RUDY RICCIOTTI - Cité de l'architecture & du patrimoine

RUDY RICCIOTTI, MATÉRIALITÉS
Dans l’actualité du MuCEM de Marseille, capitale européenne de la culture 2013, et de la nouvelle
aile du Louvre dédiée aux arts de l’Islam, l’Institut français d’architecture présente à la Cité de
l’architecture & du patrimoine la première monographie consacrée au travail de Rudy Ricciotti
depuis qu’il a obtenu le Grand Prix national de l’architecture en 2006. Une exposition promise à
l’itinérance, de Marseille à Berlin.
Ancré à Bandol, Rudy Ricciotti, qui a commencé sa carrière en construisant de nombreuses
maisons sur la Côte d’Azur, s’est ouvert ensuite à la commande publique, domaine dans lequel
il a signé des œuvres majeures. Après la réalisation du projet fondateur du Stadium de Vitrolles
dessiné en 1990, architecture monolithique dans un paysage de bauxite, il va confirmer son travail
pour l’expression de la « physicalité ».
Dès lors, et fort de sa double formation d’architecte et d’ingénieur, Ricciotti va pousser ses
recherches sur la matière, expérimentant notamment la technologie du béton haute performance
et autre béton fibré ultraperformant. La haute maîtrise technique va ainsi de pair avec l’expression
plastique. Sensorialité de la peau et matérialité de l’ossature sont liées in solidum, exprimant
ainsi l’indéniable force de son architecture. En témoignent les ouvrages structurels du Pavillon
noir, centre chorégraphique de Preljocaj à Aix-en-Provence, celles du MuCEM, pièce maîtresse
du port de Marseille, celles du stade Jean-Bouin à Paris, qui entre dès lors dans un rapport
dialectique avec le Parc des Princes, icône des années soixante-dix.
La détermination de l’architecte est la même, qu’il s’agisse de l’infiltration du contemporain
en milieu historique, comme à l’abbaye de Montmajour ou bien dans le bâtiment moderne des
Grands Moulins de Paris, ou encore de l’extension d’un bâtiment des années trente comme la
Philharmonie de Potsdam en Allemagne. Autre forme d’enveloppe porteuse révélatrice de
son travail, la coque lacérée du Musée Cocteau à Menton, dernière pièce livrée sur le littoral
méditerranéen.
Retraçant les fils de cette démarche constructive aux antipodes du minimalisme, l’exposition
présente une vingtaine de projets réalisés ou en cours d’achèvement, de la maison Navarra
toute en longueur sur les hauteurs de Muy-en-Provence au Mémorial du camp de Rivesaltes, en
passant par le pont du Diable à Gignac. Sans oublier une série de projets de concours non gagnés
confirmant des prises de position fortes dans des contextes très différents, tels le Musée du
quai Branly à Paris, le Louvre Lens en pays minier ou le musée Unterlinden au cœur de la ville
historique de Colmar…
Prototypes de structure, moules de portiques font partie du paysage de l’exposition mise en
scène par l’architecte lui-même. Dans ce dispositif viendront s’intégrer une série d’aquarelles de
l’artiste contemporain Yvan Salomone, qui suit le travail de Rudy Ricciotti depuis une vingtaine
d’années, ainsi qu’un film inédit de Laetitia Masson, regard d’une cinéaste auteur sur un
architecte auteur.
Francis Rambert
Directeur de l’Institut français d’architecture (Ifa) / Cité de l’architecture & du patrimoine
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