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Bulletin <strong>de</strong> la Recherche Agronomique du Bénin Numéro 66 – Décembre 2009<br />
la production piscicole <strong>de</strong> poissons, la création <strong>de</strong> petites et moyennes entreprises piscicoles s’impose<br />
par <strong>de</strong>s pêcheurs, <strong>de</strong>s citadins et <strong>de</strong>s volontaires qui veulent réellement s’y investir.<br />
Par ailleurs, la pisciculture voire l’aquaculture doit être intégrée à l’élevage <strong>de</strong>s porcs, à l’aviculture, à<br />
la vermiculture, à la lombriculture et à l’agriculture comme la riziculture, afin d’ab<strong>ou</strong>tir et d’instaurer la<br />
vraie et viable pratique <strong>de</strong> l’agro-pisciculture et du complexe d’élevage poly espèce indispensable à la<br />
diversification agricole et au maintien <strong>de</strong> l’équilibre agro-sylvo-pastoral. En s’intégrant aux spécificités<br />
<strong>de</strong> chaque système <strong>de</strong> production agricole, l’aquaculture est à même d’être appropriée par ses<br />
acteurs et opérateurs stratégiques comme les pêcheurs, pisciculteurs et autres producteurs.<br />
T<strong>ou</strong>tefois, cet avantage est aussi un inconvénient car il faut du temps p<strong>ou</strong>r introduire une activité<br />
n<strong>ou</strong>velle <strong>ou</strong> une innovation technologique au sein d’une structure existante et ce sans la perturber. La<br />
pisciculture n’est pas une filière d’élevage industrielle p<strong>ou</strong>vant être décidée <strong>de</strong> développer à partir <strong>de</strong><br />
rien. Quelques tentatives dans ce sens ont rencontré <strong>de</strong> sérieux problèmes au Bénin avec l’échec du<br />
projet <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la pisciculture à petite échelle conduite par la Direction <strong>de</strong>s Pêches.<br />
Serait-il encore trop tôt <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> intégrée aux étangs clé en main Le poisson<br />
d’élevage industriel n’est pas encore compétitif face au poisson pêché. Néanmoins, cela ne veut pas<br />
dire que ce type <strong>de</strong> pisciculture est v<strong>ou</strong>é à l’échec. Malgré les difficultés enregistrées jusqu’à présent,<br />
il n’est pas exclu qu’elle tr<strong>ou</strong>ve bientôt sa place. Pendant que la recherche scientifique voire agricole<br />
se montre encore sceptique, <strong>de</strong>s entreprises privées préparent l’avènement <strong>de</strong> la pisciculture<br />
industrielle. Certes, malgré <strong>de</strong> l<strong>ou</strong>rds investissements p<strong>ou</strong>r peu <strong>de</strong> résultats, les entrepreneurs privés<br />
sont convaincus et pensent que cela finira par se développer car c’est un investissement à rentabilité<br />
à long terme. La même situation s’est présentée dans t<strong>ou</strong>s les domaines du développement du<br />
mon<strong>de</strong> et ce n’est guère le Bénin dont l’économie est basée sur l’agriculture qui doit faire exception à<br />
cette règle universelle.<br />
Présentation du système traditionnel d’aquaculture<br />
Les acadjas<br />
Les acadjas sont une <strong>de</strong>s formes traditionnelles d’aquaculture à faible contenu technologique<br />
pratiquées dans les eaux intérieures et saumâtres (Welcomme 1972 ; Pliya, 1980). Au Bénin, dans les<br />
eaux intérieures du lac Nok<strong>ou</strong>é, les pêcheurs construisent avec <strong>de</strong>s branchages, <strong>de</strong>s clôtures ron<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> quelques dizaines à quelques centaines <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong> diamètre. A l’intérieur <strong>de</strong> ces enclos, les<br />
pêcheurs continentaux enf<strong>ou</strong>issent <strong>de</strong>s matières végétales, feuilles, branches, etc. Les poissons<br />
viennent nombreux dans ces pièges, sortes <strong>de</strong> gigantesque nasse où ils ont le gîte et le c<strong>ou</strong>vert. Les<br />
branchages offrent un lieu idéal <strong>de</strong> reproduction et <strong>de</strong> ponte car ils permettent aux poissons <strong>de</strong> se<br />
cacher. Les matières végétales, en se décomposant, <strong>de</strong>viennent une s<strong>ou</strong>rce <strong>de</strong> n<strong>ou</strong>rriture. La récolte<br />
se fait une à <strong>de</strong>ux fois par an. Sans d<strong>ou</strong>te que ces pêcheurs du lac Nok<strong>ou</strong>é ne savent pas qu’ils sont<br />
pratiquement les seuls <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>t le contient africain, à être porteurs d’une tradition <strong>de</strong> pisciculture. Les<br />
acadjas du Bénin constituent l’activité proche <strong>de</strong> la pisciculture la plus spectaculaire p<strong>ou</strong>vant être<br />
tr<strong>ou</strong>vée dans un tel contexte. Certes, à travers le mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> nombreux pêcheurs existent bien sûr,<br />
utilisant <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s variées p<strong>ou</strong>r pêcher <strong>de</strong>s poissons. P<strong>ou</strong>rtant, celle <strong>de</strong>s «acadja» reste originale<br />
p<strong>ou</strong>r le Bénin comme une métho<strong>de</strong> exceptionnelle et géniale <strong>de</strong> pisciculture.<br />
T<strong>ou</strong>t au plus, la meilleure activité <strong>de</strong> pêche peut-elle atteindre quelques centaines <strong>de</strong> kilogrammes par<br />
hectare et par an et, plus généralement quelques dizaines <strong>de</strong> kilogrammes par hectare et par an.<br />
T<strong>ou</strong>tefois, c’est en tonnes que se chiffre la production <strong>de</strong> pisciculture aux «acadjas». Néanmoins, la<br />
pratique <strong>de</strong> cette activité n’est pas sans difficulté au sein <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> pêcheurs (Welcomme,<br />
1971). Par exemple, sur le lac Ahémé, la première s<strong>ou</strong>rce <strong>de</strong> conflits a été les «acadjas» installés en<br />
1957 par l’Administration coloniale chargée <strong>de</strong> la pêche sur ledit lac. En effet, l’administration v<strong>ou</strong>lait<br />
constituer <strong>de</strong>s frayères p<strong>ou</strong>r les poissons et augmenter ainsi le stock <strong>de</strong> poissons. Cependant, les<br />
résultats furent incontestables et il y eut alors l’avènement <strong>de</strong>s «acadjas» collectifs en 1962 qui<br />
<strong>de</strong>vaient être une réponse à un mot d’ordre du g<strong>ou</strong>vernement p<strong>ou</strong>r enc<strong>ou</strong>rager la reconversion <strong>de</strong>s<br />
agriculteurs vers la pêche. Les «acadjas» collectifs ont eu <strong>de</strong> succès mais les vols successifs ont fini<br />
par enc<strong>ou</strong>rager l’installation <strong>de</strong>s parcs à branchage individuels. A partir <strong>de</strong> ce moment, le lac a été pris<br />
d’assaut, non seulement par les pêcheurs, mais aussi par les fonctionnaires qui finançaient<br />
l’installation. Cette situation a entraîné la révolte <strong>de</strong> certains pêcheurs mécontents. Car l’acadja<br />
représente un moyen <strong>de</strong> s’approprier un espace sur le lac et dès qu’un pêcheur s’installe, l’espace<br />
ainsi occupé <strong>de</strong>vient sa propriété. Par conséquent, le pêcheur y veille et n’accepte pas que d’autres<br />
pêcheurs viennent exercer l’activité <strong>de</strong> pêche dans les environs immédiats. Les pêcheurs et les<br />
personnes <strong>externe</strong>s disposant <strong>de</strong> moyens financiers plus importants, se sont alors appropriés <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s superficies sans se s<strong>ou</strong>cier <strong>de</strong>s petits pêcheurs qui ne sont plus autorisés à pêcher librement<br />
sur le plan d’eau. Cette discrimination a occasionné <strong>de</strong> vives tensions et déclenché <strong>de</strong>s altercations<br />
entre les pêcheurs. Le g<strong>ou</strong>vernement en 1970 a alors décidé l’enlèvement <strong>de</strong>s «acadjas» avec l’appui<br />
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