DENT QUI POUSSE, DENT QUI PARLE - Editions Quintessence

Dr Estelle Vereeck
DENT QUI POUSSE,
DENT QUI PARLE
Les dents, clés du développement
De l’enfant à l’adulte, les dents révèlent
les bases de la personnalité

© 2003 — Editions Quintessence
– S.A.R.L. Holoconcept –
Rue de la Bastidonne – 13678 Aubagne Cedex - France
Tél. (+33) 04 42 18 90 94 – Fax (+33) 04 42 18 90 99
Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.
ISBN 2-913281-25-7

Remerciements :
Les photographies de cet ouvrage ont été réalisées
spécialement et fournies à titre gracieux par le docteur Boris
Marjenberg, assisté de ses collaborateurs Farid Berchiche et
Joséphine de Ciancio, du cabinet d’orthodontie des docteurs
Chrétien, Gry, Marjenberg et Marie, spécialistes qualifiés en
orthopédie dento-faciale.

INTRODUCTION
COMPRENDRE SON ENFANT PAR
LE LANGAGE DES DENTS
LA BOUCHE : UN THÉÂTRE QUI RÉVÈLE DES SECRETS
Saviez-vous que la bouche sait parler sans produire aucun
son, simplement par le contenu qu’elle nous livre Le langage des
dents est le langage du dedans. Les dents sont les seuls organes de
l’intérieur du corps qui soient directement accessibles et
d’observation aisée. Elles s’expriment par diverses caractéristiques
(forme, lieu d’implantation, axe, etc.) qui traduisent le vécu de
l’enfant et son degré de maturité. Marqueurs d’évolution, elles
émanent directement du corps selon une chronologie précise.
L’ouvrage s’adresse aux parents. Il les invite à découvrir leur
enfant non à travers des normes statistiques mais par les
indications que donnent la poussée de ses dents. Aide efficace et
concrète pour le comprendre, la méthode propose d’accompagner
l’enfant pas à pas sur le chemin qui conduit à l’état adulte grâce
aux repères fiables que constitue l’éruption des dents permanentes
à partir de l’âge six ans.
UNE DENT, UNE PHASE
Chaque dent qui sort exprime un nouveau besoin. Votre
enfant “pousse” en même temps que ses dents ! À mesure qu’elles
sortent, vous assistez au déploiement de son être, vous voyez sa
personnalité se structurer, vous comprenez ses besoins et pouvez y
répondre. Mieux, en observant la manière dont s’effectue
l’éruption, vous identifiez de manière rétrospective ses difficultés
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DENT QUI POUSSE, DENT QUI PARLE
des sept premières années. La dentition de votre enfant parle de
lui avec précision, montre comment il se construit, avec ses points
forts et ses manques éventuels. Par votre capacité à vous adapter à
ses demandes, vous l’aidez à retrouver l’harmonie.
Échelonnés sur une période comprise entre six et dix-huit ans,
les différents stades d’éruption dentaire permettent de différencier
treize phases de développement. En résumé, l’enfant :
1. prend appui sur ce que vous, parents, lui avez apporté
durant les six premières années (dents de six ans)
2. s’individualise au plan du corps (dent du commencement) 1
3. se perçoit comme personne unique (dent du
rayonnement)
4. construit une relation avec papa et maman (dent de la
relation)
5. établit des contacts hors du cercle familial (dent de la
communication)
6. prend conscience d’être le maillon d’une lignée (dent des
origines)
7. part à la conquête du monde (dent de l’audace)
8. vit des transformations sous l’effet de la pulsion de vie
(dent de la métamorphose)
9. se forge ses propres opinions (dent du discernement)
10. affirme sa personnalité (dent de l’affirmation)
11. manifeste son vouloir (dent de la volonté)
12. s’émancipe et s’éloigne des parents (dents de douze ans)
13. quitte les parents, autonome sur tous les plans (dents de
sagesse).
Au fil des pages, vous découvrirez que les dents constituent
un indicateur précieux du degré de maturité de l’enfant, un miroir
fidèle du plus profond de son être. Dans le théâtre de la bouche,
les dents mettent en scène le vécu qu’il ne peut mettre en mots.
Un guide pratique pour aider les parents à
accompagner leur enfant, pour aider chacun à découvrir
l’enfant qu’il a réellement été.
1
Chaque dent porte un nom qui caractérise l’énergie qu’elle incarne.
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INTRODUCTION : COMPRENDRE SON LANGAGE PAR LE LANGAGE DES ENFANTS
Les pages qui suivent proposent aux parents d’explorer dent
par dent chaque besoin de l’enfant qui grandit. À mesure que la
denture définitive se met en place, ils peuvent :
o reconnaître les besoins de leur enfant
o s’y adapter de manière précise
o résoudre les situations d’incompréhension et de conflit
o lire dans les problèmes dentaires le malaise que l’enfant
ne peut exprimer par des mots, traduit par divers troubles
(mauvaise position des dents, caries, fractures, etc.).
L’ouvrage présente les dents en se fondant sur l’ordre
chronologique le plus courant. Mais la normalité n’existe pas,
chaque individu est unique, chaque enfant possède son propre
schéma de développement. Les ordres et âges d’éruption ne sont
donnés qu’à titre indicatif. Considérez-les comme de simples
repères statistiques. L’important n’est pas l’âge mais la dent
qui sort. Elle seule reflète avec exactitude le degré de maturité de
l’enfant. Outre les éruptions, observez les dents présentes. Leur
implantation et leurs éventuelles atteintes indiquent les besoins
inassouvis qu’il est toujours temps de prendre en compte.
AVERTISSEMENT
Le présent livre n’aborde pas les dents de manière
conventionnelle. Il ne décrit pas les maladies des dents, les
malpositions dentaires, la manière de les soigner. L’ouvrage n’est
pas un manuel sur l’hygiène dentaire ni sur l’hygiène alimentaire
des enfants. Vous n’y trouverez aucun conseil sur la manière de se
brosser les dents afin d’éviter les caries. Ce n’est pas un traité sur la
psychologie de l’enfant, pas plus qu’un manuel d’éducation.
Ce livre est un outil pratique, basé sur l’observation de la
bouche, qui intéressera tous ceux qui souhaitent contribuer
efficacement au mieux-être de leur enfant et/ou comprendre celui
qu’ils ont été.
L’ouvrage ne prétend pas se substituer à un manuel de
psychologie. Il établit des liens entre l’éruption des dents et les
transformations physiques et psychologiques induites chez l’enfant.
Au moment de chaque éruption, la dent est une clé qui ouvre un
nouveau champ d’exploration et révèle de nouveaux besoins. Le
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DENT QUI POUSSE, DENT QUI PARLE
livre identifie chaque clé et en révèle l’impact sur le
développement psychomoteur de l’enfant. L’auteur suggère des
pistes, sans prétendre apporter des réponses définitives. Aux
parents de les trouver en s’informant (livres ou magazines de
psychologie, conseils, consultations auprès de spécialistes tels que :
pédiatre, pédopsychiatre, psychologue, etc.).
COMMENT LIRE CE LIVRE
Mise en bouche…
En tant qu’adulte, vous avez accompli la totalité du parcours
décrit dans ce livre. Vous êtes “sage”. Lire le chapitre consacré aux
dents de sagesse 2 vous donnera un bon aperçu de la finalité du
propos et vous permettra d’en accepter les modalités, même si leur
détail vous paraît parfois délicat à appliquer.
Fort du dernier chapitre, vous-même adulte dans l’âme,
verrez vos enfants sous un autre angle. Le conseil vaut pour une
personne qui lit ce livre dans son propre intérêt.
L’idéal ensuite est de lire l’ouvrage dans l’ordre. Le premier
chapitre présente le processus de mise en place des dents, de la
denture de lait à la denture adulte. Si vous souhaitez des réponses
pratiques concernant les dents de lait, reportez-vous à la fin du
premier chapitre.
Un livre à lire et à consulter à mesure de ses besoins
Pour utiliser la méthode, nous vous conseillons de lire :
o Le chapitre 2 afin de vous familiariser avec les dents
permanentes (types, numérotation, etc.)
o Dans le chapitre 3 les rubriques “jeu des acteurs” (axe
d’éruption), “état des acteurs” (atteintes) et les “conseils
aux parents”.
o Quelque soit la dent ou les dents à interpréter, reportezvous
en priorité au chapitre 4, consacré aux premières
molaires : elles sont les bases qui orientent l’interprétation
2
Spécialement : « le cycle se répète, un modèle récurrent », page 251.
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INTRODUCTION : COMPRENDRE SON LANGAGE PAR LE LANGAGE DES ENFANTS
de toutes les autres dents. Si vous ne souhaitez pas lire
entièrement le chapitre, un résumé vous est proposé (voir
page 77).
o Pour connaître la signification d’une dent en fonction de
son axe d’éruption et de ses atteintes, consultez la
rubrique “la dent raconte” à la fin de la présentation de
chaque dent.
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Première partie
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I
UNE BRÈVE HISTOIRE DES DENTS
Il était une fois les dents… Dans le théâtre de la bouche, elles
mettent en scène l’évolution de l’être comme une pièce en trois
actes : absence de dents, dents de lait, dents permanentes.
ACTE UN : LEVER DE RIDEAU SUR UNE SCÈNE VIDE
Le bébé naît dépourvu de dents. Dépendant de ses parents, il
s’alimente par le seul élément liquide. L’absence de dents va de
pair avec l’absence de langage. Vieillard ou nourrisson, la
personne édentée est incapable de prononcer des paroles
intelligibles. Le bébé n’émet que des sons inarticulés
(vagissements, cris, pleurs, gémissements etc.). Durant cette
période, il se trouve en fusion complète avec sa mère 3 .
ACTE DEUX : DENTURE TEMPORAIRE OU DE LAIT
Après la naissance, première séparation d’avec le corps de la
mère, vient le sevrage, deuxième séparation. L’éruption des dents
de lait, barrière symbolique et physique entre la mère et l’enfant,
marque le début du sevrage. Les premières poussées surviennent
vers l’âge de six mois. Le nourrisson n’est pas prêt à être sevré
avant : dans nos sociétés, le sevrage intervient trop tôt. Vécue
prématurément, l’étape induit chez l’enfant une angoisse qui sera
réactivée à chaque séparation ultérieure (en particulier au moment
de quitter le foyer parental).
3
L’absence de dent concrétise l’absence de limites.
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DENT QUI POUSSE, DENT QUI PARLE
Graduellement, l’enfant passe à une alimentation solide et
apprend à manger seul. La présence des dents indique qu’il est
prêt à cette transition. Au cours de la même période, il acquiert le
langage : les dents témoignent de sa capacité à parler. Elles
forment une caisse de résonance et offrent à la langue des points
d’appui qui permettent la production de sons articulés. Il apprend
peu à peu la station debout, puis la marche, activité exigeante
facilitée par la présence des dents de lait. Elles stabilisent les
mâchoires. Leur mise en place structure le développement crânien
et psychomoteur de l’enfant. Comme chez l’adulte,
l’engrènement* des dents de lait représente un point d’appui
nécessaire pour poser les pieds sur le sol. Un déséquilibre occlusal*
engendre à tout âge un problème postural (la discipline qui en
traite porte le nom d’occlusodontie).
L’enfant ébauche sa personnalité, même s’il reste en fusion.
La mise en place de la totalité de la denture de lait aux environs
de trente mois coïncide avec la crise du “non”. C’est le moment où
l’enfant dit “je” pour la première fois. Les dents de lait marquent
une première étape importante vers l’autonomie et une amorce
d’individualité.
Un prêt des parents
La denture de lait est un héritage, une sorte de prêt des
parents à l’enfant. Des béquilles. Elles n’appartiennent pas à
l’enfant. Il ne les a pas construites. Elles ne sont pas ses dents
comme le seront les dents permanentes. Elles lui servent de
support provisoire, le temps d’édifier sa propre structure. La forme
des dents de lait montre que l’enfant ne les “habite” pas. Peu
différenciées, elles sont petites, la plupart du temps bien alignées et
espacées, avec un émail clair. D’un enfant à l’autre, leur forme et
leur couleur varie peu, contrairement aux dents permanentes dont
la forme particulière reflète le caractère de chaque personne.
L’aspect standard des dents de lait indique que la conscience
individuelle de l’enfant n’est pas encore présente. Dans le théâtre
de la bouche, les véritables acteurs, les dents permanentes n’ont
pas fait leur entrée en scène. À la place, ils ont envoyé pour une
répétition générale leurs doublures, les dents de lait. Elles sont
éliminées une par une, à partir de l’âge de sept ans, au moment
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UNE BRÈVE HISTOIRE DES DENTS
où émerge la denture permanente, témoin de la véritable
personnalité.
Ainsi, avant l’éruption de la première dent permanente,
l’enfant fusionne avec ses parents. Il est leur prolongement
physique, émotionnel et mental. Il n’est pas différencié d’eux. Les
traits de caractère affirmés que les parents décèlent tôt chez lui
sont des reflets de leur propre personnalité. Des remarques comme
“il est entêté”, “il est capricieux”, “il est boudeur”, “il a déjà un
sacré caractère” décrivent le comportement des parents, exprimé
ou non ! L’enfant calque ses attitudes sur les leurs, en les faisant
passer à travers son propre filtre.
Denture de lait et mode d’apprentissage
Au cours des sept premières années de la vie, la conscience
individuelle de l’enfant demeure en sommeil. Lui enseigner des
préceptes et des règles morales ne sert à rien car il est trop jeune
pour les comprendre. Le seul moyen de les lui transmettre est de
les incarner soi-même. Il est important d’avoir conscience d’être le
modèle exclusif sur lequel l’enfant se moule. L’enfant est formé par
les parents, au sens littéral du terme. Honnêteté, droiture,
franchise, altruisme et autres qualités, il les apprend au contact de
l’adulte qu’il voit vivre. La clé pour lui donner les bases sur
lesquelles il construira son propre édifice est d’agir, non de dire.
L’enfant apprend par imitation. Semblable à une émulsion
photographique ultrasensible, il reproduit par mimétisme
l’exemple qu’il a sous les yeux. Ses parents représentent des dieux
tout puissants et parfaits. Il les vénère quoiqu’ils fassent. Il n’a
aucune notion du bien et du mal (son incapacité à reconnaître sa
droite de sa gauche illustre symboliquement ce fait). Pour lui, tous
les actes de papa et de maman représentent le bien. Il reproduit
leurs gestes, attitudes et autres modes réactionnels, qu’ils soient
physiques, émotionnels ou mentaux.
L’apprentissage par imitation lui permet d’engranger les
informations qui édifient ses bases. Sa construction intérieure
trouve son aboutissement lors de l’éruption des premières molaires
qui condensent l’apprentissage des sept premières années. La fin
de la mise en place de la denture de lait (aux environs de trois ans)
marque une transition importante dans le développement de
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DENT QUI POUSSE, DENT QUI PARLE
l’enfant. Avant trois ans, il a surtout besoin d’être materné, il est en
fusion totale avec ses parents, sa mère en particulier. Entre trois et
six ans, bien que toujours en fusion, il s’individualise davantage. Il
apprend à dire “je” et passe par la fameuse crise du “non”. Il
devient possible de lui inculquer des règles. Le père commence à
intervenir de manière plus importante.
Une fiche située en fin de chapitre (les dents de lait
racontent…) donne des clés d’interprétation des atteintes des dents
de lait 4 .
ACTE TROIS : PASSSAGE À LA DENTURE PERMANENTE
La phase d’apprentissage prend fin avec l’éruption des
premières dents permanentes aux environs de l’âge de sept ans.
Avec leur apparition débute une seconde période. Au cours
des douze années qui suivent, l’individu passe de l’état d’enfant à
celui d’adulte. L’un après l’autre, les véritables acteurs entrent en
scène. L’être est un metteur en scène rigoureux. L’ordre
d’apparition des dents, qui ne doit rien au hasard, est relié à leur
signification profonde. L’éruption de la première dent permanente
marque le début du processus de manifestation de la personnalité
latente. Chaque nouvelle dent qui sort est comme une pierre. Dent
par dent, pierre après pierre, la personnalité se structure, se
différencie, se dessine. Les dents sont les témoins visibles des
changements profonds qui s’opèrent, les marqueurs dynamiques
des nouveaux besoins qui apparaissent. Chaque éruption est un
palier. Dent après dent, l’enfant s’affirme. Il est important de voir
en lui un adulte en devenir.
La chute des dents de lait : un rite de passage
La chute de la première dent de lait est un événement dont la
puissance symbolique est comparable aux transformations de la
puberté. Le changement qui touche le corps de l’enfant matérialise
4
Note technique : La denture de lait, qui commence à se mettre en place vers l’âge de six
mois, est composée de vingt dents (soit douze de moins que la denture définitive). Elle
compte cinq types de dents : quatre incisives centrales et quatre latérales, quatre canines,
huit molaires. Incisives et canines sont remplacées par leurs homologues permanentes. Les
molaires de lait sont remplacées par les prémolaires permanentes. Par contre, les douze
molaires permanentes poussent en arrière des dents de lait et n’en remplacent aucune.
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