La place du collectionneur est cardinale - Le Quotidien de l'Art

Le quotidien de la
NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM
La place du collectionneur
est cardinale
PAR ROXANA AZIMI
Vue de la Fiac 2011 © Luc Castel pour le Quotidien de l’art
Lorsque, à l’orée du XX e siècle, Gertrude, Leo et
Michael Stein s’installent THE ART en DAILY France, ils NEWS deviennent
les mécènes et premiers acheteurs de Picasso et Matisse,
comme le montre l’exposition organisée jusqu’au
16 janvier au Grand Palais. Cet esprit d’avant-garde et
la connivence intellectuelle avec les artistes existent-ils
encore chez les amateurs d’aujourd’hui ? Françoise et
Jean-Philippe Billarant, qui ont ouvert un magnifique
musée privé, le Silo, à Marines (95), dans le Vexin, estiment
leur démarche voisine de celle des Stein : « désir
de vivre pleinement son époque, grande proximité avec les
artistes, multiples échanges avec eux sur leurs œuvres et
l’histoire de l’art, accompagnement et soutien sur le long
terme. » Un soutien qui, chez certains collectionneurs,
passe par la commande, le prêt et l’exposition. Pour le
collectionneur Michel Poitevin, l’esprit n’aurait pas fondamentalement
changé depuis les Stein. « Mais l’époque
n’est plus semblable, précise-t-il. Le champ d’intervention
des Stein était limité à Paris, capitale alors incontestée de
l’art. La notion d’unité de lieu était évidente. Aujourd’hui,
il faut circuler, aller de foires en biennales, de galeries en
ventes publiques pour espérer voir une faible fraction de
la création. » Florence et Daniel Guerlain confirment
cette idée : « Les Stein collectionnaient peu d’artistes et les
côtoyaient beaucoup. Actuellement, il n’est pas nécessaire de
connaître les artistes pour aimer leurs œuvres. » Surtout,
de l’avis général, le marché de l’art a pris le dessus dans
l’esprit de certains acheteurs, au point de ternir l’image
même du collectionneur. « Ce qui a sans doute changé
dans l’histoire récente, c’est la collection comme bras de levier
de la reconnaissance sociale ou, pire encore, la collection
comme moyen de spéculation et d’enrichissement personnel.
Ce collectionneur à notre avis dénature ce que peut être son
rôle dans la grande marche en avant SUITE DU TEXTE P. 2
* p.5-6 ENTRETIEN AVEC THOMAS OLBRICHT ET ANTOINE DE GALBERT
* p.9 YONA FRIEDMAN DISPERSE SES MAQUETTES
* p.4 COUPS DE COEUR DE COLLECTIONNEURS SUR LA FIAC

ACTUALITÉ
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011
SUITE DU TEXTE DE UNE que constitue l’histoire de l’art,
celui d’un humaniste », regrettent les Marseillais Josée
et Marc Gensollen.
Malgré les effets pervers du marché, le collectionneur
d’aujourd’hui reste un découvreur qui repère souvent
les talents en amont d’une institution, et parfois même
d’une galerie, contribue à les sortir de leur anonymat
et leur permet de vivre de leurs créations. « C’est un
défenseur et un amplificateur », observe le collectionneur
Henri Griffon, lequel
défend de manière inconditionnelle
l’œuvre
d’Hervé Télémaque.
Passionnés par l’art
vidéo, Isabelle et Jean-
Conrad Lemaître repèrent
les artistes dans les
écoles d’art, même s’ils
achètent surtout dans
les galeries. « Nous les
recevons beaucoup à la
maison. Nous avons créé
un prix, StudioCollector,
et un festival, Video
vidéo. Nous sommes
contre la rétention des
Vue de la FIAC 2011 collectionneurs et plutôt
© Luc Castel pour le Quotidien de l’art
pour leur rôle de passeur
», indique Isabelle
Lemaître. « Même un artiste confirmé peut avoir des hauts
et des bas. Le collectionneur doit aider, et pas seulement
financièrement », estime pour sa part Sandra Mulliez. Et
d’ajouter : « Si le collectionneur devient mécène, il intervient
à tous les niveaux : production, édition de catalogue.
Il ouvre des réseaux, peut aider un jeune artiste à trouver
une galerie… Il y a des milliers de façons d’aider, mais,
malheureusement, pas des milliers de gens qui le font… »
Certains, comme Michel Fedoroff, refusent toutefois le
terme de mécène. « Je n’ai pas le sentiment de l’être. C’est
toujours un plaisir de pouvoir participer à l’évolution d’un
artiste », confie-t-il. Même si le contexte a évolué en un
siècle, la place des collectionneurs reste cardinale dans
la chaîne artistique, comme le souligne Nadia Candet.
Michel Poitevin conclut avec justesse : « Pas de marché
sans consommateurs, pas de création sans acte d’achat ». ❚
Le prix Ricard décerné
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Hier soir, lors du Bal jaune, le 11 e prix Ricard a été décerné à
Adrien Missika, né en 1981 à Paris. Ce jeune créateur, qui vit
et travaille à Genève et Lausanne, verra l’une de ses œuvres
entrer dans les collections du musée national d’art moderne/
Centre Pompidou. Les pièces d’Adrien Missika sont à découvrir
dans l’exposition « The Seabass », organisée par Eric Troncy
à la Fondation d’entreprise Ricard jusqu’au 29 octobre 2011.
La Cerise sur le bateau
Ce sont toutes des femmes et elles collectionnent ensemble
sous la forme d’un club. Les Cherries on the boat présentent
leurs acquisitions à la Fondation Hippocrène (12 rue Mallet
Stevens, 75016 Paris) jusqu’à dimanche. Vingt-trois artistes
sont réunis, parmi lesquels Mathieu Mercier, Tania Mouraud
ou La Fratrie.
L’instant de Guerlain
« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». Tel est le
titre de l’exposition réunissant, jusqu’au 14 novembre, une
soixantaine d’artistes dans la boutique Guerlain, 68 avenue
des Champs-Elysées, à Paris (8 e arrondissement). L’occasion
de partir à une chasse aux trésors artistiques le nez au vent.
Le Quotidien de l’Art
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Agence de presse et d’Édition de l’art 61, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 Paris
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publication : Mayeul Caire * Directeur de la rédaction : Philippe Régnier
* Rédactrice en chef adjointe : Roxana Azimi * Marché de l’art : Alexandre Crochet
* Expositions, musées, patrimoine : Sarah Hugounenq * Contributeur : Damien Sausset
* traducteur : Simon Thurston * Maquette : Isabelle Foirest,
Agnés Cherbonnel * Conception graphique : Ariane Mendez * Site internet : Dévrig Viteau
© ADAGP Paris 2011 pour les œuvres des adhérents
--

EN DIRECT DE LA FIAC
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Coups
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011
de coeur
des collectionneurs
PAR ROXANA AZIMI
Jean-Michel Attal
Catherine Julien-Laferrière
Martin Hatebur
« J’ai trouvé la foire excellente.
J’ai acheté une œuvre magnifique
d’Allora y Calzadilla chez
Kurimanzutto (Mexico). Sinon,
j’ai vu une pièce de 1978 de Lee
Ufan chez Nächst St. Stephan
(Vienne) qui résume tout son
travail ultérieur. J’ai découvert
aussi l’artiste Dadamaino chez
Tornabuoni. »
« J’ai trouvé la FIAC très intéressante
par rapport à Frieze,
mais beaucoup de pièces ne
sont pas dans des sphères abordables.
J’ai concrétisé l’achat
d’une œuvre de Wang Du,
Yellow Page, chez Laurent Godin
(Paris). »
« J’ai trouvé trois stands exceptionnels.
Celui de Paula Cooper
(New York) est fantastique. Je
trouve à tomber par terre l’exposition
d’Alina Szapocznikow chez
Loevenbruck (Paris) et j’ai aimé
aussi Michel François chez Hufkens
(Bruxelles). J’ai acheté une
œuvre de Nick Mauss chez 303
(New York). Je possède déjà deuxtrois
œuvres de lui, je complète. »

ENTRETIEN
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011
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05
« Nous traversons l’histoire
de la même façon »
THOMAS OLBRICHT ET ANTOINE DE GALBERT, COLLECTIONNEURS
Entretien avec Thomas Olbricht et Antoine de Galbert
dans le cadre de l’exposition « Mémoire du futur » à
la Maison Rouge.
R.A. Pourquoi avez-vous choisi d’accueillir vos collections
réciproques dans vos espaces respectifs à Berlin et Paris ?
T.O. J’ai dû rencontrer Antoine voilà dix ans, alors qu’il mettait
en place sa fondation. Il voulait montrer des collections
privées. Lorsque j’ai commencé à construire mon propre
espace, j’ai aussi voulu accueillir d’autres collections. Je suis
en fait un suiveur d’Antoine ! En exposant chez lui, je me
présente pour la première fois dans un pays de langue non
germanique.
A.G. Nous avons d’abord décidé d’accueillir Thomas, puis
est venue l’idée d’exposer chez lui sous le titre « Tous cannibales
? ». Les deux expositions sont de formats différents, il y
a davantage d’œuvres dans l’exposition de Thomas chez nous.
J’ai choisi de présenter sa collection parce qu’il développe
l’idée de cabinet de curiosités.
R.A. La question du cabinet semble précisément vous
relier...
T.O. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première
fois, je ne savais pas qu’Antoine collectionnait autre chose
Jake & Dinos Chapman, Famine, 2004 Bronze, sculpture peinte,
16 x 25 x 21 cm
que de l’art contemporain. Maintenant, je me rends compte
que nous traversons l’histoire de la même façon.
A.G. Nous tentons de reconnecter l’art contemporain à
ses sources. Dans la collection de SUITE DU TEXTE P. 6

ENTRETIEN
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06
Entretien avec
T.Olbricht et A. de Galbert
SUITE DU TEXTE P.5 Thomas, il y a beaucoup de retours à
la figuration, c’est une position à la fois très branchée et très
anti-moderniste.
R.A. Aucun de vous n’achète d’art conceptuel…
T.O. C’est vrai que je n’aime pas ça, je trouve Donald Judd
ennuyeux.
A.G. Pour moi, le conceptuel, c’est de l’antiquité.
T.O. Les coiffes, c’est aussi de l’antiquité, mais lorsque vous
les regardez, vous pouvez
en tirer une histoire. Mais
lorsque vous regardez
Judd, ce que vous voyez,
c’est ce que vous voyez.
R.A. Il existe un autre
point en commun entre
vous : c’est l’omniprésence
de la mort dans vos
collections.
T.O. Je suis quelqu’un
de religieux, je sais que
le temps qui me reste est
compté. Dans mon métier
de médecin, j’ai vu beaucoup
de gens mourir. La
Vue d’un cabinet de curiosité mort m’est familière.
© me Collectors Room Berlin,
A.G. Ce qui m’intéresse,
Photo Bernd Borchardt
c’est plutôt l’idée de la
mort, sa représentation, l’histoire des rites mortuaires.
R.A. Collectionner permet-il de garder la mort à distance ?
T.O. Non, je crois que collectionner me donne plutôt de
l’énergie.
A.G. Je pense que s’entourer d’objets est morbide. Il y a un
risque de s’enterrer. Montrer sa collection, c’est vivant, même
si elle traite de la mort.
R.A. Vous mélangez aussi tous les deux d’artistes inconnus
et connus.
T.O. Lorsque Antoine a exposé chez nous, je me suis dit que
c’était courageux de le faire. Hormis Claire Fontaine, le public
allemand ne connaissait aucun des artistes. Je veux donner
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011
aux gens la possibilité de découvrir de nouveaux créateurs,
et c’est la raison pour laquelle j’ai inauguré mon espace avec
une exposition de jeunes artistes pas connus forcément sur
la scène berlinoise.
A.G. Il peut y avoir de mauvais artistes sur le marché, et de
mauvais artistes hors du marché. Ce n’est pas parce qu’un
artiste n’est pas dans une grosse galerie qu’il n’est pas bon,
et il n’est pas non plus bon parce qu’il est dans une grosse
galerie. Mais si au bout de vingt ans, on n’a que des artistes
inconnus, cela ne va pas. Il ne s’agit pas d’être un baba qui
n’achète que des guenilles. Un bon collectionneur, c’est celui
qui achète des inconnus qui deviennent un jour connus.
PROPOS RECUEILLIS PAR ROXANA AZIMI
LA MAISON ROUGE, JUSQU’AU 15 JANVIER 2012, 10 boulevard de la
Bastille, 75012 Paris, tél. 01 40 01 08 81, www.lamaisonrouge.org

FOIRE OFF
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LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011
Cutlog : embarquement
pour un voyage déroutant
PAR DAMIEN SAUSSET
1 000 mètres carrés, près de 42 galeries internationales,
un lieu prestigieux mais complexe par sa forme
circulaire. Située dans la Bourse de Commerce,Cutlog,
foire lancée il y a trois ans, se veut une alternative à
l’art contemporain présent habituellement dans ce
genre d’événements. Autant dire que la manifestation
cherche encore ses marques. Elle propose cette année de
la peinture, du dessin, de la sculpture tout autant que de
la photographie ou même de la vidéo. Les artistes présentés
ici jouent plus volontiers avec l’idée de décoration,
s’amusant pour certains à surjouer une certaine outrance
visuelle, soit dans une accumulation un peu kitsch, soit
en parodiant les canons de l’esthétique lisse de la publicité
contemporaine. Il en ressort un voyage déroutant,
où une peinture naïve peut côtoyer une série de photographies
monumentales. Quelques galeries se distinguent
pourtant telles que Nathalie Bereau (Paris), Galerie
Lebenson (Paris) Hengevoss-Dürkop (Hambourg) avec
Dirk Brömmel et ses photographies frôlant l’abstraction.
La galerie alb anouklebourdiec (Paris) déploie le travail
graphique de Samuel Martin, jeune artiste qui retourne
les stéréotypes liés à notre réel. La Galerie Les Singuliers
(Paris) joue la carte d’une peinture très baroque avec Palacios
Diaz. Isis Gallery de Londres permet de s’étonner
devant les dessins sous hypnoses de Fabrice Cazenave.
Enfin, directement issu de l’univers de la publicité et du
cinéma, Seb Janiak présente après plusieurs années de
silence ses derniers photomontages de nuages. ❚
CUTLOG, BOURSE DU COMMERCE DE PARIS, 2, rue de Viarmes,
75001 Paris, tél. 01 40 10 16 93 – www.cutlog.org, Jusqu’au 23 octobre.
Vue de la foire Cutlog 2011. Photo : Damien Sausset
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AUJOURD’HUI SOUS LE MARTEAU
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 11 / SAMEDI 22 ET DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011
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09
Yona
Friedman disperse
ses maquettes
CORNETTE DE SAINT CYR
DROUOT MONTAIGNE / CE SOIR 19 H 30
Riche actualité pour Yona Friedman. L’artiste et architecte
est représenté cet automne dans l’exposition « Erre,
variations labyrinthiques » au Centre Pompidou- Metz, à
la Biennale d’art contemporain de Lyon, à la galerie Anne
Barrault (en duo avec Jean-Baptiste Decavèle)… Une forme
de consécration pour cet octogénaire d’origine hongroise,
installé à Paris depuis 1957, et qui a toujours revendiqué une
grande liberté et une démarche iconoclaste. Ce soir, au sein
de la vente d’art contemporain organisée par Cornette de
Saint Cyr pendant la FIAC, il disperse un ensemble d’œuvres
en provenance directe de son atelier. « Pierre Cornette de
Saint Cyr avait déjà fait une vente Yona Friedman voici trente
ans, explique Stéphane Corréard, directeur du département
art contemporain de la maison de vente
D’une extrême poésie, quatorze maquettes faites de bric et
de broc résument les théories de l’architecte en faveur de la
« ville spatiale » et de constructions légères et amovibles,
contrepoint aux années du tout-béton. Une partie d’entre
elles ont inspiré des générations d’architectes. « Je considère
mon travail comme une incitation pour d’autres », nous confie
l’artiste. Soutenu par des figures aussi établies que le curateur
Hans Ulrich Obrist ou Daniel Birnbaum, actuel directeur
du Moderna Museet de Stockholm, qui l’a exposé à la
Biennale de Venise en 2009, l’œuvre de Yona Friedman jouit
d’une bonne reconnaissance des institutions, notamment
à l’étranger. « Les Chinois l’adorent », lance Stéphane Corréard.
La section architecture du MoMA de New York devrait
d’ailleurs enchérir sur une maquette de 1958, Ville spatiale
(10 000-15 000 euros), axe central de ses études, maquette
la plus ancienne de l’ensemble. L’institution new-yorkaise a
demandé un condition report de cette pièce en simple carton.
L’artiste a déjà vendu le décor de son appartement au Fonds
national d’art contemporain, qui en prendra possession
après sa disparition. Dans l’ensemble, les estimations (allant
jusqu’à 60 000-80 000 euros pour les Ponts de Shanghai,
sept « pré-études » pour des maquettes destinées au musée
d’architecture de la mégalopole chinoise). La vente comprend
aussi vingt-et-une boites d’archives de 2001 à 2011.
Celles couvrant les années 1961 à 2000 sont détenues par
le Getty Research Institute, à Los Angeles.
« Il est plus facile de vendre aux musées aux enchères que par des
Yona Friedman, maquette (détail). © DR- Photo Fabrice Gousset
galeries, nous a déclaré Yona Friedman. C’est la psychologie
de l’acheteur ! Ainsi, le Centre Pompidou m’avait acheté, aux
enchères, un grand dessin des années 1950-60 et une grande
maquette en verre et céramique actuellement en cours de restauration
». L’annonce de la vente a fait grincer des dents
le galeriste Kamel Mennour, qui a fait un énorme travail
depuis environ cinq ans pour le promouvoir. « Une vente
comme celle-là court-circuite et pollue quarante ans de travail
de Yona et 5 ans de mon travail à ses côtés », tonne Kamel
Mennour. De son côté, Yona Friedman précise : « Avec Kamel
Mennour, mon contrat se terminait le 15 octobre. Mais la suite
est ouverte ! ». ❚ A. C.
SVV CORNETTE DE SAINT CYR, VENTE CE SOIR, DROUOT
MONTAIGNE, 15 avenue Montaigne, 75008 Paris. Tél. 01 48 00 20 80,
www.cornette.auction.fr.

FIAC Daily Edition
ISSUE 11 / OCTOBER 22ND AND 23RD 2011 / WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM
The collector’s role is paramount
As can be seen in the exhibition at the Grand Palais (until
January 16 th ), when Gertrude, Leo and Michael Stein settled
in France at the turn of the 20 th century, they became Picasso
and Matisse’s patrons, buying the artists’ first works. Does this
avant-garde mentality and intellectual complicity between collectors
and artists still live on today? Françoise and Jean-Philippe
Billarant have opened a magnificent private museum, ‘Le Silo’
located in Marines (95) at the heart of ‘le Vexin’ an area of
outstanding natural beauty. They consider that their approach to
collecting is close to that of the Steins: “A desire to live fully with
one’s times, to be extremely close to the artists, dialoguing frequently
with them about their works and art history, supporting and accompanying
them on a long-term basis.” For some collectors, this
support means commissioning, lending and exhibiting works
of art. Michel Poitevin, also a collector, doesn’t believe that the
collector’s mindset has fundamentally changed since the time
of the Steins. However, he says: “A collector’s outlook may not have
changed, but the times have. The Steins’ sphere of influence and intervention
was limited to Paris, which was at that time the uncontested
capital of art. There was an obvious notion of unity of place. Today if
you want to try and see even a fraction of the multitude of creations,
you have to travel around going from fairs to biennials and from
galleries to auctions.” Florence and Daniel Guerlain are in complete
agreement: “The Steins collected the work of just a few artists,
whom they socialised with regularly. Today, you don’t need to know
artists to like their work.” The general opinion is that for some
purchasers, the commercial side to the art market has become
pre-eminent, to the extent that it even tarnishes the reputation
of collectors. “What has undoubtedly changed in recent history is
that collections have become a sort of leverage to gain recognition
of one’s position in society, or even worse a mean to increase one’s
wealth through speculation. In our opinion, these kinds of collector
are subverting what could be the true role of a collector: a humanist
participating in the great leap forward that is art history”, deplore
Josée and Marc Gensollen from Marseille.
In spite of the perverse effects of the art market, the collector
is still a discoverer who often spots talent before it is officially
recognised by art institutions… and sometimes even
before galleries. The collector helps artists to make a name for
BY ROXANA AZIMI
Fiac 2011 © Luc Castel pour le Quotidien de l’art
themselves and allows them to live from their art. “The collector
is a defender and an amplifier”, observes Henri Griffon another
collector, who for his part is an unconditional defender of the
work of Hervé Télémaque. Isabelle and Jean-Conrad Lemaître
have a real passion for video art and start searching for talent
amongst the students in art schools, even if they mainly buy
from galleries. “We often invite them to our house. We have created
a prize, ‘StudioCollector’, and a festival, ‘Video vidéo’. We are against
the notion that a collector holds on and takes possession, we feel our
role is to transmit”, explains Isabelle Lemaître. In the opinion of
Sandra Mulliez: “Even a recognised artist can have ups and downs.
The collector should be there to help and not just from a financial
point of view. If the collector becomes an artist’s patron, he / she
participates at every level: production, editing the catalogue, creating
networks, helping a young artist to find a gallery… There are thousands
of ways to help but unfortunately not thousands of people who
do help…” Some, like Michel Fedoroff, refuse the term ‘patron’.
“I don’t feel that corresponds to who I am, although it is always a
pleasure to be able to participate in an artist’s development.” Nadia
Candet insists that, even if the context has evolved over the
last century, the role of the collector remains paramount in
the artistic chain. In conclusion, in Michel Poitevin’s words of
wisdom: “There is no market without consumers and no creation
without the act of purchasing.” ❚

AUCTION
THE ART DAILY NEWS / ISSUE 11 / SATURDAY 22ND AND SUNDAY 23RD OCTOBER 2011
11
Yona Friedman
scatters his models
CORNETTE DE SAINT CYR
DROUOT MONTAIGNE / AT 7.30 THIS EVENING
Yona Friedman certainly seems to be busy.
The artist and architect is currently participating
in ‘Wander, Labyrinthine Variations’, a group
exhibition at the Centre Pompidou-Metz, but
he’s also at the 11th Biennale de Lyon and in
a joint exhibition in collaboration with Jean-
Baptiste Decavèle at Galerie Anne Barrault
(Paris). An accolade for this 88-year-old artist of
Hungarian origin, who settled in Paris in 1957.
This evening at the contemporary art auction
organised during FIAC by Cornette de Saint Cyr,
he is putting up for sale a collection of works
from his studio. “Pierre Cornette de Saint Cyr
already auctioned Yona Friedman’s work some thirty years ago”,
explains Stéphane Corréard, the director of the auction house’s
contemporary art department.
These incredibly poetic models, made from odds and ends,
crystallise the architect’s theories in favour of the ‘Spatial City’
and light, mobile constructions. Thanks to the support of such
well-established personalities as the curator Hans Ulrich Obrist
or Daniel Birnbaum, the current director of Stockholm’s
Yona Friedman, model (detail).
© DR- Photo Fabrice Gousset
Moderna Museet, Yona Friedman’s oeuvre
enjoys the recognition of art institutions both
in France and abroad. MoMA’s Department
of Architecture will probably be bidding on a
model from 1958, Spatial City (10,000-15,000
Euro). Bridges of Shanghai, seven ‘pre-studies’
for models intended for Shanghai’s ‘Museum
of Architecture’, are even expected to reach
between 60,000 and 80,000 Euros.
The announcement of tonight’s sale wasn’t to
everyone’s liking, in fact it made Kamel Mennour’s
hackles rise. The gallerist has worked
extremely hard to promote Yona Friedman
over the last five years and he is adamant: “A sale like this spoils
forty years of Yona’s work and five years of mine by his side.” Yona
Friedman answers: “My contract with Kamel Mennour ended on
October 15th, but in the future anything can still happen!” ❚ A. C.
SVV CORNETTE DE SAINT CYR. AUCTION THIS EVENING AT
DROUOT MONTAIGNE, 15 avenue Montaigne, 75008 Paris.
Tel.: 01 48 00 20 80 www.cornette.auction.fr.

INTERVIEW
THE ART DAILY NEWS / ISSUE 11 / SATURDAY 22ND AND SUNDAY 23RD OCTOBER 2011
12
“We cross history
in the same way.”
THOMAS OLBRICHT AND ANTOINE DE GALBERT, COLLECTORS
A conversation with Thomas Olbricht
and Antoine de Galbert at the occasion of
‘Memories of Future’ showing at La Maison
Rouge.
R.A. Why did you choose to present each
other’s collections in your respective exhibition
spaces in Berlin and Paris?
T.O. It must be around ten years ago that I
first met Antoine when he was setting up his
foundation. He wanted to show private collections.
When I began to create a museum
to house my collection, I also wanted to show
other collections. You could say I am following
in Antoine’s footsteps! My exhibition in
Antoine’s La Maison Rouge is the first time I
have shown my collection in a non Germanspeaking
country.
A.G. First we decided to host Thomas’s collection
and then came the idea for the ‘All
Cannibals?’ exhibition in Berlin. The two exhibitions
are different in format: there are more works
in Thomas’s exhibition at La Maison Rouge. The fact
that his collection develops the cabinet of curiosities
theme was decisive in my choice.
R.A. And this theme is precisely your common
ground…
T.O. When we first met, I thought that Antoine only
Laurent Grasso, Memories of the Future, 2010, neon,
plexiglas box,cretificate neon, 4x60cm, box 50x74x42cm
collected contemporary art. Now I realise that we cross
history in the same way.
A.G. We are trying to re-establish a connection between
contemporary art and its roots. In Thomas’s collection,
there are a lot of references
to figurative art, which is both a
trendy and yet a very anti-modernist
stance.
R.A. You have another point in
common: death is omnipresent in
your collections.
T.O. I am a religious person. I know
that I won’t live forever; moreover
I saw death close at hand as a doctor.
You could say that death is no
stranger to me.
A.G. What interests me more is the
idea of death, how it is portrayed
and the history of funeral rites. ❚
INTERVIEW : ROXANA AZIMI
LA MAISON ROUGE UNTIL JANUARY
15TH 2012, 10 boulevard de la Bastille,
75012 Paris. Tel.: 01 40 01 08 81 www.
lamaisonrouge.org