Rapido #91 - archi.re :: architectures à l'île de La Réunion

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M.A.R.
En ce cas, la cuisine est obligatoirement
en second jour, souvent dans un
coin borgne. Parfois ouverte, elle est
autant de risques pour les enfants, les
trois pièces étant généralement des
appartements familiaux. C'est donc à
partir des trois pièces qu'il est nécessaire
de pouvoir isoler une cuisine.
Bref, ceci pour dire que la nouvelle
réglementation handicapé se superpose
à ces problématiques et nous
donne, en conséquence, plus de soucis
encore.
Dans ce contexte, quels sont vos principaux
reproches
Tout d'abord, je tiens à préciser que
dans mon travail je prends systématiquement
en compte l'accessibilité de
tous. J'ai notamment conçu des hôpitaux
ou des résidences pour personnes
âgées où ces considérations
s'avéraient de prime importance.
En ce qui concerne le logement, nous
pouvions, par exemple, ériger une
fine cloison entre les toilettes et la
salle de bains afin qu'au cas où
quelqu'un en fauteuil occupe l'appartement,
il puisse la démolir dans le
but de pouvoir se déplacer facilement.
Aujourd'hui, ce système nous est
interdit et la réglementation impose
des toilettes immenses.
Je me suis entretenue avec des associations
qui reconnaissent, à ce sujet,
bien des erreurs. Les cotes devraient
être encore plus importantes afin d'assurer
une accessibilité optimale. Qui
plus est, certaines personnes à mobilité
réduite voudraient pouvoir profiter
de leurs toilettes dans leur salle de
bains. La réglementation contredit des
évidences d'usage.
Autre exemple : la règle impose des
terrasses de plain-pied. Les dispositifs
à mettre en œuvre coûtent trop cher.
Résultat : pas de terrasse.
La bienveillance de la règle fabrique
donc des logements inadaptés pour
tout le monde et ne donne pas satisfaction
aux handicapés.
En regard de ces contraintes, comment
gérez-vous ces dilatations d'espaces
Il est certain qu'en voyant le plan d'un
deux pièces, il saute aux yeux que les
toilettes qu'on nous demande aujourd'hui
sont disproportionnées mais il
est impossible de déroger à ces surfaces.
Le séjour, l'espace le moins contraint
et le plus malléable, absorbe les
différences. En 1987, il faisait 22m², il
n'en fait plus, en moyenne, que 16
voire 15m².
Pour pallier aux manques, l'entrée, qui
était indépendante, est aujourd'hui
ouverte sur le séjour. Il en va de même
pour la cuisine. Je suis architecte, aussi
je n'ai rien contre les espaces ouverts
mais lorsque je dessine un logement,
je ne le dessine pas pour moi mais
pour les autres.
Qu'en est-il des usages et de l'évolutivité
même de ces logements
Certains affirment que ces logements
seront adaptés aux personnes âgées
qui seront une part importante de la
population maintenant vieillissante.
Par expérience, mon premier projet
était un lieu de séjour pour personnes
âgées. Je sais donc qu'il leur faut de
nombreux appuis ; or, avec un cercle
de giration d'1,50m dans une salle de
bains, il n'y a rien pour se retenir. Les
risques de chutes sont alors accrus.
Autre point, certains bailleurs sociaux
disent vouloir mettre la machine à
laver le linge dans les toilettes ce qui
implique la création de deux alimentations
d'eau et pour ce faire, il faut
que le bailleur en ait les moyens. Mais
ceci dit, qui peut cautionner une
machine à laver dans des toilettes
Il en va de même pour les logements
étudiants : 100% des chambres
doivent être aux normes 'handicapés'
; or, une chambre avec salle de bains
mesure 18m². Agrandissez la salle
d'eau de 2m² et l'espace de vie s'en
trouve considérablement réduit.
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