Dossier "Retraites" - CGT Finances

Chapitre 2
Âge et modalités de départ à la retraite
De l’âge de départ
aux durées de cotisation :
vers le brouillage
des repères collectifs
En droit, la loi Fillon ne modifie pas
formellement le repère que constituait,
depuis 1982, l’âge de 60 ans, en tant
que condition de l’ouverture du droit à
la retraite. En fait, les perspectives programmées
d’allongement des durées de
cotisations requises, dans le privé et le
public (articles 5 et 22, 51 et 66), pour
bénéficier d’une pension à taux plein,
conduisent à vider de son contenu cette
condition d’âge à l’ouverture du droit à
la retraite. Avec la loi Fillon, le droit à la
retraite à 60 ans se transforme en un
droit de liquider sa retraite à 60 ans.
Dans les faits, le salarié n’aura plus que
le choix de partir à 60 ans avec une
retraite abaissée ou de rester à travailler
jusqu’à 65 ans (s’il peut conserver un
emploi).
En substituant la durée de cotisation à
l’âge comme variable centrale de la
régulation du système de retraite par
répartition, la loi Fillon favorise la dilution
des repères collectifs : au lieu d’être
organisé autour de l’âge de 60 ans, avec
les souplesses nécessaires répondant,
tant aux demandes individuelles,
qu’aux réalités vécues de l’organisation
du travail, l’exercice du droit à la
retraite, désormais déterminé par les
durées de cotisation, va se diversifier
avec la multiplicité des parcours professionnels
et personnels.
Derrière cette individualisation des droits
c’est la baisse des prestations qui se profile
pour nombre de futurs retraités.
Celle-ci se matérialisera par :
➠ l’accroissement des inégalités entre
retraités, dû à l’inégale exposition au
risque de chômage et aux aléas de
carrière, en fonction des niveaux de
qualification, du sexe, du secteur
d’activité, etc. ;
➠ la paupérisation de la majorité des
retraités relativement aux actifs, en
raison de la pression exercée sur le
montant des retraites, à la liquidation.
En brouillant les repères collectifs, la loi
Fillon réduit la lisibilité des droits. Ce
faisant, elle programme la régression
des prestations de la répartition et porte
atteinte à la solidarité entre les générations.
Il faudra revenir sur cette logique
et trouver les moyens de rétablir le lien
entre l’âge de 60 ans et un niveau satisfaisant
de prestations.
Les départs anticipés
à la retraite
pour carrières longues :
une application
restrictive
La possibilité, donnée par la loi (article
23), aux assurés du secteur privé ayant
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