L.ART
en LOIRE
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février 2015
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 1
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015
Aubrac - Frédéric Javelaud
Sommaire
L.ART (Loire Atlantique Art Recherches Travaux)
4 Denis Rouvre au LiFE : Portraits et identité [Teklal Neguib]
6 Kieran Wall
10 Être créole et breton à la fois [José Le Moigne]
12 Haikus du château [Teklal Neguib]
Poesia
14 Gérard Artal
18 Keedy Marmye
22 Evelyne Charasse
24 Abdelattif Bhiri
28 Dossier d'exploration : Sur la Route
30 Sur la route... / Auf der strasse... [cie Les Planches et les Nuages]
44 L'héritage [Gérard Artal]
46 Roads [Christophe Chavaroc, AKA. Curiousplash]
64 Cut-up [Jacques Cauda]
66 Rebel Scum [Manuel Atreide]
70 Plénitude [Peggy Faye]
80 Mini thème : Oscillation métamoderniste
Perspective
82 Récit de voyage en l’art métamoderniste de Shia Labeouf [Teklal Neguib]
Dialogue
88 Aborted Metamodernist Dialogue [Teklal Neguib]
Philosophia
94 Letter from a broken (he)art [Teklal Neguib]
D’arbres et de pierre
96 Blue Monday [Frédéric Javelaud]
106 Photographies sans appareil [Damien Dutrait]
112 Des arbres, je ne connais rien [Naoufel]
118 Arboretum urbain [Thierry Kerspern]
Francophonia
134 Mohamed Elkeurti
138 Frédéric Lucas
142 Laure Bolatre
Découvertes
146 Dans la bibliothèque [Teklal Neguib]
148 Jeu poétique digital / Digital poetry game
150 Contributeurs
152 Appel à travaux (février 2015) / Call for works (february 2015)
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 3
Denis Rouvre au LiFE :
portraits et identité
Photographe très apprécié, Denis Rouvre prend possession
de l’alvéole 14 de la base sous-marine de Saint-Nazaire,
pour un moment d’émotions et de questionnements.
Denis Rouvre, Des français... Identités, territoires de l’ intime (2013-2014),
installation au LiFE – Ville de Saint-Nazaire, 2015 .Photo Marc Domage
4
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art
par
teklal
néguib
Artiste né en 1967, il est connu pour ses portraits
de célébrités, notamment à Cannes en 2011 et
2013 pour le Festival. Mais délaissant quelque
peu ce travail, il se consacre depuis quelques
années à une recherche plus personnelle.
Parti à la rencontre de ce qu’il nomme les « figures héroïques
», il photographie l’extraordinarité de gens ordinaires,
en France ou à l’étranger. Qu’ils soient Kanaks,
Sâdhus ou Sumo, tous passent sous le regard pénétrant de
Denis Rouvre. Pénétrant, mais respectueux de l’intime, de
ses sujets.
Il s’agit là d’une approche sensible de la personne photographiée,
ce que l’on retrouve dans la série présentée au
LiFE.
Exposée sous la forme d’un montage vidéo/son, l’œuvre
Des Français… Identités, territoires de l’intime nous parle
d’individus dans la complexité de leur être, de ce qui les
définit, ou plutôt, tels que eux-mêmes se définissent.
Ne cherchant pas à masquer leurs « défauts » physiques,
Denis Rouvre envisage plutôt ces derniers comme étant la
marque, ou montrant l’individualité de chacun. Il s’attache
aux rides, aux visages marqués, comme étant le livre de la
vie de la personne photographiée.
Un livre ouvert qui est déployé sous nos yeux, magnifié
par la douceur du regard du photographe, qui ne juge jamais.
Les ayant tous photographiés selon un même rituel, un
peu à la manière du protocole qu’utilisait Alphonse Bertillon,
pour ses photos d’identité judicaires –comme l’a
expliqué Sylvain Maresca, lors de sa conférence Le portrait
photographique, en image et identité le 4 février- Denis
Rouvre s’est attaché à faire converser ses sujets sur leur
identité : c’est quoi être français pour eux ?
Les réponses présentées en fond sonore, pendant que se
déploie la photographie du narrateur, sont aussi variées qu’il
y a d’intervenants. De la magie d’être français, un et multiples.
Des français dont les ancêtres ont toujours été issus
des territoires métropolitains, à ceux venus d’ailleurs, en
passant par les métis, issus d’ici et de là, l’exposition montre
toute l’extraordinaire variété d’un peuple en mouvement.
Face à cette question hautement complexe, chacun a
apporté ses réponses, avec ses mots et ses maux. Certains
ont mal à leur France, cependant que d’autres sont en harmonie
et paix avec celle-ci. Quand d’autres encore sont
français au-delà même de la question du territoire France.
Et que certains se révèlent incapables de définir leur identité,
et considèrent qu’ils n’en ont pas ou qu’alors, même à
un grand âge, elle n’est toujours définie, et ne le sera sans
doute jamais. Car oui, au fond, qu’est-ce qu’être Français ?
La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le
vernissage de l’exposition a eu lieu le lendemain des attentats
ayant vu la mise à mort de dessinateurs, chroniqueurs,
policiers… d’un journal que l’on a voulu assassiner. Mettre
en perspective les paroles des personnes interrogées
avec la manifestation du 11 janvier. Se demander ce que
ces mêmes personnes auraient répondu le jour du vernissage,
puis le 11 février, puis aujourd’hui. Voilà en filigrane le
questionnement qu’impulse cette série au regard des évènements
récents.
Auraient-ils utilisé les mêmes mots ? Auraient-ils ressenti
les mêmes maux ? Se seraient ils sentis plus ou moins
français ?
Les attentats ont résonné en nous comme une blessure
profonde, et j’ai ressenti cette exposition comme une part
du soin, que chacun d’entre nous, nous apportons. Un cri
d’amour, parfois aussi de colère envers cette identité si
forte, que la Révolution en disait que tout homme libre est
français.
Mais alors, c’est quoi pour vous être français ?
LiFE
Des français… Identités, territoires
de l’intime
Réalisation : Denis Rouvre
Montage : Julien Paris
Exposition : 9 janvier > 15 mars 2015
Entrée gratuite
Mercredi > dimanche • 14h > 19h
Base sous-marine
Alvéole 14
Boulevard de la Légion d’honneur
44600 Saint-Nazaire - France
Tél. : +33 (0)2 40 00 41 68
lelifesaintnazaire.wordpress.com
Denis Rouvre
Livre : Des Français… Identités,
territoires de l’intime
de Denis Rouvre,
Somogy Editions d’art.
rouvre.com
Extrait de l’installation (35')
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 5
kieran
wall
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art
Je veux voler l’éternité,
Me l’apprivoiser en esclave ;
Cette impalpable ubiquité,
La veux porter en laticlave.
Je veux incarner le baroque,
Etre le voleur de l’Instant,
Le dépeindre dans sa défroque,
Fixer son goût inconsistant.
Je veux faire exister l’odeur
De ces souvenirs de tendresse,
Et partager avec ardeur
Le bien de tes tendres adresses.
Je veux l’existence future
De celui qui peut esquisser,
Seul maître de sa tessiture,
Un réel vraiment éclissé.
Je veux voler tous les instants
Qui dans l’esthétique se perdent ;
Je les veux rendre résistants
à ces années qui nous emmerdent.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 7
L’air léger s’épaissit ;
L’hygrométrie relève
Le fond de l’air rassis
D’un vrai parfum de trêve.
La pluie, battante vive,
Cet espoir fabuleux,
Le fond de l’air ravive
D’un parfum nébuleux.
8
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art
Sous la lune riant,
Sémillante ordinale,
Sont les plantes brillant,
Leurs verdures banales.
Mensongers et fuyants,
Le temps et ses dédales
Cachent en fourmillant
Le très simple scandale
De la vie pétillant
La misère abyssale.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 9
José
Le Moigne
Être Créole
& Breton à la fois
Lorsque j’étais enfant, adolescent et même un
jeune adulte, je me voulais Breton, sans aucune
restriction, sauf que j’avais la peau brune et
refusais, avec la dernière des énergies, de revenir
sur cette part de moi qui, quoi que je fasse et quoi
que je puisse écrire, me distinguait. Né à Fort-de-France,
d’une mère Martiniquaise et d’un père Breton, mais arrivé
à Brest à l’âge de deux ans, l’adaptation n’a pas été facile.
Mon enfance fut mutique, sans doute que mes larmes,
incessantes à ce que l’on m’a dit pendant les quinze jours
que dura le voyage, avaient asséché mes paroles en même
temps qu’elles effaçaient ma langue maternelle, le Créole.
L’école me dénoua. Une fois mise au placard les remarques
enfantines — plus imbéciles que racistes —, je devins, pour
chacun, un véritable petit Zef ; Ti Moign pour les copains.
Un seul bémol, de taille cependant, à l’heure des festoù
noz, l’interdit n’était pas négociable, je m’évinçais du cercle.
Non que je fusse incapable d’enchaîner comme les autres
gavottes et laridés, mais cela me semblait une incongruité.
J’étais Le Breton noir, titre de l’une de mes chansons ; la
nuance me paraissait de taille.
Pourquoi écrire cela alors que par mon métier, éducateur
puis directeur au Ministère de la Justice — Protection
Judiciaire de la Jeunesse —, j’ai traversé la France de long
en large, m’adaptant plus ou moins, le plus souvent avec
facilité, j’habite maintenant, pour partie en Belgique et pour
l’autre en Bretagne, à Plourarc’h où personne n’examine
la couleur de ma peau ? À Plourarc’h où, bien que je ne
comprenne pas davantage ma langue paternelle que je ne
parle le Créole, chaque jour, comme si la chose allait de soit,
on me hèle en Breton ! Au risque de faire rire, l’explication
me semble simple. Il m’a fallu attendre d’avoir passé 30
ans pour retrouver la Martinique ; mais ce jour-là, à peine
avais-je posé les pieds sur ma terre natale que je m’y suis
fondu, avec autant d’authenticité, aussi étroitement que
je me mêle à la roche celtique. Vrai Breton en Bretagne,
Martiniquais en Martinique, puis-je pour autant m’affirmer
biculturel comme d’autres sont bilingues ? Les choses ne
sont pas si simples. Il n’est pas rare qu’elles se bousculent
dans ma tête. Écrire devient alors pour moi le seul moyen
de refuser l’incomplétude, de fuir la déshérence, le seul qui
m’ait été donné pour faire litière à l’idée même d’une seule
trahison. J’ai vieilli. Bien que cette vision de moi m’ait aidé
à grandir, je ne suis plus Le Breton noir. En Bretagne tout
comme en Martinique — et aussi en Belgique — je suis
Créole, tout simplement Créole. Voilà ce que je m’efforce de
dire dans mes romans, dans mes poèmes et mes chansons.
Je ne suis pas de nulle part, mais je puis être de partout …
le temps de revenir.
10
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art
Je ne crains pas les arbres
j’ai l’impatience dure
aux lisières du souffle
je guette ton silence
sauras-tu reconnaître
la fracture de vie
N’am bez ket aon rak ar gwez
hiraezhin kalet a ran
war vevenn de alan
e c’hedan ‘c’hanout da devel
ha goût a ri an’veza
frailhar vehez
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 11
teklal
néguib
Haïkus du Château
12
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art
Ressac des vagues,
Arbres dansant sous la bise,
Je respire la mer.
Canard qui rigole,
Ours pataud,
Je m’amuse au château.
Musique d’ambiance,
Canapé moelleux,
Je sirote mon verre.
Soleil couchant,
Ciel irisé, bijou de lune
Dans la fraîcheur d’un soir d’été.
Heure qui tourne,
Le château paisible s’endort,
Je pars me coucher.
Extraits d’un recueil de poèmes en cours de création.
Le château dont il est fait référence est le Château des Tourelles
à Pornichet. Il s’agit de haïkus, créés au Château,
et/ou inspirés par celui-ci.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 13
gérard
artal
14
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
Désarroi
J'ai longtemps occupé le fond d'un conte étrange
En y cloîtrant mon cœur sa joie et ses tourments
à l'intérieur obscur tel un nid de mésange
Dans un buisson discret bondé d'attachements
Puis posé mes quatrains aux gorges d'un dédale
Mon passé dans un voile à l’œuvre de l'oubli
Tout immergeait en moi l'agitation mentale
Du sort qui me liait au pouvoir affermi
Ayant atteint le but à ce jour je m'incline
La rime est sans écho et n'ai plus de vision
Qu'à présent déconfit la plume libertine
Y traîne mon décor sans plus grande illusion
Aux fards du potentiel abondent les chimères
Où notre temps s'égare il s'enchâsse en ses rets
Animé des éclats des porteurs de bannières
J'effeuille mes espoirs jusqu'aux derniers rejets
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 15
Le déclin
Une pensée soudaine a repris ton image
En silence au plus bas du puits des privations
Assoiffé de frissons je fouille à l'avantage
En mes rêves noyés dans nos folles liaisons
Je te vois éployée empressée de me tendre
Tes jeunes seins d’airain si chers au souvenir
Selon l'instant obscur du supplice à dépendre
De tes chairs soutenues flagellants mon désir
Coiffée du voile blanc recluse et singulière
à l'occulte sofa je t'ai vu murmurer
Tes chimères d'enfant en chasse aventurière
De brûlante façon aux impulsions d'aimer
Si le cœur bat toujours j'ai perdu la jouvence
Hélas en vain l'effroi s'agite ma raison
à l'excès être épris puis sombrer d'abstinence
Voir le corps du bourreau et souffrir l'affliction
Il est l'heure du temps de parer mes faiblesses
Cet instant sous le vent au reflux des sanglots
Restent déserts mes ans ensablés de caresses
De l'amante d'antan le martyr est sans. mots
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
La foi rebelle
La chandelle allumée sur un excès de foudre
Me suis brûlé une aile et maintenant voilà
Que la foi est rebelle au regret me résoudre
Il n'est rien de plus terne et je suis au plus bas
Mais que veut dire aimer si on ne sait le vivre
Ce verbe généreux qui touche nos esprits
Il traite d'attentions et son bonheur à suivre
De constantes douceurs tout fuyant les conflits
Le miel est un trésor et rien n'est comparable
Si ce n'est la chaleur des feux du grand frisson
Les fougues de l'amour embrassant l'accordable
Qui rend l'être serein son âme en concession
Mais dans le plein revers vont les plaintes amères
Virant dans le parcours jusqu'aux rapports fielleux
Quand la brise a passé emplie de leurs colères
S'effacent les affronts comme étrangers des vœux
J'ai toujours su chérir à ma grande faiblesse
Pour gagner l'infini des cœurs en communion
Je médite la suite à vaincre la détresse
Les sortir de l’abîme acquittant l'addition.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 17
keedy
marmye
18
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
THE BULLY
brown child blue
greed of the white collar so cruel
fading earths green
only gold is seen
poor
papa's anger reddens
beaten dull and grey mama deadens
baby starving breasted cream
everybody living a black dream
blind
the bully doesn't know
the child is really a
r a i n b o w
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 19
10 GREEN BOTTLES
10
green bottles
hanging on the wall
if dad drinks them all
he’ll accidentally f
a
l
l
3, 4
hide behind the door
got to be nimble
got to be quick
or else you’ll get whipped
with the jug cord or stick
That’s my old man
he plays
6
he beats us hard out
when he aint got his fix
it’s always raining
it’s always pouring
when Daddy’s drunk
and always snoring
7, 8
Dad wakes up late
then my old man
he played
11
he played knick knack on me
now I’m in heaven
cos all the kings horses
and all the kings men
couldn’t put me
together again
9, 10
never to start again
20
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
9, 10
never to start again
two halves dont make a whole
this is your sister
they said
half of us knew
that she
wasn't a full
the other half
happy
to simply
play
the fool
its easy
to believe
a half truth
than a
whole
but
it set her a-p-a-r-t
she felt like a half
and not a whole
a half
with a part
that had a hole
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 21
evelyne
charasse
22
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
Dans
Le bois
De l’ogre
Je sème
Des graines
De cailloux
Ceux
Qui dissolvent
La nuit
La nuit
Me met
Au secret
L’aube
En brise
Les scellés
Chaque matin
Déposer
Un peu
De rose
Sur les joues
Du ciel
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 23
abdelattif
bhiri
24
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
Le souffle
Ton souffle me berce tel un zéphyr
Nourrissant tous mes rêves et les sainfoins
D’une liqueur prodiguant mille soins
Etincelants comme de vrais saphirs
Quand tout autour de moi s'enténèbre
Ton souffle m'épargne cette asphyxie
Quand mes vains maux me déséquilibrent
Alors, il m’inonde d’ataraxie
Ton souffle rassure un cœur qui tremble
Dont la peur est portée à son comble
Si ce n'est ta présence, délivrance !
Ton souffle en tant qu'une source pérenne
S'irradiant avec large exubérance
Pour m'offrir une vie vraiment sereine !
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 25
Regard !
De tes beaux yeux couleur de jais
Fusant d’un monde cristallin
Je hume un souffle du Séraphin
Antidote aux tourments que j'ai !
Regard semant un plein désir
Regard aux vertus balsamiques
Regard aux tons hédonistiques
M'offrant des plaisirs à loisir!
Regard caressant tous mes rêves
Meublant l'univers de délices
J'ose y percevoir des prémices
D'un amour qui grandit sans trêve!
Regard résumant tous les mots
Tant son charme est très saisissant
Miroir de ton cœur ravissant
Chassant tristesse et tous les maux!
26
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA
Un amour simple !
Entre ombres et lumières
Vacille mon cœur sans complainte
Entre l'effusion des sens, éclaire !
Ne souffrant point de feinte
Entre le vertige des sensations
Le parfum des rêves suspendus
Entre le délire des quatre saisons
S'affole mon âme au désir étendu
Entre la lune snobant les étoiles
Jaillit ton spectre éblouissant
Entre le soleil caressant les pétales
Ton amour est un nectar nourrissant
Entre la morosité et l'amertume
D'un quotidien fatalement régulier
J'apprivoise ma frêle plume
Pour meubler mon spleen journalier!
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 27
28
RoAdS - Christophe Chavaroc (AKA. Curiousplash)
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
dossier
d'exploration
sur la route
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 29
cie
les planches
et
les nuages
sur la route...
/ auf der strasse...
30
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route… des Vignes - Région de Saillon/St-Pierre-de-Clages - Sandrine Brunner
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 31
Sur la route… du Glacier - Région Evolène/Ferpècle - Sandrine Brunner
32
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
‘‘ Regarder les paysages à travers le cadre et la musique,
n’ importe où, très fort Purcell, Ô Solitude.
La musique nous quitte, part dans les prés,
les paroles des chansons on les laisse derrière entre les peupliers couchés.
Sous le soleil ou la pluie, le jour, la nuit traverser ces villes à peine connues,
ne pas s’arrêter, être nulle part. ’’
Béatrice Monnard
in Des oiseaux et des voitures - éditions de l’Aire - Vevey - 2013
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 33
Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Damien Richard
34
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Damien Richard
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 35
Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Damien Richard
36
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route… du Glacier - Région d’Evolène/Ferpècle - Sandrine Brunner
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 37
Sur la route… du Haut - Région de Raron/Leuk/Brig - Damien Richard
38
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route… du Haut - Région de Raron/Leuk/Brig - Damien Richard
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 39
Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Damien Richard
40
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Damien Richard
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 41
Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Damien Richard
‘‘ Celui qui marche a toujours un rêve d'avance. ’’
Jérôme Meizoz
in Fantômes – éditions d'En Bas – Lausanne – 2010
42
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route… du Lac - Région de St-Gingolph/Le Bouveret/Vouvry - Sandrine Brunner
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 43
gérard
artal
l' h é r i tag e
On le dit vagabond celui qui, pas rasé, mal lavé, le baluchon sur le
dos sillonne les routes à la recherche de la véritable liberté...celle
de vivre pleinement son ère jusqu'à s'user marginalement dans
l'aventure. Une errance sur l'asphalte qui s'est attachée à enrichir
le mythe américain et sa suite chez les branchés de cette
religion novatrice aux émotions des années 60. Germait le mythe Beatnik au
refus des valeurs coutumières pour cette nouvelle souche montante... la beat
génération, ce courant précurseur de celui des Hippies aux ambitions de lutter
contre le matérialisme et avide d'un pouvoir libertaire radical. La paix et
l'amour seront chantés par cette jeunesse aventureuse américaine et suivie
sur les continents comptés, engagée dans ce mouvement de contre-culture
qui rejetait la société de consommation mais encore les coutumes de vie
des générations qui les précédaient. Ils bannissaient l'agressivité dans toutes
les formes de violence et tout prônant la modération ils louaient la liberté
jusqu'à celle sexuelle.
La fuite en avant dans cette décennie de contestation sur une route autre
que celle du conformisme et la soumission de tous pouvoirs. Fuir cette société
de l'anéantissement, celle de la consommation et celle des conventions. Fuir
l'autorité parentale et celle de la posture qui ne serait pas de leur convenance.
Sur la route ils pouvaient ainsi cueillir et inhaler cette fleur de paix, le
symbole de la pensée idéologique de la non-violence. Les médias les
avaient baptisé « Flower Child », les enfants de la fleur... de préférence celle
qui produisait le pollen ou les feuilles qui touchaient leurs levées sensorielles
pouvant ainsi rêver à ce nouveau monde élevé au-dessus du réel. Le
Beatnik représentera par la suite une génération de crédules déjantés sur
une route sans issue reprise par le rayonnement d'un bouddhisme pratique
venu contrer le Béat dérivant aux bénéfices des pouvoirs en place.
Le malaise des jeunes de cette odyssée aura inspiré le domaine artistique,
écologique, et ainsi nous laisser un profitable héritage culturel.
44
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Sur la route
Vaguer l'obscur asphalte en errante foulée
Sous le dais d'une nuit le silence tout bas
Singulière démence et austère pensée
Je baloche mon sort au néant de mes pas
Et règne le bonheur d'apparence sévère
Fantasque solitude au bienfait plein d'effroi
L'âme va l'étendue traînante et coutumière
La face au clair de lune et le cœur en émoi
Se devine au plus loin l'âcreté d'une essence
Relents de mon enfance allez-vous en de moi
Mes ans fuient de l'appui tout tenant la cadence
Fleurir en vain le temps où s'égare la foi.
Tout est un faux miroir que le mésaise endure
Il reflète beau monde à ses rudes tourments
Qui touchent la misère à la grande envergure
Je loge sur la route et m'illustre d'arpents
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 45
Christophe
Chavaroc
aka.
curiousplash
roads
No man's land
46
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 47
Nightbag
48
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 49
Basilicata
50
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Fat old sun
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 51
Sheep
52
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
(F)lake
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 53
Cover
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Whitelight
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Here
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Cows
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dry sun
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Connected
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Torre Bianca
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jacques
cauda
cut up
sur la route
de la peinture
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nombreux goûts des langues remplies d’eau
dans des pots fixés avec des pinces métalliques
il suffit de déplacer le chevalet outil désuet
tout en jetant un œil fermé l’autre ouvert à
l’intersection
de la ligne d’horizon et du modèle à surfigurer
qui tient à bout de bras
bel objet de la verticalité
plus loin
il y a des bleus des blancs maquillés et des
angles faits avec le corps du modèle qu’on
retrouve partout entre les doigts au bord du
cadre ou encore sur une chaise située de l’autre
côté du chevalet
dans le cas où le modèle est quasiment seul
visage tourné vers le cadre comme endormi les
paupières closes
le moindre geste quel qu’il soit vieillit celui qui
le surprend d’un nombre d’heures équivalent
à celui qui prend la pose mais par souci
d’équivalence il (le modèle) ne rencontre sa
surfigure qu’après avoir posé et encore
à quoi il faut ajouter
des vides
des creux au sens charnel
qui viennent en avant danser
sur la pointe des soies
graviter à rebrousse-poil
comme échappés des eaux
et beaucoup de temps reposé pour atteindre
son reflet vu et revu comme hameçonné dans le
cadre
pendant ce temps-là le dit modèle s’empêche de
vider son temps de vie par les pores qu’il aime
montrer sans pudeur
se faufile dans les pupilles
puis sans transition
nec nuda minus formosa videtur
avec du vivant du mouvement par veines
semble-t-il
et de la dimension lorsqu’on décrit
mais pour l’heure entre les pinces métalliques
et les pots remplis d’eau le modèle maintenant
surfiguré pousse le ciel en plomb contre le cadre
de la toile en train de se faire
et chacun voit dans cette surfigure
l’accomplissement des langues dont il a été
question dès le commencement
puisque le cadre est rentré dans la danse
nous voici (il y a des bleus des blancs maquillés
et des angles faits avec )
à l’instar des tissus ces écailles
qui sont à la peau en surface
et bientôt des mains
sur le rectangle de lin cru
plus loin
par l’âme du couteau et du pain
modulant le mot d’aimer les mouvements
ondulatoires doucement comme silences
tombant blancs
nombreux goûts des langues remplies d’eau
le châssis ce quadrille entendu
cette table où manger la peau
les veines et le mouvement du sang
pris dans un fin treillis
de fils engendrés par les ondes
de la danse qui devient épaisse
il se fait des vides
il se fait
des creux au sens charnel
qui viennent en avant danser
sur la pointe des soies
graviter à rebrousse-poil
comme échappés des eaux
toujours en mouvement sur le tendu
de la toile de lin
mailles à partir du modèle
enfin délivré de lui-même
on le voit bien
avant comme apprêt
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66 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
manuel
atreide
rebel
scum
Parler de la Beat Generation, c’est avant tout parler
de rébellion. Nous pouvons parler à foison des
références culturelles de ce mouvement littéraire
et artistique mais ce qui le distingue de bien
d’autres courants, c’est sa profonde résonance
avec un certain nombre de mouvements sociaux.
La Beat Generation naît après la seconde guerre
mondiale aux USA. Le pays est vainqueur, riche, la société
de consommation offre à la classe moyenne un niveau de
vie que seuls les plus privilégiés avaient jusque-là goûté.
Vingt ans après la grande dépression, les Etats-Unis
connaissent un âge d’or. Pourtant, la Beat Generation, dans
cette décennie d’opulence, se voit comme une génération
perdue, brisée, larguée.
L’opulence matérielle que connaît la classe moyenne
américaine des années 50 cache en réalité une société très
fermée qu’une partie de sa jeunesse rejette. Après une
courte période de décélération des dépenses militaires
après la seconde guerre mondiale, la tension croissante
entre les blocs de l’Ouest et de l’Est conduisent les USA à
se lancer dans une course aux armements en même temps
que la paranoïa grandit dans le pays à propos de la menace
communiste. Les USA sont certes devenus riches, mais se
rêvent comme un pays de capitalistes blancs protestants
et hétérosexuels. Les minorités n’ont aucune place.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 67
Dans une société que leurs parents, qui ont gagné la guerre
contre le monstre nazi, forgent à leur convenance, que
peuvent bien faire les jeunes des années 50 ? Se rebeller
bien sûr. Pour la majorité, le jazz puis le rock ainsi que les
diverses luttes contre toutes les formes de ségrégation
raciales et sociales vont fournir un cadre suffisant pour
cette rébellion juvénile. La Beat Generation va aller plus loin.
Dans l’espace d’abord. Les USA sont un pays-continent
mais l’urbanisation rapide du pays concentre la population
– et surtout la classe moyenne – dans les mégapoles en
cours de constitution. La Beat Generation va réinventer
le rêve américain de l’ouest, notamment au travers
du mythique livre de Jack Kerouac, Sur la Route, que
l’auteur écrira en trois semaines en 1951. Il y relate divers
voyages d’est en Ouest, ainsi qu’au Mexique. Alors que les
américains découvrent les joies du voyage en avion, la Beat
Generation va elle, ramper au sol et partir à la découverte
de l’immensité du pays.
Par l’esprit ensuite. La Beat Generation rompt en partie le
consensus social sur les drogues et reprend le mouvement
d’exploration des substances hallucinogènes comme
source d’inspiration artistique tout autant que comme
moyen de fuite d’une réalité trop étriquée.
Mais c’est surtout dans la rupture des conventions
morales puritaines que la Beat Generation va devenir
emblématique. Ce rejet de la morale n’est pas une
construction collective mais résulte plus des individus
phares du groupe. Jack Kerouac, très libéré sexuellement,
se mariera trois fois et aura un certain nombre d’amants.
Lucien Carr, bisexuel, sera accusé, jugé et condamné pour
le meurtre de son amant David Kammerer. Jack Kerouac,
l’aura aidé à dissimuler l’arme du crime. Allen Ginsberg
est l’auteur de Howl, un poème qui vaudra un procès à un
libraire de San Francisco en raison du caractère « obscène »
du texte.
La Beat Generation a porté ce thème de la libération
sexuelle. Dix ans avant le mouvement hippie – qui se
réclamera en partie de la Beat Generation, les beatniks
renvoient l’Amérique d’Eisenhower à ses contradictions :
le « pays de la liberté » ne l’est pas en matière de mœurs.
Mais la Beat Generation, aux prises avec l’expérimentation
des drogues, va échouer à transformer en profondeur la
société américaine. Ses membres les plus importants
vont certes influencer plusieurs générations d’étudiants
mais n’arriveront pas à pénétrer les foyers – et surtout la
mentalité – de la classe moyenne.
Le flambeau va être repris par les mouvements de
libération des minorités sexuelles des années soixante-dix
et quatre-vingt. Les émeutes du Stonewall Inn de 1969, au
cœur de Greenwich Village, un des lieux emblématiques
de la Beat Generation, vont illustrer avec éclat cette
oppression que vivent les minorités sexuelles américaines.
Cette mécanique d’oppression, Ginsberg l’avait moquée et
provoquée treize ans auparavant dans Howl. Harvey Milk
et son combat pour une représentation politique des LGBT
à San Francisco dans les années soixante-dix sont aussi
une continuation et une extension de la Beat Generation.
La métropole de Californie du Nord est en effet devenue
une capitale de la contre-culture avec le mouvement San
Francisco Renaissance auquel a participé, entre autres,
Allen Ginsberg.
Le lien entre les beatniks des années 50 et la génération
SIDA est tout aussi évident. L’irruption de l’épidémie au sein
de la communauté gay de New York vient frapper en plein
cœur une partie de l’intelligentsia américaine du début des
années quatre-vingt. Les leçons de la Beat Generation ne
seront pas oubliées : la contestation politique peut se nourrir
de la créativité artistique et l’artiste engagé politiquement
peut avoir une parole dévastatrice d’efficacité.
Certes, les beatniks ne sont pas en première ligne dans la
bataille contre le SIDA mais Act-Up, par bien des côtés, est
un enfant de la Beat Generation. Reprenant à son compte
la révolte, ce mouvement politique est l’expression, trente
ans après, du même sentiment de génération perdue,
abandonnée, massacrée. Act-Up mêlera tout aussi
brillamment les revendications politiques et sociales avec
l’art, notamment le street-art. L’agit-prop, héritage des
années hippies viendra donner au mélange un impact que
les politiques et les médias reconnaîtront rapidement.
Et maintenant ? Soixante ans après, que reste-t-il de
la flamboyance de la Beat Generation ? De sa créativité
débridée, de son refus de vivre dans une société cadenassée
par les préjugés et le conformisme ? À vrai dire, pas grandchose.
Les révolutions conservatrices initiées dans les
années soixante-dix et quatre-vingt ont profondément
rebattu les cartes sociales. Les contre-cultures ont pris un
coup de vieux et les zadistes des années deux mille dix ont
maintenant bien du mal à apparaître comme l’avant-garde
sociale et politique d’une société pétrifiée par la peur du
chômage et du terrorisme. Les mouvements LGBT euxmêmes
ont vieilli.
J’avoue, mon regard se tourne vers le monde trans’.
L’invention d’un autre futur est là, chez ces hommes et ces
femmes à qui la société nie jusqu’au droit d’être. Au-delà
des horreurs subies, les trans’ réclament un monde qui leur
permettra de prendre toute leur place. Cela passe bien sûr
par de fortes revendications sociales : contestation d’un
monde divisé entre deux sexes et deux genres, définition
fluide de l’humanité, refus des divisions homme/femme.
Cela passe aussi par un mouvement artistique et littéraire
dont nous ne voyons pour le moment qu’une infime partie.
Tout comme la Beat Generation, l’humanité trans’ rejette
une société conformiste confortable pour la majorité. Tout
comme la Beat Generation, cette humanité repart aux
sources. Au travers des luttes pour l’égalité de leurs droits,
de leur représentation au cinéma, de leur place dans les
médias, de leur appartenance même au mouvement LGBT,
les trans’ questionnent le monde actuel et le défient de
regarder dans le miroir.
Ce faisant, elles/ils le réinventent.
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 69
Anheung, Corée du Sud, mai 2010
peggy
faye
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Camargue, France, novembre 2012
plénitude
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Gaspésie, Québec, septembre 2010
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Alice Springs, Australie, mai 2013
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 73
Swansea, Tasmanie, mai 2013
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Gaspésie, Québec, août 2014
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 75
Coin-du-Banc, Québec, août 2014
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Kata-Tjuta, Australie, avril 2013
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 77
Blue Mountains, Australie, mai 2013
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route
Alice Springs, Australie, mai 2013
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mini thème
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste
oscillation
métamoderniste
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste 81
Teklal
Neguib
Récit de voyage
en l’art métamoderniste
de Shia Labeouf
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective
Je m’en rappelle encore, de ce moment, où j’ai découvert
l’artiste Shia Labeouf. C’était un matin de
début février 2014. Il ne faisait pas chaud. Nous
étions en semaine. Et il faut bien l’avouer, je serai
bien restée sous la couette. Mais ni une ni deux,
il fallut bien se lever. Je commençais à m’habiller, tout en
écoutant la radio. Une musique, puis les infos. J’étais debout,
au pied du lit, en train d’essayer de mettre mes collants.
Et là, soudainement, la radio m’apprit qu’un acteur du
nom de Shia Labeouf s’était présenté sur un tapis rouge
pour le film Nymphomaniac, avec un sac en papier sur la
tête, sur lequel était inscrit « i am not famous anymore ».
Ce fut comme un coup de poing en pleine figure. J’en trouvais
cela tellement intéressant que j’en laissai choir tous
mes vêtements.
Et ce fut le début d’un drôle de voyage…
En effet, la première chose que je me suis dite, c’est que
cet acteur, un quasi inconnu pour moi, posait les bonnes
questions, mais qu’en plus il les posait bien.
Tout ce que je savais de lui à ce moment-là, c’était son
prénom et son nom (et encore, je n’avais retenu ce dernier
que parce que c’est un nom cajun [je suis française] qui
plus est bizarre), qu’il était brun, et qu’il avait joué dans
Transformers. Un quasi inconnu, comme dit précédemment.
Surtout que, Transformers, c’est le genre de film qui
ne présente aucun intérêt pour moi, que je ne vais pas voir,
dont les acteurs ne m’intéressent pas du tout, et du coup je
ne leur prête strictement aucune attention.
Ceci dit, comme je ne suis pas à une contradiction près, je
suis quand même allée voir Transformers 4, et j’ai même vu
RIPD (si çà, ce n’est pas de l’ouverture d’esprit !).
Bref, pour dire les choses telles que, je ne savais rien de
lui, à part qu’il jouait dans des films ne présentant aucun
intérêt à mes yeux. Du coup, je partais, on peut le dire, avec
un a priori plutôt négatif. Mais cette information, ce matinlà,
a aiguisé ma curiosité, tant je trouvais sa démarche de
très grande qualité.
Cela mettait en jeu, de nombreuses questions au regard
de l’identité, qui est mon champ de recherches artistiques.
L’artiste en moi fut enthousiasmée. En effet, il questionnait
le concept de célébrité, tant pour les artistes ayant
« prouvé » leur mérite (par un travail artistique d’acteurs,
artistes visuels, chanteurs, etc…) que pour ces célébrités
instantanées que sont les « stars » de la téléréalité. Sa fugacité,
sa folie, ses côtés positifs, mais aussi et non des
moindres, ses éléments négatifs (être scrutés à longueur
de temps, pour chaque activité, l’agressivité de certains, la
jalousie, son côté montagnes russes, sa perversité). Toutes
ces choses que le film Maps to the stars de David Cronenberg
a su si bien raconter (excellent film soit dit en passant).
Sa démarche interrogeait aussi sa place d’humain dans sa
célébrité, sa propre place d’être sensible, avec ses fragilités,
ses bêtises, ses erreurs, ses réussites, sa quête, aux prises
avec ce statut de « famous people »
Quel droit à l’erreur pouvait-il lui être accordé quand
chacun de ses gestes est vilipendé instantanément sur
toute la planète ?
Avec son sac en papier sur la tête, il était un artiste en
grève de sa propre célébrité, en révolte contre cet enfermement,
qui fait de vous un objet et une image, sans âme,
sans vie, et non plus un être, dans toute sa complexité. Ce
sac sur la tête était un appel pour la liberté via un enfermement
par refus d’un autre enferment dans un monde
apparemment libre…
Refuser de jouer le jeu de la célébrité pour retrouver sa
propre liberté, dans un anonymat, qui lui est refusé. Une
disparition de la célébrité pour une renaissance en tant
qu’être. Un refus de donner son corps en pâture, pour se le
réapproprier. Faire disparaître la célébrité pour reconquérir
l’humain, se débarrasser de l’irréel au profit d’un retour du
réel.
C’est en cela d’ailleurs que l’utilisation du sac en papier
est intéressante, en ce qu’il bloque la communication. Il est
un rempart, un refuge, face à cette dernière, cette communication
dévoyée des temps modernes, qui chosifie les
célébrités, pour n’en faire que des objets. Ce sac cache le
visage de l’artiste, ce reflet de l’identité, de l’individualité.
Ces yeux étaient à moitié mangés par le sac. Invisibilisé, le
reflet de l’âme. Une volonté de se cacher, de retrouver sa
part intime, humaine.
À mon sens, sa performance allait d’ailleurs bien audelà
de la problématique de la célébrité, car à l’époque
d’internet, des réseaux sociaux, et a fortiori pour notre génération,
la question est surtout de savoir si nous avons
encore la main sur notre part intime, sur nous-mêmes, sur
notre être.
Shia Labeouf était donc là, sur son tapis rouge, son sac
sur la tête, représentant générationnel de ce mouvement
de révolte contre la réification de l’humain.
Travaillant personnellement sur la place de l’humain dans
le monde contemporain, je ne pouvais qu’être intéressée,
séduite, par cette démarche, ce happening, cette déclaration
de guerre au travers d’un sac en papier.
J’ai donc décidé à ce moment-là de suivre son travail.
Mais encore fallait-il en déterminer la méthodologie. En
effet, face à l’incompréhension (au mieux) voire au pire,
l’agressivité des médias, qui le ridiculisaient ou carrément
le clouaient au pilori tout en essayant de le faire passer pour
fou (sic, re-sic, et re-re-sic), la question était donc pour moi
de réussir à trouver un moyen d’ « entendre » son travail,
sans être parasitée par la lecture que les médias pouvaient
en faire. Rien que la présentation par la radio ce matinlà
de I am not famous anymore me confronta directement
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 83
à cette problématique. Etre toute ouïe au message, pour
l’écouter sans a priori, voilà quel était mon désir profond.
J’ai donc fait un choix qui pourrait paraitre étrange, bizarre.
Plutôt que de suivre précisément et systématiquement
son travail, j’ai décidé que dans un premier temps
(sur plusieurs mois), j’allais n’en écouter, n’en suivre que
l’« écume ». Pour prendre la métaphore du bateau, non pas
suivre le bateau lui-même, mais la trace d’écume qu’il laisse
dans son sillage, afin de ne me concentrer que sur le chemin
suivi et non être distraite par le brouhaha alentour. J’ai donc
décidé de ne suivre, de n’écouter que les empreintes, les
traces des performances qu’il allait réaliser, pour ne surtout
pas me laisser envahir par le point de vue des médias, ce qui
était ma crainte principale. Ne surtout pas laisser pervertir
mon regard, par celui des journaux. Ce suivi de loin de son
travail est ce qui m’a permis de forger ma propre opinion
sur celui-ci, de pouvoir bénéficier de tous les questionnements
que celui-ci provoquait, et qu’en tant qu’artiste, je
souhaitais pouvoir pleinement apprécier. Apprécier ce travail
à sa juste valeur, voilà quel était mon objectif.
Mais cela n’a pas été sans inconvénients, puisque de
facto, je suis passée à côté de quelques performances, par
exemple. Ainsi, si j’ai pu apprécier certaines performances
a posteriori, out of office reste pour moi un grand mystère,
le décalage dans le temps entre la performance et le moment
où je l’ai découverte, ayant manifestement été fatal à
ma compréhension. En choisissant cette méthodologie de
suivi d’un artiste, je savais malheureusement courir ce type
de risques. Cependant, face à la problématique « média »,
ils n’ont pas pesé bien lourds dans la balance. Et c’est ainsi
que suivant les traces des activités artistiques de Shia Labeouf
de loin, j’ai pu en « extraire la substantifique moelle »,
comme l’aurait si bien dit Rabelais.
Les mois ont passés. J’ai doucement écouté les murmures
des performances, l’écho de leurs voix à travers
les méandres des médias. Puis, début octobre, quand j’en
ai senti le processus assez mûr, alors je me suis décidée
à plonger dans le travail de Shia Labeouf, un peu comme
une archéologue qui en lieu et place de creuser la terre à la
recherche de ruines ou d’ossements, allait parcourir le net
en une archéologie contemporaine.
Je me suis donc documentée, au travers d’interviews, de
blogs, des films des performances.
Ainsi, je découvris que contrairement à la présentation
faite par la presse, les performances étaient une œuvre
collective, réalisée certes bien entendu par Shia Labeouf,
mais aussi par Nastja Säde Rönkkö, performeuse finlandaise,
et Luke Turner, écrivain et artiste anglais. Je suis donc alors
partie à la découverte de ces artistes, dont j’ai regretté
l’absence de mention ou de traitement par les médias,
surtout généralistes.
J’ai notamment apprécié l’œuvre Till the morning comes,
co-création de ces deux artistes, dont j’aime beaucoup le
rapport à la nature, la mer déchainée, le phare lumineux au
loin. Une thématique qui me touche, d’un être seul allant
puis revenant du phare. Une solitude, seulement accompagnée
du bruit du silence…
Le concept de (If You) Hold On, travail de Nastja Säde
Rönkkö, m’a aussi beaucoup plu, même si pour le coup le
plus intéressant aurait été d’y assister, bien sûr.
J’ai aussi particulièrement aimé Something Warm When I
Think About You pour tout à la fois son mélange poétique
de tristesse et de tendresse, et son fond d’absurdité et de
naïveté. La nature comme soin, comme refuge au malheur
humain, dans une forêt qui semble avoir été dévastée par
des incendies, une forêt d’arbres brulés… Soins donnés,
soins reçus, qui est le plus malheureux de l’humain ou
de la nature ? Qui a le plus besoin de tendresse pour se
reconstruire ?
Quant à Luke Turner, il a été véritablement mon coup de
cœur. Je suis littéralement tombée amoureuse de sa série
The ontic order, travail totalement hypnotique, que je vous
invite instamment à découvrir. Des tableaux abstraits, avec
des formes, dans lesquelles on peut tant projeter, imaginer,
être libre en somme de ses interprétations. S’y perdre…
une mise en abîme de soi-même, de ses certitudes, perdre
son esprit dans les méandres de l’abstrait…
J’aime aussi beaucoup The damoclean frame, ce corps
étrange posé là. Dont on ne sait rien. Seul, nu dans cette
pièce froide, blanche comme un hôpital, aseptisée. Un
corps anguleux, frêle, et cette cheminée toute petite, si
petite qu’aucun feu ne peut réchauffer la pièce et encore
moins ce corps, dont on ne sait s’il dort, ou s’il est mort.
Anonymisé, car sans visage, seuls des cheveux sont visibles.
Etrange… là aussi une mise en abîme, qui nous fait
avoir mal pour ce corps, qui nous fait avoir froid pour cette
pièce, qui nous fait vaciller à les regarder. Si beau et qui
touche au corps et au cœur…
Sinon, outre sa création thevoid, j’ai aussi apprécié la série
Ruins, pour son travail autour du lieu, de la ruine grecque,
de son architecture. Un travail intéressant à mirer, où ces
ruines justement s’effacent petit à petit dans le fond noir
des photos, comme si elles étaient un dernier rappel avant
l’oubli, une métaphore, peut-être de la destinée humaine ?
C’est par Luke Turner, aussi, que j’ai découvert le Metamodernisme,
courant récent, créé vers 2009-2010 par
Timotheus Vermeulen et Robin van den Akker, qui sont des
théoriciens culturels. Si vous souhaitez vous renseigner davantage,
prenez le temps de lire l’introduction rédigée par
Luke Turner pour la revue en ligne anglaise Queen Mob’s
Teahouse.
Ce qui, personnellement, m’a beaucoup intéressée dans
cette théorie, c’est la question du quadriptique sincérité,
ironie, naïveté et cynisme, au regard de la génération dite
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective
métamoderniste, c’est-à-dire la mienne (génération ayant
été élevée dans les années 80 et 90, pour reprendre la définition
donnée par Luke Turner), qui se trouve au carrefour
de ces traits. C’est l’implication de cette théorie (descriptive
et non pas prescriptive) dans la question identitaire, qui je
l’avoue m’enthousiasme tout particulièrement. Bien sûr, le
champ de la théorie métamoderniste est bien plus vaste
que l’identité, qui n’en est qu’un petit élément, mais c’est à
mon sens, sans doute le plus passionnant, en tout cas celui
qui personnellement, me passionne le plus, car la perspective
soulevée est des plus alléchantes. C’est l’ouverture du
champ des possibles en matière de recherches sur l’identité
et la nature humaine.
Quant à Shia Labeouf, j’ai enfin pu voir son visage. Il était
passé d’une tête en forme de sac en papier marron (je vous
avais bien dit qu’il était brun), à un visage humain (avec
cheveux courts et barbe fournie)… quand on vous dit que
les chirurgiens esthétiques d’Hollywood font des miracles !
Ouf, un humain !
J’ai été très intéressée notamment par la performance
#IAMSORRY, par ce qu’elle racontait de sa propre humanité,
mais aussi de ce que pouvaient en faire les autres. En
situation de très grande vulnérabilité, il y a montré toute sa
sensibilité d’être blessé, meurtri (certes à commencer par
sa propre bêtise, l’affaire du plagiat ndlr, mais aussi par la
réaction ultra-violente et totalement disproportionnée qui
s’en est suivie, comme si justement il n’était plus un être
humain, mais un simple punching-ball). Mettant en scène,
son propre corps, sans barrière de protection, ni filet, il s’est
retrouvé et s’est mis à la merci du public, totalement accessible
à celui-ci, simplement caché par son sac en papier.
Et si la majorité des personnes ont compris la sincérité
de sa démarche et de ses excuses, en l’accompagnant et le
soutenant à leur manière, dans un moment de très grande
humanité, et de profonde connexion entre êtres, durant ce
happening de quelques jours, d’autres n’ont pas montré un
tel respect de sa personne, de son être. Sans parler du viol,
des journalistes même se sont permis de lui enlever le sac
sur la tête, et des membres du public se sont pris en photos
avec lui, sans respect ni de son individualité, ni des règles
établies. En effet, en situation de domination, et de pouvoir
(ce qui était ici très clairement le cas, Shia Labeouf étant
en position totalement vulnérable et infériorisée), certains
ne savent pas gérer ce pouvoir, justement, ne savent pas
l’utiliser sainement et respectueusement… d’où les dérapages
possibles, pouvant aller jusqu’à la violence (cf expérience
de Stanley Milgram). Ainsi Marina Abramovic avait
elle-même été agressée lors d’une performance artistique,
Rhythm 0, en 1974, où justement elle donnait ce pouvoir au
public. Ce sont les spectateurs eux-mêmes qui avaient fini
par ordonner la fin de la performance, devant la gravité de
la violence.
Ces réactions posent la question d’à qui appartient le
corps des célébrités, ont-elles elles-mêmes un droit dessus,
ou appartient-il au collectif, avec chacun ayant un droit de
regard dessus, d’en faire ce qu’il veut ? Qui possède l’usus,
l’abusus et le fructus ? Qui peut dire « je suis propriétaire de
ce corps » ? Est-ce la célébrité qui y vit dedans ou le public
qui lui, en jouit, et peut vivre dans le fantasme de le posséder
? L’analyse des réactions du public est en ce sens,
très intéressante, car elle met à nu toute l’opposition entre
propriété et possession. Il est à noter qu’en droit français
de la propriété privée, au bout de 30 ans de possession
d’un bien immobilier, le possesseur devient propriétaire, en
lieu et place du propriétaire légitime [c’est la prescription
acquisitive], et en matière mobilière, il n’est pas besoin de
ce délai de trente ans, puisque selon l’adage, « possession
vaut titre ». D’où l’acuité de cette question philosophique.
Ainsi, la célébrité devient le propriétaire dépossédé de son
corps, dont le public est le possesseur, sans se soucier des
droits et des attentes minimales de respect de la personne
connue.
Cela rejoint tout le débat entre vie privée et vie publique
des célébrités, mais aussi la transformation des célébrités
en objet, réifié, et la perte de leur identité d’être humain,
au final.
L’autre performance que j’ai beaucoup aimé est #INTER-
VIEW, que j’ai pu regarder et lire en réel, pour une fois. Publiée
fin novembre, et réalisée en partenariat avec Aimee
Cliff, journaliste à Dazed and Confused, elle consiste tout
d’abord en une interview par messagerie, publiée telle que,
avec la continuité des mails, ainsi que les fautes, stylisée
par les trois artistes, puis une vidéo d’une heure, faite de
silences gênés entre deux personnes ne se parlant pas, et
se regardant simplement. De la difficulté d’une communication
uniquement non-verbale…
Je me suis surtout intéressée à la partie purement interview
de la performance, qui se place d’ailleurs, dans la
lignée de #IAMSORRY. Très longue, elle est à mettre en
perspective de la très belle interview que l’artiste a aussi
donné pour le magazine Interview (et dont j’aime particulièrement
la photo avec le sabre, et celle avec la cigarette
écrasée sur la langue, sans parler du contenu, si profondément
humain), début octobre 2014. #INTERVIEW décrit
les mots et les maux d’un homme fragile et sensible, dans
ses difficultés, joies, créations. C’est un être complexe, pas
toujours dans les clous d’une société normopathe, qui hait
les émotions, pourtant fondement de notre humanité. Il y
parle de philosophie, de métamodernisme, de rédemption,
de sincérité et d’ironie.
Il apparaît ici comme un être émotionnel justement, dans
ses larmes, à la vie difficile, qui tombe mais se relève. Une
personne résiliente en somme. Fondamentalement attachante,
qui a connu et connaît une crise existentielle,
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 85
qu’il a su en compagnie des artistes Luke Turner et Nastja
Sade Ronkko, transformer en une quête artistique majeure,
à l’envergure générationnelle. #INTERVIEW donne
une image si sensible, très émouvante, si belle de la sincérité
d’un homme à nu, dans l’étrange douceur de l’émotion
exprimée.
J’avoue que j’aime profondément ces hommes aux
gueules cassées. Qui fourbus, à terre, se relèvent. Qui ont
la rage de vivre, même si c’est pour s’en prendre plein la
figure. J’aime ces herbes à l’allure plus ou moins droite de
loin, mais qui de près se révèlent herbes folles, s’équilibrant
à coup de zigzags. Des hommes qui ont vécu, qui ont du
vécu, qui ont connu la fange, ces hommes tout à la fois
fragiles et forts, forts parce que fragiles et acceptant tant
bien que mal cette fragilité. Des hommes à l’humanité,
pleine et entière, dans sa sensibilité la plus crue… de la
richesse des failles et des blessures !
Comme le dit Junichirô Tanizaki, dans éloge de l’ombre
(1933), à propos des objets, certes, mais ceci est applicable
aux humains, « contrairement aux Occidentaux qui s’efforcent
d’éliminer radicalement toute souillure, les Extrême-Orientaux
la conservent précieusement, et telle quelle, pour en faire
un ingrédient du beau ».
Car en effet, c’est de la douleur, de la souffrance, que l’on
apprend. Pas d’une vie paisible et béate. Car il faut connaître
le manque pour comprendre toute la valeur, et la saveur
d’un instant de paix, de bonheur, la valeur d’un sourire, d’un
geste de tendresse, de la chaleur humaine, même sur internet
et les réseaux sociaux.
Plutôt que de faire un long paragraphe sur le sujet, je
publie ici un poème (poème Être), que j’avais écrit il y
a quelques années sur ce même sujet, et que la lecture
d’#INTERVIEW m’a remémoré :
Nous sommes riches de nos blessures et de nos failles
Nous sommes riches de nos faiblesses et de nos douleurs
Nous sommes riches de nos cicatrices et de nos démons
Nous sommes si fragiles et si forts à la fois
C’est pourquoi nous sommes
Mais au-delà de lui, cette œuvre parle aussi de nous,
cette génération métamoderniste. Elle est la définition
de notre temps, de notre être, de notre vie. C’est là que le
format dialogue, car c’est plus à mon sens une conversation
que réellement une interview, prend tout son sens. Un
vrai échange se noue entre les deux acteurs de la performance,
Shia Labeouf donc, et Aimee Cliff. Et à ce que dit
le premier, la seconde y répond, apporte ses nuances et
confirmations. Et c’est cet échange, et non un monologue,
qui permet d’apprécier toute l’ampleur générationnelle des
propos. Car au travers de ses mots, Shia Labeouf ne parle
pas seulement de lui, mais in fine, aussi de nous, plus âgés
ou plus jeunes, mais de la même génération. Partageant
un rapport spécifique aux réseaux sociaux et à internet.
Partageant avec lui d’avoir été élevé dans l’ironie, chère
aux Simpson, et à South Park. D’être nés et d’avoir grandi
dans un monde en crise, et de vivre adultes, toujours dans
ce même monde en crise ; culturellement marquée par la
crise, voilà notre génération. à la croisée des chemins entre
ironie, sincérité, cynisme et naïveté. #Interview le raconte
très bien ; même cet appel à une forme de naïveté, cet attrait
vers, ce sens de… de chacun de ces quatre éléments,
en fait. Une génération métamoderniste, si étrange aux
précédentes.
Et c’est en cela que je trouve l’ensemble du travail de Shia
Labeouf, Nastja Sade Ronkko et Luke Turner fondamental.
Car bien au-delà des questions de célébrité, il nous parle
et parle aux autres, de notre génération. Ainsi, la réduction
par les médias des performances à une excentricité de Shia
Labeouf-célébrité est dommageable, et passe complètement
à côté de leurs apports. Ne les considérer que comme
l’ego-trip d’un artiste ne parlant que de lui, c’est oublier
que le premier des matériaux d’un artiste, c’est lui-même,
qu’il malaxe, modèle, détruit et reconstruit dans une mise
en perspective, une exploration de l’humain qu’il est, que
nous sommes.
Et il est d’ailleurs un peu frustrant à ce propos, mais cela
n’est que mon point de vue personnel, que les artistes
eux-mêmes n’aient pas explicité davantage leur méthode
de travail : qui apporte les idées ? Comment se décide sa
réalisation ? Comment se répartissent-ils le travail ? Les
décisions sont-elles prises collégialement ou existe-t-il un
leader ? Etc.
Car si Shia Labeouf est le corps de la performance, le médium
par lequel elle est exprimée, sa part visible, le processus
de création et de travail collectif reste des plus mystérieux,
et c’est là que réside justement la frustration. Mais
il est fort vrai aussi, à la décharge des artistes, que je suis
une passionnée de la compréhension des mécaniques de la
pensée, de l’éclosion de l’idée à sa réalisation.
Cependant, replacer, de la part des médias, le travail de
Shia Labeouf dans le collectif auquel il appartient et dont
il est le produit permettrait de ne pas en oublier la portée
générationnelle. Car au fond, chacun d’entre nous peut
se retrouver dans les questions soulevées, les descriptions
faites. Chacun d’entre nous peut extraire dans la « substantifique
moelle » d’#INTERVIEW et des autres œuvres une
part de lui-même, une description de ce qu’il est, de ce que
notre génération est.
Ainsi, ce voyage dans l’art métamoderniste de Shia
Labeouf, Nastja Sade Ronkko, et Luke Turner, a été une
magnifique découverte, qui en tant qu’artiste, travaillant
sur la place de l’humain dans le monde contemporain, m’a
complètement bouleversée : de par sa qualité, les enjeux et
questionnements soulevés.
Car, le travail collectif réalisé exprime bien au-delà des
membres de ce même collectif. Il est le verbe et l’image d’une
génération, jusque dans son romantisme (#LOVELETTER).
Aussi tout comme moi, je vous invite à effectuer ce si beau
voyage dans l’art d’un homme sensible, émouvant dans sa
sincérité, d’un artiste qui se repositionne en tant qu’être humain,
dans l’affirmation et la revendication de la complexité
de l’être qu’il est, des êtres que nous sommes tous.
Alors, fermez les yeux, ouvrez votre esprit et votre cœur, et
écoutez le message …
86
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective
Pour aller plus loin
Performance
La réflexion entamée dans cet article sur " propriété et possession du corps
des célébrités ", ainsi que sur la problématique de la presse à scandales
et des médias plus traditionnels est prolongée dans le cadre de la
performance artistique sur Twitter " So Scandalous ".
Pour en savoir plus, consultez la page du site web, qui y est consacrée
Shia Labeouf
Site (commun aux trois artistes)
Twitter
Les performances :
I Am Not Famous Anymore
#IAMSORRY
#INTERVIEW
Les interviews à lire :
#INTERVIEW
Interview Magazine
Les films à regarder :
Fury
Des hommes sans loi
Charlie Countryman
Nastja Säde Rönkkö
Site
Twitter
Facebook
Les performances :
Till the morning comes
(If You) Hold On
Something Warm When I Think About You
Interview à lire :
Meet the two artists behind Shia LaBeouf’s #IAMSORRY
Luke Turner
Site
Twitter
Facebook
Art :
The ontic order
The Damoclean Frame
Thevoid
Ruins
Interview à lire :
Digital Pioneers
Metamodernisme
Site web :
Notes on Metamodernism
Introductions :
Metamodernism: A Brief Introduction, Luke Turner,
Berfrois/QMTH
The Metamodernist Manifesto, Luke Turner
Reportages :
Metamodernism - The return of history
What is Metamodernism ? Frieze
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 87
A b o r t e d
Metamodernist
Dialogue
The Absent I - Toile sur châssis - Teklal Neguib
88
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue
Teklal
Neguib
Tic Tac
Tic Tac Tic Tac
Courent les heures
Le jour se lève
Que déjà à toute allure
Le temps file
Tic Tac Tic Tac
Bébé vagissant
Pas après pas avançant
Enfant jouant
Ado s’énamourant
Adulte fuyant
Tic Tac Tic Tac
Je cours, je cours, je cours,
Argent, carrière, consommation,
J’emplis ma vie de vacuité
Pensant lui donner sens
Le néant m’emplit
Et je cours, je cours, je cours
Tic Tac Tic Tac
Je m’abandonne au vide
Sans humanité
Je me déleste de mes émotions
Et je m’oublie
Tic Tac Tic Tac
Et puis vieil homme
Mon corps se casse
En cette journée maudite
Où je suis né
Et où la vie étincelle
N’est que trace fortuite
Tic Tac Tic Tac
Et à mon tour
Je disparais
Tic Tac Tic Tac
J’suis mort
Tic Tac
Tic Tac Tic Tac
Run the hours
The sun rises
And already at full speed
Time flies
Tic Tac Tic Tac
Baby screaming
Step by step moving
Kid playing
Teen loving
Adult fleeing
Tic Tac Tic Tac
I run i run i run
Money, career, consumer items
I fill my life with vacuity
Thinking i will give it sense
Nothingness fills me
And i run i run irun
Tic Tac Tic Tac
I give in to emptiness
Without humanity
I get rid of my emotions
And i forget myself
Tic Tac Tic Tac
And then old man
My body breaks
During this damned day
Where i was born
And where spark life
is only fine trace
Tic Tac Tic Tac
And on my turn
I disappear
Tic Tac Tic Tac
I ‘m dead
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue 89
The Absent II - Toile sur châssis - Teklal Neguib
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue
Pli de mur
Pli de mur
Pour un regard
Comme une feuille
Que l’on déchire
Petit enfant en quête
Du mystère de l’envers
Obsession de l’enfance
Pour cet inconnu passionnant
Table
Chaise
Petit Piano
Coussins
Mini-fauteuil
Pouf
Echelle d’enfant
Brinquebalante
Et dangereuse
L’enfant grimpe
Grimpe grimpe
Mais sous son poids
Effondrement, cris
Et pleurs
Douce la main de la mère
Qui rattrape l’enfant
Le cajole et le console
Et de ses bras, le porte
En haut du mur
Alors de son regard
L’enfant rit
De ce mystère
Désormais dévoilé
Pli de mur
Pour un regard
Comme une feuille
Que l’on déchire.
Fold of wall
Fold of wall
For a look
As a sheet
We rip
Little child in quest
Of the mystery of the underside
Obession of childhood
For this fascinating unkown
Table
Chair
Little piano
Cushions
Mini-armchair
Pouffe
Child ladder
Shaking
And dangerous
The child climbs
Climbs climbs
But under his weight
Collapse, screams
And cries
Sweet the hand of the mother
Which catches the child
Cuddles him and consoles him
And with her arms, brings him
At the top of the wall
Then from his look
The child laughs
About this mystery
Hencefoth unveiled
Fold of wall
For a look
As a sheet
We rip
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue 91
The Absent III - Toile sur châssis - Teklal Neguib
92
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue
Une porte
Tourne, tourne
La porte qui s’ouvre
Se ferme
Claquement de vie
Disputes, le couple se déchire
Caresse, réconciliation
Tendresse, le couple s’aime
Tourne, tourne
La porte qui s’ouvre
Se ferme
Enfants qui rient
Courses, jeux,
Glissades
Les enfants s’esclaffent
Tourne, tourne
La porte qui s’ouvre
Se ferme
Un vieil homme qui regarde
Une vieille femme qui l’aime
Douceur des claquettes
De cannes alanguies
Tourne, tourne
La porte qui s’ouvre
Se ferme
Inventaire du notaire
Maison qui se vide
Fantômes esseulés
Ne tourne plus
La porte
Qui se ferme.
A door
Turns, turns
The door which opens
Closes
Slam of life
Disputes, the couple falls apart
Caress, reconciliation
Tenderness, the couple loves each other
Turns, turns
The door which opens
Closes
Kids who are laughing
Runnings, games,
Slides
The kids are guffawing
Turns, turns
The door which opens
Closes
An old man who’s looking at
The old woman who loves him
Gentleness of the tap dance
Of the languid sticks
Turns, turns
The door which opens
Closes
Inventory of the notary
House which is emptying
Forsaken ghosts
Won’t turn anymore
The door
Which is closing
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue 93
Teklal
Neguib
Tonight, I write to you from a country in tears, in
tears of mourning and horror, a country who has
seen 12 of its people die from for drawing cartoons.
Bullets for cartoons. No comment.
Since Wednesday, I have spent my time crying.
My body trembling, not from fear, but because of emotions,
overwhealming emotions. Thoughts, shock, knock together.
My heart is broken. Cartoonists, columnists, policemen, a
cleaner, a proofreader, a festival founder are dead. Dead for
France. Dead for an idea, a beautiful idea, one of the founding
ideas of our democraties: freedom of speech.
Our ancestors of blood and arts fought before, and for
some died for it, for us now. XVIII° century philosophers,
rest in peace. Such freedom, such right, so dearly obtained,
Wednesday was flouted. Murdering Charlie has murdered
the Revolution. Murdering the 12 has murdered Voltaire.
Murdering them has murdered French people, these people
the Revolution told «all free man is French». Our hearts,
our bodies and our souls vandalised by bullets and the blood
of our dead. Our hearts are broken and our souls shattered.
We are touched. All the country, the World, together behind
Charlie, whatever we may have thought about it before. Get
behind it, because it’s not time … no time to criticize. It’s
time to be ONE, one people, one soul, one heart, with our
decimated family.
Because it’s an important part of our family that we have
lost, a part of what makes us who we are, we, this generation
raised in the 80’s and the 90’s. Charlie Hebdo represents the
part of irony which is so important to us, which built us as
humans and now as adults. Our generation has lost part of
what educated it. But the question is how will this generation
of irony act and react ? out of sincerity, out of cynicism,
out of hypocrisy and out of naivety, this generation which
had been described as metamodernist. A generation born in
crisis, nurtured in crisis, living an adult life in crisis. Living in
a crisis culture. Living this days a transitional crisis moment.
What will we do with this time? This event? Which part at
the crossroads will we choose? More irony, in this time of the
murder of irony? The increase of cynicism as a complete fall
in faith for the future and for humanity? Could sincerity win,
after these events? Or naivety as all the gatherings seem to
show? Or, perhaps, a sort of balance will appear. Our generation
is at the crossroads of which ways humans envisage the
world and future.
In 10 or 15 years, we will reach in masses the levels of power:
political power, economic power, artistic power… Some
of us will become leaders. But how will this metamodernist
generation use its power? What will we do with the World,
with our siblings? What leaders will we become? This event is
such an important moment, which impacts not only France,
but the whole world, citizens of all countries, members of our
generation all over the world, that we may say it will have
an impact upon what sort of humans we will become, we
will decide to become. Perhaps we will do nothing following
this event (which is yet doing something). Perhaps we will
do something, perhaps it will empower us. For the moment,
it’s much too early to know, to answer the questions, but the
next weeks, months and years will teach us a lot about our
metamodernist generation, and what it will become. This
event is such an impacting moment because the dead were
our fathers, our brothers and sisters, and we are the depositories
of their legacy, of this murdered irony. They died for
freedom of speech. Because of a war, a war declared on art,
politically correct or incorrect. To fall on a battlefield should
not have to exist for paper and cartoons.
What did we think about the cartoons? Most of us appreciated
them a lot, and some of us were shocked. Does that
still have any importance? They are dead for us to have the
right to agree, or not, for us to have the right to think, to
question, about ourselves, about others, about everything.
They are dead for us to be free. They acted without hate,
and that is the essential. Because today, they can’t publish
anything, even things which could make us moan. And that,
that makes us moan even more. Because what is the use of
having the right to moan if there is no-one to moan against?
What is the use of having the right to laugh if there is no-one
to make us laugh? Never forget that they are dead for us to
have the right not to agree with them. Because, it would be
better to moan, to grumble, to be angry, instead of seeing
them all dead, all twelve of them, fallen for France and for
freedom of speech. Dead on their own battlefield.
Because being a journalist, a cartoonist, but also an artist
or a chief editor seems to be dangerous professions. How
could we imagine that with our paintbrushes, our pencils,
our pens, our photo-cameras and our film cameras, our
bodies, our canvases, we could risk our lives, our safety,
while we live in democraties? Our goal is never hatred, our
goal is the instillation of thought within our fellow humans
for a more peaceful coexistence, for all of us to reflect upon
the world we live in. Because it’s the vocation of art and
newspapers, even they are ironic or the complete opposite
to make people reflect, question, effect self-analysis, widen
their perspectives. How will the artists of our generation act
and react? Art and newspapers are a richness, and an enrichment
for each of us, as citizens, as artists, as humans.
How can art and newspapers play a role, a key role in the
94
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste philosophia
letter from
a broken (he)art
creation of contents, creators of thought? How may we participate
in the emergence and vitality of our cultures in situations
where sometimes there is not a lot of safety, and at
worst no safety? Yet, culture, art, knowledge construct us as
humans, and as citizens. They are our souls, which help raise
us, touch us and sometimes appal us. They can unsettle us,
but always they educate us, show us the way, give us faith in
humanity, even in the most dreadful moments.
So our weapons are our drawings and cartoons, our canvases,
our novels, our poems, ours haikus, as our short texts,
our essays, our magazines, our films, our hapennings, our
dancing and our music. Our art is our shield. Our «wars»
don’t kill anyone, because our fights are for love, and faith
in humanity.
Among the Charlie Hebdo dead, there is one who particularly
touched me. It was Cabu. Cabu, for the french of
our generation (described as at the crossrads of irony, sincerity,
hypocrisy, and overt naivety) was our father. As The
Simpsons, and South park, our father in irony. He educated
us to caricature, to the press cartoon, with tenderness and
love, with patience and respect. Cabu? We waited for that
moment, in front of the TV, when he was going todraw in our
favorite kids TV show. For me, it was like waiting for a sweet,
a long awaited moment. And I remember seeing him on TV.
Oh my god, no, it was not bullets I wanted to send him.
Certainly not. I remember, when I saw him, I wanted to kiss
and hug him. When we saw him, it was only tenderness and
love we wanted to give him, to share with him, and nothing
else. I was young, it was long time ago, but I never forgot this
great Cabu with his sweet and funny cartoons. Father has
passed, our generation is orphaned.
His cartoons were an emotion because art is emotion. And
emotion creates us as human, as being. Emotion and tears
are beautiful. They are our hearts’ art, the bloody tears of
our wounded bodies. Wounded to unspeakable depth by
the death of our fathers, our brothers, and sisters. About
the gatherings, some said it was beautiful, but of no utility.
I answered that beauty is yet useful by itself. It shows the
unity of a nation, a people, behind this idea of freedom of
speech, and its corollary, freedom of opinion (for agreeing
or disagreeing). It shows this solidarity, this shared mourning,
this support we give each other, for staying on our feet.
It’s a great moment of naivety. But sometimes, naivety is
necessary. Believing in us, having faith in humanity is what
the world needs, what human beings need, to have trust in
the future.
In France, in foreign countries, this seen support is a caress
to our afflicted and teary hearts, a sweet caress of reassurance
in this time of mourning and pain. It is a little soothing,
a way to show to our dead what they meant to us, what freedom
represents for each and everyone of us.
Caresses to the soul, caresses to the heart are so important
in these moment, a calming cure. Sometimes, what makes
you feel good can take peculiar ways. The day of the twelve’s
murders, an artist had published her last song, and the video
of it. It’s Sia, and I can say, at that moment, my mind was
not in listening music mode. In the end, I decided to listen
to it (for permiting me to think about something else). It was
no deception. Both the song and the video are absolutely
splendid, very emotional. But more, it was a shock.
The music and the video spoke to me about myself, my
feelings, after the attack. About my emotions, various, contradictory,
savage, violent or sweet. A desire for revolt, a desire
for crying, breaking everything, hiding myself away, being
angry, being with the other, needing him or her, a desire
for tenderness and rendering tenderness back.
The music and the video have no link, of course, with the
event, but in the end, they accompanied me in my process
of mourning and shock. Because the music of Elastic Heart
is the symphony of my emotions, the video the mirror of my
pains. They are my music for Charlie, a music video I spend
my time listening to and watching. And I cry…
Because emotions are music
And music is emotion
We always come back to (he)art…
He was named Cabu
He was named Ahmed
He was named Charb
She was named Elsa
He was named Tignous
He was named Franck
He was named Wolinski
He was named Michel
He was named Bernard
He was named Frédéric
He was named Honoré
He was named Mustapha
For Charlie Hebdo
For the 12
For the 17
For freedom of speech
For newspapers
For art
For we, all
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste philosophia 95
frédéric
javelaud
_blue_monday_
96
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 97
98 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 99
100 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 101
102 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 103
104 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 105
damien
dutrait
Photographies
sans appareil
Extraits du livre PHOTOGRAPHIES SANS APPAREIL,
Damien Dutrait, TALAïA Editions.
Publication en avril 2015
106
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
Il y a un endroit où j’aimerais t’emmener.
C’est un endroit où je ne veux pas retourner à moins d’être sûr
d’y vivre avec toi.
C’est au bord de la mer.
La photo est prise depuis la terrasse, sous le cèdre centenaire
dont les branches les plus basses ferment le haut du cadre.
On s’assoit, ici, dans un certain axe, les pieds sur le muret. Et on
regarde l’océan qui ne veut jamais rester en place. L’océan qui
ne veut jamais prendre la même couleur. L’océan qui parfois se
confond avec le ciel. L’océan à qui il ne faudrait que quelques
instants pour tout engloutir. L’océan qui roule et déroule
l’infini de ses verts et de ses bleus dans les ocres des sables
bourdonnants.
Mais tu connais l’endroit, la photo est encadrée au dessus de
notre lit.
Juin 2011
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 107
Je ne me souviens plus s’il s’agit d’une photo ou d’un tableau.
Si c’est une photo, je l’ai perdue.
Un temps, j’ai cru à une peinture de Hopper. Il existe une toile
intitulée CornHill qui ressemble beaucoup à mon souvenir, mais
ce n’est pas ça.
J’ai peur que l’image de cette toile ait faussé mon souvenir.
Comme un rêve qu’on raconte mal et qui, pourtant, devient le
rêve lui-même. Car c’est tout ce qu’il en reste.
Voici le souvenir que j’essaie de garder intact :
Une lande collineuse couverte d’un gazon ras, presque jaune.
Une colline centrale, plus haute, dont les pentes se déroulent
lentement vers celui qui la regarde.
Autour, il n’y a rien.
Seule, au centre, une petite maison blanche très simple,
légèrement floue, couronne la colline.
La lumière est coupante.
C’est une fin d’après-midi, l’Ouest est à gauche du tableau.
La lumière Or sur ces collines impressionne une fin de journée
douce et calme.
Pourtant, je suis incapable de dire si j’arrive dans cette maison ou
si j’en pars ;
Je ne la reconnais pas, mais tout m’y est familier.
Les murs blancs de chaux, les volets verts sans doute écaillés, les
tuiles brunes…
Je pourrais avoir vécu d’heureux moments ici.
Non datée
108
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
Une porte est ouverte dans le rempart.
Au travers on voit la mer.
Du rempart à la mer un chemin de béton se dessine, plus blanc
sur l’amoncellement de roches brunes qui forment les contreforts
de la ville.
Il est très tôt mais le soleil est déjà levé et inonde la photo.
Au bout, sur les dernières roches avant l’océan, il y a un homme
de dos.
L’homme contemple l’océan. On dirait qu’il est là depuis des
heures, des jours.
On dirait que l’océan attend un signe pour l’emporter et
l’engloutir. On distingue l’écume bouillonnante de l’eau se
fracassant sur la pierre.
C’est mon père.
Je l’ai suivi.
J’ai été réveillé par du bruit dans la maison.
J’ai vu mon père traverser le salon. Je l’ai suivi.
Il a traversé la ville. Je l’ai suivi.
Je me demande à quoi il pense.
Je me demande à quoi il pense.
1988
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 109
En Ombrie, quelque part au milieu d’un parc, sous des cyprès, au
dossier d’une chaise écaillée, un appareil photo. Intrigué je m’en
empare et cherche d’instinct autour de moi son propriétaire.
Mais je suis seul, c’est l’été, les ombres de la fin d’après-midi
ont commencé leur rotation en s’étirant paresseusement. Il fait
encore chaud.
Il y a cette petite brise douce, tiède et qui sent la résine.
Je m’assoie et allume l’appareil. L’écran lumineux me propose
d’abord une série de fonctions et de chiffres. Un signal lecture.
Me voici assis, contemplant votre vie ; une tranche de celle-ci.
Celle où vous avez défait vos cheveux pour poser sur un pont.
Celle où vous souriez paresseusement, dos à la mer et au soleil
qui se couche. Celle aussi où votre regard se perd dans une drôle
de lumière à la terrasse d’un restaurant.
Les minutes s’écoulent. Pendant ce temps suspendu, je deviens
votre amant virtuel, votre photographe particulier. J’invente votre
nom, votre taille, le nom de votre ville. J’apprends la couleur de
vos yeux, la douceur certaine de votre peau, votre souffle sucré,
le tendre de vos lèvres. Me sentir si proche de vous me fait me
sentir seul.
Avant de partir j’ai pris une photographie de moi et ai reposé
l’appareil où je l’avais trouvé.
Eté 90
110
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
Tu vois, sur la photo, j’ai gardé mes gants.
C’est un peu ridicule.
J’ai gardé mes gants, je ne sais pas pourquoi : je ne suis pas
sorti…
Si. Une fois. J’ai marché dans la brume.
Ce qu’on voit au fond, derrière la vitre où mon reflet s’esquisse,
c’est une île.
Je ne peux pas t’apprendre ce que c’est… Tu l’as, toi, ton île.
Et de ton île à la mienne il y a… Quoi ? Un océan ?
Je n’ai pas besoin de passer la vitre, de toute façon, il n’y a que
des brumes.
Et quelques formes d’arbres.
C’est Janvier sur l’île aux moines. La brume avale tout. Tout s’y
fond, sauf les Mimosas qui surgissent flamboyants de jaune dans
le gris de l’hiver.
Savais-tu que le Mimosas est un arbre ? et qu’il fleurit en
Janvier ?
Moi, non. Je ne savais pas.
Pardon, mon écriture n’est pas droite.
Je t’écris de cette île qui n’est pas la mienne. Je suis là, je
t’attends. Et cette attente, elle est à moi…
Je t’écris derrière la vitre d’un écran où s’affiche un océan. Et, tu
vois, j’y pose un doigt.
Je ne me souviens pas qui a pris cette photo de moi
photographiant l’océan…
PS : Il y a une autre photo où je ris aux éclats. Celle-là je ne te
l’envoie pas. Je te la montrerai quand nous nous reverrons.
Janvier 2012
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 111
Des arbres, je ne connais rien
Je les vois dans ma ville
Tels d’étranges riverains
Îlots de verdure ou asiles
naoufel
des arbres,
je ne connais rien
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
Des poumons sur une souche
Qui cache les bâtisses laides
Une rangée de retouches
Témoins muets des bipèdes
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 113
Leurs feuilles bruissent délicatement
Je les remarque par la fenêtre
Frêles silhouettes que le ciel fend
Comme des cathédrales prêtes à naître
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
Si le citadin gâche la forêt
Pour décorer ses avenues
Il arbore ses allées
Et imagine qu’il a vaincu
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 115
Le mal violent des cités
La végétation des hommes
Qui se figent dans le regret
De parquer la nature en somme
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
Leur vie devient un mouvement lent
Et même presqu’immobile
Où les arbres disputent aux habitants
Le privilège d’être futiles.
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thierry
kerspern
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
arboretum urbain
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124 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
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126 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
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132 L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 133
Mohamed
Elkeurti
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia
Invocation
Dès l’aube j’erre, par monts et par vaux
En marmonnant de tristes mots
J’invoque les pierres, j’invoque l’écume
Pour adoucir mon amertume
J’invoque les cieux et les nuages
Des journées mornes zébrées d’orages
Je m’agenouille devant des feux
Mazda j’invoque, cet autre Dieu
Je fais appel à tant de prophètes
Et soliloque en tête à tête
Mon âme j’offre en sacrifice
Et la mélange à de drôles d’épices
J’arpège en vain mes longs silences
Et me consume en ton absence
Je « parcœurise » des incantations
Pour une ultime apparition
J’apprends à a faire des sortilèges
Et à tendre au sort de vilains pièges
Je m’initie à de sombres rites
Chez des tribus, grandes et petites
Je pleure les larmes de tout mon corps
Et le Destin cruel j’implore
J’emplis les pages de milliers de rimes
Et les récite du fond de l’abïme
Mais rien n’y fait, ma mie est morte
Et ici bas, plus rien ne m’importe.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 135
Élégie
Je t’avais esquissé la plus belle des toiles
Et t’avais décroché de lointaines étoiles
Je t’avais, naïvement, fait l’aveu le plus doux
Puis t’avais dessiné de mes rêves les plus fous
Je t’avais revêtu des plus fines dentelles
De chaussures légères et de robes si belles
Je t’avais emmené vers de lointains horizons
Nous errâmes, insouciants, pendant maintes saisons
Je t’avais alors fait d’impossibles promesses
Impatient de connaître d’impensables nuits d’ivresse
Je t’avais fait connaitre Roméo et Juliette
Et t’avais lu des poèmes de torrides conquêtes
Je t’avais préparé de ces mets raffinés
Que j’avais, par amour, tendrement cuisinés
Je t’avais fait entrevoir notre futur chez nous
Nid d’amour plus beau que le plus beau des bijoux
Mais hélas, mille hélas, il fut dit que ce soir
Une visite impromptue d’une certaine Dame En Noir
Troublerait notre joie et notre rêve de bonheur
Me laissant impuissant, larmes aux yeux, peine au cœur
Elle fut là, la Maudite, pour t’emporter, mon amour
Pour l’ Ailleurs funeste, loin de moi pour toujours.
Mes promesses ont changé de nature depuis lors
Et ne songe qu’à fleurir ta tombe jusqu’ après ma mort
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia
Errance et questionnements
Devrais-je errer
Sur maintes vagues et leur écume
Devrais-je pleurer
Mon triste sort, mon amertume
Devrais-je rire
De mon passé triste à mourir
Devrais-je craindre
Les lendemains et tout l’avenir
Devrais-je offrir
Ma vie aux Dieux de cette terre
Ou bien prier
Celui qu’on dit plus grand Seigneur?
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 137
frédéric
lucas
Le Rêve
Quand la vie alimente les rêves
là où rien n'est possible
permet à l'impossible
de prendre pied.
Aux sens aux accents trop forts
se substitue la délicatesse
des temps oubliés
L'inattendu surgit de la vie
Amplifie les effluves,
jusqu'à la démesure ;
L'esprit réaménage les idées
Se les réapproprie, les recopie,
Jusqu'à la magnificence
Débordant de sensibilités,
d'émotions et d'intentions,
J'effleure nos âmes
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia
Quelle promenade !
Descendant le chemin
Dessous les chênes
Le ciel à travers le feuillage
Je regarde au delà du sillage
Tombé maintes fois
Je remonte en selle
Enfant que je fus
Vadrouiller sur
Ce chemin de terre
Et je roule,
Et j'atteins
Le moment
Où ma selle
Sera redevenue
Trop haute
Et je roule,
Et j'atteins
Le moment
Où les pédales
S'échapperont
De dessous
Mes sandales.
Descendant le chemin,
A travers le feuillage,
Je m'enfuis déjà
Je ne suis plus là
Avec les nuages
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 139
Hé ! Doté de vie
Je respire,
Je sombre,
Je surgis.
En salle d'opération
Des gants aux mains
J'opère
J'ose à peine
Je survis.
En pleine insomnie...
Sorti d'un rêve
Une ombre
Un creux
Une envie.
Doté de vie,
Je m'installe dans l'été
Je touche au je suis
Je vogue au serai
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia
Boudiné
Tenture délurée
À travers l'ure
Dissèque nos esprits
Paresse d'un délit
Les joutes s'expriment...
À travers l'hymne
Raconte ses délires
Se transcende dans l'ire
Conte moi des histoires
Distille de l'espoir
Les billes s'enroulent
dans l'herbe, déboulent
Souris à peine
Me touche à peine
Un allant en un venant
Souffrent les attenants
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 141
laure
bolatre
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia
à Pégase
à toi mon ami
Qui a su dès le premier instant
Me donner ta confiance :
Je dédie ces mots
Je me souviens de ce rêve
Où nous volions ensemble,
Survolions des myriades de lumière
Troublant le sommeil des fées,
Volant au côté
De Dieux mythiques.
Je n’avais aucune crainte,
Car je savais que blottie
Entre tes ailes
Je ne craignais rien
Si ce n’est la peur
De devoir revenir à la réalité.
Le souffle léger de tes ailes déployées,
La chaleur de ce crépuscule
Cette danse au milieu des étoiles
Que de féerie insoupçonnée !
A chaque fois que mon cœur est lourd
Que mon âme se désespère
Je pense à toi.
Je te revois
Tes grands yeux bruns
Me murmurant l’espoir
Et de nouveau ma vie a un sens :
Je sais où mes pas me mènent,
Je suis sereine.
Chaque chose arrivera à son heure
Il suffit juste
De poursuivre son chemin.
Je garde dans ma paume
La douceur de ton pelage immaculé
Comme un présage
D’un avenir radieux
Et d’un autre voyage
Aux pays des cieux.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 143
Cette main posée sur mon épaule,
Ce souffle qui murmure,
Les mots qu’il me faut vous dire
En ce jour où les larmes,
Marquent le pas,
De ces incertitudes qui trahissent nos cœurs.
Je ne suis qu’une humble messagère.
Je ferme les yeux et me laisse guider
Vers les dires,
En ce jour où son âme fatiguée
S’élève vers la lumière
Et qu’il nous faut accepter
Que la mort vive sa vie.
Je me dois de vous transmettre
Ces dernières paroles d’amour :
« Je vous aime et serai toujours près de vous,
Dans la brise qui caresse votre joue,
Dans le soleil qui vous réchauffe
Quand le froid du chagrin se fait trop lourd,
Je serai cet oiseau qui vous réveille à l’aurore
Et vous berce à l’aube
Je serai là à chacune de vos prières
La lumière m’est douce
Mes souffrances ne sont plus.
Je puis vivre ma mort sans regret,
Mon chemin de vie sur cette terre se termine.
Il me faut penser à demain,
Il n’est plus temps de se retourner.
Je m’élève vers ma route
Peut-être vous attendrai-je ?
J’ignore ce que sera mon destin.
Le vôtre, est de continuer votre chemin
Afin de construire les souvenirs
Qui diront qu’un jour
J’ai vécu ici, à cette époque,
Et que dans un futur je retrouve mes racines
Dans cette dimension ou dans une autre
Qu’importe :
J’aurais été, j’ai été, je suis et je serai. »
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia
Vide
Lorsque le vide
Se fait absence,
Quand le rêve
Se fait oubli,
Et que saigne mon cœur,
Je pense à toi…
Je cherche ton regard
Dans l’immensité du néant,
Me blesse sur des images perdues
Je sens que tu es là
Mais…
Je te veux,
Je t’appelle :
Seul le silence me répond.
Le souvenir s’estompe,
Je t’espère…
Je me dédouble
Dans un matin frileux.
Sans espoir
De retour
Je te vois…
Je prie :
Ne me laisse pas pleurer,
Prends-moi près de toi,
Envole ma solitude,
Dis-moi les,
Ces mots magiques
Qui sauront me redonner la flamme,
Laisse-moi me perdre,
Reviens-moi…
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 145
dans la
bibliothèque
par
teklal néguib
Glaneurs de rêves
Patti Smith Éditions Gallimard
Glaneurs de rêves est un magnifique recueil de textes poétiques, mi-souvenirs,
mi-rêves. Racontés à hauteur d’enfant, d’une enfant rêveuse, gambadant entre nature,
poésie et vie imaginaire. C’est aussi un miroir des États-Unis des années 50, la vie
familiale simple et tendre d’une enfant excentrique.
Parsemé de photographies intimes, personnelles, le livre se lit d’une traite avec un
plaisir gourmand non-dissimulé.
Une belle plongée dans des paysages sensibles, comme des tableaux où l’on se sent
comme un papillon voletant de pensées en pensées, au sens littéral.
Just Kids
Patti Smith Éditions Denoël
Just Kids est un livre-souvenirs, écrit par une auteure-chanteuse complexe. Le texte
raconte son passage de la fin de l’enfance à l’âge adulte, mais aussi la mue d’une
personne lambda à l’artiste reconnue qu’elle devint ensuite.
Il s’agit aussi de l’histoire d’une rencontre amoureuse entre Patti Smith et Robert
Mapplethorpe, amoureuse puis amicale, le second étant homosexuel. Et au travers du
récit, si bien écrit qu’il est une dégustation, l’on peut suivre aussi la transformation de
Robert Mapplethorpe en cet artiste photographe célèbre pour ses nus masculins.
Livre à valeur historique, c’est un petit bijou qui permet d’entrevoir ce que furent
les années 70 new-yorkaises, ce délire artistique excentrique, terreau d’artistes
majeurs et dans la lumière ou paumés, disparus dans le néant.
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - Dévouverte
Les hommes préfèrent les hommes
Brigitte Fontaine Éditions Flammarion
Recueil de nouvelles, à ne pas mettre entre les mains de moins de 18 ans, le livre est à
l’image de l’auteure, une excentricité sans borne, et sans fard.
Des récits que l’on pourrait croire écrits sous influence, d’alcool, de drogues, ou d’on ne
sait quel produit. Il s’agit d’un delirium tremens, d’une écrivaine foutraque, comme je les
adore. Après avoir lu Portrait de l’artiste en déshabillé de soie, je ne pouvais manquer sa
nouvelle production.
Un délire, d’une artiste à la marge, qui sous son langage peu BCBG, parle d’un
humain assez miséreux mais le magnifie.
Vitres ouvertes
Murièle Camac Polder 155 (Revue Décharge)
Vitres ouvertes est de ces petits recueils-rencontres, porteur d’émotions. L’autre est un
autre soi-même, dont on part avec joie à la découverte. Un autre soi-même et non plus
simple autre, cet étranger. Un autre soi-même, un humain, comme nous, en somme.
Car ce que vitres ouvertes nous propose c’est une galerie de portraits de divers
personnages, certains étranges, originaux, pleins d’ardeur, parfois désespérée. Certains
sont des étudiants en art, d’autres touristes, d’autres promeneurs de nuit…
Un monde contemporain se peint sous nos yeux comme un tableau vivant
et poétique.
Ut picturia poesis…
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 - Dévouverte 147
jeu poétique digital
JOUE le JEU !
Teklal Neguib & L.ART en Loire
t’invitent à un nouveau jeu !
Teklal Neguib a créé un jeu/dialogue poétique sur
twitter, à partir de son poème Insomnia. Certains
artistes ont déjà proposé leur version de ce poème,
alors utilise ses mots et crée… Tu peux aussi ajouter
tes propres mots à ses mots. Tu es libre…
Tu es autorisé à malaxer le poème de Teklal Neguib, à
le torturer, le transformer…
Utilise des copies d’écran, des macros, ce que tu
veux…
Son propre poème est présenté de telle sorte, que le
lecteur ne sait pas dans quel sens le poème doit être
lu, ce qui crée deux poèmes en un seul.
Alors, sois libre, sois inspiré ! JOUE LE JEU !
Et tu seras publié dans L.ART en Loire 9 (80.000
lecteurs par numéro)
Tu peux utiliser le hashtag #digitalpoetrygame
Utilise facebook, twitter, tumblr, instagram, ton blog…
pour publier ton œuvre.
Envoie un message à lartenloire@gmail.com Teklal
Neguib, avec le lien de ton travail ou sa copie d’écran,
pour être sûr que Teklal Neguib a bien reçu ta recréation
d’Insomnia. N’oublies pas d’envoyer ta minibiographie.
Pour plus d’informations, lis l’appel à travaux (dernières
pages de la revue) et la page #digitalpoetrygame.
Le but
Montrer le mouvement/l’oscillation de l’inspiration
entre artistes… une sorte d’expérience métamoderniste
à partir d’un poème lui-même métamoderniste.
Alors, joue le jeu et sois publié !
Plus il y aura de poètes/artites qui joueront, plus
l’expérience sera intéressante !
148
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015
DIGITAL POETRY GAME
PLAY
the GAME !
Teklal Neguib & L.ART en Loire
invite you to a new game !
Teklal Neguib has created a poetry game/dialogue in
twitter from her poem Insomnia. Some artists have
yet did his own creation from it, so use her words
and create… You can too add your own words to her
words. it’s free…
You are allowed to knead it, to torture it…
Use screenshot, macro, what you want…
Her own poem is presented for readers not to know
the direction of the reading and that creates two
poems inside one.
So be free, be inspired ! PLAY THE GAME !
And you will be published you in L.ART en Loire 9
(80.000 readers/issue)
You can use the hashtag #digitalpoetrygame
Use facebook, twitter, instagram, tumblr or your blog
to publish your poem.
Send an email to lartenloire@gmail.com with the link
of your work, or the screenshot of it, to be sure Teklal
Neguib has received your re-creation of Insomnia.
Don’t forget to send your mini-biography.
For more informations, read the call for works (two last
pages of the magazine) and the #digitalpoetrygame
page.
the goal
To show the movement/the oscillation of inspirations
between artists… a sort of a metamodernist game
from a metamodernist poem…
So play the game, and be published !
The more poets/artists will play the game, and the
more interesting the experience will be !
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 149
Les contributeurs
TEKLAL NÉGUIB
Teklal Neguib est une poétesse, écrivaine, critique
d’art contemporain, et rédactrice en chef de L.ART
en Loire, revue de culture et d’expression artistique
(fondée en 2013). Elle écrit pour de nombreux sites et
magazines.
// Teklal Neguib is a poet, writer, art critic, and the
chief editor of L.ART en Loire, an international culture
and art expression webmagazine. She writes for
various websites and magazines.
teklalneguib.weebly.com/
Kieran Alexander WALL
33 ans, traducteur technique et légal de formation,
passionné de poésie et de littératures classiques et
modernes. Poésies, un premier recueil publié en 2012
chez Stellamaris Editions (Brest).
Correcteur de l’article Letter from a broken (he)art de
Teklal Neguib (section Philosophia)
José Le Moigne
Né le 7 janvier 1944 à Fort-de-france (Martinique)
d’un père Breton et d’une mère Martiniquaise. En 1947,
la famille quitte la Martinique pour s’installer dans
le Brest ruiné de l’après-guerre. José Le Moigne ne
quittera la Bretagne qu’en 1968 après la réussite d’un
concours administratif. Dès lors il exercera son métier
d’éducateur puis de Directeur à la Protection Judiciaire
de la Jeunesse (Ministère de la Justice) à travers
la France (Orléans, Lamotte-Beuvron, Clermont de
l’Oise, Rouen, Nantes, Valenciennes, Douai). José Le
Moigne est membre du Comité de Rédaction de la
revue Hauteurs (Valencienne) et membre depuis plus
de dix ans du comité d’administration de la Maison
de la poésie du Nord-Pas-de-Calais. José Le Moigne
a publié de nombreux romans et livres de poésie, et
participé à de nombreuses anthologies.
Gérard artal
Membre de la Société des Poètes Français
Plus de 450 poèmes présentés sur mon site :
artal-poemes.fr
Un roman historique Qui était L.P Un recueil de
généalogie De Caffoz à Caffot Publications dans
diverses revues et journaux (L'agora... revue de la
Société des poètes français, L.ART en Loire, Revue
Littéraire Acacia, Centre Presse Aveyron). Lauréat
de divers prix dont en 2008 Lauréat au concours
de poésie Centre Presse, en 2010 Deuxième prix au
concours international de poésie francophone de
l'Alliance française, en 2011 troisième prix francophone
de la Ville de Cavalaire.
Gérard Artal possède divers sites et blogs : artalpoemes.fr,
midiblog, blog du Sud Ouest.
Keedy Marmye
I am a proud indigenous Maori woman who hails from
a remote valley called Whareponga, New Zealand. My
tribe is Ngatiporou. This is my centre and at the heart
and soul of all I do. If I’m not reading or writing then
I’m probably spending time with my very large family
made up of my kids, siblings, parents, cousins, nieces,
nephews, uncles, aunts, nannies and papa’s.
I’m also a mum and a PhD student studying business
and international management. I’m trawling through
over-intellectualized academic journals and articles
daily. I write poetry to keep my sanity.
Evelyne Charasse
Je m’appelle Evelyne Charasse.
Je suis née en 1960 à Chalon-sur-Saône. J’habite
actuellement à La Rochelle.
J’essaye d’écrire des flocons de neige
JACQUES CAUDA
Réalisateur, écrivain, peintre et photographe. En 2000,
il interrompt sa carrière de documentariste pour
créer le mouvement surfiguratif dont il exposera les
grandes lignes dans un manifeste Toute la lumière
sur la figure. « Surfigurer, écrit-il, c’est prendre pour
objet des sensations dont la source n’est plus le réel
mais sa représentation rétinienne. Le monde est devenu
une immense image aveugle qu’il faut revoir afin de lui
redonner un regard ». Portraits, animaux et végétaux,
sont les objets privilégiés qui (sur)figurent dans sa
peinture.
Abdellatif Bhiri
Natif de Safi, au Maroc en 1962, Abdellatif BHIRI
est un enseignant de la langue française et de sa
littérature au secondaire. Son parcours poétique est
concrétisé par la parution d’un premier recueil, Bribes
et étincelles aux éditions Edilivre en mai 2013. Puis d’un
second recueil Souvenirs vivaces, paru aux Editions
SLAIKI Frères à Tanger en 2013. Il a par ailleurs
contribué à plusieurs projets de recueils collectifs à
l’échelle nationale et internationale. Son écriture est
caractérisée par une profonde sensibilité liée à une
grande maîtrise de la langue française. Lauréat entre
autres du troisième prix de poésie de l’AMALEF.
SANDRINE BRUNNER
Comédienne et metteure en scène, Sandrine dirige la
compagnie Les Planches et les Nuages depuis 2004 à
Paris où elle vit depuis plus de douze ans. Depuis 2010,
elle dirige également l’antenne de cette structure en
Valais (Suisse) où elle est née et où elle a grandi.
Sandrine a à cœur de développer ses projets artistiques
de chaque côté de la frontière, les laissant ainsi
résonner entre le rythme trépidant de la ville Lumière
et la douceur de vivre valaisanne. Avec sa compagnie,
elle s’attache à proposer des projets qui permettent
une évasion, qui poussent à la réflexion, qui invitent à
quitter les habitudes du quotidien pour ouvrir d’autres
fenêtres sur le monde qui nous entoure. De plus en
plus, Sandrine cherche à sortir le théâtre du théâtre, à
pousser les murs et à aller à la rencontre d’un public qui
pourrait encore s’ignorer... Avec B.U.L - la Brigade des
Utopies Littéraires, elle cherche à teinter le quotidien
de poésie en apportant la littérature là où on ne
l’attendrait pas ou plus.
DAMIEN RICHARD
Graphiste de formation (sorti de l’ENSAAMA Olivier
de Serres en 2005), Damien travaille depuis plusieurs
années comme graphiste, webdesigner, photographe
et illustrateur indépendant. Il collabore régulièrement
avec le Collectif La Palmera, la compagnie Les
Planches et les Nuages et Les Funambules.
Depuis bientôt deux ans, il propose chaque jour
avec Damien Dutrait un diptyque poétique sur le
site poesieadeuxmains.fr. Il est également intervenu
en tant qu’artiste visuel sur des mises en scène
de Néry : Guidoni chante Prévert, Blue and Black
Zebra, Aventures Surréalistes...
Depuis 2013, il est aussi photographe pour la Montreux
Jazz Artists Foundation.
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015
SUR LA ROUTE... / AUF DER STRASSE...
Proposé dans le cadre des festivités du Bicentenaire
de l’entrée du Canton du Valais dans la Confédération
suisse, le projet Sur la route... / Auf der Strasse... de la
compagnie Les Planches et les Nuages propose dix
week-end de road trip littéraire et musical à travers
tout le Valais entre mai et septembre 2015.
Le concept : un autobus SAURER de 1956, dénommé
«Arthur», embarque un public de 30 personnes
maximum. Sur sa route et au fil de la journée, Arthur
marque plusieurs escales auxquelles le public est
invité à descendre pour profiter de l’interprétation par
deux comédiennes et un guitariste de textes d’auteurs
valaisans mis en scène dans des univers variés du
canton. Une agape conviviale constituée de produits
valaisans est proposée à mi-parcours.
Pour plus d’information et pour réserver :
cie-planches-nuages.net
Tentez une aventure faite de rencontres, de mots, de
notes et de sensations inédites !
Christophe Chavaroc AKA. CURIOUSPLASH
Graphiste, issu de la culture des 90’s, passionné
et inspiré par la musique. Composant des visuels
géométriques, épurés, construits. À la recherche d’une
certaine vibration, autant dans les photos que dans un
travail graphique.
sadesx.wix.com/curiousplash
facebook.com/CURIOUSPLASH
manuel atreide
Blogueur et journaliste, il a collaboré à Minorités et
l'Hémicycle. Spécialiste de la révolution numérique,
passionné par l'information, la photographie, les
musées, la danse et l'opéra, il travaille sur les questions
de la place sociale des minorités tout en écrivant son
premier bouquin.
PEGGY FAYE
Artiste photographe émergente montréalaise. Depuis
2009, elle expose régulièrement, en individuel et
en collectif, aussi bien à Toronto et Melbourne mais
principalement à Montréal. En plus de sa pratique solo,
l’artiste s’implique dans de nombreux projets collectifs,
engagés et activistes et propose des installations
extérieures de son travail. Son travail constitue un
matériau servant les domaines de la photographie de
rue, documentaire, sociale et artistique. Finalement,
la démarche de Peggy Faye tend à (dé)montrer
l’universalité de nos existences, ce qu’elle nomme la
similitude des différences.
FRÉDÉRIC JAVELAUD
Photographe, graphiste, maquettiste... Diplômé des
Beaux arts de Marseille. Photographe du quotidien, il
tend à révéler la beauté de ces petits riens... qui font
la vie.
damien dutrait
Auteur, metteur en scène et musicien. Membre du
Collectif la Palmera. Auteur de recueils de textes
poétiques et de textes pour le théâtre. Il participe a de
nombreux projets théâtraux. Il écrit et joue au sein du
groupe « La Crevette d’Acier » (tournée en France et
en Europe, enregistrement de deux albums). Auteur,
comédien et metteur en scène avec la compagnie de
cirque Morosof.
Il collabore aussi à la mise en scène des concerts de :
Chloé Lacan, Jéréme Boucris, le groupes « Charivari ».
Scénariste, réalisateur de courts-métrage et de clips,
avec « John et Sasha » il obtient le prix de scénario
festival « Les Conviviales » de Nannay ; il réalise une
web série musicale : La mariée était en fuite (avec
Antoine Villiers et Chloé Lacan). Il met en scène
H2ommes, ciné-concert pour les enfants, prix Adami
Jeunesse 2014, et P’tite souillure de K. Kwahulé,
création Martinique et Avignon 2013. Il collabore
régulièrement avec la Cie Théâtre des 2 saisons.
naoufel
38 ans, employé.
J’écris et je peins pour ne pas oublier que j’existe.
Thierry Kerspern
Reprend une activité artistique mise en jachère
depuis longtemps. Il fait surgir ses envies et ouvre son
regard à toutes sortes d’horizons. Quand l’énergie et
l’enthousiasme se raréfient, il se rappelle que « tout
a été photographié 100 fois, mais si je déclenche c’est
parce que ça m’amuse, c’est parce que ça m’amuse ».
mohamed elkeurti
Né en août 1957 . Ex-Professeur d’Anglais reconverti
dans le commerce d’emballage. Passionné de
littérature avec une (légère) prédilection pour le
fantastique et la SF. Ecrivain amateur, avec à mon actif
un certain nombre de nouvelles. Venu assez tard à la
poésie
Frédéric Lucas
40 ans, administratif, de formation scientifique, sportif
occasionnel, l’écriture comme d’une extension.
LAURE BOLATRE
Née à Bourges comme Berthe Morisot et Vladimir
Jankélévitch. D’une nature réservée et secrète elle
préfère les longues balades au tumulte de la ville. Ces
flâneries sont propices à l’inspiration de l’auteur qui
s’installe alors dans sa bibliothèque pour écrire et
mettre en forme ses libres pensées.
directrice de publication/rédactrice en chef teklal neguib
graphiste/maquettiste frédéric javelaud
gestionnaire site web teklal neguib
Pour nous contacter, nous transmettre une contribution, un
communiqué de presse, nous tenir informés d’une sortie de livre,
d’une exposition, nous faire part de vos critiques, vous pouvez nous
écrire à lartenloire@gmail.com Tous les textes, toutes les œuvres
publiés restent la propriété exclusive de leurs auteurs respectifs et
sont protégés en vertu des lois en vigueur. La rédaction n’est pas
responsable des textes et images publiés, qui engagent la seule
responsabilité de leur auteur.
édition
Teklal Neguib, pour L.ART en Loire
44600 Saint Nazaire (France)
Site web de la revue lartenloire.weebly.com
Facebook facebook.com/L.ARTenLOIRE
Twitter twitter.com/LARTenLoire
ISSN 2256-988X - Dépôt légal 21/02/2015
date de parution 21/02/2015
Revue gratuite ne pouvant être vendue
Erratum : dans le numéro 7, la pastille relative à l’œuvre de Jacques
Cauda comporte une erreur quant à son prénom. Comme vous
l’aurez noté, ce n’est bien sûr pas Jean-Claude mais Jacques.
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 151
Appel à travaux :
L.ART en Loire # 9 (mai 2015)
Règlement de l’appel à travaux :
Article 1
L.ART en LOIRE est une webrevue gratuite d’art et de littérature et
faisant appel à des contributeurs bénévoles. Vous pouvez découvrir
les anciens numéros ici : issuu.com/l.artenloire
Article 2
Le fait même de proposer des textes, poèmes, articles, photos… ou
d’accepter d’en écrire/produire un vaut acceptation du présent règlement
et autorisation de publication.
Article 3
Pour être publié, vous devez écrire soit en français/anglais/espagnol
ou être bilingue (français + autre langue). A noter que dans le
cas d’œuvres bilingues, seule la version française fera foi, vous resterez
seul responsable du contenu de la version dans l’autre langue.
La revue ne saurait être tenue responsable d’une langue qu’elle ne
maîtrise pas ou ne connaît pas.
La section Francophonia est uniquement pour les francophones (en
monolingue ou en bilingue). La section L.ART est réservée aux artistes
de Loire Atlantique ou de Bretagne, ou les expositions artistiques
ayant eu lieu sur ces deux territoires. La section théâtre est
seulement en français/anglais/espagnol (pas de traduction).
Vous déclarez et garantissez disposer de tout droit et autorisation
requis pour l’exploitation d’un quelconque contenu dans le cadre de
chacune de vos contributions de façon à ne pas violer les droits des
tiers (droit d’auteur, droit à l’image).
Les textes/œuvres ne doivent pas être constitutifs de contenu :
• à caractère raciste ;
• à caractère diffamatoire, injurieux, calomnieux à l’égard de tiers,
personnes physiques ou morales ;
• constituant une contrefaçon d’un droit de propriété intellectuelle ;
• contraire à la réglementation.
Article 4
Vous devez être l’auteur de l’œuvre ou des œuvres que vous proposez
à L.ART en Loire.
Proposer un ou des travaux signifie que vous reconnaissez en être
le créateur ou être le détenteur des droits relatifs à ce travail. Si votre
création (poème/texte/autre) a déjà été précédemment publiée
dans un livre, s’il vous plaît, spécifiez-le (titre, auteur, maison
d’édition), et vérifiez que vous avez bien le droit de le republier dans
un magazine.
Même si votre travail est publié dans L.ART en Loire (magazine + site
web + diffusion sur le web -tumblr, instagram, twitter-…] avec votre
nom…), vous restez le propriétaire de votre travail, et conserver tous
les droits dessus.
Si vous ne respectez pas les règles relatives à l’originalité de votre
œuvre, le plagiat ou la contrefaçon pourraient vous être reprochés
et vous en supporteriez alors seul toutes les conséquences.
Article 5
Vous pouvez proposer plusieurs œuvres, mais soyez aimable de préciser
simplement pour quelle section vous la/es soumettez.
Article 6
Envoyez, je vous prie, vos œuvres par mails, en pièce jointe, sous
format word ou format photo classique en haute définition (entre 3
et 10 mo), à lartenloire@gmail.com (attention nouvelle adresse mél :
L minuscule + artenloire…).
La date limite pour transmettre vos œuvres est le 15 avril 2015, pour
une publication autour du 15 mai 2015. Dans la mesure du possible,
transmettez vos œuvres dès finition.
Si vous avez des difficultés à envoyer votre message, n’hésitez pas à
contacter Teklal Neguib (rédactrice en chef) sur facebook facebook.
com/teklalneguib ou sur twitter twitter.com/teklalneguib
Article 7
À votre contribution, dans le corps de votre mél, joignez une mini
auto-biographie (5 lignes maximum, pour la page CONTRIBUTEURS).
Les mini-bio doivent être jointes à chaque envoi, même si vous avez
déjà participé à d’autres numéros.
Article 8
Voici les différents appels à textes :
Section L.ART
• Une Nouvelle de 10 pages maximum se déroulant soit en Loire
Atlantique, soit en Bretagne.
• Un article sur une manifestation culturelle ayant eu lieu en Loire-
Atlantique ou en Bretagne : 5 pages maximum
Section poesia
• Un ensemble de 3 poèmes, sujet libre.
Section dossier d’exploration Thème Bruit d'enfance
Nostalgie de l'enfance, réminiscence de ses odeurs et de ses goûts,
de ses jeux et de ses émerveillements,découverte de l'autre et des
premières amours et amitiés, moments d'étrangeté première où l'on
apprend à devenir un futur adulte....
• Un à trois poèmes sur le thème du dossier spécial
• Une nouvelle sur le thème choisi (5 pages maximum).
• Article sur une exposition/un artiste en lien avec ce thème
• Photos (6 à 10) et/ou peintures (6) sur ce thème
Section Philosophia
• Un article de réflexion sur un sujet philosophique (5 pages maximum).
La revue n’étant pas une revue polémiste, il s’agit bien ici
d’un texte à caractère philosophique et non politique.
Section D’arbres et de pierres
L’art concernant un endroit qui peut être la nature, la ville, ou une
pièce.
• Une nouvelle, 10 pages maximum sur thème libre ayant pour contexte
un lieu urbain, rural, la nature ou prenant place dans une
pièce bien définie.
• Un à 3 poèmes avec cette même contrainte de lieu
• Un portfolio de photos avec cette même contrainte de lieu (équivalent
à 6 pages de la revue).
• Une petite pièce de théâtre (10 pages maximum)
Section Théâtre
Publication d’une pièce de théâtre, sujet libre, qui peut avoir déjà été
jouée/publiée. Vérifiez cependant que vous avez alors le droit de la
publier dans la revue, et si oui, alors vous pouvez la proposer.
La pièce de théâtre pourra être publiée sur plusieurs numéro de la
revue (maximum 4 numéro, 20 pages maximum par numéro).
Langues autorisées : français, anglais espagnol (en monolingue)
Section Francophonie
• Une nouvelle de 10 pages maximum sur un sujet libre
• 1 à 3 poèmes sur sujet libre
Section Découverte
• Un article de découverte sur un livre/film/un artiste non-francophone…
que vous avez aimé.
• 1 à 3 poèmes d’un poète non-francophone (langues anglaise/espagnole)
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L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015
Call for works:
L.ART en Loire issue # 9 (may 2015)
Rules of the call for works
Rule 1
L.ART en Loire is a free webrevue of art and literature which calls on
voluntary artists to contribute to it. You can discover the previous
issues: issuu.com/l.artenloire
Rule 2
The fact to offer texts/poems/articles/photos/… or to accept to
write/produce it/them means
acceptance of this present rules and permission to publish.
Rule 3
To be published you need to be French/English/Spanish speaker or
bilingual (French+ another language) Francophonia section is only
for French speaker or bilingual.
Noteworthy : in the case of a bilingual publication, only the french
version will be valid. You will stay the only person responsible of the
content of the version in the other language.
The mag and its staff can’t be considered as the person responsible
of the language they don’t master or know.
L.ART section is only for Brittany/Loire Atlantique artists or artists
exhibiting in these areas.
The other sections are opened to all.
Théâtre section is only in French/English or Spanish (no translation)
You declare and assure having all the rights and permissions required
for the utilization of the work(s) you offer in order to not violate
the rights of others (copyrights, right to the image…)
The texts/works you offer must not have a content:
• racist
• defamatory, insulting, slanderous against a third party (who
could be a legal person or a natural person)
• constituting a counterfeiting of a right of an intellectual property
• against the law
Rule 4
You need to be the creator of the work(s) you offer to L.ART en Loire.
Submitting work(s) means you recognize to be the creator or the
owner of the rights pertaining to this work(s). If your creation (poem/
text/other) was first published in a book, PLEASE specify it (title,
author, book house), and check you have the right to republish it in
a magazine.
Even if your work is published in L.ART en Loire (mag+ website+ distribution
on the web -tumblr, twitter-…] with your name…), you stay
the owner of your work, and keep the rights on it.
If you don’t respect the rules relating to the originality of the work
you offer it could reproach you for plagiarism or counterfeiting, and
then, you would accept alone all the consequences.
Rule 5
You can offer several works, but be kind to precise each section you
want your work to be published in.
Rule 6
Please send your work(s) by Email (word format, .jpeg, or photos in
High Definition format) attached
to your Email and before april 15 th 2015.
Send it to lartenloire@gmail.com (lowercase L + artenloire… : watch
out, this is the new e-mail of the mag). if you have some difficulties
to send the message don’t hesitate to join Teklal Neguib (CHIEF EDI-
TOR) on facebook facebook.com/teklalneguib or on twitter twitter.
com/teklalneguib
The issue 7 of L.ART en Loire will be published around may 15 th 2015
Rule 7
Please include a mini-autobiography in your Email, even if you have
contributed before (for the
CONTRIBUTORS page).
Rule 8
The different calls of works:
Section L.ART
• Short text (maximum: 10 pages) / or 1 to 3 poems from a writer
living/born in Brittany/Loire Atlantique (land around Nantes and
Saint Nazaire)
• An article about cultural action/exhibit in Loire Atlantique or Brittany
(5 pages maximum)
Section Poesia
• 3 poems, free subject
Section: special file: Noise of childhood
Nostalgia of childhood, recollection of its smells and tastes, its
games and its wonderments, dicovery of the other, of the first loves
and friendships, moments of strangeness where you learn to become
an adult...
• 1 to 3 poems
• a short text (5 pages maximum)
• article about an exhibit/artist who studies this topics
• photos (6 to 10) and /or paintings about this subject
Section philosophia
• Article of philosophy on a philosophical topic (5 pages maximum)
Section D’arbres et de pierres (Trees and stones)
Art about place which could be nature, urban, or room
• A short text (10 pages maximum), free topic: an urban/rural/nature
environment or taking place in a definite room being the
only constraint.
• 1 to 3 poems about an urban/rural/nature environment or taking
place in a definite room
• a portfolio (6 to 10) of photos an urban/rural/nature environment
or taking place in a definite room
• a little play (10 pages maximum)
Section theater/theatre
• Publication of a play already play/published or not. Could be published
in 4 four parts (the current issue and the followings). Exclusively
in French/English or Spanish (no translation) (20 pages
maximum per issue)
Section Francophonia (bilingual possible)
• A short text (10 pages maximum), free subject
• 1 to 3 poems, free topic
Section Discovery (découverte)
• An article to review/introduce a book/film/artist french or non
French speaker you like
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015 153
2# 9
parution autour du 15 mai 2015
154
L.ART en LOIRE - # 8 - février 2015