16.01.2015 Views

Le taureau est un symbole de virilité. - Cavalier bleu

Le taureau est un symbole de virilité. - Cavalier bleu

Le taureau est un symbole de virilité. - Cavalier bleu

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>de</strong> la tête, la corpulence et les cornes, mais pas d’ o r g a-<br />

nes génitaux. C’<strong>est</strong> bien plus tard qu’on tro u ve <strong>de</strong>s<br />

images ithyphalliques <strong>de</strong> l’ a n i m a l .<br />

<strong>Le</strong> pr<strong>est</strong>ige sexuel du <strong>taureau</strong> n’<strong>est</strong> pas antérieur au<br />

néolithique. Moins paradoxalement qu’il ne semble,<br />

ce symbolisme <strong>est</strong> dû au processus <strong>de</strong> dom<strong>est</strong>ication.<br />

Car dans le cas <strong>de</strong>s bovidés, il a impliqué la castration<br />

<strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong>s mâles. Il en résulte automatiquement<br />

<strong>un</strong>e concentration <strong>de</strong> la puissance génésique<br />

dans les quelques individus conservés entiers aux fins<br />

<strong>de</strong> re p roduction. Et il faut dire que ces taure a u x<br />

re p roducteurs ne faiblissent guère à la tâche… <strong>Le</strong>s<br />

chasseurs du paléolithique n’ a vaient auc<strong>un</strong>e raison <strong>de</strong><br />

s’ i n t é resser aux attributs génitaux <strong>de</strong> ces bêtes. Il s<br />

étaient séduits par la quantité <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> et soucieux<br />

du danger <strong>de</strong>s cornes. <strong>Le</strong>s éleveurs et les paysans du<br />

néolithique, eux, semblent avoir été fascinés par<br />

l’intarissable appétit <strong>de</strong>s mâles pour « la besogne » .<br />

Vigueur virile qui a été ensuite transférée aux <strong>taureau</strong>x<br />

paissant encore en liberté dans <strong>de</strong>s tro u p e a u x<br />

s a u vages. C’<strong>est</strong> ainsi que la <strong>virilité</strong> emblématique du<br />

t a u reau <strong>de</strong> combat repose sur la castration <strong>de</strong> ses<br />

cousins moins fort u n é s .<br />

Bien avant l’apparition <strong>de</strong> la corrida mo<strong>de</strong>rne, ce<br />

symbolisme sexuel du <strong>taureau</strong> apparaît dans les contes<br />

et les légen<strong>de</strong>s, l’iconographie et les rites. Ál va rez <strong>de</strong><br />

Miranda a rassemblé l’essentiel <strong>de</strong> ces témoignages<br />

dans le domaine hispanique. Il existe ainsi plusieurs<br />

versions du conte <strong>de</strong> l’Au r i c o rn e, le « t a u reau aux<br />

cornes d’ o r ». Déguisée en homme suite à dive r s e s<br />

péripéties, <strong>un</strong>e je<strong>un</strong>e fille <strong>est</strong> donnée en mariage à…<br />

<strong>un</strong>e autre je<strong>un</strong>e fille. Sur le point d’ ê t re démasquée,<br />

elle <strong>est</strong> sauvée par <strong>un</strong> <strong>taureau</strong> aux cornes d’or qui la<br />

transforme en beau je<strong>un</strong>e homme. Et ils eurent beaucoup<br />

d’enfants… Une version mexicaine <strong>est</strong> encore<br />

plus explicite : c’<strong>est</strong> en « t o r é a n t » l’animal magique<br />

que la damoiselle <strong>est</strong> l’objet <strong>de</strong> cette heureuse métamorphose.<br />

On peut aussi citer la mésave n t u re <strong>de</strong><br />

l’évêque At a u l f o. Faussement accusé <strong>de</strong> sodomie, il <strong>est</strong><br />

condamné à être mis en pièces par <strong>un</strong> <strong>taureau</strong> sauvage.<br />

Mais voilà que l’animal vient gentiment déposer<br />

ses cornes entre les mains <strong>de</strong> l’évêque, att<strong>est</strong>ant ainsi<br />

<strong>de</strong> sa <strong>virilité</strong>. Dans <strong>un</strong> cas comme dans l’ a u t re, le<br />

contact avec le <strong>taureau</strong> suffit pour transmettre la<br />

vigueur masculine (ou pour en pro u ver l’ e x i s t e n c e<br />

c h ez l’évêque injustement mis en cause). Mais toutes<br />

les femmes ne souhaitent pas, comme l’ i m p ru d e n t e<br />

h é roïne <strong>de</strong> l’Au r i c o rn e, <strong>un</strong> changement <strong>de</strong> sexe. La<br />

p l u p a rt se contentent, plus mod<strong>est</strong>ement, d’<strong>un</strong> époux<br />

capable <strong>de</strong> les engro s s e r. C’<strong>est</strong> pourquoi les dévo t e s<br />

stériles <strong>de</strong> No t re - Dame <strong>de</strong> Nuria ou <strong>de</strong> la Vierge <strong>de</strong> la<br />

Gl e va adressent leurs suppliques à <strong>un</strong>e figure <strong>de</strong><br />

Marie représentée en compagnie d’<strong>un</strong> taure a u : puisse<br />

la ve rtu fécondante <strong>de</strong> l’animal rehausser la va i l l a n c e<br />

<strong>de</strong>s conjoints défaillants !<br />

Mais c’<strong>est</strong> autour du rite du « t a u reau nuptial »,<br />

att<strong>est</strong>é en Espagne <strong>de</strong>puis le X I I I e siècle, que se<br />

c o n c e n t ren t tous ces éléments épars dans le folklore .<br />

Commanditées par le roi Alphonse X le Sage, les<br />

Cantigas <strong>de</strong> Santa Ma r í a contiennent <strong>de</strong> magnifiques<br />

e n l u m i n u res représentant <strong>un</strong> affrontement rituel<br />

e n t re le fiancé et le <strong>taureau</strong>. Aidé par <strong>un</strong> groupe <strong>de</strong><br />

je<strong>un</strong>es collaborateurs, le futur époux reçoit les assauts<br />

<strong>de</strong> l’animal dans sa cape et lui plante sur l’ é c h i n e<br />

armes <strong>de</strong> jet et bâtons pointus. Un siècle plus tard, sur<br />

<strong>un</strong>e peinture à la détrempe du monastère <strong>de</strong> Silos, on<br />

peut même voir la fiancée planter elle-même <strong>un</strong>e<br />

ban<strong>de</strong>rille sur le <strong>taureau</strong> qu’on a fini par attacher à la<br />

grille <strong>de</strong> sa fenêtre. Des scènes analogues se re t ro u ve n t<br />

dans le théâtre <strong>de</strong> Lope <strong>de</strong> Vega, en particulier dans la<br />

pièce Peribáñez y el Comendador <strong>de</strong> Oc a ñ a, récemment<br />

entrée au répert o i re <strong>de</strong> la Comédie-Fr a n ç a i s e<br />

74 75

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!