Staline
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III – Un Etat totalitaire<br />
1) Le culte de la<br />
personnalité de<br />
<strong>Staline</strong><br />
Le « petit père des peuples »<br />
« Ô Grand <strong>Staline</strong>, ô chef des<br />
peuples,<br />
Toi qui fais naître l’homme<br />
Toi qui fécondes la terre<br />
Toi qui rajeunis les siècles<br />
Toi qui fais fleurir le<br />
printemps<br />
Toi qui fais vibrer les cordes<br />
musicales<br />
Tu es la fleur de mon<br />
printemps<br />
Un soleil reflété par des<br />
millions de cœurs humains. »<br />
Source : Rashimov, Poème<br />
publié dans le quotidien<br />
Pravda, 28 août 1936.
<strong>Staline</strong>, guide<br />
et protecteur de la jeunesse<br />
« Merci à notre cher <strong>Staline</strong> pour<br />
notre enfance heureuse ! »<br />
« <strong>Staline</strong> à la barre », publié<br />
dans la Pravda, janvier 1937
Le Matin de notre patrie, Fédor Chourpine, 1946-1948
<strong>Staline</strong>, chef des armées,<br />
montage photographique, 1939<br />
« Ode à <strong>Staline</strong> »<br />
Jamais nos champs fertiles n’ont donné une<br />
telle moisson.<br />
Jamais nos villages n’ont connu un tel<br />
bonheur.<br />
Jamais la vie n’a été aussi bonne et les esprits<br />
élevés.<br />
Jamais jusqu’à présent le seigle ne fut si vert.<br />
Sur toute la terre, le soleil lance une lumière<br />
plus chaude.<br />
Car la face de <strong>Staline</strong> le fait briller plus fort.<br />
Je chante pour mon enfant reposant dans<br />
mes bras.<br />
Grandis telles ces fleurs, délivré de toute<br />
crainte.<br />
Tu apprendras la source de ce soleil qui<br />
baigne notre pays.<br />
Et te petites mains copieront le portrait de<br />
<strong>Staline</strong>.<br />
Source : Poème composé en 1939 à l’occasion du<br />
60 e anniversaire de <strong>Staline</strong> et mis en musique<br />
par Prokoviev.
Parade pour l’anniversaire de la Révolution d’Octobre<br />
à Leningrad, 1938
<strong>Staline</strong> vu de France<br />
« Une » de L’Humanité à l’occasion<br />
de la mort de <strong>Staline</strong> (5 mars 1953)<br />
<strong>Staline</strong>, Pablo Picasso, 1953
<strong>Staline</strong> avant <strong>Staline</strong><br />
Joseph <strong>Staline</strong> jeune,<br />
octobre 1917
Fiche du registre de la police impériale<br />
de Saint-Pétersbourg concernant <strong>Staline</strong>, vers 1912
<strong>Staline</strong> et Trotski, octobre 1917
Affiche de 1935<br />
Tout Etat totalitaire est fondé sur un<br />
chef charismatique qui organise un<br />
culte autour de sa personne. Le culte<br />
du « camarade <strong>Staline</strong> » fut<br />
considérable : la propagande imposait<br />
l’image d’un dirigeant juste et bon,<br />
guide infaillible de la révolution. Cette<br />
vénération renforça le pouvoir<br />
personnel de <strong>Staline</strong>, au-dessus du<br />
Parti.
2) Une société encadrée<br />
L’endoctrinement soviétique<br />
« Pourquoi sont-ils si enthousiastes ?<br />
me demandai-je. Ils sont pauvrement<br />
vêtus. Ils ne sont même pas bien<br />
nourris. Tous ont l’air affamés (…). Je<br />
songe à la méthode communiste :<br />
s’emparer des enfants dès la crèche,<br />
les suivre dans les jardins d’enfants<br />
puis à l’école, les enrôler ensuite dans<br />
les Pionniers et les jeunes komsomols.<br />
Toujours les tenir en main par une<br />
propagande incessante ! La<br />
propagande ! La propagande ! Par la<br />
TSF, le film, l’image, l’affiche, le<br />
manuel, elle les poursuit partout. »<br />
Source : Walter Citrine, À la recherche<br />
de la vérité en Russie, 1937.<br />
Comment la société est-elle encadrée ?<br />
- dès l’enfance, à l’école et dans des<br />
organisations de jeunesse<br />
- par la propagande qui utilise tous les<br />
médias : radio, cinéma, affiches,<br />
littérature et arts contrôlés, presse<br />
censurée<br />
« Il suffit de voir les foules d ’acheteurs<br />
qui entrent dans les magasins et qui en<br />
ressortent avec des sacs pleins de<br />
produits les plus variés, avec des boites<br />
de gâteaux et de friandises ! Notre<br />
industrie alimentaire a été organisée de<br />
telle manière, grâce à l ’immense et<br />
géniale attention du camarade <strong>Staline</strong>,<br />
qu ’elle donne au peuple les produits<br />
les plus nourrissants, les plus<br />
hygiéniques et les meilleurs. »<br />
Source : Pravda, 2 août 1936.
L’art au service de l’encadrement social<br />
Fête des moissons au kolkhoze, Sergueï Gerasimov,1937<br />
Silos à<br />
grains<br />
Pylône<br />
électrique<br />
L’U.R.S.S. : un pays moderne grâce à <strong>Staline</strong><br />
Usine de transformation des produits agricoles<br />
Un pays riche<br />
grâce à <strong>Staline</strong><br />
Table chargée de vin et<br />
de plats abondants<br />
Paysans heureux<br />
et en pleine santé<br />
Bicyclette
L’ouvrier et la kolkhozienne, Vera<br />
Mukhine, pavillon soviétique de<br />
l ’Exposition universelle de Paris, 1937.
La manipulation de photographies sous <strong>Staline</strong><br />
Discours de Lénine sur la<br />
place Sverdlov à Moscou,<br />
G. P. Goldstein, 5 mai 1920<br />
Trotski et Kamenev ont disparu, remplacés<br />
par des marches en bois. <strong>Staline</strong> ayant écarté<br />
Trotski, son adversaire politique, de la lutte<br />
pour le pouvoir (envoi en exil en 1929,<br />
assassinat en 1940), il efface toute trace de<br />
son rôle historique.
<strong>Staline</strong> et Nikolaï Iejov,<br />
chef suprême du NKVD<br />
<strong>Staline</strong> sans Nikolaï<br />
Iejov, « gommé » après<br />
son exécution en 1940
Trotsky (lunettes et<br />
casquette) et<br />
Kamenev (en haut à<br />
gauche) ont disparu,<br />
image retouchée<br />
Les leaders soviétiques<br />
en 1919 sur la Place<br />
Rouge lors du second<br />
anniversaire de la<br />
révolution d’Octobre,<br />
image originale
L’encadrement de la jeunesse<br />
Le baptême rouge en U.R.S.S.<br />
« Au club, il y a foule ce jour pour assister au baptême civil de la petite<br />
dernière de l’ouvrier Potash. Au fond de la salle, une estrade tendue de<br />
rouge. Le père, ému, monte sur l’estrade, tenant sa fille dans les bras, et<br />
prononce à haute voix : "Je fais don de ma fille à la société prolétarienne." (…)<br />
Puis c’est au tour du secrétaire du komsomol de féliciter la mère et de<br />
l’exhorter : "Puisse le lait maternel emplir l’enfant de haine envers les<br />
bourgeois, de conscience de classe et d’esprit combatif, qui sont les qualités<br />
d’un lutteur révolutionnaire". »<br />
Source : article publié dans La Travailleuse et la Paysanne biélorusse, 1925.<br />
Grande parade de la<br />
jeunesse soviétique sur la<br />
place Rouge à Moscou,<br />
1935
Longue vie aux millions de membres<br />
du Komsomol léniniste !<br />
Affiches pour les komsomols,<br />
1926 (bas) ; 1932 (gauche)<br />
Soit prêt à te battre pour la cause<br />
du travail. Je suis toujours prêt !
Camp de pionniers près de Moscou, 1954
Affiches pour les komsomols,<br />
1931 (bas) ; 1933 (gauche)
Affiches pour les komsomols,<br />
1933 (bas) ; 1931 (gauche)<br />
« Membre du Komsomol. Rejoins<br />
la campagne d’ensemancement<br />
de choc. »<br />
« Que le membre du Komsomol<br />
dans une exploitation collective<br />
soit un exemple de maîtrise de<br />
l’équipement technique ! »
La formation de l’homo sovieticus<br />
La vie de l’homo sovieticus
La femme soviétique,<br />
modèle de la femme libérée
Jeux « Spartacus ». Août<br />
1928. Moscou, 1927
<strong>Staline</strong> cherchait à contrôler les esprits dès le plus<br />
jeune âge : pour mieux embrigader la société, les<br />
enfants étaient enrôlés dans les jeunesses<br />
communistes (Komsomols). Il voulait forger un<br />
« homme nouveau ». Les artistes devaient mettre leurs<br />
talents au service des valeurs du régime, comme<br />
l’union de l’ouvrier et du paysan.
3) La terreur comme instrument de pouvoir<br />
La concentration des pouvoirs<br />
dans les mains de Joseph <strong>Staline</strong><br />
Nombre de réunions<br />
plénières du POLITBURO<br />
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
85<br />
40<br />
30<br />
32<br />
20<br />
20<br />
10<br />
9<br />
6<br />
3 2<br />
0
L’élimination des opposants à <strong>Staline</strong> : la « Grande Terreur »<br />
<strong>Staline</strong> approuve l’exécution de<br />
346 « ennemis du peuple »,<br />
janvier 1940<br />
Vychinski, procureur général<br />
d’U.R.S.S., dresse son<br />
réquisitoire au procès de<br />
Boukharine
Récit du procès de Boukharine<br />
« Après une violente attaque contre Trotsky, Vychinski fit l'historique des multiples reniements,<br />
abjurations et promesses non tenues de Zinoviev, Kamenev et des principaux accusés. Il condamna<br />
sévèrement ces « chiens enragés du capitalisme qui ont essayé d'arracher, l'un après l'autre, les éléments les<br />
meilleurs de notre terre soviétique », « ... les vils aventuriers qui ont tenté de piétiner avec leurs sales pieds les<br />
fleurs les plus parfumées de notre jardin socialiste ... ces menteurs et ces histrions, ces pygmées misérables, ces<br />
roquets et ces toutous se ruant sur l'éléphant... » Il termina son réquisitoire en affirmant : « Une fin triste,<br />
infâme, attend ces gens qui étaient jadis dans nos rangs, mais ne se distinguèrent jamais, ni par leur fermeté, ni<br />
par leur dévouement à la cause du socialisme. Nous avons devant nous des criminels dangereux, invétérés, cruels,<br />
impitoyables à l'égard de notre peuple, de nos idéaux, de nos dirigeants, des travailleurs du monde entier. On ne<br />
peut épargner l'ennemi perfide. Le peuple entier se dresse, frémit, s'indigne. Moi, en tant que représentant de<br />
l'accusation d'État, je joins ma voix à ce grondement de millions de voix, à l'indignation des hommes soviétiques<br />
et des travailleurs du monde entier, ma voix indignée d'accusateur d'État. J'exige que ces chiens enragés soient<br />
fusillés, tous, sans exception ! »<br />
Après le réquisitoire de Vychinski, les accusés prirent tour à tour la parole pour la dernière fois. Chacun<br />
s'accabla, se traitant de « monstre humain », d'« assassin fasciste », de « traître », de « débris contrerévolutionnaire<br />
», indigne de pitié, ne méritant que la mort. Kamenev termina son intervention par un<br />
message adressé à ses deux enfants : « Quel que soit le verdict, je le considère d'avance comme juste. Ne<br />
regardez pas en arrière. Continuez votre route. A l'instar du peuple soviétique, suivez <strong>Staline</strong>! »<br />
Le 23 août, à 23 heures, la Cour se retira. A 2 heures 30 du matin, le président lut le verdict : les accusés<br />
étaient reconnus coupables sur tous les points. Ils étaient tous, sans exception, condamnés à mort. Ils<br />
furent exécutés dans les 24 heures, avant même l'expiration du délai qui leur était accordé par la loi<br />
pour faire appel. »<br />
Source : Nicolas Werth, Les procès de Moscou, 1987.
Le goulag<br />
Le système concentrationnaire soviétique sous <strong>Staline</strong>
Une déportation en Sibérie au début des années 1930<br />
« Le premier convoi comportait 5 070 personnes ; le second 1 044, soit au<br />
total 6 114 personnes. Les conditions de transport étaient épouvantables :<br />
nourriture insuffisante et exécrable ; manque d’air et de place ; vexations<br />
subies par les plus faibles. (…) Résultat : une mortalité quotidienne<br />
d’environ 35-40 personnes par jour. (…) Le lendemain de l’arrivée du<br />
premier convoi, le 19 mai, la neige se mit à tomber, le vent se leva. Affamés,<br />
amaigris, sans toit, sans outils, (…) les déportés se retrouvèrent dans une<br />
situation sans issue. »<br />
Source : archives de Novossibirsk.<br />
Entrée d’un camp dans<br />
la région de la Kolyma :<br />
la rééducation par le<br />
travail<br />
« Le travail en URSS est affaire<br />
d’honnêteté et de gloire »
Evolution du nombre de<br />
prisonniers du Goulag<br />
A partir de quand augmente le<br />
nombre de prisonniers du Goulag ?<br />
Entre 1930 et 1935<br />
Entrées et sorties du Goulag<br />
A quoi cette période correspond-elle ?<br />
A la mise en place de la dictature<br />
stalinienne : « dékoulakisation » et<br />
« Grande Terreur ». La déportation<br />
des individus considérés comme<br />
dangereux devient systématique.
Dès 1929, <strong>Staline</strong> déporta au Goulag en Sibérie ou<br />
élimina des millions de personnes. Il déclencha des<br />
purges qui ensanglantèrent le parti. Lors des grands<br />
procès truqués de Moscou (1936-1938), il contraignit<br />
des officiers, des fonctionnaires et des dirigeants du<br />
Parti à faire leur autocritique avant de les exécuter ou<br />
les emprisonner (10 à 15 millions de morts). La police<br />
politique (N.K.V.D.) espionnait et était à l’écoute de<br />
toute dénonciation.<br />
Le goulag est l’ensemble des prisons et des camps de<br />
travail en URSS. On appelle purge l’élimination<br />
autoritaire d’individus politiquement indésirables.
Conclusion<br />
De la Russie à l’U.R.S.S. de <strong>Staline</strong><br />
1917-1921 : guerre civile 1928-1932 : 1 er plan quinquennal<br />
1936-1938 :<br />
Grands procès de Moscou