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- Ces météorites, c’est ce que nous appelons des étoi<strong>le</strong>s filantes S’informa Lucrèce<br />

Nemrod.<br />

Le Pr Sanderson approuva. Beaucoup se désintègrent en pénétrant dans<br />

l’atmosphère, ce qui donne cette impression d’étoi<strong>le</strong> en mouvement.<br />

Il estimait à trois mil<strong>le</strong> en moyenne <strong>le</strong> nombre d’objets extraterrestres tombant chaque<br />

jour sur la terre. Mais certaines météorites sont encore assez consistantes à <strong>le</strong>ur arrivée<br />

pour contenir de l’air et donc des microbes, des bactéries, des virus.<br />

D’un sarcophage de verre, l’astronome dégagea un caillou sombre, comme passé au<br />

chalumeau, qu’il plaça sous un microscope avant d’inviter <strong>le</strong>s journalistes à l’observer. Il<br />

désigna de minuscu<strong>le</strong>s symbo<strong>le</strong>s de quelques micromètres, certains ronds, d’autres en<br />

forme de ver.<br />

Pour lui, aucun doute. Les météorites ont fécondé l’univers. Une première a amené la<br />

vie sur terre, une seconde un virus qui a fait disparaître <strong>le</strong>s dinosaures, une troisième un<br />

autre virus encore, celui qui a fait muter <strong>le</strong>s primates en <strong>le</strong>ur inoculant cette étrange<br />

maladie : l’humanité.<br />

Sanderson reconnut qu’il n’était pas <strong>le</strong> premier à émettre cette théorie de météorite<br />

porteuse de vie à l’origine des humains. Désignée sous <strong>le</strong> nom de panspermie, cette idée a<br />

été évoquée une première fois en 1893 par <strong>le</strong> Suédois Svante Arrhenius puis reprise en<br />

1902 par l’Anglais lord Kelvin. El<strong>le</strong> a ensuite été longtemps abandonnée. Mais en 1969, la<br />

météorite de Murchison fut retrouvée en Australie. Contrariant tous <strong>le</strong>s raisonnements<br />

précédents, el<strong>le</strong> était porteuse de soixante-dix acides aminés intacts, dont huit composants<br />

<strong>le</strong>s protéines humaines !<br />

Calcinées en pénétrant dans l’atmosphère donc mortes, ces protéines, pourraient<br />

objecter certains. Mais voilà, depuis peu, avait été découvert <strong>le</strong> prion, protéine résistant à<br />

de très hautes températures. Or<strong>le</strong> prion est plus puissant que <strong>le</strong>s virus et capab<strong>le</strong> de<br />

transmettre une maladie beaucoup plus rapidement.<br />

- Adam serait issu d’un prion S’étonna Lucrèce Nemrod.<br />

Le Pr Sanderson en était convaincu. L’humanité est issue d’une façon ou d’une autre<br />

d’une maladie extraterrestre ayant affecté un singe qui aurait alors muté pour devenir<br />

légèrement différent.<br />

- D’ail<strong>le</strong>urs, toutes <strong>le</strong>s maladies nous font évoluer, affirma l’astronome.<br />

Il caressa l’une de ses météorites comme il l’eût fait d’un chat. Sa théorie était issue<br />

d’une longue réf<strong>le</strong>xion qui l’avait conduit à renverser bien des idées reçues. Il insista.<br />

Chaque grippe, chaque rougeo<strong>le</strong>, chaque hépatite fait muter un peu sa victime.<br />

- Les maladies ont de tout temps contribué à l’évolution de l’espèce humaine. La<br />

peste nous a appris l’hygiène, <strong>le</strong> choléra à filtrer l’eau, la tuberculose a conduit à la<br />

découverte des antibiotiques. Qui peut prédire ce qu’apporteront de bon <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s<br />

maladies qui, pour l’heure, effraient encore tant <strong>le</strong>s humains <br />

Isidore Katzenberg circulait à travers la pièce, tripotant tout, sou<strong>le</strong>vant ici une pierre<br />

lisse, là un caillou de forme curieuse, examinant objets et machines, mais ne perdant<br />

pourtant rien de ce que disait Sanderson.<br />

- Chaque maladie est porteuse d’enseignement. Le cancer est une maladie de la<br />

communication, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s saines ne sachant plus informer <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s malades qu’el<strong>le</strong>s<br />

doivent cesser de se reproduire. Le sida est une maladie de l’amour, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s ne<br />

sachant plus distinguer ce qui <strong>le</strong>ur est bon de ce qui <strong>le</strong>ur est néfaste. Cette perte des<br />

va<strong>le</strong>urs et cette perte de la communication ne sont-el<strong>le</strong>s pas révélatrices de l’état actuel de<br />

l’humanité Pour <strong>le</strong>s vaincre, il lui faut encore muter. Ensuite surviendront d’autres<br />

maladies qui feront encore progresser <strong>le</strong>s hommes.<br />

- Avec de tels propos, vous devez susciter pas mal de débats au sein de votre club<br />

« D’où venons-nous », remarqua de loin Isidore Katzenberg.

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