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D O C U M E N T S<br />
actions, passant donc régulièrement de<br />
l’état d'être de sang à celui de bois. Ainsi<br />
plutôt qu‘al<strong>le</strong>r en classe, il préfère un<br />
matin se rendre au cirque où il ne<br />
manque pas de reprendre son aspect de<br />
pantin. Il est aussitôt mis en cage avec<br />
<strong>le</strong>s autres marionn<strong>et</strong>tes de la troupe. Il<br />
r<strong>et</strong>rouve <strong>le</strong> Chat <strong>et</strong> <strong>le</strong> Renard, deux<br />
redoutab<strong>le</strong>s compères qui tentent de <strong>le</strong><br />
déposséder de son argent. Il apprend<br />
bientôt que son père <strong>le</strong> recherche. Arrivé<br />
à un port, il voit la barque de Gepp<strong>et</strong>to<br />
sombrer. Il rencontre alors Lucignolo, un<br />
garçon plus âgé que lui avec qui il fait<br />
<strong>le</strong>s quatre cents coups. Après un séjour<br />
chez la fée qui l’a recueilli, <strong>Pinocchio</strong><br />
fuit avec Lucignolo vers un pays où <strong>le</strong>s<br />
enfants ne travail<strong>le</strong>nt jamais. Mais très<br />
vite, ils sont transformés en ânes. C’est<br />
ainsi qu’il rejoint <strong>le</strong> bord de mer où son<br />
maître <strong>le</strong> précipite…<br />
Critique<br />
Quant à <strong>Pinocchio</strong>, c’est l’histoire<br />
d’une éducation manquée, cel<strong>le</strong> de la<br />
marionn<strong>et</strong>te par la fée, <strong>et</strong> d’une éducation<br />
réussie, cel<strong>le</strong> du père par son<br />
enfant. Inversant la mora<strong>le</strong> sermonneuse<br />
de Collodi, Comencini a fait de<br />
<strong>Pinocchio</strong> une incarnation de la liberté<br />
anarchique, de l’instinct libertaire, face<br />
à un monde adulte inaccompli, rétrograde<br />
<strong>et</strong> béatement inepte. (...) Ce parti-pris<br />
d’adaptation est capital <strong>et</strong> révolutionnaire.<br />
Robert Benayoun<br />
Positif n°157 - Mars 1974<br />
Il faut admirer chez Comencini c<strong>et</strong>te<br />
cohérence parfaite dans l’adaptation.<br />
Choisissant une des <strong>le</strong>ctures possib<strong>le</strong>s<br />
de l’œuvre, il parvient à m<strong>et</strong>tre en scène<br />
sa représentation de l’univers de Collodi<br />
tout en respectant l’essentiel (<strong>et</strong> dans<br />
<strong>le</strong>s épisodes narratifs <strong>et</strong> dans l’étrange<br />
cohabitation d’humains situés géogra-<br />
phiquement en Toscane <strong>et</strong> historiquement<br />
à la fin du XIXe sièc<strong>le</strong> <strong>et</strong> de ces<br />
personnages éternels que sont <strong>le</strong>s fées,<br />
<strong>le</strong>s magiciens, <strong>le</strong>s animaux qui par<strong>le</strong>nt.)<br />
Conte de fée pour grands <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its,<br />
<strong>Pinocchio</strong> est une incontestab<strong>le</strong> réussite.<br />
Mireil<strong>le</strong> Amiel<br />
Cinéma 75 n°201-202 - Sept./Oct. 1975<br />
L’adaptation de Comencini est exemplaire.<br />
«Il a su trouver constamment un<br />
équilibre quasi miracu<strong>le</strong>ux entre la part<br />
de respect <strong>et</strong> d’admiration qu’inspire un<br />
tel chef-d’œuvre à tous ses <strong>le</strong>cteurs <strong>et</strong><br />
la part d’interprétation personnel<strong>le</strong>, de<br />
libre <strong>le</strong>cture inséparab<strong>le</strong> du travail de<br />
tout créateur adulte <strong>et</strong> digne de ce<br />
nom (...). Miracu<strong>le</strong>ux, <strong>le</strong> mot n’est pas<br />
trop fort non plus pour qualifier la<br />
manière extrêmement subti<strong>le</strong> <strong>et</strong> créatrice<br />
dont Comencini <strong>et</strong> son scénariste ont<br />
résolu <strong>le</strong>s problèmes sans nombre que<br />
pose la transcription visuel<strong>le</strong> de<br />
<strong>Pinocchio</strong>, c<strong>et</strong>te œuvre qui fait vivre<br />
concurremment un héros qui est une<br />
marionn<strong>et</strong>te, des créatures surnaturel<strong>le</strong>s,<br />
un vaste bestiaire parlant <strong>et</strong><br />
diversement humanisé ainsi que toute<br />
une col<strong>le</strong>ction d’humains normaux ou<br />
qui semb<strong>le</strong>nt l’être, tirés de l’univers<br />
quotidien de l’ltalie de la fin du XIXe<br />
sièc<strong>le</strong>. Signalons <strong>le</strong>s qualités primordia<strong>le</strong>s<br />
du film de Comencini <strong>et</strong> que<br />
l’auteur contre toute attente a eu à<br />
rendre compatib<strong>le</strong>s : I’audace, la n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é,<br />
I’absence d’hésitation à trancher, à<br />
couper dans <strong>le</strong> vif ; <strong>le</strong> respect de la plupart<br />
des inventions narratives <strong>et</strong> poétiques<br />
de l’original ; enfin <strong>et</strong> par-dessus<br />
tout un souci de cohérence qui a fait que<br />
l’auteur, conduit à modifier tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong><br />
partie architectura<strong>le</strong> de l’intrigue, a su<br />
aussitôt tirer <strong>le</strong>s conséquences de son<br />
intervention au plan du récit entier <strong>et</strong> de<br />
son sens global» (Jacques Lourcel<strong>le</strong>s in<br />
Fiction n° 238 - Octobre 1973).<br />
Alain Garel<br />
Revue du Cinéma n° 298 - Sept. 1975<br />
Voici enfin que nous est donné de voir la<br />
version cinématographique (2h15) du<br />
fameux <strong>Pinocchio</strong> de Luigi Comencini,<br />
dont nous avons pu voir la version télévisée<br />
en six épisodes de 55 minutes à<br />
Noël 1972. Malgré la compression du<br />
récit <strong>et</strong> la brusquerie de certains enchaînements,<br />
c’est de nouveau un ravissement<br />
: quelque satisfaisante que puisse<br />
être c<strong>et</strong>te version cinéma, tous ceux qui<br />
ont vu <strong>le</strong> film dans son intégralité<br />
regr<strong>et</strong>teront en eff<strong>et</strong> certains épisodes<br />
d’un conte en tous points merveil<strong>le</strong>ux ;<br />
car c<strong>et</strong>te réserve inévitab<strong>le</strong> étant faite, il<br />
reste que Comencini a parfaitement<br />
réussi la "mise en images" du fameux<br />
conte de Collodi (écrit en 1880), <strong>et</strong> nous<br />
introduit avec une magnifique aisance<br />
dans ce monde du Merveil<strong>le</strong>ux devenu si<br />
rare au cinéma : il faudrait peut-être<br />
remonter à la version de Alice au pays<br />
des merveil<strong>le</strong>s de Norman Mc Leod<br />
(1933), ou à cel<strong>le</strong> du Songe d’une nuit<br />
d’été de Max Reinhardt (1935) pour<br />
trouver un équiva<strong>le</strong>nt. Il faut dire que, en<br />
ne minimisant pas <strong>le</strong> moins du monde <strong>le</strong><br />
rô<strong>le</strong> de Comencini, celui-ci a su s’entourer<br />
d’une fine équipe de techniciens <strong>et</strong><br />
d’acteurs, dont <strong>le</strong>s efforts conjugués<br />
concourent à la perfection du tout. On<br />
n’oubliera pas de sitôt <strong>le</strong>s décors de<br />
Piero Gherardi, surtout ceux de la fête<br />
fina<strong>le</strong> <strong>et</strong> de l’intérieur de la ba<strong>le</strong>ine,<br />
dont l’élégante beauté très «XVIII ème<br />
sièc<strong>le</strong>» est encore avivée par l’éblouissante<br />
photographie en technicolor<br />
d’Armando Nannuzzi, dans des tons<br />
chauds qui se font rares aujourd’hui,<br />
sauf peut-être en Italie justement. (...)<br />
A ce degré de qualité <strong>et</strong> d’homogénéité,<br />
il convient de louer ce superbe travail<br />
d’équipe qui nous repose un peu du<br />
cinéma d’auteur centripète tel qu’il est<br />
pratiqué aujourd’hui sans frein.<br />
Max Tessier<br />
Ecran°39, septembre 1975<br />
L E F R A N C E<br />
SALLE D'ART ET D'ESSAI<br />
CLASSÉE RECHERCHE<br />
8, RUE DE LA VALSE<br />
42100 SAINT-ETIENNE<br />
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