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«VRAI» Voir Réfléchir Agir Dieu se fait discret ! Ar-Rahman, Le Très-Miséricordieux, ou encore, le Saint, le Tout Puissant, L’Inaccessible, Le Créateur… dans l’islam, on Lui donne jusqu’à 99 noms, à Dieu… « Dieu est mort », disait Nietzsche. « Dieu le vivant », c’est le plus beau nom de Dieu dans l’Islam comme dans la Bible : « Béni soit Dieu, le Vivant, à jamais ! » (Tobie 13) Avec Dieu l’homme hésite entre ne pas en parler ou Le crier ou Le décrier ! Pourtant le Dieu du buisson ardent, inaccessible, est le Dieu qui se manifeste en humanité pour être libre ! Le Dieu interdit est notre Dieu ! Alors Dieu a-t-il disparu Non : simplement, Il se fait discret par Amour ! Couple ouvert à deux battants. « Oh, nom de Dieu ! » mon grand-père qui m’a appris à jurer. Il était un peu menuisier, C’est alors enfant puis ado, j’ai beaucoup travaillé avec lui. On parlait patois et il jurait. Des dizaines de jurons divers selon le degré de sa colère ou de la diffi culté. Du « nom de Dieu » au « tonnerre de Dieu » et autres « feu ou milliards, bordel de Dieu ». Si © ST ROCH BEAUFORT Au festival d’Avignon 2011... Au festival de théâtre contemporain d’Avignon, durant trois semaines, plus de mille spectacles (théâtre, danse, poésies, chansons, concerts) sont proposés au public. Dieu, la foi, les religions, le dialogue interreligieux sont évoqués dans près de 5 % des spectacles. Et pour certains d’entre eux cela devient même le thème principal : • Journal d’un curé de campagne (Bernanos) • Femmes de prêtre (J. Naguet) • Édith Stein (parcours de sa vie de 1933 à 1942) • Le Prophète (Khalil Gibran) • Pierre et Mohamed (Vie de Mgr Claverie) • Confessions (saint Augustin) ma grand-mère était là, au chapelet de jurons, elle répondait par des cantiques. De toute façon, vers la fi n, ils étaient tous deux sourds, donc, il n’y a que moi qui suivais. Les deux me sont restés et parfois je mêle des deux, cantiques et jurons ! Jurer c’est convoquer Dieu, lui demander des comptes, l’engueuler, quand il fait le sourd ! Comme frère Christophe à Tibbhérine. Un peu. • Sophie Aram, crise de foi (dans le magazine La Vie on pouvait lire : « Elle ferait même rire Dieu »). • Je suis un prophète c’est mon fi ls qui l’a dit (Abel Aboualiten) • Etc. L’Église d’Avignon n’est pas en reste : chrétiens au festival d’Avignon, c’est théâtre, danses, concerts et rencontres variées. Croyants ou non, pratiquants ou non, Dieu s’offre à nous, Dieu s’offre à l’Homme. Chacun, chacune est libre de choisir ou de refuser cet Amour, rester indifférent ou croire, adhérer ou s’opposer. Mais il est impossible d’échapper à cette question. Marie-Odile Bouvier Cela insupporte mes amis, ma femme. Mais je n’arrive pas à me sentir coupable. Surtout depuis qu’un théologien canadien et mon ami Gérard Bessière me disent que jurer c’est encore le signe d’une familiarité avec son Dieu ! Si cela vous intéresse, Robert Morel a consigné en un livre, tous nos jurons, une anthologie pittoresque ! Michel Bufflier ■ PARTIE DE CACHE-CACHE : CHERCHEZ-MOI ET VOUS VIVREZ Le petit-fils de Rabbi Barouk, Yéhiel, se précipita en larmes dans sa chambre. « Yéhiel, Yéhiel, pourquoi ces larmes – Mon ami triche, ce n’est pas juste, grand-père, ce n’est pas juste pour un ami de tricher ! – Mais qu’a-t-il donc fait, ton ami – Nous jouions à cache-cache. Je me suis si bien caché qu’il n’a pas pu me trouver ; alors il s’est arrêté de jouer, il n’a plus cherché. Tu comprends, grand-père Moi, je me suis caché et, lui, il ne m’a pas cherché, ce n’est pas juste ! » Rabbi Baroukh, bouleversé, se mit à caresser la tête du petit garçon, et des larmes lui coulèrent des yeux : « Dieu aussi, Yéhiel, murmura-t-il, Dieu aussi est malheureux. Il se cache et l’homme ne Le cherche pas. Tu comprends, mon petit Yéhiel Dieu se cache et l’homme ne se donne même pas la peine de Le chercher. » (Elie Wiesel, Célébration hassidique, II) Page 6 - PAGES OUVERTES - septembre 2010
Du religieux subtilement inséré dans le quotidien Voir Réfléchir Agir «VRAI» Le camp « Red, Rencontre, Échanges, Découvertes », proposé par les aumôneries scolaires, permet à des jeunes de 11 à 18 ans de vivre ensemble et faire une découverte de soi et de l’autre. Ce jour-là, tout avait commencé à 30 kilomètres du camp, dans la petite chapelle Saint-Etienne, où François de Sales, jadis, venait célébrer la messe qu’il ne pouvait faire dans la ville même de Thonon, à l’époque aux mains des protestants : comme si Dieu divisait ! La lumière de la chapelle est filtrée par un vitrail de François de Sales, et par un autre, tout rond, représentant un poisson : forcément, si proche du lac… Mais le poisson, « l’Icthus », masquait le nom de Dieu, « Ièsous Christos Theou Uios Sôter » : « Jésus Christ Fils du Dieu Sauveur. » La chapelle est entourée de vignes. Le raisin en ces jours de fin d’été est beau, ces grains sont gorgés de soleil de ces derniers jours. Une rencontre emmènera tout le monde au village plus haut… où le Chasselas produit l’excellent vin de Marin. Et plus excellent encore que le vin… Marie A., Yann et Thibault G. ont rencontré Claude Delalex, le vigneron. Yann : Claude est une personnalité, quelqu’un qui a un métier qu’il aime ! Thibault : Tout de suite, il attire notre regard vers quelques ceps de vignes près de sa maison. Il est passionné ! Marie : Oui, cet homme est passionné par son travail, par les autres, par Dieu. Un homme fort, au regard bleu vif, aux mains noueuses qui se font douces lorsqu’il prend le raisin qu’il veut nous montrer au moment où il rentrait de la vigne ! Bien sûr, Claude est à la retraite, mais cela ne se voit pas… Il rentrait de donner un coup de main au fi ls. Alors il nous raconte son choix de vivre de la vigne, il y a bien des années. Puis ce fils, qui prend sa suite, puis son autre fi ls, qui laisse son travail de prof de gym, avec les vacances que l’on connaît, précise-t-il avec un sourire en coin, pour travailler lui aussi à la vigne. Oui, aujourd’hui, la vigne fait vivre les deux familles ; douce fi erté ! Puis nous sommes rentrés dans le caveau . Thibault : Là, il explique le vin, les cuves inox, le pourquoi de chaque chose. Il explique son parcours. Cette ferme familiale où l’écurie est devenue caveau, les dépendances, cave. Tout cela à la sueur du front pour se spécialiser sur la vigne ! Yann : La vigne, il n’hésite pas : « C’est un beau cadeau, un don merveilleux de Dieu ! » Les récoltes sont dédiées à Dieu. C’est un viticulteur chrétien ! Marie : Nous savions que vigne et Bible sont mêlées, mais quel ne fut pas notre étonnement quand il nous parlait de sa vie, de son métier et sa foi : tout est mêlé ! Étonnante liberté ! Et sa vie de vigneron viticulteur est présentée à travers les sculptures, que les Claude Delalex lors de la visite. veines de bois de racine de noyer expriment avec force et délicatesse. Une vie entièrement habitée par Dieu. Ainsi, se mêlaient dans ce caveau portraits de lui et de sa femme, représentations de la Genèse : on pouvait voir Adam et Ève, Abraham et Moïse… et Dieu y transpirait ! Thibault : Et Jésus était bien sûr présent, au milieu, là, discret ! Claude nous explique qu’il est le plus petit des personnages de la fresque, enfoui dans le monde, au plus proche de chacun, il ne s’impose pas, il se donne à chercher. Yann : Marie est présente, également, par cette belle statue sculptée elle aussi dans un tronc d’arbre ! Son idée est de faire faire une reproduction de cette statue pour la poser au milieu des vignes ! Il y aura donc bientôt Notre- Dame des Vignes… à Marin ! Thibault : Et voilà, ce fut une bonne découverte… et en plus, c’est quelqu’un de sympa qui a fini la visite par un goûter fait de raisin cueilli du matin, du jus C’est un prêtre-ouvrier, oncle de Claude, qui a sculpté dans le caveau. de fruit pour les petits, un peu de vin pour les plus vieux ! Marie : Au dernier jour de camp, un des jeunes aura cette remarque : « Le sel du religieux n’était pas omniprésent durant le camp mais subtilement inséré dans le quotidien. » Merci, Claude ! Thibault : Oui, quand on est passionné rien ne vous arrête. © CAMP RED 2011 LÀ-BAS septembre 2011 - PAGES OUVERTES - Page 7
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