Berlina - Isophon

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ALLEMAGNE
FICHE
TECHNIQUE
Origine :
Allemagne
Prix :
24000 euros
(céramique),
30000 euros
(diamant)
Dimensions :
1220 x 230 x 460 mm
Poids : 52 kg
Rendement : n.c.
Impédance : 4 ohms
Bande passante : n.c.
Puissance
admissible : 290 W
(510 W transitoires)
Nouvelle venue chez Isophon, la Berlina RC7 se
hisse au sommet du catalogue du constructeur
allemand. Elle adopte une technique spécifique
d’assemblage de l’ébénisterie associée à une
mise au point très méticuleuse. Nous étions
tombés sous le charme de la Vescova, la Berlina
saura-t-elle nous envoûter?
Cette nouvelle enceinte vient se placer aux côtés du vaisseau
amiral du constructeur qui n’a a priori rien laissé au
hasard dans sa conception et sa réalisation, la Tofana.
Déclinaison plus abordable de cette dernière, la Berlina reprend
la majorité des choix technologiques appliqués au très haut de
gamme Isophon. Une des différences fondamentales entre ces
deux reproducteurs sonores se concentre dans la fabrication de
l’ébénisterie, séparée entre grave et médium aigu sur la Tofana,
contre unique mais remarquablement conçue et peut-être plus
désirable (affaire de goût…) pour la Berlina, baptisée en réalité
Berlina RC7 – nous verrons pourquoi par la suite.
La construction de l’ébénisterie
La Berlina RC7 est une colonne 3 voies équipée de 5 haut-parleurs
dont 3 pour le registre de grave. L’allure de l’ébénisterie au
profil galbé et fuyant en étrave de navire rappelle quelques
modèles concurrents dont notamment la B&W de ce dossier.
Cette technique permet de supprimer tout parallélisme entre
parois et d’éviter les problèmes d’ondes stationnaires et de résonances
internes. Cependant, là où le fabricant anglais travaille le
multiplis en feuilles collées et formées sous contrainte, Isophon a
choisi l’option des plaques de bois empilées les unes sur les
autres. Une vue en coupe de la structure montre que chaque
plaque, d’une épaisseur de 41 mm, prend la forme d’un U à la
manière de deux côtes de la cage thoracique, d’où le suffixe RC7
qu’on peut traduire en anglais par Rib Construction (rib signifiant
côte). Par ailleurs, le chiffre 7 indique qu’il y a 7 renforts internes
disposés horizontalement. Tous ces renforts épousent la forme
de l’enceinte ; deux sont fermés et servent à isoler la charge de
grave du filtre installé au pied de l’enceinte et du compartiment
médium aigu. Les 5 autres « ribs » sont partiellement ouverts et
rigidifient la colonne aux endroits névralgiques soumis aux plus
fortes pressions internes. La face avant, d’une épaisseur de
30 mm, supporte les 5 transducteurs recouverts d’une grille de
protection. Aucun cache n’est livré avec les enceintes.
L’ensemble repose sur quatre pieds solidaires de l’enceinte. Ils
sont équipés d’une pointe réglable en hauteur par une molette
cannelée dont la tranche dépasse légèrement de la paroi.
Isophon Berlina

RC7

CONSEILS
D’UTILISATION
Préférer un ampli bien
tendu dans le bas du
spectre (facteur
d’amortissement plutôt
élevé) pour éviter un
grave baveux. Vu le
niveau
de transparence du
médium aigu, il faudra
bannir tout élément
à tendance claire
ou agressive.
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ALLEMAGNE
Céramique avec option diamant
Isophon a fait confiance au constructeur allemand de haut-parleurs
Accuton, expert en membranes céramique et en dômes diamant.
La Berlina RC7 reçoit trois unités de grave de 17 cm de diamètre,
un transducteur de médium de 17 cm lui aussi et un tweeter à
dôme, qu’on pourra choisir en céramique de 25 mm, comme les
exemplaires testés, ou en diamant de 20 mm moyennant un substantiel
supplément. Le volume de grave est accordé en bass reflex
avec deux évents d’accord débouchant sous l’enceinte. Chaque
boomer reçoit une membrane en céramique en forme de dôme
inversé avec une bobine de 55 mm de diamètre. Elle est suspendue
par un demi-rouleau souple et mue par un circuit magnétique au
néodyme. Le saladier en alliage injecté dégage parfaitement
l’arrière de la membrane grâce à des branches très fines. Les trois
boomers opèrent dans une charge de grave de type « symetrical
triple bass reflex system» du 12 e ordre. Une vue en coupe montre
que les haut-parleurs sont disposés symétriquement sur la hauteur
de la charge et que les deux renforts internes de cette charge divisent
celle-ci en trois volumes identiques et communiquant. Le
médium est traité par une unité équipée d’une membrane en céramique.
Pour rappel, la rigidité exceptionnelle de ce matériau et son
amortissement amélioré par deux cavités en périphérie (points
noirs) garantissent des taux de distorsion étonnamment faibles sur
la bande de fréquences reproduites. La bobine de 55 mm de diamètre
sur support en titane se meut dans un entrefer où règne un
champ magnétique généré par un énorme aimant néodyme de 12
cm de diamètre. Le transducteur est installé dans une charge close
de faible volume qui reçoit trois renforts destinés à juguler toute
intermodulation mécanique avec l’ébénisterie. Le haut du spectre
est confié à un tweeter à dôme céramique positionné juste au-dessus
du médium. Le dôme inversé est pourvu lui aussi de deux
petites pastilles amortissantes qui reculent la première résonance
de membrane vers 37 kHz. Le support en aluminium de la bobine
courte est ventilé afin d’évacuer les calories excédentaires, assisté
dans cette fonction par du ferrofluide dans l’entrefer. Le filtrage a été
optimisé pour l’utilisation de membranes en céramique. Ce matériau
montre ses premiers signes de faiblesse (fractionnement, résonance)
à haute fréquence, hors de la bande audible. Néanmoins, il
est nécessaire d’utiliser des cellules de filtrage à pentes raides si
l’on veut éviter toute manifestation néfaste de ces phénomènes
même de faible amplitude. Isophon a donc opté pour des pentes à
plus de 50 dB par octave à 180 et 3200 Hz, ce qui permet de réduire
considérablement la distorsion de chaque transducteur dans sa
zone fréquentielle de travail. En ce qui concerne les composants, le
constructeur n’a fait appel qu’à des selfs, des résistances et des
condensateurs Mundorf dont on connaît les très grandes vertus
musicales. L’ensemble du filtrage est câblé sur un circuit imprimé
Tous les haut-parleurs ont
une membrane en céramique
protégée par une grille.
Le dôme du tweeter et celui
inversé du médium reçoivent
des « points noirs » afin
d’améliorer l’amortissement
des membranes.

Isophon Berlina RC7
placé sous l’enceinte et visible grâce à l’utilisation d’une très
épaisse plaque de fermeture en Altuglas. Les liaisons internes sont
effectuées avec du câble en cuivre Clearwater (multibrins isolés et
torsadés). Le bornier de liaison est placé au bas à l’arrière de la Berlina.
Il est doté de deux paires de fiches haut-parleurs WBT dorées
et isolées, et d’un sélecteur de sensibilité pour le grave appelé
Dynamic Bass Control. Trois réglages possibles entre -1,5, 0, +1,5
dB et un point commun par le biais de 4 fiches banane et d’un cavalier
à positionner.
Compte rendu de l’écoute
Timbres : Nous disposions d’enceintes neuves non rôdées. Nous
avons lancé quelques pistes pour le réglage du positionnement
(pincement vers le point d’écoute) et du niveau de grave (réglage
sur -1,5 dB). Tout juste déballées et raccordées à notre système
repère, les Berlina brillent déjà par une superbe justesse de
timbres et une diffusion harmonique absolument goûteuse, certainement
la plus aboutie, la plus documentée, la plus savoureuse de
ce dossier. On imagine ce qu’elles seront capables de faire quand
elles auront chanté quelques centaines d’heures… Rien ne
semble échapper à ces allemandes dès qu’il s’agit de reproduire
une partition avec tous les bruits et sons parallèles (ambiances,
réverbérations). Les qualités de la céramique et l’absence de toute
vibration de la part de l’ébénisterie jouent un rôle prépondérant sur
la très large variété tonale et le grand naturel proposés par les Berlina.
Le registre de grave est abondant mais toujours sous contrôle,
sans rondeur ni tonique désagréables. Il paraît descendre très bas
subjectivement.
Dynamique : Les haut-parleurs à membrane en céramique ont
reçu un accueil mitigé quand ils ont débarqué sur le marché il y a
quelques années déjà, la faute à quelques constructeurs
d’enceintes plus avides de succès que de vérité sonore. Ils ont
bien entendu évolué depuis mais, mal employés, ils peuvent
encore décevoir. C’est ce qui a notamment poussé Isophon à étudier
un filtrage très spécifique pour les Berlina. Du coup, les balbutiements
du début de la céramique ne sont plus qu’un lointain
souvenir. Hormis la sensibilité qui reste moyenne et dans la
moyenne du marché, si on pousse le volume, nous vous prions de
croire que ça tape fort, juste, avec une articulation permanente.
Les attaques démarrent très rapidement et ne semblent donner
aucun signe de faiblesse en amplitude, ni même une once de distorsion
audible. Il faut vraiment atteindre le talonnement des hautparleurs
pour entendre des choses anormales. Quant à la
microdynamique, elle est magnifiée par les capacités d’analyse et
de haute résolution de tous ces transducteurs. Mention spéciale au
médium et au tweeter, absolument remarquables de filé, de
matière et de haute définition. À noter que le tweeter céramique
Accuton est de nouvelle génération et qu’il s’approche de plus en
plus des performances musicales du diamant…
Scène sonore : Quel que soit le genre musical, tout semble sonner
de manière absolument plausible. Les chœurs (Requiem de Mozart
par Harnoncourt) se positionnent très précisément au centre de
l’orchestre, légèrement en avant, et l’on arrive facilement à distinguer
les choristes les uns des autres. La restitution est très aérée,
l’étagement des plans sonores d’avant en arrière est parfaitement
millimétré, ce qui donne soudainement à l’écoute un réalisme étonnant.
L’impression d’y être est également entière dès que Glenn
Gould attaque son interprétation de la Sonate n° 6 de Haydn. Le
piano est installé légèrement sur la droite dans le studio
d’enregistrement, le pianiste vit la partition légèrement sur la
gauche et on l’entend parfaitement murmurer pendant ses variations
au clavier.
Transparence : Nous avons apprécié la grande aisance de restitution
des Berlina dans à peu près toutes les circonstances, à bas
comme à fort niveau sonore et avec tous les genres musicaux. La
lisibilité n’est jamais prise en défaut, ça sonne vraiment juste. Il faudra
rester vigilant en ce qui concerne le réglage du niveau de grave,
car celui-ci montre une certaine facilité à s’épancher. Rien de
gênant, mais ce sera au détriment de l’équilibre qui se retrouvera
alors creusé dans le bas médium. Une fois correctement positionnées
dans la pièce, les Berlina déversent un flot musical d’une
grande neutralité sur toute la bande audible.
Verdict : Les Isophon Berlina se montrent extrêmement séduisantes
à l’écoute. Elles disposent d’atouts techniques imparables
(superbes haut-parleurs, ébénisterie unique, mise au point poussée)
qui démontrent qu’un produit bien pensé et réalisé avec les
bons ingrédients ne peut donner que de bons résultats à l’écoute.
Musicales, spontanées, neutres sont trois des qualificatifs qui décrivent
le mieux ces colonnes, dont le prix certes élevé confirme que
la fin justifie les moyens.