ANALYSE SYSTEMIQUE DE LA COMMUNICATION PREVENTIVE ...

ANALYSE SYSTEMIQUE DE LA COMMUNICATION PREVENTIVE SUR LES
RISQUES EN STATION DE SPORTS D’HIVER
Atelier souhaité : éducation pour la santé, économie, loisirs, territoire et A.P.S.
Soulé Bastien – Centre de Recherche sur les A.P.S. – Université de Caen
02 31 56 72 68 soule@staps.unicaen.fr
Reynier Véronique – Laboratoire E.R.O.S. – Université de Grenoble 1
04 76 63 50 93 veronique.reynier@ujf-grenoble.fr
Corneloup Jean – Institut de Géographie Alpine – Université de Grenoble 1
07 73 78 26 76 j.corneloup@libertysurf.fr
Le nombre élevé d’accidents se produisant chaque année en station de sports d’hiver, ainsi
que le constat de l’efficience réduite de l’information préventive déployée par les
gestionnaires de ces sites touristiques, posent un certain nombre de problèmes en terme de
santé publique. Afin de fournir des éléments explicatifs du faible impact de cette
communication préventive, sa genèse et son impact sont analysés dans une perspective
systémique. Les principaux résultats révèlent d’une part que les démarches préventives ne
prennent pas suffisamment en compte le rapport entretenu par les pratiquants avec la
dialectique risque-sécurité. Et d’autre part que les processus décisionnels relatifs à la
prévention des risques en station sont empreints d’intérêts particularistes venant parfois se
substituer à l’objectif de sensibilisation du public.
Mots-clés : stations de sports d’hiver – risques – information préventive
Type de communication souhaitée : communication orale (atelier D)
Support technique nécessaire : vidéo-projection (Powerpoint P.C.)

ANALYSE SYSTEMIQUE DE LA COMMUNICATION PREVENTIVE SUR LES
RISQUES EN STATION DE SPORTS D’HIVER
Soulé Bastien – Centre de Recherche sur les A.P.S. – Université de Caen
02 31 56 72 68 soule@staps.unicaen.fr
Reynier Véronique – Laboratoire E.R.O.S. – Université de Grenoble 1
04 76 63 50 93 veronique.reynier@ujf-grenoble.fr
Corneloup Jean – Institut de Géographie Alpine – Université de Grenoble 1
07 73 78 26 76 j.corneloup@libertysurf.fr
Introduction
Le nombre élevé d’accidents se produisant chaque hiver en station de sports d’hiver (Laporte,
1999; Soulé, 2002), leur impact traumatique conséquent (Binet, Laporte et Constans, 1998;
Johnson, Ettlinger et Shealy, 1997) et le coût social induit (Francillon, 1997) ne vont pas sans
poser de problèmes en terme de santé publique. Par la force des choses, ces sites touristiques
constituent donc des systèmes gestionnaires de risques qui déploient des efforts destinés à
minimiser l’occurrence et/ou l’impact des accidents.
A l’instar de ce qui se passe sur la route, ces systèmes présentent une spécificité : sur les
domaines skiables, les gestions individuelle et collective des risques sont interdépendantes. Il
y a co-régulation des dangers de la part des pratiquants et des professionnels locaux. Une
partie importante de l’action de ces derniers consiste en une information préventive censée
avoir une incidence sur les comportements des clients. Cependant, les opérations actuellement
menées aboutissent à des résultats mitigés. Une des rares enquêtes à grande échelle réalisée
auprès des pratiquants atteste de l’efficience réduite des campagnes de prévention (Poizat,
2001). Ce travail entend fournir des éléments explicatifs de cet état de fait, en centrant
l’analyse sur deux aspects : les pratiques préventives des acteurs chargés de la sécurité en
station de sports d’hiver ; les rapports entretenus par les usagers des domaines skiables au
danger et à la sécurité.
Méthode
C’est à partir d’analyses documentaires et d’entretiens semi-directifs auprès d’un échantillon
représentatif (sur le plan fonctionnel et non statistique) des différents acteurs partie prenante
de la régulation des dangers inhérents aux sports d’hiver que les pratiques préventives ont été
analysées. Le travail s’est centré sur la mise en évidence :
- du contenu des messages préventifs adressés aux clients des stations
- du cadre formel concernant la gestion des risques sur les domaine skiables (obligations
légales, prérogatives officielles des différents acteurs)
- des discours institutionnels mis en avant
- des principes présidant réellement à la genèse des messages délivrés
Les rapports entretenus par les pratiquants vis-à-vis du danger et de la sécurité ont été révélés

par l’intermédiaire d’enquêtes réalisées sous forme de questionnaires et d’entretiens non
directifs. Celles-ci ont permis d’appréhender :
Résultats
- les opinions des pratiquants relatives à la sécurité (Soulé, Corneloup et Guelle, 1999)
- leurs représentations sociales du danger en station de sports d’hiver (Reynier et Soulé,
2002)
En ce qui concerne les pratiques préventives, les efforts déployés par les acteurs de la sécurité
en station sont conséquents. Mais il convient de souligner que la plupart de ces professionnels
ont conscience du faible impact des campagnes menées et de la signalisation des dangers
effectuée (en termes de notoriété et d’impact sur les comportements des clients). Leur faible
connaissance des publics cibles de la communication préventive (méconnaissance culturelle et
en besoins d’informations) doit également être évoquée. Sur le plan de l’organisation chargée
d’assurer la sécurité des clients, la comparaison des priorités prophylactiques affichées
(prévention, éradication des risques a priori…) et des pratiques concrètes des acteurs fait
apparaître des déviations d’objectif : certains intérêts particularistes viennent se substituer à
l’objectif de sensibilisation du public.
Les enquêtes auprès du public ont permis d’affiner sa connaissance. Les usagers des domaines
skiables expriment un sentiment d’insécurité plus ou moins prononcé, ainsi que des opinions
sur les mesures éventuellement à même d’optimiser la sécurité. Par ailleurs, l’analyse des
représentations sociales du risque en station met en lumière la coexistence de rapports
diversifiés au danger, qu’il s’agisse des manières d’expliquer l’occurrence d’accidents ou de
la place accordée au risque lors de la pratique.
Discussion
Essentiellement basées sur l’expertise des responsables sécurité, les démarches préventives
observées semblent sous-tendues par une conception béhavioriste des pratiquants, au
détriment de la prise en compte du système d’interprétation mis en place par ces derniers face
au danger.
Le glissement téléologique présenté dans les résultats de l’analyse organisationnelle renforce
les difficultés de mise en place d’une communication préventive de qualité. Il voit son origine
dans les logiques d’action des spécialistes de la sécurité, lesquelles constituent le cadre réel de
leur intervention, au-delà de leurs prérogatives formelles. Deux logiques d’action sont
particulièrement prégnantes lorsqu’il est question d’information préventive délivrée aux
pratiquants: la logique commerciale et la logique juridico-normative, qui seront présentées en
détail.
Ainsi, même si les modèles de communication mis en œuvre peuvent être l’objet de critiques
(qualité des supports et pertinence des messages formulés), leur efficacité toute relative peut
donc être envisagée comme étant également une conséquence de stratégies particularistes
s’étant partiellement substituées à la visée d’intérêt général mise en avant. En effet, en
l’absence de contre-pouvoir, les processus décisionnels actuellement en vigueur concernant la
prévention des risques en station sont largement empreints d’intérêts sectoriels et locaux.

Enfin, les représentations sociales et le positionnement des pratiquants par rapport au risque
constituent aussi un facteur explicatif de la faible efficience des actions de sensibilisation du
public. En effet, généralement envisagé de manière restrictive comme une atteinte potentielle
à l’intégrité corporelle, le risque peut être activement recherché dans le but d’atteindre des
bénéfices d’ordre quelconque (liés à l’interaction sociale, aux sensations fortes, etc.). Dès lors,
les messages informatifs actuels, qui partent du postulat que le risque minimum est recherché,
ne peuvent prétendre toucher l’ensemble des usagers des domaines skiables.
Références
Binet M.H., Laporte J.D. et Constans D. (1998) Epidémiologie des accidents de sports d’hiver
en 1998, Colloque médico-technique de Grenoble, Grenoble.
Johnson R.J., Ettlinger C.F. et Shealy J.E. (1997) Skier injury trends: 1972 to 1994, in
Johnson R.J., Mote C.D. et Ekeland A. (eds), Skiing trauma and safety (11 th volume),
American society for testing and material edits, Philadelphia, 37-48.
Laporte J.D. (1999) Accidentologie du ski. Etude descriptive, Cahiers du C.S.S.M., 11, 31-37.
Poizat D. (2000) Hors-piste: comportements, connaissances et perceptions des pratiquants,
Neige et Avalanches, 89, 2-8.
Soulé B. (2002) Difficultés et enjeux de la quantification des accidents dans les stations de
sports d’hiver, Revue Risques, 52 (sous presse).
Soulé B. (2001) La sécurité des pratiquants des sports d’hiver: analyse, gestion et
acceptabilité sociale des risques dans les stations de ski alpin, thèse de doctorat non publiée,
Paris XI.
Soulé B., Guelle C. et Corneloup J. (1999) Le marketing de la sécurité et des pratiques à
risque dans les stations de ski, in Le marketing du loisir et du tourisme sportif, Actes du 5 ème
séminaire de Marketing du Sport de Dijon, Dijon, 123-145.
Reynier V. et Soulé B. (2002) Les représentations sociales des risques en station de sports
d’hiver, Communication orale lors du 1 er congrès de la Société de Sociologie du Sport de
Langue Françase, 28-30 octobre, Toulouse.