INTERVIEW - Texbrasil
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DOSSIER<br />
CECILIA PRADO La mode, Cécilia Prado est tombée dedans quand elle était petite ! Elle a grandi au milieu des aiguilles, des fils et des motifs, et a surtout été imprégnée de beaucoup<br />
de créativité. Contemporaine, active, la femme Cécilia Prado est avant tout romantique. Les lignes sont fluides, épurées mais toujours très féminines.<br />
ALESSA<br />
Avec un background marketing,<br />
Alessa a commencé avec de la<br />
lingerie qu’elle emballait dans des<br />
boîtes de conserve. Elle a ensuite<br />
développé des imprimés avec des<br />
bouteilles de nettoyage ménager<br />
qui ont séduit Sarah, l’acheteuse<br />
de Colette, au point de mettre ses<br />
articles en vitrine. Depuis, Alessa<br />
développe une ligne d’imprimés<br />
originaux – en plein dans la tendance<br />
cosmique pour l’été 2011 – qui<br />
rencontrent les acheteurs, tant<br />
au Who’s Next (première session)<br />
qu’au Tranoï Montaigne, signe<br />
d’une palette clientèle assez large.<br />
l’étranger, elles sont souvent déçues par<br />
rapport au nombre de commandes enregistrées.<br />
Les Européens font d’abord un essai,<br />
ils notent des petits ordres et les marques<br />
n’ont pas l’habitude de cela. Comparé au<br />
Brésil, ce n’est rien. Il faut au minimum<br />
trois saisons à une marque, qui connaît<br />
les règles du marché et est déjà européenne<br />
par son style, pour construire une base.<br />
Il lui est difficile d’accepter de devoir<br />
prendre autant de temps à pénétrer le marché.<br />
» D’autant que, pour percer, les collections<br />
brésiliennes doivent s’adapter à<br />
la demande, or le pays n’a pas la culture<br />
du froid. « Il n’y a d’hiver que dans la moitié<br />
sud du pays. Et encore, en plein hiver à São<br />
Paulo il peut faire 15 °C et le lendemain<br />
37 °C ! précise Ana Luiza. Les labels qui<br />
s’intéressent à cette saison sont confrontés<br />
à un problème de matières premières,<br />
comme la laine qui n’existe pas sur place<br />
et qu’il leur faut importer. Et là, ils doivent<br />
affronter le fait que le réal est devenu une<br />
monnaie très chère. De fait, à l’exportation,<br />
le prix des produits par rapport à la notoriété<br />
des marques est trop élevé. »<br />
Quid de la créativité<br />
brésilienne <br />
Cette analyse vaut pour Gloria Coelho,<br />
styliste talentueuse mais dont les produits<br />
sophistiqués – vendus 1000-1500 euros<br />
en boutique – sont exorbitants pour une<br />
■ Le « top 15 » des marques<br />
brésiliennes qui vendent le plus<br />
en France<br />
Liz : www.liz.com.br<br />
Alessa : www.casadaalessa.blogspot.com<br />
Anika : www.anikabrazil.com.br<br />
Coven : www.coven.com.br<br />
Trifil : www.trifil.com.br<br />
Cantão : www.cantao.com.br<br />
Feriado Nacional : www.feriadonacional.com.br<br />
Hope Lingerie : www.hopeonline.com.br<br />
Tudo Bom Brasil : www.tudobom.fr<br />
Fruit de la Passion : www.fruitdelapassion.com.br<br />
Marcia Ganem : www.marciaganem.com.br<br />
Victor Dzenk : www.victordzenk.com<br />
Lupo : http://site.lupo.com.br<br />
Barbara Bela : www.barbarabela.com.br<br />
Mormaii : www.mormaii.com.br<br />
créatrice upcoming. Si le pays doit encore<br />
progresser côté fabrication et confection,<br />
il offre une mode diversifiée, pas exclusivement<br />
orientée vers le beachwear comme<br />
on pourrait s’y attendre. Certains designers<br />
locaux, comme Gloria Coelho, Alexander<br />
Herchcovitch – qui a su développer de<br />
nombreuses licences –, Osklen ou Reinaldo<br />
Lourenço, visent le marché international.<br />
La plupart ont un regard très frais, coloré,<br />
sexy – Néon, Maria Bonita… – et sont bons<br />
pour les tenues de soirée. C’est le cas de<br />
Carlos Miele, connu pour ses robes du soir,<br />
qui possède une boutique rue Saint-<br />
Honoré et rencontre le succès au Moyen-<br />
Orient. Dans un pays où les trois quarts<br />
de la population flirtent avec le seuil de<br />
pauvreté, le recyclage est un état d’esprit.<br />
Il n’est donc pas surprenant que certains<br />
créateurs surfent avec brio sur la vague<br />
de la récupération. Les coloris vifs, les imprimés<br />
chaleureux et les robes très soir<br />
d’été, légères et faciles à enfiler, dignes<br />
d’un pays de soleil, trouvent leur juste<br />
expression chez Néon ou Isabella Capeto,<br />
qui développe son histoire personnelle<br />
sans suivre ou copier quiconque. C’est précisément<br />
dans leur capacité à rester euxmêmes,<br />
tout en s’intégrant à la demande<br />
globale et en améliorant leur qualité, que<br />
les marques brésiliennes sauront surmonter<br />
les embûches et trouver le chemin qui<br />
mène aux boutiques françaises. ■<br />
FLORENCE JULIENNE<br />
■ QUESTIONS À<br />
FERNANDO PIMENTEL<br />
Directeur général d’Abit<br />
Des organisations comme Abest<br />
(Association brésilienne des stylistes),<br />
Abicalçados (Association brésilienne<br />
des industries de la chaussure) ou Abit<br />
(Association de l’industrie du textile<br />
et de l’habillement brésilien) offrent<br />
un soutien logistique et financier<br />
aux marques brésiliennes qui<br />
souhaitent se développer en France.<br />
Rencontre avec Fernando Pimentel.<br />
FASHION DAILY NEWS : Quelles<br />
sont les marques les plus à même<br />
de pénétrer le marché français <br />
FERNANDO PIMENTEL : Les marques<br />
avec des produits originaux, une<br />
grande valeur ajoutée et une identité<br />
propre bien claire. Et les entreprises<br />
orientées sur le développement<br />
durable. Le consommateur français,<br />
en particulier, recherche auprès des<br />
entreprises brésiliennes des produits<br />
innovants, originaux sentant la<br />
fraîcheur. Ils veulent un produit<br />
qui évoque le lifestyle brésilien<br />
et qui soit contemporain.<br />
FDN : Quels sont leurs principaux<br />
atouts pour séduire la clientèle<br />
française <br />
FP : Les entreprises nationales font un<br />
investissement annuel total variant de<br />
800 millions à 1 milliard de dollars<br />
US, ce qui garantit la technologie,<br />
beaucoup de recherche et la qualité<br />
de nos produits.<br />
FDN : Quelles limites freinent<br />
leur expansion <br />
FP : Premièrement, il faut souligner<br />
que le processus organisé de<br />
mondialisation de la mode brésilienne<br />
est relativement récent, environ 10-15<br />
ans, et ce n’est que maintenant que<br />
nous pouvons observer un<br />
positionnement fort<br />
de quelques marques brésiliennes<br />
en France. De plus, le marché brésilien<br />
est en plein essor et notre taux de<br />
change fortifié, ce qui mène beaucoup<br />
d’entreprises à travailler sur le marché<br />
intérieur plutôt que d’investir<br />
sur d’autres marchés. Les taxes<br />
d’exportation sont aussi un facteur<br />
négatif aux efforts de mondialisation<br />
de la mode brésilienne. Récemment,<br />
Abit a demandé la reprise, auprès<br />
des organismes responsables, de la<br />
négociation d’accords commerciaux<br />
entre le MERCOSUR et l’Union<br />
européenne, ce qui devrait créer de<br />
meilleures conditions pour l’entrée<br />
de nos produits sur le marché français.<br />
Cependant, même avec l’économie<br />
intérieure fortifiée, les rapports<br />
commerciaux Brésil-France n’arrêtent<br />
pas de croître. Le volume du<br />
commerce de produits textiles<br />
et confectionnés a augmenté<br />
de plus de 77 % de 2006 à 2008,<br />
passant de 21 à 38 millions de dollars.<br />
FDN : Les marques brésiliennes<br />
reçoivent-elles le soutien<br />
d’organisations <br />
FP : Oui, elles sont supportées par le<br />
<strong>Texbrasil</strong> (programme d’exportation<br />
de l’industrie de la mode brésilienne)<br />
développé par l’Abit (association<br />
brésilienne de l’industrie textile<br />
et de confection) en partenariat<br />
avec l’Apex-Brasil (agence brésilienne<br />
de promotion, d’exportation et<br />
d’investissement). En plus d’organiser<br />
la participation brésilienne dans<br />
des salons de mode français,<br />
le programme <strong>Texbrasil</strong>, qui existe<br />
depuis dix ans, amène des acheteurs<br />
et des journalistes français pour leur<br />
faire connaître les marques, les usines<br />
et les principaux événements de la<br />
mode au Brésil. En 2009, environ 20<br />
journalistes et 40 acheteurs français<br />
sont venus ici répondant à l’invitation<br />
du programme. Grâce à <strong>Texbrasil</strong>,<br />
presque 500 entreprises brésiliennes<br />
se sont déjà rendues en France.<br />
Parmi les manifestations sponsorisées,<br />
il faut citer Who´s Next (2 éditions),<br />
Prêt-à-Porter (2 éditions), Première<br />
Vision (2 éditions), Mode City,<br />
Première Classe et Paris sur Mode. ■<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR FJ<br />
N°591 - 11.10.2010 WWW.FASHION-DAILYNEWS.COM 15