L'identité francophone dans la mondialisation - Organisation ...
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SOMMAIRE<br />
Avant-propos<br />
Présentation de <strong>la</strong> Cellule de réflexion stratégique de <strong>la</strong> Francophonie<br />
(CRSF)<br />
Introduction<br />
Partie I : Les cinq caractéristiques de l’identité <strong>francophone</strong><br />
Linguistique<br />
Géographique et spatiale<br />
A caractère civilisationnel<br />
Politique<br />
Un imaginaire commun<br />
Partie II : Identité et <strong>mondialisation</strong><br />
L’identité <strong>francophone</strong> entre racines et dynamique<br />
E<strong>la</strong>rgissement vs approfondissement<br />
Entre <strong>la</strong>ngue et valeurs<br />
La francophonie hors les murs<br />
Globalisation, identité, <strong>mondialisation</strong><br />
L’impact de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> sur l’identité <strong>francophone</strong><br />
Le potentiel de régu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Francophonie sur <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
Partie III : La première enquête sur l’identité <strong>francophone</strong> et<br />
<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
Présentation du questionnaire sur l’identité <strong>francophone</strong> (site CRSF)<br />
Analyse statistique quantitative et qualitatives<br />
Première conclusions<br />
Représentions graphiques<br />
Répartition par continent<br />
Répartition spatiale<br />
3
Répartition par genre<br />
Répartition par Etat<br />
Répartition hors France (en %)<br />
Partie IV : Proposition d’actions<br />
1 - Créer un espace public <strong>francophone</strong><br />
2 - Un pôle de communication en français<br />
3 - Un Erasmus <strong>francophone</strong><br />
4 - Attirer les jeunes et les <strong>francophone</strong>s<br />
5 - Une communication modernisée<br />
6 - L’Institut de <strong>la</strong> Francophonie<br />
7 - Enseigner <strong>la</strong> Francophonie<br />
8 - Un pacte du plurilinguisme<br />
9 - Un office de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française en Francophonie<br />
10 - Etendre le réseau des jeunes volontaires <strong>francophone</strong>s<br />
11 - Le visa <strong>francophone</strong><br />
12 - L’Académie de <strong>la</strong> francophonie<br />
13 - Une Fondation de <strong>la</strong> francophonie<br />
14 - Une approche économique <strong>francophone</strong><br />
15 - La production culturelle en français<br />
Conclusion<br />
Bibliographie et sitographie<br />
Annexes<br />
1 - Sommaire des documents reçus et des principaux entretiens<br />
2- Missions et participation à diverses manifestations<br />
3 - Bi<strong>la</strong>n du Forum de discussion de <strong>la</strong> CRSF<br />
4 - Colloque sur l’identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
Programme<br />
Liste des intervenants et des participants<br />
4
Dominique WOLTON<br />
Chevalier <strong>dans</strong> l’Ordre de <strong>la</strong> Légion d’Honneur<br />
Officier <strong>dans</strong> l’Ordre des Palmes Académiques<br />
Officier <strong>dans</strong> l’Ordre des Arts et Lettres<br />
Directeur scientifique de <strong>la</strong> Cellule de Réflexion Stratégique de <strong>la</strong> Francophonie à l’<strong>Organisation</strong><br />
internationale de <strong>la</strong> Francophonie (OIF)<br />
Directeur de recherche, c<strong>la</strong>sse exceptionnelle au CNRS<br />
Directeur de l’Institut des Sciences de <strong>la</strong> communication du CNRS<br />
Directeur de <strong>la</strong> Revue Hermès, Cognition Communication Politique, CNRS Éditions, Paris<br />
Membre du Conseil scientifique du CNRS<br />
Membre du Conseil d’administration du Groupe France Télévisions et de France 2<br />
Membre de <strong>la</strong> Commission française de l’Unesco<br />
Président du Comité d’éthique du Bureau de vérification de <strong>la</strong> publicité (BVP)<br />
Ouvrages récents<br />
Demain, <strong>la</strong> francophonie. Pour une autre <strong>mondialisation</strong>, F<strong>la</strong>mmarion, 2006, 195 p.<br />
Mondes <strong>francophone</strong>s. Auteurs et livres de <strong>la</strong>ngue française (dir.), ADPF, Ministère des Affaires<br />
Etrangères, 2006, 450 p.<br />
Il faut sauver <strong>la</strong> communication, F<strong>la</strong>mmarion, 2005,220 p. Version poche, Champs, F<strong>la</strong>mmarion,<br />
2007 - Traductions étrangères.<br />
Télévision et civilisations, entretiens avec H. Le Paige, Bruxelles, Belgique, Labor, 2004, 135 p.<br />
La Télévision au pouvoir. Omniprésente, irritante, irremp<strong>la</strong>çable (dir.), Universalis, coll. « le tour<br />
du sujet », 2004, 195 p.<br />
Francophonie et Mondialisation (dir.), Revue Hermès, n° 40, CNRS Éditions, 2004, 420 p.<br />
L’Autre <strong>mondialisation</strong>, F<strong>la</strong>mmarion, 2003, 211 p. Version poche, Champs, F<strong>la</strong>mmarion, 2004.<br />
Traductions étrangères.<br />
La France et les Outre-mers. L’enjeu multiculturel (dir.), Revue Hermès, n° 32-33, CNRS<br />
Éditions, 2002, 656 p.<br />
Internet. Petit manuel de survie. Entretiens avec Olivier Jay, F<strong>la</strong>mmarion, 2000, 186 p.<br />
Traductions étrangères.<br />
Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, F<strong>la</strong>mmarion, 1999, 200 p.<br />
Prix Georges Pompidou. Version poche, Champs, F<strong>la</strong>mmarion, 2000. Traductions étrangères.<br />
Penser <strong>la</strong> communication, F<strong>la</strong>mmarion, 1997, 400 p. Version poche, Champs, F<strong>la</strong>mmarion, 1998,<br />
402 p. Traductions étrangères.<br />
INSTITUT DES SCIENCES DE LA<br />
COMMUNICATION DU CNRS<br />
27, rue Damesme, 75013 Paris (France)<br />
Téléphone : + 33 (0) 1 44 16 73 68<br />
Télécopie : + 33 (0) 1 44 16 73 69<br />
Courriel : dominique.wolton@iscc.cnrs.fr<br />
Sites web : www.iscc.fr – www.wolton.fr<br />
ORGANISATION INTERNATIONALE<br />
DE LA FRANCOPHONIE<br />
Cellule de Réflexion Stratégique de <strong>la</strong><br />
Francophonie (CRSF)<br />
35, rue Saint-Dominique – 75007 Paris (Fance)<br />
Téléphone : +33 (0) 1 43 17 39 19<br />
Télécopie : +33 (0) 1 45 56 17 58<br />
Curriel : dominique.wolton@francophonie.fr<br />
Si web : www.francophonie.org<br />
6
Présentation générale de <strong>la</strong> Cellule de réflexion<br />
stratégique de <strong>la</strong> Francophonie (CRSF)<br />
La Cellule de réflexion stratégique de <strong>la</strong> Francophonie a été créée à l’initiative de son<br />
Secrétaire général, M. Abdou DIOUF, qui l’a présentée officiellement, le 26 février<br />
2007 à Paris.<br />
Sous <strong>la</strong> direction de Dominique WOLTON, directeur de recherche au CNRS, avec <strong>la</strong><br />
col<strong>la</strong>boration de deux experts consultants : Catherine MANDIGON et Aurélien<br />
YANNIC, assisté d’Henriette NJAKOUO, <strong>la</strong> Cellule de réflexion stratégique de <strong>la</strong><br />
Francophonie réfléchit sur les grandes questions que l’<strong>Organisation</strong> Internationale<br />
de <strong>la</strong> Francophonie (OIF) devra affronter <strong>dans</strong> les prochaines années. Comment<br />
renforcer <strong>la</strong> coopération avec les acteurs internes et externes de <strong>la</strong> Francophonie et<br />
proposer des analyses et des actions à mener.<br />
D’une manière générale, <strong>la</strong> Cellule contribue à une meilleure compréhension des<br />
grandes mutations auxquelles est confrontée <strong>la</strong> Francophonie et à une meilleure<br />
articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> société civile et les institutions <strong>francophone</strong>s.<br />
Les thèmes actuellement choisis sont :<br />
- Les migrations internationales<br />
- L’identité <strong>francophone</strong> à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
- Le dialogue des civilisations<br />
- Francophonie et Europe é<strong>la</strong>rgie.<br />
Les industries culturelles et l’éducation sont des problématiques qui traversent tous<br />
les thèmes.<br />
Pour réaliser ces objectifs, <strong>la</strong> Cellule de réflexion stratégique de <strong>la</strong> Francophonie<br />
consultera des experts de tous les pays <strong>francophone</strong>s, constituera un réseau de<br />
correspondants, ouvrira un forum sur le site internet de l’OIF www.francophonie.org<br />
et par une préparation décentralisée, organisera des débats <strong>dans</strong> les grandes zones<br />
géographiques du monde.<br />
Francophonie et Migrations (thème traité en 2007-2008)<br />
La migration peut être revendiquée comme un instrument de valorisation de <strong>la</strong><br />
Francophonie, notamment en prenant en compte le double mouvement d’aller et<br />
retour entre les pays d’origine et les pays d’accueil, sans oublier les pays de transit.<br />
On s’intéressera au migrant lui-même. Toute personne qui migre, apporte sa culture,<br />
son savoir-faire, ses économies, crée de <strong>la</strong> richesse et partage des valeurs. Comment<br />
cette ressource humaine peut-elle s’intégrer et répondre aux défis du développement<br />
<strong>dans</strong> un monde globalisé ? Il est nécessaire de trouver les arguments pour renverser<br />
l’approche généralement négative de <strong>la</strong> migration. Les migrations, des nantis et des<br />
pauvres, sont depuis toujours <strong>la</strong> richesse de l’humanité et un élément fondamental<br />
du développement national et international. Une richesse culturelle incomparable,<br />
surtout après <strong>la</strong> mise en application de <strong>la</strong> Convention de l’Unesco pour <strong>la</strong> protection<br />
et <strong>la</strong> promotion des expressions culturelles en mars 2007.<br />
Comprendre et valoriser comment, <strong>dans</strong> les 68 pays qui composent <strong>la</strong> Francophonie,<br />
les migrants participent à <strong>la</strong> mutation de l’espace <strong>francophone</strong> et contribuent à lutter<br />
contre une logique transversale d’exclusion et de ségrégation.<br />
L’identité <strong>francophone</strong> à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> (thème<br />
en cours)<br />
7
La Francophonie est souvent réduite à un simple regroupement entre <strong>la</strong> France et<br />
ses anciennes colonies. C’est mal connaître <strong>la</strong> genèse du mouvement <strong>francophone</strong> et<br />
sa géopolitique, avec deux époques : celle des racines historiques du 16ème au 19ème<br />
siècle, celle du colonialisme du 19 e au 20 e siècle. S’il y a un noyau historique, il a<br />
beaucoup évolué. Aujourd’hui, avec <strong>la</strong> fin du conflit Est-Ouest, on redécouvre ces<br />
autres racines et identités. La <strong>mondialisation</strong> est une chance pour <strong>la</strong> Francophonie<br />
car elle lui permet de retrouver un horizon souvent oublié sur le p<strong>la</strong>n historique et<br />
culturel. Présente sur tous les continents, elle devient un symbole de <strong>la</strong> diversité<br />
culturelle à construire. Elle s’appuie sur les identités et les <strong>la</strong>ngues plurielles. C’est<br />
<strong>la</strong> francosphère, c’est-à-dire, <strong>la</strong> Francophonie à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. Non pas<br />
un reste du passé, mais une chance pour l’avenir. Ces multiples points d’appui,<br />
historiques et contemporains, sont autant d’atouts pour amortir les chocs liés à <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> qui, <strong>la</strong> plupart du temps, bouleversent les identités et déstabilisent<br />
les cultures. Avec le temps, les logiques politiques ont <strong>la</strong>issé p<strong>la</strong>ce à des<br />
problématiques culturelles. Le dialogue entre les racines mondiales de <strong>la</strong><br />
Francophonie et celles des autres aires linguistiques devient un outil privilégié de <strong>la</strong><br />
cohabitation culturelle.<br />
Dialogue des civilisations (thème à venir)<br />
La <strong>la</strong>ngue française est le ciment d’une <strong>la</strong>rge communauté d’hommes et de femmes<br />
vivant aux quatre coins du monde, sous des <strong>la</strong>titudes et des climats différents et avec<br />
des cultures diverses. De grandes et célèbres figures de l’histoire universelle ont<br />
contribué à forger le patrimoine commun du monde <strong>francophone</strong> qui s’est enrichi de<br />
<strong>la</strong> philosophie des Lumières, de l’aspiration à davantage d’égalité, de <strong>la</strong> liberté et de<br />
<strong>la</strong> fraternité. Tous ces idéaux, véhiculés par une <strong>la</strong>ngue française partagée, ont été<br />
nourris par l’apport des valeurs issues de tous les pays de l’espace <strong>francophone</strong>. La<br />
Francophonie est donc aujourd’hui un des <strong>la</strong>boratoires de <strong>la</strong> diversité culturelle, un<br />
des outils de ce dialogue des civilisations à construire, un des espaces de cohabitation<br />
indispensables pour éviter cette funeste prophétie du choc des civilisations. La<br />
Francophonie est un exemple du pluralisme des modèles politiques et culturels, un<br />
acteur des trois espaces linguistiques (lusophone, hispanophone, <strong>francophone</strong>) et du<br />
rapprochement avec l’Arabophonie et <strong>la</strong> Russophonie. Elle est également un acteur<br />
de cette <strong>la</strong>ïcité de tolérance à construire pour desserrer le lien entre politique et<br />
religion. En un mot, elle contribue à sortir de l’universalisme abstrait comme du<br />
communautarisme et des multiples formes d’affrontement des identités culturelles.<br />
Elle participe aussi à l’organisation d’une meilleure cohabitation entre <strong>la</strong> majorité et<br />
les minorités religieuses, sociales et politiques. Elle est un des terrains<br />
d’expérimentation des nouveaux liens à construire entre identité et communauté,<br />
<strong>mondialisation</strong> et communauté internationale, diversité culturelle et universalisme.<br />
Francophonie et Europe é<strong>la</strong>rgie (thème à venir)<br />
C’est par le biais du politique et pas seulement par celui de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, que se<br />
construiront les nouveaux rapports entre Francophonie et Europe. De même que<br />
l’Europe a cessé de coïncider avec l’Occident, <strong>la</strong> Francophonie a cessé d’être<br />
exclusivement liée à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. Elle est aussi le symbole de <strong>la</strong> diversité<br />
culturelle comme atout pour une autre <strong>mondialisation</strong>. On assiste à une<br />
complémentarité entre « communauté de <strong>la</strong>ngues » et « communauté de cultures<br />
reconnues <strong>dans</strong> leurs diversités ». En Europe, le projet politique l’emporte sur<br />
l’extraordinaire diversité des <strong>la</strong>ngues et des cultures : 23 <strong>la</strong>ngues pour 68 pays et 254<br />
régions. Avec <strong>la</strong> Francophonie, c’est l’inverse : une <strong>la</strong>ngue commune pour 68 Etats et<br />
gouvernements que beaucoup de choses séparent par ailleurs. Des acteurs de <strong>la</strong> vie<br />
intellectuelle, économique, sociale et culturelle de pays européens, <strong>francophone</strong>s et<br />
non <strong>francophone</strong>s, seront invités à expliciter le lien qu’ils entretiennent avec <strong>la</strong><br />
8
<strong>la</strong>ngue française et, par delà, avec les pays et les cultures des pays <strong>francophone</strong>s<br />
d’Europe, d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie, ainsi qu’avec les autres aires<br />
linguistiques luso-hispano-arabo et russophones. Cette interrogation concerne les<br />
pays européens effectivement <strong>francophone</strong>s (Suisse, Belgique, Luxembourg…) mais<br />
également des pays qui ont récemment accédé au statut de membres ou<br />
d’observateurs (Pays baltes, Autriche, Hongrie…).<br />
Industries culturelles et Education<br />
Les industries culturelles et de <strong>la</strong> communication occupent une p<strong>la</strong>ce centrale <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
vie des hommes. Elles mobilisent les créations individuelles et les acteurs collectifs<br />
que sont les entreprises de production et de diffusion. Elles procèdent autant du jeu<br />
des individus que de celui des collectivités et des entreprises. Elles structurent et<br />
renforcent les identités, en tissant des liens, toujours complexes, entre valeurs et<br />
intérêts, création et commerce. Pas de diversité culturelle sans industries culturelles<br />
nationales (presse, édition, film, télévision, radio, théâtre, <strong>dans</strong>e…). Avoir ou cultiver<br />
des racines permet de construire <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> et non l’inverse. Eviter que <strong>la</strong><br />
diversité culturelle ne soit que <strong>la</strong> déclinaison, par aires linguistiques, de productions,<br />
par ailleurs multinationale. Les industries de <strong>la</strong> culture et de <strong>la</strong> communication sont<br />
un des acteurs centraux de <strong>la</strong> paix et de <strong>la</strong> guerre du 21ème siècle. Ceci est renforcé<br />
par l’arrivée des nouvelles technologies de l’information liées aux industries du savoir<br />
et de <strong>la</strong> connaissance. Elles deviennent un accélérateur de l’émergence d’une nouvelle<br />
société qui, si l’on n’y prend pas garde, risque de devenir plus inégalitaire que les<br />
précédentes. Quant à l’éducation, elle est à <strong>la</strong> base de tout, notamment pour<br />
l’apprentissage des <strong>la</strong>ngues maternelles et des <strong>la</strong>ngues secondes sans lesquelles il n’y<br />
a pas de respect de <strong>la</strong> diversité culturelle. La maîtrise de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue reste <strong>la</strong> première<br />
condition de l’émancipation. L’éducation ne peut remplir cette fonction que s’il existe<br />
une égalité d’accès de tous à tous les niveaux de l’éducation : primaire, secondaire et<br />
supérieur. L’éducation est aussi l’horizon de <strong>la</strong> société de <strong>la</strong> connaissance qui mêle<br />
valeurs et intérêts et qui nécessite une vigi<strong>la</strong>nce toute particulière pour préserver le<br />
rôle essentiel des hommes <strong>dans</strong> l’éducation. Pour ce<strong>la</strong>, il faut éviter de subordonner<br />
celle-ci aux seules performances des outils techniques : pas d’éducation sans dialogue<br />
maîtrisé par les enseignants du rapport entre les élèves et les techniques. C’est pour<br />
ces raisons que les industries culturelles, de <strong>la</strong> communication et de l’éducation<br />
constituent des thèmes qui traversent tous les travaux abordés par <strong>la</strong> cellule de<br />
réflexion stratégique de <strong>la</strong> Francophonie.<br />
9
INTRODUCTION<br />
L’<strong>Organisation</strong> internationale de <strong>la</strong> Francophonie est à une croisée des<br />
chemins et l’identité <strong>francophone</strong> en est un exemple. La Francophonie,<br />
c’est deux choses : un mouvement militant, politique et culturel qui dure<br />
depuis des siècles ; une organisation multi<strong>la</strong>térale, l’OIF.<br />
En vingt ans, le succès de celle-ci est incontestable. Elle compte comme<br />
une des grandes organisations internationales, acteur de <strong>la</strong> diversité<br />
culturelle mais le lien entre elle-même et sa source se distend. Le risque<br />
c’est d’oublier que, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> durée, l’existence, et <strong>la</strong> force de l’OIF, ne<br />
valent que par ce lien, et par <strong>la</strong> valorisation de ses millions de locuteurs.<br />
Sans eux, l’OIF se dessèche et devient une sorte d’ONU-bis sans âme,<br />
une organisation internationale parmi tant d’autres. Et c’est sur <strong>la</strong><br />
capacité à <strong>la</strong>ncer, organiser des débats d’idées que l’on voit si l‘OIF est<br />
une institution comme les autres ou si elle n’oublie pas que sa légitimité<br />
est liée à ses millions de fantassins anonymes, bien loin des tapis rouge<br />
et des protocoles. Depuis quelques années, <strong>la</strong> tentation est de se <strong>la</strong>isser<br />
aspirer par le jeu international, avec <strong>la</strong> complicité des Etats peu pressés<br />
de voir l’<strong>Organisation</strong> jouer un rôle pleinement autonome et fort. Tout<br />
comme l’Europe hier, elle est confrontée au problème c<strong>la</strong>ssique : être le<br />
porte-parole des Etats et accepter alors <strong>la</strong> lenteur des rapports de force<br />
internationaux, ou bien assumer un rôle pilote au-delà de sa<br />
coordination interétatique et aller de l’avant comme <strong>la</strong> Commission<br />
européenne l’a fait.<br />
Nul doute que l’Europe n’en serait pas là où elle en est, s’il n’y avait eu<br />
que <strong>la</strong> politique des Etats. L’OIF doit donc, pour l’avenir même de <strong>la</strong><br />
Francophonie et pour ne pas perdre sa légitimité liée à <strong>la</strong> société civile,<br />
être simultanément une organisation multi<strong>la</strong>térale et promouvoir une<br />
certaine dynamique ; quitte à susciter parfois des remous au sein des<br />
Etats. Ce problème commun à toutes les organisations internationales,<br />
11
est plus prégnant ici encore puisque <strong>la</strong> finalité même de cette<br />
organisation est avant tout culturelle et politique.<br />
D’où l’importance des débats pour ne jamais en rester aux seules<br />
négociations interétatique.<br />
Avec <strong>la</strong> Cellule de réflexion stratégique, j’ai essayé depuis deux ans<br />
<strong>dans</strong> le cadre de l’OIF, de <strong>la</strong>ncer des débats fondamentaux pour<br />
l’avenir de <strong>la</strong> Francophonie. Le premier, en accord avec Abdou Diouf<br />
sur « Migration, Francophonie et <strong>mondialisation</strong> », illustre le rôle que<br />
pourrait jouer <strong>la</strong> Francophonie. Elle est même un des lieux privilégiés<br />
d’observation de tous les forces, faiblesses, contradictions de cette<br />
question essentielle.<br />
Les migrations sont une des bombes à retardement de <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong>, et <strong>la</strong> Francophonie peut y jouer un rôle central.<br />
Pourtant, après plus d’un an de mobilisation et le rapport rendu public<br />
sur le site de l’OIF début janvier 2008, et qui a rencontré un grand<br />
succès à l’extérieur, on constate le faible intérêt en interne. Mauvais<br />
signe. Signe d’une organisation trop centrée sur les enjeux<br />
institutionnels c<strong>la</strong>ssiques, les mini-conflits de pouvoir et qui a du mal,<br />
en dehors de ses textes, à penser l’avenir et à gouverner librement.<br />
Souhaitons que ce rapport sur l’identité <strong>francophone</strong> ne rencontre <strong>la</strong><br />
même indifférence en interne que le précédent sur les migrations, car<br />
l’OIF, là-dessus, comme pour l’immigration devrait jouer un rôle de<br />
défricheur.<br />
Les Etats sont prudents, et encore pas toujours, c’est normal mais les<br />
instances internationales devraient au contraire être plus libres. Sinon<br />
tout se referme sur le jeu institutionnel et diplomatique. Même l’Unesco,<br />
pourtant <strong>la</strong>rgement contrainte par le jeu interétatique, conserve une<br />
autonomie qui lui permet de se projeter <strong>dans</strong> les grandes questions de<br />
demain. Et encore, ne s’agit-il pas d’un mouvement militant comme<br />
l’OIF et avec <strong>la</strong> francophonie.<br />
En quoi l’identité <strong>francophone</strong> est-elle, comme l’immigration, le<br />
révé<strong>la</strong>teur de grandes questions de demain ? Parce que <strong>la</strong> pluralité et <strong>la</strong><br />
12
complexité des identités <strong>francophone</strong>s est au cœur de son projet. Avec<br />
son é<strong>la</strong>rgissement, se pose <strong>la</strong> question de son identité plurielle plus<br />
composite. Réfléchir à l’identité <strong>francophone</strong>, c’est penser les conditions<br />
mêmes de l’identité plurielle de <strong>la</strong> francophonie <strong>dans</strong> le monde ouvert de<br />
demain. Pas d’identité sans communication. Réfléchir sur l’identité c’est<br />
donc en parler.<br />
On retrouve là une autre faiblesse actuelle de l’OIF et de <strong>la</strong><br />
Francophonie ; pas assez de débats publics, ouverts, contradictoires sur<br />
<strong>la</strong> francophonie de demain. Alors même que <strong>la</strong> force de <strong>la</strong> francophonie<br />
est sa capacité à être cet immense espace public où des peuples du Nord,<br />
du Sud, de l’Est et de l’Ouest, avec des situations si différentes, sont<br />
capables de parler de tous les grands problèmes et d’inventer leur intersolidarité.<br />
La question de <strong>la</strong> communication et du débat est le pendant<br />
de celui de l’identité. Les deux faces d’un même problème. Pas de<br />
réflexion sur l’identité sans simultanément de grands débats internes,<br />
c’est-à-dire sans communication. Espérons que ce rapport sur l’identité,<br />
très prometteur quand on voit <strong>la</strong> mobilisation sur le site de <strong>la</strong> Cellule de<br />
réflexion stratégique, sera aussi l’occasion pour l’OIF d’ouvrir portes et<br />
fenêtres, de débattre en interne, de renouer avec les sociétés civiles.<br />
Faire de <strong>la</strong> francophonie un des lieux où se débat cette grande question<br />
pour <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> guerre de demain.<br />
Qu’est-ce que l’identité ? Comment faire cohabiter plusieurs identités<br />
individuelles et collectives ? Quel est le rôle respectif des <strong>la</strong>ngues et des<br />
valeurs ? Quels sont les changements de paradigme et de paramètres ?<br />
Quel est l’impact de l’é<strong>la</strong>rgissement de <strong>la</strong> Francophonie sur les<br />
nombreux problèmes de l’identité ? Bref, l’identité ça se discute. Le débat<br />
n’est pas clos, il commence ! Que cent fleurs s’épanouissent. Débattre de<br />
l’identité, c’est d’abord se parler et ainsi se projeter <strong>dans</strong> l’avenir, avec<br />
confiance, afin de donner un sens à cette <strong>mondialisation</strong> sans âme.<br />
L’identité <strong>francophone</strong> n’est pas un enjeu institutionnel c<strong>la</strong>ssique, c’est<br />
<strong>la</strong> matrice d’une bonne partie des mutations de demain. Et ce<strong>la</strong> peut<br />
13
donner envie aussi aux lusophones, anglophones, hispanophones,<br />
arabophones… de faire <strong>la</strong> même chose.<br />
L’essentiel ici, on le voit sur le site de <strong>la</strong> CRSF, est de s’exprimer,<br />
confronter les points de vue, publiquement, ouvertement. L’OIF<br />
retrouvera alors une fonction de p<strong>la</strong>ce publique qui <strong>la</strong> distinguera<br />
d’autres organisations internationales. Et elle n’oubliera pas ainsi cette<br />
« francophonie hors les murs » qui est aussi importante que <strong>la</strong><br />
Francophonie officielle, et sans <strong>la</strong>quelle rien n’est possible puisqu’elle est<br />
l’un des réservoirs de <strong>la</strong> Francophonie de demain.<br />
Rappelons que l’identité n’est jamais statique, elle est toujours<br />
dynamique, surtout à l’heure de l’ouverture et de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. Tout<br />
le problème est de savoir comment s’articulent les dimensions<br />
traditionnelles et contemporaines. Savant et difficile dosage qui risque<br />
toujours de se faire au détriment de <strong>la</strong> tradition. Et pourtant, pas de<br />
modernité sans tradition ! Surtout en ce qui concerne l’identité. Par<br />
contre, comme je l’ai souvent distingué, il y a deux identités collectives 1 .<br />
Une identité refuge, fermée, qui est le moyen de dire non pour des<br />
collectivités menacées, <strong>la</strong> plus fréquente, <strong>la</strong> plus dangereuse mais qui<br />
exprime les rapports de force mondiaux où l’on a tendance à nier les<br />
identités des plus faibles. L’autre, l’identité culturelle re<strong>la</strong>tionnelle<br />
qui peut combiner <strong>la</strong> défense de valeurs identitaires et l’appartenance à<br />
<strong>la</strong> communauté internationale. Plus facile pour les pays riches et<br />
développés que pour les autres pays de <strong>la</strong> francopshère…<br />
Plus on nie les identités, plus elles font retour de manière plus ou moins<br />
violente sur le mode de l’identité-refuge. Reconnaître aujourd’hui<br />
l’importance du concept d’identité n’est nullement synonyme de<br />
communautarisme, ethnicisme… c’est le contraire. Si on ne comprend<br />
pas que le monde ouvert réc<strong>la</strong>me aussi le renforcement des identités,<br />
pour éviter tout simplement l’anomie, on risque alors, en retour, d’avoir<br />
réellement <strong>la</strong> guerre des identités.<br />
1 Cf. Dominique Wolton, L’autre <strong>mondialisation</strong>, F<strong>la</strong>mmarion, 2006.<br />
14
Donc pas de modernité sans tradition, d’ouverture sans<br />
identité, de projet sans mémoire. Au niveau individuel et<br />
collectif, les trois sont liés. Ce qui fait l’intérêt et l’immense<br />
difficulté de <strong>la</strong> question de l’identité. Surtout lorsqu’il s’agit d’une<br />
identité récente comme celle de <strong>la</strong> Francophonie.<br />
Cinq caractéristiques apparaissent pour toute réflexion sur l’identité<br />
<strong>francophone</strong>.<br />
1 – La Francophonie n’échappera pas à un débat sur ce qui est son<br />
identité à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. La <strong>la</strong>ngue y joue toujours un rôle<br />
central, même si le pourcentage entre l’adhésion à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et/ou aux<br />
valeurs fluctue selon les continents, les générations et les milieux<br />
socioculturels. Ce débat n’est pas secondaire mais central. On ne peut<br />
agir sans savoir qui on est, au regard des mutations qui ont eu lieu en 50<br />
ans ! Les objectifs de l’OIF et son action, et plus généralement <strong>la</strong><br />
Francophonie, dépendent d’une réflexion ouverte et contradictoire sur<br />
son identité collective. La question de l’identité <strong>francophone</strong> est d’autant<br />
plus légitime que le français est aujourd’hui <strong>la</strong> neuvième <strong>la</strong>ngue parlée<br />
<strong>dans</strong> le monde en terme de locuteurs, <strong>la</strong> seule avec l’ang<strong>la</strong>is à être<br />
présente sur touts les continents, <strong>la</strong> deuxième enseignée et apprise <strong>dans</strong><br />
le monde, après l’ang<strong>la</strong>is.<br />
2 – Ne pas réduire le débat aux pays <strong>francophone</strong>s. Ne jamais oublier les<br />
pays où le français est <strong>la</strong>ngue étrangère. La question de l’identité<br />
<strong>francophone</strong> se pose partout où cette <strong>la</strong>ngue à caractère universaliste est<br />
parlée et enseignée. Ni l’OIF, ni personne, n’a le monopole ou le dernier<br />
mot d’une réflexion sur l’identité <strong>francophone</strong>.<br />
3 – Faire de l’OIF un espace public ouvert où l’on peut débattre<br />
librement, contradictoirement des questions identitaires est une<br />
condition préa<strong>la</strong>ble. Le jeu institutionnel a tendance, à tort, à refermer<br />
cet espace public pourtant indispensable pour une organisation<br />
15
internationale « pas comme les autres », dont le modèle reste plutôt celui<br />
des ONG plus que celui d’une organisation internationale c<strong>la</strong>ssique.<br />
4 – L’identité plurielle de <strong>la</strong> Francophonie, et <strong>la</strong> cohabitation de<br />
plusieurs identités en son sein, renvoient à l’originalité de sa position<br />
politique : être <strong>francophone</strong>, c’est reconnaitre et valoriser le<br />
multilinguisme. Il y a donc à l’origine de <strong>la</strong> Francophonie, et c’est son<br />
originalité, une identité et une ouverture vers autrui.<br />
5 – La <strong>mondialisation</strong> depuis vingt ans bouleverse considérablement les<br />
cadres d’analyse de <strong>la</strong> Francophonie. Rien n’est simple et si l’une des<br />
cartes maîtresse de <strong>la</strong> francophonie est d’être présente sur tous les<br />
continents, ce<strong>la</strong> ne l’empêche pas de se confronter aux bouleversements<br />
culturels actuels. La Francophonie doit pouvoir reprendre, refonder cette<br />
question centrale de son identité <strong>dans</strong> un monde ouvert, où les valeurs<br />
de diversité culturelle, respect de l’autre, solidarité n’ont pas vieilli mais<br />
ont besoin d’être repensées.<br />
En d’autres termes, mener une réflexion et ouvrir un débat, comme ce<br />
rapport souhaite le faire, n’est pas un repli narcissique sur soi-même,<br />
c’est tout le contraire. On ne peut avoir une vision des objectifs et de<br />
l’action que si l’on a une conscience re<strong>la</strong>tivement c<strong>la</strong>ire de sa propre<br />
identité. Réfléchir sur son identité, surtout quand elle est plurielle<br />
comme en Francophonie, n’est pas se régler sur soi. C’est se donner les<br />
moyens de savoir qui on est <strong>dans</strong> un monde totalement bouleversé et<br />
pouvoir ainsi, ensuite, se tourner vers l’autre.<br />
Dominique WOLTON, décembre 2008.<br />
16
PARTIE I<br />
Les cinq caractéristiques de l’identité <strong>francophone</strong><br />
Cinq caractéristiques permettent de cerner l’identité <strong>francophone</strong> :<br />
linguistique, géographique et spatiale, civilisationnelle, politique. Ces<br />
caractéristiques n’ont pas <strong>la</strong> même importance selon les moments et les<br />
continents et ont subi des variations politiques <strong>dans</strong> les trente dernières<br />
années, au fur et à mesure de <strong>la</strong> construction de l’OIF. Mais c’est<br />
toujours entre <strong>la</strong> tension définie par <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et les autres valeurs que<br />
se joue cette identité <strong>francophone</strong>, jamais statique.<br />
1 - Une identité linguistique<br />
L’origine du substantif francophonie provient de l’adjectif <strong>francophone</strong><br />
qui signifie « personne par<strong>la</strong>nt le français ». Par conséquent, l’identité<br />
<strong>francophone</strong> repose sur le fait d’appartenir à une communauté de <strong>la</strong>ngue<br />
ou bien, de s’y rattacher en par<strong>la</strong>nt le français. L’étymologie même du<br />
mot francophonie souligne <strong>la</strong> primauté du sens linguistique par phonie<br />
et par conséquent, le sens linguistique l’emporte sur d’autres sens, tels,<br />
le sens géographique, politique, ou symbolique. En outre, le sens<br />
linguistique du point de vue historique fut toujours privilégié par<br />
rapport aux autres sens, y compris lors du renforcement de <strong>la</strong><br />
francophonie politique, avec <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce des Sommets des Chefs<br />
d’Etat <strong>francophone</strong>s.<br />
La première édition du volume VII d’août 1970 de l’encyclopédie<br />
Universalis, mettait déjà l’accent sur <strong>la</strong> dimension linguistique du mot<br />
francophonie qui apparaissait <strong>dans</strong> l’article consacré à <strong>la</strong> définition de <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue française. Cependant, afin de compléter cette notion linguistique<br />
et par <strong>la</strong> même, retranscrire une réalité nouvelle, on acco<strong>la</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
deuxième moitié des années 1970, un adjuvant géographique et spatial.<br />
17
Le dictionnaire Quillet de 1977, soulignait le lien entre le critère<br />
linguistique et le critère géographique et donnait <strong>la</strong> définition suivante<br />
pour <strong>la</strong> francophonie « fait d’être <strong>francophone</strong>, par extension, ensemble<br />
des pays <strong>francophone</strong>s.»<br />
La francophonie est l’expression d’une conscience internationale. Tout<br />
individu est naturellement attaché à sa <strong>la</strong>ngue sans pour autant<br />
prétendre l’utiliser à l’échelle p<strong>la</strong>nétaire. Dans le cas du français comme<br />
<strong>dans</strong> celui de quelques autres <strong>la</strong>ngues de grande diffusion, ce sentiment<br />
national fait p<strong>la</strong>ce, <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions internationales à un sentiment<br />
d’appartenance communautaire. Les pays <strong>francophone</strong>s ont pris, plus tôt<br />
que d’autres ensembles linguistiques conscience de leurs liens 2 .<br />
Extraits des débats et des contributions des<br />
représentants des Etats, de l’<strong>Organisation</strong>, des<br />
opérateurs et des experts.<br />
Canada<br />
« Depuis plus de 35 ans, le gouvernement du Canada aide<br />
financièrement les provinces et territoires à offrir aux jeunes Canadiens<br />
d’expression française et ang<strong>la</strong>ise en situation minoritaire (soit les<br />
<strong>francophone</strong>s hors Québec et les anglophones au Québec) une éducation<br />
<strong>dans</strong> leur propre <strong>la</strong>ngue et également à offrir à l’ensemble de <strong>la</strong> clientèle<br />
sco<strong>la</strong>ire <strong>la</strong> possibilité d’apprendre leur seconde <strong>la</strong>ngue officielle. L’appui<br />
du gouvernement du Canada <strong>dans</strong> le domaine de l’enseignement des<br />
<strong>la</strong>ngues officielles lui permet de contribuer au développement de <strong>la</strong><br />
francophonie canadienne, en permettant aux <strong>francophone</strong>s hors Québec<br />
de s’éduquer <strong>dans</strong> leur propre <strong>la</strong>ngue et en favorisant l’apprentissage du<br />
français auprès de <strong>la</strong> majorité de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion canadienne.<br />
La col<strong>la</strong>boration intergouvernementale en matière de services contribue<br />
au développement de <strong>la</strong> francophonie canadienne en permettant aux<br />
<strong>francophone</strong>s hors Québec d’avoir accès à des services<br />
provinciaux/territoriaux en français. Depuis les années 90, le<br />
gouvernement fédéral conclut des ententes de partage des frais avec les<br />
gouvernements provinciaux et territoriaux qui le souhaitent ce qui<br />
permet <strong>la</strong> prestation et le développement de services <strong>dans</strong> certains<br />
secteurs d’intérêt pour les communautés de <strong>la</strong>ngue officielle, par<br />
2<strong>Organisation</strong> internationale de <strong>la</strong> francophonie, Représentation permanente auprès des Nations<br />
Unies, symposium sur le plurilinguisme <strong>dans</strong> les organisations internationales. Rapport<br />
introductif investir <strong>dans</strong> <strong>la</strong> diversité, Genève, 5 et 6 novembre 1998, p.8.<br />
18
exemple, <strong>la</strong> petite enfance, <strong>la</strong> santé et les services sociaux, juridiques et<br />
économiques.<br />
Cette col<strong>la</strong>boration intergouvernementale a également permis <strong>la</strong><br />
création d’un forum multi<strong>la</strong>téral auquel participent les treize provinces<br />
et territoires ainsi que le gouvernement fédéral.<br />
Le gouvernement fédéral appuie le maintien et le développement des<br />
communautés <strong>francophone</strong>s et anglophone en situation minoritaire<br />
depuis <strong>la</strong> fin des années 1960. Cet appui prend notamment <strong>la</strong> forme d’un<br />
soutien aux organismes sans but lucratif représentatifs des minorités de<br />
<strong>la</strong>ngue officielle. Le réseau associatif des communautés compte plus de<br />
350 tels organismes.<br />
Les défis liés à l’immigration en milieu <strong>francophone</strong> minoritaire ainsi<br />
qu’à <strong>la</strong> grande diversité des nouveaux arrivants d’expression française<br />
mettent en évidence le besoin d’une étroite col<strong>la</strong>boration entre les<br />
gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que les<br />
communautés <strong>francophone</strong>s hors Québec pour réussir le projet de<br />
l’immigration <strong>francophone</strong>. »<br />
Nouveau Brunswick<br />
« Pour les Acadiens et <strong>francophone</strong>s du Nouveau Brunswick, les<br />
fondements de l’identité <strong>francophone</strong> se basent surtout sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et<br />
<strong>la</strong> diversité culturelle plutôt que sur une identité politique et<br />
diplomatique autour de <strong>la</strong> démocratie et des droits de l’homme.<br />
Cette identité basée sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>la</strong> diversité culturelle les rend plus<br />
fragiles face à un continent nord-américain à forte prédominance<br />
anglophone. La perte de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue peut ainsi représenter <strong>la</strong> perte d’une<br />
grande partie de son identité. Voilà pourquoi le gouvernement du<br />
Nouveau Brunswick a légiféré en adoptant des lois pour protéger et<br />
assurer le développement culturel, éducationnel et social des<br />
communautés linguistiques officielles. »<br />
Haïti<br />
« Etre <strong>francophone</strong> c’est être citoyen d’un pays ayant adopté le français<br />
comme <strong>la</strong>ngue officielle ou vivre <strong>dans</strong> un Etat où l’on s’exprime en<br />
français. C’est aussi faire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française le seul outil utilitaire et<br />
moyen pratique de communication tout en reconnaissant toutes les<br />
<strong>la</strong>ngues et cultures.<br />
Les fondements de l’identité <strong>francophone</strong> devraient se baser sur <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue française. C’est par l’éducation que l’identité <strong>francophone</strong> sera<br />
réellement défendue. Il faut donc tendre à <strong>la</strong> promotion des <strong>la</strong>ngues<br />
maternelles.<br />
Langue et solidarité sont les deux piliers de <strong>la</strong> Francophonie : il faut une<br />
modu<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong> l’approche de <strong>la</strong> démocratie afin de renforcer les<br />
valeurs universelles des droits de l’homme <strong>dans</strong> l’intérêt de <strong>la</strong> grande<br />
famille <strong>francophone</strong>. »<br />
19
Burkina Faso<br />
« Le français est une <strong>la</strong>ngue imposée en raison de l’héritage colonial : <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue de <strong>la</strong> minorité est <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue officielle, et les <strong>la</strong>ngues de <strong>la</strong> majorité<br />
sont à <strong>la</strong> marge.<br />
La « guerre des <strong>la</strong>ngues » existe de manière <strong>la</strong>rvée (JL Calvet)<br />
L’école est le cheval de Troie de <strong>la</strong> Francophonie<br />
Le français est à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong>ngue étrangère, <strong>la</strong>ngue nationale, <strong>la</strong>ngue<br />
officielle, <strong>la</strong>ngue véhicu<strong>la</strong>ire et <strong>la</strong>ngue maternelle en Afrique. »<br />
Egypte<br />
« Etre <strong>francophone</strong>, c’est communiquer en français : <strong>la</strong> condition<br />
nécessaire mais non suffisante. La francophonie permet un mé<strong>la</strong>nge<br />
linguistique et culturel. Il ne s’agit ni d’un lien politique, ni ethnique, ni<br />
religieux, mais un lien humain en forme de <strong>la</strong>ngue au sein de l’OIF ou en<br />
dehors.<br />
L’âme de <strong>la</strong> francophonie est <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue tandis que le cœur en constitue<br />
les valeurs.<br />
Il faut appuyer l’éducation en français des différentes disciplines<br />
scientifiques, encourager stages au sein des institutions <strong>francophone</strong>s,<br />
favoriser une coopération scientifique plus intense afin de garder les<br />
chercheurs en sciences <strong>dans</strong> l’espace <strong>francophone</strong>.<br />
La société civile peut jouer un rôle primordial <strong>dans</strong> développement de<br />
l’attractivité <strong>francophone</strong>.<br />
La promotion des opportunités commerciales <strong>dans</strong> l’espace <strong>francophone</strong><br />
est nécessaire. »<br />
Observatoire du français<br />
« La Francophonie est un lieu d’identités multiples, René Depestre.<br />
La <strong>la</strong>ngue en partage est le français, mais elle ne constitue pour les<br />
individus concernés qu’une parmi plusieurs autres composantes de leur<br />
identité.<br />
En 1993, l’enquête Ipsos pour le Haut Conseil, auprès d’un échantillon<br />
de 1000 personnes, a permis de mesurer les changements intervenus<br />
<strong>dans</strong> <strong>la</strong> représentation que se faisaient les Français de <strong>la</strong> Francophonie.<br />
Dans les conclusions de cette étude, l’enseignement du français<br />
s’imposait comme <strong>la</strong> mission jugée prioritaire de <strong>la</strong> Francophonie. Enfin,<br />
autre grande leçon de ce sondage : l’avenir de <strong>la</strong> Francophonie, aux yeux<br />
de <strong>la</strong> majorité des personnes interrogées, ne pouvait se jouer que <strong>dans</strong> le<br />
plurilinguisme, le français s’ajoutant aux autres <strong>la</strong>ngues parlées <strong>dans</strong><br />
l’espace <strong>francophone</strong>, sans prétendre se substituer à elles. »<br />
Un cadre de l’OIF<br />
« Etre <strong>francophone</strong> ne suppose l’adhésion à aucun système de valeur<br />
particulier, à aucun idéal spécifique, à aucun modèle politique ou social.<br />
Le fondement de l’identité <strong>francophone</strong> est <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et sa capacité à<br />
20
ordonner <strong>la</strong> diversité des situations culturelles et linguistiques de ses<br />
différents utilisateurs. L’identité politique et diplomatique, autour de <strong>la</strong><br />
démocratie et des droits de l’homme, n’existe que <strong>dans</strong> le cadre d’un<br />
système multi<strong>la</strong>téral récent<br />
L’identité fondée sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est un fait historique, susceptible<br />
d’évoluer en raison de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce politique, économique et scientifique des<br />
pays utilisant effectivement le français <strong>dans</strong> leur vie quotidienne. Le<br />
Français est ainsi menacé de passer du stade de « <strong>la</strong>ngue monde » au<br />
stade de « <strong>la</strong>ngue régionale », en particulier faute d’un centre alternatif<br />
tel qu’il en existe pour les trois autres « <strong>la</strong>ngues monde » européennes,<br />
sans que ce<strong>la</strong> touche cette forme d’identité : il sera simplement moins<br />
facile de prendre part à <strong>la</strong> vie du monde sans savoir une autre <strong>la</strong>ngue<br />
que le français. A ce titre l’é<strong>la</strong>rgissement de l’OIF est au mieux neutre,<br />
au pire une menace en amenant <strong>la</strong> collectivité « <strong>francophone</strong> » à utiliser,<br />
par nécessité, pour fonctionner et échanger, des <strong>la</strong>ngues autres que le<br />
français<br />
La Francophonie qui est l’expression d’une spécificité et de <strong>la</strong> recherche<br />
d’une universalité fondée sur <strong>la</strong> diversité, est directement menacée par<br />
<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. Sans une connaissance minimale du français, de ses<br />
structures et de son mode de fonctionnement spécifique <strong>dans</strong> l’ensemble<br />
des <strong>la</strong>ngues, et sans une connaissance minimale de l’histoire des<br />
re<strong>la</strong>tions entre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et certaines valeurs politiques,<br />
culturelles et sociales, il ne peut y avoir d’identité <strong>francophone</strong>.<br />
S’il s’agit de constituer une identité <strong>francophone</strong> au sens institutionnel –<br />
valeurs partagées, idées communes, etc. – les médias ont un rôle limité.<br />
En revanche s’il s’agit de constituer des ensembles de locuteurs<br />
<strong>francophone</strong>s – y compris <strong>dans</strong> des milieux et des endroits faiblement<br />
pénétrés par le français – le rôle des médias est essentiel, en accroissant<br />
« l’offre de français ». L’OIF dispose de trois instruments pour agir :<br />
FIPF, TV5 Monde et RFI, l’Alliance française et les écoles françaises. »<br />
2 - Une identité géographique et spatiale<br />
Le deuxième sens, de nature géographique s’il découle naturellement du<br />
premier et fait intervenir une notion spatiale ou d’aire, englobe une<br />
réalité humaine plus forte et désigne un monde dont <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />
peut être maternelle, officielle, d’usage, administrative, véhicu<strong>la</strong>ire,<br />
vernacu<strong>la</strong>ire. Les peuples et les hommes qui constituent cette réalité<br />
géographique et humaine forment et constituent <strong>la</strong> francophonie. Dans<br />
le petit Larousse 1971, <strong>la</strong> francophonie était désignée comme : La<br />
21
collectivité constituée par les peuples <strong>francophone</strong>s : France, Belgique,<br />
Canada, Québec, Nouveau–Brunswick, Suisse, Afrique, Antilles…<br />
Une fois intégrée cette notion d’espace <strong>francophone</strong> visible sur une carte,<br />
on perçoit qu’une des spécificités intrinsèques de <strong>la</strong> francophonie est<br />
d’être une réalité internationale à caractère universel,<br />
disposant d’un territoire disséminé aux quatre coins du globe.<br />
La francophonie est une somme de liens tissés entre différents peuples,<br />
librement acceptés par tous, même si pour certains à l’origine, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
qui les réunit désormais découle d’une colonisation ou de <strong>la</strong> mise en<br />
p<strong>la</strong>ce d’un protectorat. Le français détient de part le nombre des Etats<br />
<strong>dans</strong> lequel il est usité et celui des <strong>francophone</strong>s à travers le monde, un<br />
statut presque unique au vu des 6 000 <strong>la</strong>ngues parlées à travers le<br />
monde, faisant partie du cercle réduit des idiomes détenant <strong>la</strong> double<br />
étiquette de <strong>la</strong>ngue internationale et de <strong>la</strong>ngue « universelle ».<br />
Extraits des débats et des contributions des<br />
représentants des Etats, de l’<strong>Organisation</strong>, des<br />
opérateurs et des experts<br />
Roumanie<br />
« La Roumanie est maintenant revenue au sein de <strong>la</strong> famille<br />
<strong>francophone</strong>, à <strong>la</strong>quelle un passé très riche l’unissait. En ce sens, même<br />
le discours du Président français François Mitterrand à l’occasion du<br />
Sommet de <strong>la</strong> Francophonie de Paris de 1991 est éloquent : « L'espace<br />
<strong>francophone</strong> se déploie sur tous les continents, retrouve des solidarités<br />
anciennes, appelle des amitiés, marque le sentiment qu'un destin se<br />
partage aussi… A l'est de l'Europe, <strong>la</strong> liberté a repris ses droits avec<br />
vigueur, les nations vivent leur indépendance. Des minorités<br />
s'expriment, des peuples souvent chargés d'histoire veulent compter à<br />
leur tour, et parfois de nouveau… Tout au long des années de plomb, ils<br />
ont gardé en secret cette passion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. Sorte<br />
d'espérance à tenir, de liberté à préserver, avec le sentiment tenace<br />
qu'un jour, ils retrouveraient les nations libres qui parlent <strong>la</strong> même<br />
<strong>la</strong>ngue. Tel est le sens, je pense, de l'arrivée, parmi nous, de <strong>la</strong> Bulgarie<br />
et de <strong>la</strong> Roumanie… ».<br />
Bureau régional Asie Pacifique (OIF)<br />
22
« Pour l’ensemble des 3 pays <strong>francophone</strong>s du Mékong : être<br />
<strong>francophone</strong>, c’est d’abord constituer une infime minorité. Le sentiment<br />
d’appartenance à <strong>la</strong> Francophonie au Cambodge a un caractère plus<br />
affectif qu’ailleurs, alors qu’au Laos et surtout au Vietnam, cette<br />
appartenance est un outil d’intégration sur <strong>la</strong> scène internationale. Le<br />
Vanuatu présente des caractéristiques très différentes des pays<br />
<strong>francophone</strong>s d’Asie du Sud-Est et mérite un développement spécifique.<br />
Depuis peu, on voit même poindre, avec les performances économiques<br />
du Vietnam, une tentation utilitariste à l’égard de l’Afrique qui est<br />
considérée en Asie comme un espace de prédations futures. Il faut<br />
comprendre que <strong>dans</strong> cette région du monde, on aime moins les grandes<br />
théories que l’accroissement des richesses. Dès lors, <strong>la</strong> Francophonie<br />
multi<strong>la</strong>térale et <strong>la</strong> maîtrise de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française peuvent devenir des<br />
chevaux de Troie, une utilité que les Pères fondateurs n’avaient peutêtre<br />
pas envisagée…<br />
La Francophonie, notamment du fait de son engagement en faveur de <strong>la</strong><br />
diversité culturelle apparaît aussi comme un moyen (parmi d’autres)<br />
d’échapper au nivellement culturel (américanisation - « sinisation »)<br />
Le rôle de l’éducation <strong>dans</strong> <strong>la</strong> constitution de l’identité <strong>francophone</strong> est<br />
évidemment crucial <strong>dans</strong> des pays où l’on ne naît pas <strong>francophone</strong>. En<br />
outre, le sentiment d’appartenance à un espace géoculturel <strong>francophone</strong><br />
devrait être développé car il est limité aux c<strong>la</strong>sses dirigeantes, malgré le<br />
programme Valofrase (Valorisation du français en Asie du Sud-Est) tend<br />
à renverser <strong>la</strong> tendance en actualisant qualitativement et<br />
quantitativement l’offre d’enseignement du et en français. Un des<br />
principaux espoirs consiste en une généralisation du français deuxième<br />
<strong>la</strong>ngue vivante <strong>dans</strong> l’enseignement secondaire. Les élèves <strong>francophone</strong>s<br />
ont d’ailleurs des taux de réussite à l’entrée à l’université, beaucoup plus<br />
élevés que les autres.<br />
Le débat sur l’identité <strong>francophone</strong> n’existe pas vraiment en Asie du<br />
Sud-Est. L’identité postcoloniale n’est plus vraiment un sujet et<br />
l’appartenance à <strong>la</strong> Francophonie contribue à l’appropriation de ce passé<br />
aujourd’hui digéré, dont les témoignages sont souvent pieusement<br />
conservés, ce qui montre qu’il est tout à fait exorcisé. D’où l’importance<br />
de renforcer le « pilier asiatique » de <strong>la</strong> Francophonie en apportant le<br />
symbole puissant d’une adhésion sans lien avec le passé colonial<br />
français. Quelques heures d’enseignement de <strong>la</strong> Francophonie<br />
multi<strong>la</strong>térale - son sens, son histoire, son fonctionnement - ne seraient<br />
pas inutiles ! »<br />
Un cadre de l’ OIF<br />
« Le processus de l’é<strong>la</strong>rgissement de <strong>la</strong> francophonie connait une<br />
simi<strong>la</strong>rité remarquable avec celui en cours au sein de l’Union<br />
européenne, qui a vu le nombre de ses membres rapidement évolué, en<br />
particulier depuis 2004. Certaines opinions publiques ont regardé cet<br />
é<strong>la</strong>rgissement important, en nombre de pays, avec réserve et sont<br />
désormais ouvertement hostiles à celles qui s’annoncent. Il se trouve que<br />
23
les pays concernés par les deux é<strong>la</strong>rgissements, celui de l’Union<br />
européenne, et celui de <strong>la</strong> Francophonie multi<strong>la</strong>térale ont été, à peu de<br />
choses près, les mêmes : ce sont ceux d’Europe centrale, orientale et<br />
balte.<br />
Cet é<strong>la</strong>rgissement fait-il courir un risque de dilution à l’<strong>Organisation</strong><br />
voire un dévoiement, perdant son identité, voire son âme et figurant de<br />
plus en plus comme une ONU-bis ? L’argument le plus souvent cité est<br />
linguistique : les Etats-candidats, les moins <strong>francophone</strong>s, sont<br />
stigmatisés pour leur faible francophonie. Pourtant, Etats et<br />
gouvernements, qui ont été accueillis par l’organisation précédemment<br />
(avant les années 90 donc) n’ont pas suscité <strong>la</strong> même réaction, ni les<br />
mêmes interrogations. Le fait est que ces pays ne constituent<br />
effectivement ni d’anciennes colonies ou protectorats, ni des pays<br />
défavorisés, relevant d’une coopération d’aide au développement. Ils<br />
figurent, à ce titre, comme étrangers au club des pays africains,<br />
asiatiques et de <strong>la</strong> Caraïbe qui fondèrent longtemps le profil de l’Agence<br />
de coopération culturelle et technique. Il y aurait, en effet, contradiction<br />
pour l’<strong>Organisation</strong> à refuser de reconnaître pour elle-même un droit à<br />
<strong>la</strong> différence <strong>francophone</strong>, c’est-à-dire finalement <strong>la</strong> diversité en<br />
Francophonie. Il existe une francophonie est-européenne, comme il<br />
existe une francophonie africaine, américaine, de l’Océan indien, des<br />
Caraïbes, d’Asie ou du Pacifique. Chacune a sa spécificité et c’est aussi<br />
là <strong>la</strong> richesse de <strong>la</strong> Francophonie. »<br />
Diplomate – Cadre opérateur<br />
L’identité <strong>francophone</strong> est d’abord basée sur <strong>la</strong>ngue puis sur des valeurs<br />
(solidarité, partage, droits de l’homme, diversité culturelle).<br />
La francophonie est parfois perçue comme un mariage entre le concept<br />
de civilisation de l’Universel, venu d’Afrique, et l’idéal républicain<br />
français : l’universalisme <strong>francophone</strong> va à l’universel par <strong>la</strong> synthèse<br />
des différences et prend en compte <strong>la</strong> diversité. Le <strong>francophone</strong> a une<br />
conception multipo<strong>la</strong>ire du monde, elle affirme son besoin de diversité et<br />
de solidarité, sa volonté de bâtir un développement durable. Le<br />
multilinguisme popu<strong>la</strong>ire est le coro<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> diversité ; <strong>la</strong> diversité des<br />
cultures implique celle des <strong>la</strong>ngues.<br />
Peut-on parler d’une identité <strong>francophone</strong> ou d’une multiplicité<br />
d’identités <strong>francophone</strong>s qui parfois s’ignorent ?<br />
A force de s’ouvrir à de nouveaux membres, <strong>la</strong> Francophonie semble<br />
avoir perdu son âme. Refuser un nouveau membre, c’est renoncer au<br />
développement de l’apprentissage de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française <strong>dans</strong> les pays<br />
candidats. Il faut surmonter cette contradiction. L’avenir de <strong>la</strong><br />
francophonie passe par l’affirmation de son utilité.<br />
3 - Une identité à caractère civilisationnel<br />
24
Le sentiment d’appartenance à cet espace linguistique, humain, social et<br />
culturel induit une solidarité reposant sur des valeurs communes,<br />
dépositaires en grande partie de <strong>la</strong> tradition humaniste européenne et<br />
des acquis de <strong>la</strong> Révolution française. Les premières concrétisations de<br />
<strong>la</strong> francophonie <strong>dans</strong> les années 1960 furent différents projets d’aide au<br />
développement, notamment en Afrique sous <strong>la</strong> houlette de l’Agence de<br />
coopération culturelle et technique (A.C.C.T). Les clivages<br />
géographiques, économiques et politiques s’effaçant au profit d’une plus<br />
grande intercompréhension intégrant le respect des différences et des<br />
identités. Les peuples d’expression française, se sentent, par delà les<br />
intérêts économiques ou même politiques, unis par un lien spécial qui<br />
est intellectuel et aussi sentimental.<br />
Si ce sens inclusif, relié à des valeurs, est plus complexe à définir que les<br />
deux précédents, les acteurs de <strong>la</strong> francophonie, même les plus tempérés,<br />
ont tous souligné l’importance qu’il revêtait à leurs yeux pour l’avenir.<br />
Ce sens civilisationnel de <strong>la</strong> francophonie, en p<strong>la</strong>çant au centre de ses<br />
priorités l’appartenance à une communauté humaniste et progressiste, a<br />
permis l’instauration de liens privilégiés entre les peuples de même<br />
<strong>la</strong>ngue.<br />
Le Président Léopold Sédar Senghor est un de ceux qui veille avec<br />
attention à ce que ce sens symbolique et civilisationnel puisse se<br />
concrétiser, prendre corps. Il considérait <strong>la</strong> francophonie : comme une<br />
communauté intellectuelle ou spirituelle, dont <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue nationale,<br />
officielle ou de travail, est le français.<br />
La francophonie recèle une volonté de dialogue et de respect des<br />
identités même ultra minoritaires. Elle se détermine comme une p<strong>la</strong>teforme<br />
aux multiples interfaces abandonnant les dialectiques de <strong>la</strong><br />
concurrence et de <strong>la</strong> confrontation, telles Nord-Sud, Europe-Afrique,<br />
Arabophonie-Occident, <strong>la</strong>ngues <strong>la</strong>tines et <strong>la</strong>ngues anglo-germanique etc.<br />
pour proposer un dialogue et une intercompréhension aux vertus<br />
civilisatrices. En outre, avec <strong>la</strong> structuration graduelle de l’espace<br />
<strong>francophone</strong>, on assiste à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce progressive d’un tronc<br />
25
commun de valeurs et de normes inspirées de <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration universelle<br />
des droits de l’homme et du citoyen, y compris <strong>dans</strong> certains pays<br />
pourtant ouvertement autoritaires, et ne respectant pas les règles<br />
minimales démocratiques. En mars 1998, le Secrétaire Général de<br />
l’<strong>Organisation</strong> internationale de <strong>la</strong> francophonie (OIF) Boutros Boutros<br />
Ghali déc<strong>la</strong>ra au sujet du sens symbolique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et de <strong>la</strong><br />
francophonie : « Cette <strong>la</strong>ngue porte les plus beaux mots du monde : <strong>la</strong><br />
solidarité, <strong>la</strong> tolérance, le respect de <strong>la</strong> personne humaine, l’attachement<br />
à <strong>la</strong> diversité des cultures. En étant <strong>francophone</strong>s nous sommes par là<br />
même universels et cette universalité nous appelle à beaucoup<br />
d’exigence car <strong>la</strong> francophonie est d’abord une école. L’école de <strong>la</strong><br />
diversité. J’ai toujours voulu penser le français comme une <strong>la</strong>ngue non<br />
alignée, comme une <strong>la</strong>ngue d’ouverture, comme une <strong>la</strong>ngue qui nous<br />
donne accès au grand <strong>la</strong>rge. C’est pourquoi nous devons aussi nous<br />
ouvrir aux non <strong>francophone</strong>s ».<br />
Extraits des débats et des contributions des<br />
représentants des Etats, de l’<strong>Organisation</strong>, des<br />
opérateurs et des experts<br />
Albanie<br />
Le moteur de <strong>la</strong> Francophonie est le « vivre ensemble différents.<br />
« Actuellement, l’Albanie est particulièrement attachée à promouvoir et<br />
à développer davantage l’esprit essentiel de <strong>la</strong> Francophonie, lequel est<br />
fondé sur les valeurs et les principes qui sont en même temps les siens,<br />
parce que ceux de <strong>la</strong> solidarité et de <strong>la</strong> démocratie. Cette communauté de<br />
valeurs multiples et complexes, à <strong>la</strong> fois politiques et culturelles, réunie<br />
autour d’une seule <strong>la</strong>ngue, porteuse de l’unité <strong>dans</strong> <strong>la</strong> diversité,<br />
constitue un idéal de civilisation que l’Albanie partage sans réticence<br />
aucune. La promotion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française en Albanie, au delà d’un<br />
idéal de civilisation à proprement parler, constitue un instrument pour<br />
l’éducation de qualité, l’approfondissement de <strong>la</strong> recherche scientifique<br />
et de <strong>la</strong> formation professionnelle, des technologies de l’information, de<br />
<strong>la</strong> communication citoyenne et de <strong>la</strong> connaissance mutuelle. »<br />
Un cadre de l’OIF<br />
« La Francophonie p<strong>la</strong>ce aussi parmi ses principes fondamentaux le<br />
respect de <strong>la</strong> diversité culturelle et linguistique. Elle contribue au<br />
26
dialogue des cultures, facteur de re<strong>la</strong>tions pacifiques entre les<br />
communautés et les composantes de <strong>la</strong> société. » 3<br />
Il se dégage de ce texte, les constantes suivantes :<br />
- le partage de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française ;<br />
- le dialogue des cultures et des civilisations ;<br />
- les liens au service de <strong>la</strong> paix, de <strong>la</strong> démocratie, de l’Etat de droit, des<br />
droits de l’homme, de <strong>la</strong> solidarité et du développement ;<br />
- <strong>la</strong> diversité culturelle et linguistique comme stratégie de <strong>la</strong> défense de<br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française.<br />
L’élément central est <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française qui constitue le pont entre<br />
<strong>francophone</strong>s et qui favorise le dialogue entre différents peuples et leurs<br />
cultures. Dès lors, il s’effectue des échanges des valeurs culturelles sous<br />
<strong>la</strong> pression des contacts entre groupes et cultures différentes. Dans ce<br />
mouvement de contacts et d’échanges, les structures nouvelles se<br />
superposent sur les anciennes compliquant l’orientation des vecteurs<br />
finaux qui façonnent les dialogues entre les peuples. La phase des<br />
contacts des <strong>la</strong>ngues et cultures françaises avec les autres <strong>la</strong>ngues et<br />
cultures entraînent nécessairement <strong>la</strong> diversification de part et<br />
d’autre. »<br />
Bureau Régional Afrique Centrale (OIF)<br />
« C’est le sens du constat de L .S Senghor : « <strong>la</strong> Francophonie existe, il<br />
faut l’organiser ». L’identité <strong>francophone</strong> doit être appréhendée comme<br />
un processus évolutif Pour tenter de résoudre cette équation, les<br />
instances dirigeantes de <strong>la</strong> Francophonie et beaucoup de militants ont<br />
privilégié une vision <strong>la</strong>rge en posant qu’elle ne se limitait pas à <strong>la</strong><br />
promotion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française mais qu’elle englobait un ensemble de<br />
re<strong>la</strong>tions privilégiées fondées sur des valeurs et des engagements<br />
communs. Cette approche a le mérite de ne pas enfermer <strong>la</strong><br />
Francophonie <strong>dans</strong> des problématiques linguistiques étroites<br />
d’inspiration puriste, nationaliste ou hégémonique. Elle a aussi<br />
l’avantage de mettre en lumière l’intimité des liens entre <strong>la</strong>ngue et<br />
valeurs et de souligner l’importance des enjeux géopolitiques inhérents<br />
au développement de <strong>la</strong> Communauté <strong>francophone</strong>.<br />
Si elle est fondée sur le principe, elle comporte cependant, par l’esprit<br />
qui l’anime, le risque, qui n’est nullement théorique face à <strong>la</strong> multiplicité<br />
des attentes et des intérêts, de minimiser le critère linguistique et<br />
d’encourager une fuite en avant propre à diluer l’identité <strong>francophone</strong>.<br />
Elle peut en outre donner le sentiment que <strong>la</strong> Francophonie elle-même<br />
n’est pas convaincue de sa capacité, voire de sa légitimité, à «vendre le<br />
français » et, l’amener dès lors à rechercher d’autres « fonds de<br />
commerce », ce qui est pour le moins paradoxal.<br />
Il parait plus opératoire d’adopter une conception <strong>la</strong>rge du français<br />
qu’une conception trop extensive de <strong>la</strong> Francophonie.<br />
3 Déc<strong>la</strong>ration de Ouagadougou. Cadre stratégique décennal de <strong>la</strong> Francophonie, p.10.<br />
27
En tant que <strong>la</strong>ngue partagée, l’appropriation du français s’analyse d’une<br />
part en termes de copropriété indivise des <strong>francophone</strong>s et, de l’autre, en<br />
termes de cohabitation avec les multiples <strong>la</strong>ngues partenaires présentes<br />
<strong>dans</strong> l’espace <strong>francophone</strong>. Ce double niveau d’appropriation du français<br />
(copropriété et cohabitation) confère à l’identité <strong>francophone</strong> une<br />
dimension essentielle en ce qu’il s’oppose à toute conception<br />
ethnocentrique et uni<strong>la</strong>térale de <strong>la</strong> Francophonie. C’est sous cet angle<br />
que, paradoxalement, <strong>la</strong> France peut parfois donner l’impression de<br />
s’intégrer moins spontanément que d’autres à l’identité <strong>francophone</strong>. Les<br />
récents débats sur le devenir de TV5, <strong>dans</strong> le cadre de <strong>la</strong> réforme de<br />
l’audiovisuel extérieur français, en ont offert une nouvelle illustration.<br />
Le cas de TV5 met bien en lumière <strong>la</strong> dimension identitaire que porte le<br />
français en tant que <strong>la</strong>ngue non seulement partagée mais mondiale.<br />
L’avantage comparatif du français n’est pas d’abord d’ordre quantitatif,<br />
mais il tient à ce qu’il reste diffusé et enseigné <strong>dans</strong> presque tous les<br />
pays du monde, ce qui lui vaut en particulier, à l’instar de l’ang<strong>la</strong>is, son<br />
statut privilégié de <strong>la</strong>ngue de travail <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart des organisations<br />
internationales. Ce qui fonde <strong>la</strong> Francophonie, ce n’est pas uniquement<br />
le fait que le français soit le bien commun d’un grand nombre de pays,<br />
c’est aussi que celle <strong>la</strong>ngue leur donne pleinement accès à <strong>la</strong><br />
communication internationale.<br />
C’est pourquoi <strong>la</strong> Francophonie se définit à <strong>la</strong> fois comme un espace de<br />
solidarité et d’influence, l’un et l’autre se nourrissant mutuellement,<br />
Aussi faut-il admettre qu’une Francophonie ambitieuse n’est pas plus<br />
une Francophonie « tous azimuts » qu’une Francophonie « tout terrain ».<br />
Il ne lui suffit pas de contribuer à <strong>la</strong> réalisation des objectifs des Nations<br />
Unies, fussent-ils du Millénaire, pour exister. Encore faut-il assurer <strong>la</strong><br />
cohérence globale du projet <strong>francophone</strong> et donner sens à <strong>la</strong><br />
Francophonie. Ce<strong>la</strong> suppose de définir précisément les objectifs et les<br />
priorités de <strong>la</strong> Communauté <strong>francophone</strong>, en approfondissant en<br />
particulier sa vision culturelle. La logique <strong>francophone</strong> part en effet du<br />
culturel pour consolider le politique et éc<strong>la</strong>irer l’économique et non<br />
l’inverse. C’est probablement cette vision culturelle qui distingue le<br />
mieux <strong>la</strong> Francophonie des autres espaces de coopération. »<br />
AUF<br />
« Le <strong>la</strong>ngage est peut être le plus fort et le plus durable qui puisse unir<br />
les hommes » (Tocqueville). Langue et <strong>la</strong>ngage sont des indicateurs<br />
pertinents de l’identité. Le concept de culture est indissociable de celui<br />
d’identité »<br />
Bureau AUF Caraïbes<br />
« La Francophonie est souvent réduite à un simple regroupement entre<br />
<strong>la</strong> France et ses anciennes colonies. C’est mal connaître <strong>la</strong> genèse du<br />
mouvement <strong>francophone</strong> et sa géopolitique, avec deux époques : celle<br />
des racines historiques du 16e au 19e siècle, celle du colonialisme du<br />
19e au 20e siècle. S’il y a un noyau historique, il a beaucoup évolué.<br />
28
Aujourd’hui, avec <strong>la</strong> fin du conflit Est-Ouest, on redécouvre ces autres<br />
racines et identités. La <strong>mondialisation</strong> est une chance pour <strong>la</strong><br />
Francophonie car elle lui permet de retrouver un horizon souvent oublié<br />
sur le p<strong>la</strong>n historique et culturel. Présente sur tous les continents, elle<br />
devient un symbole de <strong>la</strong> diversité culturelle à construire. Elle s’appuie<br />
sur les identités et les <strong>la</strong>ngues plurielles. C’est <strong>la</strong> francosphère 4 , c’est-àdire,<br />
<strong>la</strong> Francophonie à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. Non pas un reste du<br />
passé, mais une chance pour l’avenir. Ces multiples points d’appui,<br />
historiques et contemporains, sont autant d’atouts pour amortir les<br />
chocs liés à <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> qui, <strong>la</strong> plupart du temps, bouleversent les<br />
identités et déstabilisent les cultures. Avec le temps, les logiques<br />
politiques ont <strong>la</strong>issé p<strong>la</strong>ce à des problématiques culturelles. Le dialogue<br />
entre les racines mondiales de <strong>la</strong> Francophonie et celles des autres aires<br />
linguistiques devient un outil privilégié de <strong>la</strong> cohabitation culturelle. »<br />
4 - Une identité politique<br />
Les années soixante voient l’émergence d’une identité politique de <strong>la</strong><br />
Francophonie reposant sur le principe de <strong>la</strong> coopération. Ce sens<br />
politique, comme <strong>dans</strong> d’autres cas, manifeste un niveau de maturation<br />
du concept de francophonie et le dote d’une cohérence certaine.<br />
L’appartenance linguistique et géographique à un même ensemble<br />
donnait un sentiment de fraternité participative, se traduisant par <strong>la</strong><br />
mise en p<strong>la</strong>ce de nouvelles associations, organisations publiques et<br />
privées œuvrant en tant que communautés définies. Ce premier sens de<br />
<strong>la</strong> francophonie que l’on peut qualifier de protofrancophonie politique ou<br />
de « Commonwealth à <strong>la</strong> française », expression chère à Habib<br />
Bourguiba et Léopold Sédar Senghor, n’aboutit jamais et finit<br />
progressivement par disparaître <strong>dans</strong> les années quatre-vingts. De 1960<br />
à 1985, on employait cette expression <strong>dans</strong> un souci comparatiste ou<br />
d’analogie, afin de rendre le projet <strong>francophone</strong> plus c<strong>la</strong>ir ou accessible à<br />
un <strong>la</strong>rge auditoire.<br />
Le passage d’une francophonie institutionnelle à une francophonie<br />
politique débuta en 1986, avec le premier Sommet de Paris et se<br />
concrétise en 1995, avec <strong>la</strong> décision de créer un poste de Secrétaire<br />
4 Dominique, Wolton. Demain <strong>la</strong> Francophonie, Paris, F<strong>la</strong>mmarion, 2006.<br />
29
général de <strong>la</strong> Francophonie, décision effective en 1997 au Sommet de<br />
Hanoi. Cette décision fit de <strong>la</strong> Francophonie, une communauté politique<br />
d’intérêts et de projets et pas « le bien commun » d’un reliquat d’Empire.<br />
Extraits des débats et des contributions des<br />
représentants des Etats, de l’<strong>Organisation</strong>, des<br />
opérateurs et des experts<br />
Croatie<br />
« Pour les Croates, appartenir à <strong>la</strong> francophonie est une nécessité et un<br />
choix mais ce n’est pas une nécessité contraignante. On trouve<br />
d’étonnantes correspondances entre <strong>la</strong> francophonie actuelle et<br />
l’expérience du mouvement des non-alignés des années 50 à 70.<br />
L’identité <strong>francophone</strong> en devenir et même en devenir constant. Après<br />
l’é<strong>la</strong>rgissement, il est temps de faire l’approfondissement. »<br />
Un cadre de l’OIF<br />
L’espace <strong>francophone</strong> compte une majorité de pays moins avancés et aux<br />
cultures différentes. Dans certains de ces pays <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française,<br />
condition essentielle de l’identité <strong>francophone</strong> ne se situe pas au premier<br />
p<strong>la</strong>n. Il s’agit donc de gérer au mieux cette situation irréversible, mal<br />
vécue par certains, mais qui impose <strong>la</strong> recherche commune du « vivre<br />
ensemble » et assurera une coexistence harmonieuse.<br />
C’est ici que <strong>la</strong> dimension politique et diplomatique de l’identité<br />
<strong>francophone</strong> trouve sa p<strong>la</strong>ce par sa contribution significative à <strong>la</strong><br />
promotion de <strong>la</strong> paix, de <strong>la</strong> démocratie et au soutien à l’Etat de droit et<br />
aux droits de l’homme. Une vie politique apaisée et <strong>la</strong> jouissance par les<br />
citoyens de tous leurs droits, sont en effet considérées comme des<br />
éléments indissociables du développement durable. C’est de cette<br />
manière que <strong>la</strong> Francophonie pour mieux assumer son identité<br />
<strong>francophone</strong> trouve <strong>dans</strong> les valeurs que porte <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, <strong>dans</strong><br />
l’imaginaire collectif de beaucoup de peuples, et sans doute ceux des<br />
quelques 68 Etats qui ont voulu constituer ou rejoindre l’<strong>Organisation</strong><br />
internationale de <strong>la</strong> Francophonie. »<br />
30
Conclusion<br />
5 - Un imaginaire commun<br />
La prise en compte de l’imaginaire collectif dépasse les qualités et les<br />
normes en termes de communication et d’expressivité dont un idiome est<br />
traditionnellement doté. A ce titre, il est tout à fait intéressant de<br />
constater le rapport irraisonné, souvent passionnel ou de répulsion qu’un<br />
individu instaure vis-à-vis de sa propre <strong>la</strong>ngue maternelle ou seconde.<br />
Dans l'imaginaire de <strong>la</strong> plupart des <strong>francophone</strong>s ainsi que <strong>dans</strong> celui de<br />
nombreux peuples, le français est réputé porteur de valeurs humanistes.<br />
Beaucoup d'étrangers, <strong>francophone</strong>s ou francophiles, lui associent des<br />
idées de liberté, de justice, de solidarité, de démocratie, de fraternité<br />
mais également d'émancipation spirituelle, d'ouverture, d'esprit critique<br />
et de tolérance<br />
Par comparaison au « rêve états-unien » et plus <strong>la</strong>rgement américain, le<br />
« rêve <strong>francophone</strong> » se distingue par une conception politique idéaliste<br />
se manifestant par le refus de <strong>la</strong> pensée unique, le souci de l’exception<br />
culturelle et plus <strong>la</strong>rgement par <strong>la</strong> raison en tant que capacité libératrice<br />
de l’entendement humain, mais aussi par une appréciation spécifique de<br />
<strong>la</strong> culture, notamment littéraire et de l’écrit.<br />
La francophonie par sa pluralité serait en mesure de contribuer à<br />
rééquilibrer les rapports de force issus de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> marchande,<br />
de plus, <strong>la</strong> réponse humaniste qu’elle apporterait n’aurait que plus<br />
d’impact si elle se fondait sur les valeurs de cet imaginaire collectif que<br />
porte <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et qui en font une <strong>la</strong>ngue universelle.<br />
31
PARTIE II<br />
Identité et <strong>mondialisation</strong><br />
Repères<br />
- 9 e <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong> plus utilisée <strong>dans</strong> le monde<br />
- 200 millions de personnes parlent le français qui a le statut de <strong>la</strong>ngue<br />
officielle (seule ou avec d’autres <strong>la</strong>ngues) <strong>dans</strong> 32 Etats. 128 millions<br />
d’entre eux sont capables de parler couramment le français<br />
- 2 e <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong> plus enseignée et apprise <strong>dans</strong> le monde<br />
- 85 M de personnes apprennent le français<br />
- Avec l’ang<strong>la</strong>is, c’est <strong>la</strong> seule <strong>la</strong>ngue parlée sur les cinq continents.<br />
1 - L’identité <strong>francophone</strong>, entre racines et dynamique<br />
Toute identité est d’abord un patrimoine en commun, que l’on accepte, que<br />
l’on subit, auquel on adhère on non mais qui existe. Chaque <strong>francophone</strong> y<br />
puise de façon variable. L’identité <strong>francophone</strong> n’est pas que patrimoine,<br />
racine, mémoire mais aussi une dynamique, un processus en<br />
transformation, un projet à construire avec d’autres. L’identité n’est pas<br />
qu’insertion, métissage, ouverture. Il faut conserver <strong>la</strong> dimension de<br />
mémoire même si elle est parfois pesante et encombrante.<br />
Suivant l’image énoncée par Tahar Ben Jelloun : « <strong>la</strong> Francophonie est<br />
une maison pas comme les autres, il y a plus de locataires que de<br />
propriétaires 5 », l’identité est une réalité dont chaque <strong>francophone</strong> est<br />
dépositaire, qu’il ressent et vit de façon particulière, mais dont aucun n’est<br />
propriétaire et qui ne répond pas à une conception unique.<br />
E<strong>la</strong>rgissement vs approfondissement<br />
5 Les Cahiers de <strong>la</strong> Francophonie, n°1.<br />
33
La <strong>mondialisation</strong> ouvre une autre histoire pour une autre francophonie et<br />
trace donc les contours d’une nouvelle identité <strong>francophone</strong>. La première<br />
francophonie court sur trois siècles, du 17 e au 20 e siècle. C’est celle des<br />
pionniers qui, pour toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises<br />
(guerres, colonisation…) ont installé le français comme <strong>la</strong>ngue mondiale.<br />
La deuxième francophonie débute en 1960-1970 avec les fondateurs, ceux<br />
qui ont inventé et organisé <strong>la</strong> Francophonie moderne, centrée sur <strong>la</strong><br />
solidarité et <strong>la</strong> coopération, jusqu’en 2005 avec l’adoption à l’Unesco de <strong>la</strong><br />
Convention sur <strong>la</strong> diversité culturelle. La troisième, celle qu’il reste à<br />
inventer, est justement <strong>la</strong> francosphère 6 à l’heure d’une <strong>mondialisation</strong><br />
qui bouleverse les identités.<br />
La Francophonie des origines, liée à puissance des Etats coloniaux<br />
(France, Belgique…), a <strong>la</strong>issé p<strong>la</strong>ce à une Francophonie de <strong>la</strong> solidarité :<br />
un « Commonwealth » à <strong>la</strong> française, avec le partage d’une <strong>la</strong>ngue, de<br />
cultures… (mais pas d’une richesse économique). Une communauté<br />
organique avec des valeurs d’humanisme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> différence, le<br />
développement d’une façon de penser le monde grâce à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Demain,<br />
<strong>la</strong> Francophonie sera-t-elle en mesure d’exercer une magistrature<br />
d’influence <strong>dans</strong> les grands débats du monde actuel et de peser sur une<br />
identité qui serait <strong>la</strong> somme de ces trois identités ?<br />
Face à <strong>la</strong> remise en cause re<strong>la</strong>tive des Etats nations, <strong>la</strong> Francophonie<br />
institutionnelle, basée sur une coopération politique et une coopération<br />
fondée sur le dialogue des cultures, peut apporter une réponse,<br />
accompagner les Etats sur <strong>la</strong> scène internationale, sans bien entendu, se<br />
substituer à eux.<br />
6 Demain <strong>la</strong> Francophonie, Dominique Wolton, F<strong>la</strong>mmarion, 2006.<br />
34
L’é<strong>la</strong>rgissement récent de <strong>la</strong> Francophonie fait pourtant débat au sein de<br />
l’OIF en bouscu<strong>la</strong>nt le cœur de métier de l’<strong>Organisation</strong>, qui relevait<br />
traditionnellement de <strong>la</strong> coopération et de l’aide au développement. Cette<br />
ouverture fait peser un risque sur l’identité construite sur cette base.<br />
L’approfondissement est un faux problème qui ne correspond qu’à une<br />
partie de <strong>la</strong> Francophonie ; celle <strong>la</strong> plus liée à l’empire colonial. Il suffit de<br />
se souvenir des deux Francophonies (16 e - 18 e siècle puis 19 e - 20 e siècle),<br />
pour mesurer que cet « é<strong>la</strong>rgissement » est simplement un retour au<br />
périmètre <strong>la</strong>rge de <strong>la</strong> Francophonie.<br />
Les nouveaux membres, issus principalement des pays de l’Est sont<br />
parfois considérés, par les pays anciennement membres de l’OIF, comme<br />
de mauvais élèves (comme par exemple lors de <strong>la</strong> guerre en Irak). Cette<br />
« querelle des anciens et des modernes » pose <strong>la</strong> question de<br />
l’é<strong>la</strong>rgissement « contre » approfondissement, alors qu’il faut réconcilier<br />
enracinement et ouverture.<br />
Entre <strong>la</strong>ngue et valeurs<br />
Au-delà de <strong>la</strong> problématique limitée <strong>la</strong>ngue-valeurs, pourquoi ne pas poser<br />
<strong>la</strong> question de l’identité par ce « désir » de français, partagé par tous et qui<br />
crée une amicale connivence, un lien affectif et spirituel, une « noosphère »<br />
au sens senghorien : ce que par ailleurs Dominique Wolton appelle <strong>la</strong><br />
francosphère.<br />
Les très récents prix littéraires français décernés à des <strong>francophone</strong>s<br />
attestent de l’existence d’une identité <strong>francophone</strong> plurielle et dynamique,<br />
qui renvoie aux variétés de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. L’identité <strong>francophone</strong>, à<br />
travers le prisme de <strong>la</strong> création marque bien le besoin d’une <strong>la</strong>ngue<br />
commune, « nostalgie de fusion » (Hagège) et simultanément d’une<br />
identité commune (« ivresse de l’altérité »). La Francophonie, par une<br />
singu<strong>la</strong>rité de l’histoire, se trouve en position de confluence de ces deux<br />
35
courants contraires que sont l’identité et <strong>la</strong> diversité. Elle atteste ainsi son<br />
souci d’originalité et sa volonté de se rattacher à d’autres traditions que<br />
les valeurs dominantes. De toute façon, opter pour le français n’est pas<br />
anodin, il s’agit toujours d’un acte fort et symbolique. D’autant plus <strong>dans</strong><br />
les pays hors de <strong>la</strong> Francophonie, où le français a alors le statut d’une<br />
<strong>la</strong>ngue étrangère.<br />
Le français deuxième <strong>la</strong>ngue est de plus en plus choisi par goût, en<br />
résonance avec des valeurs perçues comme d’origine française (droits de<br />
l’homme, contrat social, <strong>la</strong>ïcité, droit à l’autodétermination…). Au-delà de<br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, respect, curiosité, désir de l’autre…<br />
Pour que l’identité <strong>francophone</strong> soit en cohérence avec elle-même et les<br />
sociétés où elle s’exprime, il lui faut intégrer une dimension pragmatique<br />
Si tel n’était pas le cas, le français s’exposerait à n’être qu’une <strong>la</strong>nguemusée.<br />
Le français est un choix qui peut toujours être remis en cause, <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue doit être « utile » pour continuer à être parlée.<br />
Le français doit ainsi demeurer utile et attrayant pour chaque étudiant,<br />
pour chaque professeur, pour chaque apprenant. Ce qui implique<br />
flexibilité, créativité, une façon de l’enseigner qui sorte des sentiers<br />
battus. Le français doit demeurer <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue de <strong>la</strong> modernité, en histoire,<br />
politique ou <strong>dans</strong> le domaine culturel mais aussi pour les sciences, <strong>la</strong><br />
recherche, les transports et les affaires. Il ne faut pas opposer <strong>la</strong>ngue de<br />
culture et de création et <strong>la</strong>ngue utile 7 , usages scientifiques et usages<br />
professionnels.<br />
Arrêtons de parler de « défense » du français, sortons d’une mentalité<br />
d’assiégés. Le français n’est pas attaqué, il est quotidiennement, comme<br />
toute <strong>la</strong>ngue, confronté aux autres <strong>la</strong>ngues. Cette attitude adoptée par<br />
une partie des élites françaises donne une image désastreuse,<br />
misérabiliste du français, qui ne correspond absolument pas à <strong>la</strong> réalité. Il<br />
7 L’université Lotus, au Vietnam, qui forme des étudiants principalement vietnamien et ang<strong>la</strong>is a,<br />
par exemple, créée une filière « Mode » en <strong>la</strong>ngue française et vietnamienne.<br />
36
existe aussi un bonheur d’être <strong>francophone</strong>, de parler français, d’y trouver<br />
avantage et p<strong>la</strong>isir.<br />
La Francophonie hors les murs<br />
Au-delà de l’espace <strong>francophone</strong> OIF et d’une Francophonie de fait<br />
(Algérie, Israël), il existe une francophonie hors les murs, qui rassemble<br />
tous les francophiles de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, en particulier en Amérique <strong>la</strong>tine, en<br />
Océanie, en Extrême-orient. La force de cette francophonie de cœur, à<br />
intégrer et à consolider, est réelle.<br />
Selon Jean-C<strong>la</strong>ude Jacq, président de l’Alliance française, les effectifs des<br />
apprenants français, connaissent une hausse annuelle de 4 à 5 % par an,<br />
surtout <strong>dans</strong> les grands pays que sont <strong>la</strong> Chine (15 Alliances françaises<br />
ouvertes en 10 ans), Etats-Unis, Brésil, Inde, Mexique, Afrique du Sud…<br />
L’Alliance française y enregistre une forte demande spontanée de <strong>la</strong>ngue<br />
et de culture française. La francophonie hors les murs ne peut qu’enrichir<br />
<strong>la</strong> Francophonie officielle et contribuer à <strong>la</strong> renforcer. A condition que <strong>la</strong><br />
seconde ne sous-valorise pas <strong>la</strong> première !<br />
2 - Globalisation, identité, <strong>mondialisation</strong><br />
S’il est légitime de parler de <strong>mondialisation</strong> pour <strong>la</strong> période actuelle, ce<br />
n’est pas pour autant <strong>la</strong> première <strong>mondialisation</strong> que l’humanité connait.<br />
Elle parait d’autant plus forte et originale que les médias en re<strong>la</strong>ient en<br />
permanence les effets. La <strong>mondialisation</strong> d’aujourd’hui ne représente de<br />
fait qu’une globalisation économique, portée par un capitalisme<br />
triomphant peu soucieux des valeurs humanistes. La déc<strong>la</strong>ration de<br />
l’Unesco de 2001 rappe<strong>la</strong>it déjà que « les seules forces du marché ne<br />
peuvent garantir <strong>la</strong> préservation et <strong>la</strong> promotion de <strong>la</strong> diversité culturelle,<br />
gages d’un développement humain durable ». La victoire de <strong>la</strong> diversité<br />
culturelle, en 2005, marque l’urgence d’une réaction ; <strong>la</strong> crise financière<br />
37
actuelle est sans doute un autre signe fort de <strong>la</strong> remise en cause cette<br />
« économisation ».<br />
2 - 1 L’impact de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> sur l’identité <strong>francophone</strong><br />
Si <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> peut être une chance pour l’identité <strong>francophone</strong>, elle<br />
recèle pourtant deux écueils. Un plus médiatisé, l’uniformisation. L’autre<br />
plus <strong>la</strong>rvé, le repli identitaire. Ces deux courants se manifestent souvent<br />
par un sentiment de déclin du français, d’une identité de communauté qui<br />
se pose en citadelle assiégée, et compte ses pertes. Qui a encore intérêt à<br />
travailler en français, pour quoi faire ? Où est l’attractivité de cette<br />
<strong>la</strong>ngue, sa valeur ajoutée ? Le français est de plus en plus exclu de<br />
certains échanges : diplomatie, flux financiers, médias de masse… qui<br />
recourent quasiment systématiquement à l’anglo-américain.<br />
Les difficultés que peuvent rencontrer les <strong>francophone</strong>s minoritaires à<br />
vivre leur quotidien en français sont souvent à l'origine de l’abandon de<br />
leur <strong>la</strong>ngue. La présence, par exemple, d'une radio <strong>francophone</strong> ou d'un<br />
journal peut jouer un rôle salvateur en ce domaine. L’OIF le prouve en<br />
soutenant ce type d’initiatives depuis des années.<br />
La <strong>mondialisation</strong> accentue le tropisme de l’é<strong>la</strong>rgissement versus<br />
l’approfondissement. Elle implique une redéfinition des axes<br />
géopolitiques et identitaires. Ce courant traverse, de <strong>la</strong> même façon,<br />
l’espace <strong>francophone</strong>. Les débats posés par l’arrivée des nouveaux<br />
membres illustrent bien ce phénomène. En effet, si les PECO sont<br />
généralement considérés comme des pays du Sud par le Nord historique,<br />
pour les pays du sud de <strong>la</strong> francophonie, ils sont plutôt perçus comme des<br />
pays européens et donc du Nord.<br />
Cet é<strong>la</strong>rgissement, qui renforce l’altérité de l’identité <strong>francophone</strong>, est un<br />
nouveau défi pour une 3 e francophonie à construire. Le cadre de<br />
coopération traditionnel Nord-Sud devient donc pour partie obsolète.<br />
38
La <strong>mondialisation</strong> recèle en elle-même <strong>la</strong> tentation pour les Etats, face<br />
aux difficultés économiques, de se décharger de leurs responsabilités <strong>dans</strong><br />
les questions de coopération au profit des institutions multi<strong>la</strong>térales du<br />
type de l’OIF. De même, pour jouer un rôle sur <strong>la</strong> scène internationale et<br />
faire entendre collectivement les intérêts des <strong>francophone</strong>s, l’organisation<br />
s’est politisée. Cette politisation accrue de l’OIF risque de lui faire perdre<br />
son « âme », et devenir comme certains lui reprochent déjà, une mini-ONU<br />
impuissante s’occupant de toutes les grandes questions mondiales au<br />
détriment de ses cœurs de métier historiques.<br />
La Francophonie ne doit pas non plus être totalement multi<strong>la</strong>téralisée : en<br />
gardant leur autonomie d’action, les Etats, acteurs <strong>francophone</strong>s, profitent<br />
d’une richesse et d’une pluralité de logiques. La francosphère <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> actuelle ouvre <strong>la</strong> possibilité d’une autre histoire…<br />
2 - 2 Le potentiel de régu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Francophonie sur <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong><br />
Dans un monde multipo<strong>la</strong>ire, des identités plurielles ont tendance à se<br />
multiplier, <strong>la</strong> francophonie se trouve légitimée <strong>dans</strong> son approche et en<br />
position de force pour jouer un rôle nouveau : devenir un forum<br />
permettant d’affronter les nouvelles interrogations <strong>dans</strong> ce contexte<br />
mondialisé, donc bouleversé.<br />
La <strong>mondialisation</strong> crée le besoin d’une « <strong>la</strong>ngue » unique mais en parallèle<br />
appelle à d’autres façons de penser et de faire. Le français peut être <strong>dans</strong><br />
ce cadre un vecteur de l’altérité, de <strong>la</strong> résistance et de contre projet. Face à<br />
l’anglo-américain, utilisé non comme <strong>la</strong>ngue de culture mais de plus en<br />
plus comme outil de travail, le français garde une forte composante<br />
symbolique, culturelle et civilisationnelle. Sa faiblesse re<strong>la</strong>tive est aussi<br />
une force : le français incarne une alternative pas nécessairement<br />
conflictuelle face à l’ang<strong>la</strong>is sur le marché linguistique.<br />
39
Une <strong>la</strong>ngue n’est jamais neutre, mais une façon de penser, de concevoir et<br />
de vivre le monde. La création et <strong>la</strong> science doivent se faire en français. Le<br />
français détient une p<strong>la</strong>ce privilégiée <strong>dans</strong> les échanges et sans rapport<br />
avec son réel poids démographique : neuvième <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong> plus utilisée <strong>dans</strong><br />
le monde et deuxième <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong> plus enseignée et apprise, le français est,<br />
avec l’ang<strong>la</strong>is, <strong>la</strong> seule <strong>la</strong>ngue parlée sur les cinq continents. Alors qu’elle<br />
n’est <strong>la</strong>ngue officielle unique que <strong>dans</strong> un seul pays.<br />
Au p<strong>la</strong>n économique, le poids de l’espace <strong>francophone</strong> est aussi important :<br />
plus de 17 % de <strong>la</strong> production de <strong>la</strong> richesse mondiale. Pourtant,<br />
<strong>la</strong> Francophonie ne pèse pas en proportion de ce poids, elle n’est pas<br />
présente <strong>dans</strong> les grandes instances comme <strong>la</strong> Banque mondiale, le<br />
FMI… Prendre conscience de l’existence de cet espace économique<br />
<strong>francophone</strong>, le valoriser et en faire un véritable espace de coopération<br />
assurerait un nouvel essor pour <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et le plurilingusime,<br />
une plus grande mobilité des <strong>francophone</strong>s et un redéploiement de <strong>la</strong><br />
richesse <strong>francophone</strong>.<br />
Il est temps de prendre plus de p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> les instances de <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> et faire du français une <strong>la</strong>ngue des affaires, des sciences et<br />
des industries de <strong>la</strong> connaissance, une <strong>la</strong>ngue de <strong>la</strong> modernité. Cette<br />
troisième francophonie, p<strong>la</strong>teforme politique à <strong>la</strong> recherche d’une<br />
dynamique de solidarité, serait le vecteur clé pour dépasser <strong>la</strong><br />
globalisation et atteindre une autre <strong>mondialisation</strong>.<br />
3 – Le rôle des médias <strong>dans</strong> <strong>la</strong> constitution d’une identité<br />
<strong>francophone</strong><br />
Il existe un paradoxe : autant <strong>la</strong> Francophonie est sensible à une politique<br />
culturelle du patrimoine, autant elle est <strong>la</strong>rgement sous-mobilisée en<br />
matière de politique de communication et de médias. Comment parler de<br />
diversité culturelle sans une politique intégrant fortement culturel et<br />
40
communication. A quand une politique d’envergure pour une<br />
Francophonie de <strong>la</strong> communication ? L’espace <strong>francophone</strong> est <strong>la</strong> partie du<br />
monde <strong>la</strong> plus sensible aux enjeux de diversité culturelle mais entreprend<br />
trop peu alors que tous les talents sont là. A l’heure du « vil<strong>la</strong>ge global »,<br />
comment sous-évaluer à ce point <strong>la</strong> politique de communication quand <strong>la</strong><br />
francophonie dispose de toutes les techniques, des plus c<strong>la</strong>ssiques aux plus<br />
innovantes et de tous les savoir-faire et expertises.<br />
Mais surtout, n’est-ce pas le moment, pour transcender le tropisme<br />
é<strong>la</strong>rgissement-approfondissement et bâtir collectivement une identité<br />
<strong>francophone</strong> nourrie de francophonie, de réfléchir à l’invention d’une autre<br />
communication ? Une communication respectueuse de <strong>la</strong> cohabitation (des<br />
identités) au sein de l’espace <strong>francophone</strong> et qui soit également ouverte<br />
sur les autres aires linguistiques, et prioritairement sur l’espace roman,<br />
<strong>dans</strong> <strong>la</strong> tradition universaliste qui est <strong>la</strong> sienne.<br />
Suite au récent Sommet de Québec (17-19 octobre 2008), les Instances<br />
mesurant le manque d’instruments de communication « Francophonie »,<br />
ont engagé les Etats et gouvernements à mettre tout en œuvre afin de<br />
donner plus d’envergure, de lisibilité et de visibilité aux actions de <strong>la</strong><br />
Francophonie. Développer des outils de communication : écrit,<br />
audiovisuel, internet…devient un champ d’action prioritaire pour<br />
mobiliser <strong>dans</strong> son propre espace, et au-delà, autour de grandes actions<br />
emblématiques de l’OIF.<br />
Mais tout ceci reste bien vague, en déca<strong>la</strong>ge avec les attentes et les<br />
besoins… En réalité, <strong>la</strong> difficulté de l’OIF à développer une politique de<br />
communication, qui serait indispensable à <strong>la</strong> valorisation de cette<br />
organisation, résulte notamment du fait que celle-ci ne prenant ses<br />
décisions qu’à l’unanimité, elle ne peut communiquer sur beaucoup de<br />
sujets. La force de l’OIF, c’est son caractère pluriel et contradictoire,<br />
compte tenu de <strong>la</strong> diversité de ses membres. Sa faiblesse est de ne pas<br />
rendre public ses divergences et ses contradictions dont personne ne<br />
s’étonnerait et qui <strong>la</strong> rendrait, en réalité, beaucoup plus crédible. Il reste<br />
41
une communication faible sur les sujets de consensus qui atteignent une<br />
grande généralité, sans moyen d’actions simultanées, et qui réduit<br />
d’autant pour les récepteurs de cette communication l’intérêt de celle-ci.<br />
Si <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> bouscule les pratiques culturelles, <strong>la</strong> littérature<br />
demeure un vecteur constitutif et déterminant de <strong>la</strong> constitution de<br />
l’identité <strong>francophone</strong> d’hier et d’aujourd’hui. Cependant, <strong>la</strong> littérature<br />
<strong>francophone</strong> est <strong>la</strong> grande absente des universités, françaises en<br />
particulier, même si au sein de l’AUF des équipes de chercheurs y<br />
travaillent en fonction d’un découpage régional. La mise en p<strong>la</strong>ce d’un<br />
réseau mondial d’études, dépassant <strong>la</strong>rgement le cadre obsolète des études<br />
postcoloniales, pourrait contribuer à valoriser et faire rayonner l’identité<br />
<strong>francophone</strong>. Créer des départements d’études <strong>francophone</strong>s est<br />
indispensable. Au-delà de <strong>la</strong> littérature, il est vital que <strong>la</strong> recherche en<br />
sciences humaines, en tant qu’interprétation du monde, continue de se<br />
faire en français pour les <strong>francophone</strong>s. Malheureusement, c’est de moins<br />
en moins le cas alors que ce<strong>la</strong> offrirait une alternative et une autre vision<br />
globale du monde. Dans le champ universitaire, le concept de<br />
francophonie est encore considérée comme une sous catégorie, et à ce titre<br />
très peu étudié et encore moins enseigné.<br />
La radio, parce qu’elle couvre l’ensemble des territoires et atteint chacun<br />
où qu’il soit, quel qu’il soit, est un média historiquement soutenu par<br />
l’OIF, au travers du Cirtef. A côté des radios privées, associatives<br />
communautaires, RFI occupe <strong>la</strong> première p<strong>la</strong>ce des radios de <strong>la</strong>ngue<br />
française avec plus de 700 partenaires-re<strong>la</strong>i. Elle n’est pas opérateur de <strong>la</strong><br />
Francophonie mais média français, de souveraineté et d’influence, sous<br />
tutelle du MAE. Elle n’en demeure par moins « <strong>la</strong> » radio <strong>francophone</strong><br />
mondiale, avec une présence extrêmement forte en Afrique <strong>francophone</strong><br />
en particulier. Média de masse, <strong>la</strong> radio reste un vecteur d’identité de<br />
première importance dont toutes les ressources n’ont pas été exploitées<br />
comme le montre le <strong>la</strong>ncement de l’« espace apprendre » du Canal<br />
42
Académie. Mais, l’OIF n’intervient pas suffisamment <strong>dans</strong> les projets de<br />
réorganisation de RFI, ce qui permettrait pourtant de faire prendre<br />
conscience de l’importance de cette radio pour <strong>la</strong> Francophonie mais à<br />
titre « extérieur ».<br />
TV5 Monde, qui fêtera ses 25 ans en 2009, se définit comme un média<br />
<strong>francophone</strong>, généraliste, multi<strong>la</strong>téral et mondial… donc unique. Cet outil<br />
exceptionnel demeure, en partie sans doute faute de moyens, sous-utilisé<br />
(budget de 90 millions d’euros, soit, moins de <strong>la</strong> moitié d’Arte ! Plus de 75<br />
% ce budget émanant de <strong>la</strong> France).<br />
TV5 Monde communique en <strong>la</strong>ngue française pour un public <strong>francophone</strong><br />
et francophile grâce à un sous-titrage en huit <strong>la</strong>ngues, dont le français.<br />
Trois millions d’élèves étudient le français grâce à son canal. Généraliste<br />
et multi<strong>la</strong>téral, <strong>la</strong> chaîne est un modèle culturel unique au monde qui a<br />
l’ambition de créer de <strong>la</strong> cohérence à partir de <strong>la</strong> diversité sur un marché<br />
ultra concurrentiel. Les programmes sont issus de différents pays, mais<br />
TV5 Monde en produit près de <strong>la</strong> moitié. La chaîne touche 180 millions de<br />
foyers répartis <strong>dans</strong> 200 pays, ce qui en fait le deuxième réseau mondial,<br />
après CNN.<br />
TV5 Monde trouvera sa pleine efficacité en tissant des liens plus étroits<br />
avec les opérateurs et <strong>la</strong> FIPF, avec d’autres médias comme France 24 et<br />
Euronews et en développant des partenariats avec les aires lusophones et<br />
hispanophones.<br />
TV5 Monde est déjà une « signature linguistique » forte. Avec ses projets<br />
de télévision sur <strong>la</strong> toile (chaîne enfants et Afrique+) d’une part, et de<br />
vidéo à <strong>la</strong> demande, d’autre part, elle contribue à créer « une » identité<br />
<strong>francophone</strong> à partir « des » identités <strong>francophone</strong>s. Là aussi, l’OIF n’est<br />
pas assez présente <strong>dans</strong> une organisation trop franco-française au travers<br />
de l’Audiovisuel Extérieur Français (France 24, TV5 Monde, RFI). En tant<br />
qu’usager, elle pourrait faire valoir son point de vue plus fortement.<br />
43
De même, l’outil Internet, avec <strong>la</strong> refonte du portail de l’<strong>Organisation</strong>,<br />
permettra d’accroître <strong>la</strong> visibilité de l’OIF en multipliant les partenariats,<br />
en développant des synergies et des actions transversales. Ce media,<br />
devenu incontournable, permet de toucher un public <strong>la</strong>rge <strong>dans</strong> tous les<br />
Etats de <strong>la</strong> Francophonie, et même au-delà, pour un coût limité,<br />
notamment un public jeune, qui lit peu les documents écrits<br />
institutionnels sur cette Francophonie qu’il connait mal.<br />
Le questionnaire « Identité <strong>francophone</strong> », mis en ligne sur <strong>la</strong> page de <strong>la</strong><br />
Cellule de réflexion stratégique de <strong>la</strong> francophonie (CRSF), donne <strong>la</strong><br />
parole aux internautes de <strong>la</strong>ngue française <strong>dans</strong> leur pleine diversité. De<br />
même, le Forum de discussion ouvert sur le site de l’OIF au printemps<br />
2008 sur le thème des migrations et de l’identité <strong>francophone</strong>, renforce le<br />
dialogue avec <strong>la</strong> société civile.<br />
44
Partie III<br />
Première enquête sur<br />
l’identité <strong>francophone</strong> et <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
Le média internet permet de toucher un <strong>la</strong>rge public <strong>dans</strong> l’ensemble des<br />
Etats membres de l’OIF mais également au-delà, pour un coût financier<br />
limité, notamment un public jeune, qui lit peu les documents écrits<br />
institutionnels sur cette Francophonie qu’il connait mal.<br />
Mettre en ligne un questionnaire sur « L’identité <strong>francophone</strong> » a permis<br />
de donner <strong>la</strong> parole aux internautes de <strong>la</strong>ngue française <strong>dans</strong> leur pleine<br />
diversité et collecter ainsi des informations qualitatives et quantitatives.<br />
Le questionnaire, établi par <strong>la</strong> Cellule de réflexion stratégique, a été mis<br />
en ligne sur <strong>la</strong> page de <strong>la</strong> CRSF, hébergée sur le site de l’OIF, le 15<br />
octobre 2008.<br />
Au 15 novembre 2008, <strong>la</strong> Cellule a reçu plus de 800 questionnaires en<br />
retour mais 749 sont réellement exploitables statistiquement à ce jour.<br />
La Cellule a <strong>la</strong>ncé un travail exhaustif d’évaluation et d’analyse de ces<br />
questionnaires.<br />
Devant le nombre très important de réponses reçues sur un court <strong>la</strong>ps de<br />
temps, et leur qualité, <strong>la</strong> CRSF se propose de faire re<strong>la</strong>yer cette<br />
initiative par des partenaires tels que TV5 Monde, France 24, RFI… qui<br />
mettraient à leur tour le questionnaire sur leur site.<br />
La modernisation du portail de l’OIF ne pourra que rendre plus visible<br />
ce genre d’initiatives.<br />
45
Le questionnaire « identité <strong>francophone</strong> »<br />
mis en ligne sur le site de <strong>la</strong> CRSF<br />
La <strong>mondialisation</strong> est une chance pour <strong>la</strong> Francophonie car elle lui<br />
permet de retrouver un horizon souvent oublié sur le p<strong>la</strong>n historique et<br />
culturel en s’appuyant sur les identités et les <strong>la</strong>ngues plurielles. C’est <strong>la</strong><br />
francosphère, c’est-à-dire, <strong>la</strong> Francophonie à l’heure de <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong>. Non pas un reste du passé, mais une chance pour<br />
l’avenir. Franconautes, vous êtes répartis sur les cinq continents et au<br />
quatre coins de <strong>la</strong> toile. La Cellule de réflexion stratégique de <strong>la</strong><br />
Francophonie (CRSF), cherche à mieux vous connaître pour appréhender<br />
l’identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> sa pleine diversité.<br />
Nationalité /pays de résidence habituelle<br />
Urbain / rural<br />
Genre : F / M<br />
Age :<br />
Questions<br />
Qu’est ce pour vous qu’être <strong>francophone</strong> ? Comment ce<strong>la</strong> se traduit-il au<br />
quotidien ?<br />
Existe-t-il une « identité » <strong>francophone</strong> ? Comment <strong>la</strong> définiriez-vous ?<br />
Que représente pour vous l’<strong>Organisation</strong> internationale de <strong>la</strong><br />
Francophonie (OIF) ?<br />
Quelles actions prioritaires <strong>la</strong> Francophonie devrait-elle initier ou<br />
re<strong>la</strong>yer ?<br />
Questionnaire « Identité <strong>francophone</strong> » : premières<br />
conclusions<br />
Comme l’indique <strong>la</strong> répartition des réponses par continent, l’Afrique et<br />
<strong>la</strong> France constituent, logiquement, le cœur de <strong>la</strong> Francophonie<br />
internationale. A première vue, l’Amérique du Sud, l’Asie et surtout<br />
l’Océanie sont peu représentées <strong>dans</strong> leur capacité d’expression.<br />
Pourtant, un nombre de réponses <strong>la</strong>rgement supérieur au ratio démolinguistique<br />
de ces parties du monde, a été enregistré.<br />
47
On note donc un déca<strong>la</strong>ge entre le « capital » <strong>francophone</strong> d’un Etat et<br />
son questionnement identitaire réel. A contrario, les nouveaux pays<br />
membres, en particulier de l’Est, ont re<strong>la</strong>tivement peu réagi. Au vu de<br />
cette étude, 20 % des réponses émanent d’internautes de <strong>la</strong>ngue<br />
française vivant <strong>dans</strong> des pays hors de l’espace <strong>francophone</strong> OIF (44<br />
Etats).<br />
Ce sont ici les 15 % de ruraux, par rapport aux 40 % de ruraux <strong>dans</strong> le<br />
monde, qui sont intéressants et pour lesquels il faudrait aussi agir. Ce<br />
chiffre montre que <strong>la</strong> Francophonie anticipe le mouvement<br />
d’urbanisation global.<br />
On retrouve <strong>dans</strong> <strong>la</strong> répartition par genre, des pourcentages encore trop<br />
c<strong>la</strong>ssiques et inégaux. Néanmoins, compte tenu des différences de<br />
statuts et d’alphabétisation des Femmes au sein de l’espace <strong>francophone</strong>,<br />
ces 34 % prouvent leur intérêt marqué pour cette question.<br />
Les répondants ont des âges extrêmement variés : de 14 ans à 84 ans !<br />
La moyenne d’âge se situe à 39 ans et demi.<br />
Cette première analyse quantitative présentée ici reste bien entendu à<br />
affiner, continent par continent, en fonction des sept grandes zones de <strong>la</strong><br />
Francophonie, par Etat, par tranche d’âge, etc. Elle montre le potentiel<br />
formidable que représente <strong>la</strong> francophonie hors les murs et qui n’est pas<br />
assez pris en compte par <strong>la</strong> Francophonie institutionnelle.<br />
La lecture des réponses aux questions pointe, au-delà des variations<br />
identitaires « conventionnelles », l’émergence d’une nouvelle identité<br />
fédératrice, grâce à <strong>la</strong> capacité à créer du lien sur <strong>la</strong> toile. Une identité<br />
<strong>francophone</strong> numérique, moderne, qui participe à rompre les solitudes<br />
des identités les plus fragiles ou ultra périphériques. Cette nouvelle<br />
identité <strong>francophone</strong> numérique peut permettre aux jeunes de prendre<br />
<strong>la</strong> mesure de <strong>la</strong> modernité de <strong>la</strong> Francophonie <strong>dans</strong> un monde<br />
mondialisé.<br />
48
Répartition par genre<br />
34%<br />
66%<br />
Homme<br />
Femme<br />
Répartition spatiale<br />
15%<br />
85%<br />
Urbains<br />
Ruraux<br />
49
Répartition des réponses par<br />
continent<br />
Amérique<br />
15%<br />
! Asie<br />
5%<br />
Océanie<br />
1%<br />
! Europe<br />
33%<br />
Afrique**<br />
46%<br />
Europe * Afrique** Amérique Asie*** Océanie<br />
50
PARTIE IV<br />
Propositions<br />
Toutes ces propositions sont concrètement réalisables et dépendent<br />
avant tout de <strong>la</strong> volonté politique au sein de l’OIF. Beaucoup<br />
concernent autant <strong>la</strong> Francophonie officielle que celle hors les murs,<br />
tant les intérêts culturels et politiques sont communs. Utopiques ? Pas<br />
plus que de construire, faire vivre et faire respecter <strong>la</strong> diversité<br />
cultuelle.<br />
1 - Créer un espace public <strong>francophone</strong><br />
La crédibilité interne et externe de <strong>la</strong> Francophonie dépend<br />
aujourd’hui en grande partie de sa capacité à ouvrir en son sein un<br />
espace public qui n’existe pas. Sentiment faux quand on voit <strong>la</strong><br />
diversité des pays qui <strong>la</strong> composent, que tout le monde est d’accord sur<br />
tout. Tendance au règlement institutionnel et bureaucratique, emprise<br />
de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue de bois. Pas de vison c<strong>la</strong>ire sur les courants<br />
contradictoires tout à fait légitimes qui traversent les grandes<br />
questions. La référence à <strong>la</strong> « grande famille <strong>francophone</strong> » où tout le<br />
monde serait d’accord, si tant est que ce<strong>la</strong> eut jamais existé, n’est plus<br />
de mise à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> et de l’é<strong>la</strong>rgissement des thèmes<br />
de l’OIF. L’absence de curiosité pour <strong>la</strong> francophonie hors les murs,<br />
aussi importante que <strong>la</strong> Francophonie officielle, doit aussi pouvoir faire<br />
l’objet de débats. Une organisation mondiale, démocratique qui<br />
privilégie avant tout <strong>la</strong> diversité ne peut pas <strong>la</strong> nier en son sein.<br />
Arriver à des compromis et à des arbitrages en interne n’est pas<br />
synonyme d’absence de débats et de controverses visibles. C’et au<br />
54
contraire ce qui fait vivre une organisation multi<strong>la</strong>térale qui veut<br />
montrer ses différences par rapport aux autres.<br />
2 - Un pôle de communication en français<br />
La création et l’offre, partout <strong>dans</strong> le monde, d’un bouquet satellitaire<br />
de chaînes de <strong>la</strong>ngue française est indispensable pour l’identité<br />
<strong>francophone</strong>. Tout membre de l’OIF pourrait s’engager à diffuser TV5<br />
Monde sur son territoire en hertzien. Pour assoir son audience, tout en<br />
restant généraliste et de haut niveau, TV 5 Monde requiert un<br />
é<strong>la</strong>rgissement de son financement, grâce à une plus forte participation<br />
des pays du Nord, hors <strong>la</strong> France, mais aussi des pays du Sud. La<br />
bataille de <strong>la</strong> communication est mondiale, sauf pour <strong>la</strong> Francophonie ?<br />
En instiguant des partenariats avec les médias des trois aires<br />
linguistiques, <strong>la</strong> chaîne de <strong>la</strong> Francophonie pourrait être à l’initiative<br />
d’un pôle de communication mondial proposant des échanges de<br />
programmes d’information, des jeux, des variétés, des téléfilms ou des<br />
documentaires sous-titrés, à destination des espaces lusophones et<br />
hispanophones…Un véritable pacte du plurilinguisme audiovisuel.<br />
Par ailleurs, <strong>la</strong> diffusion d’émission régulières sur <strong>la</strong> Francophonie et<br />
l’actualité <strong>francophone</strong> sur les grands médias de <strong>la</strong>ngue française à<br />
travers le monde : RFI, RFO, France Télévision, RTBF, Radio Canada,<br />
RTSR, AFP, France 24…ne pourrait que renforcer <strong>la</strong> connaissance<br />
donc le sentiment d’appartenance à un vaste espace commun.<br />
L’identité <strong>francophone</strong> numérique, encore jeune, prendra<br />
conscience d’elle-même d’autant plus facilement que le nouveau portail<br />
de l’OIF parviendra à fédérer toutes les identités <strong>francophone</strong>s,<br />
jusqu’aux plus isolées. La création d’un pôle de communication<br />
numérique en français, au-delà du seul site de l’<strong>Organisation</strong>,<br />
permettra de débattre contradictoirement des questions qui agitent<br />
l’espace <strong>francophone</strong> à travers des forums, blogs, c<strong>la</strong>vardages…<br />
L’audiovisuel ne doit pas être le seul projet de communication : il serait<br />
envisageable de mutualiser les moyens afin de créer, par exemple, une<br />
55
p<strong>la</strong>teforme des éditeurs <strong>francophone</strong>s, en particulier pour les<br />
salons du livres en France et à l’étranger.<br />
Dans tous les cas cette politique de <strong>la</strong> communication doit sortir de <strong>la</strong><br />
Francophonie officielle et jeter des ponts, tous les ponts possibles, avec<br />
<strong>la</strong> francophonie hors les murs<br />
3 - Un Erasmus <strong>francophone</strong><br />
Pour maintenir et redonner à <strong>la</strong> recherche, au monde universitaire et à<br />
<strong>la</strong> science <strong>dans</strong> l’espace <strong>francophone</strong> son rayonnement, son attractivité,<br />
son excellence, il est indispensable de mettre en p<strong>la</strong>ce un dispositif<br />
ouvert pour assurer <strong>la</strong> mobilité des étudiants, des enseignants, des<br />
scientifiques et des chercheurs.<br />
Son originalité serait de permettre à tous les étudiants ayant choisi le<br />
français, mais aussi aux enseignants et aux scientifiques <strong>francophone</strong>s<br />
de pouvoir circuler <strong>dans</strong> <strong>la</strong> francosphère, en reprenant et é<strong>la</strong>rgissant le<br />
programme CIME, <strong>la</strong> formule mise au point par l’AUF au début des<br />
années 90. Il redonnerait ainsi au français et aux cultures<br />
<strong>francophone</strong>s, au travers les universités <strong>francophone</strong>s et <strong>la</strong> recherche<br />
de <strong>la</strong>ngue française, une p<strong>la</strong>ce décisive sur l’échiquier mondial.<br />
Voyager pour éprouver <strong>dans</strong> le dép<strong>la</strong>cement physique l’importance de<br />
<strong>la</strong> diversité géographique, partie prenante essentielle de <strong>la</strong> diversité<br />
culturelle.<br />
Par voie de conséquence, ce<strong>la</strong> octroierait à <strong>la</strong> Francophonie une<br />
nouvelle dimension et une utilité que trop de personnes lui dénient<br />
encore. En désignant une vingtaine d’universités pilotes afin de<br />
constituer le premier mail<strong>la</strong>ge de ce réseau Erasmus, <strong>la</strong> Francophonie<br />
pourrait incarner une nouvelle forme de migration de l’intelligence et<br />
du codéveloppement : Montréal, Québec, Bruxelles, Kinshasa, Genève,<br />
Alexandrie, Hanoi, Dakar, Beyrouth, Port-Louis… Il ne s’agit pas<br />
seulement d’échanges mais aussi de coopération scientifique.<br />
L’expérience de l’AUF est ici déterminante et l’Erasmus <strong>francophone</strong><br />
doit se mettre en p<strong>la</strong>ce avec sa pleine participation.<br />
56
Cet Erasmus est indissociable d’une recherche sur le phénomène<br />
d’urbanisation au sein de <strong>la</strong> Francophonie ; connaître et comparer le<br />
statut des migrations urbaines est une des clefs de l’avenir de <strong>la</strong><br />
Francophonie.<br />
Il est également possible de créer un visa « jeune <strong>francophone</strong> » pour 4<br />
ans, attribué à des jeunes pour <strong>la</strong> réalisation d’un projet précis. Les<br />
bénéficiaires s’engageant à retourner <strong>dans</strong> leur pays et à faire partager<br />
leurs acquis. Il faut notamment privilégier les domaines de l’économie<br />
de l’immatériel, secteurs où le Sud peut enrichir et s’enrichir.<br />
4 - Attirer les jeunes et les <strong>francophone</strong>s<br />
Le français reste trop souvent associé à des valeurs du passé et à <strong>la</strong><br />
culture, au sens traditionnel. Les efforts devraient se porter sur une<br />
communication plus moderne et positive : associer <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />
aux technologies innovantes, à <strong>la</strong> science et au monde des affaires. Au<br />
même titre que l'ang<strong>la</strong>is. Il n’existe aucune raison que celui-ci soit <strong>la</strong><br />
seule <strong>la</strong>ngue de <strong>la</strong> modernité. A cette fin, il est déterminant de créer<br />
une édition scientifique de haut niveau en <strong>la</strong>ngue française, capable<br />
d’attirer l’excellence de <strong>la</strong> recherche <strong>francophone</strong>.<br />
Les systèmes de mesure de l'influence des communications<br />
scientifiques ne devraient pas être <strong>la</strong>issés <strong>dans</strong> les mains des seuls<br />
anglo-saxons. Des systèmes d'évaluation <strong>francophone</strong>s, à l'exemple du<br />
« Science Citation Index », pourraient être créés et un c<strong>la</strong>ssement des<br />
universités <strong>francophone</strong>s différent du « c<strong>la</strong>ssement de Shanghai », et<br />
plus riche, rendrait nécessairement visible <strong>la</strong> différence et l’excellence<br />
<strong>francophone</strong>. L'exemple du Japon qui exige que toutes les études<br />
subventionnées par le gouvernement soient publiées en japonais, est<br />
un modèle à reprendre.<br />
L’OIF pourrait organiser chaque année les « Assises du savoir et de<br />
l’innovation en français » en s’associant avec un ou plusieurs grands<br />
musées (type <strong>la</strong> Villette), le réseau des Chaires Senghor, l’AUF, le<br />
CNRS, et les grands centres de recherche mondiaux <strong>francophone</strong>s. Des<br />
57
spécialistes <strong>francophone</strong>s mondialement reconnus interviendraient<br />
<strong>dans</strong> le cadre de séries de conférences-débats sur des sujets qui<br />
intéressent le grand public (médecine, environnement, médias,<br />
économie, société…).<br />
Un prix honorifique pourrait récompenser « l’excellence en français ».<br />
5 - Une communication modernisée<br />
Afin de réduire le déficit de communication, souvent reproché à l’OIF<br />
et à ses opérateurs (sauf TV5 Monde), il semble indispensable de<br />
repenser l’approche, les styles, le contenu et les moyens de cette<br />
communication. Tout est trop officiel, sans interactivité, ni ouverture,<br />
ni humour... L’avenir de <strong>la</strong> Francophonie, c’est <strong>la</strong> jeunesse, <strong>la</strong><br />
communication est le secteur où elle peut s’épanouir, à condition qu’on<br />
lui offre une p<strong>la</strong>ce.<br />
La conscience d’une identité <strong>francophone</strong> forte, portée par l’OIF, ne<br />
progressera pas sans une valorisation de ses programmes et en<br />
particulier de quelques projets-phare, vecteurs des ambitions de<br />
l’<strong>Organisation</strong>. Quand celle-ci fait des choses attractives, ce<strong>la</strong> se voit. Il<br />
faut refuser le style trop institutionnel, s’ouvrir sans cesse sur <strong>la</strong><br />
francophonie hors les murs. Bref, le problème n’est pas les « tuyaux »,<br />
quoique internet soit <strong>la</strong>rgement sous-utilisé, le problème est le style,<br />
l’ouverture, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce faite à tous, le pluralisme. Mettre en actes ce qui<br />
est dit <strong>dans</strong> les textes officiels.<br />
Une approche complémentaire, en termes de communication,<br />
consisterait à décliner une manifestation sur le principe de <strong>la</strong><br />
« Francofête » québécoise <strong>dans</strong> le plus grand nombre de pays de <strong>la</strong><br />
francosphère. Elle apporterait un témoignage de <strong>la</strong> vitalité de <strong>la</strong><br />
Francophonie et de ses liens avec <strong>la</strong> jeunesse autour de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
française. Et ceci indépendamment de l’événement du 20 mars ; il y<br />
aurait ainsi deux temps forts de communication <strong>dans</strong> l’année, un<br />
« national » et un « international ».<br />
58
6 - l’Institut de <strong>la</strong> francophonie : un pôle de recherche<br />
Il regrouperait, au sein de l’AUF, les Chaires Senghor existantes et<br />
aurait pour tâche d’en étendre le réseau mondial au sien de l’espace<br />
<strong>francophone</strong> et en dehors de celui-ci. Ce travail de création,<br />
développement, mise en re<strong>la</strong>tion, coordination des Chaires aboutirait à<br />
<strong>la</strong> création d’un pôle de recherche mondial et ferait connaitre <strong>la</strong><br />
Francophonie qui manque de visibilité. Il serait piloté par un comité<br />
scientifique international.<br />
Il serait également un lieu de formation « d’excellence » et de recherche<br />
pour des élites de <strong>la</strong> francosphère et donnerait envie aux meilleurs<br />
chercheurs des autres aires linguistiques de venir travailler ici en<br />
français.<br />
Ce lieu serait en charge du recueil et de <strong>la</strong> promotion de <strong>la</strong> mémoire<br />
<strong>francophone</strong>. Parmi ses missions : l’archivage de <strong>la</strong> presse <strong>francophone</strong><br />
mondiale, <strong>la</strong> numérisation de contenus diffusables en ligne, <strong>la</strong><br />
recherche et <strong>la</strong> formation pour les journalistes, <strong>la</strong> mutualisation des<br />
ressources existantes, le développement de partenariats avec les<br />
grandes bibliothèques, les musées des migrations, etc.<br />
7 - Enseigner les francophonies<br />
Intégrer un cours sur <strong>la</strong> Francophonie dès le secondaire <strong>dans</strong> les<br />
établissements de tous les pays membres de l’OIF est une priorité.<br />
L’Agence universitaire de <strong>la</strong> francophonie (AUF) pourrait concevoir un<br />
module de formation de quelques heurs (1 journée par exemple) intégré<br />
<strong>dans</strong> un tronc commun et rendu obligatoire pour toutes les universités<br />
membres du réseau de l’AUF.<br />
Dans le même esprit, un travail conjoint de l’OIF et de l’AUF viserait à<br />
faire inscrire <strong>dans</strong> les cursus des programmes intégrant <strong>la</strong> littérature,<br />
l’histoire, les arts, <strong>la</strong> science, le cinéma <strong>francophone</strong>s... (par exemple au<br />
programme de l’agrégation).<br />
Enfin, il faut multiplier <strong>dans</strong> l’enseignement supérieur les<br />
départements d’études <strong>francophone</strong>s qui é<strong>la</strong>rgissent leurs compétences<br />
59
au-delà de <strong>la</strong> littérature et des sciences humaines, aux domaines si<br />
essentiels des technologies, de <strong>la</strong> communication, de l’économie et du<br />
rapport science-société. D’abord en France, où ils manquent<br />
cruellement, mais aussi <strong>dans</strong> les grandes capitales du monde.<br />
8 - Un pacte du plurilinguisme<br />
Tout ressortissant de l’espace <strong>francophone</strong> devrait pouvoir apprendre<br />
le français <strong>dans</strong> le cadre d’un cursus secondaire public.<br />
L’encouragement au dépassement du bilinguisme, en faveur d’un<br />
multilinguisme intégrant obligatoirement le français, matérialiserait<br />
<strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong> diversité culturelle au p<strong>la</strong>n mondial.<br />
Dans les pays de l’OIF, une signalétique en plusieurs <strong>la</strong>ngues au moins<br />
<strong>dans</strong> les lieux publics serait un premier signal de cette volonté.<br />
Au travers l’intensification des liens entre les pays de <strong>la</strong>ngues<br />
romanes, les trois aires linguistiques seraient au cœur d’un dispositif<br />
visant à encourager réellement le plurilinguisme.<br />
9 - Un Office de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française en Francophonie<br />
Cet office se présenterait comme un instrument incitatif <strong>dans</strong> tous les<br />
pays de l’OIF où le français a un statut officiel, et comme une force de<br />
proposition sur <strong>la</strong> valorisation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française <strong>dans</strong> les sociétés<br />
concernées.<br />
Il mettrait à disposition des internautes un site présentant de<br />
nombreuses ressources sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, sur les aspects<br />
règlementaires et légaux, les services destinés à aider les citoyens, à<br />
faire valoir leurs droits <strong>dans</strong> le domaine linguistique. Le site réunirait<br />
un ensemble d’informations concrètes et pratiques sur <strong>la</strong> « vie<br />
<strong>francophone</strong> » (démarches administratives, lieux d’enseignements, de<br />
culture, de recherche, de coopération...) <strong>dans</strong> chaque pays de l’OIF. Il<br />
serait aussi évidemment un lieu de débat et un forum.<br />
A titre d’exemple, le British Council vient de <strong>la</strong>ncer un programme<br />
visant à faire passer le nombre de locuteurs anglophones de 2 à 3<br />
60
milliards avec un investissement de 150 millions d'euros, alors que les<br />
programmes de l'<strong>Organisation</strong> internationale de <strong>la</strong> Francophonie pour<br />
l'enseignement et <strong>la</strong> promotion du français se montent à environ 6<br />
millions d'euros...<br />
10 - Etendre le réseau des jeunes volontaires <strong>francophone</strong>s<br />
Chaque Etat membre pourrait détacher à l’OIF un quota de<br />
« volontaires » (indemnisés par les Etats), porteurs de projets concrets,<br />
soutenus puis évalués. Ces volontaires incarneraient une Francophonie<br />
de terrain, jeune, popu<strong>la</strong>ire et vivante. Par l’intermédiaire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
française, ils ont accès à <strong>la</strong> diversité des cultures, des situations et des<br />
expériences, créant ainsi une identité <strong>francophone</strong> partagée au-delà de<br />
leurs pays ou Etat d’origine.<br />
La première motivation des jeunes volontaires est de donner une<br />
dimension internationale à leurs aspirations mais pas n’importe<br />
<strong>la</strong>quelle, puisque c’est celle de <strong>la</strong> Francophonie qu’ils recherchent.<br />
La diversité géographique et culturelle de <strong>la</strong> Francophonie est un atout<br />
considérable pour multiplier et valoriser ses volontaires, qui<br />
deviennent autant de militants et d’ambassadeurs ! La Francophonie<br />
n’utilise pas assez son exceptionnel réseau mondial, ni le fait que <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> facilite les échanges.<br />
11 - Un visa <strong>francophone</strong><br />
Sur le modèle du visa Commonwealth ou du partenariat Portugal-<br />
Brésil, un visa <strong>francophone</strong> donnerait à ses détenteurs <strong>la</strong> possibilité de<br />
se dép<strong>la</strong>cer plus facilement <strong>dans</strong> l'espace <strong>francophone</strong> et de<br />
matérialiser ainsi un « espace public ».<br />
Dans une première étape, ce visa viserait plus particulièrement à<br />
faciliter <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion des idées et des connaissances (artistes,<br />
journalistes, intellectuels, scientifiques, chercheurs, professeurs,<br />
étudiants). L’OIF, en atténuant les différentiels de droits d’inscription<br />
entre certaines universités du Nord et du Sud, faciliterait une<br />
61
circu<strong>la</strong>tion plus fluide des étudiants, en particulier pour le 3 e cycle.<br />
Parallèlement à cette mesure, il serait judicieux de matérialiser le<br />
sentiment d’appartenance à l’espace <strong>francophone</strong> au travers de<br />
promotion très concrètes de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne.<br />
Par exemple : annonces en français dan les aéroports, grandes gares,<br />
et lieux de transit ; instal<strong>la</strong>tion d’un comptoir <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong><br />
certains aéroports internationaux, comme ce<strong>la</strong> existe pour les<br />
ressortissants du Commonwealth ; profiter de <strong>la</strong> journée du 20 mars<br />
pour diffuser <strong>dans</strong> les médias (spot TV, encarts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> presse,<br />
testimoniaux…) <strong>la</strong> « marque » francophonie.<br />
12 - L’Académie de <strong>la</strong> francophonie<br />
Elle incarnerait <strong>la</strong> diversité des réalités <strong>francophone</strong>s, à partir d’une<br />
<strong>la</strong>ngue en partage. Reconnaître <strong>la</strong> diversité du monde, c’est reconnaître<br />
aussi qu’il n’y a pas une <strong>la</strong>ngue française mais des <strong>la</strong>ngues françaises.<br />
Le français c<strong>la</strong>ssique en usage <strong>dans</strong> l’Hexagone. Le français parlé<br />
outre-mer, auquel on peut ajouter celui des jeunes et des banlieues.<br />
Enfin le français de <strong>la</strong> francophonie, une <strong>la</strong>ngue imagée avec<br />
énormément d’inventions linguistiques, stylistiques, de mots expatriés<br />
qui ont voyagé et se sont modifiés. Une <strong>la</strong>ngue parlée en Afrique, au<br />
Maghreb, <strong>dans</strong> les Amériques, en Océanie et en Asie.<br />
C’est là une chance pour notre <strong>la</strong>ngue de s’enrichir et demeurer<br />
vivante. Non plus un conservatoire mais une utopie et un<br />
espace de vie. Un signe de l’ouverture de <strong>la</strong> Francophonie à <strong>la</strong><br />
francosphère : é<strong>la</strong>rgir le cercle, multiplier les histoires, croiser d’autres<br />
solidarités.<br />
Si l’Académie française veille au maintien et à <strong>la</strong> qualité d’une norme<br />
qui incarne tout autant qu’elle façonne <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue des Français, <strong>la</strong><br />
Francophonie est bel et bien le <strong>la</strong>boratoire de <strong>la</strong> diversité culturelle.<br />
Elle doit, en conséquence, avoir une autre approche et être, à côté de<br />
l’Académie française, le symbole de <strong>la</strong> créativité d’une <strong>la</strong>ngue<br />
mondiale. L’Académie de <strong>la</strong> francophonie complète le rôle de<br />
62
l’Académie française et souligne l’importance de <strong>la</strong> diversité culturelle<br />
comme condition du maintien de cette <strong>la</strong>ngue mondiale.<br />
13 - Une Fondation de <strong>la</strong> francophonie<br />
Créer une « Fondation de <strong>la</strong> francophonie » permettrait un apport de<br />
financements privés sur des projets spécifiques, au cœur des missions<br />
de <strong>la</strong> Francophonie (éducation, <strong>la</strong>ngue, culture…). La loi d’août 2003,<br />
re<strong>la</strong>tive au mécénat, aménage des conditions fiscales très avantageuses<br />
pour les donateurs. Les versements sont déductibles des impôts des<br />
particuliers et des entreprises.<br />
Cette fondation pourrait travailler en partenariat avec le Forum<br />
<strong>francophone</strong> des affaires (FFA), <strong>la</strong> Conférence permanence des<br />
chambres consu<strong>la</strong>ires africaines et <strong>francophone</strong>s (CPCCAF), etc.<br />
14 - Une approche économique <strong>francophone</strong><br />
Il faut encourager les entreprises <strong>francophone</strong>s à prendre conscience de<br />
l’importance qu’il y a à développer des re<strong>la</strong>tions d’affaires en français<br />
et du rôle qu’elles peuvent jouer en matière de francophilie. Rôle, à<br />
terme, bénéfique pour l’accueil de leurs produits et services.<br />
La diversité culturelle existe autant <strong>dans</strong> l’économie que <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
culture mais on n’a pas l’habitude de <strong>la</strong> voir et de <strong>la</strong> reconnaître. Dans<br />
l’économie, c’est le conformisme anglo-saxon qui domine encore.<br />
Former les cadres économiques étrangers à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>la</strong> culture<br />
françaises pourrait se faire en col<strong>la</strong>boration avec le ministère français<br />
des Affaires étrangères, l’Alliance française, <strong>la</strong> Chambre de commerce<br />
et d’industrie de Paris et son équivalent <strong>dans</strong> d’autres pays<br />
<strong>francophone</strong>s. En complément, une « banque de stages » proposerait<br />
aux entreprises <strong>francophone</strong>s d’accueillir de jeunes <strong>francophone</strong>s et<br />
non <strong>francophone</strong>s diplômés.<br />
L’économie n’est pas seulement une technique, elle est aussi une<br />
culture, une vision du monde. La <strong>mondialisation</strong> économique est<br />
aujourd’hui dominée par un seul modèle. Demain <strong>la</strong> diversité <strong>dans</strong><br />
63
l’économie sera reconnue autant que pour <strong>la</strong> culture, <strong>la</strong> société ou <strong>la</strong><br />
politique. La Francophonie peut ici jouer un rôle actif.<br />
Face au modèle anglo-américain de gestion, dominant, il est possible<br />
de valoriser un « management <strong>francophone</strong> ». Rendre visible d’autres<br />
manières de gérer et de diriger, d’autres styles de re<strong>la</strong>tions sociales.<br />
Les multinationales <strong>francophone</strong>s pourraient être pionnières, suivies<br />
ensuite par des PME dynamiques, <strong>dans</strong> le cadre d’un « Cercle des<br />
multinationales et des acteurs économiques ».<br />
Ce<strong>la</strong> concerne aussi le style des écoles de commerce, trop identifiées au<br />
Business Schools anglo-saxonnes. Un réseau d’échanges et de<br />
partenariat entre écoles de commerces et entreprises, plus attentif et<br />
respectueux des autres traditions culturelles économiques, ferait naître<br />
et grandir cette nouvelle culture porteuse - à terme - d’une<br />
<strong>mondialisation</strong> ouverte et mieux partagée.<br />
15 - De nouvelles formes de financement pour <strong>la</strong> production<br />
culturelle Ces formes s’inspireraient de modèles qui ont déjà fait<br />
leurs preuves : type Sodec (Québec) ou CNC (France), Conseil des arts<br />
et des lettres (Canada), etc. L’OIF pourrait encourager les Etats à<br />
développer des aides sous forme d’aide remboursable, de crédit d’impôt,<br />
d’allégement fiscaux pour permettre aux artistes de produire et de<br />
diffuser des œuvres en français.<br />
64
Conclusion<br />
L’identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
L’identité <strong>francophone</strong> est complexe à définir. Sans doute mieux vaut-il<br />
parler d’identités <strong>francophone</strong>s, et d’une sorte de fédération d’identités.<br />
Mais il est déjà important qu’existe cette idée d’une identité qui mêle<br />
patrimoine et avenir, <strong>la</strong>ngue et cultures, valeurs et connaissances. A<br />
l’origine de ces questions, cette <strong>la</strong>ngue qui ne cesse de s’é<strong>la</strong>rgir, de<br />
s’enrichir, et dont on ne souligne pas assez <strong>la</strong> diversité. Les<br />
<strong>francophone</strong>s ont du mal à reconnaitre <strong>la</strong> richesse des <strong>la</strong>ngues<br />
françaises, comme si ce<strong>la</strong> menaçait cette identité fragile et réelle, alors<br />
que c’est sans doute le contraire. Là comme ailleurs, il faut assurer <strong>la</strong><br />
diversité et les contradictions de l’identité ne sont pas une menace,<br />
mais une chance, pour cette forme bien particulière d’identité<br />
collective.<br />
Cinq remarques s’imposent.<br />
1 – Pas d’avenir de <strong>la</strong> Francophonie si celle-ci n’est pas capable de<br />
réfléchir librement, contradictoirement aux multiples aspects de cette<br />
identité. Et pour ce<strong>la</strong> créer un espace public au sein de <strong>la</strong><br />
Francophonie. Prendre l’habitude de parler librement en distinguant<br />
ce qui relève des positions officielles, liées au fonctionnement de<br />
l’OIF, de tout le reste. Les prises de positions officielles ne recouvrent<br />
pas, loin s’en faut, tout le champ de réflexion et d’action de <strong>la</strong><br />
Francophonie officielle et hors les murs. Pour ce<strong>la</strong>, il faut apprendre à<br />
débattre, à argumenter, s’opposer. L’habitude n’existe pas.<br />
Une organisation prônant <strong>la</strong> diversité culturelle ne peut pas refuser <strong>la</strong><br />
diversité en ses propres rangs, ni confondre les positions diplomatiques<br />
65
avec le reste de <strong>la</strong> vie de <strong>la</strong> Francophonie. Ce n’est pas débattre qui<br />
menace <strong>la</strong> Francophonie, mais l’inverse, le silence. Il en est ainsi, par<br />
exemple, du débat sur l’immigration que les Etats ne mettent pas<br />
sur leur agenda de peur de voir surgir des positions différentes alors<br />
que chacun, néanmoins, les connait déjà. Qu’il n’y ait pas de débats,<br />
par ailleurs, au sein de l’OIF, chez les opérateurs, l’AUF, les ONG…<br />
est un signe d’un espace public beaucoup trop étroit.<br />
*<br />
* *<br />
2 – Le débat de fond n’est pas entre é<strong>la</strong>rgissement et<br />
approfondissement. L’existence d’un espace public ouvert et<br />
contradictoire aurait sans soute permis de dépasser cette fausse<br />
opposition. De toute façon, l’é<strong>la</strong>rgissement a eu lieu et<br />
l’approfondissement s’impose. Il faudra faire les deux. Par contre,<br />
chacun, à juste titre, cherche sa p<strong>la</strong>ce, et c’est normal. Les différences<br />
existent entre le noyau historique, l’Asie, l’Europe centrale et<br />
orientale… Tout est possible à condition de pouvoir parler librement.<br />
Débattre permet de dépasser les méfiances et les méconnaissances<br />
mutuelles. Il en est également ainsi pour le fonctionnement interne de<br />
l’OIF où tout le monde parle sous le manteau et pas assez<br />
publiquement, alimentant toutes les rumeurs…<br />
Il ne peut pas y avoir d’unanimité, par exemple, sur une question aussi<br />
fondamentale que celle de l’identité mais en parler empêche les<br />
méfiances mutuelles. C’est donc à l’<strong>Organisation</strong> de proposer les<br />
conditions d’une expression libre et contradictoire. Et <strong>dans</strong> toutes les<br />
enceintes, sans peur que ce<strong>la</strong> menace l’identité du mouvement. Là<br />
comme ailleurs, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Francophonie, il faut distinguer ce qui relève<br />
des arbitrages internationaux, de tout le reste où l’expression doit être<br />
libre. Rien de pire que par une sorte de contagion, le style<br />
diplomatique-<strong>la</strong>ngue de bois, concerne tous les débats d’une<br />
organisation internationale. L’OIF, n’est pas <strong>la</strong> seule à être menacée<br />
66
par cette « nouvelle <strong>la</strong>ngue » mais cette dérive y est d’autant plus<br />
discutable que l’essentiel de <strong>la</strong> Francophonie n’est pas l’OIF même si<br />
celle-ci en est une visibilité institutionnelle. Ce n’est pas <strong>la</strong> diversité,<br />
omniprésente, qui menace <strong>la</strong> Francophonie, mais le contraire.<br />
*<br />
* *<br />
3 – Pour le débat sur l’identité, et <strong>dans</strong> tous les débats sur<br />
l’avenir de <strong>la</strong> Francophonie, <strong>la</strong> francophonie hors les murs est aussi<br />
importante que <strong>la</strong> Francophonie officielle. Ce sont les deux jambes d’un<br />
même mouvement. Pendant vingt ans, on s’est beaucoup occupé, à<br />
juste titre, de l’institutionnalisation de <strong>la</strong> Francophonie, comme<br />
organisation multi<strong>la</strong>térale. il faut maintenant être attentif aux autres<br />
dimensions liées notamment aux politiques <strong>francophone</strong>s, menées par<br />
ailleurs par les Etats, ainsi qu’à tous les pays où le français est <strong>la</strong>ngue<br />
étrangère, et à tous les endroits <strong>dans</strong> le monde où existe une histoire<br />
francophile ou <strong>francophone</strong>. Bref, s’ouvrir à <strong>la</strong> francosphère.<br />
*<br />
* *<br />
4 – L’OIF ne doit pas rester uniquement, le reflet de l’organisation des<br />
Etats. Elle doit, comme ce<strong>la</strong> s’est passé pour l’Europe avec <strong>la</strong><br />
Commission, et comme ce<strong>la</strong> se fait pour toutes les organisations<br />
multi<strong>la</strong>térales, renforcer son autonomie et être capable pour certains<br />
domaines, comme l’immigration, l’identité <strong>francophone</strong>, le dialogue des<br />
civilisation, l’Europe é<strong>la</strong>rgie... d’avoir ses propres positions. Celles-ci,<br />
ne sont pas des positions « officielles », mais le résultat du travail et de<br />
<strong>la</strong> prospective de l’<strong>Organisation</strong> qui, par son existence même, est<br />
capable de faire preuve d’originalité. Et c’est <strong>dans</strong> cette perspective que<br />
se situait notre proposition de création de <strong>la</strong> CRSF (Cellule de réflexion<br />
stratégique de <strong>la</strong> Francophonie).<br />
67
Autrement dit, é<strong>la</strong>rgir le rôle de l’OIF au-delà de celui d’une instance<br />
intergouvernementale fait partie du travail sur <strong>la</strong> question de l’identité<br />
<strong>francophone</strong>. Et sur bien d’autres. D’autant plus, encore une fois, que<br />
l’essentiel de <strong>la</strong> dynamique de <strong>la</strong> Francophonie ne se trouve pas <strong>dans</strong><br />
l’<strong>Organisation</strong>. Conserver un lien entre l’OIF et les autres dimensions<br />
de <strong>la</strong> Francophonie fait partie de l’identité et de l’originalité de <strong>la</strong><br />
Francophonie.<br />
*<br />
* *<br />
5 – Face à <strong>la</strong> multiplication des identités, <strong>la</strong> tentation est grande de se<br />
satisfaire des références au « métissage », « cosmopolitisme »...<br />
Facilités pour aborder un problème complexe. Puisque les identités ne<br />
disparaissent pas, on les prend toutes et on mé<strong>la</strong>nge. Reprendre<br />
aujourd’hui ce vocabu<strong>la</strong>ire de métissage et cosmopolitisme, malgré son<br />
côté sympathique, n’est pas adapté. D’abord le cosmopolitisme et le<br />
métissage concernent plutôt un monde fermé. On se mé<strong>la</strong>nge aux<br />
frontières. Ce<strong>la</strong> a toujours existé et se perpétue. C’est un des moyens<br />
de contact entre les cultures et les civilisations. Mais <strong>la</strong> problématique<br />
change de sens aujourd’hui avec <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> et l’avènement des<br />
sociétés ouvertes où tout le monde circule. Certes, tout le monde se<br />
métisse plus ou moins, mais l’essentiel est plutôt de conserver, à côté<br />
de cette logique d’ouverture mondiale, <strong>la</strong> force des identités pour ne<br />
pas se perdre <strong>dans</strong> un vague métissage. Plus tout est ouvert, plus<br />
chacun souhaite conserver ses identités. La cohabitation des identités<br />
à construire est autre chose que le métissage apparu à partir,<br />
notamment, de l’ouverture du monde du 17 e au 20 e siècle.<br />
La problématique d’une ou des identités <strong>francophone</strong>s est donc<br />
beaucoup plus ambitieuse. Elle consiste à prendre le problème à bras le<br />
corps. Reconnaitre l’autre est le moyen d’essayer de conjuguer<br />
ouverture au monde et respect de <strong>la</strong> diversité culturelle. Les individus<br />
ou les groupes peuvent appartenir à plusieurs identités et non pas y<br />
68
enoncer. Réfléchir à l’identité <strong>francophone</strong>, c’est donc réfléchir à<br />
l’avenir des identités <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. Débat ambitieux ou <strong>la</strong><br />
Francophonie peut apporter beaucoup <strong>dans</strong> un monde où plusieurs fois<br />
se posera cette question du respect de <strong>la</strong> cohabitation des identités.<br />
Parler de cohabitation des identités, c’est reconnaitre leur rôle<br />
incontournable <strong>dans</strong> un monde ouvert. C’est une démarche plus<br />
exigeante que de parler de métissage, qui, lui, <strong>la</strong>isse sous-entendre que<br />
<strong>la</strong> question de l’identité culturelle et politique n’est plus un<br />
problème…Ce qui est bien loin d’être le cas quand on voit les<br />
affrontements et conflits à l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong>. Penser les<br />
identités aujourd’hui, est penser le moyen de leur cohabitation et le<br />
moyen, sans doute, d’éviter le retour violent des irrédentismes<br />
identitaires et contribuer ainsi à <strong>la</strong> paix.<br />
Dominique WOLTON, décembre 2008.<br />
69
Bibliographie<br />
AAFV, La France et le Vietnam <strong>dans</strong> l’espace <strong>francophone</strong>, Paris, L’Harmattan, 1997.<br />
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français à l’Université libanaise : état des lieux et perspectives, Beyrouth, Université<br />
libanaise, Montréal, Agence universitaire de <strong>la</strong> Francophonie, 1998.<br />
ADAMSON, Ginette, GOUANVIC, Jean-Marc, Francophonie plurielle, Canada, CIEF,<br />
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WOLTON, Dominique. L’autre <strong>mondialisation</strong>, Paris, F<strong>la</strong>mmarion, 2003, 211 p.<br />
WOLTON, Dominique, Francophonie et <strong>mondialisation</strong>, Les essentiels d’Hermès, Paris,<br />
CNRS Editions, 2008.<br />
WOLTON, Dominique, L’espace public, Les essentiels d’Hermès, Paris, CNRS Editions,<br />
2008.<br />
YANNIC, Aurélien, Le Québec en francophonie, perception, réalités, enjeux ou les<br />
re<strong>la</strong>tions particulières Québec, canada, France, espace <strong>francophone</strong> des origines à nos<br />
jours 1995, Toulouse, Montréal, UTM, 2007.<br />
YANNIC, Aurélien, La Francophonie et l’alliance des aires culturelles romanes, in<br />
Pourquoi <strong>la</strong> Francophonie ? Montréal, VLB, 2008.<br />
80
Sitographie<br />
www.francophonie.org/forum<br />
www.auf.org<br />
www.fipf.org<br />
www.franc-parler.org<br />
www.olf.gouv.qc.ca<br />
www.bnf.fr<br />
www.franco.ca<br />
www.francophoniecanadienne.ca<br />
www.aufc.ca<br />
www.scic.gouv.qc.ca/francophonie<br />
www.3el.org<br />
www.atilf.fr/tilf<br />
www.tlfq.u<strong>la</strong>val.ca<br />
www.2.cfwb.be/franca<br />
www.ciip.ch/ciip/DLF<br />
www.<strong>la</strong>nguefrancaise.net<br />
www.vox<strong>la</strong>tina.com<br />
www.fdlm.org<br />
www.ac.noumea.nc/sitevr/IMG/<br />
www.rfi.fr<br />
www.tv5.org<br />
www.unice.fr<br />
www.cat.inist.fr<br />
www.alliancefr.org<br />
www.aiu.org<br />
www.mlfmonde.org<br />
www.iframond.univ-lyon3.fr<br />
www.fcfa.ca<br />
www.legermarketing.com:documents:spclm/030407FR.pdf<br />
www.imperatif-francais.org<br />
www.bnq.qc.ca<br />
www.france24.com<br />
www.salic-slmc.ca<br />
http://www.biennale-lf.org/<br />
http://www.cfqlmc.org/pdf/francophonie_dialogue_culture.pdf<br />
http://www.cfqlmc.org/<br />
81
ANNEXES<br />
- ANNEXE 1<br />
Sommaire des documents reçus<br />
- ANNEXE 2<br />
Missions et participation à diverses manifestations<br />
- ANNEXE 3<br />
Bi<strong>la</strong>n du Forum de discussion de <strong>la</strong> CRSF<br />
- ANNEXE 4<br />
Colloque sur « l’identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
Programme<br />
Liste des intervenants et des participants<br />
82
ANNEXE 1<br />
Sommaire des documents reçus et des principaux entretiens<br />
sur le thème de « l’identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> »<br />
(OIF et Opérateurs)<br />
Personnalités<br />
Monsieur Pierre-Etienne<br />
LAPORTE,<br />
ancien membre de l’ex-HCF<br />
S.E. M. Jean-Pierre<br />
VETTOVAGLIA, ancien Sherpa de<br />
<strong>la</strong> Suisse à l’OIF<br />
Monsieur Jean-René BOURREL,<br />
Responsable de programmes DPS à<br />
l’OIF<br />
Madame Josiane GONTHIER,<br />
Cellule d’observatoire des <strong>la</strong>ngues à<br />
l’OIF<br />
S.E. M Samir SAFOUAT, ancien<br />
Sherpa d’Egypte à l’OIF & M.<br />
Fernand TEXIER, Recteur Univ.<br />
Senghor d’Alexandrie<br />
S.E. Monsieur Besnik<br />
MUSTAFAJ, Correspondant de<br />
l’Albanie près CRSF<br />
Pr. Albert OUEDRAOGO,<br />
Correspondant Burkina Faso près<br />
CRSF<br />
Monsieur Patrice BUREL,<br />
Directeur BRAP/OIF<br />
Monsieur Michel GUILLOU,<br />
Directeur Iframond<br />
Monsieur Bernard<br />
CERQUIGLINI, Recteur de l’AUF<br />
Monsieur Jean-Piere ASSELIN<br />
DE BEAUVILLE et Jean-Louis<br />
HIRIBARREN<br />
Monsieur Stéphane LOPEZ,<br />
Responsable de projets DCL/OIF<br />
Monsieur Bozidar GAGRO, sherpa<br />
de Croatie<br />
Monsieur Xavier MICHEL,<br />
Directeur du BRAC<br />
Contribution<br />
« Réflexions sommaires sur le<br />
thème de l’identité <strong>francophone</strong> à<br />
l’heure de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
« L’é<strong>la</strong>rgissement de <strong>la</strong><br />
Francophonie »<br />
« Rapport de mission : Participation<br />
à <strong>la</strong> Journée Eurafricaine » à<br />
Varsovie (Pologne), du 28 fév. au 2<br />
mars 2007<br />
« L’identité <strong>francophone</strong> à l’heure<br />
de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
« Identité <strong>francophone</strong> à l’heure de<br />
<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
« L’identité <strong>francophone</strong> en<br />
Albanie »<br />
« L’identité <strong>francophone</strong> au<br />
Burkina Faso »<br />
« L’identité <strong>francophone</strong> à l’heure<br />
de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
« Construire <strong>la</strong> 3e Francophonie<br />
pour pérenniser les identités du<br />
Québec et de <strong>la</strong> France »,<br />
conférence au Cerium de Montréal,<br />
le 30 janvier 2008<br />
« L’identité <strong>francophone</strong> : utopie ou<br />
réalité ? »<br />
Colloque international « Protection<br />
et promotion de <strong>la</strong> diversité<br />
culturelle <strong>dans</strong> le contexte de<br />
l’é<strong>la</strong>rgissement de <strong>la</strong><br />
Francophonie » à Sibiu (Roumanie)<br />
du 8 au 11 novembre 2007<br />
« Contribution au débat sur<br />
l’identité de <strong>la</strong> Francophonie »<br />
« Quelques éléments de réflexion<br />
sur l’Identité <strong>francophone</strong> à l’heure<br />
de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
84
Monsieur Marcel ESCURE,<br />
chef de service des Aff. Francophones<br />
(France)<br />
Monsieur Hervé CRONEL,<br />
Conseiller spécial aux Affaires<br />
économiques et au développement<br />
durable<br />
S.E. Mme Naé<strong>la</strong> GABR,<br />
Sherpa d’Egypte auprès de l’OIF<br />
Mme Marie Denise JEAN,<br />
Déléguée permanent adjoint Haïti<br />
auprès de l’Unesco, Chargée<br />
d’affaires auprès de l’OIF<br />
Monsieur Emile TANAWA,<br />
Directeur du bureau Caraïbes de<br />
l’AUF<br />
Monsieur Julien KILANGA<br />
MUSINDE,<br />
Chef de division DLC/DLF<br />
Monsieur Pietro SICURO,<br />
Directeur de l’Institut de <strong>la</strong><br />
Francophonie numérique<br />
Monsieur Hervé CRONEL,<br />
Conseiller spécial chargé des affaires<br />
économiques et du développement<br />
durable<br />
Monsieur Patrick CHARDENET,<br />
Directeur délégué « Langue<br />
française, diversité culturelle et<br />
linguistique », AUF<br />
Madame Chantal de VARENNES,<br />
Conseillère aux affaires<br />
<strong>francophone</strong>s, Ambassade du<br />
Canada, Paris<br />
Madame Marielle BEAULIEU,<br />
Directrice et Lise ROUTHIER-<br />
BOUDREAU, présidente de <strong>la</strong><br />
fédération des communautés<br />
<strong>francophone</strong>s et acadiennes du<br />
Canada<br />
Madame Mireille CYR,<br />
Représentante personnelle du<br />
premier ministre du Nouveau-<br />
Brunswick<br />
Monsieur René LEDUC, Conseiller<br />
chargé de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et de <strong>la</strong><br />
diversité culturelle<br />
Monsieur Samir MARZOUKI,<br />
Conseiller de l’Observatoire de <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue française à OIF<br />
Monsieur Frédéric BOUILLEUX,<br />
Directeur DLC<br />
Monsieur Olivier CHAMBARD,<br />
Secrétaire permanent AIMF<br />
« Discours et interventions 2007-<br />
2008 » sur le thème de l’Identité<br />
<strong>francophone</strong> à l’heure de <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong>.<br />
Questionnaire Identité <strong>francophone</strong><br />
en 6 points<br />
L’Identité <strong>francophone</strong> à l’heure de<br />
<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
Réponse au questionnaire en 6<br />
points.<br />
L’Identité <strong>francophone</strong> à l’heure de<br />
<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
L’Identité <strong>francophone</strong> à l’heure de<br />
<strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong><br />
L’Identité <strong>francophone</strong> numérique<br />
Réponse au questionnaire en 6<br />
points<br />
De l’unicité plurielle à<br />
l’interlinguisme : identités et<br />
appartenances<br />
La francophonie canadienne, état<br />
des lieux<br />
Documentation générale,<br />
présentation de <strong>la</strong> FCFA<br />
Réponse au questionnaire en 6<br />
points<br />
Entretien<br />
Entretien<br />
Entretien<br />
Entretien<br />
85
ANNEXE 1<br />
Liste des rencontres et entretiens concernant le thème<br />
« Identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> »<br />
Monsieur Bambridge Tamatao (professeur d’université)<br />
Monsieur Barrot Olivier (journaliste)<br />
Monsieur Beauchemin Jacques (professeur d’université)<br />
Madame Beaudoin Louise (professeur associé)<br />
Madame Bekkar Radia (démographe)<br />
Monsieur Bourrel Jean-René (OIF)<br />
Madame Butron Torreb<strong>la</strong>nca Maria Andréa (FIPF Pérou)<br />
Madame Camarasa Marion (chercheur)<br />
Madame Cheval Mireille (Alliance française Moscou)<br />
Monsieur Chevrier Marc (professeur d’université)<br />
Monsieur Chiaverini Jean-Pierre (cercle des sénateurs <strong>francophone</strong>s)<br />
Madame Defontaine Martine (OIF)<br />
Monsieur Durempart Michel (spécialiste des médias)<br />
Monsieur Dutrissac Robert (journaliste)<br />
Fleury Cynthia (chercheur CNRS)<br />
Monsieur Gallet Dominique (Espace <strong>francophone</strong>)<br />
Monsieur Hoss Jean-Pierre (Conseil d’Etat)<br />
Monsieur Koss Bogomil (professeur d’université)<br />
Monsieur Landry Rodrigues (Directeur général de l’Institut canadien de<br />
recherche sur les minorités linguistiques)<br />
Monsieur Laroussi Foued (chercheur CNRS)<br />
Monsieur Létourneau Josselin (professeur d’université)<br />
Monsieur Mireault François (Fracas)<br />
Monsieur Monniere Denis (historien)<br />
Monsieur Morin Edgar (sociologue)<br />
Monsieur Oillo Didier (AUF)<br />
Monsieur Paquet Martin (professeur d’université)<br />
87
Monsieur Pellenard Olivier (Alliance française Nouvelle-Zé<strong>la</strong>nde)<br />
Monsieur Poivre d’Arvor Olivier (Culture France)<br />
Monsieur Rioux Christian (Le Devoir)<br />
Madame Rouah Carine (Réseau international des Musées des Migrations)<br />
Madame Rouquié Agnès (Alliance française)<br />
Monsieur Safouat Samir (ancien ambassadeur d’Egypte)<br />
Monsieur Senghor Henri (CIFER)<br />
Monsieur Thieulin Benoit (Directeur La Netscouade)<br />
Monsieur Veron Eliseo (média, Argentine)<br />
Monsieur Veyrat Masson Isabelle (historienne)<br />
Monsieur Wallon Bernard, directeur du SSAE (Soutien, Solidarité, Actions<br />
en faveur des Emigrants),<br />
Monsieur Woehrling José (professeur d’université).<br />
88
ANNEXE 2<br />
Missions et participation à diverses manifestations<br />
Liste des missions effectuées par <strong>la</strong> CRSF<br />
- Mission au Canada du 13 au 22 avril 2008, rencontre avec des experts sur<br />
le thème de l’identité <strong>francophone</strong>.<br />
- 3 e Francophonie, espace mondialisé de dialogue interculturel et de valeurs<br />
partagées, Lyon, 13 juin<br />
- 12 e Congrès mondial de <strong>la</strong> FIPF (fédération internationale des professeurs<br />
de français) Du 21 au 26 juillet 2008, à Québec<br />
Participation de <strong>la</strong> CRSF à des manifestations<br />
- XXXe Colloque annuel de l’Alliance française, 21 janvier 2008.<br />
- Colloque Unesco à l’occasion du <strong>la</strong>ncement de l’année européenne du<br />
dialogue interculturel, 13-14 mars<br />
- Forum permanent sur le pluralisme culturel : francophonie, l’une des<br />
réponses à <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> culturelle ?, CERI-Sciences PO, le 21 mars<br />
2008<br />
- Colloque de l’IRIS - Institut de re<strong>la</strong>tions internationales et stratégiques,<br />
sur le thème : « L’avenir de <strong>la</strong> Francophonie », 6-7 mai 2008.<br />
- Colloque « Diverses citées. Exporter et promouvoir <strong>la</strong> diversité culturelle »,<br />
21 mai 2008, Saint-Denis.<br />
89
ANNEXE 3<br />
Présentation du Forum de discussion de <strong>la</strong> CRSF pour 2008<br />
Evolution quantitative des visites sur le Forum de <strong>la</strong> CRSF<br />
10000<br />
9000<br />
8000<br />
8210<br />
7507<br />
9151<br />
10000<br />
7000<br />
6000<br />
5000<br />
4358<br />
5367<br />
5998<br />
4000<br />
3000<br />
3014<br />
2000<br />
1453<br />
1000<br />
0<br />
janv-<br />
08<br />
0 254 789<br />
févr-<br />
08<br />
ma<br />
rs-08<br />
avr-<br />
08<br />
mai-<br />
08<br />
juin-<br />
08<br />
juil-<br />
08<br />
août-<br />
08<br />
sept-<br />
08<br />
oct-<br />
08<br />
nov-<br />
08<br />
déc-<br />
08<br />
Nombre de visiteurs sur le Forum de <strong>la</strong> CRSF<br />
90
ANNEXE 4<br />
Colloque CRSF sur « l’Identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> »<br />
(Paris, 13 novembre 2008)<br />
Programme<br />
Ouverture du Colloque par Monsieur Clément Duhaime, Administrateur de<br />
l’OIF.<br />
Atelier 1 « Les principales caractéristiques de l’identité <strong>francophone</strong>.<br />
E<strong>la</strong>rgissement et/ou approfondissement de l’OIF. Identité linguistique et<br />
politique. Rôle diplomatique et pluralisme démocratique. »<br />
- Stéphane Lopez - OIF<br />
- Anna Krasteva - Professeur, Nouvelle Université bulgare, Sofia<br />
- Alexandra Styger - Coordinatrice du programme Francophonie, Mexique<br />
Atelier 2 « L’impact de <strong>la</strong> <strong>mondialisation</strong> sur les mutations de l’identité<br />
<strong>francophone</strong>. En retour l’apport de <strong>la</strong> Francophonie <strong>dans</strong> un monde<br />
multipo<strong>la</strong>ire : <strong>la</strong>ïcité de tolérance, valorisation des <strong>la</strong>ngues maternelles,<br />
éducation, diversité culturelle, industries de <strong>la</strong> connaissance. »<br />
-Frédéric Bouilleux - OIF<br />
-Bui Tran Phuong - Présidente Université Lotus - Vietnam<br />
-Jean-Paul Rebaud - Ministère des Affaires Etrangères, sous-direction du<br />
français<br />
-Jean-C<strong>la</strong>ude Jacq - Président Alliance française<br />
Atelier 3 « L’apport de <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> Francophonie <strong>dans</strong> les<br />
grands débats contemporains : multiculturalisme, communautarisme,<br />
universalisme, identité post-coloniale… ». L’attractivité » <strong>francophone</strong> hors<br />
l’espace de l’OIF.<br />
- Françoise Massart-Pierard - Professeur Université catholique de Louvain<br />
-Jacques Beauchemin - Professeur, Université du Québec à Montréal<br />
-Philippe Hambye - Professeur Université catholique de Louvain<br />
-Jean Tabi Manga - Recteur, Université Yaoundé II, Cameroun<br />
Atelier 4 « Le rôle des médias et de <strong>la</strong> communication <strong>dans</strong> <strong>la</strong> constitution<br />
d’une identité <strong>francophone</strong> contemporaine : revues, journaux, télévision,<br />
radio, Internet, forums, espaces publics, rencontres… »<br />
-Marie-Christine Saragosse - Directrice générale TV5<br />
-Peter Brown - Professeur Université de Canberra, Australie<br />
-Charles Bonn - Professeur Université Lumière Lyon 2<br />
-Thierry Perret - Journaliste, RFI<br />
91
ANNEXE 4<br />
Colloque CRSF sur « l’Identité <strong>francophone</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>mondialisation</strong> »<br />
(Paris, 13 novembre 2008)<br />
Liste officielle des participants<br />
- M. Clément DUHAIME - Administrateur - OIF<br />
- M. Jacques CHEVRIER - Professeur Emérite à <strong>la</strong> Sorbonne - Université de<br />
l’ADELF (Association des écrivains de <strong>la</strong>ngue française) - Université Paris<br />
IV Sorbonne<br />
- M. Pierre ALEXANDRE - Retraité, ex-Secrétaire général de <strong>la</strong> FIPF et ex-<br />
Col<strong>la</strong>borateur du HCF<br />
- M me Colombe Anouilh d’HARCOURT - Présidente Cercle Philippe Senghor<br />
- M me Fatoumata Barry BAH - 1 ère Secrétaire - Ambassade de Guinée<br />
- M. François BARBIER-WIESSER - Chargé d’Etude Mission des<br />
Fonctionnaires internationaux – NUOI - Ministère des Affaires étrangères<br />
- M. Jacques BEAUCHEMIN - Professeur - Université du Québec à<br />
Montréal<br />
- M. Gilles BERGER - Journaliste - Mauritius News<br />
- M. Frédéric BLANCHARD - Professeur à l’IUT – Technologie de<br />
l’Information<br />
- M. Charles BONN- Professeur Emérite - Université Lyon 2<br />
- M. Bernard BOR BLARY - Communication/Re<strong>la</strong>tions institutionnelles<br />
- M. Byun OUNG - Doctorant - ENS de Paris/EHESS<br />
- M. André CATILLON - Chargé de mission - Ministère de <strong>la</strong> Culture et de<br />
<strong>la</strong> Communication<br />
- M me Saïda CHARFEDDINE - Délégué de l’Alecso auprès de l’Unesco -<br />
ALECSO<br />
- M. Georges COLIN - Ingénieur Conseil – Chargé de mission Francophonie<br />
- Cercle des Sénateurs de <strong>la</strong> Jeune Chambre Internationale (JCI)<br />
-M me Priska DEGRAS - Enseignant - Chercheur « Littératures <strong>francophone</strong>s<br />
et comparés » - Université Paul Cézanne – Aix-en-Provence<br />
- M. Stéphane DOPPAGNE - Conseiller Affaires politiques & Francophonie<br />
- Ambassade de Belgique<br />
- M me Nicole GENDRY - Chargée de mission - Conseil supérieur de<br />
l’Audiovisuel (CSA)<br />
- M. Igor GREXA - Délégué permanent de <strong>la</strong> Slovaquie auprès de l’Unesco<br />
chargé de <strong>la</strong> Francophonie - UNESCO<br />
- M. Philippe HAMBYE - Professeur - Université de Louvain<br />
- M me Marie Denise JEAN - Chargée d’Affaires d’Haïti auprès de l’Unesco -<br />
Délégation permanente d’Haïti<br />
92
- M. Moussa KABORE - 1 er Secrétaire, chef de service multi<strong>la</strong>téral -<br />
Ambassade de Burkina Faso<br />
- M. Robert KONGO - Journaliste - Journal « Le Potentiel » RD Congo<br />
- M me Anna KRASTEVA - Directrice de <strong>la</strong> filière <strong>francophone</strong> de sciences<br />
politiques à <strong>la</strong> Nouvelle Université bulgare - Nouvelle Université Bulgare<br />
- M. Foued LAROUSSI - Professeur des Universités - Université de Rouen<br />
- M me Christine LARRAZET - Post-Doctorante - Institut Sciences<br />
Communication du CNRS (CNRS)<br />
- M me Françoise MASSART-PIERARD - Professeur d’Université -<br />
Université de Louvain<br />
- M me Hayet MZALI-TOUMI - Médecin - Jeune Chambre économique<br />
tunisienne et française<br />
- M me Mariama NDOYE ép. MBENGUE - Ecrivain – Conservateur de<br />
Musée - Institut Cheick Anta Diop (Univ. De Dakar)<br />
- M me Joséphine NDOYE - 1 er Conseiller - Ambassade du Sénégal<br />
- M. Isidore NDAYWEL - Professeur - Université de Kinshasa – Université<br />
de Paris I La Sorbonne<br />
- M. Serge PELLETIER - Conseiller – Assemblée parlementaire de <strong>la</strong><br />
Francophonie (APF)<br />
- M. Thierry PERRET - Journaliste - Radio France Internationale<br />
- M me BUI TRAN PHUONG - Présidente - Université Hoa Sen<br />
- M me Irène RABENORO - Sherpa de Madagascar au CPF, Ambassadeur<br />
Madagascar auprès de l’Unesco - Délégation permanente de Madagascar<br />
auprès de l’Unesco<br />
- M me Marina RUHLAND-CHRYSTOPH - Conseiller politique - Ambassade<br />
d’Autriche<br />
- Mme Charlotte SAUVAGET - Etudiante<br />
- M me Aurore SUDRE - Doctorante et Responsable de <strong>la</strong> documentation -<br />
IFRAMOND<br />
- M. Michel GUILLOU - Directeur général - IFRAMOND<br />
- M. Omar SYLLA - Directeur - Tropique Edition – Association<br />
internationale des Editeurs <strong>francophone</strong>s<br />
- M. Benoît THIEULIN - Directeur La Netscouade.com<br />
- M. Habib TOUMI - Pharmacien - Cercle des Sénateurs <strong>francophone</strong>s<br />
(CSF)<br />
- M. Jean TABI-MANGA - Recteur - Université de Yaoundé 2<br />
- M me Lei<strong>la</strong> TURKI - Présidente Association – Consultante en métiers d’art<br />
- M me Florentine TAHIRO APERANO - Conseiller chargé de <strong>la</strong><br />
Francophonie - Ambassade du Gabon<br />
- M. Sefedin XHEMALCE - Ministre Conseiller - Ambassade d’Albanie<br />
- M. Ro<strong>la</strong>nd ELUERD - Président - Biennale de <strong>la</strong> Langue française<br />
- M me Alexandra STYGER - Professeur - Université de Mexico<br />
- M. Jean-Paul REBAUD - Ministère français des Affaires étrangères<br />
- M. Peter BROWN - Professeur - Université de Canberra<br />
- M me Camille SICORAMAT - Centre d’Etudes et de Recherche de l’Ecole<br />
militaire<br />
- M. Jean-Baptiste SHERQ - Président - Association de Francophilie<br />
- M me Marie-Lorraine MARTIN - Chargée de mission - ADIFLOR<br />
93
- M. Bechara EL-BOLL - Journaliste RFI<br />
- M. Jean-Pierre JAQ - Président - Alliance française<br />
- M. Denis GANCELLE - Directeur - W&Compagnie<br />
- M me Anne Laure CAMUS<br />
- M. Guil<strong>la</strong>ume FORCE - Chargé des questions de Technologie de<br />
l’Information - Secrétariat d’Etat à <strong>la</strong> Francophonie<br />
- M. Philippe PEJO - Conseiller - Secrétariat d’Etat à <strong>la</strong> Francophonie<br />
- M. Marcel ESCURE - Chef de service des Affaires <strong>francophone</strong>s -<br />
Ministère des Affaires étrangères<br />
- M me Marie-Christine SARAGOSSE – Directrice générale TV5<br />
- M. Philippe CANTRAINE - Conseiller - Cabinet du SG – OIF<br />
- M. René LEDUC - Conseiller - Cabinet du SG –OIF<br />
- M. Pietro SICURO - Directeur - Institut de <strong>la</strong> Francophonie numérique<br />
OIF<br />
- M me Lory MARION - Chargée de suivi Evaluation – OIF<br />
- M me Nathalie HENEMAN - Chargée des Re<strong>la</strong>tions médias - Service de <strong>la</strong><br />
Communication – OIF<br />
- M. Tidiane DIOH - Responsable de programme médias - OIF<br />
- M me Catherine BRAUN - Responsable de projets - OIF<br />
- M. Frédéric BOUILLEUX - Directeur - Langue française, Diversité<br />
culturelle et Linguistique – OIF<br />
- M. Stéphane LOPEZ - Responsable de programmes - OIF<br />
- M. Jean-René BOURREL - Responsable de projets - OIF<br />
- M me Josiane GONTHIER - Chargée de mission - Cellule d’Observation du<br />
Français – OIF<br />
- M. Alexandre WOLFF - Chargé de mission - Cellule d’Observation du<br />
Français – OIF<br />
- M. Julien Musinde KILANGA - Chef de Division - Direction de <strong>la</strong> Langue<br />
française, de <strong>la</strong> Diversité culturelle et Linguistique DLFDCL – OIF<br />
- M. Dominique WOLTON - Directeur scientifique - CRSF – OIF<br />
- M me Catherine MANDIGON - Consultant - CRSF – OIF<br />
- M. Aurélien YANNIC - Consultant - CRSF – OIF<br />
- M me Henriette NJAKOUO - Secrétariat CRSF<br />
94