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Francis SUSINI – DDAF des Bouches-du-Rhône Le contexte ...

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<strong>Francis</strong> <strong>SUSINI</strong> – <strong>DDAF</strong> <strong>des</strong> <strong>Bouches</strong>-<strong>du</strong>-Rhône<br />

<strong>Le</strong> <strong>contexte</strong> climatologique de ces dernières décennies, l'accroissement de la<br />

biomasse combustible, la multiplication <strong>des</strong> zones d'activités humaines au contact<br />

<strong>des</strong> zones naturelles forestières on con<strong>du</strong>it à <strong>des</strong> incendies de forêts qui ont ravagé<br />

plusieurs milliers d'hectares dans les <strong>Bouches</strong>-<strong>du</strong>-Rhône, le feu de la Sainte Victoire<br />

et le feu d'Aureille en 1989, les feux <strong>des</strong> Calanques et de Gémenos en 1990, plus<br />

proche de nous, le feu de l'Etoile, qui en 1997 a détruit de l'ordre de 3 400 hectares<br />

d'espaces naturels, atteint les zones urbaines de Marseille, de Plan de Cuques et<br />

d'Allauch sur un linéaire de près de 18 Km et menacé plus d'un millier d'habitations.<br />

Je citerai en dernier lieu le feu <strong>des</strong> Alpilles qui en 1999 a détruit près de 2 340<br />

hectares. Au total depuis 1960 plus de 108 000 hectares de zones naturelles<br />

forestières ont été parcourues par <strong>des</strong> incendies dans le département <strong>des</strong> <strong>Bouches</strong><strong>du</strong>-Rhône.<br />

L'ampleur <strong>du</strong> phénomène, l'accroissement <strong>du</strong> potentiel d'éclosion <strong>des</strong><br />

incendies laissent penser que nous ne sommes pas à l'abri d'un scénario<br />

catastrophe et nous invitent par ces impacts sur la faune, la flore et le traumatisme<br />

qu'ils développent chez les personnes dont les biens ont été touchés par le feu, à<br />

nous interroger sur les résultats <strong>des</strong> efforts économiques consentis au titre de la<br />

prévention au regard <strong>des</strong> coûts de la réparation <strong>des</strong> dégâts occasionnés.<br />

<strong>Le</strong> feu de forêt est <strong>des</strong>tructeur, cependant le coût en vie humaine reste faible. Il faut<br />

toutefois signaler le lourd tribut payé par les sapeurs pompiers qui s'exposent au<br />

danger pour protéger les personnes et leurs biens. <strong>Le</strong> bilan <strong>des</strong> dégâts aux biens<br />

<strong>des</strong> populations touchées par les incendies reste ré<strong>du</strong>it à ce jour, grâce à l'efficacité<br />

<strong>des</strong> services de prévention et de lutte. <strong>Le</strong> bilan <strong>des</strong> dégâts aux milieux naturels est<br />

très variable suivant les années et certains auteurs considèrent que le feu de forêt<br />

est un facteur nécessaire à l'évolution <strong>des</strong> zones forestières et qu'il n'est pas<br />

dommageable à l'équilibre écologique. Toutefois, la répartition de son passage sur<br />

un même lieu con<strong>du</strong>it à <strong>des</strong> modifications profon<strong>des</strong> sur <strong>des</strong> équilibres écologiques<br />

et à <strong>des</strong> atteintes sévères aux patrimoines forestiers et paysagers. <strong>Le</strong>s chocs<br />

thermiques provoqués con<strong>du</strong>isent également à <strong>des</strong> modifications de la structure <strong>des</strong><br />

sols, à la désagrégation <strong>des</strong> roches qui aggravent les phénomènes d'érosion et les<br />

conditions d'écoulement <strong>des</strong> eaux superficielles. <strong>Le</strong>s coûts de la prévention<br />

découlent de choix stratégiques et d'objectifs prioritaires face à <strong>des</strong> incendies aux<br />

multiples impacts dont les bilans s'avèrent très difficiles à établir dans le court et le<br />

long terme. Certains impacts sont économiquement quantifiables, perte de bois de<br />

pro<strong>du</strong>ction, dommages causés aux équipements et aux biens matériels <strong>des</strong><br />

populations, d'autres ne peuvent être évalués pour l'instant que de manière<br />

qualitative : fréquentation <strong>des</strong> massifs, modification de la perception <strong>des</strong> paysages,<br />

disparition de certaines espèces végétales et animales.<br />

<strong>Le</strong>s forêts <strong>des</strong> <strong>Bouches</strong>-<strong>du</strong>-Rhône génèrent très rarement <strong>des</strong> revenus pour leur<br />

propriétaire, elles constituent un patrimoine, dont la perte en volume sur pied, peut<br />

s'évaluer en moyenne à 20 m3 par hectare parcouru par un incendie, soit un<br />

manque à gagner de près de 1 200 F par hectare dans un peuplement de résineux<br />

et pratiquement près <strong>du</strong> double dans le cas d'un peuplement de feuillus.<br />

<strong>Le</strong>s constructions situées au cœur ou en périphérie Sud et Sud-Est <strong>des</strong> massifs<br />

forestiers sont les plus menacées. Là, le dédommagement de leur propriétaire pour


les dégâts occasionnés par l'incendie relève <strong>des</strong> contrats d'assurance <strong>des</strong><br />

particuliers. La réparation <strong>des</strong> dégâts sur les équipements et les aménagements <strong>des</strong><br />

massifs, relèvent quant à eux de la restauration <strong>des</strong> terrains après incendie et la<br />

prise en charge de la réhabilitation est alors assurée par l'Etat et les Collectivités<br />

territoriales.<br />

La disparition de la masse végétale, le remplacement d'une ambiance verdoyante<br />

par <strong>des</strong> bois calcinés, sont ressentis comme une atteinte au patrimoine naturel,<br />

qu'au cours <strong>du</strong> temps l'usager s'est peu à peu approprié. Cette perte d'usage est<br />

d'autant plus forte que le parcours <strong>du</strong> feu atteint <strong>des</strong> zones fortement urbanisées ou<br />

que l'espace forestier est soumis à une forte pression touristique. L'impact sur les<br />

espèces animales dépend de la taille <strong>du</strong> feu, il varie en fonction <strong>des</strong> espèces<br />

concernées et notamment, à titre d'exemple, en matière de chasse, selon s'il s'agit<br />

de petits gibiers ou qu'il s'agit de grands gibiers. D'une manière générale, sur les<br />

grands feux, l'usage <strong>des</strong> territoires de chasse est interrompu pendant la période de<br />

repeuplement permettant ainsi au différentes espèces animales de re-coloniser le<br />

site incendié. Par ailleurs, dans un souci de gestion cynégétique, les sociétés<br />

communales de chasse réalisent <strong>des</strong> points de nourrissage, abreuvement, et<br />

mettent en œuvre <strong>des</strong> parcelles de culture à gibiers pour la fixation <strong>du</strong> gibier lâché et<br />

la sauvegarde <strong>des</strong> animaux épargnés par l'incendie. Pour cela, elles reçoivent <strong>des</strong><br />

ai<strong>des</strong> financières de la Fédération Départementale <strong>des</strong> Chasseurs. Aujourd'hui, les<br />

choix stratégiques et les objectifs prioritaires de la défense <strong>des</strong> forêts contre les<br />

incendies con<strong>du</strong>isent à concentrer les actions <strong>des</strong>tinées à protéger la forêt dans les<br />

zones à risque in<strong>du</strong>it où les priorités restent la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombre d'éclosions de<br />

feux, l'attaque rapide et la maîtrise <strong>des</strong> feux naissants. Ils con<strong>du</strong>isent également à<br />

procéder aux opérations de mise en sécurité <strong>des</strong> enjeux matériels et humains dans<br />

les zones de risque subi où la priorité est d'assurer la protection <strong>des</strong> personnes et<br />

<strong>des</strong> biens. A l'intérieur <strong>des</strong> zones naturelles forestières <strong>des</strong> actions sont con<strong>du</strong>ites<br />

pour assurer l'augmentation de la résistance au feu <strong>des</strong> peuplements par la<br />

diminution de la biomasse combustible : actions de débroussaillement ou de<br />

sylviculture adaptée et par la réalisation de coupures de combustible participant au<br />

cloisonnement <strong>des</strong> massifs et à la latéralisation <strong>des</strong> parcours <strong>des</strong> feux. La nature et<br />

l'importance <strong>des</strong> mesures de prévention mises en œuvre doivent répondre aux<br />

besoins spécifiques de chaque massif. Il convient donc d'établir une évaluation <strong>des</strong><br />

risques par l'analyse de facteurs prédisposant à l'éclosion et au développement <strong>du</strong><br />

feu catastrophe. Il s'agit là de la sécheresse de la végétation et de la continuité <strong>des</strong><br />

surfaces forestières. Il faut évaluer également les facteurs déclenchant : activité<br />

humaine ou vent violent et également les facteurs aggravant : relief et aérologie,<br />

accumulation de biomasse, présence <strong>des</strong> personnes et <strong>des</strong> biens, multiplicité et<br />

simultanéité <strong>des</strong> éclosions. Il convient donc également d'établir un zonage<br />

opérationnel <strong>du</strong> risque qui résulte <strong>des</strong> activités humaines génératrices de départs de<br />

feu, couramment nommées poudrières, et celles qui sont vulnérables au feu. Il<br />

convient également de définir les enjeux humains, économiques et patrimoniaux.<br />

<strong>Le</strong>s propos ci-<strong>des</strong>sus illustrent la difficulté d'évaluer de façon exhaustive les<br />

différents coûts de prévention et de restauration - réhabilitation <strong>des</strong> massifs<br />

incendiés. Toutefois, sur la base de l'étude <strong>du</strong> plan intercommunal de<br />

débroussaillement et d'aménagement forestier <strong>du</strong> massif de l'Etoile, réalisée au<br />

cours de l'année 1998, pour la mise en protection de ce massif contre les incendies,<br />

et compte tenu de la connaissance que nous pouvons avoir sur les coûts de


estauration et de réhabilitation <strong>des</strong> terrains parcourus par ce même incendie, nous<br />

allons, à titre d'exemple, essayer de comparer ces différentes évaluations.<br />

<strong>Le</strong>s objectifs clairement définis par le PIDAF <strong>du</strong> massif de l'Etoile sont la protection<br />

<strong>du</strong> massif contre les incendies et la valorisation d'un espace souvent laissé à<br />

l'abandon. Il décrit ce massif provençal aux richesses méconnues comme un massif<br />

aux contraintes physiques et écologiques fortes avec un relief fortement marqué par<br />

la présence de barres rocheuses et <strong>des</strong> vallons profonds, <strong>des</strong> conditions<br />

climatologiques extrêmes vis à vis <strong>du</strong> risque feu de forêt, un sous-sol calcaire et <strong>des</strong><br />

sols à faible capacité de rétention en eau, <strong>des</strong> potentialités forestières très variables<br />

et une végétation xérophile et calcicole, un réseau hydraulique restreint ainsi qu'un<br />

patrimoine biologique remarquable faisant l'objet de mesures de protection<br />

localisées. Ce massif présente donc une sensibilité paysagère forte liée à la<br />

perception lointaine <strong>des</strong> barres rocheuses et à <strong>des</strong> ambiances paysagères locales<br />

très diversifiées. Très marqué par la proximité de l'agglomération marseillaise, qui<br />

con<strong>du</strong>it à un espace façonné par les activités in<strong>du</strong>strielles et l'urbanisme, peu tourné<br />

vers les activités agricoles, soumis à une fréquentation par un public de proximité et<br />

à une intense activité cynégétique sur un territoire de chasse apprécié, il constitue le<br />

poumon vert <strong>des</strong> communes de Marseille, de Plan-de-Cuques et d'Allauch, malgré<br />

<strong>des</strong> possibilités d'accueil peu exploitées, et là j'ouvrirai une parenthèse pour un<br />

domaine départemental qui est celui de la Nègre et qui a fait l'objet de travaux<br />

d'aménagement importants ces derniers temps.<br />

Dans ce <strong>contexte</strong>, les mesures de prévention proposées par le PIDAF sur les zones<br />

non touchées par l'incendie ont plusieurs objectifs, notamment d'isoler les poudrières<br />

potentielles et les zones de risque subi par un traitement <strong>des</strong> interfaces. Il s'agit de<br />

mettre en œuvre <strong>des</strong> actions sur la diminution de l'inflammabilité ou de la<br />

combustibilité. Ce poste a été évalué dans le cadre <strong>du</strong> PIDAF à un coût de l'ordre de<br />

0,8 MF. Il s'agit également d'isoler les poudrières par la mise en sécurité <strong>des</strong> voies<br />

de circulation et <strong>des</strong> zones d'accueil par <strong>des</strong> opérations de débroussaillement, ces<br />

postes ayant été évalués à 0,3 MF. Egalement, le PIDAF a pour objectif de faciliter<br />

l'intervention <strong>des</strong> secours par la mise en œuvre de signalisation et d'un balisage<br />

adapté, par l'entretien <strong>des</strong> voies de DFCI existantes et par l'aménagement de leurs<br />

abords. <strong>Le</strong> coût global de cette opération a été évalué à 1,2 MF. Instaurer <strong>des</strong><br />

aménagements répondant à la stratégie d'intervention arrêtée par les services de<br />

lutte, par la création de nouvelles voies de pénétration dans le massif, imposée par<br />

la nécessité de la latéralisation <strong>des</strong> feux, ceci pour un coût de 4,2 MF, la réalisation<br />

de plates-formes et de zones d'appui pour un coût de 3,8 MF, la mise en œuvre de<br />

coupures de combustible pour un coût de 1,4 MF, et pour finir d'ouvrages<br />

hydrauliques pour un coût de 16,4 MF, auxquels viennent s'ajouter la mise en<br />

œuvre, la création et l'aménagement de zones d'accueil <strong>du</strong> public, ces opérations<br />

comprenant le balisage d'itinéraires de randonnée, la valorisation et la protection de<br />

sites historiques, le tout pour un coût de 1,8 MF. Au total, le coût d'investissement<br />

<strong>des</strong> actions de prévention passive sur ce massif hors zones incendiées et avec un<br />

objectif à terme qu'une mise à feu ne puisse dégénérer en un incendie catastrophe<br />

<strong>du</strong> type de celui connu le 25 juillet 1997, peut s'évaluer à la somme de 30,2 MF, soit<br />

un coût à l'hectare protégé de l'ordre de 3 000 F.<br />

De l'autre côté, la restauration <strong>des</strong> terrains incendiés relève <strong>des</strong> travaux d'urgence<br />

d'intérêt général pour la sécurité publique, le problème de chute de branches ou


d'arbres fragilisés ou déstabilisés, relève <strong>du</strong> traitement paysager afin de ré<strong>du</strong>ire le<br />

traumatisme subi par les populations (phénomène marqué essentiellement par la<br />

présence de chandelles calcinées), la ré<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> risques sanitaires, ré<strong>du</strong>ction <strong>des</strong><br />

possibilités de développement de parasites, et d'érosion <strong>des</strong> sols liée aux fortes<br />

précipitations d'automne.<br />

Ces travaux consistent essentiellement à <strong>des</strong> coupes et abattage <strong>des</strong> résineux, au<br />

recépage <strong>des</strong> feuillus, à la réalisation de fascines sur les zones de plus forte pente<br />

afin de retenir les sols et à l'aménagement <strong>des</strong> fonds de vallons pour la création<br />

d'ouvrages pour retenir les matières soli<strong>des</strong> transportées par les écoulements<br />

superficiels et ré<strong>du</strong>ire les débits de crue. Ces opérations ont été évaluées à une<br />

somme de près de 21 MF. La réhabilitation a pour objectif de favoriser les conditions<br />

de rétablissement d'un environnement faunistique et floristique et de mettre en<br />

œuvre les travaux d'équipement et d'aménagement <strong>du</strong> territoire favorable à une<br />

gestion <strong>du</strong>rable <strong>des</strong> espaces touchés par le feu. Ces travaux concernent la<br />

réalisation de gros travaux de réparation <strong>des</strong> accès et <strong>des</strong> pistes pour un coût qui a<br />

été évalué à 1,8 MF, la création d'espaces dégagés constituant <strong>des</strong> plates-formes de<br />

lutte, coût évalué à 6,6 MF, la mise en œuvre d'interfaces agro–sylvo–pastorales<br />

pour un coût de 11 MF, d'aménagement d'accueil <strong>du</strong> public pour 1,7 MF, la<br />

réalisation de travaux à caractère écologique pour 0,7 MF, <strong>des</strong> travaux pour lutter<br />

contre l'érosion pour un coût de 4,8 MF et <strong>des</strong> travaux d'aménagement hydrauliques<br />

pour un coût de 6,6 MF. <strong>Le</strong>s travaux de restauration et de réhabilitation de la surface<br />

incendiée peuvent au total être évalués à la somme de 54,2 MF, soit pour 3 450<br />

hectares parcourus par l'incendie un coût moyen de l'ordre de 16 000 F l'hectare.

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