PERTURBATION DU GENOME ET CANCERISATION
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Le phénotype cancéreux résulte en général de l'action conjointe de plusieurs gènes mutés,<br />
c'est le phénomène de coopération.<br />
Plus de 30 gènes impliqués de prédisposition au cancer ont été isolés, et notamment ceux dont<br />
les mutations prédisposent aux cancers les plus fréquents tels le cancer du sein, le cancer du<br />
colon ou le mélanome malin (tableau 1).<br />
Au moins cinq catégories de gènes sont impliqués. Ils interviennent dans le contrôle de la<br />
division, de la différenciation cellulaire, de l'apoptose et de la réparation de l'ADN.<br />
1- Les proto-oncogènes et les oncogènes. Physiologiquement, les proto-oncogènes ont une<br />
action stimulatrice sur la division cellulaire mais leur expression est soumise à une régulation<br />
fine durant le cycle cellulaire. Il sont susceptibles d'être activés en oncogènes lorsqu'ils<br />
subissent des altérations somatiques (mutation ponctuelle, translocation ou amplification) ou<br />
plus rarement constitutionnelles (les mutations constitutionnelles du gène R<strong>ET</strong> prédisposent<br />
au cancer médullaire de la thyroïde qui est l'élément clinique central des néoplasie<br />
endocrinienne multiples de type 2). Ils échappent alors à leur système de régulation. Leur<br />
mode d'action est dominant car il suffit qu'un seul des deux allèles soit muté pour que leur<br />
action puisse s'exercer.<br />
2- Les gènes suppresseurs de tumeurs ou anti-oncogènes. Ces gènes ont été identifiés grâce<br />
aux formes héréditaires de cancer. A l'état normal les gènes suppresseurs se comportent<br />
comme des inhibiteurs de la division cellulaire. Leur mode de fonctionnement est récessif au<br />
niveau cellulaire: c'est-à-dire que, pour que le cancer apparaisse, les deux allèles d'un même<br />
anti-oncogène doivent être inactivés (par mutations ponctuelles, délétions ou une combinaison<br />
des deux): c'est la théorie du double événement mutationnel décrit par Knudson à partir du<br />
rétinoblastome. Ce dernier a montré que la distribution de l'âge au diagnostic des<br />
rétinoblastomes était fonction de la bilatéralité (cas héréditaires) ou de l'unilatéralité (cas<br />
fréquemment sporadiques) des atteintes. Dans les cas unilatéraux on observe une distribution<br />
sous la forme d'une courbe impliquant l'intervention de deux mutations acquises. Par contre,<br />
pour les formes bilatérales, les cas sont distribués suivant une droite, ne relevant que d'une<br />
mutation acquise, l'autre événement étant présent à la naissance (mutation germinale).<br />
Il y a peu de temps encore, on considérait comme une règle: cancer héréditaire = mutation<br />
germinale d'un gène suppresseur. Cependant, l'identification récente de gènes tels que R<strong>ET</strong>,<br />
localisé sur le chromosome 10, et impliqué à la fois dans la carcinogenèse acquise des<br />
tumeurs papillaires de la thyroïde (mutation somatique activant le gène R<strong>ET</strong>), et dans la<br />
prédisposition génétique au cancer médullaire de la thyroïde (mutation germinale) a modifié<br />
notre conception des mécanisme de la cancérogenèse.<br />
3- Les gènes intervenant dans les systèmes de réparation de l'ADN. Il existe dans nos<br />
cellules, des systèmes permettant de réparer les altérations génétiques soit induites par les<br />
carcinogènes, soit survenant lors de la réplication normale de l'ADN. Lorsque ces systèmes<br />
sont défectueux, il en résulte une accumulation de mutations pouvant toucher l'ensemble du<br />
génome et notamment des gènes intervenant dans le contrôle de la prolifération cellulaire.<br />
Par exemple, les gènes responsables de l'ataxie télangiectasie ou du xeroderma pigmentosum,<br />
maladies récessives, appartiennent à ce groupe.