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Vade-mecum - Gymnase du Bugnon

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<strong>Vade</strong>-<strong>mecum</strong><br />

pour<br />

l’étude de l’histoire<br />

au gymnase


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 2<br />

© Amiguet Jean-Daniel, Butikofer Roland: <strong>Gymnase</strong> cantonal <strong>du</strong> <strong>Bugnon</strong>, version 97


3 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

a) Où chercher<br />

Première partie: Documentation<br />

Il s’agit essentiellement de la bibliothèque <strong>du</strong> gymnase. Une paroi entière est<br />

consacrée à l’histoire à l’étage (tout au fond). Le classement va des sources et<br />

ouvrages généraux (dictionnaires, manuels scolaires) aux histoires nationales et<br />

régionales (Allemagne, Chine, canton de Vaud) en passant par les grandes périodes<br />

(Moyen Age, Renaissance).<br />

Pour compléter l’information, il est souhaitable et parfois nécessaire de se rendre à la<br />

bibliothèque universitaire (BCU) qui se trouve au Palais de Rumine, Place de la<br />

Riponne. Un terminal vous permet de faire une recherche sur écran et d’entrer en<br />

relation avec le réseau des bibliothèques romandes. Le nombre d’ouvrages conservés<br />

à Lausanne est très considérable, notamment en histoire. Un classement par matière<br />

et par auteur rend la recherche très aisée.<br />

N’hésitez pas à demander une démonstration de fonctionnement à la personne<br />

chargée de l’information.<br />

Vous devez remplir une fiche, la mettre dans une enveloppe en plastique, puis la<br />

glisser dans un fente. Le livre est accessible après quinze ou trente minutes.<br />

L’inscription à la BCU est gratuite mais pensez à prendre avec vous une photo<br />

passeport la première fois que vous vous y rendez.<br />

Attention, tous les livres ne se trouvent pas au Palais de Rumine. Ils doivent souvent<br />

être commandés à Dorigny où se situe le siège principal de la bibliothèque. Il faudra<br />

passer le lendemain pour réceptionner le ou les ouvrages commandés.<br />

Songez aussi à la bibliothèque familiale. En revanche, les bibliothèques municipales<br />

sont généralement d’un faible secours dans la mesure où elles privilégient la<br />

littérature de divertissement et de vulgarisation. Il n’est cependant pas impossible de<br />

trouver dans l’une ou l’autre (par exemple celle de Lausanne, Chauderon) un<br />

ouvrage utile et utilisable.<br />

b) Les ouvrages utiles<br />

La règle de base est la suivante pour toute recherche<br />

Aller <strong>du</strong> plus simple au plus complexe


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 4<br />

Dictionnaires/Atlas<br />

Manuels scolaires<br />

Ouvrages généraux<br />

Articles<br />

(revues)<br />

Les dictionnaires<br />

Les dictionnaires permettent une première approche. On peut utiliser les<br />

dictionnaires et les Encyclopédies les plus simples (Larousse, Robert), les plus<br />

complets (Larousse en 10 volumes, Encyclopaedia universalis…) ou les plus<br />

spécialisés pour l’histoire. En ce domaine la référence suprême est le Dictionnaire<br />

historique Mourre chez Bordas. Mais, suivant votre sujet, songez aussi à des<br />

ouvrages plus ciblés: Histoire des idées politiques, Dictionnaire d’histoire<br />

économique, Atlas géostratégique etc.<br />

Les manuels scolaires<br />

Un ouvrage très général vous offre souvent une synthèse et permet une première<br />

approche. On peut aussi rapidement cerner le sujet ou définir des objectifs. Les<br />

manuels scolaires fournissent des informations de base, des réflexions, des<br />

documents susceptibles de nourrir un exposé. Ils peuvent renseigner sur les<br />

structures, sur les tendances profondes inscrites dans la longue <strong>du</strong>rée.<br />

Les anciens manuels de secondaire peuvent rendre d’inestimables services.<br />

E. BADOUX, R. DEGLON, Histoire générale des origines au XIIIe siècle,<br />

Lausanne: Payot, nombreuses rééditions<br />

E. GIDDEY, Histoire générale <strong>du</strong> XIVe au XVIIIe siècle, Lausanne, Payot, 1984<br />

nombreuses rééditions<br />

G.-A. CHEVALLAZ, Histoire générale de 1789 à nos jours, Lausanne, Payot,<br />

nombreuses rééditions<br />

Histoire 1, Histoire 2, Histoire 3, Fribourg, Fragnière, publiés entre 1991 et 1993<br />

Histoire générale. Le Moyen Age. Les Temps modernes (manuel <strong>du</strong> collège)<br />

Histoire générale. L’Époque contemporaine 1770-1990 (manuel <strong>du</strong> collège)<br />

Pour l’histoire suisse, un manuel indispensable demeure<br />

Histoire de la Suisse, Fribourg, Fragnière, 1984.<br />

Les manuels français, souvent plus riches en sources documentaires, sont forcément<br />

aussi très utiles. Différents éditeurs en proposent: Bordas, Hatier, Nathan, Bélin etc.<br />

Les ouvrages généraux


5 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

Face à une pro<strong>du</strong>ction pléthorique, il convient de pouvoir s’orienter pour ne pas se<br />

perdre dans une littérature trop spécialisée ou particulièrement ar<strong>du</strong>e. On peut ainsi<br />

clairement distinguer les ouvrages destinés à des spécialistes, généralement des<br />

ouvrages qui traitent d’une période très étroitement délimitée ou qui développent une<br />

problématique très particulière, des ouvrages de synthèse ou de vulgarisation.<br />

Trois règles de base pour éviter de perdre <strong>du</strong> temps<br />

- ne considérer que les livres récents (après 1945), ou récemment republiés. Un<br />

ouvrage de 1936 régulièrement réimprimé jusqu’à aujourd’hui est un classique<br />

incontournable qui, d’une certaine manière, n’a pas été dépassé par des recherches<br />

postérieures. Cela signifie aussi qu’il faut le lire et l’utiliser avec un regard critique<br />

particulier.<br />

- privilégier les titres publiés dans de grandes maisons d’édition<br />

- être attentif à l’auteur et aux indications quant à ses qualités (directeur d’études<br />

dans une Haute École, professeur dans une Université etc.)<br />

La manière la plus judicieuse pour trouver l’ouvrage adéquat consiste souvent à<br />

prendre d’abord en compte la collection.<br />

Collections extrêmement synthétiques et denses<br />

Collections<br />

Histoire-Université<br />

Carré-Histoire<br />

Bélin SUP Histoire<br />

La Vie quotidienne<br />

Cursus<br />

Les Grandes Civilisations<br />

Histoire contemporaine générale<br />

U et U2<br />

Nouvelle Clio<br />

Éditeur<br />

Hachette-Supérieur<br />

Hachette<br />

Bélin<br />

Hachette<br />

Armand-Colin<br />

Arthaud<br />

Masson<br />

Armand-Colin<br />

Presses Universitaires de France<br />

Cette liste n’est pas exhaustive. On peut encore songer à des collections plus<br />

thématiques comme Histoire de la vie privée (Seuil), Nations d’Europe (Hatier).<br />

Diversité des collections de poche historique<br />

On peut en réalité distinguer les collections spécifiquement consacrées à l’histoire et<br />

celles qui, parmi des titres très divers, proposent quelques ouvrages historiques.<br />

Dans cette dernière catégorie, il faut citer la collection Que Sais-je. On y trouve<br />

une multitude de petits précis d’histoire spécialisée, tous de 112 pages. Les titres


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 6<br />

sont inégaux mais, dans l’ensemble, ils sont irremplaçables pour défricher une<br />

question.<br />

Champs Flammarion et Pluriel (Hachette) proposent en poche des ouvrages qui<br />

ont marqué l’historiographie récente, surtout en histoire moderne.<br />

La collection Découverte Gallimard propose une série de livres réunis sous<br />

«Invention <strong>du</strong> monde et histoire». Il s’agit de petits formats très illustrés qui<br />

proposent aussi un certain nombre de sources.<br />

L’histoire en poche<br />

Collection<br />

Éditeur<br />

Points Histoire<br />

Seuil<br />

Folio Histoire<br />

Gallimard<br />

La Mémoire des siècles<br />

Complexe<br />

Questions au XXe siècle<br />

Complexe<br />

Historiques<br />

Complexe<br />

La Mémoire <strong>du</strong> siècle*<br />

Complexe<br />

Mémo Histoire**<br />

Seuil<br />

XXe siècle***<br />

Castermann/Giunti<br />

Collection Archives****<br />

Gallimard<br />

* Une collection thématique qui recouvre toute l’histoire <strong>du</strong> vingtième siècle.<br />

** De petites brochures de soixante pages pour réviser la matière <strong>du</strong> Bac.<br />

*** Une collection consacrée au XXe siècle, très illustrée.<br />

**** Recueils de sources intro<strong>du</strong>ites et commentées.<br />

Les articles<br />

De nombreuses revues d’histoire existent mais elles sont souvent très spécialisées et<br />

contiennent des articles très pointus. Tel ou tel article peut être utile pour une étude<br />

une peu fouillée. Les articles importants sont cités dans les bibliographies qui se<br />

trouvent en fin d’ouvrages généraux.<br />

La revue la plus pratique reste L’Histoire, d’un très bon niveau, idéale pour les<br />

gymnasiens. Régulièrement, des numéros spéciaux (Guerre de 14/18, Israël, Guerre<br />

froide etc.) ou des dossiers spéciaux offrent une documentation abondante. Le<br />

<strong>Gymnase</strong> <strong>du</strong> <strong>Bugnon</strong> y est abonné. Vous pouvez donc consulter une partie des<br />

numéros à la bibliothèque.<br />

L’Histoire publie régulièrement un Index qui permet de trouver très facilement un<br />

article à l’aide de mots-clés.<br />

Les références de base pour l’histoire suisse<br />

Ouvrages généraux


7 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

BERGIER Jean-François, Histoire économique de la Suisse, Lausanne, Payot, 1984.<br />

L’Aventure suisse de siècle en siècles, Lausanne, I.R.L., 1991 (Fédération des<br />

coopératives Migros)*<br />

BOUQUET Jean-Jacques, Histoire de la Suisse, Paris, P.U.F., 1995.<br />

Dictionnaire historique et biographique de la Suisse. En préparation. Les premiers<br />

tomes sortiront à partir de 1998.<br />

Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses, Lausanne, Payot, 1982-1983, 3 tomes.*<br />

RUFFIEUX Roland, La Suisse de l’entre-deux-guerres, Lausanne, Payot, 1974.*<br />

*en collection de classe au <strong>Bugnon</strong><br />

Articles<br />

Revue suisse d’Histoire<br />

Quatre livraisons par année. Tous les articles ne sont pas en français. Tous les<br />

aspects de l’histoire suisse sont traités au moins une fois dans cette revue qui existe<br />

depuis presque cinquante ans.<br />

Pour une recherche bibliographique pointue on peut se référer à<br />

L’Histoire en Suisse. Bilan et perspectives -1991, Bâle, Schwabe Verlag, 1992.<br />

c) Comment présenter une bibliographie<br />

La bibliographie n’est pas un élément anecdotique d’un travail. Souvent, il s’agit de<br />

la première partie appréciée par un lecteur attentif. Elle permet de juger la qualité<br />

d’une étude. Une mauvaise bibliographie ne fera jamais un bon travail.<br />

Deux principes fondamentaux pour la bibliographie<br />

- Ne citer que les ouvrages effectivement consultés<br />

- Avoir un système de notation cohérent et s’y tenir<br />

Une bibliographie doit être présentée selon un certain nombre de règles.<br />

-> organiser l’ensemble en rubriques. Par exemple: Ouvrages généraux, Études<br />

particulières, etc.<br />

-> au sein de chaque rubrique, classer les titres par ordre alphabétique.<br />

Notice pour les livres<br />

NOM DE L’AUTEUR, Prénom, Titre souligné ou en italique, Lieu d’édition,<br />

Éditeur, Année de parution (Collection).<br />

Exemple:


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 8<br />

RIOUX, Jean-Pierre, La Révolution in<strong>du</strong>strielle 1780-1880, Paris, Seuil, 1971<br />

(Points Histoire).<br />

◊ Lorsque le prénom manque ou que seule l’initiale apparaît, il faut chercher le prénom complet<br />

dans les catalogues des grandes bibliothèques. Pour signaler que le prénom ne figurait pas<br />

entièrement dans l’ouvrage, on utilise les crochets carrés P[aul].<br />

◊ Pour les ouvrages anonymes, vous indiquez le titre. C’est <strong>du</strong> reste sous le titre que vous le<br />

trouverez au fichier de la bibliothèque. On peut aussi remplacer par trois *** le nom absent.<br />

◊ Notez toujours le titre complet et les sous-titres d’après la page intérieure et non pas d’après la<br />

couverture.<br />

◊ Si la page de titre mentionne plusieurs lieux d’édition, ne les notez que s’ils sont au maximum<br />

trois. S’ils sont plus nombreux, n’indiquez que les trois premiers.<br />

◊ Quand le lieu d’édition n’est pas mentionné et qu’il ne figure nulle part dans le livre, mettez s.l.<br />

(sans lieu)<br />

◊ Quand l’éditeur n’est pas mentionné vous pouvez éventuellement noter le nom de l’imprimeur.<br />

◊ Année de parution. S’il existe plusieurs éditions, citez la plus récente et mentionnez entre<br />

parenthèse la date de la première édition. Si vous ne parvenez pas à dater un ouvrage, écrivez s.d.<br />

(sans date).<br />

Plusieurs auteurs:<br />

Jusqu’à trois auteurs compris, vous indiquez leurs noms. S’ils sont plus de trois,<br />

l’ouvrage est considéré comme anonyme. Il figure au fichier sous son titre. Vous<br />

pouvez, s’il y a lieu, indiquer le nom <strong>du</strong> ou des directeurs.<br />

Exemples:<br />

BAIROCH, P[aul]., BATOU, J[ean], CHEVRE, P[ierre]., La population des villes<br />

européennes de 800 à 1850. Banque de données et analyse sommaire des résultats,<br />

Genève, Droz, 1988 (Centre d’Histoire Économique Internationale).<br />

Les chemins de fer suisses après un siècle 1847-1947, sous la direction de<br />

THIESSING, R[ené] et PASCHOUD, M[aurice], Neuchâtel/Paris, Delachaux et<br />

Niestlé, 1949-1965, 5 volumes (Ouvrage commémoratif <strong>du</strong> Département fédéral des<br />

postes et des chemins de fer).<br />

Notice pour les articles<br />

NOM DE L’AUTEUR, Prénom, Titre de l’article entre guillemets, Titre <strong>du</strong><br />

périodique en italique, numéro, Année de parution, pages.<br />

Exemple:<br />

BAIROCH Paul, “Les spécificité des chemins de fer suisses des origines à nos<br />

jours”, Revue suisse d’Histoire, n°1, 1989, pp. 35-57.


9 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

Deuxième partie:<br />

Explication ou Commentaire de document<br />

a) Qu’est-ce qu’un document <br />

Tous les vestiges <strong>du</strong> passé peuvent apparaître comme des documents, des sources de<br />

l’histoire. La variété des documents, des textes en particulier, est considérable. Plus<br />

l’époque étudiée est récente, plus les sources sont nombreuses. La diversité des<br />

textes qui vous seront proposés reflète aussi l’élargissement de l’intérêt des<br />

historiens contemporains, ce que l’on appelle le “territoire de l’historien”. De<br />

l’histoire politique classique, l’histoire s’est éten<strong>du</strong>e à l’économie, à la vie des<br />

sociétés. L’histoire étudie aussi les mentalités collectives, la culture matérielle, la vie<br />

quotidienne. L’intérêt, qui se focalisait sur les puissants, ceux qui détenaient la<br />

puissance politique ou militaire, s’est éten<strong>du</strong> aux humbles (paysans, soldats,<br />

ouvriers, domestiques). La conséquence de ce renouvellement de l’histoire con<strong>du</strong>it à<br />

étudier aujourd’hui des documents qui ont été pendant longtemps négligés et à<br />

interroger de façon plus large les documents déjà connus.<br />

Les documents qui vous seront soumis seront le plus souvent des textes,<br />

aménagés le moins possible, tra<strong>du</strong>its s’ils sont en langue étrangère, en grec ou<br />

latin, transcrits en caractères d’imprimerie s’ils sont à l’origine des manuscrits.<br />

Plus le document proposé se rapprochera de sa forme originelle, plus vous vous<br />

retrouverez dans la situation de l’historien face à une source.<br />

Le cas des documents autres que des textes, à savoir des images (peintures, fresques, gravures,<br />

photographie ou films), des tableaux de chiffres, des graphiques ne seront pas abordé dans cette<br />

présentation mais pourront faire l’objet ultérieurement d’un complément à ce vade-<strong>mecum</strong>.<br />

Nature <strong>du</strong> travail<br />

Exercice le plus fréquemment pratiqué, le commentaire de document est un devoir<br />

rédigé de longueur variable qui s’efforce d’éclairer et d’analyser de façon critique<br />

un document proposé en s’appuyant sur une lecture approfondie et intelligente et<br />

sur les apports extérieurs d’une documentation adéquate.<br />

On distinguera naturellement deux cadres de travail fort différents: d’une part, le travail écrit<br />

effectué en classe, d’une <strong>du</strong>rée donc fixe, et qui doit s’effectuer sans documentation ou avec une<br />

documentation très limitée; d’autre part le travail accompli à domicile ou en bibliothèque, sans<br />

limitation de temps et permettant librement le recours à la documentation. C’est ce dernier cadre de<br />

travail qui retiendra notre attention. On ajoutera qu’un commentaire peut faire l’objet d’une


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 10<br />

présentation orale aussi bien qu’écrite, d’une <strong>du</strong>rée variable, généralement de 15 à 45 minutes,<br />

selon qu’on se trouve en situation d’examen ou dans le cadre habituel des activités de la classe.<br />

B) Les étapes <strong>du</strong> travail<br />

1. Réunir les matériaux d’un commentaire de document<br />

1.1. aborder un document;<br />

1.2. identifier le document;<br />

1.3. analyser le document;<br />

1.4. le contexte historique;<br />

1.5. le contenu <strong>du</strong> document ou travail sur le texte;<br />

1.6. l’apport de la documentation extérieure<br />

2. Rédiger un commentaire de document<br />

2.1. organiser les matériaux et structurer la rédaction;<br />

2.2. la présentation <strong>du</strong> document ou intro<strong>du</strong>ction;<br />

2.3. la rédaction des parties;<br />

2.4. la conclusion<br />

3. Exemple<br />

3.1. Les matériaux <strong>du</strong> commentaire<br />

3.2. Conseils pour la rédaction<br />

1.1. Aborder un document<br />

On s’attachera avant même de procéder à une première lecture à repérer les<br />

éléments d’identification <strong>du</strong> texte: le titre que porte ou qui a été donné au<br />

document, la mention d’un auteur, d’un destinataire, d’une référence indiquant<br />

l’oeuvre dont il est extrait, la date de rédaction, de publication <strong>du</strong> texte, la forme de<br />

ce dernier (paragraphes, division en articles, etc.). Il s’agit de dégager les éléments<br />

les plus visibles de l’analyse de contextualité, donc des éléments qui n’appartiennent<br />

pas explicitement au document. Il ne s’agit pas de délaisser le document mais de<br />

favoriser par ces observations préalables une bonne première lecture.<br />

On prendra soin, si cela n’a pas été fait de numéroter les lignes de cinq en cinq ou<br />

au moins de dix en dix en ne comptabilisant que ce qui appartient au texte et non ce<br />

qu’un commentateur peut avoir ajouté.


11 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

On sera attentif à la présence de points de suspension et à leur place. Si les points<br />

de suspension figurent au début et à la fin, il s’agit d’un extrait non coupé. La<br />

présence de points de suspension à l’intérieur <strong>du</strong> texte suggère des coupures de<br />

l’éditeur. Tout cela peut avoir de l’importance.<br />

Une première lecture permettra d’avoir une vue d’ensemble et de coucher sur<br />

papier quelques impressions de lecture.


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 12<br />

1.2. Identifier le document<br />

Une deuxième lecture va permettre d’aborder l’identification <strong>du</strong> document. Nous<br />

allons en décrire les principaux aspects:<br />

Si le document porte un titre, on cherchera à établir si le titre est celui <strong>du</strong> document<br />

lui-même ou s’il a été donné par l’éditeur, voire le maître. On sera attentif au<br />

caractère de ce titre: est-il purement informatif ou engage-t-il à tort ou à raison dans<br />

une voie d’analyse <br />

La nature <strong>du</strong> document doit être précisée d’emblée et avec toute la rigueur<br />

possible: texte de loi, article de journal, extrait de mémoires, discours, testament etc.<br />

Dégager la nature <strong>du</strong> document sert à orienter de façon claire l’explication ultérieure.<br />

Ainsi une correspondance privée livre une pensée plus libre qu’un discours public.<br />

La nature <strong>du</strong> document peut être identifiée par la lecture <strong>du</strong> texte ou à partir des<br />

indications données par l’éditeur, parfois l’identification est problématique et on se<br />

contentera d’hypothèses.<br />

Un texte peut avoir un auteur nettement indivi<strong>du</strong>alisé et il importe de donner à son<br />

sujet les précisions nécessaires à la compréhension <strong>du</strong> texte. On évitera la notice<br />

biographique recopiée d’un dictionnaire ou d’une encyclopédie. On se placera dans<br />

l’optique <strong>du</strong> document à expliquer en privilégiant la situation présente. Si l’auteur<br />

est très connu, on évitera de longs développements sur sa vie, son oeuvre et son<br />

action en général. Si l’auteur est peu connu, on recherchera son âge, sa fonction, sa<br />

carrière antérieure. Parfois l’émetteur est une collectivité ou alors un auteur sans<br />

notoriété particulière, un inconnu de l’histoire. Le ou les auteurs peuvent aussi être<br />

anonymes. La variété de situation est grande et on fera appel au bon sens pour<br />

déterminer ce qu’il convient de dégager.<br />

On procédera de la même manière pour le destinataire. Ce dernier peut avoir une<br />

grande importance. L’identité <strong>du</strong> destinataire surtout s’il est plus connu que l’auteur<br />

peut revêtir une grande signification qu’il s’agit de mettre en évidence (lettre ouverte<br />

d’un citoyen à un magistrat). Le destinataire n’est pas toujours identifiable. Se poser<br />

la question est toujours utile: est-ce le lectorat d’un journal, l’opinion publique <br />

La datation la plus précise possible d’un document est nécessaire à l’intelligence de<br />

sa signification. Souvent les documents proposés comportent une date que ce soit à<br />

l’intérieur <strong>du</strong> texte ou grâce à l’indication de l’éditeur. La référence de la source,<br />

quant à elle, fournit la date de publication ou d’édition qu’on prendra soin de<br />

distinguer de la date de rédaction <strong>du</strong> texte. Parfois la datation pose problème et on ne<br />

peut que l’approcher à travers les allusions <strong>du</strong> texte, les événement et les<br />

personnages cités. On tiendra compte <strong>du</strong> décalage entre les événements évoqués et le<br />

moment de la rédaction <strong>du</strong> témoignage. Ainsi les extraits de mémoires sont des


13 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

textes souvent rédigés au crépuscule d’une vie et évoquant des événement lointains.<br />

On tiendra compte de ces deux temps très différents.<br />

Le lieu ou l’espace concerné par le document peut avoir son importance. Une loi<br />

s’applique à tout un pays, une charte de franchise libère un seul village. On sera<br />

donc attentif s’il y a lieu à la portée géographique <strong>du</strong> document.<br />

Les circonstances ou conditions de la rédaction <strong>du</strong> document peuvent fournir des<br />

éléments précieux. Celles-ci peuvent s’éclairer en fonction de la date. Un événement<br />

sera vu différemment selon qu’il s’agit d’une rédaction à chaud ou qu’au contraire il<br />

s’agit d’une reconstitution par la mémoires plusieurs années après.<br />

L’identification <strong>du</strong> document dépend naturellement des connaissances que vous<br />

avez et des instruments de travail qui sont à votre disposition. Vous adapterez<br />

vos efforts en fonction des exigences fixées.<br />

1.3. Analyser le document<br />

Cette partie <strong>du</strong> commentaire qui ne doit pas dépasser dix à quinze lignes a pour but<br />

de présenter au lecteur la substance <strong>du</strong> document sans même avoir à le lire.<br />

L’analyse dégage d’une façon neutre les principaux éléments d’information<br />

historique dont le document est porteur et sur lesquels on reviendra dans l’analyse de<br />

contenu. Au fond il s’agit de résumer fidèlement le document et de prolonger par là<br />

les indications concernant la nature <strong>du</strong> document. Le plus souvent l’analyse <strong>du</strong><br />

document sera intégrée à la présentation, partie qui ouvre le travail, et précédera<br />

l’évocation <strong>du</strong> contexte historique.<br />

1.4. Le contexte historique<br />

Le document à commenter s’inscrit naturellement dans un contexte historique qu’il<br />

s’agit de présenter. Opération délicate car il faut éviter de faire trop long, un côté<br />

de page devrait suffire le plus souvent, et choisir les éléments de contexte qui se<br />

rattachent directement au texte. Un document se rapportant au règlement de la<br />

première guerre mondiale ne requiert évidemment pas un laborieux exposé résumant<br />

tout le conflit. Il est inutile de revenir sur des événements trop anciens. Un contexte<br />

pertinent est tout autre chose qu’une intro<strong>du</strong>ction historique de caractère général.<br />

Ce contexte est tout entier au service <strong>du</strong> document à éclairer. En ce sens on ne peut<br />

l’élaborer avant d’avoir travaillé le texte de façon relativement approfondie même<br />

s’il prend place dans la partie initiale de présentation <strong>du</strong> document dans la rédaction<br />

définitive.<br />

1.5. Le contenu <strong>du</strong> document ou travail sur le texte


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 14<br />

Identification, analyse et contexte ne sont que les étapes préliminaires d’un travail où<br />

l’étape essentielle est celle <strong>du</strong> décorticage <strong>du</strong> document. Une troisième lecture <strong>du</strong><br />

texte s’impose, crayon en main, de façon à repérer tous les éléments <strong>du</strong> texte qui<br />

mériteront commentaire. On soulignera naturellement les noms propres, les mots<br />

étrangers conservés dans leur langue originale, des noms communs ou expressions<br />

qui dans le contexte <strong>du</strong> document prennent une signification particulière. On<br />

soulignera cependant avec modération, il s’agit de mettre en évidence un certains<br />

nombre de points choisis avec soin.<br />

Une quatrième lecture permettra de repérer des éléments plus diffus, des notions,<br />

des idées qui courent à travers tout un paragraphe ou un passage. On cochera en<br />

marge ces éléments avec une mention de façon à pouvoir y revenir dans le<br />

commentaire. Dans des textes denses où pratiquement tous les éléments seront<br />

commentés, on se contentera d’une note en marge, ébauchant les éléments qui seront<br />

développés.<br />

Il y enfin des éléments implicites ou globaux qui ne figurent pas matériellement dans<br />

le texte ou qui s’y rencontrent partout. De façon à ne pas les oublier on prendra<br />

quelques notes sur une feuille annexe ou au bas <strong>du</strong> texte s’il y a un espace à<br />

disposition.<br />

L’expression <strong>du</strong> texte, le ton, peuvent avoir une grande importance, en particulier<br />

dans des discours ou des proclamations, mais également dans la correspondance. On<br />

sera attentif aux figures de style, au registre de langue. De même le vocabulaire<br />

général ou usuel, par exemple les occurrences ou emplois répétés de même termes<br />

peuvent offrir de fructueuses pistes d’analyse<br />

1.6. L’apport de la documentation extérieure<br />

Le travail sur le texte a abouti à des repérages qui sont autant de questions qu’il<br />

s’agit de résoudre. Il faut maintenant élucider les allusions, éclaircir les situations,<br />

identifier les lieux, institutions ou personnages. Un travail de recherches ou<br />

simplement de vérification est maintenant nécessaire. L’étudiant dispose<br />

naturellement de connaissances, mais c’est dans les usuels, dans les manuels et dans<br />

les ouvrages plus spécialisés qu’il trouvera des éléments de réponse à ces questions.<br />

Ce travail de recherche ne peut naturellement être fructueux que dans la mesure où<br />

les bons outils sont à disposition d’où l’importance de la documentation. Il faut le<br />

limiter strictement au terrain de ce qui doit être commenté et expliqué et ne pas se<br />

perdre dans la lecture d’ouvrages. Des notes serviront à la phase de rédaction<br />

définitive.<br />

2.1. Organiser les matériaux et structurer la rédaction


15 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

Le travail de préparation ayant été mené à son terme, il est temps de passer à la<br />

rédaction <strong>du</strong> devoir et donc à l’organisation et à l’exploitation des matériaux réunis.<br />

Comme pour la composition ou dissertation historique se pose le problème <strong>du</strong> plan.<br />

Le plus souvent le document n’est pas porteur d’un plan qu’il suffit de dégager et de<br />

suivre. La question à se poser est celle des apports fondamentaux <strong>du</strong> texte, ceux<br />

autour desquels s’organisera la matière explicative. L’étudiant constituera quelques<br />

“paquets” correspondant aux pôles de signification <strong>du</strong> document, aux thèmes<br />

majeurs qu’il suggère et fournit. On tiendra compte également des matériaux réunis<br />

et de la capacité de nourrir ces thèmes par le commentaire, inutile d’ouvrir des<br />

rubriques que l’on n’est pas en mesure de développer.<br />

Le devoir s’organisera ainsi autour de quelques thèmes qui seront analysés en<br />

recourant à des citations <strong>du</strong> texte. L’ordre dans lequel ces thèmes seront abordés<br />

reste libre. On évitera le commentaire “linéaire” ou “ligne à ligne” souvent bien<br />

lourd, en étant attentif à ne pas oublier certains éléments. On regroupera ceux-ci<br />

autour des thèmes choisis de préférence à une subdivision artificielle <strong>du</strong> texte en<br />

parties. On s’efforcera de rester près <strong>du</strong> texte sans pour autant tomber dans l’écueil<br />

de la paraphrase stérile.<br />

• Reste alors à identifier chacun des passages dont le commentaire trouvera place<br />

dans telle ou telle des parties. On numérotera chacune des parties envisagées et<br />

on reportera le numéro correspondant en chacun des endroits <strong>du</strong> texte qu’on a<br />

souligné ou coché et qui appellera un commentaire. Un seul coup d’oeil permet<br />

de retrouver les passages à utiliser. Une autre variante consiste à prendre autant<br />

de feuilles de papier que de parties, de structurer par quelques courtes phrases au<br />

brouillon la démarche de chacune d’elles et de repérer par un numéro porté dans<br />

le document et reporté dans la partie adéquate les passages qu’on compte utiliser.<br />

L’essentiel est de structurer le propos sur la base des apports <strong>du</strong> texte et de rester<br />

proche de celui-ci. Une démarche plus synthétique conviendra à des textes à<br />

faible densité d’information.<br />

2.2. La présentation <strong>du</strong> document ou intro<strong>du</strong>ction<br />

La présentation <strong>du</strong> document comprendra les éléments majeurs d’identification,<br />

l’analyse au sens où elle est définie plus haut, enfin l’évocation <strong>du</strong> contexte. Les<br />

éléments d’identification seront présentés dans un ordre qu’il conviendra de définir.<br />

Il n’y a pas de règle universelle; d’un document à l’autre, tel élément est présent ou<br />

pas, important ou négligeable. On évitera à ce stade de citer abondamment le texte si<br />

ce n’est sur les points qui ont servi à l’identification. On peut donc imaginer une<br />

présentation en trois sous-parties. L’important est de distinguer cette partie initiale


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 16<br />

<strong>du</strong> travail des autres qui portent exclusivement sur les contenus <strong>du</strong> texte. On<br />

ménagera un espace.<br />

Alors que la composition historique doit se traiter comme une réponse à un problème<br />

posé en intro<strong>du</strong>ction, l’analyse ou le commentaire de document part d’un matériau<br />

qu’il s’agit d’exploiter et ce n’est qu’en conclusion qu’on fera état des problèmes<br />

posés. En ce sens il n’y a pas à définir une problématique mais à remonter des<br />

connaissances et informations offertes par le texte aux questions qu’il permet en<br />

partie de résoudre.<br />

2.3. Rédiger les parties<br />

• La structure <strong>du</strong> devoir ayant été arrêtée, on abordera la rédaction sur la base des<br />

passages portant le même numéro et sur la base de notes concernant les éléments<br />

de caractère général de la partie correspondante. On veillera à ne pas donner une<br />

tournure sèchement énumérative à une rédaction proposant une suite<br />

d’explications de détail, on alternera explication de mots et d’expressions avec<br />

des commentaires plus globaux concernant tel thème, partie ou séquence. On<br />

n’omettra pas les éléments plus diffus qui auront fait l’objet d’une annotation sur<br />

le texte ou sur vos feuilles de préparation ainsi que les silences <strong>du</strong> texte sur tel ou<br />

tel point qui peuvent être aussi importants que ce qui est dit.<br />

On citera en usant des guillemets, en respectant fidèlement le texte et en<br />

précisant le ou les numéros des lignes. On intégrera au texte les citations courtes<br />

et on réservera un paragraphe particulier pour les citations de plusieurs lignes.<br />

2.4. La conclusion<br />

La conclusion a une double fonction: tout d’abord elle permet de ramasser en<br />

quelques lignes les apports essentiels <strong>du</strong> document, petit bilan de l’explication<br />

proposée; d’autre part elle doit permettre de prendre un peu de distance et de<br />

replacer les apports <strong>du</strong> document dans le cadre plus large <strong>du</strong> sujet dans lequel il<br />

s’insère. On s’attachera à montrer si le document confirme la vision habituelle <strong>du</strong><br />

sujet ou si au contraire le document infirme cette vision, la corrige ou la nuance.<br />

Enfin, seule la conclusion autorise à évoquer l’avenir et à quitter le présent <strong>du</strong><br />

texte et <strong>du</strong> contexte. On le fera avec prudence et concision. Il ne s’agit pas de<br />

relancer analyse et commentaire mais bien de conclure. Un pont avec le présent peut<br />

parfaitement se défendre si le sujet s’y prête. Un jugement personnel est également<br />

possible, que ce soit pour évoquer la pertinence d’une opinion donnée par l’auteur<br />

<strong>du</strong> document ou au contraire pour mettre en cause le point de vue affiché par celuici.<br />

Comme on le voit c’est dans la conclusion que l’on peut remonter au problème


17 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

dont le document constitue un élément de réponse, ceci à l’inverse de la composition<br />

historique traitée plus loin.


3. Exemple<br />

VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 18


19 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

3.1. Les matériaux <strong>du</strong> commentaire<br />

3.1.1. Aborder le document<br />

On peut relever un titre de caractère informatif qui n’appartient pas au texte original.<br />

Les points de suspension nous indiquent qu’il s’agit d’un extrait non coupé. Auteur<br />

et destinataires sont clairement désignés dans la référence au bas <strong>du</strong> texte, de même<br />

que la date où le texte a été lu ou déclamé puisqu’il s’agit d’un discours.<br />

Une première lecture nous renseigne relativement bien sur les aspects essentiels <strong>du</strong><br />

texte: un plaidoyer pour engager la Suisse dans l’aventure <strong>du</strong> rail grâce aux<br />

institutions nouvelles <strong>du</strong> pays qui doivent permettre de donner l’impulsion initiale.<br />

3.1.2. Identifier le document<br />

Il s’agit d’un discours <strong>du</strong> président <strong>du</strong> conseil national adressé à ses collègues,<br />

repro<strong>du</strong>it dans la Feuille fédérale, organe officiel de la Confédération, une dizaine<br />

de jours plus tard.<br />

On recherchera des renseignements sur l’auteur en partant d’une notice de dictionnaire. Sa fonction<br />

présidentielle d’une année à la tête d’une des deux chambres fédérales n’est qu’un aspect d’une<br />

carrière non seulement politique mais aussi et surtout consacrée à la finance et à l’in<strong>du</strong>strie. Cet<br />

aspect nous explique assez bien la préoccupation ferroviaire. L’écho <strong>du</strong> propos dépend<br />

naturellement de la réceptivité des autres conseillers nationaux à ses thèses, la recherche est plus<br />

délicate mais une information sur le développement des chemins de fer peu après 1849 peut<br />

constituer une réponse. Comme le discours est publié, que la presse parlementaire l’a certainement<br />

évoqué, on peut à bon droit se demander quelle est la position de l’opinion publique sur une telle<br />

question.<br />

• La date à laquelle le discours a été prononcé, soit l’automne 1849, laisse à penser<br />

qu’il s’agit peut-être d’un discours inaugural lors de la session d’automne des<br />

chambres fédérales.<br />

• On sera attentif au fait que dans l’hypothèse d’une législation sur le rail, le pays<br />

entier sera engagé, il s’agit bien d’une oeuvre nationale. Quel est l’état <strong>du</strong> pays en<br />

1849, l’unité politique est-elle grande Quelles sont les forces qui dominent le<br />

pays <br />

Comme on le voit ce travail d’identification au même titre que l’étude <strong>du</strong> contexte<br />

historique suppose une documentation relativement fouillée qui pourra être réunie en<br />

partant d’ouvrages généraux récents, Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses,<br />

Tome III (1983) ou d’ouvrages consacrés à la Suisse autour de 1848, W.E. Rappard,<br />

La constitution fédérale de la Suisse, Neuchâtel, La Baconnière (1948).<br />

3.1.3 L’ analyse <strong>du</strong> document


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 20<br />

Le propos d’Escher est d’une grande simplicité. La naissance de l’Etat fédéral et<br />

l’adoption d’une constitution nouvelle permet de mieux faire face aux besoins de<br />

l’époque. Le chemin de fer est l’un de ces besoins urgents. La Suisse a pris <strong>du</strong> retard<br />

à l’époque <strong>du</strong> pacte fédéral (1815-1848) parce que la confédération n’avait aucun<br />

moyen de promouvoir le rail en lui donnant une base légale. Les cantons, souvent<br />

divisés, sont incapables de prendre des initiatives et une telle réalisation ne peut<br />

s’envisager qu’ à l’échelle <strong>du</strong> pays tout entier. Le retard de la Suisse représente une<br />

menace, le danger d’isolement <strong>du</strong> pays est grand: des projets de contournement de la<br />

Suisse par le rail voient le jour. La Suisse est en paix dans une Europe chahutée par<br />

les conflits: comment dès lors ne pas s’atteler à cette oeuvre pacifique qu’est la<br />

construction d’un réseau de chemins de fer. Les députés doivent mesurer les<br />

responsabilités qu’ils ont vis-à-vis des générations futures et s’engager activement<br />

dans ce dossier prioritaire pour lequel la constitution a prévu une base<br />

constitutionnelle.<br />

3.1.4 Le contexte historique<br />

Un rappel bref des transformations politiques de la Suisse s’impose. On partira de la<br />

guerre civile de 1847 pour rapidement s’attacher à une brève description <strong>du</strong> nouvel<br />

ordre politique imposé par les radicaux. On opposera l’état fédéral de 48 au système<br />

ultra-fédéraliste <strong>du</strong> pacte de 1815. La dimension économique sera privilégiée en<br />

conformité avec la préoccupation <strong>du</strong> discours d’Escher. L’élaboration de la<br />

constitution aura sa place évidemment, surtout en ce qui concerne les instruments<br />

nouveaux aux mains des autorités centrales. Le contexte européen sera envisagé de<br />

deux manières: tout d’abord au plan économique, on cherchera à montrer où en sont<br />

les états voisins de la Suisse, plus particulièrement dans le domaine des transports et<br />

<strong>du</strong> rail; on évoquera aussi les révolutions de 48 en Europe et plus particulièrement la<br />

situation en 1849.<br />

3.1.5. Le contenu <strong>du</strong> document ou travail sur le texte<br />

• Cette étape requiert une documentation relativement éten<strong>du</strong>e, constituée aussi<br />

bien d’usuels (Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, Dictionnaire<br />

historique de la Suisse, à paraître, les ouvrages de Gruner sur l’Assemblée<br />

fédérale), que d’ études particulières sur l’auteur, sur les chemins de fer. On aura<br />

a disposition le texte de la constitution de 1848 et le pacte de 1815. Une carte <strong>du</strong><br />

réseau ferroviaire européen vers 1850 est indispensable.<br />

Eléments <strong>du</strong> texte à expliciter<br />

Le travail consiste à élucider dans un premier temps la terminologie, les notions, les<br />

allusions <strong>du</strong> texte. Se référer au texte annoté (termes ou éléments <strong>du</strong> texte entourés)


21 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

pour avoir une idée de la matière à traiter. La relative simplicité <strong>du</strong> texte permet<br />

d’accomplir assez rapidement cette étape.<br />

Le mouvement <strong>du</strong> texte<br />

La thématique est assez simple et on peut sans difficulté suivre le texte. Les<br />

premières lignes mettent en parallèle l’ordre politique nouveau avec la “modernité”<br />

des chemins de fer. Le retard de la Suisse en la matière fait l’objet de la partie<br />

suivante <strong>du</strong> texte. Le danger d’isolement évoqué ensuite par Escher mérite d’être<br />

discuté et analysé. L’orateur invite ses collègues dans la partie finale à agir<br />

promptement en profitant de la paix helvétique retrouvée. Se référer aux passages<br />

cochés en marge <strong>du</strong> texte.<br />

Les éléments diffus ou implicites<br />

Le texte n’aborde pas de façon claire le rôle de l’état dans l’aventure <strong>du</strong> rail: bases<br />

légales seulement ou intervention plus directe dans la réalisation. Quid de l’octroi de<br />

concessions, quid <strong>du</strong> financement, quid de la compétence respective des cantons et<br />

de la confédération ou état central<br />

Le vigoureux plaidoyer d’Escher peut-il s’expliquer Quels milieux représente-t-il<br />

On songera à camper un peu à travers lui le monde des entrepreneurs.<br />

Qui sont les députés destinataires <strong>du</strong> message La composition <strong>du</strong> conseil national<br />

peut bien sûr avoir un intérêt.<br />

L’écho <strong>du</strong> message d’Escher est essentiel. Certes le travail doit s’en tenir<br />

principalement au texte mais celui-ci a-t-il été l’impulsion nécessaire à l’ouverture<br />

<strong>du</strong> dossier chemin de fer Quelles étaient les résistances à surmonter dans le pays<br />

3.1.6. L’apport de la documentation extérieure<br />

Dans le paragraphe précédent nous avons inventorié les éléments <strong>du</strong> texte qui<br />

méritent analyse et commentaires. Le plus souvent il s’agissait de questions ou de<br />

recherches à faire dans la documentation à disposition. L’établissement de la<br />

bibliographie est donc indispensable. Elle se constituera petit à petit au fur et à<br />

mesure des besoins des différentes étapes <strong>du</strong> travail. Sa portée dépendra évidemment<br />

de l’ampleur <strong>du</strong> travail. Pour tout ce qui touche à la bibliographie se reporter à la<br />

première partie de ce guide méthodologique. Pour le cas qui nous occupe, la<br />

bibliographie comprendra un certain nombre d’usuels dont il a déjà été question,<br />

des ouvrages d’histoire suisse centrés sur le XIXe siècle, portant aussi bien sur<br />

l’histoire économique <strong>du</strong> pays que des ouvrages portant sur la politique et les<br />

institutions fédérales. Enfin des études particulières sur l’auteur et sur le début des<br />

chemins de fer complèteront la documentation générale. L’important est de<br />

constituer une documentation progressant <strong>du</strong> général au particulier et de ne pas


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 22<br />

multiplier les références qui apportent très sensiblement les mêmes renseignements<br />

généraux.<br />

3.2. Conseils pour la rédaction<br />

La présentation et l’analyse <strong>du</strong> document reprendront les éléments recensés plus<br />

haut. Il s’agira d’éviter d’entrer en matière et de ne pas empiéter sur le travail<br />

d’analyse <strong>du</strong> texte. Ainsi la présentation de l’auteur sera sobre et se contentera de<br />

quelques indications relatives à sa fonction et à sa carrière. Il ne faut en aucun cas<br />

développer tel ou tel aspect de la personnalité d’Escher. Cet aspect doit logiquement<br />

prendre place dans le commentaire <strong>du</strong> texte lui-même, à propos de l’un ou l’autre des<br />

thèmes choisis. Escher est un pionnier de l’économie et de la finance en Suisse et<br />

son rôle de grand patron explique bien son souci de voir la Suisse se lancer dans<br />

l’aventure ferroviaire. L’analyse se limitera comme plus haut à un inventaire des<br />

thèmes <strong>du</strong> texte sans souci autre que de les énumérer et de cerner l’argument<br />

principal <strong>du</strong> document.<br />

• L’organisation de la matière peut se faire autour des quelques thèmes suivants: la<br />

nouvelle unité des Suisses et la possibilité ainsi d’avoir une politique nationale.<br />

On montrera à quel point l’état central sert en premier lieu les intérêts<br />

économiques. La Suisse de 48 devient en premier lieu un espace économique<br />

libéré des entraves des frontières cantonales, des multiples péages qui<br />

paralysaient le commerce intérieur. En outre l’enjeu d’une Suisse carrefour est<br />

présent chez Escher. Combattre l’isolement, l’insularité, c’est un thème qui<br />

revient souvent dans son propos. La question <strong>du</strong> retard de la Suisse sera<br />

naturellement traitée, vérifiée, mesurée. Un deuxième thème s’occupera plus<br />

particulièrement de la dimension politique: la question des chemins de fer avant<br />

48.<br />

Le retard helvétique s’explique-t-il uniquement par des structures décentralisées<br />

inadéquates Le conservatisme, la crainte <strong>du</strong> financement, l’absence de fer et de<br />

charbon, tous ces élément peuvent compléter l’explication institutionnelle.<br />

Un troisième thème pourrait aborder l’esprit de la constitution de 48 et plus<br />

précisément les instruments ou la base constitutionnelle nécessaire à la construction<br />

d’un réseau (art. 21 sur les travaux publics et la possibilité d’exproprier).<br />

La conclusion, outre le bilan qu’elle apportera de l’analyse <strong>du</strong> texte, pourrait<br />

aborder l’avenir sur des temps de longueurs variables. Tout d’abord un survol de la<br />

période 48 à 52 jusqu’à l’élaboration de la 1ère loi fédérale sur les chemins de fer.<br />

Ces indications prouveront a posteriori l’importance <strong>du</strong> dossier chemin de fer et<br />

donc de l’intervention d’Escher. Faisabilité d’un réseau suisse, problème de<br />

financement, rôle respectivement <strong>du</strong> privé et de l’Etat, on se contentera de quelques<br />

informations. L’échelle <strong>du</strong> demi-siècle permettra d’esquisser l’époque des chemins<br />

de fer privés jusqu’au rachat voté par le peuple en 1898. Enfin un pont avec le


23 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

présent est possible, judicieux même. Les chemins de fer fêtent leur 150e<br />

anniversaire dans un contexte de difficultés financières et le débat public-privé<br />

rebondit. La Suisse de 1997 est enfin pour certains à nouveau menacée d’isolement:<br />

transversales alpines, rapprochement avec l’Europe communautaire, autant de<br />

thèmes qu’une conclusion pourrait suggérer. Veiller à ne pas relancer le<br />

commentaire dans la direction d’une dissertaion. Le propos doit rester en relation<br />

avec l’analyse <strong>du</strong> texte d’Escher.


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 24<br />

Troisième partie: Composition<br />

La composition historique est un devoir correctement rédigé, qui consiste à organiser<br />

avec méthode des connaissances sur un sujet donné. Il est prudent de procéder par<br />

étapes.<br />

N.B. La plupart des remarques qui suivent sont également utiles pour la préparation d’un exposé ou<br />

pour comprendre une question posée dans la cadre d’un travail écrit et y répondre le plus<br />

correctement possible.<br />

1. Lire et comprendre le sujet<br />

Les étapes<br />

1. Lire et comprendre le sujet<br />

2. Mobiliser ses connaissances<br />

3. Dégager une problématique<br />

4. Construire un plan<br />

5. Rédiger<br />

Quand Où Comment Pourquoi<br />

Ce questionnement permet généralement de déterminer correctement les limites <strong>du</strong> sujet.<br />

Lisez et relisez le libellé. Réfléchissez à chaque terme. Repérez les mots clés. Identifiez les notions<br />

utilisées et l’orientation <strong>du</strong> sujet, c’est-à-dire son sens général.<br />

◊ Tenez le plus grand compte des noms communs qui précisent le champ de l’analyse des noms<br />

propres. Des mots tels que «causes», «caractères», «conséquences», «conditions», «bilan» etc.<br />

posent une question implicite et précisent l’orientation de la dissertation. Ces mots banals <strong>du</strong><br />

langage peuvent être essentiels.<br />

◊ Les verbes ne sont pas à confondre avec les substantifs correspondants. Le sujet «Mourir au XIVe<br />

siècle» doit se comprendre «dans quelles conditions matérielles, religieuses et morales meurt-on,<br />

que l’on soit seigneur ou misérable Le sujet «La mort au XIVe siècle» doit donner la priorité à<br />

l’analyse démographique de la mortalité, à l’explication de ses causes (disette, guerres, épidémies)<br />

et à l’étude des représentations de la mort.<br />

◊ Il faut être attentif au pluriel et au singulier des mots. Le sujet «Le socialisme français avant<br />

1914» ne peut être conçu comme celui libellé «Les socialismes français avant 1914». Le premier<br />

met l’accent sur la tendance à l’unification; le second privilégie la diversité des écoles.<br />

◊ Soyez très attentifs à l’ordre des mots. Le sujet «La Révolution française et les paysans» se<br />

comprend très différemment que «Les paysans et la Révolution française». Ce dernier sujet<br />

implique l’étude des revendications paysanne à la veille de la révolution, puis celle des


25 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

soulèvements d’après 1789. Le premier sujet oriente l’étude dans le sens de la gestion politique de<br />

la question paysanne par les gouvernements révolutionnaires.<br />

◊ Comment interpréter un et de coordination<br />

C’est la nature des termes et non la conjonction qui donne un sens au sujet. Et peut signifier une<br />

relation. A ce moment-là les termes sont de même nature. La France et l’Allemagne à la veille de la<br />

Première Guerre mondiale. Mais la conjonction peut aussi avoir un sens différent «Napoléon III et<br />

l’Unité italienne» doit se comprendre comme «attitude face à, rôle de l’Empereur dans».<br />

◊ Soyez très attentif à ne pas dépasser les limites chronologiques et géographiques d’un sujet.<br />

Attention! Le choix des dates aval et amont d’un sujet n’est jamais indifférent. Il s’agit d’analyser<br />

les raisons de ce choix. «Le fascisme italien (1919-1927)» est un sujet qui doit être appréhender très<br />

différemment de «Le fascisme italien (1919-1943). Ne sortez jamais <strong>du</strong> cadre chronologique fixé<br />

sauf au gré de quelques rappels de références!<br />

2. Mobiliser les connaissances<br />

Comment viennent les idées<br />

Dans le plus grand désordre! Raison pour laquelle un brouillon (ou feuille de<br />

recherche d’idées) est indispensable. N’hésitez pas à jeter sur le papier «comme ça<br />

vient» tout ce qui vous «passe par la tête». Attention, au cours de cette étape, relisez<br />

constamment le sujet afin de ne pas le perdre de vue et vous en éloigner.<br />

Un exemple vaut mieux que tous les discours.<br />

Pour le sujet «Les spécificités des chemins de fer suisses au XIXe siècle», cela<br />

pourrait donner ceci:


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 26<br />

Une page de recherche d’idées doit aboutir à la formulation de la problématique,<br />

autrement dit à la rédaction de la question principale (fil directeur de votre propos)<br />

ainsi qu’aux principales articulations ou questions secondaires.<br />

◊ Ne consacrez pas plus d’un tiers de votre temps global à la recherche d’idées.<br />

◊ Essayez de tout mettre sur une page A4 pour ensuite mieux visualiser ce qui sera votre plan.<br />

◊ Cette étape doit vous permettre de dégager la problématique et le plan.<br />

3. Dégager une problématique<br />

Il s’agit d’exposer le problème contenu dans le sujet. Elle consiste à transformer, si<br />

possible, l’ensemble des questions déjà notées en une seule interrogation.<br />

◊ Tout sujet, même le plus simple, doit être problématisé par la formulation d’une question centrale.<br />

◊ Il est rare qu’un sujet soit rédigé sous forme de question. Mais tout libellé est en fait une<br />

interrogation.<br />

◊ Tout sujet est une interrogation et une invitation à discussion plus qu’un simple test de<br />

connaissances. Un bon questionnement démontre donc que la matière n’a pas seulement été apprise<br />

mais surtout comprise.<br />

Trois exemples de problématiques.<br />

1. «Napoléon III et l’Unité italienne» -> les contradictions de la politique de<br />

l’Empereur vis-à-vis <strong>du</strong> problème national italien -> montrer comment Napoléon III<br />

a été à la fois une aide et un obstacle à l’Unité italienne; montrer comment cette<br />

politique est aussi motivée par des considérations intérieures et comment sa politique<br />

à l’égard de l’Allemagne a entraîné sa chute.<br />

2. «La chasse aux sorcières et la construction de l’Etat moderne» -> la chasse aux<br />

sorcière au XVIe et XVe siècles est une conséquence de la construction des Etats<br />

modernes en Europe mais elle s’appuie aussi sur les réalités particulières des<br />

communautés villageoises -> si l’Etat moderne veut imposer son autorité en<br />

s’opposant aux contre-pouvoirs dans les campagnes, la recomposition sociale des<br />

communautés villageoises suscite aussi les boucs-émissaires.<br />

3. «Napoléon et la France» -> en quoi Napoléon a-t-il pu consolider et défendre le<br />

bilan politique et social de la Révolution française, tout en prolongeant des<br />

tendances latentes sous l’Ancien Régime, et créer l’Etat moderne français par la<br />

dictature et la guerre<br />

4. Construire un plan<br />

Il faut traiter la problématique en construisant une réponse argumentée. Le plan en<br />

est l’ossature. Il comporte en principe un nombre illimité de parties (de deux à<br />

quatre) et doit être équilibré.


27 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

Pour chaque sujet, il n’y a pas un seul plan possible, mais il existe des types de plans<br />

plus ou moins adaptés. Trois types de plan peuvent cependant être dégagés<br />

-> plan chronologique (décrire une évolution et expliquer les facteurs des<br />

changements historiques)<br />

-> plan thématique (analyse de différentes composantes d’une réalité; explication<br />

de l’unité et de la cohésion)<br />

-> plan dialectique (saisir le mouvement contradictoire de la réalité historique en<br />

étudiant les rapports entre ses différentes composantes)<br />

Exemples «Qu’est-ce que le nazisme»<br />

Plan chronologique Plan thématique Plan dialectique<br />

1) Naissance et affirmation <strong>du</strong> 1) Le nazisme comme 1) Le nazisme est-il seulement<br />

nazisme (1919-1932); son idéologie: de Mein Kampf à la un “hitlérisme”: quelle est la<br />

programme, son parti “solution finale”<br />

véritable responsabilité de<br />

2) Le nazisme au pouvoir<br />

(1933-1939); l’Etat SS, la mise<br />

au pas de l’Allemagne, la<br />

politique économique et sociale<br />

3) Le nazisme et la guerre<br />

(1939-1945); la domination de<br />

l’Europe nazie, la “solution<br />

finale”, l’effondrement<br />

Danger de ce type de plan:<br />

vouloir tout dire pour chaque<br />

période et se perdre. Un récit<br />

ne convient pas à un sujet<br />

définition. (Qu’est-ce que…)<br />

5. Rédiger<br />

2) Le nazisme comme<br />

politique: de la conquête <strong>du</strong><br />

pouvoir à la mise au pas de<br />

l’Allemagne et de l’Europe<br />

3) Le nazisme comme<br />

impérialisme: expansionnisme<br />

militaire et volonté de<br />

domination européenne<br />

Danger de ce type de plan:<br />

être trop descriptif et<br />

ré<strong>du</strong>cteur. Le nazisme risque<br />

d’être par exemple ré<strong>du</strong>it à<br />

un racisme et à un<br />

militarisme.<br />

Hitler<br />

2) Le nazisme est-il un<br />

“totalitarisme”: quelles sont les<br />

méthodes de conditionnement<br />

idéologique et social<br />

3) Le nazisme est-il une<br />

dictature … des classes<br />

dirigeantes: quelles sont les<br />

responsabilités des élites<br />

allemandes<br />

4) Quel est le poids des<br />

héritages historiques pour le<br />

nazisme, ce “fascisme de<br />

grande puissance”<br />

Plan plus adapté<br />

Par approfondissements<br />

historiographiques successifs,<br />

le nazisme est replacé dans<br />

son rapport à l’histoire et à la<br />

société allemande.<br />

La composition historique, indépendamment <strong>du</strong> plan choisi mais en relation avec lui,<br />

doit comporter trois parties.


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 28<br />

Une intro<strong>du</strong>ction<br />

Un développement<br />

Une conclusion<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Elle comprend trois éléments:<br />

1. L’entrée en matière ou préambule qui indique les bornes spatiales et<br />

chronologiques <strong>du</strong> sujet.<br />

2. L’analyse <strong>du</strong> sujet (qui fait apparaître quelques-unes des questions que suscite le<br />

sujet et dégage la problématique).<br />

3. L’annonce <strong>du</strong> plan (qui présente les thèmes principaux <strong>du</strong> devoir).<br />

Intro<strong>du</strong>ire c’est d’abord problématiser<br />

Développement<br />

Il est organisé en parties séparées:<br />

1. présenter dans le premier paragraphe de chaque partie l’idée principale.<br />

2. terminer chacune d’entre elles par une transition: conclusion partielle annonçant la<br />

partie suivante.<br />

3. Laisser un espace entre l’intro<strong>du</strong>ction et le développement, entre deux parties et<br />

enfin entre le développement et la conclusion. Un très net retrait de ligne peut faire<br />

l’affaire.<br />

Des parties clairement reliées<br />

Conclusion<br />

Elle est l’aboutissement <strong>du</strong> raisonnement.<br />

Elle n’est pas un résumé de la composition mais un bilan qui apporte une réponse à<br />

la problématique définie dans l’intro<strong>du</strong>ction.<br />

Elle peut aussi ouvrir des perspectives: c’est «l’élargissement <strong>du</strong> sujet».<br />

Conseils généraux pour bien rédiger<br />

Ne bâclez pas le contenu de la conclusion<br />

Méditez à l’avance son contenu!<br />

Choisissez les mots<br />

◊ Sachez résister au vocabulaire relâché. Bannissez les mots familiers. Les<br />

guillemets n’effacent rien mais placent en évidence un mot maladroit.


29 VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE<br />

◊ Sachez résister au vocabulaire trop savant.<br />

La démagogie verbale n’est pas rentable!<br />

◊ Soyez très prudent avec les mots connotés et évitez toute terminologie péjorative!<br />

gauchistes, rouges etc.<br />

◊ Évitez l’anthropomorphisation. Les faits sociaux ne sont pas des choses et<br />

encore moins des êtres humains.<br />

Ne dites pas L’Allemagne est humiliée mais Certains secteurs de la population<br />

allemande ressentent une humiliation.<br />

Ne dites pas Le régime nazi décida mais Le gouvernement de Hitler décida.<br />

◊ Soyez le plus précis possible dans l’utilisation <strong>du</strong> vocabulaire historique spécialisé.<br />

Majuscules/ minuscules<br />

◊ Peuples = majuscules -> Les Allemands<br />

◊ Langues = minuscules -> l’allemand<br />

◊ Groupes de fidèles d’une religion = minuscules -> les catholiques. Cela engendre<br />

une incertitude lorsque il y a interférence entre peuple et religion: juif renvoie à une<br />

religion; Juif à un peuple. Idem Israéliens mais israélites. La difficulté est moindre<br />

pour les groupes linguistiques perçus comme peuples : par exemple on écrit les<br />

Arabes.<br />

◊ Les points cardinaux sont des noms communs lorsqu’ils désignent des directions<br />

(minuscule) mais des noms propres lorsqu’ils désignent des régions.<br />

◊ Les époques historiques, dont le nom est consacré par un long usage, portent une<br />

majuscule. Exemples: le Second Empire, l’Ancien Régime, la Réforme.<br />

Citations<br />

◊ Si vous citez un auteur faites-le avec exactitude, et entre guillemets. Exemple:<br />

comme l’a dit Montaigne «Mieux vaut laisser son enfant morveux que de lui<br />

arracher le nez».<br />

◊ Évitez les trop longues citations.<br />

◊ Évitez les citations «bidon» pour proférer des banalités <strong>du</strong> type, comme l’a fait<br />

remarquer Untel « Hitler était un tyran».<br />

Conseils généraux<br />

Aérez votre texte en faisant des paragraphes<br />

Soignez l’orthographe<br />

Rédigez des phrases courtes, toujours plus élégantes<br />

Veillez à la présentation matérielle: feuilles solides, marges<br />

pour les remarques <strong>du</strong> correcteur


VADE-MECUM POUR L’ETUDE DE L’HISTOIRE AU GYMNASE 30

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