05.01.2015 Views

Améliorer lA priSe en chArge du pAludiSme Sévère chez l'enfAnt

Améliorer lA priSe en chArge du pAludiSme Sévère chez l'enfAnt

Améliorer lA priSe en chArge du pAludiSme Sévère chez l'enfAnt

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

4 • Améliorer la prise <strong>en</strong> charge <strong>du</strong> paludisme sévère <strong>chez</strong> l’<strong>en</strong>fant<br />

LES DéFIS LIéS AU REMPLACEMENT DE LA QUININE PAR L’ARTéSUNATE<br />

Les nouvelles recommandations de l’OMS préconis<strong>en</strong>t<br />

l’artésunate comme traitem<strong>en</strong>t de première ligne pour les<br />

a<strong>du</strong>ltes et les <strong>en</strong>fants dans tous les pays 14 . Mais un certain<br />

nombre de défis doiv<strong>en</strong>t être correctem<strong>en</strong>t anticipés pour<br />

réellem<strong>en</strong>t amorcer les changem<strong>en</strong>ts de protocoles.<br />

Modifier et diffuser les nouveaux protocoles<br />

Les dernières recommandations de l’OMS doiv<strong>en</strong>t être<br />

largem<strong>en</strong>t distribuées à tous les acteurs afin de permettre<br />

une révision des protocoles nationaux. Dans la majorité<br />

des pays africains, l’artésunate n’est toujours pas recommandé<br />

pour traiter le paludisme sévère <strong>chez</strong> l’a<strong>du</strong>lte, alors<br />

que l’OMS <strong>en</strong>courage son utilisation <strong>en</strong> première int<strong>en</strong>tion<br />

depuis 2006 9 .<br />

Accompagner le changem<strong>en</strong>t<br />

Les personnels de santé des secteurs publics et privés<br />

ne sont pas toujours informés des dernières recommandations.<br />

Il n’existe aucun mécanisme international pour<br />

financer ou apporter le souti<strong>en</strong> technique nécessaire au<br />

changem<strong>en</strong>t de protocoles. Les personnels de santé et<br />

les pati<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t connaître l’exist<strong>en</strong>ce des nouveaux<br />

traitem<strong>en</strong>ts plus efficaces. Parmi certains soignants, il<br />

per<strong>du</strong>re égalem<strong>en</strong>t la conviction que la quinine demeure le<br />

meilleur traitem<strong>en</strong>t possible, alors qu’il s’agit <strong>en</strong> fait d’un<br />

médicam<strong>en</strong>t difficile à utiliser. Les études réalisées sur la<br />

quinine, pourtant effectuées dans de bonnes conditions<br />

de prise <strong>en</strong> charge, ont montré que l’administration et la<br />

gestion des effets secondaires sont compliquées. Comparativem<strong>en</strong>t,<br />

l’artésunate est administré <strong>en</strong> intraveineuse<br />

p<strong>en</strong>dant seulem<strong>en</strong>t quelques minutes et ne provoque que<br />

peu d’effets secondaires (la prise <strong>en</strong> charge est <strong>en</strong>suite<br />

complétée par une prescription orale d’ACT pour complètem<strong>en</strong>t<br />

éliminer la prés<strong>en</strong>ce <strong>du</strong> parasite et minimiser les<br />

risques de développer des résistances).<br />

Remplacer la pro<strong>du</strong>ction de quinine<br />

Dans les pays où la pro<strong>du</strong>ction locale de quinine représ<strong>en</strong>te<br />

une activité économique importante, le changem<strong>en</strong>t de<br />

protocole risque d’être plus délicat. C’est le cas <strong>du</strong> Burundi,<br />

où la quinine – disponible depuis les années 1940 – est<br />

l’un des médicam<strong>en</strong>ts antipaludé<strong>en</strong>s directem<strong>en</strong>t fabriqué<br />

dans le pays, et donc plus accessible que d’autres médicam<strong>en</strong>ts<br />

importés 20 . Cela étant, dans plusieurs pays africains,<br />

des sites de pro<strong>du</strong>ction d’artémisinine, principal ingrédi<strong>en</strong>t<br />

de l’artésunate, se sont développés récemm<strong>en</strong>t 21 .<br />

La quinine a égalem<strong>en</strong>t une longue <strong>du</strong>rée de conservation<br />

(5 ans), ce qui laisse supposer que d’importants stocks<br />

exist<strong>en</strong>t dans de nombreux pays. Le laps de temps nécessaire<br />

à l’écoulem<strong>en</strong>t des stocks risque d’être long, il faut<br />

donc amorcer rapidem<strong>en</strong>t les changem<strong>en</strong>ts.<br />

De la l<strong>en</strong>teur des changem<strong>en</strong>ts dans la prise <strong>en</strong> charge <strong>du</strong> paludisme<br />

P<strong>en</strong>dant la majeure partie <strong>du</strong> XX e siècle, la chloroquine était<br />

le traitem<strong>en</strong>t standard contre le paludisme <strong>en</strong> Asie et <strong>en</strong><br />

Afrique. Néanmoins, dans les années 1960 et 1970, il s’est<br />

avéré que l’utilisation d’une seule molécule (ou monothérapie)<br />

con<strong>du</strong>isait au développem<strong>en</strong>t de résistances. Par<br />

conséqu<strong>en</strong>t, la chloroquine dev<strong>en</strong>ait de moins <strong>en</strong> moins<br />

efficace <strong>en</strong> Afrique.<br />

Une nouvelle molécule, la sulfadoxine-pyriméthamine, a<br />

été intro<strong>du</strong>ite dans les années 1970, mais elle connut<br />

un destin similaire et perdit rapidem<strong>en</strong>t de son efficacité<br />

face à l’apparition de résistances. Dans les années 1990,<br />

les résistances à la sulfadoxine-pyriméthamine et à la<br />

chloroquine se sont généralisées à travers le contin<strong>en</strong>t<br />

africain. La perte d’efficacité des traitem<strong>en</strong>ts explique, <strong>en</strong><br />

grande partie, la forte montée des taux de mortalité à la<br />

même époque; <strong>en</strong>tre 1982 et 1997 le nombre de morts<br />

<strong>du</strong> paludisme était quatre fois supérieur à ceux des deux<br />

déc<strong>en</strong>nies précéd<strong>en</strong>tes.<br />

En 2000, à la suite d’une réunion ministérielle à Abuja, une<br />

déclaration fait <strong>du</strong> traitem<strong>en</strong>t par artésunate le traitem<strong>en</strong>t<br />

de première ligne contre le paludisme simple. En 2001, MSF<br />

(parmi d’autres) a comm<strong>en</strong>cé à plaider pour l’utilisation de<br />

combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT)<br />

pour soigner le paludisme simple. L’année suivante, l’OMS<br />

préconisait à son tour de basculer vers les ACT pour le<br />

traitem<strong>en</strong>t de tous les cas de paludisme simple 18 .<br />

Mais la transition <strong>en</strong>tre les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts politiques et leur<br />

mise <strong>en</strong> œuvre concrète est souv<strong>en</strong>t longue et difficile: de<br />

nombreuses années et d’importants efforts ont été nécessaires<br />

pour tra<strong>du</strong>ire <strong>en</strong> pratique les recommandations de<br />

l’OMS.<br />

Entre 1996 et 2004, les équipes de MSF ont m<strong>en</strong>é 43<br />

études de résistance dans 18 pays pour obt<strong>en</strong>ir des<br />

données démontrant les avantages d’une substitution de<br />

la chloroquine par les ACT 19 . En 2006, <strong>en</strong>viron 40 pays<br />

d’Afrique ont changé leur protocole de traitem<strong>en</strong>t national<br />

et recommandait les ACT pour soigner les cas de paludisme<br />

simple. Mais la chloroquine a continué à être utilisée dans<br />

différ<strong>en</strong>ts c<strong>en</strong>tres de santé <strong>du</strong> contin<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t à<br />

cause d’un approvisionnem<strong>en</strong>t limité <strong>en</strong> ACT, d’un prix<br />

plus élevé et d’une conviction t<strong>en</strong>ace – notamm<strong>en</strong>t parmi<br />

le personnel de santé – que la chloroquine restait le<br />

médicam<strong>en</strong>t de prédilection.<br />

Aujourd’hui <strong>en</strong>core, près de dix ans après le changem<strong>en</strong>t de<br />

politique internationale <strong>en</strong> la matière, certains travailleurs<br />

de santé des pays à forte préval<strong>en</strong>ce continu<strong>en</strong>t d’utiliser<br />

la chloroquine croyant ce traitem<strong>en</strong>t plus efficace.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!