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Note d’intention du metteur en scène<br />
J’ai fait le choix d’une mise en scène très sobre, sans aucun décor. <strong>Les</strong><br />
témoignages recueillis dans l’intimité n’ont besoin d’aucun apparat. Qu’ils<br />
soient portés sur le plateau et pris en charge par des comédiennes leur<br />
donne leur légitimité théâtrale.<br />
Nous avons travaillé sur la juste distance entre le jeu et le non-jeu. Il n’y a<br />
pas de personnage. <strong>Les</strong> comédiennes n’incarnent pas Atou, Fatou, Khadija ou<br />
Shenay. Elles sont avant tout des femmes qui transmettent la parole d’autres<br />
femmes grâce à leur métier de comédiennes.<br />
En n’étant pas dans un faux-semblant, elles nous touchent au cœur, nous<br />
questionnent. Elles marquent une distance avec ces histoires qui ne sont pas<br />
les leurs, permettant ainsi aux spectateurs de les toucher au plus près.<br />
Atou Ecaré, comédienne elle aussi, mais sans <strong>papiers</strong> ne parle pas. C’est une<br />
autre comédienne qui raconte longuement son histoire en la prenant<br />
régulièrement à témoin du regard. Le public peut être troublé par ce vol de<br />
la parole, par l’impossibilité pour cette femme de faire son métier et de<br />
raconter son histoire elle-même. Mais, peut-elle raconter son histoire <br />
Puis, deux comédiennes entrent et elles aussi racontent Atou. Le propos se<br />
décale. Puis une, deux, dix, quinze autres comédiennes entrent. L’une d’elles<br />
commence à raconter l’histoire de Shenay, turque Kurde, rejointe par<br />
d’autres. Puis, c’est au tour de Khadija, Fatou… Un chœur de femmes se met<br />
en branle qui raconte des petits bout de vie, les enfants, l’argent, les<br />
autres… et leurs rires, amers ou aux éclats, leurs rêves.<br />
Dans ce théâtre-récit, tout le travail tient dans la manière dont ces femmes<br />
vont transmettre une parole tue. La direction d’acteur est alors un travail<br />
d’orfèvre afin que les comédiennes soient à leur juste place. Ni trop, ni pas<br />
assez. Elles sont le pilier de cette forme.<br />
Le découpage des témoignages du chœur est une partition à part entière.<br />
Elle va crescendo. Le rythme fait sens et toutes ces voix se mêlent pour faire<br />
entendre une seule parole. Elles transcendent le témoignage pour en faire un<br />
acte théâtral.<br />
C o m p a g n i e D e l ’ A c t e<br />
4 4 , b d P a u l V a i l l a n t C o u t u r i e r<br />
9 3 1 0 0 M o n t r e u i l - F r a n c e<br />
0 9 5 0 2 9 0 5 5 4 - c i e . d a @ f r e e . f r<br />
L e s p ’ t i t s<br />
p a p i e r s<br />
P a g e 7