Sous les ponts de Montcy - Ville de Charleville-Mézières
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La reconstruction du pont <strong>de</strong> chemin<br />
<strong>de</strong> fer <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>-Saint-Pierre<br />
en 1919 (Coll. Ju<strong>les</strong> Demars)<br />
H istoire<br />
par Gérald<br />
Dardart<br />
<strong>Sous</strong> <strong>les</strong> <strong>ponts</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Montcy</strong><br />
même. Après la guerre, en 1949, une passerelle <strong>de</strong> type<br />
« Bailey » est mise en place par le Génie. Un nouveau pont<br />
est inauguré le 10 octobre 1969.<br />
Histoire <strong>de</strong>s <strong>ponts</strong> <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>-Saint-Pierre<br />
Aujourd’hui, <strong>les</strong> maisonnettes <strong>de</strong>s préposés aux<br />
péages, <strong>les</strong> câb<strong>les</strong> métalliques, <strong>les</strong> monumentaux<br />
pylônes <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> taille ont disparu, happés par <strong>de</strong><br />
nouvel<strong>les</strong> priorités. Sur d’autres <strong>ponts</strong>, au Moyen Âge,<br />
l’on installait boutiques et étals pour vendre vian<strong>de</strong> et<br />
harengs ! Drapeaux <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> l’Union européenne,<br />
pimpantes jardinières <strong>de</strong> géraniums et lampadaires<br />
électriques bouleversent la physionomie <strong>de</strong> nos <strong>ponts</strong><br />
sans en changer <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux fonctions primordia<strong>les</strong> :<br />
assurer <strong>les</strong> échanges et renforcer l’unité <strong>de</strong> notre ville.<br />
Gérald DARDART<br />
Dessin O. Gobé<br />
1<br />
2<br />
Supplément au journal<br />
“<strong>Charleville</strong>-Mézières magazine”<br />
N° 113 - octobre 2007<br />
Les <strong>de</strong>ux anciens <strong>ponts</strong> <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>, à péages jusque dans <strong>les</strong><br />
années 1890 et 1901, furent dynamités en août 1914. Celui entre<br />
<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>Montcy</strong> n’a curieusement pas été détruit par le Génie<br />
français lors <strong>de</strong> l’arrivée <strong>de</strong>s Allemands le 15 mai 1940…<br />
A gauche, remarquez la petite maison du préposé au péage (1)<br />
et la tannerie Laloyaux-Lacord (2) rasée en 1861.
Coll G.D.P.<br />
1<br />
De 1624 à 1688, un pont <strong>de</strong> pierre et fortifié relie<br />
<strong>Charleville</strong> à la cita<strong>de</strong>lle du Mont-Olympe. Ouvrage<br />
éphémère, rasé en 1686-1688 !<br />
Le 14 avril 1830, le conseil municipal <strong>de</strong> <strong>Charleville</strong><br />
déci<strong>de</strong> la construction d’un pont suspendu soumis à un<br />
péage entre la ville et <strong>Montcy</strong>-Saint-Pierre. C’est un choix<br />
pionnier puisque le tout premier pont suspendu par<br />
câb<strong>les</strong> est construit entre Tain et Tournon, sur le Rhône, en<br />
1824 ! Plusieurs emplacements sont proposés : <strong>les</strong> édi<strong>les</strong><br />
carolopolitains aimeraient voir l’ouvrage d’art s’ouvrir sur<br />
la place du Saint-Sépulcre (Pl. Jacques-Félix), le génie<br />
militaire quant à lui propose le site <strong>de</strong> la porte du Petit-<br />
Bois, d’autres, enfin, avancent l’endroit du bac du Petit-<br />
3<br />
Coll. Bibliothèque municipale <strong>de</strong> <strong>Charleville</strong>-Mézières<br />
Coll G.D.P.<br />
Les <strong>ponts</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>-Saint-Pierre :<br />
1 : en 1880<br />
2 : en 1910<br />
3 : en 1919<br />
Bois. Le 31 décembre 1831, le lieu du bac est retenu. Les<br />
frais <strong>de</strong> construction s’élèvent à 90.000 francs <strong>de</strong> l’époque<br />
et l’Etat accor<strong>de</strong> une subvention <strong>de</strong> 20.000 francs. Certains<br />
propriétaires, à l’instar <strong>de</strong> Démazy, engagent <strong>de</strong>s<br />
procédures contre la ville <strong>de</strong> <strong>Charleville</strong>. L’entrepreneur<br />
Mesmin-Laloyaux mène <strong>les</strong> travaux tout au long <strong>de</strong><br />
l’année 1833.<br />
Le pont suspendu emprunté<br />
par Rimbaud<br />
En 1833, <strong>les</strong> tarifs du péage sont ainsi fixés : une<br />
personne à pied, 5 centimes ; une personne conduisant<br />
2<br />
une brouette, 15 centimes ; une personne à cheval, 15<br />
centimes ; un âne, 5 centimes ; un bœuf, 10 centimes ;<br />
une voiture <strong>de</strong> poste à <strong>de</strong>ux ou quatre roues avec le<br />
conducteur et cinq chevaux, 2 francs… et <strong>les</strong> voyageurs<br />
paieront à part ! Sont exemptés du péage : le préfet « en<br />
tournée », <strong>les</strong> gendarmes, douaniers, militaires dans<br />
l’exercice <strong>de</strong> leur fonction… La concession du péage est<br />
accordée pour 55 années à partir <strong>de</strong> septembre 1833 à<br />
l’entreprise Mesmin-Laloyaux. Le même type <strong>de</strong> pont fut<br />
construit un peu plus tard, dans <strong>les</strong> années 1838-1840 :<br />
aux Deux-Vireux, à Monthermé, à Revin vers Fumay, à la<br />
Bouverie <strong>de</strong> Revin… Le drame d’Angers du 16 avril 1850<br />
remet en cause tous <strong>les</strong> <strong>ponts</strong> suspendus. En effet, ce<br />
jour-là, au passage d’un bataillon marchant au pas, un<br />
pont à haubans cè<strong>de</strong>, toute la troupe est précipitée et<br />
sombre dans <strong>les</strong> eaux <strong>de</strong> la Maine. L’on déplore 223 tués.<br />
La tragédie provoque la suspicion quant à la solidité <strong>de</strong>s<br />
<strong>ponts</strong> suspendus. L’on remet en cause la sécurité <strong>de</strong>s<br />
<strong>ponts</strong> à haubans, parfois soumis à <strong>de</strong> dangereuses<br />
oscillations. Le règlement militaire est revu et corrigé : la<br />
troupe <strong>de</strong>vra désormais rompre le pas lors <strong>de</strong> son passage<br />
sur un pont, mais l’on n’a pas pris le soin d’en préciser le<br />
type ! Toutefois, l’on construira encore <strong>de</strong>s <strong>ponts</strong><br />
suspendus dans <strong>les</strong> Ar<strong>de</strong>nnes : à Nouvion-sur-Meuse en<br />
1852, à Château-Regnault-Bogny en 1855 et au Mont-<br />
Olympe en 1933… Ce pont suspendu sera démonté en<br />
1890 pour être remplacé par un pont entièrement<br />
métallique. Le 25 août 1914, le pont saute. Les Allemands<br />
installent alors un pont <strong>de</strong> bateaux. Reconstruit après la<br />
Gran<strong>de</strong> Guerre, le nouveau pont n’est dynamité par le<br />
génie que le 15 mai 1940, à l’instar <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> Lumes et<br />
Mézières, pour permettre l’évacuation <strong>de</strong> la « tête <strong>de</strong><br />
pont » du 148 e R.I.F. se tenant sur la rive droite.<br />
La passerelle <strong>de</strong>s Deux-<strong>Montcy</strong> emportée<br />
par <strong>les</strong> glaces mosanes<br />
Le premier pont est construit en 1871. Jusqu’à cette<br />
date, <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>-Notre-Dame doivent<br />
emprunter le Chemin sous <strong>les</strong> Roches afin <strong>de</strong> rejoindre<br />
<strong>Charleville</strong> ou bien la barque d’un passeur d’eau, encore<br />
appelée le bac. En pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crue, il fallait faire le grand<br />
tour par la Culbute et Belair. Le conseil municipal <strong>de</strong><br />
<strong>Montcy</strong>-Notre-Dame déci<strong>de</strong> la construction du premier<br />
pont lors <strong>de</strong> sa délibération du 5 novembre 1865. Le<br />
décret impérial du 10 août 1868 reconnaît l’entreprise<br />
d’utilité publique. Les travaux sont estimés à 95.000 francs<br />
<strong>de</strong> l’époque, dont 25.000 F seront versés par <strong>Montcy</strong>,<br />
20.000 par l’Etat et 50.000 par l’adjudicataire qui, pour<br />
être in<strong>de</strong>mnisé <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> construction et<br />
d’entretien, sera autorisé à percevoir un droit <strong>de</strong> péage<br />
pendant 50 ans. Dans ces conditions, aucun adjudicataire<br />
ne se présente. Et <strong>Montcy</strong>-Notre-Dame sollicite alors la<br />
concession du droit <strong>de</strong> péage qui lui est accordée pour<br />
une durée <strong>de</strong> 45 ans. La commune assume directement<br />
40.000 F <strong>de</strong> travaux, s’en<strong>de</strong>tte à hauteur <strong>de</strong> 35.000 F<br />
auprès <strong>de</strong> la Caisse <strong>de</strong>s chemins vicinaux (remboursab<strong>les</strong><br />
sur 35 ans), et 20.000 F sont toujours assumés par l’Etat.<br />
Le chantier cesse au moment <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1870-1871.<br />
Le 1 er février 1872, le pont est ouvert à la circulation. Le<br />
péage est très complexe : une personne et un far<strong>de</strong>au <strong>de</strong><br />
moins <strong>de</strong> 30 kg paie un sou, l’on doit pour le passage d’un<br />
porc ou d’un veau, 1 sou ; une personne et une brouette<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 30 kg, 2 sous ; une vache, 2 sous ; un cheval<br />
ou un mulet, avec son cavalier, 3 sous... Le péage rapporte<br />
à la commune entre 5.000 et 6.000 F par an.<br />
Dès 1889, un dispositif <strong>de</strong> mines est installé afin <strong>de</strong><br />
détruire le pont en cas d’invasion. Le péage est<br />
totalement supprimé un 1 er avril 1901. Le 25 août 1914,<br />
le Génie français fait sauter le pont <strong>de</strong>s Deux-<strong>Montcy</strong>. Une<br />
passerelle provisoire est bâtie durant la Gran<strong>de</strong> Guerre<br />
souvent mise à mal durant <strong>les</strong> crues. En mars 1922, le<br />
pont <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong> ne fait pas partie <strong>de</strong> la liste <strong>de</strong>s <strong>ponts</strong> à<br />
reconstruire dans le département, liste établie par <strong>les</strong><br />
Ponts et Chaussées. Cependant, le pont entre <strong>Montcy</strong>-<br />
Saint-Pierre et <strong>Charleville</strong> est reconstruit en juillet 1922. En<br />
mars 1923, la passerelle <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong> étant toujours<br />
impraticable, le maire, Eugène Moreaux, met en place un<br />
service d’autobus entre la place <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>-Notre-Dame et<br />
le pont métallique <strong>de</strong> <strong>Charleville</strong>. Le coût du voyage allerretour<br />
s’élève à 25 centimes. Le 30 octobre, la nouvelle<br />
passerelle est ouverte à la circulation <strong>de</strong>s piétons et<br />
véhicu<strong>les</strong> <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 tonnes. La compagnie du 7 e<br />
régiment du Génie termine la construction <strong>de</strong> la nouvelle<br />
passerelle début novembre 1923 et reçoit l’ordre <strong>de</strong><br />
rejoindre Avignon. Le 3 novembre 1924, le pont <strong>de</strong> bois<br />
provisoire est emporté lui aussi par la montée <strong>de</strong>s eaux.<br />
Entre décembre 1924 et mars 1925, un pont « Pigeaud »<br />
est lancé. En 1928, on y réinstalle la canalisation d’eau<br />
potable, coupée <strong>de</strong>puis 1914 ! A la suite d’une série <strong>de</strong><br />
passerel<strong>les</strong> provisoires, le pont est reconstruit en 1931. Le<br />
22 décembre 1935, le conseil municipal <strong>de</strong> <strong>Montcy</strong>-Notre-<br />
Dame se plaint <strong>de</strong> l’état d’inachèvement du nouveau pont.<br />
Sans intérêt stratégique, il ne saute pas le 12 mai 1940.<br />
Mais en août 1944, <strong>les</strong> Allemands le détruisent quand