Choisir le capitaine et les adjoints - Publication Sports

CHOISIR LE CAPITAINE ET LES ADJOINTS
(par Marc-André Dumont)
En septembre, la majorité des équipes double lettre et espoir sont formées et les équipes
simple lettre foulent la glace pour la première fois. Le début de saison approche ou
s’amorce, avec des défis fort intéressants pour les entraîneurs.
Une fois l’équipe complétée, s’ensuit généralement une période fort enthousiaste. Les
joueurs sont fiers d’appartenir à une formation (particulièrement lorsqu’on parle des
équipes double lettre et espoir). Les parents sont heureux de voir leur enfant heureux. Les
entraîneurs sont fiers de leurs choix et soulagés d’avoir traversé la période difficile des
sélections.
L’énergie est donc à son comble.
La fin du camp de sélection rime évidemment avec l’arrivée imminente du début de la saison
régulière et l’annonce des choix du capitaine et des adjoints du capitaine.
Un des entraîneurs que je supervisais l’an dernier dans la zone Suroît m’a confié que le
choix du capitaine et des adjoints a toujours été difficile pour lui car son fils était
toujours parmi les candidats.
Effectivement, dans cette situation, un malaise peut vite s’installer. Si le fils est choisi, il y
aura apparence de conflit d’intérêt. S’il ne l’est pas, cela peut décevoir le jeune concerné,
s’il détient effectivement les aptitudes pour jouer ce rôle.
Les entraîneurs prennent des moyens fort variés afin de nommer leurs capitaine et
adjoints.
Votre secret ou choix unilatéral
Certaines équipes laissent carrément le choix aux joueurs par un vote secret. Cependant,
cette méthode m’apparaît peu rigoureuse pour plusieurs raisons. D’une part, laisser le choix
total aux joueurs déresponsabilise l’entraîneur. Or, si ces choix ne sont pas adéquats La
responsabilité de gérer efficacement l’équipe n’est-elle pas celle de l’entraîneur
D’autre part, cette méthode mène souvent les joueurs à voter pour leurs amis ou pour les
meilleurs joueurs de l’équipe. Ou les deux. Dès que l’entraîneur annonce le choix de cette
méthode de sélection, les joueurs sollicitent les appuis et font pression sur leurs amis et
meilleures connaissances dans l’équipe. Tout cela devient une campagne électorale qui,
ultimement, génèrera des déceptions, des conflits et un recul de la cohésion de groupe.
Benoit Groulx, entraîneur-chef et directeur-général des Olympiques de Gatineau de la
Ligue de hockey junior majeur du Québec, a pris l’habitude de nommer lui-même le

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capitaine et les adjoints dès le camp de sélection. Généralement, les joueurs de 20 ans (il y
en a 3 par équipe) obtiennent automatiquement un « A ».
Cette méthode est efficace, limite grandement toute possibilité de conflit interne et
permet aux entraîneurs d’instaurer un leadership à leur image et selon les besoins de
l’équipe au moment de la sélection.
Aux Patriotes de Châteauguay Midget AAA l’an dernier, les joueurs ont été appelés à
sélectionner le capitaine et les adjoints. Cependant, leurs choix étaient effectués selon
cinq critères de sélection dictés par les entraîneurs. Le choix a été fait le jour même de la
présentation des critères afin d’éviter toute campagne de sollicitation d’appuis.
De plus, les joueurs devaient passer au bureau de l’entraîneur afin de donner leurs choix.
Autrement dit, ce n’était pas un vote secret, mais un vote confidentiel (le joueur recevait
la promesse que seul l’entraîneur-chef accéderait aux renseignements). Et le cas échéant,
je me réservais le droit de demander au joueur de justifier son choix.
Évidemment, cela évitait les votes entre amis, ou les votes d’annulation (choisir un candidat
qui n’a aucune chance dans le but de favoriser sa propre candidature). L’exercice a été pris
au sérieux par les joueurs.
D’autres entraîneurs choisissent de nommer le capitaine et de laisser les joueurs
sélectionner les adjoints.
Je crois que les trois dernières méthodes sont les plus sûres d’un point de vue de gestion.
1. l’entraîneur effectue les choix;
2. les joueurs soient consultés individuellement et basent leurs choix sur les
critères des entraîneurs;
3. l’entraîneur nomme une partie de son groupe de leaders et laisse les coquipiers
choisir les autres.
Tout compte fait, il faut toujours tenir de ce que la « chambre » vous dit, même si vous
décidez de nommer vous-mêmes les « C » et « A ».
Dans le cas où vous choisissez de consulter les joueurs par vote confidentiel, vous vous
devez de respecter les choix de l’équipe sinon, le risque de générer l’insatisfaction et de la
frustration sont énormes. Imaginez, vos joueurs estiment que tel joueur devrait être
capitaine, mais vous nommez quelqu’un d’autre. Non seulement ce joueur finira par le savoir
et il sera frustré, les autres joueurs le seront tout autant car vous n’aurez pas respecté
leur choix. Enfin, le capitaine que vous désignez aura la tâche titanesque de rallier les
joueurs.

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Choisir les critères
Quant aux critères de sélection, cela dépend de plusieurs facteurs comme l’âge des
participants et le calibre. Enthousiasme, qualités de communicateur, joueur qui contribue
sur la glace aux succès de l’équipe, expérience dans la ligue, expérience dans le hockey
compétitif, jugement sont parmi les critères possibles.
Les critères que les entraîneurs choisissent mettront en valeur certains types de
leadership. Par exemple, le leadership d’action (pris en charge généralement par les
meilleurs éléments de l’équipe); le leadership communicationnel (par les leaders qui
détiennent des aptitudes sociales supérieures) ainsi que le leadership de caractère (les
leaders qui remettent à l’ordre leurs coéquipiers soit dans le vestiaire ou sur la patinoire ou
qui peuvent avoir un impact sur la glace dans les moments difficiles).
Marc-André Dumont est entraîneur adjoint avec les Olympiques de Gatineau, de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec. Ex-journaliste au journal Les Affaires, il est conférencier ainsi que
consultant en stratégie de gestion et en communications. On peut le rejoindre à
madumont@lesolympiques.net.