10.01.2015 Views

Edition n°4710 - La Nouvelle République

Edition n°4710 - La Nouvelle République

Edition n°4710 - La Nouvelle République

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

débat<br />

<strong>La</strong> NR 4710 - Mercredi 14 août 2013<br />

10<br />

Les guerres<br />

Pour qui la messe sera dite Acte II<br />

, Les efforts des hommes et des<br />

femmes de bonne volonté et de<br />

toutes confessions qui, à travers<br />

le monde, plaident sans relâche<br />

pour le respect mutuel et<br />

l’apaisement des relations<br />

internationales doivent toujours<br />

être encouragés et entendus.<br />

Mais les faits sont également parfois têtus.<br />

Ainsi après l’Afghanistan, l’Irak, la Libye,<br />

la Syrie, l’échec patent en Iran et en Turquie<br />

et les brèches cependant bien ouvertes<br />

en Egypte et en Tunisie, la stratégie<br />

de démembrement du monde musulman<br />

continue de se déployer. Il faut<br />

anéantir cet Islam qui dérange et qui empêche<br />

de tourner en rond. Le réduire<br />

même sur les terres qui l’ont vu se révéler.<br />

Et pour empêcher le monde musul -<br />

man de renaître et de relever la tête, il faut<br />

surtout anéantir des expériences comme<br />

celle de Tunisie ou d’Egypte qui ne doi -<br />

vent en aucun cas réussir. Et pour cela<br />

tous les vocables doivent être ressassés<br />

jusqu’à la nausée !<br />

Le microcosme politico-médiatique européen<br />

et d’outre atlantique continue de<br />

s’emballer, de s’exciter et de s’agiter. Mais<br />

maintenant il faut passer à l’acte. Faire exploser<br />

par exemple des lieux de culte surtout<br />

musulmans et pour quoi pas tirer<br />

dans la foule un jour de grande afluence<br />

comme la prière du vendredi ou la célébration<br />

de l’Aïd. Mais avant de passer à<br />

l’acte chez soi, en Eur ope où aux Etats-<br />

Unis pour se protéger entre blancs, il faut<br />

toujours continuer d’aller guerroyer chez<br />

les autres pour leur apporter des valeurs<br />

qui sont de moins en moins partagées ni<br />

civilisatrices.<br />

Et si l’incursion en Irak, en Afghanistan, au<br />

Mali n’était finalement qu’une phase<br />

d’échauffement, un essai à blanc avant la<br />

grande manœuvre, la vraie, celle qui va<br />

porter l’estocade et dépouiller les autres<br />

L’Occident déliquescent en a grandement<br />

besoin car il s’appauvrit. Et les guer res<br />

sont faites pour cela. Elles sont étudiées<br />

pour créer des opportunités pour s’enrichir<br />

au détriment des autr es. Tout est<br />

déjà prêt. <strong>La</strong> machine qui produit des arguments,<br />

des théories, des concepts, des<br />

idées courbes et qui justifie même l’innommable,<br />

se met en r oute et sont ra -<br />

meutés analystes, spécialistes et stra -<br />

tèges comme ces prétendus spécialistes<br />

du FIS algérien qui, durant les années<br />

1990, bien installés dans le douillet<br />

confort de leurs villes et sans avoir visité<br />

une seule fois dans leur vie l’Algérie, se<br />

sont autoproclamés experts incontournables<br />

et spécialistes de la question et ont<br />

réussi en prodiguant moult conseils,<br />

points de vue et analyses à ber ner une<br />

opinion occidentale incrédule, devenue<br />

groggy devant tant de débit. Car la ma -<br />

chine doit toujours anéantir tout ce qui résiste,<br />

pense autrement et qui pour rait<br />

s’avérer être une réflexion différente souvent<br />

qualifiée de dissidente, de séditieuse,<br />

de rebelle, politiquement incorrecte et<br />

qui fait fi de toutes les certitudes. Il faut<br />

s’approprier les mots, les ciseler non pas<br />

comme le ferait un conteur, mais comme<br />

le feraient ceux qui aiment tricher, mentir<br />

et tromper les opinions pour assouvir,<br />

comme cela s’est déjà passé, les desseins<br />

les plus abjects. Il faut transfor mer les<br />

mots en slogans de propagande pour forger<br />

les opinions publiques, celles qui portent<br />

les guerres, les agressions, les invasions<br />

et les soutiennent. Une sémantique<br />

inventée de toutes pièces comme peut<br />

l’être une marque de fabrique, cr euse<br />

mais qui résonne fort surtout dans cet inconscient<br />

collectif de populations occidentales<br />

en perte de repères, malmenées<br />

par les crises, détr oussées par les<br />

banques, dépossédées aussi de leur souveraineté,<br />

qui ne rêvent plus et dont le<br />

modèle de vie et le mode de consommation<br />

s’essoufflent, ne s’exportent plus et<br />

n’emballent déjà plus grand monde. Et<br />

puis il faut toujours et aussi continuer<br />

de supporter que l’on vienne vous contester<br />

le droit légitime de vouloir juste vivre<br />

simplement comme on le souhaite ! S’il<br />

est légitime de vouloir maintenir l’ordre<br />

et le respect des lois chez soi, alors pourquoi<br />

faut-il à chaque fois aller semer le<br />

désordre chez les autr es, en exhibant<br />

armes et troupes Et provoquer des milliers<br />

de victimes civiles. Qui les connaît et<br />

qui en parle Alors pour oublier la Palestine,<br />

il faut encore une fois réinventer le<br />

désert, la Libye, le Mali, la Syrie, la Tunisie,<br />

l’Egypte et bientôt d’autres contrées<br />

encore. Il faut sur tout provoquer les<br />

guerres civiles et éviter que les situations<br />

ne s’améliorent et réussissent. Il faut vite<br />

anéantir les exemples égyptien et tuni -<br />

sien car ils pourraient faire école. Leur<br />

réussite serait suicidaire pour un monde<br />

occidental prédateur qui souvent n’aime<br />

pas les musulmans. Mais la guer re est<br />

toujours sale. Elle endeuille, mutile,<br />

blesse, appauvrit et marque au fer l’imaginaire<br />

et la mémoire de ceux qui devront<br />

nécessairement demain grandir et se souvenir.<br />

<strong>La</strong> guerre est d’autant plus traumatisante<br />

surtout lorsqu’elle est conduite<br />

en dehors de ses bases, de chez soi, chez<br />

les autres. Et il est bien plus facile de préserver<br />

la paix des siens et de s’en aller<br />

malmener celle des autr es tout en es -<br />

sayant à l’occasion, de nouvelles stratégies,<br />

de nouvelles armes et de nouvelles<br />

munitions. Et pour cela, il faut toujours affirmer<br />

que l’enfer, ce sont les autr es. Et<br />

ceux que l’on présente comme les porteurs<br />

de la haine du monde et qui causent<br />

tant de soucis à l’humanité tout entière ne<br />

sont en réalité que ceux qui por tent en<br />

bandoulière toute la misère du monde ! <strong>La</strong><br />

situation de turbulences et de crises qui<br />

caractérise actuellement de nombr eux<br />

pays a été induite par la pauvreté et la dislocation<br />

provoquées par des régimes militaires<br />

corrompus soutenus par l’Occident<br />

et tombés en décrépitude. Mais aussi<br />

par les souffrances provoquées par ces<br />

sinistres visiteurs venus d’ailleurs piller<br />

ce continent africain et ce monde musulman<br />

si riches en métaux précieux et en<br />

pétrole. Les guerres sont déclenchées<br />

dans la précipitation car il faut toujours<br />

tuer les prémices de la paix lorsqu’ils<br />

commencent à apparaître. Et si l’aspiration<br />

à la paix, à la stabilité et à l’intégrité<br />

de leur territoire des populations de nombreux<br />

pays est légitime et indiscutable, les<br />

chemins choisis pour y accéder sont, malgré<br />

l’enthousiasme temporaire suscité<br />

chez certains et qui pourrait se transformer<br />

à cour t terme en désillusion, très<br />

discutables. Même si le contexte et les<br />

données sont parfois différents, rien ne<br />

permet d’affirmer par exemple que la paix<br />

durera au Mali et se substituera à la<br />

guerre, aux guerres comme celles qui ont<br />

été conduites avant en Libye, en Irak et en<br />

Afghanistan, qui se sont enlisées et n’ont<br />

jamais apporté ni la paix, ni la pr ospérité<br />

promises. Les guerres conduites par<br />

l’Occident s’enlisent toujours et aboutissent<br />

aux mêmes conséquences, des pays<br />

disloqués, des Etats ef fondrés sans oublier<br />

les conflits civils larvés qu’elles induisent<br />

et qui décimeront les populations<br />

civiles de ces pays sans oublier les efets<br />

de contagion et de déstabilisation de pays<br />

voisins, obligés de faire face à l’extension<br />

de ces guerres faites sans eux et malgré<br />

eux notamment par l’induction d’efforts<br />

logistiques et financiers consentis, au détriment<br />

de ceux nécessaires aux besoins<br />

des populations et au développement<br />

économique et social, pour sécuriser<br />

leurs frontières. Ces guerres ont un marqueur<br />

commun, elles sont menées contre<br />

les musulmans. Elles ont un objectif identique,<br />

piller les ressources naturelles et les<br />

richesses des pays contre lesquels, elles<br />

sont menées. Elles s’intègrent dans une<br />

stratégie connue maintenant de tous.<br />

Disloquer des pays souverains l’un après<br />

l’autre, anéantir le monde musulman, le<br />

dépecer et le piller puis consolider la prédominance<br />

du monde occidental et permettre<br />

au capitalisme mondial en crise et<br />

chancelant de se régénérer en pillant les<br />

pays affaiblis par les guerres souvent déclenchées<br />

à partir de faux prétextes mais<br />

menées pour de vrais objectifs de pré -<br />

dation et de domination inavoués. L ’ancrage<br />

militaire occidental dans de nombreux<br />

pays est désormais acté. Une présence<br />

militaire y sera sans doute<br />

maintenue très longtemps en attendant<br />

les prochaines crises et les prochaines opportunités.<br />

L’Algérie, devenue désormais<br />

pays proche d’une zone de graves turbulences,<br />

voit du fait de ces convulsions sa<br />

stratégie de plaidoyer pour le bon voisinage,<br />

la non ingér ence et la consolida -<br />

tion de son potentiel de défense militaire<br />

extrêmement justifiée. Les efforts de l’Algérie<br />

en faveur de la résolution des<br />

conflits par des moyens pacifiques doit<br />

s’intensifier. Ces efforts permettront de<br />

consolider une option stratégique qui<br />

reste malgré ce que continuent de claironner<br />

les va-t-en-guerre, toujours viable.<br />

Car les conséquences futures des turbulences<br />

régionales actuelles sont encore inconnues.<br />

Et les effets collatéraux de ces<br />

convulsions notamment sur le voisinage<br />

immédiat de l’Algérie ne peuvent pour<br />

l’instant être appréhendés. Mais l’expérience<br />

a toujours démontré que le principe<br />

de précaution doit toujours êtr e<br />

adopté dans ce cas de figure. Et l’Algérie<br />

se doit de se préserver par une politique<br />

de bon voisinage et de prudence, inspirée<br />

de son passé de pays anciennement colonisé<br />

et de son histoire, des conséquences<br />

graves que pourraient induire ces situations<br />

de crises, ouver tes ou encore larvées,<br />

dans de nombr eux pays proches<br />

de l’Algérie.<br />

S˝˛°mˆ• ˘ tr˘ •<br />

Publicité

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!