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Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 66 – Décembre 2009 INTRODUCTION Au Bénin, le secteur agricole contribue à environ 37,31 % du PIB (INSAE, 2000). L’économie béninoise étant basée sur l’agriculture, le développement du pays passe alors par une meilleure performance des sous secteurs déterminant le secteur agricole (la production végétale et animale). En effet, l’effectif du cheptel bovin du Bénin est estimé en 2004 à 1.826.300 têtes et ne permet pas la couverture complète des besoins en lait et en viande de bœuf. Dans ce sous-secteur, la non maîtrise des techniques d’élevage, l’inexistence quasi-totale des mesures prophylactiques, le climat favorable à la pullulation de germes pathogènes, le fourrage rare et de mauvaise qualité etc. rendent les animaux non seulement peu productifs mais augmentent la mortalité et la mortinatalité surtout pendant les périodes critiques de l’année. Les conséquences de cette situation sont multiples. D’une part, les éleveurs enregistrent des manques à gagner énormes et d’autre part, le pays se voit contraint d’importer des quantités importantes de produits carnés et laitiers entravant de facto le développement du pays. La plupart des pays en développement sont caractérisés par les phénomènes de dégradation continue des sols sous la pression démographique sans cesse croissante. Ainsi, le maintien du système agropastoral au sein de l’exploitation se trouve heurté au désir des producteurs d’étendre les superficies cultivées. Cela a entraîné la réduction des aires de parcours naturels et surtout leur dégradation, rendant ainsi critique les conditions d’alimentation des ruminants pendant la saison sèche (Zoundi, 2003). Au Bénin, le Département du Mono n’échappe pas à cette triste réalité qui a été identifiée comme contrainte majeure par les éleveurs de ruminants (bovin, ovin et caprin) lors des assises du Comité Régional de Recherche-Développement (CRRD) Sud et Centre du Bénin en 2006. En dépit de cette sollicitation intense par les ruminants locaux, les pâturages naturels du Mono reçoivent chaque année, principalement dans les communes d’Athiémé et de Houéyogbé, des milliers de têtes de bovins en provenance d’autres départements du Bénin ou des pays limitrophes. Les statistiques du Centre Régional de Promotion Agricole (CeRPA) du Mono-Couffo (ex Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural : CARDER) indiquent que le Département du Mono reçoit parfois jusqu’à 20.000 têtes de bovins transhumants, ce qui représente dix fois le cheptel local. Les phénomènes de piétinement et de surpâturage provoqués par les charges excessives en troupeaux transhumants ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. Cette situation de forte pression sur les pâturages naturels des communes d’Athiémé et de Houéyogbé est de plus en plus exacerbée par la création de nouvelles fermes d’élevages de ruminants domestiques (bovin, ovin et caprin), conséquence de la déception engendrée par l’élevage des porcins et des volailles et des menaces quasi permanentes des affections aux conséquences socio-économiques très graves telles que la Peste Porcine Africaine et la Grippe aviaire. Egalement, l’installation sur la Ferme d’Elevage de Kpinnou, dans la commune, d’un noyau de bovins laitiers importés du Brésil suscite beaucoup d’espoir chez les éleveurs riverains. Il est donc indispensable de soutenir les éleveurs dans la volonté d’investir dans des élevages à moindre risque sanitaire que sont aujourd’hui les bovins, les ovins et les caprins. Mais avant tout la promotion de l’exploitation durable des pâturages dans un contexte global de développement, doit se faire sur une base scientifique ; ce qui nécessite de disposer des données scientifiques fiables sur les caractéristiques des pâturages (productivité, capacité de charge et valeur pastorale), sur leur fonctionnement et sur les modes d’exploitations. MATERIEL ET METHODES Milieu d’étude L’étude est faite dans la commune d’Athiémé ayant une superficie de 238 km 2 du Département du Mono (figure 1). Le Département du Mono est situé au Sud-Ouest de la République du Bénin et couvre une superficie de 2.220 km 2 soit 2% du territoire national. Le Département du Mono est compris entre 6°15 et 6°45 de latitude Nord et 1°35 et 2°10 de longitude Est. Le climat est de type subéquatorial avec une succession de quatre saisons, une pluviométrie variant entre 800 mm et 1.200 mm, une température pouvant atteindre 27,9 °C, une humidité relative variant entre 55 et 85% et une insolation annuelle moyenne de 2.024 heures. Description des systèmes d’élevage bovins et évaluation des modes d’exploitation des parcours Le recensement systématique du cheptel bovin de la zone a été réalisé à l’aide d’un questionnaire d’enquête. Des enquêtes sont faites auprès des différents groupes ciblés : agro-éleveurs, propriétaires d’animaux, éleveurs, autorités villageoises, etc. Des troupeaux de bovins sont suivis de façon périodique pendant des journées entières. Ce qui a permis d’affiner les informations sur: le 14
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 66 – Décembre 2009 mode de conduite des animaux, les différentes formations végétales parcourues (figure 1), la durée de pâture, les parcours exploités, la disponibilité du pâturage, etc. Figure 1. Relevés phytosociologiques Carte de végétation de la Commune d’Athiémé L’inventaire des pâturages naturels dans la zone est fait par l’aide des guides qui détiennent les informations sur les mouvements des pasteurs dans la zone. Les relevés phytosociologiques effectués, au pic de biomasse (octobre), suivant la méthode stigmatiste de Braun Blanquet (1932) dans différents sites retenus ont permis d’établir la typologie des différentes formations pâturées. Ces relevés sont réalisés dans les formations végétales jugées floristiquement homogènes. L’aire de relevé adoptée est de 10 m x 10 m pour la strate herbacée. Les données collectées au niveau de chaque relevé ont été les suivants : localité ; numéro de relevé ; coordonnées géographiques ; type de formation végétale ; le recouvrement moyen (RM) ; type de sol ; texture du sol ; la liste floristique avec coefficient d’abondance-dominance. L’échelle d’abondance-dominance utilisée est celle de Braun Blanquet (1932) à savoir : 5 : espèce recouvrant 75 à 100% de la surface du relevé, soit RM = 87,5% 4 : espèce recouvrant 50 à 75% de la surface du relevé, soit RM = 62,5% 3 : espèce recouvrant 25 à 50% de la surface du relevé, soit RM = 37,5% 2 : espèce recouvrant 5 à 25% de la surface du relevé, soit RM = 15% 1 : espèce recouvrant 1 à 5% de la surface du relevé, soit RM = 3% + : espèce recouvrant moins de 1% de la surface du relevé, soit RM = 0,5%, avec RM = Recouvrement Moyen L’individualisation des différents groupements végétaux a été réalisée avec les logiciels CANOCO for Windows 4.5 et Two Way Indicators Species ANalysis (TWINSPAN). L’ordination des placeaux de relevés dans les plans factoriels est faite à l’aide de la Detrented Correspondence Analysis (DCA) du logiciel CANOCO for Windows 4.5. La DCA est une forme améliorée de l’Analyse Factorielle des Correspondance (AFC), méthode qui permet l’ordination dans un espace réduit du nuage constitué par les r relevés (objets) et de celui des n espèces (variables). Quant au TWINSPAN, il a permis la classification des relevés en des groupements végétaux élémentaires. 15
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