Les Fondements de la philosophie africaine
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10 | MBOG BASSONG<br />
ques ont permis <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> mise en commun <strong>de</strong>s ressources<br />
ainsi qu’une répartition équitable <strong>de</strong>s biens aux fins d’assurer le<br />
bien-être <strong>de</strong> tous ?<br />
Notons qu’au sein <strong>de</strong>s cultures initiatiques plus ou moins conservées,<br />
<strong>la</strong> <strong>philosophie</strong> <strong>africaine</strong> continue <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r les liens affinitaires,<br />
<strong>de</strong> solidarité familiale et communautaire, malgré <strong>la</strong> phase<br />
actuelle <strong>de</strong> régression que nous déplorons ; elle assure encore <strong>la</strong><br />
convivialité entre les individus et les différents c<strong>la</strong>ns, organise les<br />
productions domestiques, <strong>de</strong> subsistance (agriculture, élevage,<br />
pêche) ; elle lutte ar<strong>de</strong>mment contre <strong>la</strong> pauvreté structurelle que<br />
diffusent le capitalisme et l’individualisme dominants.<br />
Ce n’est pas tout : elle fait partager, à tous, les grands moments<br />
<strong>de</strong> souffrance, <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> joie, d’amour, <strong>de</strong> don, <strong>de</strong> partage,<br />
d’entrai<strong>de</strong>, <strong>de</strong> communion fraternelle, etc. En un mot, elle prépare<br />
le salut <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> collectivité et se soucie du bonheur partagé,<br />
si caractéristique <strong>de</strong>s liens communautaires <strong>de</strong> vie. Sans doute<br />
cette <strong>philosophie</strong> a-t-elle réussi <strong>de</strong> telles prouesses pour avoir<br />
conjuré <strong>la</strong> dérive capitalistique <strong>de</strong>s avoirs et surtout, <strong>la</strong> menace<br />
autoritariste <strong>de</strong>s chefs, rois et empereurs.<br />
Jamais les cultures <strong>africaine</strong>s n’ont promu autant d’indigence spirituelle,<br />
<strong>de</strong> mendiants, <strong>de</strong> désœuvrés, <strong>de</strong> pauvreté, d’enfants<br />
abandonnés, <strong>de</strong> fous, <strong>de</strong> déviants sexuels et <strong>de</strong> délinquants sociaux<br />
comme ce<strong>la</strong> se donne en spectacle aujourd’hui. Qui peut<br />
récuser un tel effort philosophique <strong>de</strong> promotion et <strong>de</strong> maîtrise<br />
d’une vision du mon<strong>de</strong> perçue par tous les c<strong>la</strong>ns et royaumes<br />
comme légitime ?<br />
Faut-il le rappeler, <strong>la</strong> parole avait suffi à réglementer tous les actes,<br />
y compris ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie publique. Elle a été comprise comme<br />
une tâche intersubjective et collective qui a fini par irriguer le sens<br />
commun. Il y a eu dans tout ce<strong>la</strong>, un peu <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’Être, <strong>de</strong><br />
l’histoire et <strong>de</strong>s mythes fondateurs, un peu d’intégrité individuelle<br />
et d’idéal pacificateur. Des institutions dignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> sagesse <strong>de</strong>s<br />
initiés ont, pour ainsi dire, existé ; leur rôle a été <strong>de</strong> réguler <strong>la</strong><br />
société politique, en vue d’assurer toujours plus <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> bonheur<br />
et <strong>de</strong> prospérité pour tous. Telles sont les conclusions aux-