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Tumeurs malignes du pancréas

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Mo<strong>du</strong>le 10 Cancérologie Oncohématologie Auteurs : Pr Jaeck,<br />

Dufour & Baumann<br />

Titre<br />

Objectifs<br />

pédagogiques<br />

o<br />

o<br />

o<br />

o<br />

o<br />

TUMEURS EXOCRINES DU PANCREAS<br />

Connaître les circonstances de découverte d’un cancer <strong>du</strong> pancréas en<br />

fonction de la topographie de la tumeur<br />

Savoir que les examens biologiques sont peu utiles au diagnostic<br />

Connaître les moyens d’imagerie utiles au diagnostic<br />

Définir une stratégie diagnostique et thérapeutique selon les résultast<br />

des explorations précédentes<br />

Indiquer le pronostic <strong>du</strong> cancer <strong>du</strong> pancréas<br />

ENC Item 155 <strong>Tumeurs</strong> <strong>du</strong> pancréas.<br />

Objectifs<br />

ENC :<br />

o<br />

Diagnostiquer une tumeur <strong>du</strong> pancréas.<br />

L’incidence <strong>du</strong> cancer <strong>du</strong> pancréas semble avoir augmenté au cours des dernières décennies<br />

dans les pays occidentaux. La prévalence est de 10 cas pour 100 000 personnes dans les pays<br />

occidentaux. C’est en 1995 la septième cause de décès par cancer chez l’homme (après le<br />

poumon, la prostate, le colon, VADS, Œsophage, Estomac) et la cinquième chez la femme<br />

(après le sein, le colon, le poumon et l’ovaire). Le pronostic reste péjoratif avec une survie à 5<br />

ans après exérèse proche de 20 %. Le seul traitement dont l’efficacité est reconnue réside dans<br />

l’exérèse chirurgicale pancréatique. L’exérèse d’une tumeur de la tête <strong>du</strong> pancréas nécessite la<br />

réalisation d’une DPC (<strong>du</strong>odénopancréatectomie céphalique) dont la mortalité a beaucoup<br />

baissé au cours de la dernière décennie pour devenir inférieure à 5 %.<br />

Les traitements palliatifs sont importants à connaître en raison de l’état souvent avancé de ces<br />

cancers au moment <strong>du</strong> diagnostic et <strong>du</strong> rôle de ces traitements dans l’amélioration<br />

significative de la qualité de la survie.<br />

261


DIAGNOSTIC D’UNE TUMEUR DU PANCREAS<br />

1) Tableau clinique<br />

a) Anamnèse<br />

les premiers symptômes de cancer pancréatique sont vagues et non spécifiques. Le plus<br />

souvent il s’agit de douleurs abdominales parfois à irradiation dorsale pouvant faire errer le<br />

diagnostic (rhumatologie). Cette douleur s’accompagne très souvent d’une perte de poids,<br />

d’une anorexie, de nausées, parfois de diarrhées. Dans les localisations céphaliques proches<br />

de la voie biliaire principale, un sub-ictère ou un ictère obstructif apparaît progressivement.<br />

Il est classique d’opposer les cancers de la tête qui se manifestent essentiellement par<br />

l’apparition d’un ictère obstructif dû à la compression <strong>du</strong> cholédoque rétro-pancréatique,<br />

s’accompagnant d’une hépatomégalie et d’une vésicule disten<strong>du</strong>e palpable dans environ ¼<br />

des cas (signe de Courvoisier-Terrier) et les cancers <strong>du</strong> corps qui sont avant tout douloureux<br />

par infiltration <strong>du</strong> plexus solaire et les cancers de la queue, qui <strong>du</strong> fait de leur long silence,<br />

aboutissent à une tumeur palpable souvent très évoluée au moment <strong>du</strong> diagnostic. La loi de<br />

Courvoisier-Terrier oppose la vésicule palpable d’un ictère obstructif dû à un cancer <strong>du</strong><br />

pancréas à une vésicule lithiasique non palpable en cas d’ictère obstructif par migration<br />

lithiasique. Dans ce dernier cas, l’ictère est volontiers douloureux et fébrile.<br />

Douleur<br />

Elle est présente 9 fois sur 10 et constitue le premier symptôme chez plus de 2/3 des patients.<br />

Elle siège dans la région épigastrique mais peut également être dorsale. Ces douleurs sont en<br />

général secondaires à la mise sous tension des canaux pancréatiques situés en amont de la<br />

tumeur, mais peuvent également s’expliquer par un envahissement des filets nerveux péripancréatiques.<br />

262


Amaigrissement et anorexie<br />

La perte de poids souvent précoce et importante ne s’explique pas uniquement par les<br />

modifications de la sécrétion exocrine <strong>du</strong> pancréas.<br />

Troubles de la glycorégulation<br />

Une intolérance au glucose est présente chez près de 80 % des malades présentant un cancer<br />

<strong>du</strong> pancréas. Environ 40 % des patients porteurs d’un cancer <strong>du</strong> pancréas présentent un<br />

diabète évoluant depuis 2 ans. Ce diabète ou cette prédisposition diabétique n’est pas en<br />

rapport avec une destruction des îlots de Langerhans mais plutôt avec une diminution et un<br />

retard dans la libération d’insuline en réponse à une charge glucidique.<br />

Troubles psychiques<br />

Il s’agit avant tout d’un syndrome dépressif qui est retrouvé chez les ¾ des patients ayant un<br />

cancer <strong>du</strong> pancréas.<br />

Thrombophlébite (signe de Trousseau)<br />

Un tableau de thrombophlébite migratrice était considéré comme un signe d’appel mais de<br />

telles manifestations de thrombose veineuse se rencontrent dans de nombreuses autres<br />

affections tumorales ou non tumorales et ne jouent qu’un faible rôle dans le diagnostic d’un<br />

cancer <strong>du</strong> pancréas.<br />

Cholestase<br />

Une cholestase sans ictère est présente chez 90 % des patients atteints d’un cancer de la tête<br />

<strong>du</strong> pancréas contre 6 % seulement lors d’une localisation corporéo-caudale. Classiquement<br />

l’ictère en rapport avec un cancer <strong>du</strong> pancréas se tra<strong>du</strong>it par un ictère progressif, indolore et<br />

afébrile, s’opposant aux ictères obstructifs d’origine lithiasique qui sont variables en intensité,<br />

fébriles et douloureux.<br />

263


Poussée de pancréatite<br />

Une poussée de pancréatite aiguë est parfois la première et unique manifestation d’un cancer<br />

pancréatique : 15 % des cancers <strong>du</strong> pancréas se manifestent par une poussée initiale de<br />

pancréatite aiguë.<br />

Le manque de spécificité de la plupart des symptômes rassure souvent le malade et désoriente<br />

le médecin, ce qui aboutit à d’importants retards diagnostiques.<br />

b) Examen clinique<br />

Dans la plupart des cas, l’examen clinique est normal en-dehors de la palpation d’une grosse<br />

vésicule en cas d’ictère obstructif et/ou, d’une masse épigastrique.<br />

c) Examens biologiques<br />

Les examens biologiques habituels sont peu utiles au diagnostic car il n’y a pas de test<br />

spécifique pour un diagnostic précoce <strong>du</strong> cancer <strong>du</strong> pancréas. Leur seul intérêt réside dans la<br />

mise en évidence d’une cholestase, <strong>du</strong> retentissement <strong>du</strong> cancer sur l’état nutritionnel, <strong>du</strong><br />

retentissement de la stase biliaire sur les fonctions hépatiques.<br />

Marqueurs tumoraux<br />

A l’heure actuelle, aucun marqueur ne permet un diagnostic précoce <strong>du</strong> cancer <strong>du</strong> pancréas,<br />

mais certains d’entre eux ont un intérêt dans la surveillance d’un cancer traité.<br />

Les marqueurs tumoraux habituellement recherchés dans le cancer <strong>du</strong> pancréas sont l’antigène<br />

carcino-embryonnaire (ACE), le CA 19-9, plus rarement l’alphafoetoprotéine (AFP). D’autres<br />

substances tels que l’antigène pancréatique onco-fœtal sont peu utilisées en clinique. La<br />

sensibilité et la spécificité de ces marqueurs sont faibles et ne permettent pas un diagnostic<br />

précoce <strong>du</strong> cancer <strong>du</strong> pancréas. En revanche, l’élévation <strong>du</strong> taux des marqueurs est souvent<br />

corrélée avec le volume tumoral qui est de mauvais pronostic ; l’évolution <strong>du</strong> taux des<br />

marqueurs est un élément utile dans la surveillance des malades traités et parmi les différents<br />

marqueurs proposés le plus utile actuellement est le CA 19-9.<br />

264


d) Explorations morphologiques et bilan d’extension<br />

L’échographie est généralement le premier examen réalisé. Il est peu performant pour le<br />

diagnostic des tumeurs <strong>du</strong> pancréas et c'est incontestablement le scanner pancréatique qui<br />

est le meilleur examen pour diagnostiquer les tumeurs <strong>du</strong> pancréas. Néanmoins, cet examen<br />

peut méconnaître des tumeurs de petite taille, inférieures à 2 cm. Le scanner pancréatique met<br />

en évidence outre la tumeur une distension fréquente <strong>du</strong> canal de Wirsung, la présence<br />

éventuelle d’adénopathies péri-pancréatiques suspectes de métastases et enfin l’existence<br />

éventuelle de métastases hépatiques. En revanche, la carcinose péritonéale est peu visible au<br />

scanner, <strong>du</strong> moins au début.<br />

La radiographie pulmonaire recherchera d’éventuelles métastases pulmonaires ou pleurales.<br />

Le scanner thoracique a une sensibilité supérieure à la radiographie pulmonaire pour le<br />

diagnostic de métastase pulmonaire.<br />

L’IRM est un examen plus long et plus coûteux qui n’apporte pas de performance particulière<br />

par rapport au scanner en-dehors d’appareils de dernière génération qui permettent de réaliser<br />

le bilan dit « tout en un » permettant à la fois de visualiser le pancréas, le Wirsung, les voies<br />

biliaires et les vaisseaux péri-pancréatiques à la recherche d’une invasion tumorale, par<br />

exemple de l’axe veineux mésentérico-portal.<br />

L’échoendoscopie est une méthode de plus en plus utilisée pour explorer les voies biliaires et<br />

la tête <strong>du</strong> pancréas. Cette méthode, comme l’échographie, est opérateur-dépendante. Elle<br />

permet de diagnostiquer de petites tumeurs et de réaliser des ponctions diagnostiques. Cet<br />

examen a le meilleur taux de détection pour les tumeurs pancréatiques inférieures à 20 mm. Il<br />

renseigne également sur la présence d’adénopathies suspectes, ainsi que sur l’envahissement<br />

vasculaire éventuel.<br />

La cholangio-pancréatographie rétrograde par voie endoscopique est un examen plus<br />

invasif pouvant être à l’origine d’échecs et de complications. Les échecs par impossibilité de<br />

cathétériser la papille, surtout lorsque la tumeur siège à ce niveau, sont évalués à 10 %. Les<br />

complications, très rares entre des mains entraînées, sont surtout représentées par des<br />

265


accidents septiques. Cet examen permet de mettre en évidence une sténose complète <strong>du</strong> canal<br />

de Wirsung qui se présente parfois sous forme d’un stop brutal, soit sous forme d’un<br />

effilement progressif <strong>du</strong> Wirsung proximal. Un aspect particulier est réalisé par une dilatation<br />

kystique <strong>du</strong> Wirsung contenant de nombreuses images lacunaires et correspondant à une<br />

tumeur intra-canalaire <strong>du</strong> pancréas. Les modifications de la pancréatographie sont toutefois<br />

non spécifiques et les pancréatites chroniques avec obstruction peuvent simuler un cancer. Il<br />

ne faut pas oublier qu’une pancréatite chronique peut coexister dans près de 5 % des cas avec<br />

un petit cancer.<br />

A l’heure actuelle, elle laisse la place à la cholangiopancréatographie par résonance<br />

magnétique sur le plan diagnostique. Par contre, elle garde une place importante sur le plan<br />

thérapeutique en permettant une sphinctérotomie oddienne endoscopique, geste préalable à la<br />

mise en place d’une prothèse biliaire par voie endoscopique.<br />

Cholangiographie trans-hépatique<br />

Elle est utilisée plus rarement, mais particulièrement dans les cas d’ictère obstructif avec<br />

dilatation de la voie biliaire, elle permet éventuellement la mise en place d’un drainage<br />

biliaire décompressif.<br />

L’angiographie cœliaque et mésentérique supérieure est une technique invasive qui n’a<br />

qu’un intérêt technique pour le chirurgien avant l’intervention afin de vérifier l’absence<br />

d’envahissement vasculaire ou de visualiser la topographie de cet envahissement. Elle permet<br />

également de mettre en évidence des anomalies de la distribution artérielle hépatique ou la<br />

présence d’un ligament arqué autour <strong>du</strong> tronc cœliaque (intérêt technique avant la réalisation<br />

d’une <strong>du</strong>odénopancréatectomie céphalique).<br />

La laparoscopie<br />

Elle n’a aucune utilité dans le diagnostic de cancer pancréatique, mais permet de préciser son<br />

extension. Elle permet notamment de diagnostiquer une carcinose péritonéale ou de petites<br />

métastases hépatiques superficielles non visibles en imagerie radiologique.<br />

En réalité, cette laparoscopie pré-opératoire ne semble véritablement utile que dans environ<br />

15 % des cas. Elle permet alors d’éviter une laparotomie inutile. En réalité, même lorsque la<br />

266


tumeur n’est pas résécable une double dérivation biliaire et digestive peut être décidée<br />

puisque c’est elle qui donne à l’heure actuelle les meilleurs résultats en terme de palliation.<br />

FACTEURS PRONOSTIQUES<br />

La connaissance des facteurs pronostiques aidera à la décision thérapeutique.<br />

- Sur le plan clinique, si les phénomènes douloureux sont considérés comme étant de<br />

mauvais pronostic, compte tenu <strong>du</strong> probable envahissement postérieur de la tumeur, c’est<br />

surtout l’âge qui doit être pris en considération quant à la mortalité opératoire après<br />

résection pancréatique. En effet, les patients de plus de 75 ou 80 ans ont une mortalité<br />

opératoire significativement plus élevée, notamment en présence de défaillance viscérale<br />

associée.<br />

- Sur le plan biologique, le taux de bilirubine n’est pas un facteur de gravité habituel<br />

pour les tumeurs de la tête <strong>du</strong> pancréas. L’existence d’une insuffisance rénale est en<br />

revanche péjorative et doit être corrigée en pré-opératoire.<br />

- Les caractéristiques propres de la tumeur (T) (taille), de l’envahissement ganglionnaire<br />

(N) et métastatique (M) sont des éléments essentiels à prendre en considération avant la<br />

réalisation d’une exérèse pancréatique. La taille de la tumeur intervient directement dans<br />

la survie. En effet, les tumeurs de moins de 2 cm (N-, M-) bénéficient de taux de survies à<br />

5 ans de l’ordre de 30 à 40 %, alors que celles de plus de 4 cm (N-, M-) ont une médiane<br />

de survie plus faible voisine de 18 mois.<br />

L’envahissement des organes de voisinage, particulièrement de l’axe mésentérico-porte est<br />

relativement fréquent mais ne constitue plus une contre-indication formelle à l’exérèse, car le<br />

segment veineux envahi peut être réséqué en monobloc avec la tumeur dans un certain<br />

nombre de cas. L’envahissement ganglionnaire est également un facteur de mauvais<br />

pronostic, ne contre-indiquant cependant pas une exérèse pancréatique dès lors que les<br />

adénopathies métastatiques restent juxta-tumorales. La présence de métastases à distance<br />

incluant les ganglions des relais distaux constitue pour certains une contre-indication à un<br />

geste d’exérèse pancréatique.<br />

267


Le type histologique a une influence sur le pronostic en sachant que les cancers de plus<br />

mauvais pronostic sont les adénocarcinomes canalaires observés dans près de 90 % des cas.<br />

Dans ce groupe, les formes mucineuses ou colloïdes seraient néanmoins <strong>du</strong> meilleur<br />

pronostic. Mais ce sont les tumeurs kystiques mucineuses (cystadénocarcinome mucineux)<br />

qui ont le pronostic le plus favorable lorsqu’une résection pancréatique curative peut être<br />

réalisée. La fréquence des atteintes multifocales est également un élément à prendre en<br />

considération dans le pronostic et le traitement. Ces lésions multifocales sont rencontrées chez<br />

15 % des patients et imposent un contrôle histologique per-opératoire de la tranche de section<br />

pancréatique ainsi qu’un contrôle échographique per-opératoire <strong>du</strong> pancréas maintenu en<br />

place. En cas d’atteinte multifocale une pancréatectomie totale mérite d’être envisagée.<br />

CLASSIFICATION TNM<br />

___________________________________________________________________________<br />

T1 :<br />

TUMEUR LIMITEE AU PANCREAS<br />

T1A :<br />

T1b :<br />

≤ 2 CM<br />

> 2 cm<br />

T2 :<br />

extension au <strong>du</strong>odénum, canal biliaire, tissu péri-pancréatique.<br />

T3 :<br />

extension à l’estomac, à la rate, au côlon, aux vaisseaux (porte ou<br />

artériel).<br />

N0 :<br />

absence d’envahissement ganglionnaire.<br />

N1 :<br />

envahissement de ganglions régionaux.<br />

M0 :<br />

absence de métastase à distance.<br />

M1 :<br />

présence de métastases à distance.<br />

268


LES MOYENS THERAPEUTIQUES.<br />

LA CHIRURGIE A VISEE CURATIVE :<br />

1) La <strong>du</strong>odénopancréatectomie céphalique (DPC)<br />

Cette intervention classique pour le traitement curatif des tumeurs de la tête <strong>du</strong> pancréas,<br />

réalise une exérèse de la tête <strong>du</strong> pancréas, <strong>du</strong> cadre <strong>du</strong>odénal, de la région antro-pylorique,<br />

de la portion distale de la voie biliaire principale et de la lame rétro-portale.<br />

Certains éléments méritent d’être précisés sur le plan carcinologique :<br />

∗ La fréquence de l’envahissement de la tranche de section pancréatique<br />

voisine de 10 %, commande la réalisation systématique d’un examen extemporané de<br />

celle-ci.<br />

∗ Le curage des premiers relais ganglionnaires paraît licite au plan de la<br />

stadification de la tumeur ; les adénopathies à distance, à savoir celles <strong>du</strong> pédicule<br />

hépatique, <strong>du</strong> tronc cœliaque et de l’artère mésentérique supérieure doivent être<br />

considérées comme des métastases et entraînent une aggravation <strong>du</strong> pronostic.<br />

∗ L’exérèse de la lame rétro-pancréatique fait partie intégrante de la DPC pour<br />

cancer. Son exérèse complète nécessite un abord direct de l’artère mésentérique<br />

supérieure.<br />

Lorsque l’exérèse tumorale apparaît complète, elle est dite R0.<br />

2) La <strong>du</strong>odénopancréatectomie totale (DPT)<br />

La <strong>du</strong>odénopancréatectomie totale de principe a pu être préconisée sur le plan<br />

cancérologique <strong>du</strong> fait de la fréquence de l’envahissement de la tranche de section et de la<br />

multifocalité de certains cancers <strong>du</strong> pancréas, mettant par ailleurs à l’abri des fistules<br />

pancréatiques post-opératoires. En revanche, le diabète constant après DPT peut être<br />

responsable d’accidents hypoglycémiques sévères. C’est pourquoi, l’indication de la DPT<br />

doit rester une exception et paraît surtout applicable aux patients présentant une tumeur<br />

multifocale et/ou un diabète insulino-dépendant en pré-opératoire.<br />

269


3) La splénopancréatectomie gauche ou corporéo-caudale<br />

Cette intervention comporte l’exérèse de la rate et de la queue <strong>du</strong> pancréas. L’exérèse<br />

pancréatique peut être poussée vers l’isthme <strong>du</strong> pancréas. Elle est indiquée en cas de<br />

cancer <strong>du</strong> corps ou de la queue <strong>du</strong> pancréas.<br />

4) Les pancréatectomies régionales<br />

Les pancréatectomies régionales associent une DPC ou une DPT à des exérèses<br />

ganglionnaires élargies avec des résections vasculaires.<br />

Ces interventions augmentent le taux de résécabilité et apportent un meilleur confort de<br />

survie que les méthodes palliatives. Elles sont réservées à des centres spécialisés afin de<br />

ne pas être grevées d’une lourde morbidité et d’une mortalité trop élevée.<br />

LA CHIRURGIE PALLIATIVE :<br />

Ces interventions chirurgicales ont pour objet de traiter les effets délétères de l’ictère à savoir<br />

essentiellement le prurit, mais aussi de maintenir un transit digestif (en palliant une éventuelle<br />

compression <strong>du</strong>odénale) et enfin de soulager les douleurs.<br />

Elles comportent dans tous les cas une dérivation biliaire et souvent une dérivation digestive.<br />

La dérivation biliaire utilise préférentiellement la voie biliaire principale. Elle consiste soit<br />

en une anastomose cholédoco-<strong>du</strong>odénale latéro-latérale, soit, plus souvent, en une anastomose<br />

cholédoco-jéjunale sur anse en Y.<br />

La dérivation digestive fait appel à une gastro-entéro-anastomose. Elle court-circuite une<br />

sténose <strong>du</strong>odénale. Elle mérite d’être réalisée de principe afin d’éviter une sténose <strong>du</strong>odénale<br />

ultérieure liée à l’évolution locale de la tumeur.<br />

Les splanchnicectomies chirurgicales ont pour but de sectionner le nerf splanchnique, situé<br />

en profondeur au contact de l’aorte ; elles sont réalisées soit par voie chirurgicale au cours de<br />

la laparotomie, soit par thoracoscopie. Les neurolyses chimiques per-opératoires utilisant de<br />

l’alcool absolu donnent des résultats analogues.<br />

270


LES TRAITEMENTS COMPLEMENTAIRES :<br />

RADIOTHERAPIE - CHIMIOTHERAPIE<br />

A l’heure actuelle, le traitement adjuvant des tumeurs réséquées à visée curative <strong>du</strong> pancréas a<br />

donné des résultats positifs car doublant la médiane de survie. Ces traitements adjuvants<br />

peuvent consister en une radiochimiothérapie ou en une chimiothérapie seule par<br />

Gemcitabine.<br />

Ces mêmes traitements sont aussi utilisées dans les formes inextirpables sans métastase à<br />

distance ils augmentent la médiane de survie et peuvent permettre de mieux contrôler les<br />

douleurs, ils améliorent la qualité de vie.<br />

TRAITEMENTS PALLIATIFS NON CHIRURGICAUX<br />

Traitement palliatif de l’ictère :<br />

Le traitement est basé sur la mise en place d’une endoprothèse mise soit par voie<br />

endoscopique, soit par voie transpariétale. Ces techniques comportent de rares complications<br />

propres (hémorragies et cholépéritoine pour la voie trans-pariétale, perforation pour la voie<br />

endoscopique). L’inconvénient de ces procédés est qu’ils sont grevés d’un taux élevé de<br />

récidive de l’ictère par obstruction de la prothèse nécessitant son changement.<br />

Traitement palliatif de la sténose <strong>du</strong>odénale :<br />

La mise en place d’endoprothèse par voie endoscopique permet de pallier, au moins<br />

transitoirement, une sténose <strong>du</strong>odénale. Là encore le risque d’obstruction de la prothèse est<br />

réel et impose alors son changement ; la prothèse risque également, par érosion, d’entraîner<br />

des phénomènes hémorragiques.<br />

Traitement de la douleur :<br />

La neurolyse trans-cutanée sous repérage scanographique des nerfs splanchniques donne un<br />

bon effet antalgique bien que souvent transitoire.<br />

271


La chimiothérapie :<br />

Les résultats sont décevants aussi bien en ce qui concerne le taux de réponse (10 à 20 %) que<br />

la survie. Plusieurs études randomisées ont cependant montré que la chimiothérapie<br />

par Gemcitabine permettait une amélioration de la survie et de la qualité de vie par rapport à<br />

un simple traitement palliatif. Dans quelques cas, la réponse est telle qu’elle peut permettre<br />

une exérèse initialement non réalisable.<br />

INDICATIONS THERAPEUTIQUES<br />

Elles dépendent de l’état <strong>du</strong> malade et <strong>du</strong> stade de la tumeur.<br />

1) Une intervention chirurgicale peut être envisagée<br />

- La tumeur est localisée (absence de carcinose et de métastase hépatique) et paraît<br />

résécable : une <strong>du</strong>odénopancréatectomie céphalique avec curage ganglionnaire et examen<br />

extemporané de la tranche de section pancréatique est réalisée en présence d’une tumeur<br />

de la tête <strong>du</strong> pancréas, une splénopancréatectomie gauche en présence d’une tumeur de la<br />

queue ou de l’isthme <strong>du</strong> pancréas. Une pancréatectomie régionale n’est pas faite de<br />

principe, mais en fonction de l’atteinte ganglionnaire et/ou vasculaire. Une DPT n’est<br />

pratiquée que de manière exceptionnelle.<br />

- La tumeur est localisée mais non résécable : une double dérivation (bilio-digestive à<br />

type d’anastomose cholédoco-<strong>du</strong>odénale latéro-latérale ou cholédoco-jéjunale sur anse en<br />

Y) et digestive (gastro-entéro-anastomose) est réalisée en présence d’une tumeur de la<br />

tête. Un traitement radio-chimiothérapique adjuvant est proposé après exérèse à visée<br />

curative en incluant si possible les malades dans un protocole et à titre palliatif en cas de<br />

non résécabilité.<br />

- La tumeur est évoluée et présente une extension loco-régionale contre-indiquant une<br />

exérèse (thrombose porte) et/ou des métastases hépatiques : un traitement chirurgical ne<br />

sera proposé qu’en présence d’un ictère avec un prurit et/ou de signes de sténose<br />

<strong>du</strong>odénale. Une double dérivation sera alors pratiquée. Un traitement<br />

272


adiochimiothérapeutique à visée antalgique sera proposé en l’absence de métastases<br />

viscérales.<br />

2) Une intervention chirurgicale ne peut être envisagée<br />

- un traitement symptomatique de l’ictère sera envisagé par prothèse biliaire mise en<br />

place par voie trans-hépato-pariétale ou par voie endoscopique.<br />

- la douleur sera traitée, en l’absence de réponse aux antalgiques oraux, par alcoolisation<br />

des nerfs splanchniques.<br />

- une chimiothérapie peut être proposée pour améliorer la qualité de vie.<br />

PRONOSTIC DE LA MALADIE<br />

Il reste décevant. Moins de 40 % des patients opérés pourront bénéficier d’une exérèse à visée<br />

curative. Parmi ceux-ci 20 % survivront à 5 ans. L’atteinte ganglionnaire est un facteur<br />

pronostique important dans les exérèses à visée curative (dans les exérèses curatives, la<br />

médiane de survie en l’absence d’envahissement ganglionnaire est de 15 mois, de 9 mois en<br />

présence d’un envahissement ganglionnaire. Une étude européenne multicentrique récente<br />

montre 21 mois de médiane de survie avec radio-chimiothérapie après résection à visée<br />

curative dite R0). La médiane de survie est de 6 mois en l’absence d’exérèse curative.<br />

Modalités de surveillance après traitement<br />

En l’absence de traitement efficace sur la récidive et les métastases, la surveillance restera<br />

essentiellement clinique et recherchera l’apparition de douleurs, d’un ictère. Les examens<br />

complémentaires seront guidés par les symptômes cliniques (écho, scanner). Devant la<br />

découverte d’une récidive ou de métastases, les traitements seront palliatifs et utiliseront les<br />

modalités habituellement non chirurgicales déjà présentées (antalgiques, alcoolisation des<br />

splanchniques, radiothérapie, chimiothérapie palliative, endoprothèse biliaire).<br />

273

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