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L.ART en Loire 8

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L.<strong>ART</strong><br />

<strong>en</strong> LOIRE<br />

2# 8<br />

février 2015<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 1


2# 8<br />

février 2015<br />

2<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015<br />

Aubrac - Frédéric Javelaud


Sommaire<br />

L.<strong>ART</strong> (<strong>Loire</strong> Atlantique Art Recherches Travaux)<br />

4 D<strong>en</strong>is Rouvre au LiFE : Portraits et id<strong>en</strong>tité [Teklal Neguib]<br />

6 Kieran Wall<br />

10 Être créole et breton à la fois [José Le Moigne]<br />

12 Haikus du château [Teklal Neguib]<br />

Poesia<br />

14 Gérard Artal<br />

18 Keedy Marmye<br />

22 Evelyne Charasse<br />

24 Abdelattif Bhiri<br />

28 Dossier d'exploration : Sur la Route<br />

30 Sur la route... / Auf der strasse... [cie Les Planches et les Nuages]<br />

44 L'héritage [Gérard Artal]<br />

46 Roads [Christophe Chavaroc, AKA. Curiousplash]<br />

64 Cut-up [Jacques Cauda]<br />

66 Rebel Scum [Manuel Atreide]<br />

70 Plénitude [Peggy Faye]<br />

80 Mini thème : Oscillation métamoderniste<br />

Perspective<br />

82 Récit de voyage <strong>en</strong> l’art métamoderniste de Shia Labeouf [Teklal Neguib]<br />

Dialogue<br />

88 Aborted Metamodernist Dialogue [Teklal Neguib]<br />

Philosophia<br />

94 Letter from a brok<strong>en</strong> (he)art [Teklal Neguib]<br />

D’arbres et de pierre<br />

96 Blue Monday [Frédéric Javelaud]<br />

106 Photographies sans appareil [Dami<strong>en</strong> Dutrait]<br />

112 Des arbres, je ne connais ri<strong>en</strong> [Naoufel]<br />

118 Arboretum urbain [Thierry Kerspern]<br />

Francophonia<br />

134 Mohamed Elkeurti<br />

138 Frédéric Lucas<br />

142 Laure Bolatre<br />

Découvertes<br />

146 Dans la bibliothèque [Teklal Neguib]<br />

148 Jeu poétique digital / Digital poetry game<br />

150 Contributeurs<br />

152 Appel à travaux (février 2015) / Call for works (february 2015)<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 3


D<strong>en</strong>is Rouvre au LiFE :<br />

portraits et id<strong>en</strong>tité<br />

Photographe très apprécié, D<strong>en</strong>is Rouvre pr<strong>en</strong>d possession<br />

de l’alvéole 14 de la base sous-marine de Saint-Nazaire,<br />

pour un mom<strong>en</strong>t d’émotions et de questionnem<strong>en</strong>ts.<br />

D<strong>en</strong>is Rouvre, Des français... Id<strong>en</strong>tités, territoires de l’ intime (2013-2014),<br />

installation au LiFE – Ville de Saint-Nazaire, 2015 .Photo Marc Domage<br />

4<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art


par<br />

teklal<br />

néguib<br />

Artiste né <strong>en</strong> 1967, il est connu pour ses portraits<br />

de célébrités, notamm<strong>en</strong>t à Cannes <strong>en</strong> 2011 et<br />

2013 pour le Festival. Mais délaissant quelque<br />

peu ce travail, il se consacre depuis quelques<br />

années à une recherche plus personnelle.<br />

Parti à la r<strong>en</strong>contre de ce qu’il nomme les « figures héroïques<br />

», il photographie l’extraordinarité de g<strong>en</strong>s ordinaires,<br />

<strong>en</strong> France ou à l’étranger. Qu’ils soi<strong>en</strong>t Kanaks,<br />

Sâdhus ou Sumo, tous pass<strong>en</strong>t sous le regard pénétrant de<br />

D<strong>en</strong>is Rouvre. Pénétrant, mais respectueux de l’intime, de<br />

ses sujets.<br />

Il s’agit là d’une approche s<strong>en</strong>sible de la personne photographiée,<br />

ce que l’on retrouve dans la série prés<strong>en</strong>tée au<br />

LiFE.<br />

Exposée sous la forme d’un montage vidéo/son, l’œuvre<br />

Des Français… Id<strong>en</strong>tités, territoires de l’intime nous parle<br />

d’individus dans la complexité de leur être, de ce qui les<br />

définit, ou plutôt, tels que eux-mêmes se définiss<strong>en</strong>t.<br />

Ne cherchant pas à masquer leurs « défauts » physiques,<br />

D<strong>en</strong>is Rouvre <strong>en</strong>visage plutôt ces derniers comme étant la<br />

marque, ou montrant l’individualité de chacun. Il s’attache<br />

aux rides, aux visages marqués, comme étant le livre de la<br />

vie de la personne photographiée.<br />

Un livre ouvert qui est déployé sous nos yeux, magnifié<br />

par la douceur du regard du photographe, qui ne juge jamais.<br />

Les ayant tous photographiés selon un même rituel, un<br />

peu à la manière du protocole qu’utilisait Alphonse Bertillon,<br />

pour ses photos d’id<strong>en</strong>tité judicaires –comme l’a<br />

expliqué Sylvain Maresca, lors de sa confér<strong>en</strong>ce Le portrait<br />

photographique, <strong>en</strong> image et id<strong>en</strong>tité le 4 février- D<strong>en</strong>is<br />

Rouvre s’est attaché à faire converser ses sujets sur leur<br />

id<strong>en</strong>tité : c’est quoi être français pour eux ?<br />

Les réponses prés<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> fond sonore, p<strong>en</strong>dant que se<br />

déploie la photographie du narrateur, sont aussi variées qu’il<br />

y a d’interv<strong>en</strong>ants. De la magie d’être français, un et multiples.<br />

Des français dont les ancêtres ont toujours été issus<br />

des territoires métropolitains, à ceux v<strong>en</strong>us d’ailleurs, <strong>en</strong><br />

passant par les métis, issus d’ici et de là, l’exposition montre<br />

toute l’extraordinaire variété d’un peuple <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t.<br />

Face à cette question hautem<strong>en</strong>t complexe, chacun a<br />

apporté ses réponses, avec ses mots et ses maux. Certains<br />

ont mal à leur France, cep<strong>en</strong>dant que d’autres sont <strong>en</strong> harmonie<br />

et paix avec celle-ci. Quand d’autres <strong>en</strong>core sont<br />

français au-delà même de la question du territoire France.<br />

Et que certains se révèl<strong>en</strong>t incapables de définir leur id<strong>en</strong>tité,<br />

et considèr<strong>en</strong>t qu’ils n’<strong>en</strong> ont pas ou qu’alors, même à<br />

un grand âge, elle n’est toujours définie, et ne le sera sans<br />

doute jamais. Car oui, au fond, qu’est-ce qu’être Français ?<br />

La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le<br />

vernissage de l’exposition a eu lieu le l<strong>en</strong>demain des att<strong>en</strong>tats<br />

ayant vu la mise à mort de dessinateurs, chroniqueurs,<br />

policiers… d’un journal que l’on a voulu assassiner. Mettre<br />

<strong>en</strong> perspective les paroles des personnes interrogées<br />

avec la manifestation du 11 janvier. Se demander ce que<br />

ces mêmes personnes aurai<strong>en</strong>t répondu le jour du vernissage,<br />

puis le 11 février, puis aujourd’hui. Voilà <strong>en</strong> filigrane le<br />

questionnem<strong>en</strong>t qu’impulse cette série au regard des évènem<strong>en</strong>ts<br />

réc<strong>en</strong>ts.<br />

Aurai<strong>en</strong>t-ils utilisé les mêmes mots ? Aurai<strong>en</strong>t-ils ress<strong>en</strong>ti<br />

les mêmes maux ? Se serai<strong>en</strong>t ils s<strong>en</strong>tis plus ou moins<br />

français ?<br />

Les att<strong>en</strong>tats ont résonné <strong>en</strong> nous comme une blessure<br />

profonde, et j’ai ress<strong>en</strong>ti cette exposition comme une part<br />

du soin, que chacun d’<strong>en</strong>tre nous, nous apportons. Un cri<br />

d’amour, parfois aussi de colère <strong>en</strong>vers cette id<strong>en</strong>tité si<br />

forte, que la Révolution <strong>en</strong> disait que tout homme libre est<br />

français.<br />

Mais alors, c’est quoi pour vous être français ?<br />

LiFE<br />

Des français… Id<strong>en</strong>tités, territoires<br />

de l’intime<br />

Réalisation : D<strong>en</strong>is Rouvre<br />

Montage : Juli<strong>en</strong> Paris<br />

Exposition : 9 janvier > 15 mars 2015<br />

Entrée gratuite<br />

Mercredi > dimanche • 14h > 19h<br />

Base sous-marine<br />

Alvéole 14<br />

Boulevard de la Légion d’honneur<br />

44600 Saint-Nazaire - France<br />

Tél. : +33 (0)2 40 00 41 68<br />

lelifesaintnazaire.wordpress.com<br />

D<strong>en</strong>is Rouvre<br />

Livre : Des Français… Id<strong>en</strong>tités,<br />

territoires de l’intime<br />

de D<strong>en</strong>is Rouvre,<br />

Somogy Editions d’art.<br />

rouvre.com<br />

Extrait de l’installation (35')<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 5


kieran<br />

wall<br />

6<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art


Je veux voler l’éternité,<br />

Me l’apprivoiser <strong>en</strong> esclave ;<br />

Cette impalpable ubiquité,<br />

La veux porter <strong>en</strong> laticlave.<br />

Je veux incarner le baroque,<br />

Etre le voleur de l’Instant,<br />

Le dépeindre dans sa défroque,<br />

Fixer son goût inconsistant.<br />

Je veux faire exister l’odeur<br />

De ces souv<strong>en</strong>irs de t<strong>en</strong>dresse,<br />

Et partager avec ardeur<br />

Le bi<strong>en</strong> de tes t<strong>en</strong>dres adresses.<br />

Je veux l’exist<strong>en</strong>ce future<br />

De celui qui peut esquisser,<br />

Seul maître de sa tessiture,<br />

Un réel vraim<strong>en</strong>t éclissé.<br />

Je veux voler tous les instants<br />

Qui dans l’esthétique se perd<strong>en</strong>t ;<br />

Je les veux r<strong>en</strong>dre résistants<br />

à ces années qui nous emmerd<strong>en</strong>t.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 7


L’air léger s’épaissit ;<br />

L’hygrométrie relève<br />

Le fond de l’air rassis<br />

D’un vrai parfum de trêve.<br />

La pluie, battante vive,<br />

Cet espoir fabuleux,<br />

Le fond de l’air ravive<br />

D’un parfum nébuleux.<br />

8<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art


Sous la lune riant,<br />

Sémillante ordinale,<br />

Sont les plantes brillant,<br />

Leurs verdures banales.<br />

M<strong>en</strong>songers et fuyants,<br />

Le temps et ses dédales<br />

Cach<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fourmillant<br />

Le très simple scandale<br />

De la vie pétillant<br />

La misère abyssale.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 9


José<br />

Le Moigne<br />

Être Créole<br />

& Breton à la fois<br />

Lorsque j’étais <strong>en</strong>fant, adolesc<strong>en</strong>t et même un<br />

jeune adulte, je me voulais Breton, sans aucune<br />

restriction, sauf que j’avais la peau brune et<br />

refusais, avec la dernière des énergies, de rev<strong>en</strong>ir<br />

sur cette part de moi qui, quoi que je fasse et quoi<br />

que je puisse écrire, me distinguait. Né à Fort-de-France,<br />

d’une mère Martiniquaise et d’un père Breton, mais arrivé<br />

à Brest à l’âge de deux ans, l’adaptation n’a pas été facile.<br />

Mon <strong>en</strong>fance fut mutique, sans doute que mes larmes,<br />

incessantes à ce que l’on m’a dit p<strong>en</strong>dant les quinze jours<br />

que dura le voyage, avai<strong>en</strong>t asséché mes paroles <strong>en</strong> même<br />

temps qu’elles effaçai<strong>en</strong>t ma langue maternelle, le Créole.<br />

L’école me dénoua. Une fois mise au placard les remarques<br />

<strong>en</strong>fantines — plus imbéciles que racistes —, je devins, pour<br />

chacun, un véritable petit Zef ; Ti Moign pour les copains.<br />

Un seul bémol, de taille cep<strong>en</strong>dant, à l’heure des festoù<br />

noz, l’interdit n’était pas négociable, je m’évinçais du cercle.<br />

Non que je fusse incapable d’<strong>en</strong>chaîner comme les autres<br />

gavottes et laridés, mais cela me semblait une incongruité.<br />

J’étais Le Breton noir, titre de l’une de mes chansons ; la<br />

nuance me paraissait de taille.<br />

Pourquoi écrire cela alors que par mon métier, éducateur<br />

puis directeur au Ministère de la Justice — Protection<br />

Judiciaire de la Jeunesse —, j’ai traversé la France de long<br />

<strong>en</strong> large, m’adaptant plus ou moins, le plus souv<strong>en</strong>t avec<br />

facilité, j’habite maint<strong>en</strong>ant, pour partie <strong>en</strong> Belgique et pour<br />

l’autre <strong>en</strong> Bretagne, à Plourarc’h où personne n’examine<br />

la couleur de ma peau ? À Plourarc’h où, bi<strong>en</strong> que je ne<br />

compr<strong>en</strong>ne pas davantage ma langue paternelle que je ne<br />

parle le Créole, chaque jour, comme si la chose allait de soit,<br />

on me hèle <strong>en</strong> Breton ! Au risque de faire rire, l’explication<br />

me semble simple. Il m’a fallu att<strong>en</strong>dre d’avoir passé 30<br />

ans pour retrouver la Martinique ; mais ce jour-là, à peine<br />

avais-je posé les pieds sur ma terre natale que je m’y suis<br />

fondu, avec autant d’auth<strong>en</strong>ticité, aussi étroitem<strong>en</strong>t que<br />

je me mêle à la roche celtique. Vrai Breton <strong>en</strong> Bretagne,<br />

Martiniquais <strong>en</strong> Martinique, puis-je pour autant m’affirmer<br />

biculturel comme d’autres sont bilingues ? Les choses ne<br />

sont pas si simples. Il n’est pas rare qu’elles se bouscul<strong>en</strong>t<br />

dans ma tête. Écrire devi<strong>en</strong>t alors pour moi le seul moy<strong>en</strong><br />

de refuser l’incomplétude, de fuir la déshér<strong>en</strong>ce, le seul qui<br />

m’ait été donné pour faire litière à l’idée même d’une seule<br />

trahison. J’ai vieilli. Bi<strong>en</strong> que cette vision de moi m’ait aidé<br />

à grandir, je ne suis plus Le Breton noir. En Bretagne tout<br />

comme <strong>en</strong> Martinique — et aussi <strong>en</strong> Belgique — je suis<br />

Créole, tout simplem<strong>en</strong>t Créole. Voilà ce que je m’efforce de<br />

dire dans mes romans, dans mes poèmes et mes chansons.<br />

Je ne suis pas de nulle part, mais je puis être de partout …<br />

le temps de rev<strong>en</strong>ir.<br />

10<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art


Je ne crains pas les arbres<br />

j’ai l’impati<strong>en</strong>ce dure<br />

aux lisières du souffle<br />

je guette ton sil<strong>en</strong>ce<br />

sauras-tu reconnaître<br />

la fracture de vie<br />

N’am bez ket aon rak ar gwez<br />

hiraezhin kalet a ran<br />

war vev<strong>en</strong>n de alan<br />

e c’hedan ‘c’hanout da devel<br />

ha goût a ri an’veza<br />

frailhar vehez<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 11


teklal<br />

néguib<br />

Haïkus du Château<br />

12<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art


Ressac des vagues,<br />

Arbres dansant sous la bise,<br />

Je respire la mer.<br />

Canard qui rigole,<br />

Ours pataud,<br />

Je m’amuse au château.<br />

Musique d’ambiance,<br />

Canapé moelleux,<br />

Je sirote mon verre.<br />

Soleil couchant,<br />

Ciel irisé, bijou de lune<br />

Dans la fraîcheur d’un soir d’été.<br />

Heure qui tourne,<br />

Le château paisible s’<strong>en</strong>dort,<br />

Je pars me coucher.<br />

Extraits d’un recueil de poèmes <strong>en</strong> cours de création.<br />

Le château dont il est fait référ<strong>en</strong>ce est le Château des Tourelles<br />

à Pornichet. Il s’agit de haïkus, créés au Château,<br />

et/ou inspirés par celui-ci.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - l.art 13


gérard<br />

artal<br />

14<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


Désarroi<br />

J'ai longtemps occupé le fond d'un conte étrange<br />

En y cloîtrant mon cœur sa joie et ses tourm<strong>en</strong>ts<br />

à l'intérieur obscur tel un nid de mésange<br />

Dans un buisson discret bondé d'attachem<strong>en</strong>ts<br />

Puis posé mes quatrains aux gorges d'un dédale<br />

Mon passé dans un voile à l’œuvre de l'oubli<br />

Tout immergeait <strong>en</strong> moi l'agitation m<strong>en</strong>tale<br />

Du sort qui me liait au pouvoir affermi<br />

Ayant atteint le but à ce jour je m'incline<br />

La rime est sans écho et n'ai plus de vision<br />

Qu'à prés<strong>en</strong>t déconfit la plume libertine<br />

Y traîne mon décor sans plus grande illusion<br />

Aux fards du pot<strong>en</strong>tiel abond<strong>en</strong>t les chimères<br />

Où notre temps s'égare il s'<strong>en</strong>châsse <strong>en</strong> ses rets<br />

Animé des éclats des porteurs de bannières<br />

J'effeuille mes espoirs jusqu'aux derniers rejets<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 15


Le déclin<br />

Une p<strong>en</strong>sée soudaine a repris ton image<br />

En sil<strong>en</strong>ce au plus bas du puits des privations<br />

Assoiffé de frissons je fouille à l'avantage<br />

En mes rêves noyés dans nos folles liaisons<br />

Je te vois éployée empressée de me t<strong>en</strong>dre<br />

Tes jeunes seins d’airain si chers au souv<strong>en</strong>ir<br />

Selon l'instant obscur du supplice à dép<strong>en</strong>dre<br />

De tes chairs sout<strong>en</strong>ues flagellants mon désir<br />

Coiffée du voile blanc recluse et singulière<br />

à l'occulte sofa je t'ai vu murmurer<br />

Tes chimères d'<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> chasse av<strong>en</strong>turière<br />

De brûlante façon aux impulsions d'aimer<br />

Si le cœur bat toujours j'ai perdu la jouv<strong>en</strong>ce<br />

Hélas <strong>en</strong> vain l'effroi s'agite ma raison<br />

à l'excès être épris puis sombrer d'abstin<strong>en</strong>ce<br />

Voir le corps du bourreau et souffrir l'affliction<br />

Il est l'heure du temps de parer mes faiblesses<br />

Cet instant sous le v<strong>en</strong>t au reflux des sanglots<br />

Rest<strong>en</strong>t déserts mes ans <strong>en</strong>sablés de caresses<br />

De l'amante d'antan le martyr est sans. mots<br />

16<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


La foi rebelle<br />

La chandelle allumée sur un excès de foudre<br />

Me suis brûlé une aile et maint<strong>en</strong>ant voilà<br />

Que la foi est rebelle au regret me résoudre<br />

Il n'est ri<strong>en</strong> de plus terne et je suis au plus bas<br />

Mais que veut dire aimer si on ne sait le vivre<br />

Ce verbe généreux qui touche nos esprits<br />

Il traite d'att<strong>en</strong>tions et son bonheur à suivre<br />

De constantes douceurs tout fuyant les conflits<br />

Le miel est un trésor et ri<strong>en</strong> n'est comparable<br />

Si ce n'est la chaleur des feux du grand frisson<br />

Les fougues de l'amour embrassant l'accordable<br />

Qui r<strong>en</strong>d l'être serein son âme <strong>en</strong> concession<br />

Mais dans le plein revers vont les plaintes amères<br />

Virant dans le parcours jusqu'aux rapports fielleux<br />

Quand la brise a passé emplie de leurs colères<br />

S'effac<strong>en</strong>t les affronts comme étrangers des vœux<br />

J'ai toujours su chérir à ma grande faiblesse<br />

Pour gagner l'infini des cœurs <strong>en</strong> communion<br />

Je médite la suite à vaincre la détresse<br />

Les sortir de l’abîme acquittant l'addition.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 17


keedy<br />

marmye<br />

18<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


THE BULLY<br />

brown child blue<br />

greed of the white collar so cruel<br />

fading earths gre<strong>en</strong><br />

only gold is se<strong>en</strong><br />

poor<br />

papa's anger redd<strong>en</strong>s<br />

beat<strong>en</strong> dull and grey mama dead<strong>en</strong>s<br />

baby starving breasted cream<br />

everybody living a black dream<br />

blind<br />

the bully doesn't know<br />

the child is really a<br />

r a i n b o w<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 19


10 GREEN BOTTLES<br />

10<br />

gre<strong>en</strong> bottles<br />

hanging on the wall<br />

if dad drinks them all<br />

he’ll accid<strong>en</strong>tally f<br />

a<br />

l<br />

l<br />

3, 4<br />

hide behind the door<br />

got to be nimble<br />

got to be quick<br />

or else you’ll get whipped<br />

with the jug cord or stick<br />

That’s my old man<br />

he plays<br />

6<br />

he beats us hard out<br />

wh<strong>en</strong> he aint got his fix<br />

it’s always raining<br />

it’s always pouring<br />

wh<strong>en</strong> Daddy’s drunk<br />

and always snoring<br />

7, 8<br />

Dad wakes up late<br />

th<strong>en</strong> my old man<br />

he played<br />

11<br />

he played knick knack on me<br />

now I’m in heav<strong>en</strong><br />

cos all the kings horses<br />

and all the kings m<strong>en</strong><br />

couldn’t put me<br />

together again<br />

9, 10<br />

never to start again<br />

20<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


9, 10<br />

never to start again<br />

two halves dont make a whole<br />

this is your sister<br />

they said<br />

half of us knew<br />

that she<br />

wasn't a full<br />

the other half<br />

happy<br />

to simply<br />

play<br />

the fool<br />

its easy<br />

to believe<br />

a half truth<br />

than a<br />

whole<br />

but<br />

it set her a-p-a-r-t<br />

she felt like a half<br />

and not a whole<br />

a half<br />

with a part<br />

that had a hole<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 21


evelyne<br />

charasse<br />

22<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


Dans<br />

Le bois<br />

De l’ogre<br />

Je sème<br />

Des graines<br />

De cailloux<br />

Ceux<br />

Qui dissolv<strong>en</strong>t<br />

La nuit<br />

La nuit<br />

Me met<br />

Au secret<br />

L’aube<br />

En brise<br />

Les scellés<br />

Chaque matin<br />

Déposer<br />

Un peu<br />

De rose<br />

Sur les joues<br />

Du ciel<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 23


abdelattif<br />

bhiri<br />

24<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


Le souffle<br />

Ton souffle me berce tel un zéphyr<br />

Nourrissant tous mes rêves et les sainfoins<br />

D’une liqueur prodiguant mille soins<br />

Etincelants comme de vrais saphirs<br />

Quand tout autour de moi s'<strong>en</strong>ténèbre<br />

Ton souffle m'épargne cette asphyxie<br />

Quand mes vains maux me déséquilibr<strong>en</strong>t<br />

Alors, il m’inonde d’ataraxie<br />

Ton souffle rassure un cœur qui tremble<br />

Dont la peur est portée à son comble<br />

Si ce n'est ta prés<strong>en</strong>ce, délivrance !<br />

Ton souffle <strong>en</strong> tant qu'une source pér<strong>en</strong>ne<br />

S'irradiant avec large exubérance<br />

Pour m'offrir une vie vraim<strong>en</strong>t sereine !<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 25


Regard !<br />

De tes beaux yeux couleur de jais<br />

Fusant d’un monde cristallin<br />

Je hume un souffle du Séraphin<br />

Antidote aux tourm<strong>en</strong>ts que j'ai !<br />

Regard semant un plein désir<br />

Regard aux vertus balsamiques<br />

Regard aux tons hédonistiques<br />

M'offrant des plaisirs à loisir!<br />

Regard caressant tous mes rêves<br />

Meublant l'univers de délices<br />

J'ose y percevoir des prémices<br />

D'un amour qui grandit sans trêve!<br />

Regard résumant tous les mots<br />

Tant son charme est très saisissant<br />

Miroir de ton cœur ravissant<br />

Chassant tristesse et tous les maux!<br />

26<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA


Un amour simple !<br />

Entre ombres et lumières<br />

Vacille mon cœur sans complainte<br />

Entre l'effusion des s<strong>en</strong>s, éclaire !<br />

Ne souffrant point de feinte<br />

Entre le vertige des s<strong>en</strong>sations<br />

Le parfum des rêves susp<strong>en</strong>dus<br />

Entre le délire des quatre saisons<br />

S'affole mon âme au désir ét<strong>en</strong>du<br />

Entre la lune snobant les étoiles<br />

Jaillit ton spectre éblouissant<br />

Entre le soleil caressant les pétales<br />

Ton amour est un nectar nourrissant<br />

Entre la morosité et l'amertume<br />

D'un quotidi<strong>en</strong> fatalem<strong>en</strong>t régulier<br />

J'apprivoise ma frêle plume<br />

Pour meubler mon sple<strong>en</strong> journalier!<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - POESIA 27


28<br />

RoAdS - Christophe Chavaroc (AKA. Curiousplash)<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


dossier<br />

d'exploration<br />

sur la route<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 29


cie<br />

les planches<br />

et<br />

les nuages<br />

sur la route...<br />

/ auf der strasse...<br />

30<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route… des Vignes - Région de Saillon/St-Pierre-de-Clages - Sandrine Brunner<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 31


Sur la route… du Glacier - Région Evolène/Ferpècle - Sandrine Brunner<br />

32<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


‘‘ Regarder les paysages à travers le cadre et la musique,<br />

n’ importe où, très fort Purcell, Ô Solitude.<br />

La musique nous quitte, part dans les prés,<br />

les paroles des chansons on les laisse derrière <strong>en</strong>tre les peupliers couchés.<br />

Sous le soleil ou la pluie, le jour, la nuit traverser ces villes à peine connues,<br />

ne pas s’arrêter, être nulle part. ’’<br />

Béatrice Monnard<br />

in Des oiseaux et des voitures - éditions de l’Aire - Vevey - 2013<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 33


Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

34<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 35


Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

36<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route… du Glacier - Région d’Evolène/Ferpècle - Sandrine Brunner<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 37


Sur la route… du Haut - Région de Raron/Leuk/Brig - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

38<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route… du Haut - Région de Raron/Leuk/Brig - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 39


Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

40<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 41


Sur la route… d’Italie - Région de Bourg-St-Pierre/Col du Grand-St-Bernard - Dami<strong>en</strong> Richard<br />

‘‘ Celui qui marche a toujours un rêve d'avance. ’’<br />

Jérôme Meizoz<br />

in Fantômes – éditions d'En Bas – Lausanne – 2010<br />

42<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route… du Lac - Région de St-Gingolph/Le Bouveret/Vouvry - Sandrine Brunner<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 43


gérard<br />

artal<br />

l' h é r i tag e<br />

On le dit vagabond celui qui, pas rasé, mal lavé, le baluchon sur le<br />

dos sillonne les routes à la recherche de la véritable liberté...celle<br />

de vivre pleinem<strong>en</strong>t son ère jusqu'à s'user marginalem<strong>en</strong>t dans<br />

l'av<strong>en</strong>ture. Une errance sur l'asphalte qui s'est attachée à <strong>en</strong>richir<br />

le mythe américain et sa suite chez les branchés de cette<br />

religion novatrice aux émotions des années 60. Germait le mythe Beatnik au<br />

refus des valeurs coutumières pour cette nouvelle souche montante... la beat<br />

génération, ce courant précurseur de celui des Hippies aux ambitions de lutter<br />

contre le matérialisme et avide d'un pouvoir libertaire radical. La paix et<br />

l'amour seront chantés par cette jeunesse av<strong>en</strong>tureuse américaine et suivie<br />

sur les contin<strong>en</strong>ts comptés, <strong>en</strong>gagée dans ce mouvem<strong>en</strong>t de contre-culture<br />

qui rejetait la société de consommation mais <strong>en</strong>core les coutumes de vie<br />

des générations qui les précédai<strong>en</strong>t. Ils bannissai<strong>en</strong>t l'agressivité dans toutes<br />

les formes de viol<strong>en</strong>ce et tout prônant la modération ils louai<strong>en</strong>t la liberté<br />

jusqu'à celle sexuelle.<br />

La fuite <strong>en</strong> avant dans cette déc<strong>en</strong>nie de contestation sur une route autre<br />

que celle du conformisme et la soumission de tous pouvoirs. Fuir cette société<br />

de l'anéantissem<strong>en</strong>t, celle de la consommation et celle des conv<strong>en</strong>tions. Fuir<br />

l'autorité par<strong>en</strong>tale et celle de la posture qui ne serait pas de leur conv<strong>en</strong>ance.<br />

Sur la route ils pouvai<strong>en</strong>t ainsi cueillir et inhaler cette fleur de paix, le<br />

symbole de la p<strong>en</strong>sée idéologique de la non-viol<strong>en</strong>ce. Les médias les<br />

avai<strong>en</strong>t baptisé « Flower Child », les <strong>en</strong>fants de la fleur... de préfér<strong>en</strong>ce celle<br />

qui produisait le poll<strong>en</strong> ou les feuilles qui touchai<strong>en</strong>t leurs levées s<strong>en</strong>sorielles<br />

pouvant ainsi rêver à ce nouveau monde élevé au-dessus du réel. Le<br />

Beatnik représ<strong>en</strong>tera par la suite une génération de crédules déjantés sur<br />

une route sans issue reprise par le rayonnem<strong>en</strong>t d'un bouddhisme pratique<br />

v<strong>en</strong>u contrer le Béat dérivant aux bénéfices des pouvoirs <strong>en</strong> place.<br />

Le malaise des jeunes de cette odyssée aura inspiré le domaine artistique,<br />

écologique, et ainsi nous laisser un profitable héritage culturel.<br />

44<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Sur la route<br />

Vaguer l'obscur asphalte <strong>en</strong> errante foulée<br />

Sous le dais d'une nuit le sil<strong>en</strong>ce tout bas<br />

Singulière dém<strong>en</strong>ce et austère p<strong>en</strong>sée<br />

Je baloche mon sort au néant de mes pas<br />

Et règne le bonheur d'appar<strong>en</strong>ce sévère<br />

Fantasque solitude au bi<strong>en</strong>fait plein d'effroi<br />

L'âme va l'ét<strong>en</strong>due traînante et coutumière<br />

La face au clair de lune et le cœur <strong>en</strong> émoi<br />

Se devine au plus loin l'âcreté d'une ess<strong>en</strong>ce<br />

Rel<strong>en</strong>ts de mon <strong>en</strong>fance allez-vous <strong>en</strong> de moi<br />

Mes ans fui<strong>en</strong>t de l'appui tout t<strong>en</strong>ant la cad<strong>en</strong>ce<br />

Fleurir <strong>en</strong> vain le temps où s'égare la foi.<br />

Tout est un faux miroir que le mésaise <strong>en</strong>dure<br />

Il reflète beau monde à ses rudes tourm<strong>en</strong>ts<br />

Qui touch<strong>en</strong>t la misère à la grande <strong>en</strong>vergure<br />

Je loge sur la route et m'illustre d'arp<strong>en</strong>ts<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 45


Christophe<br />

Chavaroc<br />

aka.<br />

curiousplash<br />

roads<br />

No man's land<br />

46<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 47


Nightbag<br />

48<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


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Basilicata<br />

50<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Fat old sun<br />

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Sheep<br />

52<br />

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(F)lake<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 53


Cover<br />

54<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Whitelight<br />

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Here<br />

56<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


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Cows<br />

58<br />

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dry sun<br />

60<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


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Connected<br />

62<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Torre Bianca<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 63


jacques<br />

cauda<br />

cut up<br />

sur la route<br />

de la peinture<br />

64<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


nombreux goûts des langues remplies d’eau<br />

dans des pots fixés avec des pinces métalliques<br />

il suffit de déplacer le chevalet outil désuet<br />

tout <strong>en</strong> jetant un œil fermé l’autre ouvert à<br />

l’intersection<br />

de la ligne d’horizon et du modèle à surfigurer<br />

qui ti<strong>en</strong>t à bout de bras<br />

bel objet de la verticalité<br />

plus loin<br />

il y a des bleus des blancs maquillés et des<br />

angles faits avec le corps du modèle qu’on<br />

retrouve partout <strong>en</strong>tre les doigts au bord du<br />

cadre ou <strong>en</strong>core sur une chaise située de l’autre<br />

côté du chevalet<br />

dans le cas où le modèle est quasim<strong>en</strong>t seul<br />

visage tourné vers le cadre comme <strong>en</strong>dormi les<br />

paupières closes<br />

le moindre geste quel qu’il soit vieillit celui qui<br />

le surpr<strong>en</strong>d d’un nombre d’heures équival<strong>en</strong>t<br />

à celui qui pr<strong>en</strong>d la pose mais par souci<br />

d’équival<strong>en</strong>ce il (le modèle) ne r<strong>en</strong>contre sa<br />

surfigure qu’après avoir posé et <strong>en</strong>core<br />

à quoi il faut ajouter<br />

des vides<br />

des creux au s<strong>en</strong>s charnel<br />

qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant danser<br />

sur la pointe des soies<br />

graviter à rebrousse-poil<br />

comme échappés des eaux<br />

et beaucoup de temps reposé pour atteindre<br />

son reflet vu et revu comme hameçonné dans le<br />

cadre<br />

p<strong>en</strong>dant ce temps-là le dit modèle s’empêche de<br />

vider son temps de vie par les pores qu’il aime<br />

montrer sans pudeur<br />

se faufile dans les pupilles<br />

puis sans transition<br />

nec nuda minus formosa videtur<br />

avec du vivant du mouvem<strong>en</strong>t par veines<br />

semble-t-il<br />

et de la dim<strong>en</strong>sion lorsqu’on décrit<br />

mais pour l’heure <strong>en</strong>tre les pinces métalliques<br />

et les pots remplis d’eau le modèle maint<strong>en</strong>ant<br />

surfiguré pousse le ciel <strong>en</strong> plomb contre le cadre<br />

de la toile <strong>en</strong> train de se faire<br />

et chacun voit dans cette surfigure<br />

l’accomplissem<strong>en</strong>t des langues dont il a été<br />

question dès le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />

puisque le cadre est r<strong>en</strong>tré dans la danse<br />

nous voici (il y a des bleus des blancs maquillés<br />

et des angles faits avec )<br />

à l’instar des tissus ces écailles<br />

qui sont à la peau <strong>en</strong> surface<br />

et bi<strong>en</strong>tôt des mains<br />

sur le rectangle de lin cru<br />

plus loin<br />

par l’âme du couteau et du pain<br />

modulant le mot d’aimer les mouvem<strong>en</strong>ts<br />

ondulatoires doucem<strong>en</strong>t comme sil<strong>en</strong>ces<br />

tombant blancs<br />

nombreux goûts des langues remplies d’eau<br />

le châssis ce quadrille <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du<br />

cette table où manger la peau<br />

les veines et le mouvem<strong>en</strong>t du sang<br />

pris dans un fin treillis<br />

de fils <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par les ondes<br />

de la danse qui devi<strong>en</strong>t épaisse<br />

il se fait des vides<br />

il se fait<br />

des creux au s<strong>en</strong>s charnel<br />

qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant danser<br />

sur la pointe des soies<br />

graviter à rebrousse-poil<br />

comme échappés des eaux<br />

toujours <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t sur le t<strong>en</strong>du<br />

de la toile de lin<br />

mailles à partir du modèle<br />

<strong>en</strong>fin délivré de lui-même<br />

on le voit bi<strong>en</strong><br />

avant comme apprêt<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 65


66 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


manuel<br />

atreide<br />

rebel<br />

scum<br />

Parler de la Beat G<strong>en</strong>eration, c’est avant tout parler<br />

de rébellion. Nous pouvons parler à foison des<br />

référ<strong>en</strong>ces culturelles de ce mouvem<strong>en</strong>t littéraire<br />

et artistique mais ce qui le distingue de bi<strong>en</strong><br />

d’autres courants, c’est sa profonde résonance<br />

avec un certain nombre de mouvem<strong>en</strong>ts sociaux.<br />

La Beat G<strong>en</strong>eration naît après la seconde guerre<br />

mondiale aux USA. Le pays est vainqueur, riche, la société<br />

de consommation offre à la classe moy<strong>en</strong>ne un niveau de<br />

vie que seuls les plus privilégiés avai<strong>en</strong>t jusque-là goûté.<br />

Vingt ans après la grande dépression, les Etats-Unis<br />

connaiss<strong>en</strong>t un âge d’or. Pourtant, la Beat G<strong>en</strong>eration, dans<br />

cette déc<strong>en</strong>nie d’opul<strong>en</strong>ce, se voit comme une génération<br />

perdue, brisée, larguée.<br />

L’opul<strong>en</strong>ce matérielle que connaît la classe moy<strong>en</strong>ne<br />

américaine des années 50 cache <strong>en</strong> réalité une société très<br />

fermée qu’une partie de sa jeunesse rejette. Après une<br />

courte période de décélération des dép<strong>en</strong>ses militaires<br />

après la seconde guerre mondiale, la t<strong>en</strong>sion croissante<br />

<strong>en</strong>tre les blocs de l’Ouest et de l’Est conduis<strong>en</strong>t les USA à<br />

se lancer dans une course aux armem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> même temps<br />

que la paranoïa grandit dans le pays à propos de la m<strong>en</strong>ace<br />

communiste. Les USA sont certes dev<strong>en</strong>us riches, mais se<br />

rêv<strong>en</strong>t comme un pays de capitalistes blancs protestants<br />

et hétérosexuels. Les minorités n’ont aucune place.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 67


Dans une société que leurs par<strong>en</strong>ts, qui ont gagné la guerre<br />

contre le monstre nazi, forg<strong>en</strong>t à leur conv<strong>en</strong>ance, que<br />

peuv<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> faire les jeunes des années 50 ? Se rebeller<br />

bi<strong>en</strong> sûr. Pour la majorité, le jazz puis le rock ainsi que les<br />

diverses luttes contre toutes les formes de ségrégation<br />

raciales et sociales vont fournir un cadre suffisant pour<br />

cette rébellion juvénile. La Beat G<strong>en</strong>eration va aller plus loin.<br />

Dans l’espace d’abord. Les USA sont un pays-contin<strong>en</strong>t<br />

mais l’urbanisation rapide du pays conc<strong>en</strong>tre la population<br />

– et surtout la classe moy<strong>en</strong>ne – dans les mégapoles <strong>en</strong><br />

cours de constitution. La Beat G<strong>en</strong>eration va réinv<strong>en</strong>ter<br />

le rêve américain de l’ouest, notamm<strong>en</strong>t au travers<br />

du mythique livre de Jack Kerouac, Sur la Route, que<br />

l’auteur écrira <strong>en</strong> trois semaines <strong>en</strong> 1951. Il y relate divers<br />

voyages d’est <strong>en</strong> Ouest, ainsi qu’au Mexique. Alors que les<br />

américains découvr<strong>en</strong>t les joies du voyage <strong>en</strong> avion, la Beat<br />

G<strong>en</strong>eration va elle, ramper au sol et partir à la découverte<br />

de l’imm<strong>en</strong>sité du pays.<br />

Par l’esprit <strong>en</strong>suite. La Beat G<strong>en</strong>eration rompt <strong>en</strong> partie le<br />

cons<strong>en</strong>sus social sur les drogues et repr<strong>en</strong>d le mouvem<strong>en</strong>t<br />

d’exploration des substances hallucinogènes comme<br />

source d’inspiration artistique tout autant que comme<br />

moy<strong>en</strong> de fuite d’une réalité trop étriquée.<br />

Mais c’est surtout dans la rupture des conv<strong>en</strong>tions<br />

morales puritaines que la Beat G<strong>en</strong>eration va dev<strong>en</strong>ir<br />

emblématique. Ce rejet de la morale n’est pas une<br />

construction collective mais résulte plus des individus<br />

phares du groupe. Jack Kerouac, très libéré sexuellem<strong>en</strong>t,<br />

se mariera trois fois et aura un certain nombre d’amants.<br />

Luci<strong>en</strong> Carr, bisexuel, sera accusé, jugé et condamné pour<br />

le meurtre de son amant David Kammerer. Jack Kerouac,<br />

l’aura aidé à dissimuler l’arme du crime. All<strong>en</strong> Ginsberg<br />

est l’auteur de Howl, un poème qui vaudra un procès à un<br />

libraire de San Francisco <strong>en</strong> raison du caractère « obscène »<br />

du texte.<br />

La Beat G<strong>en</strong>eration a porté ce thème de la libération<br />

sexuelle. Dix ans avant le mouvem<strong>en</strong>t hippie – qui se<br />

réclamera <strong>en</strong> partie de la Beat G<strong>en</strong>eration, les beatniks<br />

r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t l’Amérique d’Eis<strong>en</strong>hower à ses contradictions :<br />

le « pays de la liberté » ne l’est pas <strong>en</strong> matière de mœurs.<br />

Mais la Beat G<strong>en</strong>eration, aux prises avec l’expérim<strong>en</strong>tation<br />

des drogues, va échouer à transformer <strong>en</strong> profondeur la<br />

société américaine. Ses membres les plus importants<br />

vont certes influ<strong>en</strong>cer plusieurs générations d’étudiants<br />

mais n’arriveront pas à pénétrer les foyers – et surtout la<br />

m<strong>en</strong>talité – de la classe moy<strong>en</strong>ne.<br />

Le flambeau va être repris par les mouvem<strong>en</strong>ts de<br />

libération des minorités sexuelles des années soixante-dix<br />

et quatre-vingt. Les émeutes du Stonewall Inn de 1969, au<br />

cœur de Gre<strong>en</strong>wich Village, un des lieux emblématiques<br />

de la Beat G<strong>en</strong>eration, vont illustrer avec éclat cette<br />

oppression que viv<strong>en</strong>t les minorités sexuelles américaines.<br />

Cette mécanique d’oppression, Ginsberg l’avait moquée et<br />

provoquée treize ans auparavant dans Howl. Harvey Milk<br />

et son combat pour une représ<strong>en</strong>tation politique des LGBT<br />

à San Francisco dans les années soixante-dix sont aussi<br />

une continuation et une ext<strong>en</strong>sion de la Beat G<strong>en</strong>eration.<br />

La métropole de Californie du Nord est <strong>en</strong> effet dev<strong>en</strong>ue<br />

une capitale de la contre-culture avec le mouvem<strong>en</strong>t San<br />

Francisco R<strong>en</strong>aissance auquel a participé, <strong>en</strong>tre autres,<br />

All<strong>en</strong> Ginsberg.<br />

Le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les beatniks des années 50 et la génération<br />

SIDA est tout aussi évid<strong>en</strong>t. L’irruption de l’épidémie au sein<br />

de la communauté gay de New York vi<strong>en</strong>t frapper <strong>en</strong> plein<br />

cœur une partie de l’intellig<strong>en</strong>tsia américaine du début des<br />

années quatre-vingt. Les leçons de la Beat G<strong>en</strong>eration ne<br />

seront pas oubliées : la contestation politique peut se nourrir<br />

de la créativité artistique et l’artiste <strong>en</strong>gagé politiquem<strong>en</strong>t<br />

peut avoir une parole dévastatrice d’efficacité.<br />

Certes, les beatniks ne sont pas <strong>en</strong> première ligne dans la<br />

bataille contre le SIDA mais Act-Up, par bi<strong>en</strong> des côtés, est<br />

un <strong>en</strong>fant de la Beat G<strong>en</strong>eration. Repr<strong>en</strong>ant à son compte<br />

la révolte, ce mouvem<strong>en</strong>t politique est l’expression, tr<strong>en</strong>te<br />

ans après, du même s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de génération perdue,<br />

abandonnée, massacrée. Act-Up mêlera tout aussi<br />

brillamm<strong>en</strong>t les rev<strong>en</strong>dications politiques et sociales avec<br />

l’art, notamm<strong>en</strong>t le street-art. L’agit-prop, héritage des<br />

années hippies vi<strong>en</strong>dra donner au mélange un impact que<br />

les politiques et les médias reconnaîtront rapidem<strong>en</strong>t.<br />

Et maint<strong>en</strong>ant ? Soixante ans après, que reste-t-il de<br />

la flamboyance de la Beat G<strong>en</strong>eration ? De sa créativité<br />

débridée, de son refus de vivre dans une société cad<strong>en</strong>assée<br />

par les préjugés et le conformisme ? À vrai dire, pas grandchose.<br />

Les révolutions conservatrices initiées dans les<br />

années soixante-dix et quatre-vingt ont profondém<strong>en</strong>t<br />

rebattu les cartes sociales. Les contre-cultures ont pris un<br />

coup de vieux et les zadistes des années deux mille dix ont<br />

maint<strong>en</strong>ant bi<strong>en</strong> du mal à apparaître comme l’avant-garde<br />

sociale et politique d’une société pétrifiée par la peur du<br />

chômage et du terrorisme. Les mouvem<strong>en</strong>ts LGBT euxmêmes<br />

ont vieilli.<br />

J’avoue, mon regard se tourne vers le monde trans’.<br />

L’inv<strong>en</strong>tion d’un autre futur est là, chez ces hommes et ces<br />

femmes à qui la société nie jusqu’au droit d’être. Au-delà<br />

des horreurs subies, les trans’ réclam<strong>en</strong>t un monde qui leur<br />

permettra de pr<strong>en</strong>dre toute leur place. Cela passe bi<strong>en</strong> sûr<br />

par de fortes rev<strong>en</strong>dications sociales : contestation d’un<br />

monde divisé <strong>en</strong>tre deux sexes et deux g<strong>en</strong>res, définition<br />

fluide de l’humanité, refus des divisions homme/femme.<br />

Cela passe aussi par un mouvem<strong>en</strong>t artistique et littéraire<br />

dont nous ne voyons pour le mom<strong>en</strong>t qu’une infime partie.<br />

Tout comme la Beat G<strong>en</strong>eration, l’humanité trans’ rejette<br />

une société conformiste confortable pour la majorité. Tout<br />

comme la Beat G<strong>en</strong>eration, cette humanité repart aux<br />

sources. Au travers des luttes pour l’égalité de leurs droits,<br />

de leur représ<strong>en</strong>tation au cinéma, de leur place dans les<br />

médias, de leur appart<strong>en</strong>ance même au mouvem<strong>en</strong>t LGBT,<br />

les trans’ questionn<strong>en</strong>t le monde actuel et le défi<strong>en</strong>t de<br />

regarder dans le miroir.<br />

Ce faisant, elles/ils le réinv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t.<br />

68<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 69


Anheung, Corée du Sud, mai 2010<br />

peggy<br />

faye<br />

70<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Camargue, France, novembre 2012<br />

plénitude<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 71


Gaspésie, Québec, septembre 2010<br />

72<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Alice Springs, Australie, mai 2013<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 73


Swansea, Tasmanie, mai 2013<br />

74<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Gaspésie, Québec, août 2014<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 75


Coin-du-Banc, Québec, août 2014<br />

76<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Kata-Tjuta, Australie, avril 2013<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 77


Blue Mountains, Australie, mai 2013<br />

78<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route


Alice Springs, Australie, mai 2013<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - dossier d'exploration : sur la route 79


mini thème<br />

80<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste


oscillation<br />

métamoderniste<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste 81


Teklal<br />

Neguib<br />

Récit de voyage<br />

<strong>en</strong> l’art métamoderniste<br />

de Shia Labeouf<br />

82<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective


Je m’<strong>en</strong> rappelle <strong>en</strong>core, de ce mom<strong>en</strong>t, où j’ai découvert<br />

l’artiste Shia Labeouf. C’était un matin de<br />

début février 2014. Il ne faisait pas chaud. Nous<br />

étions <strong>en</strong> semaine. Et il faut bi<strong>en</strong> l’avouer, je serai<br />

bi<strong>en</strong> restée sous la couette. Mais ni une ni deux,<br />

il fallut bi<strong>en</strong> se lever. Je comm<strong>en</strong>çais à m’habiller, tout <strong>en</strong><br />

écoutant la radio. Une musique, puis les infos. J’étais debout,<br />

au pied du lit, <strong>en</strong> train d’essayer de mettre mes collants.<br />

Et là, soudainem<strong>en</strong>t, la radio m’apprit qu’un acteur du<br />

nom de Shia Labeouf s’était prés<strong>en</strong>té sur un tapis rouge<br />

pour le film Nymphomaniac, avec un sac <strong>en</strong> papier sur la<br />

tête, sur lequel était inscrit « i am not famous anymore ».<br />

Ce fut comme un coup de poing <strong>en</strong> pleine figure. J’<strong>en</strong> trouvais<br />

cela tellem<strong>en</strong>t intéressant que j’<strong>en</strong> laissai choir tous<br />

mes vêtem<strong>en</strong>ts.<br />

Et ce fut le début d’un drôle de voyage…<br />

En effet, la première chose que je me suis dite, c’est que<br />

cet acteur, un quasi inconnu pour moi, posait les bonnes<br />

questions, mais qu’<strong>en</strong> plus il les posait bi<strong>en</strong>.<br />

Tout ce que je savais de lui à ce mom<strong>en</strong>t-là, c’était son<br />

prénom et son nom (et <strong>en</strong>core, je n’avais ret<strong>en</strong>u ce dernier<br />

que parce que c’est un nom cajun [je suis française] qui<br />

plus est bizarre), qu’il était brun, et qu’il avait joué dans<br />

Transformers. Un quasi inconnu, comme dit précédemm<strong>en</strong>t.<br />

Surtout que, Transformers, c’est le g<strong>en</strong>re de film qui<br />

ne prés<strong>en</strong>te aucun intérêt pour moi, que je ne vais pas voir,<br />

dont les acteurs ne m’intéress<strong>en</strong>t pas du tout, et du coup je<br />

ne leur prête strictem<strong>en</strong>t aucune att<strong>en</strong>tion.<br />

Ceci dit, comme je ne suis pas à une contradiction près, je<br />

suis quand même allée voir Transformers 4, et j’ai même vu<br />

RIPD (si çà, ce n’est pas de l’ouverture d’esprit !).<br />

Bref, pour dire les choses telles que, je ne savais ri<strong>en</strong> de<br />

lui, à part qu’il jouait dans des films ne prés<strong>en</strong>tant aucun<br />

intérêt à mes yeux. Du coup, je partais, on peut le dire, avec<br />

un a priori plutôt négatif. Mais cette information, ce matinlà,<br />

a aiguisé ma curiosité, tant je trouvais sa démarche de<br />

très grande qualité.<br />

Cela mettait <strong>en</strong> jeu, de nombreuses questions au regard<br />

de l’id<strong>en</strong>tité, qui est mon champ de recherches artistiques.<br />

L’artiste <strong>en</strong> moi fut <strong>en</strong>thousiasmée. En effet, il questionnait<br />

le concept de célébrité, tant pour les artistes ayant<br />

« prouvé » leur mérite (par un travail artistique d’acteurs,<br />

artistes visuels, chanteurs, etc…) que pour ces célébrités<br />

instantanées que sont les « stars » de la téléréalité. Sa fugacité,<br />

sa folie, ses côtés positifs, mais aussi et non des<br />

moindres, ses élém<strong>en</strong>ts négatifs (être scrutés à longueur<br />

de temps, pour chaque activité, l’agressivité de certains, la<br />

jalousie, son côté montagnes russes, sa perversité). Toutes<br />

ces choses que le film Maps to the stars de David Cron<strong>en</strong>berg<br />

a su si bi<strong>en</strong> raconter (excell<strong>en</strong>t film soit dit <strong>en</strong> passant).<br />

Sa démarche interrogeait aussi sa place d’humain dans sa<br />

célébrité, sa propre place d’être s<strong>en</strong>sible, avec ses fragilités,<br />

ses bêtises, ses erreurs, ses réussites, sa quête, aux prises<br />

avec ce statut de « famous people »<br />

Quel droit à l’erreur pouvait-il lui être accordé quand<br />

chacun de ses gestes est vilip<strong>en</strong>dé instantaném<strong>en</strong>t sur<br />

toute la planète ?<br />

Avec son sac <strong>en</strong> papier sur la tête, il était un artiste <strong>en</strong><br />

grève de sa propre célébrité, <strong>en</strong> révolte contre cet <strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t,<br />

qui fait de vous un objet et une image, sans âme,<br />

sans vie, et non plus un être, dans toute sa complexité. Ce<br />

sac sur la tête était un appel pour la liberté via un <strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t<br />

par refus d’un autre <strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t dans un monde<br />

apparemm<strong>en</strong>t libre…<br />

Refuser de jouer le jeu de la célébrité pour retrouver sa<br />

propre liberté, dans un anonymat, qui lui est refusé. Une<br />

disparition de la célébrité pour une r<strong>en</strong>aissance <strong>en</strong> tant<br />

qu’être. Un refus de donner son corps <strong>en</strong> pâture, pour se le<br />

réapproprier. Faire disparaître la célébrité pour reconquérir<br />

l’humain, se débarrasser de l’irréel au profit d’un retour du<br />

réel.<br />

C’est <strong>en</strong> cela d’ailleurs que l’utilisation du sac <strong>en</strong> papier<br />

est intéressante, <strong>en</strong> ce qu’il bloque la communication. Il est<br />

un rempart, un refuge, face à cette dernière, cette communication<br />

dévoyée des temps modernes, qui chosifie les<br />

célébrités, pour n’<strong>en</strong> faire que des objets. Ce sac cache le<br />

visage de l’artiste, ce reflet de l’id<strong>en</strong>tité, de l’individualité.<br />

Ces yeux étai<strong>en</strong>t à moitié mangés par le sac. Invisibilisé, le<br />

reflet de l’âme. Une volonté de se cacher, de retrouver sa<br />

part intime, humaine.<br />

À mon s<strong>en</strong>s, sa performance allait d’ailleurs bi<strong>en</strong> audelà<br />

de la problématique de la célébrité, car à l’époque<br />

d’internet, des réseaux sociaux, et a fortiori pour notre génération,<br />

la question est surtout de savoir si nous avons<br />

<strong>en</strong>core la main sur notre part intime, sur nous-mêmes, sur<br />

notre être.<br />

Shia Labeouf était donc là, sur son tapis rouge, son sac<br />

sur la tête, représ<strong>en</strong>tant générationnel de ce mouvem<strong>en</strong>t<br />

de révolte contre la réification de l’humain.<br />

Travaillant personnellem<strong>en</strong>t sur la place de l’humain dans<br />

le monde contemporain, je ne pouvais qu’être intéressée,<br />

séduite, par cette démarche, ce happ<strong>en</strong>ing, cette déclaration<br />

de guerre au travers d’un sac <strong>en</strong> papier.<br />

J’ai donc décidé à ce mom<strong>en</strong>t-là de suivre son travail.<br />

Mais <strong>en</strong>core fallait-il <strong>en</strong> déterminer la méthodologie. En<br />

effet, face à l’incompréh<strong>en</strong>sion (au mieux) voire au pire,<br />

l’agressivité des médias, qui le ridiculisai<strong>en</strong>t ou carrém<strong>en</strong>t<br />

le clouai<strong>en</strong>t au pilori tout <strong>en</strong> essayant de le faire passer pour<br />

fou (sic, re-sic, et re-re-sic), la question était donc pour moi<br />

de réussir à trouver un moy<strong>en</strong> d’ « <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre » son travail,<br />

sans être parasitée par la lecture que les médias pouvai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> faire. Ri<strong>en</strong> que la prés<strong>en</strong>tation par la radio ce matinlà<br />

de I am not famous anymore me confronta directem<strong>en</strong>t<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 83


à cette problématique. Etre toute ouïe au message, pour<br />

l’écouter sans a priori, voilà quel était mon désir profond.<br />

J’ai donc fait un choix qui pourrait paraitre étrange, bizarre.<br />

Plutôt que de suivre précisém<strong>en</strong>t et systématiquem<strong>en</strong>t<br />

son travail, j’ai décidé que dans un premier temps<br />

(sur plusieurs mois), j’allais n’<strong>en</strong> écouter, n’<strong>en</strong> suivre que<br />

l’« écume ». Pour pr<strong>en</strong>dre la métaphore du bateau, non pas<br />

suivre le bateau lui-même, mais la trace d’écume qu’il laisse<br />

dans son sillage, afin de ne me conc<strong>en</strong>trer que sur le chemin<br />

suivi et non être distraite par le brouhaha al<strong>en</strong>tour. J’ai donc<br />

décidé de ne suivre, de n’écouter que les empreintes, les<br />

traces des performances qu’il allait réaliser, pour ne surtout<br />

pas me laisser <strong>en</strong>vahir par le point de vue des médias, ce qui<br />

était ma crainte principale. Ne surtout pas laisser pervertir<br />

mon regard, par celui des journaux. Ce suivi de loin de son<br />

travail est ce qui m’a permis de forger ma propre opinion<br />

sur celui-ci, de pouvoir bénéficier de tous les questionnem<strong>en</strong>ts<br />

que celui-ci provoquait, et qu’<strong>en</strong> tant qu’artiste, je<br />

souhaitais pouvoir pleinem<strong>en</strong>t apprécier. Apprécier ce travail<br />

à sa juste valeur, voilà quel était mon objectif.<br />

Mais cela n’a pas été sans inconvéni<strong>en</strong>ts, puisque de<br />

facto, je suis passée à côté de quelques performances, par<br />

exemple. Ainsi, si j’ai pu apprécier certaines performances<br />

a posteriori, out of office reste pour moi un grand mystère,<br />

le décalage dans le temps <strong>en</strong>tre la performance et le mom<strong>en</strong>t<br />

où je l’ai découverte, ayant manifestem<strong>en</strong>t été fatal à<br />

ma compréh<strong>en</strong>sion. En choisissant cette méthodologie de<br />

suivi d’un artiste, je savais malheureusem<strong>en</strong>t courir ce type<br />

de risques. Cep<strong>en</strong>dant, face à la problématique « média »,<br />

ils n’ont pas pesé bi<strong>en</strong> lourds dans la balance. Et c’est ainsi<br />

que suivant les traces des activités artistiques de Shia Labeouf<br />

de loin, j’ai pu <strong>en</strong> « extraire la substantifique moelle »,<br />

comme l’aurait si bi<strong>en</strong> dit Rabelais.<br />

Les mois ont passés. J’ai doucem<strong>en</strong>t écouté les murmures<br />

des performances, l’écho de leurs voix à travers<br />

les méandres des médias. Puis, début octobre, quand j’<strong>en</strong><br />

ai s<strong>en</strong>ti le processus assez mûr, alors je me suis décidée<br />

à plonger dans le travail de Shia Labeouf, un peu comme<br />

une archéologue qui <strong>en</strong> lieu et place de creuser la terre à la<br />

recherche de ruines ou d’ossem<strong>en</strong>ts, allait parcourir le net<br />

<strong>en</strong> une archéologie contemporaine.<br />

Je me suis donc docum<strong>en</strong>tée, au travers d’interviews, de<br />

blogs, des films des performances.<br />

Ainsi, je découvris que contrairem<strong>en</strong>t à la prés<strong>en</strong>tation<br />

faite par la presse, les performances étai<strong>en</strong>t une œuvre<br />

collective, réalisée certes bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du par Shia Labeouf,<br />

mais aussi par Nastja Säde Rönkkö, performeuse finlandaise,<br />

et Luke Turner, écrivain et artiste anglais. Je suis donc alors<br />

partie à la découverte de ces artistes, dont j’ai regretté<br />

l’abs<strong>en</strong>ce de m<strong>en</strong>tion ou de traitem<strong>en</strong>t par les médias,<br />

surtout généralistes.<br />

J’ai notamm<strong>en</strong>t apprécié l’œuvre Till the morning comes,<br />

co-création de ces deux artistes, dont j’aime beaucoup le<br />

rapport à la nature, la mer déchainée, le phare lumineux au<br />

loin. Une thématique qui me touche, d’un être seul allant<br />

puis rev<strong>en</strong>ant du phare. Une solitude, seulem<strong>en</strong>t accompagnée<br />

du bruit du sil<strong>en</strong>ce…<br />

Le concept de (If You) Hold On, travail de Nastja Säde<br />

Rönkkö, m’a aussi beaucoup plu, même si pour le coup le<br />

plus intéressant aurait été d’y assister, bi<strong>en</strong> sûr.<br />

J’ai aussi particulièrem<strong>en</strong>t aimé Something Warm Wh<strong>en</strong> I<br />

Think About You pour tout à la fois son mélange poétique<br />

de tristesse et de t<strong>en</strong>dresse, et son fond d’absurdité et de<br />

naïveté. La nature comme soin, comme refuge au malheur<br />

humain, dans une forêt qui semble avoir été dévastée par<br />

des inc<strong>en</strong>dies, une forêt d’arbres brulés… Soins donnés,<br />

soins reçus, qui est le plus malheureux de l’humain ou<br />

de la nature ? Qui a le plus besoin de t<strong>en</strong>dresse pour se<br />

reconstruire ?<br />

Quant à Luke Turner, il a été véritablem<strong>en</strong>t mon coup de<br />

cœur. Je suis littéralem<strong>en</strong>t tombée amoureuse de sa série<br />

The ontic order, travail totalem<strong>en</strong>t hypnotique, que je vous<br />

invite instamm<strong>en</strong>t à découvrir. Des tableaux abstraits, avec<br />

des formes, dans lesquelles on peut tant projeter, imaginer,<br />

être libre <strong>en</strong> somme de ses interprétations. S’y perdre…<br />

une mise <strong>en</strong> abîme de soi-même, de ses certitudes, perdre<br />

son esprit dans les méandres de l’abstrait…<br />

J’aime aussi beaucoup The damoclean frame, ce corps<br />

étrange posé là. Dont on ne sait ri<strong>en</strong>. Seul, nu dans cette<br />

pièce froide, blanche comme un hôpital, aseptisée. Un<br />

corps anguleux, frêle, et cette cheminée toute petite, si<br />

petite qu’aucun feu ne peut réchauffer la pièce et <strong>en</strong>core<br />

moins ce corps, dont on ne sait s’il dort, ou s’il est mort.<br />

Anonymisé, car sans visage, seuls des cheveux sont visibles.<br />

Etrange… là aussi une mise <strong>en</strong> abîme, qui nous fait<br />

avoir mal pour ce corps, qui nous fait avoir froid pour cette<br />

pièce, qui nous fait vaciller à les regarder. Si beau et qui<br />

touche au corps et au cœur…<br />

Sinon, outre sa création thevoid, j’ai aussi apprécié la série<br />

Ruins, pour son travail autour du lieu, de la ruine grecque,<br />

de son architecture. Un travail intéressant à mirer, où ces<br />

ruines justem<strong>en</strong>t s’effac<strong>en</strong>t petit à petit dans le fond noir<br />

des photos, comme si elles étai<strong>en</strong>t un dernier rappel avant<br />

l’oubli, une métaphore, peut-être de la destinée humaine ?<br />

C’est par Luke Turner, aussi, que j’ai découvert le Metamodernisme,<br />

courant réc<strong>en</strong>t, créé vers 2009-2010 par<br />

Timotheus Vermeul<strong>en</strong> et Robin van d<strong>en</strong> Akker, qui sont des<br />

théorici<strong>en</strong>s culturels. Si vous souhaitez vous r<strong>en</strong>seigner davantage,<br />

pr<strong>en</strong>ez le temps de lire l’introduction rédigée par<br />

Luke Turner pour la revue <strong>en</strong> ligne anglaise Que<strong>en</strong> Mob’s<br />

Teahouse.<br />

Ce qui, personnellem<strong>en</strong>t, m’a beaucoup intéressée dans<br />

cette théorie, c’est la question du quadriptique sincérité,<br />

ironie, naïveté et cynisme, au regard de la génération dite<br />

84<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective


métamoderniste, c’est-à-dire la mi<strong>en</strong>ne (génération ayant<br />

été élevée dans les années 80 et 90, pour repr<strong>en</strong>dre la définition<br />

donnée par Luke Turner), qui se trouve au carrefour<br />

de ces traits. C’est l’implication de cette théorie (descriptive<br />

et non pas prescriptive) dans la question id<strong>en</strong>titaire, qui je<br />

l’avoue m’<strong>en</strong>thousiasme tout particulièrem<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong> sûr, le<br />

champ de la théorie métamoderniste est bi<strong>en</strong> plus vaste<br />

que l’id<strong>en</strong>tité, qui n’<strong>en</strong> est qu’un petit élém<strong>en</strong>t, mais c’est à<br />

mon s<strong>en</strong>s, sans doute le plus passionnant, <strong>en</strong> tout cas celui<br />

qui personnellem<strong>en</strong>t, me passionne le plus, car la perspective<br />

soulevée est des plus alléchantes. C’est l’ouverture du<br />

champ des possibles <strong>en</strong> matière de recherches sur l’id<strong>en</strong>tité<br />

et la nature humaine.<br />

Quant à Shia Labeouf, j’ai <strong>en</strong>fin pu voir son visage. Il était<br />

passé d’une tête <strong>en</strong> forme de sac <strong>en</strong> papier marron (je vous<br />

avais bi<strong>en</strong> dit qu’il était brun), à un visage humain (avec<br />

cheveux courts et barbe fournie)… quand on vous dit que<br />

les chirurgi<strong>en</strong>s esthétiques d’Hollywood font des miracles !<br />

Ouf, un humain !<br />

J’ai été très intéressée notamm<strong>en</strong>t par la performance<br />

#IAMSORRY, par ce qu’elle racontait de sa propre humanité,<br />

mais aussi de ce que pouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faire les autres. En<br />

situation de très grande vulnérabilité, il y a montré toute sa<br />

s<strong>en</strong>sibilité d’être blessé, meurtri (certes à comm<strong>en</strong>cer par<br />

sa propre bêtise, l’affaire du plagiat ndlr, mais aussi par la<br />

réaction ultra-viol<strong>en</strong>te et totalem<strong>en</strong>t disproportionnée qui<br />

s’<strong>en</strong> est suivie, comme si justem<strong>en</strong>t il n’était plus un être<br />

humain, mais un simple punching-ball). Mettant <strong>en</strong> scène,<br />

son propre corps, sans barrière de protection, ni filet, il s’est<br />

retrouvé et s’est mis à la merci du public, totalem<strong>en</strong>t accessible<br />

à celui-ci, simplem<strong>en</strong>t caché par son sac <strong>en</strong> papier.<br />

Et si la majorité des personnes ont compris la sincérité<br />

de sa démarche et de ses excuses, <strong>en</strong> l’accompagnant et le<br />

sout<strong>en</strong>ant à leur manière, dans un mom<strong>en</strong>t de très grande<br />

humanité, et de profonde connexion <strong>en</strong>tre êtres, durant ce<br />

happ<strong>en</strong>ing de quelques jours, d’autres n’ont pas montré un<br />

tel respect de sa personne, de son être. Sans parler du viol,<br />

des journalistes même se sont permis de lui <strong>en</strong>lever le sac<br />

sur la tête, et des membres du public se sont pris <strong>en</strong> photos<br />

avec lui, sans respect ni de son individualité, ni des règles<br />

établies. En effet, <strong>en</strong> situation de domination, et de pouvoir<br />

(ce qui était ici très clairem<strong>en</strong>t le cas, Shia Labeouf étant<br />

<strong>en</strong> position totalem<strong>en</strong>t vulnérable et infériorisée), certains<br />

ne sav<strong>en</strong>t pas gérer ce pouvoir, justem<strong>en</strong>t, ne sav<strong>en</strong>t pas<br />

l’utiliser sainem<strong>en</strong>t et respectueusem<strong>en</strong>t… d’où les dérapages<br />

possibles, pouvant aller jusqu’à la viol<strong>en</strong>ce (cf expéri<strong>en</strong>ce<br />

de Stanley Milgram). Ainsi Marina Abramovic avait<br />

elle-même été agressée lors d’une performance artistique,<br />

Rhythm 0, <strong>en</strong> 1974, où justem<strong>en</strong>t elle donnait ce pouvoir au<br />

public. Ce sont les spectateurs eux-mêmes qui avai<strong>en</strong>t fini<br />

par ordonner la fin de la performance, devant la gravité de<br />

la viol<strong>en</strong>ce.<br />

Ces réactions pos<strong>en</strong>t la question d’à qui apparti<strong>en</strong>t le<br />

corps des célébrités, ont-elles elles-mêmes un droit dessus,<br />

ou apparti<strong>en</strong>t-il au collectif, avec chacun ayant un droit de<br />

regard dessus, d’<strong>en</strong> faire ce qu’il veut ? Qui possède l’usus,<br />

l’abusus et le fructus ? Qui peut dire « je suis propriétaire de<br />

ce corps » ? Est-ce la célébrité qui y vit dedans ou le public<br />

qui lui, <strong>en</strong> jouit, et peut vivre dans le fantasme de le posséder<br />

? L’analyse des réactions du public est <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s,<br />

très intéressante, car elle met à nu toute l’opposition <strong>en</strong>tre<br />

propriété et possession. Il est à noter qu’<strong>en</strong> droit français<br />

de la propriété privée, au bout de 30 ans de possession<br />

d’un bi<strong>en</strong> immobilier, le possesseur devi<strong>en</strong>t propriétaire, <strong>en</strong><br />

lieu et place du propriétaire légitime [c’est la prescription<br />

acquisitive], et <strong>en</strong> matière mobilière, il n’est pas besoin de<br />

ce délai de tr<strong>en</strong>te ans, puisque selon l’adage, « possession<br />

vaut titre ». D’où l’acuité de cette question philosophique.<br />

Ainsi, la célébrité devi<strong>en</strong>t le propriétaire dépossédé de son<br />

corps, dont le public est le possesseur, sans se soucier des<br />

droits et des att<strong>en</strong>tes minimales de respect de la personne<br />

connue.<br />

Cela rejoint tout le débat <strong>en</strong>tre vie privée et vie publique<br />

des célébrités, mais aussi la transformation des célébrités<br />

<strong>en</strong> objet, réifié, et la perte de leur id<strong>en</strong>tité d’être humain,<br />

au final.<br />

L’autre performance que j’ai beaucoup aimé est #INTER-<br />

VIEW, que j’ai pu regarder et lire <strong>en</strong> réel, pour une fois. Publiée<br />

fin novembre, et réalisée <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec Aimee<br />

Cliff, journaliste à Dazed and Confused, elle consiste tout<br />

d’abord <strong>en</strong> une interview par messagerie, publiée telle que,<br />

avec la continuité des mails, ainsi que les fautes, stylisée<br />

par les trois artistes, puis une vidéo d’une heure, faite de<br />

sil<strong>en</strong>ces gênés <strong>en</strong>tre deux personnes ne se parlant pas, et<br />

se regardant simplem<strong>en</strong>t. De la difficulté d’une communication<br />

uniquem<strong>en</strong>t non-verbale…<br />

Je me suis surtout intéressée à la partie purem<strong>en</strong>t interview<br />

de la performance, qui se place d’ailleurs, dans la<br />

lignée de #IAMSORRY. Très longue, elle est à mettre <strong>en</strong><br />

perspective de la très belle interview que l’artiste a aussi<br />

donné pour le magazine Interview (et dont j’aime particulièrem<strong>en</strong>t<br />

la photo avec le sabre, et celle avec la cigarette<br />

écrasée sur la langue, sans parler du cont<strong>en</strong>u, si profondém<strong>en</strong>t<br />

humain), début octobre 2014. #INTERVIEW décrit<br />

les mots et les maux d’un homme fragile et s<strong>en</strong>sible, dans<br />

ses difficultés, joies, créations. C’est un être complexe, pas<br />

toujours dans les clous d’une société normopathe, qui hait<br />

les émotions, pourtant fondem<strong>en</strong>t de notre humanité. Il y<br />

parle de philosophie, de métamodernisme, de rédemption,<br />

de sincérité et d’ironie.<br />

Il apparaît ici comme un être émotionnel justem<strong>en</strong>t, dans<br />

ses larmes, à la vie difficile, qui tombe mais se relève. Une<br />

personne résili<strong>en</strong>te <strong>en</strong> somme. Fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t attachante,<br />

qui a connu et connaît une crise exist<strong>en</strong>tielle,<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 85


qu’il a su <strong>en</strong> compagnie des artistes Luke Turner et Nastja<br />

Sade Ronkko, transformer <strong>en</strong> une quête artistique majeure,<br />

à l’<strong>en</strong>vergure générationnelle. #INTERVIEW donne<br />

une image si s<strong>en</strong>sible, très émouvante, si belle de la sincérité<br />

d’un homme à nu, dans l’étrange douceur de l’émotion<br />

exprimée.<br />

J’avoue que j’aime profondém<strong>en</strong>t ces hommes aux<br />

gueules cassées. Qui fourbus, à terre, se relèv<strong>en</strong>t. Qui ont<br />

la rage de vivre, même si c’est pour s’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre plein la<br />

figure. J’aime ces herbes à l’allure plus ou moins droite de<br />

loin, mais qui de près se révèl<strong>en</strong>t herbes folles, s’équilibrant<br />

à coup de zigzags. Des hommes qui ont vécu, qui ont du<br />

vécu, qui ont connu la fange, ces hommes tout à la fois<br />

fragiles et forts, forts parce que fragiles et acceptant tant<br />

bi<strong>en</strong> que mal cette fragilité. Des hommes à l’humanité,<br />

pleine et <strong>en</strong>tière, dans sa s<strong>en</strong>sibilité la plus crue… de la<br />

richesse des failles et des blessures !<br />

Comme le dit Junichirô Tanizaki, dans éloge de l’ombre<br />

(1933), à propos des objets, certes, mais ceci est applicable<br />

aux humains, « contrairem<strong>en</strong>t aux Occid<strong>en</strong>taux qui s’efforc<strong>en</strong>t<br />

d’éliminer radicalem<strong>en</strong>t toute souillure, les Extrême-Ori<strong>en</strong>taux<br />

la conserv<strong>en</strong>t précieusem<strong>en</strong>t, et telle quelle, pour <strong>en</strong> faire<br />

un ingrédi<strong>en</strong>t du beau ».<br />

Car <strong>en</strong> effet, c’est de la douleur, de la souffrance, que l’on<br />

appr<strong>en</strong>d. Pas d’une vie paisible et béate. Car il faut connaître<br />

le manque pour compr<strong>en</strong>dre toute la valeur, et la saveur<br />

d’un instant de paix, de bonheur, la valeur d’un sourire, d’un<br />

geste de t<strong>en</strong>dresse, de la chaleur humaine, même sur internet<br />

et les réseaux sociaux.<br />

Plutôt que de faire un long paragraphe sur le sujet, je<br />

publie ici un poème (poème Être), que j’avais écrit il y<br />

a quelques années sur ce même sujet, et que la lecture<br />

d’#INTERVIEW m’a remémoré :<br />

Nous sommes riches de nos blessures et de nos failles<br />

Nous sommes riches de nos faiblesses et de nos douleurs<br />

Nous sommes riches de nos cicatrices et de nos démons<br />

Nous sommes si fragiles et si forts à la fois<br />

C’est pourquoi nous sommes<br />

Mais au-delà de lui, cette œuvre parle aussi de nous,<br />

cette génération métamoderniste. Elle est la définition<br />

de notre temps, de notre être, de notre vie. C’est là que le<br />

format dialogue, car c’est plus à mon s<strong>en</strong>s une conversation<br />

que réellem<strong>en</strong>t une interview, pr<strong>en</strong>d tout son s<strong>en</strong>s. Un<br />

vrai échange se noue <strong>en</strong>tre les deux acteurs de la performance,<br />

Shia Labeouf donc, et Aimee Cliff. Et à ce que dit<br />

le premier, la seconde y répond, apporte ses nuances et<br />

confirmations. Et c’est cet échange, et non un monologue,<br />

qui permet d’apprécier toute l’ampleur générationnelle des<br />

propos. Car au travers de ses mots, Shia Labeouf ne parle<br />

pas seulem<strong>en</strong>t de lui, mais in fine, aussi de nous, plus âgés<br />

ou plus jeunes, mais de la même génération. Partageant<br />

un rapport spécifique aux réseaux sociaux et à internet.<br />

Partageant avec lui d’avoir été élevé dans l’ironie, chère<br />

aux Simpson, et à South Park. D’être nés et d’avoir grandi<br />

dans un monde <strong>en</strong> crise, et de vivre adultes, toujours dans<br />

ce même monde <strong>en</strong> crise ; culturellem<strong>en</strong>t marquée par la<br />

crise, voilà notre génération. à la croisée des chemins <strong>en</strong>tre<br />

ironie, sincérité, cynisme et naïveté. #Interview le raconte<br />

très bi<strong>en</strong> ; même cet appel à une forme de naïveté, cet attrait<br />

vers, ce s<strong>en</strong>s de… de chacun de ces quatre élém<strong>en</strong>ts,<br />

<strong>en</strong> fait. Une génération métamoderniste, si étrange aux<br />

précéd<strong>en</strong>tes.<br />

Et c’est <strong>en</strong> cela que je trouve l’<strong>en</strong>semble du travail de Shia<br />

Labeouf, Nastja Sade Ronkko et Luke Turner fondam<strong>en</strong>tal.<br />

Car bi<strong>en</strong> au-delà des questions de célébrité, il nous parle<br />

et parle aux autres, de notre génération. Ainsi, la réduction<br />

par les médias des performances à une exc<strong>en</strong>tricité de Shia<br />

Labeouf-célébrité est dommageable, et passe complètem<strong>en</strong>t<br />

à côté de leurs apports. Ne les considérer que comme<br />

l’ego-trip d’un artiste ne parlant que de lui, c’est oublier<br />

que le premier des matériaux d’un artiste, c’est lui-même,<br />

qu’il malaxe, modèle, détruit et reconstruit dans une mise<br />

<strong>en</strong> perspective, une exploration de l’humain qu’il est, que<br />

nous sommes.<br />

Et il est d’ailleurs un peu frustrant à ce propos, mais cela<br />

n’est que mon point de vue personnel, que les artistes<br />

eux-mêmes n’ai<strong>en</strong>t pas explicité davantage leur méthode<br />

de travail : qui apporte les idées ? Comm<strong>en</strong>t se décide sa<br />

réalisation ? Comm<strong>en</strong>t se répartiss<strong>en</strong>t-ils le travail ? Les<br />

décisions sont-elles prises collégialem<strong>en</strong>t ou existe-t-il un<br />

leader ? Etc.<br />

Car si Shia Labeouf est le corps de la performance, le médium<br />

par lequel elle est exprimée, sa part visible, le processus<br />

de création et de travail collectif reste des plus mystérieux,<br />

et c’est là que réside justem<strong>en</strong>t la frustration. Mais<br />

il est fort vrai aussi, à la décharge des artistes, que je suis<br />

une passionnée de la compréh<strong>en</strong>sion des mécaniques de la<br />

p<strong>en</strong>sée, de l’éclosion de l’idée à sa réalisation.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, replacer, de la part des médias, le travail de<br />

Shia Labeouf dans le collectif auquel il apparti<strong>en</strong>t et dont<br />

il est le produit permettrait de ne pas <strong>en</strong> oublier la portée<br />

générationnelle. Car au fond, chacun d’<strong>en</strong>tre nous peut<br />

se retrouver dans les questions soulevées, les descriptions<br />

faites. Chacun d’<strong>en</strong>tre nous peut extraire dans la « substantifique<br />

moelle » d’#INTERVIEW et des autres œuvres une<br />

part de lui-même, une description de ce qu’il est, de ce que<br />

notre génération est.<br />

Ainsi, ce voyage dans l’art métamoderniste de Shia<br />

Labeouf, Nastja Sade Ronkko, et Luke Turner, a été une<br />

magnifique découverte, qui <strong>en</strong> tant qu’artiste, travaillant<br />

sur la place de l’humain dans le monde contemporain, m’a<br />

complètem<strong>en</strong>t bouleversée : de par sa qualité, les <strong>en</strong>jeux et<br />

questionnem<strong>en</strong>ts soulevés.<br />

Car, le travail collectif réalisé exprime bi<strong>en</strong> au-delà des<br />

membres de ce même collectif. Il est le verbe et l’image d’une<br />

génération, jusque dans son romantisme (#LOVELETTER).<br />

Aussi tout comme moi, je vous invite à effectuer ce si beau<br />

voyage dans l’art d’un homme s<strong>en</strong>sible, émouvant dans sa<br />

sincérité, d’un artiste qui se repositionne <strong>en</strong> tant qu’être humain,<br />

dans l’affirmation et la rev<strong>en</strong>dication de la complexité<br />

de l’être qu’il est, des êtres que nous sommes tous.<br />

Alors, fermez les yeux, ouvrez votre esprit et votre cœur, et<br />

écoutez le message …<br />

86<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective


Pour aller plus loin<br />

Performance<br />

La réflexion <strong>en</strong>tamée dans cet article sur " propriété et possession du corps<br />

des célébrités ", ainsi que sur la problématique de la presse à scandales<br />

et des médias plus traditionnels est prolongée dans le cadre de la<br />

performance artistique sur Twitter " So Scandalous ".<br />

Pour <strong>en</strong> savoir plus, consultez la page du site web, qui y est consacrée<br />

Shia Labeouf<br />

Site (commun aux trois artistes)<br />

Twitter<br />

Les performances :<br />

I Am Not Famous Anymore<br />

#IAMSORRY<br />

#INTERVIEW<br />

Les interviews à lire :<br />

#INTERVIEW<br />

Interview Magazine<br />

Les films à regarder :<br />

Fury<br />

Des hommes sans loi<br />

Charlie Countryman<br />

Nastja Säde Rönkkö<br />

Site<br />

Twitter<br />

Facebook<br />

Les performances :<br />

Till the morning comes<br />

(If You) Hold On<br />

Something Warm Wh<strong>en</strong> I Think About You<br />

Interview à lire :<br />

Meet the two artists behind Shia LaBeouf’s #IAMSORRY<br />

Luke Turner<br />

Site<br />

Twitter<br />

Facebook<br />

Art :<br />

The ontic order<br />

The Damoclean Frame<br />

Thevoid<br />

Ruins<br />

Interview à lire :<br />

Digital Pioneers<br />

Metamodernisme<br />

Site web :<br />

Notes on Metamodernism<br />

Introductions :<br />

Metamodernism: A Brief Introduction, Luke Turner,<br />

Berfrois/QMTH<br />

The Metamodernist Manifesto, Luke Turner<br />

Reportages :<br />

Metamodernism - The return of history<br />

What is Metamodernism ? Frieze<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 87


A b o r t e d<br />

Metamodernist<br />

Dialogue<br />

The Abs<strong>en</strong>t I - Toile sur châssis - Teklal Neguib<br />

88<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue


Teklal<br />

Neguib<br />

Tic Tac<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Cour<strong>en</strong>t les heures<br />

Le jour se lève<br />

Que déjà à toute allure<br />

Le temps file<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Bébé vagissant<br />

Pas après pas avançant<br />

Enfant jouant<br />

Ado s’énamourant<br />

Adulte fuyant<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Je cours, je cours, je cours,<br />

Arg<strong>en</strong>t, carrière, consommation,<br />

J’emplis ma vie de vacuité<br />

P<strong>en</strong>sant lui donner s<strong>en</strong>s<br />

Le néant m’emplit<br />

Et je cours, je cours, je cours<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Je m’abandonne au vide<br />

Sans humanité<br />

Je me déleste de mes émotions<br />

Et je m’oublie<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Et puis vieil homme<br />

Mon corps se casse<br />

En cette journée maudite<br />

Où je suis né<br />

Et où la vie étincelle<br />

N’est que trace fortuite<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Et à mon tour<br />

Je disparais<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

J’suis mort<br />

Tic Tac<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Run the hours<br />

The sun rises<br />

And already at full speed<br />

Time flies<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

Baby screaming<br />

Step by step moving<br />

Kid playing<br />

Te<strong>en</strong> loving<br />

Adult fleeing<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

I run i run i run<br />

Money, career, consumer items<br />

I fill my life with vacuity<br />

Thinking i will give it s<strong>en</strong>se<br />

Nothingness fills me<br />

And i run i run irun<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

I give in to emptiness<br />

Without humanity<br />

I get rid of my emotions<br />

And i forget myself<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

And th<strong>en</strong> old man<br />

My body breaks<br />

During this damned day<br />

Where i was born<br />

And where spark life<br />

is only fine trace<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

And on my turn<br />

I disappear<br />

Tic Tac Tic Tac<br />

I ‘m dead<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue 89


The Abs<strong>en</strong>t II - Toile sur châssis - Teklal Neguib<br />

90<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue


Pli de mur<br />

Pli de mur<br />

Pour un regard<br />

Comme une feuille<br />

Que l’on déchire<br />

Petit <strong>en</strong>fant <strong>en</strong> quête<br />

Du mystère de l’<strong>en</strong>vers<br />

Obsession de l’<strong>en</strong>fance<br />

Pour cet inconnu passionnant<br />

Table<br />

Chaise<br />

Petit Piano<br />

Coussins<br />

Mini-fauteuil<br />

Pouf<br />

Echelle d’<strong>en</strong>fant<br />

Brinquebalante<br />

Et dangereuse<br />

L’<strong>en</strong>fant grimpe<br />

Grimpe grimpe<br />

Mais sous son poids<br />

Effondrem<strong>en</strong>t, cris<br />

Et pleurs<br />

Douce la main de la mère<br />

Qui rattrape l’<strong>en</strong>fant<br />

Le cajole et le console<br />

Et de ses bras, le porte<br />

En haut du mur<br />

Alors de son regard<br />

L’<strong>en</strong>fant rit<br />

De ce mystère<br />

Désormais dévoilé<br />

Pli de mur<br />

Pour un regard<br />

Comme une feuille<br />

Que l’on déchire.<br />

Fold of wall<br />

Fold of wall<br />

For a look<br />

As a sheet<br />

We rip<br />

Little child in quest<br />

Of the mystery of the underside<br />

Obession of childhood<br />

For this fascinating unkown<br />

Table<br />

Chair<br />

Little piano<br />

Cushions<br />

Mini-armchair<br />

Pouffe<br />

Child ladder<br />

Shaking<br />

And dangerous<br />

The child climbs<br />

Climbs climbs<br />

But under his weight<br />

Collapse, screams<br />

And cries<br />

Sweet the hand of the mother<br />

Which catches the child<br />

Cuddles him and consoles him<br />

And with her arms, brings him<br />

At the top of the wall<br />

Th<strong>en</strong> from his look<br />

The child laughs<br />

About this mystery<br />

H<strong>en</strong>cefoth unveiled<br />

Fold of wall<br />

For a look<br />

As a sheet<br />

We rip<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue 91


The Abs<strong>en</strong>t III - Toile sur châssis - Teklal Neguib<br />

92<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue


Une porte<br />

Tourne, tourne<br />

La porte qui s’ouvre<br />

Se ferme<br />

Claquem<strong>en</strong>t de vie<br />

Disputes, le couple se déchire<br />

Caresse, réconciliation<br />

T<strong>en</strong>dresse, le couple s’aime<br />

Tourne, tourne<br />

La porte qui s’ouvre<br />

Se ferme<br />

Enfants qui ri<strong>en</strong>t<br />

Courses, jeux,<br />

Glissades<br />

Les <strong>en</strong>fants s’esclaff<strong>en</strong>t<br />

Tourne, tourne<br />

La porte qui s’ouvre<br />

Se ferme<br />

Un vieil homme qui regarde<br />

Une vieille femme qui l’aime<br />

Douceur des claquettes<br />

De cannes alanguies<br />

Tourne, tourne<br />

La porte qui s’ouvre<br />

Se ferme<br />

Inv<strong>en</strong>taire du notaire<br />

Maison qui se vide<br />

Fantômes esseulés<br />

Ne tourne plus<br />

La porte<br />

Qui se ferme.<br />

A door<br />

Turns, turns<br />

The door which op<strong>en</strong>s<br />

Closes<br />

Slam of life<br />

Disputes, the couple falls apart<br />

Caress, reconciliation<br />

T<strong>en</strong>derness, the couple loves each other<br />

Turns, turns<br />

The door which op<strong>en</strong>s<br />

Closes<br />

Kids who are laughing<br />

Runnings, games,<br />

Slides<br />

The kids are guffawing<br />

Turns, turns<br />

The door which op<strong>en</strong>s<br />

Closes<br />

An old man who’s looking at<br />

The old woman who loves him<br />

G<strong>en</strong>tl<strong>en</strong>ess of the tap dance<br />

Of the languid sticks<br />

Turns, turns<br />

The door which op<strong>en</strong>s<br />

Closes<br />

Inv<strong>en</strong>tory of the notary<br />

House which is emptying<br />

Forsak<strong>en</strong> ghosts<br />

Won’t turn anymore<br />

The door<br />

Which is closing<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste dialogue 93


Teklal<br />

Neguib<br />

Tonight, I write to you from a country in tears, in<br />

tears of mourning and horror, a country who has<br />

se<strong>en</strong> 12 of its people die from for drawing cartoons.<br />

Bullets for cartoons. No comm<strong>en</strong>t.<br />

Since Wednesday, I have sp<strong>en</strong>t my time crying.<br />

My body trembling, not from fear, but because of emotions,<br />

overwhealming emotions. Thoughts, shock, knock together.<br />

My heart is brok<strong>en</strong>. Cartoonists, columnists, policem<strong>en</strong>, a<br />

cleaner, a proofreader, a festival founder are dead. Dead for<br />

France. Dead for an idea, a beautiful idea, one of the founding<br />

ideas of our democraties: freedom of speech.<br />

Our ancestors of blood and arts fought before, and for<br />

some died for it, for us now. XVIII° c<strong>en</strong>tury philosophers,<br />

rest in peace. Such freedom, such right, so dearly obtained,<br />

Wednesday was flouted. Murdering Charlie has murdered<br />

the Revolution. Murdering the 12 has murdered Voltaire.<br />

Murdering them has murdered Fr<strong>en</strong>ch people, these people<br />

the Revolution told «all free man is Fr<strong>en</strong>ch». Our hearts,<br />

our bodies and our souls vandalised by bullets and the blood<br />

of our dead. Our hearts are brok<strong>en</strong> and our souls shattered.<br />

We are touched. All the country, the World, together behind<br />

Charlie, whatever we may have thought about it before. Get<br />

behind it, because it’s not time … no time to criticize. It’s<br />

time to be ONE, one people, one soul, one heart, with our<br />

decimated family.<br />

Because it’s an important part of our family that we have<br />

lost, a part of what makes us who we are, we, this g<strong>en</strong>eration<br />

raised in the 80’s and the 90’s. Charlie Hebdo repres<strong>en</strong>ts the<br />

part of irony which is so important to us, which built us as<br />

humans and now as adults. Our g<strong>en</strong>eration has lost part of<br />

what educated it. But the question is how will this g<strong>en</strong>eration<br />

of irony act and react ? out of sincerity, out of cynicism,<br />

out of hypocrisy and out of naivety, this g<strong>en</strong>eration which<br />

had be<strong>en</strong> described as metamodernist. A g<strong>en</strong>eration born in<br />

crisis, nurtured in crisis, living an adult life in crisis. Living in<br />

a crisis culture. Living this days a transitional crisis mom<strong>en</strong>t.<br />

What will we do with this time? This ev<strong>en</strong>t? Which part at<br />

the crossroads will we choose? More irony, in this time of the<br />

murder of irony? The increase of cynicism as a complete fall<br />

in faith for the future and for humanity? Could sincerity win,<br />

after these ev<strong>en</strong>ts? Or naivety as all the gatherings seem to<br />

show? Or, perhaps, a sort of balance will appear. Our g<strong>en</strong>eration<br />

is at the crossroads of which ways humans <strong>en</strong>visage the<br />

world and future.<br />

In 10 or 15 years, we will reach in masses the levels of power:<br />

political power, economic power, artistic power… Some<br />

of us will become leaders. But how will this metamodernist<br />

g<strong>en</strong>eration use its power? What will we do with the World,<br />

with our siblings? What leaders will we become? This ev<strong>en</strong>t is<br />

such an important mom<strong>en</strong>t, which impacts not only France,<br />

but the whole world, citiz<strong>en</strong>s of all countries, members of our<br />

g<strong>en</strong>eration all over the world, that we may say it will have<br />

an impact upon what sort of humans we will become, we<br />

will decide to become. Perhaps we will do nothing following<br />

this ev<strong>en</strong>t (which is yet doing something). Perhaps we will<br />

do something, perhaps it will empower us. For the mom<strong>en</strong>t,<br />

it’s much too early to know, to answer the questions, but the<br />

next weeks, months and years will teach us a lot about our<br />

metamodernist g<strong>en</strong>eration, and what it will become. This<br />

ev<strong>en</strong>t is such an impacting mom<strong>en</strong>t because the dead were<br />

our fathers, our brothers and sisters, and we are the depositories<br />

of their legacy, of this murdered irony. They died for<br />

freedom of speech. Because of a war, a war declared on art,<br />

politically correct or incorrect. To fall on a battlefield should<br />

not have to exist for paper and cartoons.<br />

What did we think about the cartoons? Most of us appreciated<br />

them a lot, and some of us were shocked. Does that<br />

still have any importance? They are dead for us to have the<br />

right to agree, or not, for us to have the right to think, to<br />

question, about ourselves, about others, about everything.<br />

They are dead for us to be free. They acted without hate,<br />

and that is the ess<strong>en</strong>tial. Because today, they can’t publish<br />

anything, ev<strong>en</strong> things which could make us moan. And that,<br />

that makes us moan ev<strong>en</strong> more. Because what is the use of<br />

having the right to moan if there is no-one to moan against?<br />

What is the use of having the right to laugh if there is no-one<br />

to make us laugh? Never forget that they are dead for us to<br />

have the right not to agree with them. Because, it would be<br />

better to moan, to grumble, to be angry, instead of seeing<br />

them all dead, all twelve of them, fall<strong>en</strong> for France and for<br />

freedom of speech. Dead on their own battlefield.<br />

Because being a journalist, a cartoonist, but also an artist<br />

or a chief editor seems to be dangerous professions. How<br />

could we imagine that with our paintbrushes, our p<strong>en</strong>cils,<br />

our p<strong>en</strong>s, our photo-cameras and our film cameras, our<br />

bodies, our canvases, we could risk our lives, our safety,<br />

while we live in democraties? Our goal is never hatred, our<br />

goal is the instillation of thought within our fellow humans<br />

for a more peaceful coexist<strong>en</strong>ce, for all of us to reflect upon<br />

the world we live in. Because it’s the vocation of art and<br />

newspapers, ev<strong>en</strong> they are ironic or the complete opposite<br />

to make people reflect, question, effect self-analysis, wid<strong>en</strong><br />

their perspectives. How will the artists of our g<strong>en</strong>eration act<br />

and react? Art and newspapers are a richness, and an <strong>en</strong>richm<strong>en</strong>t<br />

for each of us, as citiz<strong>en</strong>s, as artists, as humans.<br />

How can art and newspapers play a role, a key role in the<br />

94<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste philosophia


letter from<br />

a brok<strong>en</strong> (he)art<br />

creation of cont<strong>en</strong>ts, creators of thought? How may we participate<br />

in the emerg<strong>en</strong>ce and vitality of our cultures in situations<br />

where sometimes there is not a lot of safety, and at<br />

worst no safety? Yet, culture, art, knowledge construct us as<br />

humans, and as citiz<strong>en</strong>s. They are our souls, which help raise<br />

us, touch us and sometimes appal us. They can unsettle us,<br />

but always they educate us, show us the way, give us faith in<br />

humanity, ev<strong>en</strong> in the most dreadful mom<strong>en</strong>ts.<br />

So our weapons are our drawings and cartoons, our canvases,<br />

our novels, our poems, ours haikus, as our short texts,<br />

our essays, our magazines, our films, our hap<strong>en</strong>nings, our<br />

dancing and our music. Our art is our shield. Our «wars»<br />

don’t kill anyone, because our fights are for love, and faith<br />

in humanity.<br />

Among the Charlie Hebdo dead, there is one who particularly<br />

touched me. It was Cabu. Cabu, for the fr<strong>en</strong>ch of<br />

our g<strong>en</strong>eration (described as at the crossrads of irony, sincerity,<br />

hypocrisy, and overt naivety) was our father. As The<br />

Simpsons, and South park, our father in irony. He educated<br />

us to caricature, to the press cartoon, with t<strong>en</strong>derness and<br />

love, with pati<strong>en</strong>ce and respect. Cabu? We waited for that<br />

mom<strong>en</strong>t, in front of the TV, wh<strong>en</strong> he was going todraw in our<br />

favorite kids TV show. For me, it was like waiting for a sweet,<br />

a long awaited mom<strong>en</strong>t. And I remember seeing him on TV.<br />

Oh my god, no, it was not bullets I wanted to s<strong>en</strong>d him.<br />

Certainly not. I remember, wh<strong>en</strong> I saw him, I wanted to kiss<br />

and hug him. Wh<strong>en</strong> we saw him, it was only t<strong>en</strong>derness and<br />

love we wanted to give him, to share with him, and nothing<br />

else. I was young, it was long time ago, but I never forgot this<br />

great Cabu with his sweet and funny cartoons. Father has<br />

passed, our g<strong>en</strong>eration is orphaned.<br />

His cartoons were an emotion because art is emotion. And<br />

emotion creates us as human, as being. Emotion and tears<br />

are beautiful. They are our hearts’ art, the bloody tears of<br />

our wounded bodies. Wounded to unspeakable depth by<br />

the death of our fathers, our brothers, and sisters. About<br />

the gatherings, some said it was beautiful, but of no utility.<br />

I answered that beauty is yet useful by itself. It shows the<br />

unity of a nation, a people, behind this idea of freedom of<br />

speech, and its corollary, freedom of opinion (for agreeing<br />

or disagreeing). It shows this solidarity, this shared mourning,<br />

this support we give each other, for staying on our feet.<br />

It’s a great mom<strong>en</strong>t of naivety. But sometimes, naivety is<br />

necessary. Believing in us, having faith in humanity is what<br />

the world needs, what human beings need, to have trust in<br />

the future.<br />

In France, in foreign countries, this se<strong>en</strong> support is a caress<br />

to our afflicted and teary hearts, a sweet caress of reassurance<br />

in this time of mourning and pain. It is a little soothing,<br />

a way to show to our dead what they meant to us, what freedom<br />

repres<strong>en</strong>ts for each and everyone of us.<br />

Caresses to the soul, caresses to the heart are so important<br />

in these mom<strong>en</strong>t, a calming cure. Sometimes, what makes<br />

you feel good can take peculiar ways. The day of the twelve’s<br />

murders, an artist had published her last song, and the video<br />

of it. It’s Sia, and I can say, at that mom<strong>en</strong>t, my mind was<br />

not in list<strong>en</strong>ing music mode. In the <strong>en</strong>d, I decided to list<strong>en</strong><br />

to it (for permiting me to think about something else). It was<br />

no deception. Both the song and the video are absolutely<br />

spl<strong>en</strong>did, very emotional. But more, it was a shock.<br />

The music and the video spoke to me about myself, my<br />

feelings, after the attack. About my emotions, various, contradictory,<br />

savage, viol<strong>en</strong>t or sweet. A desire for revolt, a desire<br />

for crying, breaking everything, hiding myself away, being<br />

angry, being with the other, needing him or her, a desire<br />

for t<strong>en</strong>derness and r<strong>en</strong>dering t<strong>en</strong>derness back.<br />

The music and the video have no link, of course, with the<br />

ev<strong>en</strong>t, but in the <strong>en</strong>d, they accompanied me in my process<br />

of mourning and shock. Because the music of Elastic Heart<br />

is the symphony of my emotions, the video the mirror of my<br />

pains. They are my music for Charlie, a music video I sp<strong>en</strong>d<br />

my time list<strong>en</strong>ing to and watching. And I cry…<br />

Because emotions are music<br />

And music is emotion<br />

We always come back to (he)art…<br />

He was named Cabu<br />

He was named Ahmed<br />

He was named Charb<br />

She was named Elsa<br />

He was named Tignous<br />

He was named Franck<br />

He was named Wolinski<br />

He was named Michel<br />

He was named Bernard<br />

He was named Frédéric<br />

He was named Honoré<br />

He was named Mustapha<br />

For Charlie Hebdo<br />

For the 12<br />

For the 17<br />

For freedom of speech<br />

For newspapers<br />

For art<br />

For we, all<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste philosophia 95


frédéric<br />

javelaud<br />

_blue_monday_<br />

96<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 97


98 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 99


100 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 101


102 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


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dami<strong>en</strong><br />

dutrait<br />

Photographies<br />

sans appareil<br />

Extraits du livre PHOTOGRAPHIES SANS APPAREIL,<br />

Dami<strong>en</strong> Dutrait, TALAïA Editions.<br />

Publication <strong>en</strong> avril 2015<br />

106<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


Il y a un <strong>en</strong>droit où j’aimerais t’emm<strong>en</strong>er.<br />

C’est un <strong>en</strong>droit où je ne veux pas retourner à moins d’être sûr<br />

d’y vivre avec toi.<br />

C’est au bord de la mer.<br />

La photo est prise depuis la terrasse, sous le cèdre c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire<br />

dont les branches les plus basses ferm<strong>en</strong>t le haut du cadre.<br />

On s’assoit, ici, dans un certain axe, les pieds sur le muret. Et on<br />

regarde l’océan qui ne veut jamais rester <strong>en</strong> place. L’océan qui<br />

ne veut jamais pr<strong>en</strong>dre la même couleur. L’océan qui parfois se<br />

confond avec le ciel. L’océan à qui il ne faudrait que quelques<br />

instants pour tout <strong>en</strong>gloutir. L’océan qui roule et déroule<br />

l’infini de ses verts et de ses bleus dans les ocres des sables<br />

bourdonnants.<br />

Mais tu connais l’<strong>en</strong>droit, la photo est <strong>en</strong>cadrée au dessus de<br />

notre lit.<br />

Juin 2011<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 107


Je ne me souvi<strong>en</strong>s plus s’il s’agit d’une photo ou d’un tableau.<br />

Si c’est une photo, je l’ai perdue.<br />

Un temps, j’ai cru à une peinture de Hopper. Il existe une toile<br />

intitulée CornHill qui ressemble beaucoup à mon souv<strong>en</strong>ir, mais<br />

ce n’est pas ça.<br />

J’ai peur que l’image de cette toile ait faussé mon souv<strong>en</strong>ir.<br />

Comme un rêve qu’on raconte mal et qui, pourtant, devi<strong>en</strong>t le<br />

rêve lui-même. Car c’est tout ce qu’il <strong>en</strong> reste.<br />

Voici le souv<strong>en</strong>ir que j’essaie de garder intact :<br />

Une lande collineuse couverte d’un gazon ras, presque jaune.<br />

Une colline c<strong>en</strong>trale, plus haute, dont les p<strong>en</strong>tes se déroul<strong>en</strong>t<br />

l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t vers celui qui la regarde.<br />

Autour, il n’y a ri<strong>en</strong>.<br />

Seule, au c<strong>en</strong>tre, une petite maison blanche très simple,<br />

légèrem<strong>en</strong>t floue, couronne la colline.<br />

La lumière est coupante.<br />

C’est une fin d’après-midi, l’Ouest est à gauche du tableau.<br />

La lumière Or sur ces collines impressionne une fin de journée<br />

douce et calme.<br />

Pourtant, je suis incapable de dire si j’arrive dans cette maison ou<br />

si j’<strong>en</strong> pars ;<br />

Je ne la reconnais pas, mais tout m’y est familier.<br />

Les murs blancs de chaux, les volets verts sans doute écaillés, les<br />

tuiles brunes…<br />

Je pourrais avoir vécu d’heureux mom<strong>en</strong>ts ici.<br />

Non datée<br />

108<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


Une porte est ouverte dans le rempart.<br />

Au travers on voit la mer.<br />

Du rempart à la mer un chemin de béton se dessine, plus blanc<br />

sur l’amoncellem<strong>en</strong>t de roches brunes qui form<strong>en</strong>t les contreforts<br />

de la ville.<br />

Il est très tôt mais le soleil est déjà levé et inonde la photo.<br />

Au bout, sur les dernières roches avant l’océan, il y a un homme<br />

de dos.<br />

L’homme contemple l’océan. On dirait qu’il est là depuis des<br />

heures, des jours.<br />

On dirait que l’océan att<strong>en</strong>d un signe pour l’emporter et<br />

l’<strong>en</strong>gloutir. On distingue l’écume bouillonnante de l’eau se<br />

fracassant sur la pierre.<br />

C’est mon père.<br />

Je l’ai suivi.<br />

J’ai été réveillé par du bruit dans la maison.<br />

J’ai vu mon père traverser le salon. Je l’ai suivi.<br />

Il a traversé la ville. Je l’ai suivi.<br />

Je me demande à quoi il p<strong>en</strong>se.<br />

Je me demande à quoi il p<strong>en</strong>se.<br />

1988<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 109


En Ombrie, quelque part au milieu d’un parc, sous des cyprès, au<br />

dossier d’une chaise écaillée, un appareil photo. Intrigué je m’<strong>en</strong><br />

empare et cherche d’instinct autour de moi son propriétaire.<br />

Mais je suis seul, c’est l’été, les ombres de la fin d’après-midi<br />

ont comm<strong>en</strong>cé leur rotation <strong>en</strong> s’étirant paresseusem<strong>en</strong>t. Il fait<br />

<strong>en</strong>core chaud.<br />

Il y a cette petite brise douce, tiède et qui s<strong>en</strong>t la résine.<br />

Je m’assoie et allume l’appareil. L’écran lumineux me propose<br />

d’abord une série de fonctions et de chiffres. Un signal lecture.<br />

Me voici assis, contemplant votre vie ; une tranche de celle-ci.<br />

Celle où vous avez défait vos cheveux pour poser sur un pont.<br />

Celle où vous souriez paresseusem<strong>en</strong>t, dos à la mer et au soleil<br />

qui se couche. Celle aussi où votre regard se perd dans une drôle<br />

de lumière à la terrasse d’un restaurant.<br />

Les minutes s’écoul<strong>en</strong>t. P<strong>en</strong>dant ce temps susp<strong>en</strong>du, je devi<strong>en</strong>s<br />

votre amant virtuel, votre photographe particulier. J’inv<strong>en</strong>te votre<br />

nom, votre taille, le nom de votre ville. J’appr<strong>en</strong>ds la couleur de<br />

vos yeux, la douceur certaine de votre peau, votre souffle sucré,<br />

le t<strong>en</strong>dre de vos lèvres. Me s<strong>en</strong>tir si proche de vous me fait me<br />

s<strong>en</strong>tir seul.<br />

Avant de partir j’ai pris une photographie de moi et ai reposé<br />

l’appareil où je l’avais trouvé.<br />

Eté 90<br />

110<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


Tu vois, sur la photo, j’ai gardé mes gants.<br />

C’est un peu ridicule.<br />

J’ai gardé mes gants, je ne sais pas pourquoi : je ne suis pas<br />

sorti…<br />

Si. Une fois. J’ai marché dans la brume.<br />

Ce qu’on voit au fond, derrière la vitre où mon reflet s’esquisse,<br />

c’est une île.<br />

Je ne peux pas t’appr<strong>en</strong>dre ce que c’est… Tu l’as, toi, ton île.<br />

Et de ton île à la mi<strong>en</strong>ne il y a… Quoi ? Un océan ?<br />

Je n’ai pas besoin de passer la vitre, de toute façon, il n’y a que<br />

des brumes.<br />

Et quelques formes d’arbres.<br />

C’est Janvier sur l’île aux moines. La brume avale tout. Tout s’y<br />

fond, sauf les Mimosas qui surgiss<strong>en</strong>t flamboyants de jaune dans<br />

le gris de l’hiver.<br />

Savais-tu que le Mimosas est un arbre ? et qu’il fleurit <strong>en</strong><br />

Janvier ?<br />

Moi, non. Je ne savais pas.<br />

Pardon, mon écriture n’est pas droite.<br />

Je t’écris de cette île qui n’est pas la mi<strong>en</strong>ne. Je suis là, je<br />

t’att<strong>en</strong>ds. Et cette att<strong>en</strong>te, elle est à moi…<br />

Je t’écris derrière la vitre d’un écran où s’affiche un océan. Et, tu<br />

vois, j’y pose un doigt.<br />

Je ne me souvi<strong>en</strong>s pas qui a pris cette photo de moi<br />

photographiant l’océan…<br />

PS : Il y a une autre photo où je ris aux éclats. Celle-là je ne te<br />

l’<strong>en</strong>voie pas. Je te la montrerai quand nous nous reverrons.<br />

Janvier 2012<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 111


Des arbres, je ne connais ri<strong>en</strong><br />

Je les vois dans ma ville<br />

Tels d’étranges riverains<br />

Îlots de verdure ou asiles<br />

naoufel<br />

des arbres,<br />

je ne connais ri<strong>en</strong><br />

112<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


Des poumons sur une souche<br />

Qui cache les bâtisses laides<br />

Une rangée de retouches<br />

Témoins muets des bipèdes<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 113


Leurs feuilles bruiss<strong>en</strong>t délicatem<strong>en</strong>t<br />

Je les remarque par la f<strong>en</strong>être<br />

Frêles silhouettes que le ciel f<strong>en</strong>d<br />

Comme des cathédrales prêtes à naître<br />

114<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


Si le citadin gâche la forêt<br />

Pour décorer ses av<strong>en</strong>ues<br />

Il arbore ses allées<br />

Et imagine qu’il a vaincu<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 115


Le mal viol<strong>en</strong>t des cités<br />

La végétation des hommes<br />

Qui se fig<strong>en</strong>t dans le regret<br />

De parquer la nature <strong>en</strong> somme<br />

116<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


Leur vie devi<strong>en</strong>t un mouvem<strong>en</strong>t l<strong>en</strong>t<br />

Et même presqu’immobile<br />

Où les arbres disput<strong>en</strong>t aux habitants<br />

Le privilège d’être futiles.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres 117


thierry<br />

kerspern<br />

118<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - d'arbres et de pierres


arboretum urbain<br />

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Mohamed<br />

Elkeurti<br />

134<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia


Invocation<br />

Dès l’aube j’erre, par monts et par vaux<br />

En marmonnant de tristes mots<br />

J’invoque les pierres, j’invoque l’écume<br />

Pour adoucir mon amertume<br />

J’invoque les cieux et les nuages<br />

Des journées mornes zébrées d’orages<br />

Je m’ag<strong>en</strong>ouille devant des feux<br />

Mazda j’invoque, cet autre Dieu<br />

Je fais appel à tant de prophètes<br />

Et soliloque <strong>en</strong> tête à tête<br />

Mon âme j’offre <strong>en</strong> sacrifice<br />

Et la mélange à de drôles d’épices<br />

J’arpège <strong>en</strong> vain mes longs sil<strong>en</strong>ces<br />

Et me consume <strong>en</strong> ton abs<strong>en</strong>ce<br />

Je « parcœurise » des incantations<br />

Pour une ultime apparition<br />

J’appr<strong>en</strong>ds à a faire des sortilèges<br />

Et à t<strong>en</strong>dre au sort de vilains pièges<br />

Je m’initie à de sombres rites<br />

Chez des tribus, grandes et petites<br />

Je pleure les larmes de tout mon corps<br />

Et le Destin cruel j’implore<br />

J’emplis les pages de milliers de rimes<br />

Et les récite du fond de l’abïme<br />

Mais ri<strong>en</strong> n’y fait, ma mie est morte<br />

Et ici bas, plus ri<strong>en</strong> ne m’importe.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 135


Élégie<br />

Je t’avais esquissé la plus belle des toiles<br />

Et t’avais décroché de lointaines étoiles<br />

Je t’avais, naïvem<strong>en</strong>t, fait l’aveu le plus doux<br />

Puis t’avais dessiné de mes rêves les plus fous<br />

Je t’avais revêtu des plus fines d<strong>en</strong>telles<br />

De chaussures légères et de robes si belles<br />

Je t’avais emm<strong>en</strong>é vers de lointains horizons<br />

Nous errâmes, insouciants, p<strong>en</strong>dant maintes saisons<br />

Je t’avais alors fait d’impossibles promesses<br />

Impati<strong>en</strong>t de connaître d’imp<strong>en</strong>sables nuits d’ivresse<br />

Je t’avais fait connaitre Roméo et Juliette<br />

Et t’avais lu des poèmes de torrides conquêtes<br />

Je t’avais préparé de ces mets raffinés<br />

Que j’avais, par amour, t<strong>en</strong>drem<strong>en</strong>t cuisinés<br />

Je t’avais fait <strong>en</strong>trevoir notre futur chez nous<br />

Nid d’amour plus beau que le plus beau des bijoux<br />

Mais hélas, mille hélas, il fut dit que ce soir<br />

Une visite impromptue d’une certaine Dame En Noir<br />

Troublerait notre joie et notre rêve de bonheur<br />

Me laissant impuissant, larmes aux yeux, peine au cœur<br />

Elle fut là, la Maudite, pour t’emporter, mon amour<br />

Pour l’ Ailleurs funeste, loin de moi pour toujours.<br />

Mes promesses ont changé de nature depuis lors<br />

Et ne songe qu’à fleurir ta tombe jusqu’ après ma mort<br />

136<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia


Errance et questionnem<strong>en</strong>ts<br />

Devrais-je errer<br />

Sur maintes vagues et leur écume<br />

Devrais-je pleurer<br />

Mon triste sort, mon amertume<br />

Devrais-je rire<br />

De mon passé triste à mourir<br />

Devrais-je craindre<br />

Les l<strong>en</strong>demains et tout l’av<strong>en</strong>ir<br />

Devrais-je offrir<br />

Ma vie aux Dieux de cette terre<br />

Ou bi<strong>en</strong> prier<br />

Celui qu’on dit plus grand Seigneur?<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 137


frédéric<br />

lucas<br />

Le Rêve<br />

Quand la vie alim<strong>en</strong>te les rêves<br />

là où ri<strong>en</strong> n'est possible<br />

permet à l'impossible<br />

de pr<strong>en</strong>dre pied.<br />

Aux s<strong>en</strong>s aux acc<strong>en</strong>ts trop forts<br />

se substitue la délicatesse<br />

des temps oubliés<br />

L'inatt<strong>en</strong>du surgit de la vie<br />

Amplifie les effluves,<br />

jusqu'à la démesure ;<br />

L'esprit réaménage les idées<br />

Se les réapproprie, les recopie,<br />

Jusqu'à la magnific<strong>en</strong>ce<br />

Débordant de s<strong>en</strong>sibilités,<br />

d'émotions et d'int<strong>en</strong>tions,<br />

J'effleure nos âmes<br />

138<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia


Quelle prom<strong>en</strong>ade !<br />

Desc<strong>en</strong>dant le chemin<br />

Dessous les chênes<br />

Le ciel à travers le feuillage<br />

Je regarde au delà du sillage<br />

Tombé maintes fois<br />

Je remonte <strong>en</strong> selle<br />

Enfant que je fus<br />

Vadrouiller sur<br />

Ce chemin de terre<br />

Et je roule,<br />

Et j'atteins<br />

Le mom<strong>en</strong>t<br />

Où ma selle<br />

Sera redev<strong>en</strong>ue<br />

Trop haute<br />

Et je roule,<br />

Et j'atteins<br />

Le mom<strong>en</strong>t<br />

Où les pédales<br />

S'échapperont<br />

De dessous<br />

Mes sandales.<br />

Desc<strong>en</strong>dant le chemin,<br />

A travers le feuillage,<br />

Je m'<strong>en</strong>fuis déjà<br />

Je ne suis plus là<br />

Avec les nuages<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 139


Hé ! Doté de vie<br />

Je respire,<br />

Je sombre,<br />

Je surgis.<br />

En salle d'opération<br />

Des gants aux mains<br />

J'opère<br />

J'ose à peine<br />

Je survis.<br />

En pleine insomnie...<br />

Sorti d'un rêve<br />

Une ombre<br />

Un creux<br />

Une <strong>en</strong>vie.<br />

Doté de vie,<br />

Je m'installe dans l'été<br />

Je touche au je suis<br />

Je vogue au serai<br />

140<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia


Boudiné<br />

T<strong>en</strong>ture délurée<br />

À travers l'ure<br />

Dissèque nos esprits<br />

Paresse d'un délit<br />

Les joutes s'exprim<strong>en</strong>t...<br />

À travers l'hymne<br />

Raconte ses délires<br />

Se transc<strong>en</strong>de dans l'ire<br />

Conte moi des histoires<br />

Distille de l'espoir<br />

Les billes s'<strong>en</strong>roul<strong>en</strong>t<br />

dans l'herbe, déboul<strong>en</strong>t<br />

Souris à peine<br />

Me touche à peine<br />

Un allant <strong>en</strong> un v<strong>en</strong>ant<br />

Souffr<strong>en</strong>t les att<strong>en</strong>ants<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 141


laure<br />

bolatre<br />

142<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia


à Pégase<br />

à toi mon ami<br />

Qui a su dès le premier instant<br />

Me donner ta confiance :<br />

Je dédie ces mots<br />

Je me souvi<strong>en</strong>s de ce rêve<br />

Où nous volions <strong>en</strong>semble,<br />

Survolions des myriades de lumière<br />

Troublant le sommeil des fées,<br />

Volant au côté<br />

De Dieux mythiques.<br />

Je n’avais aucune crainte,<br />

Car je savais que blottie<br />

Entre tes ailes<br />

Je ne craignais ri<strong>en</strong><br />

Si ce n’est la peur<br />

De devoir rev<strong>en</strong>ir à la réalité.<br />

Le souffle léger de tes ailes déployées,<br />

La chaleur de ce crépuscule<br />

Cette danse au milieu des étoiles<br />

Que de féerie insoupçonnée !<br />

A chaque fois que mon cœur est lourd<br />

Que mon âme se désespère<br />

Je p<strong>en</strong>se à toi.<br />

Je te revois<br />

Tes grands yeux bruns<br />

Me murmurant l’espoir<br />

Et de nouveau ma vie a un s<strong>en</strong>s :<br />

Je sais où mes pas me mèn<strong>en</strong>t,<br />

Je suis sereine.<br />

Chaque chose arrivera à son heure<br />

Il suffit juste<br />

De poursuivre son chemin.<br />

Je garde dans ma paume<br />

La douceur de ton pelage immaculé<br />

Comme un présage<br />

D’un av<strong>en</strong>ir radieux<br />

Et d’un autre voyage<br />

Aux pays des cieux.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 143


Cette main posée sur mon épaule,<br />

Ce souffle qui murmure,<br />

Les mots qu’il me faut vous dire<br />

En ce jour où les larmes,<br />

Marqu<strong>en</strong>t le pas,<br />

De ces incertitudes qui trahiss<strong>en</strong>t nos cœurs.<br />

Je ne suis qu’une humble messagère.<br />

Je ferme les yeux et me laisse guider<br />

Vers les dires,<br />

En ce jour où son âme fatiguée<br />

S’élève vers la lumière<br />

Et qu’il nous faut accepter<br />

Que la mort vive sa vie.<br />

Je me dois de vous transmettre<br />

Ces dernières paroles d’amour :<br />

« Je vous aime et serai toujours près de vous,<br />

Dans la brise qui caresse votre joue,<br />

Dans le soleil qui vous réchauffe<br />

Quand le froid du chagrin se fait trop lourd,<br />

Je serai cet oiseau qui vous réveille à l’aurore<br />

Et vous berce à l’aube<br />

Je serai là à chacune de vos prières<br />

La lumière m’est douce<br />

Mes souffrances ne sont plus.<br />

Je puis vivre ma mort sans regret,<br />

Mon chemin de vie sur cette terre se termine.<br />

Il me faut p<strong>en</strong>ser à demain,<br />

Il n’est plus temps de se retourner.<br />

Je m’élève vers ma route<br />

Peut-être vous att<strong>en</strong>drai-je ?<br />

J’ignore ce que sera mon destin.<br />

Le vôtre, est de continuer votre chemin<br />

Afin de construire les souv<strong>en</strong>irs<br />

Qui diront qu’un jour<br />

J’ai vécu ici, à cette époque,<br />

Et que dans un futur je retrouve mes racines<br />

Dans cette dim<strong>en</strong>sion ou dans une autre<br />

Qu’importe :<br />

J’aurais été, j’ai été, je suis et je serai. »<br />

144<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia


Vide<br />

Lorsque le vide<br />

Se fait abs<strong>en</strong>ce,<br />

Quand le rêve<br />

Se fait oubli,<br />

Et que saigne mon cœur,<br />

Je p<strong>en</strong>se à toi…<br />

Je cherche ton regard<br />

Dans l’imm<strong>en</strong>sité du néant,<br />

Me blesse sur des images perdues<br />

Je s<strong>en</strong>s que tu es là<br />

Mais…<br />

Je te veux,<br />

Je t’appelle :<br />

Seul le sil<strong>en</strong>ce me répond.<br />

Le souv<strong>en</strong>ir s’estompe,<br />

Je t’espère…<br />

Je me dédouble<br />

Dans un matin frileux.<br />

Sans espoir<br />

De retour<br />

Je te vois…<br />

Je prie :<br />

Ne me laisse pas pleurer,<br />

Pr<strong>en</strong>ds-moi près de toi,<br />

Envole ma solitude,<br />

Dis-moi les,<br />

Ces mots magiques<br />

Qui sauront me redonner la flamme,<br />

Laisse-moi me perdre,<br />

Revi<strong>en</strong>s-moi…<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - francophonia 145


dans la<br />

bibliothèque<br />

par<br />

teklal néguib<br />

Glaneurs de rêves<br />

Patti Smith Éditions Gallimard<br />

Glaneurs de rêves est un magnifique recueil de textes poétiques, mi-souv<strong>en</strong>irs,<br />

mi-rêves. Racontés à hauteur d’<strong>en</strong>fant, d’une <strong>en</strong>fant rêveuse, gambadant <strong>en</strong>tre nature,<br />

poésie et vie imaginaire. C’est aussi un miroir des États-Unis des années 50, la vie<br />

familiale simple et t<strong>en</strong>dre d’une <strong>en</strong>fant exc<strong>en</strong>trique.<br />

Parsemé de photographies intimes, personnelles, le livre se lit d’une traite avec un<br />

plaisir gourmand non-dissimulé.<br />

Une belle plongée dans des paysages s<strong>en</strong>sibles, comme des tableaux où l’on se s<strong>en</strong>t<br />

comme un papillon voletant de p<strong>en</strong>sées <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sées, au s<strong>en</strong>s littéral.<br />

Just Kids<br />

Patti Smith Éditions D<strong>en</strong>oël<br />

Just Kids est un livre-souv<strong>en</strong>irs, écrit par une auteure-chanteuse complexe. Le texte<br />

raconte son passage de la fin de l’<strong>en</strong>fance à l’âge adulte, mais aussi la mue d’une<br />

personne lambda à l’artiste reconnue qu’elle devint <strong>en</strong>suite.<br />

Il s’agit aussi de l’histoire d’une r<strong>en</strong>contre amoureuse <strong>en</strong>tre Patti Smith et Robert<br />

Mapplethorpe, amoureuse puis amicale, le second étant homosexuel. Et au travers du<br />

récit, si bi<strong>en</strong> écrit qu’il est une dégustation, l’on peut suivre aussi la transformation de<br />

Robert Mapplethorpe <strong>en</strong> cet artiste photographe célèbre pour ses nus masculins.<br />

Livre à valeur historique, c’est un petit bijou qui permet d’<strong>en</strong>trevoir ce que fur<strong>en</strong>t<br />

les années 70 new-yorkaises, ce délire artistique exc<strong>en</strong>trique, terreau d’artistes<br />

majeurs et dans la lumière ou paumés, disparus dans le néant.<br />

146<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - Dévouverte


Les hommes préfèr<strong>en</strong>t les hommes<br />

Brigitte Fontaine Éditions Flammarion<br />

Recueil de nouvelles, à ne pas mettre <strong>en</strong>tre les mains de moins de 18 ans, le livre est à<br />

l’image de l’auteure, une exc<strong>en</strong>tricité sans borne, et sans fard.<br />

Des récits que l’on pourrait croire écrits sous influ<strong>en</strong>ce, d’alcool, de drogues, ou d’on ne<br />

sait quel produit. Il s’agit d’un delirium trem<strong>en</strong>s, d’une écrivaine foutraque, comme je les<br />

adore. Après avoir lu Portrait de l’artiste <strong>en</strong> déshabillé de soie, je ne pouvais manquer sa<br />

nouvelle production.<br />

Un délire, d’une artiste à la marge, qui sous son langage peu BCBG, parle d’un<br />

humain assez miséreux mais le magnifie.<br />

Vitres ouvertes<br />

Murièle Camac Polder 155 (Revue Décharge)<br />

Vitres ouvertes est de ces petits recueils-r<strong>en</strong>contres, porteur d’émotions. L’autre est un<br />

autre soi-même, dont on part avec joie à la découverte. Un autre soi-même et non plus<br />

simple autre, cet étranger. Un autre soi-même, un humain, comme nous, <strong>en</strong> somme.<br />

Car ce que vitres ouvertes nous propose c’est une galerie de portraits de divers<br />

personnages, certains étranges, originaux, pleins d’ardeur, parfois désespérée. Certains<br />

sont des étudiants <strong>en</strong> art, d’autres touristes, d’autres prom<strong>en</strong>eurs de nuit…<br />

Un monde contemporain se peint sous nos yeux comme un tableau vivant<br />

et poétique.<br />

Ut picturia poesis…<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - Dévouverte 147


jeu poétique digital<br />

JOUE le JEU !<br />

Teklal Neguib & L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong><br />

t’invit<strong>en</strong>t à un nouveau jeu !<br />

Teklal Neguib a créé un jeu/dialogue poétique sur<br />

twitter, à partir de son poème Insomnia. Certains<br />

artistes ont déjà proposé leur version de ce poème,<br />

alors utilise ses mots et crée… Tu peux aussi ajouter<br />

tes propres mots à ses mots. Tu es libre…<br />

Tu es autorisé à malaxer le poème de Teklal Neguib, à<br />

le torturer, le transformer…<br />

Utilise des copies d’écran, des macros, ce que tu<br />

veux…<br />

Son propre poème est prés<strong>en</strong>té de telle sorte, que le<br />

lecteur ne sait pas dans quel s<strong>en</strong>s le poème doit être<br />

lu, ce qui crée deux poèmes <strong>en</strong> un seul.<br />

Alors, sois libre, sois inspiré ! JOUE LE JEU !<br />

Et tu seras publié dans L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> 9 (80.000<br />

lecteurs par numéro)<br />

Tu peux utiliser le hashtag #digitalpoetrygame<br />

Utilise facebook, twitter, tumblr, instagram, ton blog…<br />

pour publier ton œuvre.<br />

Envoie un message à lart<strong>en</strong>loire@gmail.com Teklal<br />

Neguib, avec le li<strong>en</strong> de ton travail ou sa copie d’écran,<br />

pour être sûr que Teklal Neguib a bi<strong>en</strong> reçu ta recréation<br />

d’Insomnia. N’oublies pas d’<strong>en</strong>voyer ta minibiographie.<br />

Pour plus d’informations, lis l’appel à travaux (dernières<br />

pages de la revue) et la page #digitalpoetrygame.<br />

Le but<br />

Montrer le mouvem<strong>en</strong>t/l’oscillation de l’inspiration<br />

<strong>en</strong>tre artistes… une sorte d’expéri<strong>en</strong>ce métamoderniste<br />

à partir d’un poème lui-même métamoderniste.<br />

Alors, joue le jeu et sois publié !<br />

Plus il y aura de poètes/artites qui joueront, plus<br />

l’expéri<strong>en</strong>ce sera intéressante !<br />

148<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015


DIGITAL POETRY GAME<br />

PLAY<br />

the GAME !<br />

Teklal Neguib & L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong><br />

invite you to a new game !<br />

Teklal Neguib has created a poetry game/dialogue in<br />

twitter from her poem Insomnia. Some artists have<br />

yet did his own creation from it, so use her words<br />

and create… You can too add your own words to her<br />

words. it’s free…<br />

You are allowed to knead it, to torture it…<br />

Use scre<strong>en</strong>shot, macro, what you want…<br />

Her own poem is pres<strong>en</strong>ted for readers not to know<br />

the direction of the reading and that creates two<br />

poems inside one.<br />

So be free, be inspired ! PLAY THE GAME !<br />

And you will be published you in L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> 9<br />

(80.000 readers/issue)<br />

You can use the hashtag #digitalpoetrygame<br />

Use facebook, twitter, instagram, tumblr or your blog<br />

to publish your poem.<br />

S<strong>en</strong>d an email to lart<strong>en</strong>loire@gmail.com with the link<br />

of your work, or the scre<strong>en</strong>shot of it, to be sure Teklal<br />

Neguib has received your re-creation of Insomnia.<br />

Don’t forget to s<strong>en</strong>d your mini-biography.<br />

For more informations, read the call for works (two last<br />

pages of the magazine) and the #digitalpoetrygame<br />

page.<br />

the goal<br />

To show the movem<strong>en</strong>t/the oscillation of inspirations<br />

betwe<strong>en</strong> artists… a sort of a metamodernist game<br />

from a metamodernist poem…<br />

So play the game, and be published !<br />

The more poets/artists will play the game, and the<br />

more interesting the experi<strong>en</strong>ce will be !<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 149


Les contributeurs<br />

TEKLAL NÉGUIB<br />

Teklal Neguib est une poétesse, écrivaine, critique<br />

d’art contemporain, et rédactrice <strong>en</strong> chef de L.<strong>ART</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>Loire</strong>, revue de culture et d’expression artistique<br />

(fondée <strong>en</strong> 2013). Elle écrit pour de nombreux sites et<br />

magazines.<br />

// Teklal Neguib is a poet, writer, art critic, and the<br />

chief editor of L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>, an international culture<br />

and art expression webmagazine. She writes for<br />

various websites and magazines.<br />

teklalneguib.weebly.com/<br />

Kieran Alexander WALL<br />

33 ans, traducteur technique et légal de formation,<br />

passionné de poésie et de littératures classiques et<br />

modernes. Poésies, un premier recueil publié <strong>en</strong> 2012<br />

chez Stellamaris Editions (Brest).<br />

Correcteur de l’article Letter from a brok<strong>en</strong> (he)art de<br />

Teklal Neguib (section Philosophia)<br />

José Le Moigne<br />

Né le 7 janvier 1944 à Fort-de-france (Martinique)<br />

d’un père Breton et d’une mère Martiniquaise. En 1947,<br />

la famille quitte la Martinique pour s’installer dans<br />

le Brest ruiné de l’après-guerre. José Le Moigne ne<br />

quittera la Bretagne qu’<strong>en</strong> 1968 après la réussite d’un<br />

concours administratif. Dès lors il exercera son métier<br />

d’éducateur puis de Directeur à la Protection Judiciaire<br />

de la Jeunesse (Ministère de la Justice) à travers<br />

la France (Orléans, Lamotte-Beuvron, Clermont de<br />

l’Oise, Rou<strong>en</strong>, Nantes, Val<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>nes, Douai). José Le<br />

Moigne est membre du Comité de Rédaction de la<br />

revue Hauteurs (Val<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>ne) et membre depuis plus<br />

de dix ans du comité d’administration de la Maison<br />

de la poésie du Nord-Pas-de-Calais. José Le Moigne<br />

a publié de nombreux romans et livres de poésie, et<br />

participé à de nombreuses anthologies.<br />

Gérard artal<br />

Membre de la Société des Poètes Français<br />

Plus de 450 poèmes prés<strong>en</strong>tés sur mon site :<br />

artal-poemes.fr<br />

Un roman historique Qui était L.P Un recueil de<br />

généalogie De Caffoz à Caffot Publications dans<br />

diverses revues et journaux (L'agora... revue de la<br />

Société des poètes français, L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>, Revue<br />

Littéraire Acacia, C<strong>en</strong>tre Presse Aveyron). Lauréat<br />

de divers prix dont <strong>en</strong> 2008 Lauréat au concours<br />

de poésie C<strong>en</strong>tre Presse, <strong>en</strong> 2010 Deuxième prix au<br />

concours international de poésie francophone de<br />

l'Alliance française, <strong>en</strong> 2011 troisième prix francophone<br />

de la Ville de Cavalaire.<br />

Gérard Artal possède divers sites et blogs : artalpoemes.fr,<br />

midiblog, blog du Sud Ouest.<br />

Keedy Marmye<br />

I am a proud indig<strong>en</strong>ous Maori woman who hails from<br />

a remote valley called Whareponga, New Zealand. My<br />

tribe is Ngatiporou. This is my c<strong>en</strong>tre and at the heart<br />

and soul of all I do. If I’m not reading or writing th<strong>en</strong><br />

I’m probably sp<strong>en</strong>ding time with my very large family<br />

made up of my kids, siblings, par<strong>en</strong>ts, cousins, nieces,<br />

nephews, uncles, aunts, nannies and papa’s.<br />

I’m also a mum and a PhD stud<strong>en</strong>t studying business<br />

and international managem<strong>en</strong>t. I’m trawling through<br />

over-intellectualized academic journals and articles<br />

daily. I write poetry to keep my sanity.<br />

Evelyne Charasse<br />

Je m’appelle Evelyne Charasse.<br />

Je suis née <strong>en</strong> 1960 à Chalon-sur-Saône. J’habite<br />

actuellem<strong>en</strong>t à La Rochelle.<br />

J’essaye d’écrire des flocons de neige<br />

JACQUES CAUDA<br />

Réalisateur, écrivain, peintre et photographe. En 2000,<br />

il interrompt sa carrière de docum<strong>en</strong>tariste pour<br />

créer le mouvem<strong>en</strong>t surfiguratif dont il exposera les<br />

grandes lignes dans un manifeste Toute la lumière<br />

sur la figure. « Surfigurer, écrit-il, c’est pr<strong>en</strong>dre pour<br />

objet des s<strong>en</strong>sations dont la source n’est plus le réel<br />

mais sa représ<strong>en</strong>tation rétini<strong>en</strong>ne. Le monde est dev<strong>en</strong>u<br />

une imm<strong>en</strong>se image aveugle qu’il faut revoir afin de lui<br />

redonner un regard ». Portraits, animaux et végétaux,<br />

sont les objets privilégiés qui (sur)figur<strong>en</strong>t dans sa<br />

peinture.<br />

Abdellatif Bhiri<br />

Natif de Safi, au Maroc <strong>en</strong> 1962, Abdellatif BHIRI<br />

est un <strong>en</strong>seignant de la langue française et de sa<br />

littérature au secondaire. Son parcours poétique est<br />

concrétisé par la parution d’un premier recueil, Bribes<br />

et étincelles aux éditions Edilivre <strong>en</strong> mai 2013. Puis d’un<br />

second recueil Souv<strong>en</strong>irs vivaces, paru aux Editions<br />

SLAIKI Frères à Tanger <strong>en</strong> 2013. Il a par ailleurs<br />

contribué à plusieurs projets de recueils collectifs à<br />

l’échelle nationale et internationale. Son écriture est<br />

caractérisée par une profonde s<strong>en</strong>sibilité liée à une<br />

grande maîtrise de la langue française. Lauréat <strong>en</strong>tre<br />

autres du troisième prix de poésie de l’AMALEF.<br />

SANDRINE BRUNNER<br />

Comédi<strong>en</strong>ne et metteure <strong>en</strong> scène, Sandrine dirige la<br />

compagnie Les Planches et les Nuages depuis 2004 à<br />

Paris où elle vit depuis plus de douze ans. Depuis 2010,<br />

elle dirige égalem<strong>en</strong>t l’ant<strong>en</strong>ne de cette structure <strong>en</strong><br />

Valais (Suisse) où elle est née et où elle a grandi.<br />

Sandrine a à cœur de développer ses projets artistiques<br />

de chaque côté de la frontière, les laissant ainsi<br />

résonner <strong>en</strong>tre le rythme trépidant de la ville Lumière<br />

et la douceur de vivre valaisanne. Avec sa compagnie,<br />

elle s’attache à proposer des projets qui permett<strong>en</strong>t<br />

une évasion, qui pouss<strong>en</strong>t à la réflexion, qui invit<strong>en</strong>t à<br />

quitter les habitudes du quotidi<strong>en</strong> pour ouvrir d’autres<br />

f<strong>en</strong>êtres sur le monde qui nous <strong>en</strong>toure. De plus <strong>en</strong><br />

plus, Sandrine cherche à sortir le théâtre du théâtre, à<br />

pousser les murs et à aller à la r<strong>en</strong>contre d’un public qui<br />

pourrait <strong>en</strong>core s’ignorer... Avec B.U.L - la Brigade des<br />

Utopies Littéraires, elle cherche à teinter le quotidi<strong>en</strong><br />

de poésie <strong>en</strong> apportant la littérature là où on ne<br />

l’att<strong>en</strong>drait pas ou plus.<br />

DAMIEN RICHARD<br />

Graphiste de formation (sorti de l’ENSAAMA Olivier<br />

de Serres <strong>en</strong> 2005), Dami<strong>en</strong> travaille depuis plusieurs<br />

années comme graphiste, webdesigner, photographe<br />

et illustrateur indép<strong>en</strong>dant. Il collabore régulièrem<strong>en</strong>t<br />

avec le Collectif La Palmera, la compagnie Les<br />

Planches et les Nuages et Les Funambules.<br />

Depuis bi<strong>en</strong>tôt deux ans, il propose chaque jour<br />

avec Dami<strong>en</strong> Dutrait un diptyque poétique sur le<br />

site poesieadeuxmains.fr. Il est égalem<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>u<br />

<strong>en</strong> tant qu’artiste visuel sur des mises <strong>en</strong> scène<br />

de Néry : Guidoni chante Prévert, Blue and Black<br />

Zebra, Av<strong>en</strong>tures Surréalistes...<br />

Depuis 2013, il est aussi photographe pour la Montreux<br />

Jazz Artists Foundation.<br />

150<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015


SUR LA ROUTE... / AUF DER STRASSE...<br />

Proposé dans le cadre des festivités du Bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire<br />

de l’<strong>en</strong>trée du Canton du Valais dans la Confédération<br />

suisse, le projet Sur la route... / Auf der Strasse... de la<br />

compagnie Les Planches et les Nuages propose dix<br />

week-<strong>en</strong>d de road trip littéraire et musical à travers<br />

tout le Valais <strong>en</strong>tre mai et septembre 2015.<br />

Le concept : un autobus SAURER de 1956, dénommé<br />

«Arthur», embarque un public de 30 personnes<br />

maximum. Sur sa route et au fil de la journée, Arthur<br />

marque plusieurs escales auxquelles le public est<br />

invité à desc<strong>en</strong>dre pour profiter de l’interprétation par<br />

deux comédi<strong>en</strong>nes et un guitariste de textes d’auteurs<br />

valaisans mis <strong>en</strong> scène dans des univers variés du<br />

canton. Une agape conviviale constituée de produits<br />

valaisans est proposée à mi-parcours.<br />

Pour plus d’information et pour réserver :<br />

cie-planches-nuages.net<br />

T<strong>en</strong>tez une av<strong>en</strong>ture faite de r<strong>en</strong>contres, de mots, de<br />

notes et de s<strong>en</strong>sations inédites !<br />

Christophe Chavaroc AKA. CURIOUSPLASH<br />

Graphiste, issu de la culture des 90’s, passionné<br />

et inspiré par la musique. Composant des visuels<br />

géométriques, épurés, construits. À la recherche d’une<br />

certaine vibration, autant dans les photos que dans un<br />

travail graphique.<br />

sadesx.wix.com/curiousplash<br />

facebook.com/CURIOUSPLASH<br />

manuel atreide<br />

Blogueur et journaliste, il a collaboré à Minorités et<br />

l'Hémicycle. Spécialiste de la révolution numérique,<br />

passionné par l'information, la photographie, les<br />

musées, la danse et l'opéra, il travaille sur les questions<br />

de la place sociale des minorités tout <strong>en</strong> écrivant son<br />

premier bouquin.<br />

PEGGY FAYE<br />

Artiste photographe émerg<strong>en</strong>te montréalaise. Depuis<br />

2009, elle expose régulièrem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> individuel et<br />

<strong>en</strong> collectif, aussi bi<strong>en</strong> à Toronto et Melbourne mais<br />

principalem<strong>en</strong>t à Montréal. En plus de sa pratique solo,<br />

l’artiste s’implique dans de nombreux projets collectifs,<br />

<strong>en</strong>gagés et activistes et propose des installations<br />

extérieures de son travail. Son travail constitue un<br />

matériau servant les domaines de la photographie de<br />

rue, docum<strong>en</strong>taire, sociale et artistique. Finalem<strong>en</strong>t,<br />

la démarche de Peggy Faye t<strong>en</strong>d à (dé)montrer<br />

l’universalité de nos exist<strong>en</strong>ces, ce qu’elle nomme la<br />

similitude des différ<strong>en</strong>ces.<br />

FRÉDÉRIC JAVELAUD<br />

Photographe, graphiste, maquettiste... Diplômé des<br />

Beaux arts de Marseille. Photographe du quotidi<strong>en</strong>, il<br />

t<strong>en</strong>d à révéler la beauté de ces petits ri<strong>en</strong>s... qui font<br />

la vie.<br />

dami<strong>en</strong> dutrait<br />

Auteur, metteur <strong>en</strong> scène et musici<strong>en</strong>. Membre du<br />

Collectif la Palmera. Auteur de recueils de textes<br />

poétiques et de textes pour le théâtre. Il participe a de<br />

nombreux projets théâtraux. Il écrit et joue au sein du<br />

groupe « La Crevette d’Acier » (tournée <strong>en</strong> France et<br />

<strong>en</strong> Europe, <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t de deux albums). Auteur,<br />

comédi<strong>en</strong> et metteur <strong>en</strong> scène avec la compagnie de<br />

cirque Morosof.<br />

Il collabore aussi à la mise <strong>en</strong> scène des concerts de :<br />

Chloé Lacan, Jéréme Boucris, le groupes « Charivari ».<br />

Scénariste, réalisateur de courts-métrage et de clips,<br />

avec « John et Sasha » il obti<strong>en</strong>t le prix de scénario<br />

festival « Les Conviviales » de Nannay ; il réalise une<br />

web série musicale : La mariée était <strong>en</strong> fuite (avec<br />

Antoine Villiers et Chloé Lacan). Il met <strong>en</strong> scène<br />

H2ommes, ciné-concert pour les <strong>en</strong>fants, prix Adami<br />

Jeunesse 2014, et P’tite souillure de K. Kwahulé,<br />

création Martinique et Avignon 2013. Il collabore<br />

régulièrem<strong>en</strong>t avec la Cie Théâtre des 2 saisons.<br />

naoufel<br />

38 ans, employé.<br />

J’écris et je peins pour ne pas oublier que j’existe.<br />

Thierry Kerspern<br />

Repr<strong>en</strong>d une activité artistique mise <strong>en</strong> jachère<br />

depuis longtemps. Il fait surgir ses <strong>en</strong>vies et ouvre son<br />

regard à toutes sortes d’horizons. Quand l’énergie et<br />

l’<strong>en</strong>thousiasme se raréfi<strong>en</strong>t, il se rappelle que « tout<br />

a été photographié 100 fois, mais si je décl<strong>en</strong>che c’est<br />

parce que ça m’amuse, c’est parce que ça m’amuse ».<br />

mohamed elkeurti<br />

Né <strong>en</strong> août 1957 . Ex-Professeur d’Anglais reconverti<br />

dans le commerce d’emballage. Passionné de<br />

littérature avec une (légère) prédilection pour le<br />

fantastique et la SF. Ecrivain amateur, avec à mon actif<br />

un certain nombre de nouvelles. V<strong>en</strong>u assez tard à la<br />

poésie<br />

Frédéric Lucas<br />

40 ans, administratif, de formation sci<strong>en</strong>tifique, sportif<br />

occasionnel, l’écriture comme d’une ext<strong>en</strong>sion.<br />

LAURE BOLATRE<br />

Née à Bourges comme Berthe Morisot et Vladimir<br />

Jankélévitch. D’une nature réservée et secrète elle<br />

préfère les longues balades au tumulte de la ville. Ces<br />

flâneries sont propices à l’inspiration de l’auteur qui<br />

s’installe alors dans sa bibliothèque pour écrire et<br />

mettre <strong>en</strong> forme ses libres p<strong>en</strong>sées.<br />

directrice de publication/rédactrice <strong>en</strong> chef teklal neguib<br />

graphiste/maquettiste frédéric javelaud<br />

gestionnaire site web teklal neguib<br />

Pour nous contacter, nous transmettre une contribution, un<br />

communiqué de presse, nous t<strong>en</strong>ir informés d’une sortie de livre,<br />

d’une exposition, nous faire part de vos critiques, vous pouvez nous<br />

écrire à lart<strong>en</strong>loire@gmail.com Tous les textes, toutes les œuvres<br />

publiés rest<strong>en</strong>t la propriété exclusive de leurs auteurs respectifs et<br />

sont protégés <strong>en</strong> vertu des lois <strong>en</strong> vigueur. La rédaction n’est pas<br />

responsable des textes et images publiés, qui <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t la seule<br />

responsabilité de leur auteur.<br />

édition<br />

Teklal Neguib, pour L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong><br />

44600 Saint Nazaire (France)<br />

Site web de la revue lart<strong>en</strong>loire.weebly.com<br />

Facebook facebook.com/L.<strong>ART</strong><strong>en</strong>LOIRE<br />

Twitter twitter.com/L<strong>ART</strong><strong>en</strong><strong>Loire</strong><br />

ISSN 2256-988X - Dépôt légal 21/02/2015<br />

date de parution 21/02/2015<br />

Revue gratuite ne pouvant être v<strong>en</strong>due<br />

Erratum : dans le numéro 7, la pastille relative à l’œuvre de Jacques<br />

Cauda comporte une erreur quant à son prénom. Comme vous<br />

l’aurez noté, ce n’est bi<strong>en</strong> sûr pas Jean-Claude mais Jacques.<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 151


Appel à travaux :<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> # 9 (mai 2015)<br />

Règlem<strong>en</strong>t de l’appel à travaux :<br />

Article 1<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE est une webrevue gratuite d’art et de littérature et<br />

faisant appel à des contributeurs bénévoles. Vous pouvez découvrir<br />

les anci<strong>en</strong>s numéros ici : issuu.com/l.art<strong>en</strong>loire<br />

Article 2<br />

Le fait même de proposer des textes, poèmes, articles, photos… ou<br />

d’accepter d’<strong>en</strong> écrire/produire un vaut acceptation du prés<strong>en</strong>t règlem<strong>en</strong>t<br />

et autorisation de publication.<br />

Article 3<br />

Pour être publié, vous devez écrire soit <strong>en</strong> français/anglais/espagnol<br />

ou être bilingue (français + autre langue). A noter que dans le<br />

cas d’œuvres bilingues, seule la version française fera foi, vous resterez<br />

seul responsable du cont<strong>en</strong>u de la version dans l’autre langue.<br />

La revue ne saurait être t<strong>en</strong>ue responsable d’une langue qu’elle ne<br />

maîtrise pas ou ne connaît pas.<br />

La section Francophonia est uniquem<strong>en</strong>t pour les francophones (<strong>en</strong><br />

monolingue ou <strong>en</strong> bilingue). La section L.<strong>ART</strong> est réservée aux artistes<br />

de <strong>Loire</strong> Atlantique ou de Bretagne, ou les expositions artistiques<br />

ayant eu lieu sur ces deux territoires. La section théâtre est<br />

seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> français/anglais/espagnol (pas de traduction).<br />

Vous déclarez et garantissez disposer de tout droit et autorisation<br />

requis pour l’exploitation d’un quelconque cont<strong>en</strong>u dans le cadre de<br />

chacune de vos contributions de façon à ne pas violer les droits des<br />

tiers (droit d’auteur, droit à l’image).<br />

Les textes/œuvres ne doiv<strong>en</strong>t pas être constitutifs de cont<strong>en</strong>u :<br />

• à caractère raciste ;<br />

• à caractère diffamatoire, injurieux, calomnieux à l’égard de tiers,<br />

personnes physiques ou morales ;<br />

• constituant une contrefaçon d’un droit de propriété intellectuelle ;<br />

• contraire à la réglem<strong>en</strong>tation.<br />

Article 4<br />

Vous devez être l’auteur de l’œuvre ou des œuvres que vous proposez<br />

à L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>.<br />

Proposer un ou des travaux signifie que vous reconnaissez <strong>en</strong> être<br />

le créateur ou être le dét<strong>en</strong>teur des droits relatifs à ce travail. Si votre<br />

création (poème/texte/autre) a déjà été précédemm<strong>en</strong>t publiée<br />

dans un livre, s’il vous plaît, spécifiez-le (titre, auteur, maison<br />

d’édition), et vérifiez que vous avez bi<strong>en</strong> le droit de le republier dans<br />

un magazine.<br />

Même si votre travail est publié dans L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> (magazine + site<br />

web + diffusion sur le web -tumblr, instagram, twitter-…] avec votre<br />

nom…), vous restez le propriétaire de votre travail, et conserver tous<br />

les droits dessus.<br />

Si vous ne respectez pas les règles relatives à l’originalité de votre<br />

œuvre, le plagiat ou la contrefaçon pourrai<strong>en</strong>t vous être reprochés<br />

et vous <strong>en</strong> supporteriez alors seul toutes les conséqu<strong>en</strong>ces.<br />

Article 5<br />

Vous pouvez proposer plusieurs œuvres, mais soyez aimable de préciser<br />

simplem<strong>en</strong>t pour quelle section vous la/es soumettez.<br />

Article 6<br />

Envoyez, je vous prie, vos œuvres par mails, <strong>en</strong> pièce jointe, sous<br />

format word ou format photo classique <strong>en</strong> haute définition (<strong>en</strong>tre 3<br />

et 10 mo), à lart<strong>en</strong>loire@gmail.com (att<strong>en</strong>tion nouvelle adresse mél :<br />

L minuscule + art<strong>en</strong>loire…).<br />

La date limite pour transmettre vos œuvres est le 15 avril 2015, pour<br />

une publication autour du 15 mai 2015. Dans la mesure du possible,<br />

transmettez vos œuvres dès finition.<br />

Si vous avez des difficultés à <strong>en</strong>voyer votre message, n’hésitez pas à<br />

contacter Teklal Neguib (rédactrice <strong>en</strong> chef) sur facebook facebook.<br />

com/teklalneguib ou sur twitter twitter.com/teklalneguib<br />

Article 7<br />

À votre contribution, dans le corps de votre mél, joignez une mini<br />

auto-biographie (5 lignes maximum, pour la page CONTRIBUTEURS).<br />

Les mini-bio doiv<strong>en</strong>t être jointes à chaque <strong>en</strong>voi, même si vous avez<br />

déjà participé à d’autres numéros.<br />

Article 8<br />

Voici les différ<strong>en</strong>ts appels à textes :<br />

Section L.<strong>ART</strong><br />

• Une Nouvelle de 10 pages maximum se déroulant soit <strong>en</strong> <strong>Loire</strong><br />

Atlantique, soit <strong>en</strong> Bretagne.<br />

• Un article sur une manifestation culturelle ayant eu lieu <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>-<br />

Atlantique ou <strong>en</strong> Bretagne : 5 pages maximum<br />

Section poesia<br />

• Un <strong>en</strong>semble de 3 poèmes, sujet libre.<br />

Section dossier d’exploration Thème Bruit d'<strong>en</strong>fance<br />

Nostalgie de l'<strong>en</strong>fance, réminisc<strong>en</strong>ce de ses odeurs et de ses goûts,<br />

de ses jeux et de ses émerveillem<strong>en</strong>ts,découverte de l'autre et des<br />

premières amours et amitiés, mom<strong>en</strong>ts d'étrangeté première où l'on<br />

appr<strong>en</strong>d à dev<strong>en</strong>ir un futur adulte....<br />

• Un à trois poèmes sur le thème du dossier spécial<br />

• Une nouvelle sur le thème choisi (5 pages maximum).<br />

• Article sur une exposition/un artiste <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec ce thème<br />

• Photos (6 à 10) et/ou peintures (6) sur ce thème<br />

Section Philosophia<br />

• Un article de réflexion sur un sujet philosophique (5 pages maximum).<br />

La revue n’étant pas une revue polémiste, il s’agit bi<strong>en</strong> ici<br />

d’un texte à caractère philosophique et non politique.<br />

Section D’arbres et de pierres<br />

L’art concernant un <strong>en</strong>droit qui peut être la nature, la ville, ou une<br />

pièce.<br />

• Une nouvelle, 10 pages maximum sur thème libre ayant pour contexte<br />

un lieu urbain, rural, la nature ou pr<strong>en</strong>ant place dans une<br />

pièce bi<strong>en</strong> définie.<br />

• Un à 3 poèmes avec cette même contrainte de lieu<br />

• Un portfolio de photos avec cette même contrainte de lieu (équival<strong>en</strong>t<br />

à 6 pages de la revue).<br />

• Une petite pièce de théâtre (10 pages maximum)<br />

Section Théâtre<br />

Publication d’une pièce de théâtre, sujet libre, qui peut avoir déjà été<br />

jouée/publiée. Vérifiez cep<strong>en</strong>dant que vous avez alors le droit de la<br />

publier dans la revue, et si oui, alors vous pouvez la proposer.<br />

La pièce de théâtre pourra être publiée sur plusieurs numéro de la<br />

revue (maximum 4 numéro, 20 pages maximum par numéro).<br />

Langues autorisées : français, anglais espagnol (<strong>en</strong> monolingue)<br />

Section Francophonie<br />

• Une nouvelle de 10 pages maximum sur un sujet libre<br />

• 1 à 3 poèmes sur sujet libre<br />

Section Découverte<br />

• Un article de découverte sur un livre/film/un artiste non-francophone…<br />

que vous avez aimé.<br />

• 1 à 3 poèmes d’un poète non-francophone (langues anglaise/espagnole)<br />

152<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015


Call for works:<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> issue # 9 (may 2015)<br />

Rules of the call for works<br />

Rule 1<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> is a free webrevue of art and literature which calls on<br />

voluntary artists to contribute to it. You can discover the previous<br />

issues: issuu.com/l.art<strong>en</strong>loire<br />

Rule 2<br />

The fact to offer texts/poems/articles/photos/… or to accept to<br />

write/produce it/them means<br />

acceptance of this pres<strong>en</strong>t rules and permission to publish.<br />

Rule 3<br />

To be published you need to be Fr<strong>en</strong>ch/English/Spanish speaker or<br />

bilingual (Fr<strong>en</strong>ch+ another language) Francophonia section is only<br />

for Fr<strong>en</strong>ch speaker or bilingual.<br />

Noteworthy : in the case of a bilingual publication, only the fr<strong>en</strong>ch<br />

version will be valid. You will stay the only person responsible of the<br />

cont<strong>en</strong>t of the version in the other language.<br />

The mag and its staff can’t be considered as the person responsible<br />

of the language they don’t master or know.<br />

L.<strong>ART</strong> section is only for Brittany/<strong>Loire</strong> Atlantique artists or artists<br />

exhibiting in these areas.<br />

The other sections are op<strong>en</strong>ed to all.<br />

Théâtre section is only in Fr<strong>en</strong>ch/English or Spanish (no translation)<br />

You declare and assure having all the rights and permissions required<br />

for the utilization of the work(s) you offer in order to not violate<br />

the rights of others (copyrights, right to the image…)<br />

The texts/works you offer must not have a cont<strong>en</strong>t:<br />

• racist<br />

• defamatory, insulting, slanderous against a third party (who<br />

could be a legal person or a natural person)<br />

• constituting a counterfeiting of a right of an intellectual property<br />

• against the law<br />

Rule 4<br />

You need to be the creator of the work(s) you offer to L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>.<br />

Submitting work(s) means you recognize to be the creator or the<br />

owner of the rights pertaining to this work(s). If your creation (poem/<br />

text/other) was first published in a book, PLEASE specify it (title,<br />

author, book house), and check you have the right to republish it in<br />

a magazine.<br />

Ev<strong>en</strong> if your work is published in L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> (mag+ website+ distribution<br />

on the web -tumblr, twitter-…] with your name…), you stay<br />

the owner of your work, and keep the rights on it.<br />

If you don’t respect the rules relating to the originality of the work<br />

you offer it could reproach you for plagiarism or counterfeiting, and<br />

th<strong>en</strong>, you would accept alone all the consequ<strong>en</strong>ces.<br />

Rule 5<br />

You can offer several works, but be kind to precise each section you<br />

want your work to be published in.<br />

Rule 6<br />

Please s<strong>en</strong>d your work(s) by Email (word format, .jpeg, or photos in<br />

High Definition format) attached<br />

to your Email and before april 15 th 2015.<br />

S<strong>en</strong>d it to lart<strong>en</strong>loire@gmail.com (lowercase L + art<strong>en</strong>loire… : watch<br />

out, this is the new e-mail of the mag). if you have some difficulties<br />

to s<strong>en</strong>d the message don’t hesitate to join Teklal Neguib (CHIEF EDI-<br />

TOR) on facebook facebook.com/teklalneguib or on twitter twitter.<br />

com/teklalneguib<br />

The issue 7 of L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> will be published around may 15 th 2015<br />

Rule 7<br />

Please include a mini-autobiography in your Email, ev<strong>en</strong> if you have<br />

contributed before (for the<br />

CONTRIBUTORS page).<br />

Rule 8<br />

The differ<strong>en</strong>t calls of works:<br />

Section L.<strong>ART</strong><br />

• Short text (maximum: 10 pages) / or 1 to 3 poems from a writer<br />

living/born in Brittany/<strong>Loire</strong> Atlantique (land around Nantes and<br />

Saint Nazaire)<br />

• An article about cultural action/exhibit in <strong>Loire</strong> Atlantique or Brittany<br />

(5 pages maximum)<br />

Section Poesia<br />

• 3 poems, free subject<br />

Section: special file: Noise of childhood<br />

Nostalgia of childhood, recollection of its smells and tastes, its<br />

games and its wonderm<strong>en</strong>ts, dicovery of the other, of the first loves<br />

and fri<strong>en</strong>dships, mom<strong>en</strong>ts of strang<strong>en</strong>ess where you learn to become<br />

an adult...<br />

• 1 to 3 poems<br />

• a short text (5 pages maximum)<br />

• article about an exhibit/artist who studies this topics<br />

• photos (6 to 10) and /or paintings about this subject<br />

Section philosophia<br />

• Article of philosophy on a philosophical topic (5 pages maximum)<br />

Section D’arbres et de pierres (Trees and stones)<br />

Art about place which could be nature, urban, or room<br />

• A short text (10 pages maximum), free topic: an urban/rural/nature<br />

<strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t or taking place in a definite room being the<br />

only constraint.<br />

• 1 to 3 poems about an urban/rural/nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t or taking<br />

place in a definite room<br />

• a portfolio (6 to 10) of photos an urban/rural/nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t<br />

or taking place in a definite room<br />

• a little play (10 pages maximum)<br />

Section theater/theatre<br />

• Publication of a play already play/published or not. Could be published<br />

in 4 four parts (the curr<strong>en</strong>t issue and the followings). Exclusively<br />

in Fr<strong>en</strong>ch/English or Spanish (no translation) (20 pages<br />

maximum per issue)<br />

Section Francophonia (bilingual possible)<br />

• A short text (10 pages maximum), free subject<br />

• 1 to 3 poems, free topic<br />

Section Discovery (découverte)<br />

• An article to review/introduce a book/film/artist fr<strong>en</strong>ch or non<br />

Fr<strong>en</strong>ch speaker you like<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 153


2# 9<br />

parution autour du 15 mai 2015<br />

154<br />

L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015

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