Philippe MICHAUT Les régions méditerranéennes françaises sont ...

Philippe MICHAUT
DIRECTION DE LA DEFENSE ET DE LA SECURITE CIVILES
Les régions méditerranéennes françaises sont confrontées simultanément à un
accroissement important de leur population et à l’abandon de différentes pratiques
agricoles et pastorales.
Cette double tendance conduit à l'urbanisation plus ou moins organisée d'espaces
jusque là consacrés à l'agriculture, et à présent "colonisés" par des formations
végétales plus ou moins dégradées.
La fréquentation accrue de ces espaces les rend d'autant plus vulnérables à
l'incendie que l'activité de l'homme est à l'origine de la quasi-totalité des feux.
En outre, cette évolution de l'occupation du territoire modifie également les
conséquences des éventuels départs de feu, puisque ceux-ci menacent alors très
rapidement des zones habitées.
Les services en charge de la lutte consacrent alors prioritairement leurs efforts à la
protection des personnes, le feu se propageant alors plus librement dans les
espaces naturels (jusqu'à ce qu'il menace d'autres zones habitées…).
Tous les ans, de telles situations se développent dans le sud de la France, posant
clairement le problème de l'aménagement de ces espaces périurbains, mais
également à l’étranger.
La présentation de vidéos réalisées en France, aux Etats-Unis (Californie), et en
Grèce a permis d’illustrer ces difficultés.
Ainsi, en juillet 2000, le feu qui s'est développé à La Cadière d'Azur, dans le Var, à
une fois de plus mis en évidence les problèmes rencontrés par les services de lutte
pour intervenir dans de telles zones où l'accès aux véhicules d'intervention est
difficile du fait de la voirie inadaptée, les dispositions relatives au débroussaillement
mal appliquées et les maisons à protéger très nombreuses. Le traitement de cet
incendie peut apparaître exemplaire, aucune victime n'est à déplorer au sein de la
population et les 600 maisons qui se trouvaient dans l'assiette parcourue par le feu
n'ont pas subi de dommage important. Mais une telle efficacité ne peut être
garantie, et cette opération montre la nécessité de disposer d'outils de planification
qui « permette le développement économique et social du territoire tout en assurant
la sécurité incendie ».

De telles situations ne sont pas spécifiques à la France. Elles ont pu avoir à
l’étranger des conséquences beaucoup plus dramatiques, à l'abri desquelles ne se
trouve pas notre pays.
Ainsi, le feu d'OAKLAND, survenu en octobre 1991 aux Etats-Unis (dans l'état
de Californie) a provoqué 25 décès et détruit plus de 3.800 logements (au
paroxysme de l'incendie, toutes les 11 secondes une maison s'enflammait), les
secours voyant leur action pénalisée par les difficultés d'accessibilité dues au
réseau routier, embouteillé par des milliers d'habitants qui tentaient de quitter les
lieux (et les curieux succombant au voyeurisme), l'insuffisance de l'alimentation en
eau, la structure des constructions (dont certaines s'enflammaient de l'intérieur par
le seul fait du rayonnement thermique).
Plus près de chez nous, en Grèce, le Mont Pentelique, lieu résidentiel de
l'agglomération athénienne a subi deux incendies très importants en 1995 et 1998.
Lors du premier des deux feux, 200 maisons ont subi des dommages, une
cinquantaine ont été détruites, la puissance de l'incendie ne permettant pas aux
moyens de lutte d'intervenir efficacement et mettant en évidence la nécessité
d'assurer une gestion préventive de ces espaces.
Les images recueillies sur ces 3 incendies et présentées en ouverture des
rencontres feux de forêts 2000 de Hyères ont clairement mis en évidence la
nécessité de conduire, en amont de la lutte, une réflexion associant forestiers,
sapeurs-pompiers, élus, administration et population portant sur la gestion et la
protection des espaces périurbains, quelque soit l'organisation du dispositif de
protection de la forêt contre l'incendie en vigueur dans le pays concerné, le dispositif
de lutte ne pouvant en lui-même garantir la protection des personnes, des espaces
et des biens menacés.