posés par la DATAR pour<br />
la mise en place de la politique des métropoles d’équilibre. Dans le cadre de la réflexion sur le<br />
Bassin Parisien, l’axe ligérien a servi d’appui à la conception par l’Organisme d’Etudes<br />
d’Aménagement de la Loire Moyenne (OREALM), d’un schéma d’aménagement connu sous<br />
le nom de « métropole jardin ». Celui-ci visait à renforcer la solidarité entre Tours et Orléans,<br />
au niveau des communications, de l’aménagement de la Loire et des fonctions de haut niveau,<br />
tout en préservant des coupures vertes garantissant une protection du fleuve. Ce projet<br />
d’aménagement est encore à ce jour le seul qui puisse s’apparenter à un projet urbain régional<br />
de métropolisation. Il ne fut pas mis en œuvre et le développement des services publics et<br />
marchands dans les agglomérations, bien que conséquent, ne fut pas suffisant pour affirmer<br />
une quelconque métropolisation. Par exemple, Tours et Orléans montrent nombre de<br />
similarités ou équivalences, parallèle à une émulation de chacune dans les domaines<br />
économique et urbain (Demazière, 2003).<br />
Aujourd’hui, envisager un projet urbain régional à composante métropolitaine supposerait<br />
une forte volonté des acteurs des agglomérations. Si on limite la discussion au Val de Loire, et<br />
en particulier à Tours et Orléans, une certaine indifférence à l’établissement d’un réseau de<br />
villes est manifeste tout au long des vingt dernières années. Dans le cas de Tours, c’est un<br />
positionnement interrégional qui est recherché depuis une dizaine d’années. Ceci renvoie<br />
peut-être moins à une gémellité Orléans-Tours difficile à assumer qu’à la prise en compte de<br />
la réalité des échanges de toute sorte qu’a Tours avec des villes ou agglomérations situées en<br />
dehors de la région Centre, comme Angers ou Le Mans (Demazière et Boutet, 2001). Cet<br />
horizon géographique large semble également valorisé pour donner du sens à la construction<br />
intercommunale, dont la mise en œuvre au quotidien nécessite un travail de fond sur la<br />
relation entre la ville-centre et ses couronnes.<br />
La Loire moyenne recouvre aujourd’hui quatre aires urbaines fortement dilatées, celles<br />
d’Orléans, Blois, Tours et Angers. Les échanges entre ces aires sont importants (migrations<br />
quotidiennes pour le travail et les études, flux de marchandises…), mais l’influence de l’Ilede-France<br />
sur chacun d’entre elles est plus forte encore (Demazière et Boutet, 2001). Au sein<br />
de la région Centre, les infrastructures de transport relient moins entre elles Tours, Blois et<br />
Orléans que chacune d’elles à l’Ile-de-France. Echangeant plus avec son extérieur qu’en son<br />
sein, seul l’axe ligérien tend à structurer cette région. Tout en étant reliées, Tours et Orléans<br />
sont également séparées.<br />
Depuis 2002, le fonctionnement de chacune des aires urbaines du Centre a été analysé par<br />
l’INSEE et la Direction Régionale de l’Equipement du Centre, parfois en collaboration avec<br />
les agences d’urbanisme. Ces portraits d’aires urbaines confirment les résultats de recherches<br />
de CITERES sur Orléans et Tours. Ainsi, dans le cas d’Orléans, la proximité de l’Ile-de-<br />
France et la qualité de la desserte routière et ferroviaire jouent un rôle essentiel sur<br />
l’attractivité de l’agglomération. Ceci fournit d’ailleurs un point d’appui à la politique locale
de développement, comme le montre l’exemple des centres d’appels ou de la logistique<br />
(Demazière, 2003). A Tours, les décentralisations d’activités d’Ile-de-France sont également<br />
une donnée importante. Dans un contexte de mondialisation, on peut relever qu’au sein de<br />
l'électronique, des industries de la santé, de la chimie ou de la pharmacie, les établissements<br />
ont cherché, au fil des années, à tirer parti de l’environnement de recherche offert par<br />
l’Université, l’INRA et le CEA. Le développement des relations entre industrie et recherche<br />
constituera ces prochaines années un enjeu majeur pour le Val de Loire, comme le montre la<br />
mise en place de pôles de compétitivité, dont un de niveau mondial sur Angers.<br />
La construction intercommunale a été un élément important de structuration du Val de<br />
Loire ces dernières années. Comme ailleurs en France, le processus intercommunal est<br />
engagé, mais également ouvert. L’existence d’un EPCI n’induit pas une situation de fait, mais<br />
met à disposition des élus des ressources pour définir et mettre en œuvre des actions qui ne<br />
feront sentir leurs effets qu’à moyen terme sur les territoires (Demazière, 2005a). Au sein du<br />
Val de Loire, les communautés d’agglomération d’Angers, Orléans et Tours appartiennent à<br />
la catégorie des communautés d’agglomération moyenne, tandis que celles de Blois et Saumur<br />
correspondent à des structures de petite taille. Des différences importantes apparaissent, tant<br />
dans les logiques politiques, le projet intercommunal ou l’organisation des services (Bourdon,<br />
2001 ; Blin, 2003 ; Fortier, 2003 ; Vignon, 2004). Le décalage entre le périmètre des<br />
communautés d’agglomération et celui de l’agglomération au sens de l’INSEE pose la<br />
question des relations entre les EPCI d’agglomération et le reste de l’aire urbaine. Dans ce<br />
contexte, certaines recherches de CITERES portent sur les politiques contractuelles et leurs<br />
évolutions (Boutet, 2003), et sur les alliances entre villes, notamment suite à l’appel à<br />
coopération métropolitaine (Demazière, à paraître).<br />
Depuis plusieurs années, des recherches menées au sein de l’Université de Tours ont<br />
souligné l’importance d’analyser l’évolution des rapports entre ville et campagnes, plus<br />
particulièrement en déterminant un type d’espace concentrant des enjeux de croissance<br />
urbaine et de développement territorial, particulièrement cruciaux : celui d’espace périurbain.<br />
Ch. Calenge et Y. <strong>Jean</strong> (1997) ont notamment relevé à propos du Centre-Ouest des mutations<br />
sociales, démographiques, économiques, spatiales telles que « les acteurs locaux doivent<br />
prendre conscience de la nécessité de raisonner sur l’ensemble ville/ agglomération/<br />
périurbain ». Cette nécessité est d’autant plus cruciale que la définition même d’espace<br />
périurbain reste polymorphe. La reconnaissance de la légitimité du périurbain en tant qu’objet<br />
de recherche est récente, mais révélatrice d’une urgence, et d’une inquiétude partagée : la ville<br />
est-elle nécessairement consommatrice d’espace ? Les espaces périurbains sont-ils<br />
nécessairement reconnaissables de manière zonale et fonctionnelle, ou bien évoluent-ils en<br />
centres secondaires ?<br />
Les enjeux de développement des espaces périurbains, dans la mesure où il est possible de<br />
les distinguer, sont à replacer dans une réflexion multiscalaire : s’agit-il d’espaces relais,<br />
d’espaces interface, de non-ville ? Leurs spécificités ont-elle un impact sur la façon dont, plus<br />
globalement, se développe la ville, puis l’aire urbaine, voire la Région ? Les espaces<br />
périurbains sont-ils la matérialisation d’une croissance urbaine non maîtrisée, ou bien se sontils<br />
constitués sur les bases d’une véritable réflexion prospective d’aménagement ? Autant de<br />
questions qui rejoignent les préoccupations de développement durable, notamment en termes<br />
d’équité spatiale, de solidarité des territoires, de réflexions sur les différents types de<br />
transports induits par la péri-urbanisation, les coûts induits par l’étalement urbain, la densité,<br />
les variations des coûts du foncier, l’augmentation de la pollution par l’usage accru de<br />
l’automobile, de préservation des ressources naturelles non renouvelables (sols…).
En même temps que des mesures concrètes ont été proposées aux élus pour agir en faveur<br />
du développement durable (agenda 21 local, structures intercommunales,<br />
contractualisations…), les territoires urbains semblent avoir été structurés par les législateurs<br />
dans le but de favoriser un développement des territoires au plus près de leurs spécificités<br />
propres. L’accent est mis, dans les différents textes de lois, sur l’importance de prendre en<br />
compte le patrimoine urbain aussi bien que naturel dans la mise en valeur durable des<br />
territoires. Or, les espaces périurbains sont souvent pris dans des problématiques<br />
« patrimoniales » aussi bien rurales qu’urbaines… et peuvent, suivant les différentes fonctions<br />
qu’ils remplissent (zones industrielles, lotissements, habitat pavillonnaire, zones<br />
d’activités…) être facteurs de valorisation ou de dévalorisation des territoires urbains et<br />
ruraux (Duvernoy et alii, 2005 ; Serrano, 2004, 2005). On assiste parfois à des résistances à<br />
l'urbanisation, de la part de communes ou de populations, tendus dans un effort pour la<br />
conservation des paysages (Serrano et Rocher, 2005 ; Verdelli et alii, 2005).<br />
A côté de l’observation de dynamiques spatiales et de l’analyse de jeux d’acteurs,<br />
signalons qu’une thèse de doctorat en aménagement-urbanisme est en cours (Ch. Stroobant),<br />
qui interroge le rôle et le poids des professionnels de l’aménagement du territoire (agents de<br />
développements, techniciens au sein d’EPCI, cadres de la fonction publique territoriale…)<br />
dans la façon dont sont gérés et appréhendés concrètement les espaces périurbains. Au travers<br />
d’analyse de cas, dont feront partie Angers et Tours, il s’agira au travers d’études<br />
monographiques, d’analyses cartographiques, de compréhension des différentes<br />
intercommunalités (Pays, Communauté d’agglomération, EPCI à fiscalité propre), de mettre<br />
en valeur des tendances sur les « façons de faire l’espace périurbain ». Les réseaux d’acteurs,<br />
suivant la terminologie de la sociologie des organisations, dans leur structuration et dans leur<br />
fonctionnement, sont un moyen déterminant pour appréhender la construction des territoires.<br />
Plus loin, dans la mesure où la mise en œuvre de politiques locales de développement durable<br />
passe nécessairement par l’appropriation des acteurs d’un territoire par une compréhension<br />
commune de ses principes, voire de mesures concrètes, Angers constitue un terrain d’études<br />
privilégié pour cette recherche.<br />
3.2. Le Val de Loire envisagé à l’échelle européenne<br />
Les études menées à l’échelle européenne (Bock 2003, Carrière 2005, Rakotofiringa,<br />
2005), notamment à l’occasion de l’élaboration du Schéma de Développement de l’Espace<br />
Atlantique (SDEA) adopté en juin 2005 lors de l’Assemblée Générale de la Commission Arc<br />
Atlantique de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes, et dont la coordination<br />
scientifique et la partie française ont été confiées à des chercheurs de CITERES, constituent<br />
une importante source d’informations à exploiter pour mieux évaluer le positionnement<br />
européen des villes du Val de Loire. Sans rappeler le contenu de ce document de grande<br />
ampleur, destiné à examiner la possibilité d’un développement équilibré et polycentrique des<br />
44 régions de l’Espace Atlantique, il convient de préciser que l’évaluation stratégique de<br />
l’armature urbaine de ces Régions a conduit à distinguer quatre niveaux d’analyse : les<br />
métropoles, les villes et systèmes urbains intermédiaires, les villes moyennes, les petites villes<br />
et les espaces ruraux. En croisant des indicateurs de masse, d’accessibilité, d’environnement<br />
socio-économique, de compétitivité et d’équipement (chacun des indicateurs correspondant à<br />
ces critères faisant l’objet d’une cartographie), l’étude a proposé une typologie des aires<br />
urbaines de l’ensemble des Régions faisant partie de la façade atlantique – lato sensu -, d’où il<br />
ressort que l’ensemble Nantes-Saint-Nazaire participe de la catégorie des « métropoles de
ayonnement international limité et d’accessibilité médiocre », alors que Angers, Tours,<br />
Orléans s’inscrivent dans la catégorie des « systèmes intermédiaires à rayonnement fort ». On<br />
pressent alors que si aucune de ces villes considérées isolément ne dispose d’une très forte<br />
« visibilité » à l’échelle européenne, elles forment conjointement avec certaines de leur<br />
homologues proches (Le Mans, l’ensemble Poitiers-Chatellerault…) une « grappe de villes »<br />
maillant fortement la France atlantique du nord-ouest, autrement dit cet espace que le SDEA<br />
considère comme l’un des « espaces-moteurs » de la façade occidentale du vieux continent.<br />
Les résultats de ces travaux constituent par eux-mêmes une invitation à considérer<br />
l’hypothèse stratégique d’un développement en réseau de ces villes, permettant de pallier<br />
l’absence de grandes métropoles internationales par la mise en valeur de leurs<br />
complémentarités.<br />
Au demeurant, si elles apparaissent, au regard des principaux indicateurs socioéconomiques<br />
et démographiques, relativement faibles à l’échelle européenne, et en toute<br />
hypothèse, atlantique, les principales villes du Val de Loire ne sont pas pour autant sans<br />
atouts. Insérées dans un environnement régional favorable, comme le montrent les calculs<br />
d’indices de développement relatif à l’échelle atlantique, les aires urbaines correspondantes<br />
partagent avec les territoires urbanisés des franges franciliennes, le haut du classement des<br />
territoires, réalisé en fonction de leur niveau de développement à partir d’une méthode<br />
originale de mesure des disparités intra-régionales de développement (Rakotofiringa, 2005).<br />
Ces calculs, réalisés à l’échelle communale permettent aussi de constater que les espaces<br />
péri-urbains situés autour de ces mêmes aires urbaines, bénéficient d’une dynamique<br />
généralement favorable. C’est au sein de ces territoires que se concentre l’activité<br />
économique, et dans les « pays » de l’axe ligérien l’existence d’un tourisme d’affaires vient<br />
nettement conforter le renforcement des dynamiques territoriales locales.<br />
3.3. Vers un développement patrimoniopolitain dans le Val de Loire ?<br />
Comme point de départ, la métropolisation peut nous aider à penser les politiques de<br />
compétitivité et d’attractivité territoriale d’agglomérations moyennes, et en particulier de<br />
celles situées dans le Val de Loire. Selon les tenants de la métropolisation, celle-ci reposerait<br />
au moins partiellement sur une forte croissance des activités de services aux entreprises, en<br />
particulier des services financiers, informatiques, légaux, de conseil en organisation, de<br />
publicité, de marketing... 12 . Or, en France, la plus grande partie des emplois de services aux<br />
entreprises - ou, du moins, des services dit supérieurs - se concentrent dans l’aire urbaine<br />
parisienne et secondairement dans quelques métropoles régionales. Les agglomérations de<br />
taille moyenne (moins de 400 000 habitants) se caractérisent par une part faible de services de<br />
haut niveau et un noyau de services courants. Il s’agit alors de définir à quelles conditions<br />
certaines agglomérations de taille moyenne peuvent espérer bénéficier de la croissance<br />
globale des services aux entreprises (Demazière, 2005b). Parmi les facteurs permettant<br />
l’implantation de telles activités, figure naturellement la production d’espaces aménagés<br />
(zones d’activités et immobilier). En l’absence d’interventions publiques, l'écart entre les<br />
(grandes) agglomérations bien dotées de services aux entreprises et celles qui en sont<br />
dépourvues risque de s'accroître. Pour qu'un rattrapage puisse s'amorcer, l’agglomération<br />
moyenne doit répondre à certaines conditions d’ordre économique, mais aussi faire preuve de<br />
volontarisme. Analyser les actions publiques visant à attirer des activités tertiaires permet<br />
<br />
12 La métropolisation s’appuie également sur une masse démographique, une forte dotation en infrastructures de transport,<br />
la présence de sièges sociaux d’entreprises, le dynamisme culturel, etc.
donc de percevoir de façon plus large les projets et actions de développement métropolitain<br />
des agglomérations moyennes L’étude des cas de Nantes, Orléans et Tours a montré que, pour<br />
les opérateurs locaux de l’aménagement, le développement économique se suscite par la<br />
qualité urbaine, la recherche de la mixité, la valorisation du cadre paysager (Demazière,<br />
2002). Même si ces éléments se retrouvent dans d’autres espaces de projet urbain en Europe<br />
(Carrière et Demazière, 2002), il existe un lien fort entre l’approche aménagiste<br />
contemporaine et les caractéristiques du Val de Loire, dans ses aspects urbains et de nature.<br />
Désormais, les recherches de CITERES pourraient porter sur la cohérence d’actions<br />
ponctuelles et successives, portés par des acteurs variés, dans des espaces du Val de Loire où<br />
le coût de la qualité des projets a un impact variable sur les finances locales (communauté de<br />
communes versus communauté d’agglomération). On peut déjà citer quelques travaux de<br />
jeunes chercheurs sur les politiques touristiques des communautés d’agglomération, les<br />
facteurs de réussite des projets touristiques ou la mise en œuvre du développement durable<br />
dans les espaces périurbains (Krugler, 2004 ; Razzak, 2004 ; Stroobant, 2004).<br />
Une autre voie à explorer est celle de la constitution d’un projet de développement<br />
spécifique par le biais d’une alliance entre plusieurs villes. Cette question est posée depuis<br />
plus de trente ans, ce qui offre un certain recul. Impulsé par l’Etat, le projet de « métropole<br />
jardin » n’a pas été approprié localement, non plus que le «réseau Orléans-Blois-Tours » qui<br />
figure dans les scénarii prospectifs de l’aménagement du territoire français privilégiés par la<br />
DATAR. A un autre niveau, la procédure des contrats régionaux d’agglomération, initiée par<br />
le Conseil Régional du Centre en 1999 n’a pas été l’occasion de dessiner un projet urbain<br />
régional, ni de mettre en place des complémentarités entre les agglomérations du Val de Loire<br />
(Boutet, 2003). Dans ce contexte, la démarche patrimoniopolitaine ne peut être aujourd’hui<br />
mise à l’agenda que par les acteurs locaux eux-mêmes. Etant donné les spécificités du Val de<br />
Loire, qui forment par ailleurs un formidable appui au développement, nous ressentons le<br />
besoin de capitaliser les connaissances acquises, ainsi que d’élaborer de nouvelles recherches.
4. La Loire, une infrastructure paysagère, culturelle 13 et<br />
environnementale<br />
Laura Verdelli et Sylvie Servain-Courant<br />
UMR 6173 CITERES et Institut d'Archéologie (Université de Coimbra, Portugal) –<br />
UMR 6173 CITERES et Ecole Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage<br />
La question du développement de l'agglomération de Tours, plus spécifiquement celle<br />
ayant lieu dans le corridor fluvial, la prise en compte du développement durable, des<br />
paysages, des patrimoines naturel et culturel et de la biodiversité sont autant de thèmes<br />
abordés dans l'UMR CITERES par plusieurs entrées disciplinaires dont la géographie,<br />
l'aménagement et l'écologie. Au sein de l'équipe Ville-Société-Territoire, les deux axes<br />
« Politiques Publiques et Territories » et « Dynamiques Environnementales et Paysagères »<br />
abordent ces aspects de façon complémentaire et participent à des programmes de recherche<br />
transversaux :<br />
- « La gestion durable de la ressource paysage : usages et régulation d'une ressource<br />
naturelle 14 » du programme Paysage et développement durable (MEDD, 2005)<br />
- « Espaces habités, espaces anticipés ; qualification, appropriation et analyse » 15 , du<br />
programme non thématique de l'ANR (juin 2005)<br />
- « Les espaces périphériques urbains et le développement durable : analyse à partir du<br />
cas de l'agglomération tourangelle 16 » du Programme Interdisciplinaire Développement<br />
Urbain Durable (CNRS 2005)<br />
Nous exposons ici les premiers résultats de l'approche que nous réalisons dans le cadre de<br />
ce dernier programme sur La résistance à l'urbanisation de communes du corridor fluvial de la<br />
Loire et leurs efforts pour la conservation des paysages (Indre-et-Loire, France) 17<br />
4.1. Introduction<br />
Les travaux présentés s'inscrivent dans une réflexion sur les dimensions spatiales et<br />
territoriales du développement durable en périphérie de l'agglomération de Tours. Ces<br />
<br />
13 Cette approche à fait l'objet d'un projet intitulé "Rivers as cultural infrastructures" bénéficiant d'une subvention du<br />
programme Culture 2000 de la Commission de l'Union Européenne auquel ont participé 7 partenaires internationaux<br />
travaillant sur différents fleuves (Aura, Finlande ; Vistule, Pologne ; Guadiana, Portugal ; Pô, Italie ; Rhône et Loire, France),<br />
directeur exécutif Laura Verdelli<br />
14 Coordination Corinne LARRUE (directrice équipe VST, UMR6173 CITERES, Université François Rabelais, Tours) –<br />
Peter KNOEPFEL, (IDHEAP Institut de Hautes Etudes en Administration Publique, Chavannes-près-Renens, Suisse)<br />
Les auteurs participent pour le cas d'étude : Candes-Saint-Martin dans le corridor fluvial ligérien (seule exemple en milieu<br />
fluvial)<br />
15 Coordination Serge Thibault (directeur UMR6173 CITERES, EPU DA, Université François Rabelais, Tours),<br />
partenaires MSH - Université de Clermont-Ferrand (Nora Semmoud), Ecole d’Architecture de Nantes (<strong>Laurent</strong> Devisme),<br />
MSH Villes et territoires - Université de Tours (Sylvette Denèfle)<br />
Les auteurs participent aux axes : Ecologie de l’action, appropriation de l’espace et Ingénierie de l’action, analyse spatiale<br />
et décision, pour ce qui concerne leur application au corridor fluvial de la Loire<br />
16 Coordination José Serrano (UMR6173 CITERES- EPU DA, Université François Rabelais, Tours)<br />
Les auteurs participent pour ce qui est de l'axe « Analyse de documents programmatiques, instruments normatifs et<br />
pratiques d'aménagement urbain dans l'agglomération de Tours »<br />
17 Extrait de la communication collective (Dominique Andrieu, José Serrano, Sylvie Servain-Courant, Laura Verdelli)<br />
présentée au Colloque International « Les villes au défi du développement durable : Quelle maîtrise de l’étalement urbain et<br />
des ségrégations associées ? », 24-25 novembre 2005, Sfax, issue des recherches de l'axe « Analyse de documents<br />
programmatiques, instruments normatifs et pratiques d'aménagement urbain dans l'agglomération de Tours » projet « Les<br />
espaces périphériques urbains et le développement durable : analyse à partir du cas de l’agglomération tourangelle » du<br />
Programme Interdisciplinaire Développement Urbain Durable (CNRS 2005)
echerches abordent la question du développement durable en termes de consommation<br />
d'espace et de ressources naturelles.<br />
C'est la loi d'orientation foncière de 1967 qui a institué les premiers documents<br />
d'urbanisme (Schéma Directeur d'Aménagement Urbain et Plan d'Occupation du Sol). La loi a<br />
été rédigée dans un contexte de forte croissance. De fait, les documents d'urbanisme ont été<br />
orientés vers la recherche et la gestion d'un fort développement. Depuis, le contexte<br />
économique a évolué et les documents d'urbanisme ont été modifiés. La croissance a cédé la<br />
place à des objectifs plus qualitatifs, les nouveaux documents d'urbanisme (Plan<br />
d'Aménagement et de Développement Durable, Schéma de Cohérence Territoriale, Plan Local<br />
d'Urbanisme...) sont censés traduire cette évolution. Il nous reste à savoir si cette évolution est<br />
formelle ou si elle traduit une évolution plus profonde des projets de développement.<br />
Il s'agit donc d'analyser de quelles façons le développement durable est mobilisé par les<br />
différentes parties prenantes dans les exercices de planification urbaine. Ceci afin de mettre en<br />
évidence comment les acteurs institutionnels mobilisent la notion au regard du devenir des<br />
espaces et voir si l'engagement des concepts de développement durable contribue à construire<br />
une nouvelle stratégie pour les espaces périurbains et/ou une nouvelle définition de ces<br />
espaces.<br />
Le point de départ de notre réflexion se fonde sur le fait observé que les politiques urbaines<br />
sont de plus en plus amenées à porter une attention aux espaces situés en dehors de la ville<br />
elle-même, agrandissant ainsi la zone d'influence de cette dernière, surtout en ce qui concerne<br />
l'utilisation et l'appropriation des espaces naturels et agricoles, véritables réserves foncières<br />
encore relativement faiblement urbanisées, à proximité des villes.<br />
L'approche adoptée part du constat que le corridor fluvial concentre des demandes<br />
multiples, souvent contradictoires, et qu'il s'agit de ce fait d'un espace de conflit. En effet, tout<br />
en étant des zones de croissance urbaine potentielle, ces espaces sont cultivés (cultures<br />
maraîchères, grandes cultures) et font l'objet de demandes en matière d'usage récréatif et de<br />
loisirs (Dutour et al., 2002). Ils nourrissent aussi de fortes attentes en termes de qualité de vie<br />
(poumon vert, paysage, patrimoine naturel et culturel…), phénomène accentué par<br />
l'inscription dans la catégorie des paysages culturels sur la liste du Patrimoine Mondial de<br />
l'UNESCO (datant du 30 novembre 2000).<br />
L'hypothèse scientifique est que la protection mono-fonctionnelle d'une partie des espaces<br />
naturels en tant qu'« espaces remarquables » ou en tant qu'espaces impropres à l'urbanisation<br />
ne fait que déplacer ce type de consommation d'espace sur des zones agricoles jugées plus<br />
ordinaires localisées sur les plateaux. D'autant plus que dans le cas d'un corridor fluvial, le<br />
Plan de Prévention des Risques d'Inondation réglemente et limite déjà fortement<br />
l'urbanisation.<br />
4.2. Analyse croisée de l'étalement urbain<br />
Nous avons fait une analyse du processus de planification du territoire le long de la Loire,<br />
sur le périmètre du SCoT de l'agglomération 18 , suivant une approche en trois volets :<br />
cartographie de l'étalement urbain et de l'occupation du sol ; suivi de l'élaboration et l'examen<br />
de la formulation des différents outils de planification du territoire (POS/PLU, ZPPAUP,<br />
PPRI, PADD) ; entretiens semi-directifs auprès des responsables institutionnels (élus ou<br />
responsables des services d'urbanisme).<br />
<br />
18 Le SCoT est actuellement en phase d’élaboration
Ce qui aboutit à évaluer quels sont les outils de maîtrise foncière et de protection des<br />
espaces naturels et agricoles qui sont mis en œuvre, et ainsi caractériser la réussite des<br />
démarches intercommunales visant une gestion économe de l'espace.<br />
Figure 4. 1 : Plan de Prévention des Risques d'Inondation<br />
et Schéma de Cohérence territoriale (SCoT)<br />
Choix des sites<br />
La zone d'étude est constituée, à l'intérieur du périmètre du SCoT de l'agglomération<br />
tourangelle, par les communes se situant dans le corridor fluvial de la Loire et de ses<br />
affluents, ceci afin d'analyser le traitement des surfaces incluses dans le périmètre du PPRI.<br />
Les trois communes présentées et choisies comme étude de cas sont en limite du SCoT. Il<br />
s'agit de Luynes et de Saint-Étienne-de-Chigny, en aval de Tours, et de Montlouis-sur-Loire à<br />
une distance équivalente, en amont de Tours.<br />
Leur territoire communal s'étend sur plusieurs entités paysagères, val, coteau et plateau,<br />
ces deux dernières se trouvant en dehors des zones à risque d'inondation. Ces réserves<br />
foncières permettent aujourd'hui d'imaginer (et promouvoir) une extension de l'urbanisation<br />
en dehors de la zone inondable.<br />
4.3. Premiers résultats<br />
A ce stade de l'étude nous disposons d'une série d'éléments d'analyse spatiale systématisés<br />
qui seront complétés dans la suite du projet.<br />
Occupation du sol<br />
La base de données d'occupation du sol permet de quantifier et spatialiser la situation<br />
présente dans chacune des trois communes et de faire une synthèse de la situation actuelle.<br />
Les espaces agricoles, urbanisés, « naturels » et « semi-naturels » sont tout d'abord
caractérisés à l'échelle de la commune avant de ne prendre en compte que les zones<br />
inondables. La cartographie des PLU permet ensuite d'identifier plus précisément<br />
l'urbanisation et son extension future.<br />
Montlouis-sur-Loire Luynes St-Étienne-de-Chigny<br />
Population Population de 9 827<br />
habitants (RGP 1999).<br />
Population de 4 620<br />
habitants (RGP 1999).<br />
Population de 1 340<br />
habitants (RGP 1999).<br />
Caractéristiques générales<br />
de l'urbanisation<br />
Espaces urbanisés en zone<br />
inondable<br />
Urbanisation future en<br />
zone inondable<br />
Espaces agricoles<br />
Caractéristiques générales<br />
Espaces agricoles en zone<br />
inondable<br />
Espaces « naturels » et<br />
« semi-naturels »<br />
Caractéristiques générales<br />
Espaces « naturels » et<br />
« semi-naturels »<br />
en zone inondable<br />
Valorisation des zones<br />
inondables : loisirs,<br />
tourisme<br />
centre ancien entouré par<br />
des lotissements sur le<br />
plateau, deux ZAC et une<br />
zone d'activités (plateau et<br />
val)<br />
De l'habitat en bordure des<br />
voies de communication<br />
(aléa moyen et fort), une<br />
ZAC (aléa moyen et fort) et<br />
deux zones d'activité (aléa<br />
moyen) 19<br />
Centre ancien, lotissements<br />
et trois zones d'activités sur<br />
le plateau<br />
Partie sud du centre ancien<br />
(aléa moyen), bâti longeant<br />
la route départementale<br />
n°49 et des hameaux<br />
anciens (aléa moyen et fort)<br />
Deux centres anciens et<br />
une extension récente<br />
limitée (deux lotissements)<br />
sur le plateau.<br />
Quelques habitations du<br />
centre bourg et deux<br />
hameaux (aléa fort)<br />
ZAC de Conneuil Aucune urbanisation Aucune urbanisation<br />
Viticulture (AOC) sur le<br />
plateau<br />
Grandes cultures et<br />
quelques prairies<br />
Grandes cultures et<br />
prairies (aléa moyen)<br />
Jardins (aléa fort et<br />
très fort)<br />
Catégories peu présentes<br />
Forêt alluviale et<br />
végétation basse dans le lit<br />
endigué<br />
Grandes cultures et<br />
quelques prairies,<br />
maraîchage et pépinières.<br />
Grandes cultures et prairies<br />
(aléa moyen<br />
et fort)<br />
Quelques rangs de vigne et<br />
jachères<br />
Espaces boisés privés<br />
étendus et localisés sur le<br />
plateau<br />
Val : peupleraies dans Lit<br />
endigué :végétation basse<br />
dominante.<br />
Peu de sièges<br />
d'exploitations (trois<br />
agriculteurs)<br />
Espace agricole réduit du<br />
fait de l'importance de la<br />
forêt<br />
Grandes cultures et prairies<br />
(aléa fort)<br />
Jardins (aléa très fort)<br />
Quelques rangs de vigne<br />
Espaces boisés privés<br />
occupant plus de la moitié<br />
de la commune<br />
Forêt alluviale dans le lit<br />
endigué<br />
Maison de la Loire Espaces de loisirs, terrain Espace de loisirs (ancien<br />
(animations et chemin en de jeux, centre aéré, terrains camping), un terrain de<br />
bord de Loire), camping,<br />
piscine découverte.<br />
de sports, un camping,<br />
chemins en bord de Loire<br />
sport, chemins en bord de<br />
Loire<br />
Tableau 4.1 : Première synthèse de l'occupation du sol par commune<br />
Plans Locaux d'Urbanisme<br />
Luynes et Saintt-Étienne-de-Chigny sont des communes relativement peu urbanisées, les<br />
zones agricoles et naturelles occupant plus de 90% de leur territoire. Les zones d'urbanisation<br />
future sont peu étendues et localisées sur le plateau.<br />
Une pression foncière forte s'est exercée, et s'exerce aujourd'hui, sur les deux communes<br />
sans avoir le même impact du fait de politiques communales aux objectifs différents. Cela a<br />
engendré un accroissement de l'urbanisation beaucoup plus important à Luynes, où le POS qui<br />
avait précédé l'actuel PLU multipliait les zones d'urbanisation future NA. Dans le dessein de<br />
<br />
19 Localisation en suivant les axes routiers et ferroviaires : au sud, le long de la route D.140 (bâti ancien et zone d'activité) ;<br />
au nord, longeant la route D.751 : bâti, zone d'activité et ZAC de Conneuil. Sa localisation, a été choisie pour sa proximité<br />
avec le centre ferroviaire de St-Pierre-des-Corps et la desserte par route D.751, qui s'avère être un axe routier important. Les<br />
mêmes types d'arguments ont été avancés pour la localisation des Zones Industrielles, implantées dans les années 60 : ZI<br />
Saule Michaud, proche de la voie ferrée Paris-Bordeaux et D.751 ; ZI le long de la vallée du Cher (Thuisseau), caractérisée<br />
par la proximité à l'axe routier et située le long de la voie de chemin de fer Tours-Vierzon.
limiter le phénomène d'étalement urbain et le nombre de poches d'urbanisation, l'actuel PADD<br />
restreint les possibilités de construire sur des espaces naturels de qualité, et préserve<br />
désormais ces sites fragiles de toute urbanisation nouvelle. La commune de Montlouis-sur-<br />
Loire, bien que se trouvant à une distance équivalente de Tours, est plus urbanisée. Le<br />
phénomène de péri-urbanisation a débuté dans les années 60 par un étirement de la zone bâtie<br />
depuis le bourg le long des axes de circulation et le développement de zones industrielles. Le<br />
premier POS (1983) a permis une urbanisation continue mais contrôlée (habitat pavillonnaire<br />
et collectif) qui s'est poursuivie depuis, principalement sur le plateau 20 , mais tend maintenant<br />
à être limitée.<br />
A l'échelle du ScoT, les communes dont le centre urbain (ancien) est proche du fleuve (cas<br />
de Montlouis par exemple) sont en train de valoriser cet espace et de le rendre accessible.<br />
Néanmoins, cette remarque de bon sens correspond à une situation tout à fait récente, cette<br />
attention fait en effet suite à des années de désintérêt marqué pour les « bords de Loire ».<br />
Seules les trois communes proches de Tours dont la totalité du territoire communal est en<br />
zone inondable 21 continuent à construire dans le corridor, alors que les autres communes ont<br />
reporté leur développement sur les plateaux.<br />
Globalement, on observe une volonté manifeste de lutter contre le mitage urbain. Le cas du<br />
corridor fluvial est particulier puisque de fait il existe un bâti ancien linéaire (le long de la<br />
levée et en bas des coteaux) et dispersé (exploitations agricoles dans le val) qui est souvent<br />
rénové, cas rencontré à Luynes et St-Étienne-de-Chigny. Dans les communes possédant des<br />
quartiers plus étendus, cas de Montlouis et du centre ancien de Luynes, il n'y aura pas<br />
d'extension possible.<br />
Règlements des Projets d'Aménagement et de Développement Durable<br />
Les trois règlements des PADD sont assez homogènes (en stricte observation des lignes<br />
guides). Ils s'organisent autour de la préservation et mise en valeur des patrimoines culturels<br />
et naturels, déclinés selon les variables : sites et paysages et villes et vignes ; de l'organisation<br />
et de la gestion du développement urbain ; de la maîtrise des déplacements ; de la protection<br />
contre les risques (surtout inondations et effondrements des coteaux) et les nuisances.<br />
Tous soulignent la volonté de conforter le dynamisme culturel et de réaffirmer les liens<br />
avec la Loire (en souhaitant conserver l'image sauvage du fleuve et de ses berges). Mais aussi<br />
de développer le potentiel touristique et de loisirs, tout en soulignant le rôle de ces communes<br />
en matière de transition entre l'espace rural et l'espace urbain, leur souhait de préserver leur<br />
identité communale, toujours en participant au développement et à l'organisation de<br />
l'agglomération, et partageant la valeur de l'intercommunalité.<br />
Tous posent l'accent sur l'originalité et l'identité du patrimoine bâti (entre l'utilisation<br />
massive du tuffeau et de l'ardoise et l'habitat troglodytique, à conserver et valoriser) et<br />
paysager (entre coteaux, vignobles et trames vertes) du Val de Loire.<br />
Un autre élément de dynamique commun est celui du réseau « Loire à vélo », perçu aussi<br />
bien comme ingrédient de cohésion entre les communes que comme facteur interne à chaque<br />
municipalité.<br />
<br />
20 En concurrence avec les terres agricoles (viticulture principalement)<br />
21 La Ville-aux-Dames, St-Pierre-des-Corps, La Riche
Figure 4.2 : occupation du sol dans le corridor fluvial<br />
des communes de St-Étienne-de-Chigny et Luynes en 2002<br />
<br />
Figure 4.3 : Plan de Prévention des Risques d'Inondation du corridor fluvial<br />
des communes de St- Étienne-de-Chigny et Luynes 22<br />
Projets des élus 23<br />
La perception qu'ont les élus de l'espace périurbain et donc les projets de développement<br />
qu'ils élaborent, dépendent des ressources et des outils disponibles (Fauvel, 2005). Or les<br />
compétences en aménagement et environnement sont restées au niveau communal alors que la<br />
compétence sur le développement économique a été transférée au niveau intercommunal. Les<br />
<br />
22 Zone de type « B » : zone déjà urbanisée<br />
23 Réalisé à partir des entretiens
communes étudiées sont placées sur un gradient d'éloignement qui correspond aussi à un<br />
gradient de population et donc à un gradient de budget et de moyens techniques.<br />
Toutes les communes étudiées mettent en avant leur volonté de continuer à se développer<br />
tout en préservant et en renforçant leur identité. Celle-ci passe par la diversité et la qualité des<br />
paysages. Elles se définissent comme des « villes - parc », « villes - jardin » ou plus<br />
simplement des « villes à la campagne ». De fait de la morphologie, les communes sont<br />
composées de vallées inondables occupées par le maraîchage, les jardins ou les grandes<br />
cultures, des coteaux boisés et d'un plateau majoritairement occupé par les grandes cultures et<br />
secondairement par la forêt ou la vigne. Parfois, des châteaux au sommet des coteaux ou sur<br />
les plateaux rehaussent la qualité des paysages.<br />
Toutes les communes affirment leur volonté de poursuivre une croissance démographique<br />
maîtrisée. La plaine inondable bien que protégée par une digue a été relativement bien<br />
épargnée par l'urbanisation. Seul un habitat ancien et réduit l'occupe. La plaine est façonnée<br />
par le maraîchage, les grandes cultures et les zones de loisirs de plein air (camping...). La<br />
croissance s'est faite sur le plateau agricole. Elle a débuté à partir des années 70 et s'est<br />
poursuivie à un rythme d'autant plus soutenu que l'on était proche de Tours. La mise en place<br />
d'un Plan de Prévention des Risques d'Inondation et l'émergence du concept de<br />
développement durable ont-ils modifié la manière de concevoir le développement ?<br />
En ce qui concerne la localisation de l'urbanisation, le PPRI a peu modifié la donne car la<br />
zone inondable était déjà reconnue par un projet d'intérêt général et les communes se sont<br />
développées en tournant le dos à la Loire et en « conquérant » les plateaux.<br />
Les communes mettent en avant de la diversité et la qualité des paysages comme un<br />
élément identitaire fort. Cependant, seul Montlouis a véritablement structuré une réflexion et<br />
un plan d'action en matière de gestion des paysages (Direction Départementale de<br />
l'Agriculture de la Forêt, 2003). Les autres communes se contentent de déplorer l'évolution<br />
des paysages et de l'agriculture vers une agriculture intensive et de grandes structures. Elles<br />
reconnaissent que l'étalement urbain se fait en consommant de l'espace agricole mais c'est une<br />
fatalité. C'est le prix à payer pour pouvoir poursuivre le développement. Les seuls espaces<br />
agricoles dignes d'être préservés sont les vignes qui, étant classées en appellation d'origine<br />
contrôlée, peuvent être un vecteur fort de l'identité locale. En dehors des vignes, la<br />
consommation d'espace n'est pas limitée par une gestion active des paysages mais plus par les<br />
ressources financières limitées de la commune (coût d'investissement et de gestion des<br />
équipements). En reprenant la typologie élaborée par Dufay, les projets communaux<br />
mobilisent les notions de qualité de vie en termes de marketing. Ce qui correspond<br />
pratiquement au degré le plus bas de la prise en compte du développement durable 24 .<br />
Montlouis, en intégrant les conséquences de la croissance urbaine sur l'agriculture, fait figure<br />
d'exception.<br />
4.4. Conclusions<br />
Au final, les vallées inondables et les bords de Loire sont en voie de valorisation. Les bords<br />
de la Loire ont été le siège d'activités de transport et manufacturières importantes dans le<br />
passé. Ces espaces ont été désertés au cours des décennies récentes et uniquement dans les<br />
<br />
24 Dufay classe le contenu et document d'urbanisme selon un gradient croissant de l'intégration du concept de<br />
développement durable : (1) développement durable ignoré, (2) développement durable est un leurre marketing, (3)<br />
développement durable réduit à l'environnement, (4) les conséquences des aménagements sont évaluées à l'aune du<br />
développement durable, (5) le développement durable est un principe de base du projet de développement
dernières années on observe un renouveau d'intérêt. Les communes dont le vieux centre est<br />
proche du bord de Loire valorisent de manière active cette proximité en organisant des<br />
activités ludiques de plein air ou de découverte de la nature. Néanmoins ces orientations<br />
semblent plus dictées par des soucis de respect des réglementations en matière de PPRI et par<br />
des possibilités de développement via le tourisme et l'excursionnisme que par des réelles<br />
préoccupations de développement durable.<br />
En réaffirmant leur volonté de développer les communes, les acteurs institutionnels<br />
réaffirment aussi leur volonté de poursuivre l'urbanisation. Il s'agit juste de la déplacer du val<br />
au plateau, et ce malgré les problèmes d'accessibilité de ce dernier, souvent desservi par une<br />
seule route.<br />
La recherche dont ces réflexions sont issues nous a amené à superposer deux terrains<br />
d'étude différents 25 et donc a abouti, d'une part à élargir l'entité spatiale considérée, d'autre<br />
part à reconsidérer les partis pris de départ de chacun. Le corridor fluvial, bien qu'étant une<br />
unité paysagère et fonctionnelle cohérente, ne peut être séparé du plateau si l'on s'intéresse au<br />
développement durable.<br />
Ce qui, à l'échelle du corridor fluvial, pouvait à première vue sembler un changement<br />
d'attitude vis à vis des enjeux liés à la soutenabilité du développement, une fois élargi le<br />
périmètre, s'avère être seulement une adaptation superficielle de stratégie, ayant les mêmes<br />
démarches et buts qu'auparavant, où la zone d'expansion urbaine est simplement repositionnée<br />
sur le plateau, préservant le corridor fluvial.<br />
<br />
25 L'équipe rassemblée autour de cet axe du projet de recherche en cours est composée de chercheurs travaillant sur le<br />
corridor fluvial proprement dit, et d'autres travaillant sur les espaces agricoles à l'échelle des communes
5. Travaux et publications<br />
5.1. Thèses soutenues<br />
Chiappero Dany, 1996 - « Patrimoine ligérien et développement urbain, définition et<br />
nouvelles pratiques d’aménagement », sous la direction de Thibault Serge, Université de<br />
Tours, p.544, annexes tome 1, p.110, annexes tome 2, p.155<br />
Devisme <strong>Laurent</strong>, 2001 - « L’urbanisme de nouvelles centralités : théories, dynamiques,<br />
projets », sous la direction de <strong>Jean</strong>-<strong>Paul</strong> Carrière, Université de Tours, p.462<br />
Rollinat Jérôme, 2003 - « Du centre à la périphérie, complémentarité et concurrence des<br />
lieux de la centralité économique urbaine », sous la direction de Thibault Serge,<br />
Université de Tours, p.544<br />
Boutet Annabelle, 2003 - « Aide à la conduite d’un projet de territoire et réflexion sur<br />
l’organisation du territoire régional », sous la direction de Serge Thibault avec<br />
<strong>Christophe</strong> Demazière, Université de Tours<br />
Fortier Mélanie, 2003 - Territoire et convention. La construction politique d’un espace<br />
communautaire d’action ; le cas de l’agglomération tourangelle, sous la direction de<br />
Michel Lussault, Université de Tours, décembre 2003<br />
5.2. Thèses en cours (sur le val de Loire)<br />
Franck Huyghues-Despointes, Une qualification de patrimoine mondial sur un espace : le Val<br />
de Loire : Vers une gouvernance territoriale environnementale ? Thèse en<br />
aménagement de l'espace et urbanisme, sous la direction de Corinne Larrue et de Patrice<br />
Melé (co-financement Région Centre et ADEME)<br />
Cette thèse se propose d'analyser les réseaux d'acteurs, d'une part publics, c'est-à-dire<br />
Etat et collectivités locales, et d'autre part associatifs, avec les associations de protection<br />
de l'environnement au sens large, dans la mise en œuvre de politiques<br />
environnementales à l'échelle du bassin versant de la Loire et plus particulièrement en<br />
Loire moyenne (Orléans-Angers). Au sein des politiques environnementales, il s'agit de<br />
reconstruire la politique publique Loire et d'étudier comment et pourquoi la manière de<br />
penser et d'agir sur cet objet géographique : le fleuve et sa vallée ont évolué<br />
radicalement sur un temps relativement court (15-20 ans). Le dernier volet de cette<br />
recherche s'intéresse au temps présent, à savoir l'inscription du val de Loire sur la Liste<br />
du patrimoine mondial ; il conviendra de voir comment ce label patrimoine mondial<br />
joue comme une ressource pour les acteurs locaux afin de construire de nouvelles<br />
politiques publiques et/ou de nouveaux modes d'actions pour agir dans le domaine de<br />
l'environnement. En un mot, est-ce que la notion de gouvernance territoriale<br />
environnementale a un sens dans ce contexte ?<br />
Marie Fournier, La politique de protection contre les inondations dans le bassin de la Loire<br />
du 19 ème siècle à nos jours : quels enseignements tirer du passé pour mettre en œuvre<br />
une nouvelle politique ? Thèse en aménagement de l'espace et urbanisme, sous la<br />
direction de Corinne Larrue (co-financement Région Centre et Agence de l’Eau Loire<br />
Bretagne)
Cette thèse s’inscrit dans le cadre du programme de recherche européen INTERREG<br />
« Freude am Fluss » (mieux vivre au bord du fleuve). Celui-ci rassemble des institutions<br />
provenant des trois pays (Pays-Bas, Allemagne, France) autour de la question de la<br />
gestion du risque inondation dans les grands corridors fluviaux. La thèse projetée<br />
s’appuierait sur l’analyse des projets et réalisations menés au cours du 19 ème siècle<br />
consécutifs aux trois crues centennales sur le bassin de la Loire pour aboutir et enrichir<br />
la réflexion sur les projets menés aujourd’hui. Trois objectifs sont identifiés ; (1) retracer<br />
l’histoire de l’aménagement de la Loire Moyenne au regard de la problématique<br />
« inondation », (2) mettre en exergue les arrangements institutionnels qui ont prévalu au<br />
cours du 19 ème et du 20 ème siècles et identifier les permanences et évolutions, que ce soit<br />
dans la configuration des acteurs partie prenante, dans le choix des instruments d’action<br />
publique mobilisés que dans celui des représentations véhiculées, à ces différentes<br />
périodes, autour de la notion de risque « inondation », (3) resituer les études de cas<br />
menées au niveau local dans un contexte historique plus général et mettre l’accent sur<br />
les principaux éléments à prendre en compte aujourd’hui dans l’élaboration de nouveaux<br />
projets.<br />
Virginia Marquès-Boscher, Les incidences de l'inscription du Val de Loire comme patrimoine<br />
mondial sur des constructions identitaires se référant à l'existence d'un patrimoine<br />
gastronomique original face à des altérités internationales, nationales ou régionales.<br />
Thèse en Sociologie, sous la direction de <strong>Jean</strong> Pierre Corbeau<br />
Cette recherche se propose de saisir du point de vue des différents acteurs les incidences<br />
de l'inscription du Val de Loire sur les listes de l'UNESCO sur des constructions<br />
identitaires se référant à l'existence d'un patrimoine gastronomique original face à des<br />
altérités internationales, nationales ou régionales. Autrement dit, en quoi l'émergence de<br />
la notion Val de Loire patrimoine mondial peut-elle favoriser une construction des plats<br />
ou d'une nourriture appartenant à un « terroir » ligérien. Nous pensons nous intéresser,<br />
d'un point de vue socio-anthropologique et d'un point de vue économique, aux effets de<br />
« la mondialisation » sur le « répertoire culinaire » ligérien. Les impacts de « la<br />
mondialisation » sur la composition du patrimoine gastronomique ligérien seront étudiés<br />
dans une perspective diachronique et phénoménologique. Est-ce que la création d'un<br />
patrimoine gastronomique ligérien peut-être examinée en regard du phénomène de « la<br />
mondialisation » ? Qu'est-ce qu'il y avait, en Touraine, avant ce phénomène, qu'est-ce<br />
qu'il y a maintenant ? Comment peut-on lire cela ?<br />
Le point de départ de notre travail sera l'inscription du Val de Loire vue ici comme « un<br />
moment » du projet. Ceci afin de tenter de savoir comment est-on passé de<br />
l'aménagement à l'environnement au sens large, pour montrer comment le patrimoine<br />
mondial peut jouer comme une ressource. Nous tenterons de mettre en lumière<br />
l'existence d'un certain nombre de phénomènes liés à une « démocratie participative » où<br />
le territoire devient un lieu spécifique d'action publique sur un espace donné ayant des<br />
implications sur le local.<br />
Benoît Pin, La navigation fluviale comme outil du développement économique d'un espace<br />
patrimonial : analyse comparée de grands fleuves patrimoniaux ; l'exemple de la Loire<br />
et d'autres fleuves (Mékong, Niger, Rhin, Douro, Danube…), thèse en aménagement de<br />
l'espace et urbanisme, sous la direction de <strong>Jean</strong> Pierre Berton et Corinne Larrue (cofinancement<br />
Région Centre et Mission Val de Loire)
Il s'agit d'identifier les conditions socioprofessionnelles (existence de marine organisée<br />
par exemple), économiques (secteur touristique mobilisable), et institutionnelles<br />
(institutions liées au patrimoine notamment) qui conduisent à faire de la navigation<br />
fluviale un outil du développement économique. Cette identification doit conduire à<br />
développer un outil d'aide à la décision en la matière. D'un point de vue<br />
méthodologique, il s'agira de mener une analyse comparée des usages liés à la<br />
navigation actuels et passés et de les mettre en relation avec les facteurs<br />
socioprofessionnels, économiques et institutionnels identifiés ci dessus dans des<br />
contextes géographiques et historiques différents.<br />
Brigitte Ruaux, Les plantes envahissantes des corridors fluviaux - développement d'un outil<br />
pour la gestion patrimoniale des habitats ligériens menacés par les Jussies, Thèse en<br />
écologie des organismes et des populations, sous la direction de <strong>Jean</strong>-Pierre Berton et de<br />
Jacques Haury (INRA-Agrocampus Rennes, UMR 985), co-encadrement Sabine<br />
Greulich (co-Financement DIREN et Agence de l’eau Loire Bretagne)<br />
Cette thèse a pour objectif de mieux comprendre la biologie des principales plantes<br />
exotiques colonisant les habitats ligériens aquatiques et péri-aquatiques, les Jussies<br />
(Ludwigia peploides et Ludwigia grandiflora). Elle s'intéressera en particulier à l'impact<br />
des Jussies sur la végétation et les habitats naturels en Loire moyenne. Ces habitats<br />
abritent plusieurs communautés végétales d'intérêt patrimonial qui se caractérisent par<br />
une végétation autochtone éparse et potentiellement peu compétitive. Des suivis<br />
détaillés de la dynamique des populations végétales autochtones et exotiques ainsi que<br />
des manipulations expérimentales fourniront des données quantitatives sur les cycles de<br />
vie et les performances respectives des espèces sous différentes conditions<br />
environnementales. Ces données permettront de développer un plan de gestion pour une<br />
meilleure maîtrise des proliférations de Jussies dans les habitats ligériens à forte valeur<br />
patrimoniale.<br />
Laura Verdelli "Héritages fluviaux, des patrimoines en devenir. Infrastructure culturelle et<br />
aménagement". Thèse en aménagement de l'espace et urbanisme et en Patrimoine<br />
culturel, sous la direction de Serge Thibault et de José Manuel dos Santos Encarnação<br />
Cette recherche porte sur une analyse comparative de l'évolution de l'aménagement du<br />
territoire en fonction des variables "culture" et "patrimoines" (tant en matière de<br />
politiques publiques d'aménagement que de gestion des paysages), dans le cas des<br />
corridors fluviaux en Europe, en particulier, dans des sites inscrits sur la Liste du<br />
Patrimoine Mondial de l'UNESCO, dans la catégorie des paysages culturels, tels que : la<br />
Haute Vallée du Douro au Portugal, le Val de Loire en France, et le delta du Pô en Italie.<br />
La recherche part d'exemples qui ont subi la désaffectation du fleuve en tant qu'axe<br />
infrastructurel (de transport et économique) et qui sont aujourd'hui en train de le<br />
réaménager et revitaliser, à travers la réalisation d'infrastructures culturelles (en<br />
recourrant à la notion élargie de patrimoine culturel). L'analyse s'applique<br />
prioritairement aux politiques et aux projets (publics et privés) visant le développement<br />
du tourisme culturel et des activités de loisirs, de détente et distraction, et leur<br />
déclinaison dans différents champs de l'économie (en particulier la production<br />
vitivinicole dans la Loire et le Douro, dressée comme patrimoine culturel traditionnel<br />
afin d'en valoriser aussi bien la valeur mémorielle, identitaire et paysagère que celle<br />
marchande) qui en font des véritables outils de développement.
5.3. Rapports de recherche<br />
CARRIÈRE J.-P. et alii, 2005 - Schéma de Développement de l’Espace Atlantique , rapport<br />
final, CRPM (à paraître)<br />
CARRIÈRE J.-P., Bock E., 2005 - Schéma de Développement de l’Espace Atlantique ,<br />
Annexe France, CRPM (à paraître)<br />
LARRUE C., DI PIETRO, F., LEFEUVRE, M-P., CHIAPPERO, D., 2002 - Les conditions<br />
de la construction d'une politique locale de prévention des risques inondation. Rapport<br />
final pour le programme de recherche "Risque Inondation Programme RIO 1" du<br />
Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, Université de Tours<br />
Centre de Recherche Ville Société Territoire, p.88<br />
LÉVY J. (sous la direction de), 2002 - « CartogrAm », DATAR<br />
THIBAULT S., DEVISME L., 2001 - « La fabrique de l’urbain », rapport de recherche<br />
contrat MSH - Plan urbain Construction et Architecture, p.200<br />
THIBAULT S., 2004 - La vie quotidienne des lieux habités, « Echelles de l’Habiter », rapport<br />
de recherche MSH - Plan Urbanisme Construction et Architecture, Jacques Lévy et<br />
Serge Thibault, pp.95-145<br />
THIBAULT S., 2005 - « Mathématique, espaces et sciences sociales », Rapport de recherche<br />
Ministère de la recherche, ACI TTT, convention n° 0220449, p.104<br />
5.4. Publications<br />
BACCHI M, CORNIER Th., DIEU N., BERTON J.-P., 2001 – Impacts des actions<br />
anthropiques sur le fonctionnement écologique de l'hydrosystème ligérien, Acte du<br />
Colloque Hydrosystème, paysages et territoires, 6-8 Septembre 2001, Lille, CD Rom<br />
BERTON JP., CORNIER Th, 2002 – L'impact visuel des composantes de la biodiversité sur<br />
les paysages ligériens, Etudes Ligériennes, numéro sur Les paysages ligériens, pp.36-45<br />
CALENGE C., JEAN Y., 1997 - Espaces périurbains : au-delà de la ville et de la<br />
campagne ? (Problématique à partir d’exemples pris dans le Centre-Ouest), Annales de<br />
Géographie, n°396, juillet-août<br />
CARRIÈRE J.-P., FARTHING S., 2000 - Les Cités Atlantiques : villes périphériques ou<br />
métropoles de demain ? diagnostics et politiques, Paris, Publisud<br />
CARRIÈRE J.-P. (sous la direction de), 2002 - Villes et projets urbains en Méditerranée,<br />
Tours, Presses de la MSH « Villes et Territoires », p.135<br />
CARRIÈRE J.-P., 2005 - Une réflexion sur la construction du polycentrisme en Europe :<br />
apports et limites du rapport Potentials for polycentric development in Europe, Revue<br />
Territoires 2030, numéro 1, premier semestre 2005, pp.47-63<br />
CARRIÈRE J.-P., DEMAZIÈRE C., 2002 - Projet urbain et grands projets emblématiques :<br />
réflexions à partir de l’exemple d’Expo 98 à Lisbonne, in J.-P. Carrière (ed), Villes et<br />
projets urbains en Méditerranée, Tours, Presses de la MSH « Villes et Territoires »,<br />
pp.33-51<br />
CORNIER T, BOTTE F., BOUCHE-PILLON S., GENIN A., SERVAIN-COURANT S.,<br />
2000 – Les sites de référence en Loire moyenne. Une approche plus complète des<br />
activités anthropiques et des paysages ; l'exemple de Bréhémont (Indre-et-Loire), in<br />
L'eau de la cellule au paysage, Collection environnement, Ed. Elsevier, pp.323-339
CORNIER T., BOTTE F, 2002 – Les paysages d'étiage de la Loire. La végétation des grèves :<br />
l'exemple du Chenopodium rubri, études Ligériennes, numéro sur Les paysages<br />
ligériens, pp.176-189<br />
DEMAZIÈRE C., THIBAULT S., 2000 - Tours et Orléans, quelle métropolisation,<br />
« Gouverner les métropoles », sous la direction de M. Rousset- Deschamps, Villes en<br />
parallèle, n° 30/31, décembre 2000, pp.229-248<br />
DEMAZIÈRE C., THIBAULT S., 2002, Projets de territoires et observation des<br />
agglomérations : réflexion à partir des cas de Tours et d’Orléans, Lire les territoires,<br />
sous la direction d’Yves <strong>Jean</strong> et Christian Calenge, Collection Perspectives n°3, MSH<br />
Villes et territoires, pp. 91-104<br />
DEMAZIÈRE C., 2003 - L’implication des pouvoirs publics locaux dans la production<br />
d’immobilier d’entreprise : le cas des centres d’appels, Géocarrefour, vol. 78, n°4,<br />
pp.363-373<br />
DEMAZIÈRE C., 2005 - Le développement de l’intercommunalité, Les Cahiers français,<br />
« Villes et territoires », n°328, octobre 2005, pp.44-50<br />
DEMAZIÈRE C., 2005 - Devenir métropole ? Stratégies de développement des<br />
agglomérations de taille moyenne, Géographie – Bulletin de l’Association des<br />
Géographes Français, n°3, pp.298-309<br />
DEMAZIÈRE C., 2006 - Tours : construire une métropole interrégionale à l’ombre du Bassin<br />
Parisien, in A. Motte (sous la direction de), Les agglomérations françaises face aux<br />
défis métropolitains, Paris-Anthropos-Economica, à paraître début 2006<br />
DEMAZIÈRE C. (sous la direction de), 2002 - Services aux entreprises, politiques locales et<br />
centralité : analyse de quelques agglomérations françaises, rapport final pour le Plan<br />
Urbanisme Construction Architecture, p.272 (avec la collaboration de S. Thibault, D.<br />
Lucas, I. Bourdon, A. Boutet, A. Merour, P. Ménage)<br />
DEMAZIÈRE C., BOUTET A., 2001 - La région Centre et ses villes. Armature urbaine,<br />
réseaux de villes et aménagement du territoire, série Documents Sciences de la Ville,<br />
n°7, Tours, Université François-Rabelais, Maison des Sciences de l’Homme « Villes et<br />
Territoires »<br />
DEVISME L., 2002 - Le polycentrisme et ses justifications, in R. Allain, G. Baudelle et C.<br />
Guy (eds), Le polycentrisme : un projet pour l’Europe, Rennes, Presses Universitaires<br />
de Rennes<br />
DEVISME L., 2005 - La ville décentrée, Paris, L’Harmattan<br />
DI PIETRO F., 2004 - Echelles d'observation et niveaux d'organisation des espaces fluviaux.<br />
Une réflexion méthodologique à partir d'un paysage “ ordinaire ”, In : Scarwell HJ,<br />
Franchomme M (Eds). Contraintes environnementales et gouvernance des territoires,<br />
Actes du colloque international, Lille (France), 23-24 Septembre 2004, Editions de<br />
l'Aube, collection « Aube Nord », pp. 409-417<br />
DI PIETRO F., DOREAU D., 2001 - Le rôle de l'aménagement des paysages dans la<br />
préservation de la qualité de l'eau et de la biodiversité en zone de grande culture, Actes<br />
du colloque "Hydrosystèmes, paysages et territoires", Lille, 6-8 Septembre 2001, CD-<br />
Rom<br />
DI PIETRO F., DRILLEAU A., 1999 - La prise en compte du paysage par les Plans de<br />
Développement Durable agricoles: une évaluation en Val de Loire, Aménagement et<br />
Nature 134, pp.93-99
DI PIETRO F., LARRUE C., LEFEUVRE M-P., CHIAPPERO D., 2001 - Les représentations<br />
spatiales du risque inondations par les habitants des zones inondables: une comparaison<br />
urbain-rural en région centre, Actes du colloque "Hydrosystèmes, paysages et<br />
territoires", Lille, 6-8 Septembre 2001, CD-Rom<br />
DUTOUR A., GARNIER P., GENIN A., SERVAIN-COURANT S., 2002 - Développement<br />
de la ville de Tours et zone inondable : le cas du Val du Cher. Actes du Colloque<br />
Hydrosystème, paysages et territoires, 6-8 Septembre 2001, Lille, CD Rom<br />
DUVERNOY, I., JARRIGE F., MOUSTIER P., SERRANO J., 2005 - "Une agriculture<br />
multifonctionnelle dans le projet urbain : quelle reconnaissance, quelle gouvernance."<br />
Les cahiers de la multifonctionnalité<br />
GARNIER Ph, GENIN A., SERVAIN-COURANT S., 2002 - Les sites de référence en Loire<br />
moyenne, une approche pluridisciplinaire des paysages, Etudes Ligériennes, numéro sur<br />
Les paysages ligériens, pp.94-107<br />
GÉNIN A., YENGUÉ J-L., 2004 - "Transects de paysage et points-paysage, outils pour<br />
l'étude des formes paysagères", Colloque Géopoint 2004 La forme en géographie.<br />
Université d'Avignon 1er et 2 juin 2004 (à paraître)<br />
HUYGHUES DESPOINTES, F., 2002 - Les attentes liées à l’inscription du Val de Loire sur<br />
la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, Synthèse des travaux, Universités d’été 2001<br />
du Val de Loire - Patrimoine mondial, pp.31-53<br />
HUYGHUES DESPOINTES, F., 2005 - La patrimonialisation du corridor fluvial Loire. Jeux<br />
d'acteurs de l'environnement et production d'une action publique spécifique: Genèse de<br />
la politique Loire, Actes des Universités d’été 2005 du Val de Loire - Patrimoine<br />
mondial (à paraître)<br />
LARRUE C., 2002 - « La gestion de l'eau à la croisée des politiques publiques et des<br />
territoires», Bulletin de l'Association des Géographes Français, p.10<br />
LARRUE C., DI PIETRO F., LEFEUVRE M-P., CHIAPPERO D., 2000 - Les conditions<br />
d'une politique locale de prévention des risques inondation, Actes du séminaire<br />
intermédiaire du programme "Risque Inondation Programme RIO 1", Ministère de<br />
l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, St.Martin d'Hères, 18-19 Octobre<br />
2000, pp.120-127<br />
NOIN D. ET CHAUVIRÉ Y., 2004 - « La population de la France », Armand Colin, Paris<br />
RAKOTOFIRINGA E., 2005 - Les disparités de développement durable intra-régionales :<br />
mesure et représentation cartographique – application à la Région Centre – Colloque<br />
« indicateurs territoriaux du développement durable » MMSH Aix-en-Provence 1 er et 2<br />
décembre 2005<br />
ROCHER L., SERRANO J., 2005 - Équité territoriale et gestion durable des déchets urbains :<br />
le cas de l'agglomération de Tours, communication au colloque « Développement urbain<br />
durable, gestion des ressources, gouvernance », Lausanne<br />
SERRANO J., 2005 - "La capacité d'une agglomération moyenne à gérer son espace agricole<br />
limitrophe : le cas de l'agglomération de Tours, Développement durable et territoires<br />
THIBAULT S., 2004 - Val de Loire et projets de villes, Colloque Gestion des fleuves, 10 ans<br />
d’expérience, Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents, p.6, CD<br />
rom
VERDELLI, L., 2004 - Le paysage fluvial, décor d'une nouvelle tendance d'activité culturelle.<br />
Actes Colloque De la connaissance des paysages à l'action paysagère, 2-4 décembre<br />
2004, Bordeaux, CD Rom<br />
VERDELLI, L., 2005 - Valorisation of cultural fluvial patrimony: a comparison between Val<br />
de Loire and Douro Vinhateiro. Actes du Congrès Paysages culturels au XXI siècle,<br />
Paysages culturels, législations, gestion et participation du public : le patrimoine, défi de<br />
la citoyenneté, 11-16 avril 2005, Newcastle upon Tyne, CD Rom<br />
VERDELLI, L., SERRANO J., SERVAIN-COURANT S., ANDRIEU, D. 2005 - « La<br />
résistance à l'urbanisation de communes du corridor fluvial de la Loire et leurs efforts<br />
pour la conservation des paysages (Indre-et-Loire, France »), colloque « Les villes au<br />
défi du développement durable : Quelle maîtrise de l'étalement urbain et des<br />
ségrégations associées ? », Colloque International du 24-25 novembre, Sfax<br />
YENGUE J-L, SERVAIN-COURANT S., BOUTIN D., 2003 - Viticulture et évolution des<br />
paysages en Loire moyenne, Vernou-sur-Brenne (Indre-et-Loire, France), Actes du<br />
colloque Paysages de Vignes et de Vins, 2-4 juillet 2003, Fontevraud<br />
YENGUE J-L., 2003 - "Application du SIG à l'étude des dynamiques paysagères. Le cas de la<br />
Loire moyenne", Conférence francophone ESRI SIG 2003, 2-3 octobre 2003 issy les<br />
Moulineaux, CD Rom<br />
http://www.esrifrance.fr/actu/SIG2003/Communication/univtours/univtours_esri.htm<br />
5.5. Mémoires de master recherche ou de DEA<br />
BLIN J., 2003 - Organisation et personnel des services de développement économique des<br />
communautés d’agglomération, mémoire de recherche de DEA « Villes et Territoires »<br />
option Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
BOCK E., 2003 - La mise en réseau des villes intermédiaires atlantiques pour une vision<br />
polycentrique de l’Espace Atlantique ? le cas de la France, mémoire de recherche de<br />
DEA « Villes et Territoires » option Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
BOURDON I., 2001 - L’intercommunalité comme outil de développement local : l’exemple<br />
de la communauté d’agglomération, mémoire de recherche de DEA « Villes et<br />
Territoires » option Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
BROSSAIS M., 2005 - L’option du polycentrisme dans le Schéma de développement de<br />
l’Espace Communautaire. Comment la coopération interrégionale peut –elle contribuer<br />
à sa mise en œuvre, mémoire de recherche de Master 2 « Villes et Territoires » option<br />
Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
CALAND L., 2005 - Le rôle des petites villes de l’Espace Atlantique français sur leur espace<br />
rural en termes de services à la population, mémoire de recherche de Master 2 « Villes<br />
et Territoires » spécialité Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
FOURNIER M., 2005 - Le rôle des petites villes dans la construction du polycentrisme –<br />
analyse comparée Pays de la Loire – Limousin mémoire de recherche de Master 2<br />
« Villes et Territoires » spécialité Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
KRUGLER C., 2004 - Le tourisme et les agglomérations, mémoire de DEA « Villes et<br />
territoires » option Aménagement, Tours, Université François-Rabelais<br />
PEYRALBES A., 2005 - Schéma de Développement de l’Espace Atlantique - Analyse de la<br />
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