Revue de presse Février - PCPA Algérie
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<strong>Février</strong> 2012<br />
1
PROGRAMME CONCERTE PLURII-ACTEURS ALGERIE<br />
PHASE 2010-2012<br />
La présente revue <strong>de</strong> <strong>presse</strong> est constituée d’articles <strong>de</strong> <strong>presse</strong> parus durant le<br />
mois <strong>de</strong> <strong>Février</strong> 2012 et couvrant les activités <strong>de</strong>s associations membres du<br />
programme Joussour.<br />
2
Jeudi, 02 <strong>Février</strong> 2012<br />
Culture<br />
AMMAR KESSAB, EXPERT EN POLITIQUE CULTURELLE, A<br />
L'EXPRESSION<br />
«Il faut miser sur le secteur indépendant»<br />
Par : Hind Oufriha<br />
«Il faut que l'Etat lève la main sur les actions culturelles»,<br />
affirme notre Docteur en sciences <strong>de</strong> gestion, mais aussi expert<br />
en management et politique culturelle auprès <strong>de</strong> plusieurs<br />
organismes internationaux. Au cours <strong>de</strong> l'année 2011, Ammar<br />
Kessab a notamment participé à l'élaboration <strong>de</strong> la politique<br />
culturelle <strong>de</strong> la République du Bénin et celle <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />
Montreuil en France, ainsi qu'à l'établissement du Fonds africain pour les Arts et la Culture dont il<br />
dirige le projet <strong>de</strong>puis Le Cap, en Afrique du Sud. Aux côtés d'autres intervenants, il sera samedi<br />
prochain, au siège <strong>de</strong> l'association SOS Bab El Oued pour discuter la feuille <strong>de</strong> route sur la<br />
politique culturelle en <strong>Algérie</strong>, déjà entamée, l'an <strong>de</strong>rnier<br />
L'Expression: Tout d'abord, <strong>de</strong>vrions- nous poser la question, «quelle politique culturelle en<br />
<strong>Algérie</strong>?» ou quelle «nouvelle politique culturelle en <strong>Algérie</strong>?», cela suppose un renouveau,<br />
une révolution dans les mentalités, l'accès au privé, pensez-vous réellement que c'est<br />
possible?<br />
Ammar Kessab: Une politique culturelle est la définition <strong>de</strong> la culture comme dictée par les<br />
comportements culturels <strong>de</strong> citoyens à travers leurs actions et expressions artistiques et culturelles.<br />
Elle s'écrit noir sur blanc dans un cadre légal et est l'ensemble <strong>de</strong>s techniques opérationnelles qui<br />
permettent son application effective pour la réalisation <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l'Etat en matière <strong>de</strong> culture<br />
et l'effectivité <strong>de</strong> l'action culturelle <strong>de</strong> la société civile.<br />
Ainsi, il n'existe pas <strong>de</strong> politique culturelle en <strong>Algérie</strong> pour parler d'une nouvelle politique<br />
culturelle. Par ailleurs, une politique culturelle n'est autre qu'une politique publique qui ne<br />
nécessite aucun renouveau et aucune révolution <strong>de</strong>s mentalités: c'est plutôt l'objectif d'une<br />
politique publique <strong>de</strong> provoquer le renouveau et le changement <strong>de</strong>s mentalités. C'est donc le<br />
ministère <strong>de</strong> la Culture qui est censé la concevoir et la mettre en œuvre. Et comme justement cet<br />
3
agent du pouvoir gouvernemental ne veut pas la faire, un groupe <strong>de</strong> travail sur la politique<br />
culturelle en <strong>Algérie</strong>, issu <strong>de</strong> la société civile, a décidé <strong>de</strong> prendre les choses en main. Nous nous<br />
rencontrons donc pour la <strong>de</strong>uxième fois samedi prochain 04 février, à 15h, au siège <strong>de</strong><br />
l'association SOS. Bab El Oued pour approfondir les discussions sur la feuille <strong>de</strong> route déjà<br />
entamée.<br />
Le budget alloué au secteur <strong>de</strong> la culture a diminué cette année (à 14%) sans doute au profit<br />
<strong>de</strong>s activités liées aux préparatifs <strong>de</strong> la célébration du cinquantième anniversaire <strong>de</strong><br />
l'Indépendance... Que cela vous inspire-t-il?<br />
Le budget <strong>de</strong> la culture a en effet baissé après qu'il ait atteint le record historique <strong>de</strong> 450 millions<br />
<strong>de</strong> dollars en 2011 (budget <strong>de</strong> «Tlemcen capitale <strong>de</strong> la culture islamique» inclus), soit le plus<br />
grand budget en Afrique et dans la région arabe. Cette baisse est un coup dur pour la stratégie<br />
d'hégémonie du ministère <strong>de</strong> la Culture, qui, à mon avis, <strong>de</strong>vra réduire une partie <strong>de</strong> ses activités<br />
qu'il a «institutionnalisées» en masse.<br />
Si le budget continu à diminuer les <strong>de</strong>ux prochaines années, ça sera sans doute l'effondrement du<br />
secteur culturel «officiel» avec toutes les conséquences qui vont avec... cela ressemble beaucoup à<br />
ce qui s'est déjà passé au début <strong>de</strong>s années 1990.<br />
Parlons <strong>de</strong>s lois relatives au secteur culturel en <strong>Algérie</strong>, que pensez-vous <strong>de</strong> cet article sur la<br />
loi sur le cinéma stipulant notamment que tout film historique doit bénéficier <strong>de</strong> la «baraka»<br />
du ministère <strong>de</strong>s Moudjahidine?<br />
En tant qu'expert international, je ne m'intéresse pas dans mon travail aux détails, mais je<br />
considère les problèmes dans un ensemble général, un tout. L'art est une matière sensible, une<br />
flamme fragile qui s'éteint dès qu'on la touche avec les doigts. De ce fait, aucun élément extérieur<br />
au processus <strong>de</strong> création ne doit intervenir au risque <strong>de</strong> se retrouver avec <strong>de</strong>s produits -je ne dirai<br />
même pas artistiques- médiocres qui ne toucheront en aucun cas les citoyens. Il faut que l'Etat<br />
lève la main sur les actions culturelles, ministère <strong>de</strong>s Moudjahidine ou autres.<br />
On parle <strong>de</strong> mécénat et sponsoring pour le financement <strong>de</strong>s activités culturelles, ces <strong>de</strong>rnières<br />
sont souvent hélas tributaires d'une condition incontournable, la forte visibilité pas toujours<br />
en adéquation avec le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la culture mais plutôt avec celui du divertissement à grosse<br />
rentabilité, y croyez-vous?<br />
Votre affirmation n'est qu'à moitié vraie, en ce sens où le mécénat et le sponsoring ne sont pas<br />
que ça. Ils peuvent certes l'être, mais dans un seul cas: quand l'Etat ne régule pas l'activité et est<br />
absent. Ce problème ne se pose pas par exemple au Brésil, où les gran<strong>de</strong>s entreprises financent<br />
<strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> musique dans les favelas et construisent <strong>de</strong>s théâtres dans les zones les plus<br />
reculées.<br />
Cela n'aurait jamais été possible sans une politique culturelle nationale forte <strong>de</strong> l'Etat du Brésil qui,<br />
sons l'ère Lula, a imposé à tous les grands groupes <strong>de</strong> se doter d'un «service culturel» qui finance<br />
4
directement l'activité culturelle, avec <strong>de</strong>s cahiers <strong>de</strong>s charges limitant l'utilisation abusive <strong>de</strong> la<br />
publicité, etc. Donc voyez-vous, c'est une question <strong>de</strong> politique publique forte.<br />
L'effort étatique fourni à l'égard <strong>de</strong> la culture est souvent lié à <strong>de</strong>s événements sporadiques<br />
«Année <strong>de</strong> l'<strong>Algérie</strong> en France», «Alger, capitale <strong>de</strong> la culture arabe», le Panaf, etc.), que fautil<br />
faire pour élargir l'action à <strong>de</strong>s manifestations plus systématiques qui sortent du cadre<br />
officiel?<br />
Il faut miser sur le secteur indépendant. La stratégie hégémonique du ministère <strong>de</strong> la Culture n'est<br />
pas viable. Il faut encourager la création d'associations et <strong>de</strong> collectifs artistiques et culturels, leur<br />
ouvrir les espaces publics, renforcer leurs capacités et les financer. Seul un secteur culturel<br />
indépendant est capable d'animer durablement la scène culturelle, et est capable <strong>de</strong> toucher le<br />
citoyen qui n'a pas forcément accès à la culture. D'accord, toutes ces manifestations étaient utiles,<br />
un moment donné, surtout que l'<strong>Algérie</strong> avait besoin <strong>de</strong> redorer son image dans le mon<strong>de</strong>, après<br />
une décennie sanglante, mais maintenant, il est urgent <strong>de</strong> changer radicalement <strong>de</strong> cap:<br />
commençons d'abord par doter notre pays d'une politique culturelle.<br />
Quand cette feuille <strong>de</strong> route sera prête, comptez-vous la déposer auprès <strong>de</strong> la ministre <strong>de</strong> la<br />
Culture Khalida Toumi?<br />
La feuille <strong>de</strong> route n'est pas <strong>de</strong>stinée à une personne ou à une autorité particulière. Elle est un<br />
effort sincère d'un groupe d'intellectuels et d'experts algériens qui souhaitent doter leur pays<br />
d'une vraie politique culturelle. La feuille <strong>de</strong> route sera disponible sur Internet, libre aux<br />
institutions et aux personnes qui veulent l'exploiter <strong>de</strong> le faire. Elle constituera par ailleurs, une<br />
source référence pour les acteurs du secteur culturel en <strong>Algérie</strong> pour défendre leurs droits auprès<br />
<strong>de</strong>s institutions internationales auprès <strong>de</strong>squelles l'<strong>Algérie</strong> a ratifié ou signé <strong>de</strong>s textes<br />
contraignants.<br />
Une rencontre, une <strong>de</strong>uxième, et après...?<br />
Une troisième, une quatrième puis une cinquième et <strong>de</strong>rnière rencontre, qui coïnci<strong>de</strong>ra, nous<br />
espérons, avec le cinquantième anniversaire <strong>de</strong> l'Indépendance <strong>de</strong> l'<strong>Algérie</strong>, le 5 juillet 2012. Ce<br />
jour-là, la feuille <strong>de</strong> route sera officiellement diffusée.<br />
H.O<br />
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Mardi, 7 <strong>Février</strong> 2012<br />
Société<br />
Oran, Ecole-chantier <strong>de</strong> Sidi El Houari : Un creuset <strong>de</strong><br />
formation et d’insertion<br />
L'école-chantier, animée par l'association "Santé Sidi El-Houari" (SDH) d'Oran au<br />
quartier populaire et historique dont elle porte le nom, s'est déclinée au fil <strong>de</strong>s ans<br />
comme un véritable creuset <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s jeunes à la préservation et la mise<br />
en valeur du patrimoine.<br />
Cette structure d'apprentissage, installée en mars 2003 dans<br />
l'enceinte même du vieil hôpital <strong>de</strong> la capitale <strong>de</strong> l'Ouest, a<br />
accueilli, <strong>de</strong>puis, 7 promotions totalisant près <strong>de</strong> 250 jeunes<br />
bénéficiaires d'une formation professionnelle aux métiers<br />
anciens du vieux bâti.<br />
D'une durée variant entre 6 et 18 mois, les programmes <strong>de</strong><br />
formation ont permis aux stagiaires d'acquérir un métier à<br />
même <strong>de</strong> leur faciliter par la suite l'accès à l'emploi ou à la<br />
création <strong>de</strong> leur propre micro-entreprise.<br />
Point <strong>de</strong> départ vers <strong>de</strong>s perspectives <strong>de</strong> débouchés<br />
professionnels, l'école <strong>de</strong> l'association constitue d'abord une "main tendue" aux jeunes en<br />
difficulté qui n'ont pu poursuivre leur scolarité, les protégeant ainsi <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'oisiveté,<br />
explique le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association, M. Kamel Bereksi .<br />
Les jeunes ont su saisir cette secon<strong>de</strong> chance offerte par l'école, reprenant espoir et confiance en<br />
leurs propres ressources et capacités à la faveur <strong>de</strong> cette formation qui leur a montré la voie à<br />
suivre pour s'insérer, a-t-il affirmé.<br />
L’école-chantier <strong>de</strong> l’association "SDH" s'étend sur un site <strong>de</strong> 6.000m2 où elle dispense <strong>de</strong>s<br />
apprentissages dans les spécialités <strong>de</strong> la maçonnerie traditionnelle et la taille <strong>de</strong> pierre, la forge et<br />
ferronnerie, la menuiserie et charpente, ainsi que la couture traditionnelle et mo<strong>de</strong>rne.<br />
Une équipe pédagogique expérimentée assure l'encadrement <strong>de</strong>s stagiaires qui sont en outre<br />
encouragés à enrichir leurs connaissances à travers les structures <strong>de</strong> l'école, dont une salle<br />
Internet, une bibliothèque et un espace audiovisuel.<br />
6
Dans le cadre <strong>de</strong> sa mission, l'association s'appuie également sur l'expérience internationale en<br />
matière <strong>de</strong> restauration, soutenue en cela par l’Union Européenne <strong>de</strong> 2003-2005 et l’Agence<br />
espagnole <strong>de</strong> coopération internationale <strong>de</strong> développement (AECID) <strong>de</strong>puis juin 2005.<br />
Les partenariats noués avec <strong>de</strong>s associations homologues étrangères donnent lieu à <strong>de</strong>s échanges<br />
<strong>de</strong> stagiaires <strong>de</strong> part et d'autre, explique M. Bereksi en insistant sur la qualité <strong>de</strong> l'apprentissage<br />
et <strong>de</strong> l'accompagnement <strong>de</strong>s jeunes formés en vue <strong>de</strong> leur insertion socioprofessionnelle.<br />
L'association Santé Sidi El-Houari a été créée en 1991 par un groupe <strong>de</strong> bénévoles oranais<br />
composé notamment <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins, infirmiers et architectes avec, pour objectif principal, la<br />
réhabilitation du site historique <strong>de</strong>s Bains Turcs et <strong>de</strong> l’Hôpital du Campement, situés à Sidi El-<br />
Houari et dont la construction remonte respectivement aux pério<strong>de</strong>s ottomane et française.<br />
Sa mobilisation l'a amenée à "s'approprier" ces espaces jusque-là abandonnés, pour sauvegar<strong>de</strong>r<br />
ces sites historiques et promouvoir le patrimoine local à travers <strong>de</strong>s actions citoyennes.<br />
Elargissant son champ d’action au fil <strong>de</strong>s ans, l'Association s'est particulièrement investie dans<br />
l’apprentissage <strong>de</strong>s métiers traditionnels, jouant ainsi un rôle <strong>de</strong> premier plan auprès <strong>de</strong>s jeunes<br />
en quête d'insertion professionnelle. Désœuvrés hier, professionnels en réhabilitation aujourd'hui,<br />
les jeunes formés au sein <strong>de</strong> l'école "SDH" constituent assurément un réservoir <strong>de</strong> compétences<br />
utiles pour la concrétisation <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> restauration du vieux bâti et <strong>de</strong>s édifices historiques<br />
d'Oran.<br />
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8 <strong>Février</strong> 2012<br />
L'association Sourires ensoleillés divertit les enfants<br />
Orphelins d'<strong>Algérie</strong><br />
Élisa Fourt, Himane Ali Moussa et Sarah<br />
Altuner repartiront à Oran en août et<br />
décembre 2012 pour leur projet Sourires<br />
ensoleillés.<br />
| SOLIDARITÉ |<br />
Le sourire au coin <strong>de</strong>s lèvres, Élisa<br />
Fourt, Sarah Altuner et Himane Ali<br />
Moussa, 22 ans, ...<br />
Parlent <strong>de</strong> leur projet avec fièvre.<br />
Leur association estudiantine Sourires<br />
ensoleillés cherche à adoucir le quotidien<br />
<strong>de</strong>s orphelins et enfants hospitalisés d'Oran, en<br />
<strong>Algérie</strong>, en leur apportant jouets et<br />
accompagnement.<br />
À Lille, elles ne manquent pas d'idées pour récolter <strong>de</strong>s fonds. Après la « troc party » (échange <strong>de</strong><br />
vêtements), elles organisent, ce samedi, un spectacle <strong>de</strong> solidarité à la salle <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> Fives. À<br />
cette occasion, six artistes divertiront le public : un groupe <strong>de</strong> rap et cinq humoristes. Une<br />
tombola et <strong>de</strong>s photos souvenir agrémenteront également la soirée.<br />
« Idéalement, nous aimerions accueillir 300 personnes », explique Élisa Fourt. L'association espère<br />
ainsi dégager <strong>de</strong>s bénéfices sur le prix d'entrée (5 E) et les activités.<br />
« L'humain » au cœur du projet<br />
En août 2011, Élisa et Sarah, aujourd'hui étudiantes à l'IAE <strong>de</strong> Lille, s'envolent pour Oran. Sur place,<br />
elles accompagnent l'association algérienne Smille et organisent <strong>de</strong>s activités dans <strong>de</strong>s hôpitaux et<br />
<strong>de</strong>s orphelinats. Avec les 3 500 E récoltés, elles achètent <strong>de</strong>s équipements et <strong>de</strong>s jouets.<br />
Cette année, les étudiantes espèrent collecter plus <strong>de</strong> 4500 E pour continuer leurs missions, mais<br />
aussi planifier quelques jours <strong>de</strong> vacances pour ces enfants algériens. La motivation ne s'arrête pas<br />
au matériel. « Être sur place est notre priorité, affirme Sarah Altuner. On ne veut pas juste envoyer<br />
un chèque pour ai<strong>de</strong>r ces enfants. Nous voulons les rencontrer, les divertir et partager <strong>de</strong>s<br />
moments avec eux. » Les trois jeunes femmes se regar<strong>de</strong>nt et enchaînent en chœur :<br />
« Notre projet, c'est <strong>de</strong> l'humain. » •<br />
J. D. K.<br />
8
Lundi 13 <strong>Février</strong> 2012<br />
Culture<br />
Crête Rouge à l’initiative <strong>de</strong> l’association Tadukli<br />
Des cours <strong>de</strong> langues au profit <strong>de</strong>s écoliers<br />
Par S. M.<br />
Créée au mois <strong>de</strong> janvier 2009, l’association Tadukli <strong>de</strong> la Crête Rouge dans la<br />
commune d’El Adjiba est entrée <strong>de</strong> plein pied dans le paysage culturel pour se faire<br />
une place indiscutable parmi les cadres les plus reconnus dans ce circuit.<br />
En effet, quelques mois après sa naissance, Tadukli a concocté, en collaboration avec la Direction<br />
<strong>de</strong> la Jeunesse et <strong>de</strong>s Sports <strong>de</strong> la wilaya <strong>de</strong> Bouira, un programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s enfants<br />
scolarisés dans le domaine informatique. Cette Direction a mis à la disposition <strong>de</strong> l’association le<br />
matériel nécessaire et une centaine d’adhérents ont suivi un stage <strong>de</strong> formation jusqu’au mois <strong>de</strong><br />
juin 2011. Parallèlement à cette activité, le local <strong>de</strong> ce cadre ne désemplit pas <strong>de</strong> jeunes et moins<br />
jeunes qui s’y rendaient presque d’une manière régulière pour se documenter, étant donné qu’un<br />
lot considérable <strong>de</strong> livres a été mis à leur disposition. A la rentrée <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> l’année scolaire<br />
en cours, un programme concerté pluri acteur algérien (<strong>PCPA</strong>) financé par le comité français pour<br />
la solidarité internationale (CFSI) a été tracé par cette association. Ce dispositif qui rentre dans le<br />
cadre <strong>de</strong>s relations entre la France et le Ministère <strong>de</strong> la Solidarité algérienne a pour mission <strong>de</strong><br />
mettre à la disposition <strong>de</strong> la jeunesse et l’enfance les moyens adéquats pour leur formation. Ainsi,<br />
Tadukli vient <strong>de</strong> mettre en place une bibliothèque et a engagé une section informatique pour une<br />
formation en bureautique. Ne s’arrêtant pas là, les membres <strong>de</strong> cette association qui ont pris<br />
conscience du besoin immédiat <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong> leurs parents ont lancé une formation pour<br />
l’apprentissage <strong>de</strong>s langues étrangères, le français et l’anglais. 150 adhérents suivent régulièrement<br />
les cours programmés durant les week-ends. Et pour permettre aux chérubins <strong>de</strong> s’ouvrir sur<br />
d’autres horizons, <strong>de</strong>s sorties pédagogiques figurent également dans l’agenda <strong>de</strong> cette<br />
association. Certaines ont été réalisées où les adhérents ont eu droit aux visites du parc<br />
zoologique <strong>de</strong> Ben Aknoun et d’El Hamma. Une sortie sur Sétif et Tikjda ont été organisées<br />
récemment en attendant d’autres qui sont entre autres parmi les perspectives. Lors <strong>de</strong> sa visite<br />
dans la localité, le premier magistrat <strong>de</strong> la wilaya n’est pas resté indifférent <strong>de</strong>vant les efforts que<br />
fournit ce cadre pour promouvoir le volet éducatif et culturel dans le village. Alors, une décision<br />
9
<strong>de</strong> construire une salle <strong>de</strong> lecture a été prise sur le champ par le wali. Projet qui est en ce<br />
moment en voie d’achèvement. Et comme les élèves <strong>de</strong>s classes d’examens <strong>de</strong> la quatrième année<br />
moyenne et ceux <strong>de</strong> terminale réclament <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> soutien, l’association Tadukli a pris à brasle-corps<br />
cette préoccupation en faisant appel à <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> mathématiques, <strong>de</strong> sciences<br />
physiques et <strong>de</strong> sciences naturelles pour encadrer <strong>de</strong>s futurs candidats aux examens du BEM et du<br />
Baccalauréat. On compte dans cette activité 25 élèves <strong>de</strong> la quatrième année moyenne et 15<br />
autres <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> terminale.<br />
S. M<br />
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Mardi 14 <strong>Février</strong> 2012<br />
Culture<br />
DÉBAT SUR LE DOCUMENTAIRE ALGÉRIEN À PARIS VIII<br />
« Ça tourne à Alger…»<br />
L'Université française Paris VIII organise du 9 au 10 mars un colloque sur le<br />
documentaire algérien partant sur une recherche <strong>de</strong> l'universitaire Khadîdja Oulm et<br />
sous la direction <strong>de</strong>s Professeurs Zreik et Compte.<br />
Le colloque débutera le vendredi 9 mars au matin par une conférence: «L'<strong>Algérie</strong> dans le<br />
documentaire» donnée par Mouloud Mimoun <strong>de</strong> l'association le Maghreb <strong>de</strong>s films.<br />
Le premier documentaire diffusé sera le film «Ça tourne à Alger» (54') réalisé par Salim Aggar en<br />
2008 et qui raconte le parcours <strong>de</strong> quatre cinéastes algériens durant la tragédie nationale: Malik<br />
Lakhdar Hamina, Belkacem Hadjadj et Mohamed et Yamina Chouikh.<br />
Le documentaire a été choisi justement sur la problématique <strong>de</strong> la réalisation et production du<br />
cinéma en <strong>Algérie</strong> durant cette pério<strong>de</strong> difficile. Le réalisateur, Salim Aggar animera également<br />
une conférence sur «La représentation <strong>de</strong> la femme algérienne dans le documentaire».<br />
Plusieurs conférences sont d'ailleurs annoncées dans le programme <strong>de</strong> ce colloque premier du<br />
genre en France, parmi elles: «Genèse et évolution du film documentaire en <strong>Algérie</strong>» par<br />
Mohamed Bensalah. (Université d'Oran Es-sénia. <strong>Algérie</strong>), «Les traces algériennes» par Natacha<br />
Cyrulnik. (Institut Ingémédia, Université du Sud Toulon-Var, France), «Fragments d'une mémoire<br />
collective à sauver» par Brahim Hadj Slimane. (Oran, <strong>Algérie</strong>), «Intertextualité et construction <strong>de</strong><br />
l'i<strong>de</strong>ntité filmique au travers du cinéma <strong>de</strong> Tariq Tequia» par Vincent Sorrel (Laboratoire Gresc,<br />
université Stendhal, Grenoble3), «Le film kabyle: un tissage savant et subtil entre fiction et<br />
documentaire?» par Frédérique Devaux Yahi. (Université <strong>de</strong> Aix-Marseille, France), «Béjaïa DOC:<br />
une expérience <strong>de</strong> pratique artistique et cinématographique» par Habiba Djahnine et enfin «Le<br />
documentaire algérien une trace patrimoniale?» par Hafida Boulekbache. (Université <strong>de</strong><br />
Valenciennes et du Hainaut Cambrésis).<br />
Plusieurs documentaires sont également programmés lors <strong>de</strong> ce colloque parisien sur le<br />
documentaire algérien: «Les traces algériennes» réalisé par Natacha Cyrulnik,(2011), (France),<br />
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«L'<strong>Algérie</strong> <strong>de</strong> Gaulle et la bombe», <strong>de</strong> Larbi Benchiha, (2010), (France), «Bir d'eau» réalisé par<br />
Djamile Beloucif, (2011), (Genève. Suisse), «Avant <strong>de</strong> franchir la ligne d'horizon», <strong>de</strong> Habiba<br />
Djahnine (2010), (<strong>Algérie</strong>), «L'<strong>Algérie</strong> la vie quand même» réalisé par Djamila Sahraoui (2001) et<br />
«J'ai habité l'absence <strong>de</strong>ux fois» <strong>de</strong> Drifa Mezaner (2011).<br />
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Mercredi 15 février 2012<br />
La politique du pré-emploi : Les Jeunes embourbés dans la<br />
précarité<br />
Par : Fatima Arab<br />
Une véritable bombe à retar<strong>de</strong>ment. Des milliers <strong>de</strong> jeunes ont été recrutés, ces<br />
<strong>de</strong>rnières années, dans le cadre <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong>stinés à réaliser <strong>de</strong>s chiffres<br />
miracles dans la création d’emplois, au gré <strong>de</strong> l’évolution du front social. Ils ont eu<br />
droit à toutes les promesses d’insertion, <strong>de</strong> titularisation ou d’augmentation <strong>de</strong><br />
salaire.<br />
Ces jeunes sont titulaires <strong>de</strong> diplômes universitaires ou fraîchement sortis <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong><br />
formation professionnelle. Les bénéficiaires <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> contrats <strong>de</strong> pré-emploi se<br />
battent aujourd’hui pour une régularisation et mettent les pouvoirs publics <strong>de</strong>vant leurs<br />
13
esponsabilités, conscients qu’ils sont en train <strong>de</strong> payer les frais <strong>de</strong>s recrutements massifs et<br />
surtout politiques, sans aucune vision à moyen et à long termes. Petit aperçu du drame vécu au<br />
quotidien par ces millions <strong>de</strong> jeunes.<br />
Une bouteille d’essence pour laver l’affront<br />
Youssef, titulaire d’une licence en droit, bénéficiaire d’un <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> l’ANEM, touche à peine<br />
9000 DA. Il travaille à plein temps dans une institution relevant <strong>de</strong>s services sociaux <strong>de</strong> la wilaya<br />
d’Alger. «Mon salaire sert uniquement à payer mes déplacements quotidiens entre Réghaïa (à l’est<br />
d’Alger) et Alger-centre. Je ne mange pas à midi. Quand je perçois mon salaire, c’est pour payer<br />
les <strong>de</strong>ttes contractées le mois précé<strong>de</strong>nt. Si j’ai tenu le coup, c’est en partie pour bénéficier d’une<br />
régularisation au cas où un poste permanent se libérait. Mais cela fait plusieurs années que cette<br />
situation dure. Certes, je bénéficie d’une couverture sociale, mais il m’est impossible <strong>de</strong> continuer<br />
à trimer comme cela, sans aucun résultat. La <strong>de</strong>rnière fois, j’ai voulu m’asperger d’essence et me<br />
brûler vif pour leur faire payer toutes ces années parties en fumée. Ils se payent nos têtes, le<br />
malheur c’est qu’ils ont <strong>de</strong>s relais partout, donc aucun espoir», confie-t-il. Par «ils», Youssef<br />
désigne les responsables du recrutement dans les différentes institutions. «Dernièrement, j’ai voulu<br />
me renseigner sur l’état d’avancement <strong>de</strong> mon dossier au niveau <strong>de</strong> notre direction.<br />
Le responsable ne voulait même pas me recevoir. Je prenais ren<strong>de</strong>z-vous chaque semaine, en vain.<br />
Après plusieurs mois d’attente, je l’ai enfin rencontré. Le monsieur, sans même prendre la peine<br />
<strong>de</strong> me regar<strong>de</strong>r, m’a signifié que je lui faisais perdre son temps. Je n’ai pas à courir <strong>de</strong>rrière mon<br />
dossier. Des phrases du genre ‘s’il y a du nouveau, vous le saurez’ servent justement à se moquer<br />
<strong>de</strong> nous à chaque fois que nous voulons exposer le problème lié au retard accusé dans le<br />
versement <strong>de</strong>s salaires», confie le jeune employé, qui essaye <strong>de</strong> nous décrire le drame qu’il vit au<br />
quotidien. «Quand on réussit à obtenir un ren<strong>de</strong>z-vous, le responsable concerné vous conseille<br />
d’en prendre un autre pour parler d’un autre aspect. C’est-à-dire que vous ne pouvez pas prendre<br />
ren<strong>de</strong>z-vous pour vous renseigner sur votre cas et exposer le problème du retard du versement<br />
du salaire le même jour.» «Incompétence, bureaucratie, manque d’éducation, mépris, je ne sais pas<br />
sur quel compte mettre ces propos !<br />
En tout cas, je voulais mourir à l’instant même. L’idée <strong>de</strong> m’asperger d’essence et d’allumer m’a<br />
traversé l’esprit. Que dois-je faire ? Tant d’années passées à attendre patiemment et sagement<br />
quelque chose qui ne viendra jamais», désespère-t-il. «J’ai pleuré comme un gamin. Mon esprit<br />
était hanté par l’idée <strong>de</strong> m’immoler par le feu pour me venger d’eux, pour qu’ils aient mon cas sur<br />
leur conscience, mais je n’en avais pas le courage.<br />
Le visage <strong>de</strong> ma mère a fini par ressurgir. Je suis croyant, je ne peux pas faire ça. Je ne veux pas<br />
commettre un péché.»<br />
Le bureau <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong> cette institution, à Alger-centre, est quotidiennement pris<br />
d’assaut par <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> fonctionnaires attendant la régularisation <strong>de</strong> leur situation.<br />
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«Si seulement on atteignait le SNMG !»<br />
D’autres diplômés insérés dans les mêmes dispositifs ont carrément renoncé à leur quête <strong>de</strong><br />
régularisation. «J’ai négocié mes rêves !», plaisante un employé <strong>de</strong> l’APC <strong>de</strong> Sidi M’hamed. «On ne<br />
cherche plus à être titularisés. C’est apparemment impossible. Après les augmentations <strong>de</strong> salaire<br />
<strong>de</strong> plusieurs catégories <strong>de</strong> fonctionnaires et l’annonce <strong>de</strong> la revalorisation <strong>de</strong> la retraite, nous<br />
souhaitons que le Prési<strong>de</strong>nt annonce une décision en notre faveur», espère notre interlocuteur. «Si<br />
seulement nos salaires étaient revus à la hausse, ce serait vraiment une aubaine», estime Farida,<br />
psychologue, employée dans le cadre du dispositif ANEM dans une maison <strong>de</strong> jeunes. «Je sais que<br />
c’est utopique <strong>de</strong> viser une permanisation, mais avec le SNMG, ce serait un pas non négligeable»,<br />
estime-t-elle.<br />
Graves dépassements<br />
C’est ainsi que les déclarations les plus fantaisistes <strong>de</strong>s responsables, reprises par les journaux ou<br />
entendues à la télé, sont prises. «La <strong>de</strong>rnière fois, le Premier ministre a déclaré que tous les<br />
travailleurs, y compris ceux <strong>de</strong> l’ANEM, sont touchés par la hausse du SNMG», fait remarquer un<br />
jeune employé d’une APC <strong>de</strong> l’Algérois. «Apparemment, ils vont reconduire les contrats ! Ce n’est<br />
pas trois ans, mais c’est renouvelable», pense Karim A., ingénieur en informatique, employé dans<br />
le filet social comme adjoint d’éducation.<br />
Le secteur public n’est pas le seul recruteur dans le cadre <strong>de</strong>s dispositifs ANEM. 150 000 emplois<br />
seront créés dans le privé dans les prochains mois. L’annonce en a été faite par le ministre du<br />
Travail, <strong>de</strong> l’Emploi et <strong>de</strong> la Sécurité sociale, Tayeb Louh, en septembre 2011. Le secteur<br />
économique privé tirera profit d’une main-d’œuvre payée gracieusement par l’Etat. Les entreprises<br />
bénéficient également d’avantages fiscaux, au même titre que celles qui effectuent <strong>de</strong>s<br />
recrutements «classiques».<br />
Des jeunes travaillant dans le cadre du dispositif <strong>de</strong> l’ANEM font part <strong>de</strong> dépassements graves, qui<br />
n’ont suscité jusque-là aucune réaction <strong>de</strong>s pouvoirs publics. Les gérants <strong>de</strong>s entreprises, qui<br />
comptent parmi les effectifs <strong>de</strong>s insérés du pré-emploi, ne s’acquittent pas tous du versement <strong>de</strong><br />
l’in<strong>de</strong>mnité prévue par les concepteurs du dispositif.<br />
«A l’ANEM, on nous a expliqué que 12 000 DA seront versés mensuellement par l’ANEM et que<br />
l’employeur privé doit s’acquitter du reste <strong>de</strong> la somme pour atteindre au moins le SNMG»,<br />
rappelle Fatima, 32 ans, employée dans une école maternelle. «Rares sont les patrons qui<br />
appliquent cette disposition. Pourquoi le feraient-ils puisqu’il n’y pas <strong>de</strong> contrôle ?», s’interroge un<br />
syndicaliste.<br />
Saliha a 27 ans. Elle est avocate. Elle défend les clients du cabinet qui l’emploie. Elle est toute<br />
contente <strong>de</strong> discuter avec les anciens avocats qui ont «roulé leur bosse» dans les tribunaux. Elle<br />
15
sent une fierté «in<strong>de</strong>scriptible» à chaque fois qu’elle gagne une «affaire» <strong>de</strong>vant les juges : «Tout<br />
cela est malheureusement éphémère. Mon contrat prendra fin dans trois mois et il est illusoire <strong>de</strong><br />
croire que le cabinet envisage une quelconque titularisation. Je suis dans l’obligation <strong>de</strong> chercher<br />
un poste ailleurs, ce qui n’est pas facile, ou me contenter <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> mon patron consistant à<br />
travailler sous contrat comme stagiaire pour 4000 DA !»<br />
Micro-entreprise<br />
Des chefs d’entreprise (<strong>de</strong> PME en particulier) font fi <strong>de</strong> la réglementation. Les employés n’ont<br />
parfois même pas <strong>de</strong> week-end pour se reposer ni aucune compensation. «Nous effectuons le<br />
même travail que nos collègues. Nous sommes aussi compétents qu’eux, mais si l’un <strong>de</strong> nous<br />
réclame un jour <strong>de</strong> repos ou une prime après un quelconque effort supplémentaire, le patron<br />
menace <strong>de</strong> mettre fin au contrat et <strong>de</strong> nous faire remplacer le len<strong>de</strong>main», témoigne une jeune<br />
fille, employée dans une structure d’entretien. «Les employés évitent donc <strong>de</strong> se plaindre pour ne<br />
pas perdre le petit salaire et la sécurité sociale dont ils bénéficient», soutient-elle. «Des chefs<br />
d’entreprises recourent à ce type <strong>de</strong> recrutement pour s’assurer une main-d’œuvre gratuite et tirer<br />
profit <strong>de</strong>s avantages fiscaux, mais ils ne sont guère inquiétés par les dépassements qu’ils<br />
commettent», remarque Mme Falil, secrétaire générale du Comité <strong>de</strong>s travailleurs du pré-emploi.<br />
La réglementation prévoit que 15% seulement <strong>de</strong>vraient être issus <strong>de</strong>s dispositifs du pré-emploi,<br />
mais «allez interroger les employées <strong>de</strong>s salons <strong>de</strong> coiffure, <strong>de</strong>s ateliers, <strong>de</strong>s cabinets d’avocat, <strong>de</strong>s<br />
bureaux d’étu<strong>de</strong>s et faites votre constat», nous conseille une jeune avocate travaillant à Alger dans<br />
le cadre <strong>de</strong> l’ANEM.<br />
Pratiques esclavagistes<br />
Le comité <strong>de</strong>s travailleurs du pré-emploi et du filet social évoque «<strong>de</strong>s pratiques esclavagistes».<br />
Dans le secteur public, l’Etat enfreint lui-même la réglementation. Effectuer plusieurs<br />
renouvellements du même type <strong>de</strong> contrat constitue une violation <strong>de</strong> la législation du travail. Le<br />
retard dans le versement <strong>de</strong>s salaires, les restrictions <strong>de</strong>s libertés syndicales sont les<br />
«dépassements» relevés par Mme Falil, qui dénonce le black-out concernant les recrutements dans<br />
le secteur économique. «Nous voulons nous faire représenter dans le secteur économique ou le<br />
privé, mais l’autorisation nous a été refusée. Il y a <strong>de</strong>s pratiques déloyales. Les jeunes subissent en<br />
silence pour ne pas perdre le peu qu’ils ont. Mais où est le contrôle <strong>de</strong> l’Etat ?», s’interroge-t-elle.<br />
A la fin <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong>rnière, Tayeb Louh a annoncé que 150 000 postes seraient créés. Les<br />
organisations patronales se sont engagées à intégrer ces postulants moyennant une ai<strong>de</strong><br />
mensuelle <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> 12 000 DA pour chaque poste <strong>de</strong> travail créé. Encore une annonce pour les<br />
jeunes en quête d’emploi.<br />
16
Salaires, couverture sociale, avantages<br />
Selon le ministère du Travail, <strong>de</strong> l’Emploi et <strong>de</strong> la Sécurité sociale, initiateur <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> préemploi<br />
à travers l’Agence nationale <strong>de</strong> l’emploi (ANEM) et la direction <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong> wilaya, les<br />
bénéficiaires perçoivent une rémunération mensuelle fixée, pour les diplômés <strong>de</strong> l’enseignement<br />
supérieur, à 15 000 DA net, pour les techniciens supérieurs à 10 000 DA net et les bénéficiaires <strong>de</strong><br />
contrats d’insertion professionnelle à 8000 DA net. Les bénéficiaires <strong>de</strong>s contrats formationinsertion<br />
perçoivent une rémunération mensuelle dont le montant est <strong>de</strong> 12 000 DA net. Les<br />
jeunes insérés dans le cadre <strong>de</strong> ces dispositifs bénéficient <strong>de</strong> l’assurance sociale (maladie,<br />
maternité, acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> travail et maladies professionnelles). Les employeurs et les maîtres-artisans<br />
qui recrutent les jeunes bénéficient <strong>de</strong>s mêmes mesures incitatives d’ordre fiscal et parafiscal<br />
prévues. Le recrutement <strong>de</strong>s jeunes insérés auprès <strong>de</strong>s entreprises publiques et privées donnent<br />
lieu à une contribution <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> 12 000 DA net par mois pour les universitaires pour un contrat<br />
<strong>de</strong> 3 ans renouvelables, <strong>de</strong> 10 000 DA net par mois pour les techniciens supérieurs pour un<br />
contrat <strong>de</strong> 3 années renouvelables, <strong>de</strong> 8000 DA net par mois pour les contrats <strong>de</strong> travail aidé<br />
conclus dans le cadre du contrat d’insertion professionnelle pour un contrat <strong>de</strong> 3 années<br />
renouvelables. Le contrôle <strong>de</strong> l’ANEM et <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong> la wilaya portera sur<br />
l’affectation du jeune inséré à un poste <strong>de</strong> travail en rapport avec sa formation et sa qualification ;<br />
l’encadrement en milieu professionnel ; la transmission mensuelle <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> présence visées<br />
par l’employeur ; le recrutement du bénéficiaire à l’issue <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d’insertion, à travers la<br />
transmission d’une copie du contrat <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> l’affiliation à la sécurité sociale ; la remise <strong>de</strong><br />
l’attestation d’insertion pour les bénéficiaires qui n’auront pas fait l’objet <strong>de</strong> recrutement.<br />
Ministère du Travail :<br />
«Nous aidons les jeunes à mettre le pied à l’étrier, c’est tout»<br />
Interrogée, alors que <strong>de</strong>s jeunes travailleurs dans le cadre du pré-emploi tenaient leur sitin<br />
<strong>de</strong>vant le ministère du Travail, Mme Haddad, responsable <strong>de</strong> la communication au<br />
département <strong>de</strong> M. Louh, résume la mission du ministère du Travail : «Nous aidons ces<br />
jeunes qui étaient au chômage à mettre le pied à l’étrier et à mieux se positionner sur le<br />
marché du travail et <strong>de</strong> l’emploi.<br />
Le ministère fait en sorte que ces chômeurs puissent bénéficier <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong><br />
l’insertion. La régularisation <strong>de</strong> ces employés dans le cadre <strong>de</strong>s différents dispositifs ne<br />
relève pas <strong>de</strong> la responsabilité du ministère du Travail.»<br />
Retour à l’allocation chômage, pourquoi pas ?<br />
Le Comité national <strong>de</strong>s travailleurs du pré-emploi et du filet social du Syndicat national<br />
autonome <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> l’administration publique (Snapap) a organisé plusieurs<br />
actions <strong>de</strong> protestation en 2011 et menace d’en tenir d’autres. Les représentants <strong>de</strong>s<br />
17
travailleurs du pré-emploi, qui ont dénoncé les dépassements enregistrés concernant les<br />
retards pris dans le versement <strong>de</strong>s salaires et autres, appellent à la suppression <strong>de</strong> cette<br />
formule <strong>de</strong> recrutement.<br />
«Les résultats ont démontré que le dispositif a échoué, puisque les recrutés sous cette<br />
formule évoluent dans <strong>de</strong>s conditions précaires.» «Nous ne savons même pas qui tire<br />
profit <strong>de</strong> cette situation. En tout cas, ce ne sont pas les jeunes qui se retrouveront du<br />
jour au len<strong>de</strong>main à la case départ», explique la porte-parole <strong>de</strong> ce syndicat. «Nous<br />
estimons que pour stopper tous ces dépassements et éviter que <strong>de</strong>s parties tierces tirent<br />
profit <strong>de</strong> la détresse <strong>de</strong>s chômeurs et <strong>de</strong> la générosité <strong>de</strong> l’Etat, il est préférable <strong>de</strong><br />
retourner à l’allocation chômage.»<br />
Selon ce syndicat, les dépenses <strong>de</strong> l’Etat seraient les mêmes, «au contraire, les pouvoirs<br />
publics s’épargneront les situations <strong>de</strong> conflit permanent avec les jeunes exploités et mal<br />
payés, et qui sont en fin <strong>de</strong> compte frustrés <strong>de</strong> ne pouvoir évoluer sur le plan<br />
professionnel», ajoute notre interlocutrice.<br />
18
Jeudi 16 <strong>Février</strong> 2012<br />
Nationale<br />
SIDA À L'OUEST DU PAYS<br />
386 nouveaux cas recensés en 2011<br />
Par : Wahib Aït OUAKLI<br />
Les imams d'Oran ont affiché leur disponibilité à lutter contre le sida sans<br />
stigmatisation ni jugement moral.<br />
Le sida, cette pathologie mortelle, continue <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s ravages. Les bilans sont plus que<br />
révélateurs que le phénomène n'est pas près <strong>de</strong> prendre du recul. 386 nouveaux cas,<br />
dont 64 à Oran, ont été enregistrés dans les 15 wilayas <strong>de</strong> l'ouest du pays. Dans les<br />
mêmes bilans figurent 07 Africains, dont une femme enceinte, tous porteurs du virus. En<br />
fait, le virus a touché 233 femmes, 135 hommes tandis que le reste (10 cas) est constitué<br />
d'enfants âgés entre un et quatorze ans. Le nombre <strong>de</strong> porteurs <strong>de</strong> sida étant en<br />
constante hausse, les services anti-infectieux d'Oran, qui traitent quelque 1800 sidéens,<br />
tirent la sonnette d'alarme. Cette hausse est expliquée par l'absence quasi totale <strong>de</strong><br />
campagnes d'information et <strong>de</strong> sensibilisation hormis celles menées l'espace d'une<br />
journée.<br />
«Le phénomène du sida n'est en réalité évoqué que dans <strong>de</strong>s occasions rares comme lors<br />
<strong>de</strong> la célébration <strong>de</strong> la Journée mondiale <strong>de</strong> la lutte contre le sida et puis plus rien», a-ton<br />
déploré. «Il est plus que temps <strong>de</strong> briser ces tabous sociaux qui empêchent la société<br />
<strong>de</strong> se protéger», a recommandé un mé<strong>de</strong>cin ajoutant qu' «au vu <strong>de</strong> l'ampleur qu'a pris<br />
ces <strong>de</strong>rniers temps, le sida et l'absence <strong>de</strong> sensibilisation effective, les bilans <strong>de</strong> 2011<br />
seront inéluctablement triplés dans les cinq prochaines années». En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s<br />
campagnes classiques <strong>de</strong> sensibilisation, une douzaine d'imams <strong>de</strong>s mosquées d'Oran<br />
ont, tout récemment, pris l'initiative <strong>de</strong> se réunir autour d'une table ron<strong>de</strong> pour débattre<br />
<strong>de</strong>s moyens à mettre en place aux fins d'être concluants dans la lutte contre le<br />
sida en <strong>Algérie</strong>.<br />
19
La démarche, très sensible, a tout <strong>de</strong> même, abouti quelques résolutions, telle<br />
l'attitu<strong>de</strong> affichée par les imams se mobilisant pour lutter contre le virus tout en<br />
conjuguant leurs efforts avec les membres <strong>de</strong> l'Association <strong>de</strong> protection contre le<br />
sida, l'Apcs. La première approche entérinée était <strong>de</strong> franchir l'une <strong>de</strong>s frontières<br />
qui entravent la lutte contre le virus, le jugement moral et la stigmatisation<br />
lorsque le mot sida est prononcé et ce, en évoquant comme sujet le sida dans les<br />
mosquées. Les imams d'Oran ont convenu que le travail d'information est <strong>de</strong><br />
longue haleine vu la situation très critique. C'est pourquoi, d'autres rencontres<br />
sont prévues. En somme, se référant aux chiffres avancés par l'association pour la<br />
protection contre le sida, l'on recense 06 nouveaux cas <strong>de</strong> sida chaque semaine.<br />
Cela se passe au moment où l'<strong>Algérie</strong> recense environ 30.000 séropositifs dont<br />
seulement 4000 sont dépistés. En plus <strong>de</strong> la disette récurrente <strong>de</strong> médicaments,<br />
une autre problématique qui risque d'avoir <strong>de</strong>s répercussions négatives sur la<br />
lutte contre le sida vient s'ajouter. Il s'agit <strong>de</strong>s accords bilatéraux <strong>de</strong> libre-échange<br />
entre l'Union européenne et l'In<strong>de</strong>, qui renforcent les droits <strong>de</strong> propriété<br />
intellectuelle. Cette clause entrave l'accès aux produits <strong>de</strong> santé à bas prix, comme<br />
<strong>de</strong>s vaccins ou <strong>de</strong>s médicaments considérés comme essentiels. D'autant que 80%<br />
<strong>de</strong>s traitements utilisés dans les pays en développement proviennent d'In<strong>de</strong> vu<br />
leurs prix compétitifs.<br />
20
Le 22 <strong>Février</strong> 2012<br />
Région<br />
Oran en bref<br />
Par : Tegguer Kaddour<br />
-Plantation <strong>de</strong> 2500 arbustes<br />
Un programme <strong>de</strong> plantation <strong>de</strong> 2500 arbustes a été réalisé, dans le courant <strong>de</strong> cette<br />
semaine, par la commission <strong>de</strong> l’environnement du Lion’s Club International District 415<br />
en collaboration avec la Direction <strong>de</strong> la Jeunesse et <strong>de</strong>s Sports. La commission <strong>de</strong><br />
l’environnement envisage, pour la Journée du 21 mars, d’organiser <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong><br />
reboisement à travers plusieurs régions du pays.<br />
-FARD organise <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> sensibilisation pour ses adhérentes<br />
Le mouvement associatif Femmes <strong>Algérie</strong>nnes Revendiquant leurs Droits (FARD)<br />
organise, cinq fois par semaine, <strong>de</strong>s séances d’information et <strong>de</strong> sensibilisation au profit<br />
<strong>de</strong>s adhérentes et sympathisantes.<br />
Pour la journée du 8 mars, FARD envisage d’organiser, cette année, <strong>de</strong>s rencontresdébats<br />
entre militantes du mouvement associatif et la gent féminine sur la lutte contre la<br />
violence faite aux femmes.<br />
21
DOSSIER SPECIAL<br />
COLLOQUE INTERNATIONAL<br />
« JEUNES : ENTRE MALAISE DE VIE ET PROJETS DE VIE »<br />
ORGANISE PAR LA SARP<br />
LES 25 ET 26 FEVRIER 2012<br />
22
Mardi 21 <strong>Février</strong> 2012<br />
La SARP organise un colloque international les 25 et 26 février<br />
«Jeunes, entre malaise <strong>de</strong> vie et projet <strong>de</strong> vie»<br />
Par : Ghania Lassal<br />
L’association pour l’ai<strong>de</strong>, la recherche et le perfectionnement en psychologie –<br />
Société algérienne <strong>de</strong> recherche en psychologie (SARP) – organise un colloque<br />
international autour <strong>de</strong> la jeunesse.<br />
«Jeunes, entre malaise <strong>de</strong> vie et projet <strong>de</strong> vie» est l’intitulé <strong>de</strong> ce colloque, qui se<br />
déroulera les 25 et 26 février à la salle <strong>de</strong> conférence Mohamed Belouizdad, au centre<br />
commercial du Hamma, à Alger. Cet événement verra la participation <strong>de</strong> nombreux<br />
sociologues, psychologues et autres professeurs, algériens et étrangers, notamment<br />
tunisiens, qui débattront <strong>de</strong> cette tranche d’âge à laquelle «sont aujourd’hui liés émeutes,<br />
harga, immolation, suici<strong>de</strong>s…». «Ces jeunes interrogent le fonctionnement <strong>de</strong> la société<br />
23
en général : les parents mais aussi les institutions, toutes les institutions. On peut penser<br />
que la société algérienne, telle la mère cannibale dévore ses enfants, les rejette, les<br />
annihile», explique l’argumentaire du colloque.<br />
Et ce sont toutes les sciences sociales et humaines qui doivent être mobilisées afin <strong>de</strong><br />
tenter d’apporter un éclairage à ces différents <strong>de</strong>stins – pour certains auto<strong>de</strong>structeurs<br />
mais pas seulement – dans lesquels s’engagent les jeunes. «La psychologie, la<br />
psychanalyse énoncent que les adultes parents, s’ils sont protecteurs, contenants,<br />
suffisamment bons, se constituent en modèles i<strong>de</strong>ntificatoires positifs qui donnent la<br />
force nécessaire pour affronter les aléas <strong>de</strong> la vie», souligne la SARP. A l’inverse, poursuit<br />
l’association dans son argumentaire, «<strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s adultes défaillants,<br />
symboliquement absents – ce qu’il faudrait aussi questionner – entravent la structuration<br />
<strong>de</strong>s assises i<strong>de</strong>ntitaires et l’engagement dans un processus <strong>de</strong> vie progrédient. Mais cette<br />
discipline ne dispose pas <strong>de</strong> toutes les réponses et encore une fois le recours aux autres<br />
disciplines <strong>de</strong>s sciences sociales est fondamental pour tenter d’éclairer, <strong>de</strong> penser<br />
quelques-uns <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins que s’attribuent ou que l’on attribue aux jeunes aujourd’hui en<br />
<strong>Algérie</strong>».<br />
Des jeunes auto<strong>de</strong>structeurs ou créateurs<br />
«Ce colloque se propose donc d’interroger différents <strong>de</strong>stins <strong>de</strong> jeunes, du double point<br />
<strong>de</strong> vue, psychique et social et sera l’occasion d’ouvrir un débat sur ces questions entre<br />
praticiens et chercheurs en sciences humaines et sociales», est-il présenté. Les thèmes qui<br />
seront abordés ont été dégagés selon <strong>de</strong>s axes majeurs, tels «Le malaise chez les jeunes :<br />
harga, immolation, etc.», «Les jeunes et le Printemps arabe» ou encore «Langage <strong>de</strong><br />
jeunes». Mais il existe «d’autres jeunes qui sont eux, animés par <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> vie au<br />
sens où ils sont engagés dans <strong>de</strong>s trajectoires professionnelles, scolaires, empruntent <strong>de</strong>s<br />
trajectoires créatrices en écrivant, en peignant, en chantant, etc.», tempère la SARP. Et il<br />
est impératif d’en parler. Raison pour laquelle le colloque abor<strong>de</strong>ra <strong>de</strong>s thèmes tels que<br />
«Les projets professionnels <strong>de</strong> jeunes adultes», «La créativité <strong>de</strong>s jeunes : écriture,<br />
bloggeur» et «Jeunes et mouvement associatif, internet et réseaux sociaux».<br />
Le comité scientifique du colloque est composé <strong>de</strong> Chérifa Bouatta, vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la<br />
SARP et professeure à l’université Alger II, Khaled Noureddine, vice-prési<strong>de</strong>nt et maître<br />
<strong>de</strong> conférences à l’université Alger II, Fatma Moussa, professeure à l’université Alger II et<br />
Nadia Kacha, docteur en psychologie.<br />
Ghania Lassal<br />
24
Mercredi 22 <strong>Février</strong> 2012<br />
Mercredi 22 <strong>Février</strong> 2012<br />
Actualités<br />
COLLOQUE INTERNATIONAL DE LA SARP<br />
Emeutes, harga et immolation sous la loupe <strong>de</strong>s experts<br />
Par : F.‐Z. B.<br />
Les chercheurs et psychologues <strong>de</strong> la Société algérienne <strong>de</strong> recherche en psychologie<br />
(Sarp) se pencheront, lors d’un colloque les 25 et 26 février, sur le vécu <strong>de</strong> la jeunesse à<br />
travers <strong>de</strong>s thèmes relatifs aux émeutes, à la harga, à l’immolation et au suici<strong>de</strong>.<br />
Pour les organisateurs <strong>de</strong> la rencontre qui se tiendra à la salle <strong>de</strong> conférences Mohamed-<br />
Belouizdad du centre commercial du Hamma, il s’agit <strong>de</strong> cerner <strong>de</strong>s phénomènes<br />
nouveaux qui touchent la jeunesse. «Emeutes, harga, immolation, suici<strong>de</strong>… sont<br />
aujourd’hui liés à cet âge <strong>de</strong> la vie qu’est la jeunesse. Plus encore, ils semblent i<strong>de</strong>ntifier<br />
une certaine jeunesse algérienne et marquer ses trajectoires <strong>de</strong> vie. Ce faisant, ces jeunes<br />
interrogent le fonctionnement <strong>de</strong> la société en général : les parents mais aussi les<br />
institutions, toutes les institutions. On peut penser que la société algérienne, telle la mère<br />
cannibale, dévore ses enfants, les rejette, les annihile…», expliquent les membres <strong>de</strong> la<br />
Sarp. Ainsi, pour les experts, les sciences sociales et humaines doivent se mobiliser «pour<br />
tenter d’apporter un éclairage à ces différents <strong>de</strong>stins». Pour les psychologues, et pour ne<br />
pas tomber dans les généralisations factices, comme ils l’expliquent, «il existe d’autres<br />
jeunes qui sont, eux, animés par <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> vie en ce sens qu’ils sont engagés dans<br />
<strong>de</strong>s voies professionnelles, scolaires, empruntent <strong>de</strong>s trajectoires créatrices en écrivant, en<br />
peignant, en chantant… Ils existent. Il faut en parler aussi». Le colloque, selon ses<br />
initiateurs, se propose d’interroger différents <strong>de</strong>stins <strong>de</strong> jeunes, du double point <strong>de</strong> vue<br />
psychique et social. Les intervenants proposent, pour ce faire, d’ouvrir un débat sur ces<br />
questions entre praticiens et chercheurs en sciences humaines et sociales.<br />
F.‐Z. B.<br />
25
Samedi, 25 <strong>Février</strong> 2012<br />
La psychologue clinicienne Hassiba Cherabta à “Liberté”<br />
“La nouvelle loi sur les associations est très contraignante”<br />
Par : Hafida Ameyar<br />
Hassiba Cherabta est la prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Sarp. Dans cet entretien, elle s’exprime sur<br />
les conséquences <strong>de</strong> la nouvelle loi sur les associations, sur les populations les plus<br />
fragiles.<br />
Liberté : Cette année, la Sarp organise un colloque international <strong>de</strong> 2 jours<br />
intitulé “Jeunes, entre malaise <strong>de</strong> vie et projet <strong>de</strong> vie”. Pourquoi le choix d’un tel thème ?<br />
Mme H. Cherabta : La Sarp organise chaque année un colloque sur un thème précis. En<br />
2009, le thème était “Masculin-féminin”, c'est-à-dire le vécu <strong>de</strong>s femmes comparé à celui<br />
<strong>de</strong>s hommes, face à <strong>de</strong>s problèmes divers <strong>de</strong> la vie. Cette fois-ci, c’est le thème <strong>de</strong>s<br />
jeunes qui ont défrayé la chronique, ces <strong>de</strong>rnières années, avec <strong>de</strong>s comportements<br />
problématiques qui interpellent la société en général et les psychologues en particulier :<br />
la harga, l’immolation par le feu, l’émeute. En outre, nous rencontrons <strong>de</strong> plus en plus<br />
dans nos consultations <strong>de</strong>s jeunes qui n’arrivent pas à s’en sortir et souffrent sur le plan<br />
psychologique et social. Sur toutes ces questions, l’équipe <strong>de</strong> la Sarp a fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et<br />
initié <strong>de</strong>s réflexions que nous partageons avec <strong>de</strong>s collègues <strong>de</strong>s sciences sociales,<br />
notamment les psychologues, les psychanalystes, les anthropologues, les sociologues, etc.<br />
Comment ces thèmes inscrits à ce colloque se sont-ils exprimés sur le terrain <strong>de</strong> la<br />
prise en charge psychologique ?<br />
Nous avons réalisé une gran<strong>de</strong> recherche assez importante sur le phénomène <strong>de</strong>s<br />
harragas, nous avons obtenu <strong>de</strong>s résultats qui nous montrent le profil psychologique et<br />
26
social <strong>de</strong> ces jeunes harragas, ainsi que leurs motivations. Sur le phénomène immolation<br />
par le feu, certains collègues ont initié <strong>de</strong>s réflexions.<br />
Dans ce colloque, nous invitons aussi <strong>de</strong>s chercheurs et praticiens d’autres disciplines<br />
pour nous donner le fruit <strong>de</strong> leurs expériences. Nous ne travaillons pas seulement dans<br />
nos cabinets <strong>de</strong> consultation, mais aussi sur le terrain. Nous rencontrons régulièrement<br />
<strong>de</strong>s jeunes concernés par ces phénomènes, qui nous donnent leurs avis et nous<br />
expliquent leurs motivations.<br />
Quant aux réseaux, nous les pratiquons <strong>de</strong>puis très longtemps, puisque nous travaillons<br />
en partenariat avec aussi bien les structures étatiques que les associations nationales et<br />
internationales…<br />
Il sera question également du Printemps arabe. Est-il juste <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> son impact<br />
sur la<br />
Jeunesse algérienne ?<br />
C’est l’un <strong>de</strong>s thèmes qui sera traité par notre collègue tunisien, qui va s’appuyer sur une<br />
analyse psychologique <strong>de</strong>s jeunes à partir <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> son pays.<br />
Le colloque international sera l’occasion <strong>de</strong> réunir <strong>de</strong>s professionnels algériens et<br />
étrangers. De qui s’agit-il ?<br />
Il s’agit <strong>de</strong> psychologues <strong>de</strong> la Sarp, d’universitaires psychologues, psychosociologues et<br />
sociologues algériens (université d’Alger, Cread, université d’Oran), <strong>de</strong> psychologues<br />
tunisiens, <strong>de</strong> psychologues et psychanalystes français.<br />
Une <strong>de</strong>rnière question : quel est votre avis sur la nouvelle loi sur les associations ?<br />
Les dispositions relatives au soutien financier extérieur posent-elles problème à la<br />
Sarp ?<br />
La nouvelle loi sur les associations est très contraignante. D’un côté, les structures<br />
étatiques <strong>de</strong> notre pays, bien qu’elles fassent appel à notre expertise dans certains cas,<br />
ne nous ai<strong>de</strong>nt pas financièrement ; <strong>de</strong> l’autre côté, avec cette loi, les déci<strong>de</strong>urs dans<br />
notre pays ne nous laissent pas nous débrouiller. Nous allons forcément avoir plus <strong>de</strong><br />
difficultés qu’auparavant, ce qui nous obligera certainement à restreindre nos activités et,<br />
du coup, nous sanctionnerons les personnes les plus fragiles que nous avons l’habitu<strong>de</strong><br />
d’ai<strong>de</strong>r gratuitement. Au centre <strong>de</strong> la Sarp <strong>de</strong> Sidi-Moussa, toutes les prestations envers<br />
la population et notamment auprès <strong>de</strong>s personnes les plus démunies et les plus en<br />
détresse ne pourront plus continuer si ces mesures sont appliquées.<br />
27
Dimanche 26 <strong>Février</strong> 2012<br />
Colloque international sur le malaise <strong>de</strong>s jeunes algériens<br />
L’impunité est source <strong>de</strong> violences<br />
Par : Hafida Ameyar<br />
La vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Sarp a expliqué que le mépris dont font l’objet les jeunes<br />
“vient <strong>de</strong> la Loi — avec un grand L — qui régit toutes les institutions”.<br />
L’<strong>Algérie</strong> traîne un déficit en matière d’étu<strong>de</strong>s sur la jeunesse, alors que cette <strong>de</strong>rnière<br />
représente une frange importante dans le pays, du point <strong>de</strong> vue du nombre et <strong>de</strong> l’avenir<br />
d’une nation. Les quelques enquêtes et travaux menés jusque-là restent très insuffisants<br />
et ne permettent pas encore d’approcher cette catégorie sociale dans toutes ses facettes.<br />
Pourtant, “le mon<strong>de</strong>” <strong>de</strong>s jeunes n’a pas cessé <strong>de</strong> gron<strong>de</strong>r et surtout d’alerter, <strong>de</strong>puis au<br />
moins <strong>de</strong>ux longues décennies, sur les profonds malaises qui le rongent et sur les<br />
violences qu’il subit ou qu’il enfante, dans les espaces public et privé. C’est certainement<br />
l’un <strong>de</strong>s objectifs essentiels qui a poussé l’Association pour l’ai<strong>de</strong>, la recherche et le<br />
perfectionnement en psychologie (Sarp), à organiser, hier, un colloque international, au<br />
Centre commercial d’El-Hamma (Alger), sur le thème suivant : “Jeunes, entre malaise <strong>de</strong><br />
vie et projet <strong>de</strong> vie”. D’emblée, les membres <strong>de</strong> la Sarp ont révélé qu’ils ne détiennent<br />
pas la solution à tous les problèmes <strong>de</strong> la jeunesse algérienne, mais le colloque <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
jours permettra, selon eux, <strong>de</strong> “poser les malaises <strong>de</strong>s jeunes et débattre du mépris dont<br />
ils font l’objet”.<br />
La vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Sarp, Chérifa Bouatta, également directrice <strong>de</strong> la revue <strong>de</strong><br />
psychologie, Sarp, a expliqué à certains journalistes que le mépris dont font l’objet les<br />
jeunes “vient <strong>de</strong> la Loi — avec un grand L — qui régit toutes les institutions”. Pour ce<br />
professeur <strong>de</strong> l’enseignement supérieur, lorsque cette loi n’est pas appliquée et ne prend<br />
pas en considération le jeune “ou ne le reconnaît pas en tant que citoyen, elle <strong>de</strong>vient<br />
une loi perverse, qui n’a pas pour but <strong>de</strong> punir une transgression ou un délit, mais <strong>de</strong><br />
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éprimer le jeune”. En termes plus clairs, Mme Bouatta a touché du doigt la question <strong>de</strong><br />
l’impunité et ses effets ravageurs dans la société en général et chez les jeunes en<br />
particulier. “La loi instaure l’absence <strong>de</strong> loi ou la loi perverse, qui divise le mon<strong>de</strong> en <strong>de</strong>ux<br />
la personne capable qui se compte parmi les trabendistes, les gens qui “réussissent”<br />
grâce au piston et <strong>de</strong>s interventions, et la personne incapable”, a-t-elle précisé. Dans son<br />
exposé intitulé : “Se révolter ou se détruire”, Chérifa Bouatta s’est appuyée sur les cas <strong>de</strong><br />
révoltes et d’immolation par le feu <strong>de</strong> jeunes, rapportés par la <strong>presse</strong> nationale. Elle a<br />
relevé que les articles consacrés à ces questions observent que “l’immolation par le feu se<br />
passe généralement dans l’espace public, <strong>de</strong>vant une institution <strong>de</strong> l’État”, qu’elle fait<br />
suite à “une injustice”. D’après elle, la révolte est “le signe <strong>de</strong> la colère, elle-même<br />
justifiée par le refus”. Quant à l’acte <strong>de</strong> s’immoler par le feu, il représente “un “agir”<br />
résultant d’un défaut <strong>de</strong> symbolisation, qui veut transmettre un message”. “Le jeune, qui<br />
s’immole par le feu contre les hommes puissants et les hommes “capables” cherche à<br />
dénoncer, à atteindre et à punir cet autre qui l’a persécuté et humilié”, a déclaré<br />
l’intervenante, ajoutant que “par son geste, le jeune cherche paradoxalement une sortie à<br />
la vie”. Dans sa conclusion, elle a reconnu que l’analyse du phénomène <strong>de</strong> l’immolation<br />
par le feu et <strong>de</strong>s émeutes exigent non seulement l’intervention <strong>de</strong> la psychologie, mais<br />
aussi celle <strong>de</strong> la sociologie, l’anthropologie et les sciences politiques. L’autre experte à<br />
intervenir est le Pr Fatima Moussa <strong>de</strong> l’université d’Alger 2.<br />
Pour cette <strong>de</strong>rnière, “l’absence <strong>de</strong> repères et <strong>de</strong> cadre stable” peut conduire <strong>de</strong>s jeunes et<br />
<strong>de</strong>s ados au “meurtre”, dans certaines conditions lorsque ces jeunes sont <strong>de</strong> grands<br />
consommateurs <strong>de</strong> “violence télévisuelle” (TV, DVD, Internet…) et <strong>de</strong> “scènes agressives”.<br />
Mme Moussa s’est dite “perplexe” face à ce phénomène qui, pensait-elle, “se déroulait en<br />
<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> nos frontières”, en rapportant le cas <strong>de</strong>s 3 adolescents algériens qui “ont<br />
commis récemment un meurtre avec une mise en scène tirée d’un film d’horreur vu sur le<br />
Net”. Elle a, en outre, parlé <strong>de</strong> “la pléthore <strong>de</strong> travaux et <strong>de</strong> publications” sur le sujet, à<br />
l’étranger, en déplorant la rareté <strong>de</strong> ce genre d’étu<strong>de</strong>s dans notre pays.<br />
H A<br />
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Dimanche 26 <strong>Février</strong><br />
Selon les spécialistes <strong>de</strong> la SARP<br />
Victimes d’une loi «perverse», les jeunes se révoltent ou se<br />
suici<strong>de</strong>nt<br />
Pour les spécialistes <strong>de</strong> la Société algérienne <strong>de</strong> recherche en psychologie (SARP), les<br />
phénomènes <strong>de</strong> l’émeute, la harga, l’immolation et le suici<strong>de</strong> marquent les<br />
trajectoires <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s jeunes <strong>Algérie</strong>ns. Pour Mme Cherifa Bouatta, psychologue, «si<br />
la loi est appliquée en ne prenant pas en considération les citoyens, elle <strong>de</strong>vient une<br />
loi perverse qui a pour objet <strong>de</strong> réprimer les jeunes. Ils ont alors <strong>de</strong>ux recours : soit<br />
se révolter, soit se détruire».<br />
La multiplication <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> révolte et d’immolation, traduisant un malaise <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> la<br />
jeunesse algérienne, a suscité l’intérêt <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> la SARP qui s’interrogent sur le<br />
sort à donner à «cette mort <strong>de</strong> soi».<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s considérations politiques et économiques, la SARP a voulu contribuer à<br />
éclaircir le phénomène et tenter quelques hypothèses qui proposent une articulation<br />
entre les registres psychique et social. Lors du colloque organisé, hier, sur le thème<br />
«Jeunes entre malaise <strong>de</strong> vie et projets <strong>de</strong> vie», les psychologues se sont succédé pour<br />
apporter un éclairage concernant ces phénomènes.<br />
«Le Printemps arabe a commencé par une atteinte à un corps, un Tunisien a décidé <strong>de</strong><br />
mettre fin à ses jours, il s’est suicidé en s’immolant : un acte violent, agressif voire<br />
masochiste», déclarent les intervenants. Par ailleurs, Lamia Benamsili, psychologue<br />
clinicienne, notera que «chaque société entretient un rapport avec la violence qui lui est<br />
propre selon son histoire et sa culture, et le cas algérien le confirme chaque jour».<br />
Pour le docteur Noureddine Khaled, <strong>de</strong> l’université d’Alger, et membre <strong>de</strong> la SARP,<br />
«l’aventure <strong>de</strong> la harga» vers l’Europe, telle qu’elle est tentée par <strong>de</strong> jeunes <strong>Algérie</strong>ns,<br />
parfois encore mineurs sur <strong>de</strong>s embarcations <strong>de</strong> fortune, «sème la stupeur dans la société<br />
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par l’ampleur qu’elle prend et surtout par les risques inconsidérés qu’elle comporte<br />
malgré les dizaines <strong>de</strong> morts par noya<strong>de</strong> et autant <strong>de</strong> disparus.<br />
Ce phénomène ne cesse <strong>de</strong> s’amplifier au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une caractéristique i<strong>de</strong>ntitaire<br />
<strong>de</strong> la jeunesse du sud <strong>de</strong> la Méditerranée (Maghrébins et Sud-Sahariens)». Pour le<br />
chercheur, croire que la harga est un acte <strong>de</strong> désespoir est très réducteur, il précisera <strong>de</strong><br />
ce fait que cela représente l’une <strong>de</strong>s rares possibilités qui restent à certains jeunes pour<br />
construire leur i<strong>de</strong>ntité et tenter <strong>de</strong> se réaliser en tant qu’hommes.<br />
«En ce sens, ce n’est pas un mouvement <strong>de</strong>structeur malgré les risques <strong>de</strong> la mort qui les<br />
guettent mais une tentative extrême <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> soi», souligne Noureddine Khaled<br />
qui se base sur une étu<strong>de</strong> menée à la SARP sur les mineurs candidats au départ vers<br />
l’Europe.<br />
Les jeunes vivent un malaise et sont l’objet <strong>de</strong> mépris<br />
Pour Mlle Hassiba Cherabta, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la SARP, les changements dans le mon<strong>de</strong><br />
arabe, notamment, renvoient à <strong>de</strong>s jeunes en souffrance et n’ont plus <strong>de</strong> repères. Pour<br />
l’intervenante, il s’agit <strong>de</strong> s’intéresser à la situation <strong>de</strong> ces jeunes pour qu’ils puissent<br />
réaliser <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> vie.<br />
Pour sa part, Mme Cherifa Bouatta, psychologue, et membre du comité scientifique <strong>de</strong> la<br />
SARP, précisera que si les psychologues n’ont pas <strong>de</strong> solutions prêtes à l’emploi, ils<br />
i<strong>de</strong>ntifient un malaise et le mépris dont sont l’objet les jeunes. Elle notera que le mépris<br />
et l’humiliation proviennent <strong>de</strong> la loi qui, si elle est appliquée en ne prenant pas en<br />
considération les citoyens et les jeunes en particulier, elle <strong>de</strong>vient une loi perverse qui a<br />
pour objet <strong>de</strong> réprimer les jeunes.<br />
«La loi ne reconnaît pas les revendications <strong>de</strong>s jeunes, leur i<strong>de</strong>ntité en tant que citoyens,<br />
il leur reste donc <strong>de</strong>ux solutions, soit se révolter, soit se détruire». Pour Mme Bouatta,<br />
s’agissant <strong>de</strong> la révolte, il reste aux jeunes la possibilité <strong>de</strong> survie et ils ont encore <strong>de</strong>s<br />
forces psychiques, pour la question <strong>de</strong> l’immolation, notamment les sujets, dans ce cas,<br />
sont plus fragiles et la seule issue pour eux est l’auto<strong>de</strong>struction. «Il se tue en s’immolant,<br />
il se dit ainsi moi aussi je suis capable <strong>de</strong> te faire quelque chose à toi qui me persécute »,<br />
explique la psychologue.<br />
F.-Z. B<br />
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Dimanche 26 <strong>Février</strong> 2012<br />
Les psychologues <strong>de</strong> la SARP décortiquent le malaise <strong>de</strong>s jeunes<br />
Quand la détresse mène à l’immolation…<br />
Par : Amel Blidi<br />
Faut-il que les conditions <strong>de</strong> vie et le mal-être soient extrêmes pour que certains<br />
jeunes <strong>Algérie</strong>ns choisissent <strong>de</strong> s’infliger l’horreur <strong>de</strong> l’immolation par le feu ?<br />
C’est cette souffrance que Chérifa Bouatta, professeur en psychologie, tente d’ausculter<br />
lors du colloque international «Jeunes entre malaise <strong>de</strong> vie et projet <strong>de</strong> vie» organisé par<br />
l’Association pour l’ai<strong>de</strong>, la recherche et le perfectionnement en psychologie (SARP).<br />
L’acte, symbolique et spectaculaire, touche généralement les hommes, souvent jeunes,<br />
qui choisissent d’attenter à leur vie <strong>de</strong>vant un symbole du pouvoir, une gendarmerie, une<br />
APC ou un lycée. Dans un exercice <strong>de</strong> psychologisation <strong>de</strong> la société, Mme Bouatta<br />
souligne que ces faits sont les symptômes d’un malaise révélateur d’une crise profon<strong>de</strong><br />
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qui traverse la société et la politique… S’appuyant sur la réflexion <strong>de</strong> Freud, elle affirme<br />
que le malaise psychique est lié au malaise <strong>de</strong> la civilisation. Le mal tient ses racines <strong>de</strong><br />
l’impunité et <strong>de</strong>s valeurs éthiques perverses.<br />
Selon l’explication <strong>de</strong> la psychologue, les jeunes sont confrontés à une frange <strong>de</strong> la<br />
population s’enrichissant <strong>de</strong> manière peu éthique et transgressant la loi sans jamais se<br />
sentir inquiétée. Dans une société où la valeur symbolique <strong>de</strong> l’argent est extrêmement<br />
importante, se confondant avec la définition <strong>de</strong> soi et la réalisation <strong>de</strong> soi, l’émergence<br />
d’une classe mafieuse et privilégiée renforce le sentiment <strong>de</strong> rejet. «Le mon<strong>de</strong> se scin<strong>de</strong><br />
en <strong>de</strong>ux : les hommes capables et les autres. On propose aux jeunes un idéal auquel ils<br />
ne peuvent accé<strong>de</strong>r qu’en transgressant la loi», explique-t-elle. A cela, le pouvoir répond<br />
par le «un repli autistique» sinon par le reniement. Le fait même d’occulter les jeunes<br />
dans les discours officiels peut être interprété comme un déni d’existence. Et lorsqu’ils<br />
sont intégrés, ils sont décrits <strong>de</strong> manière peu élogieuse. La conférencière rappelle<br />
notamment le discours sur les jeunes émeutiers <strong>de</strong> janvier 2011. Plus généralement, les<br />
jeunes ont à faire à un pouvoir <strong>de</strong> proximité qui les ignore. Le jeune, en tant qu’individu,<br />
a également <strong>de</strong>s difficultés i<strong>de</strong>ntitaires.<br />
Le fait est que les parents ne jouent pas leur rôle convenablement. Ayant vécu le<br />
traumatisme <strong>de</strong> la décennie noire, le père a, lui-même, été victime <strong>de</strong>s «hommes<br />
capables». Selon Chérifa Bouatta, le jeune est ainsi pris entre <strong>de</strong>ux options : se révolter<br />
ou se détruire. Parfois, il choisit <strong>de</strong> se révolter et se détruire. La révolte étant l’expression<br />
<strong>de</strong> la colère, elle est également le signe <strong>de</strong> la pulsion salvatrice à travers un acte<br />
sacrificiel. «Il veut transmettre un message. Il tend à faire face aux hommes capables<br />
contre lesquels il ne peut rien. Alors, il veut montrer que lui aussi peut être capable»,<br />
diagnostique-t-elle. L’immolation par le feu sert à dénoncer. Le «J’accuse» <strong>de</strong> l’an 2000.<br />
«Le jeune cherche dans la mort une sortie vers la vie», selon l’expression <strong>de</strong> la<br />
psychologue <strong>de</strong> la SARP. Plus que tout, dans l’acte d’immolation, le jeune vise à atteindre<br />
l’autre, le punir, faire peser sa mort sur sa conscience. Une sorte <strong>de</strong> sadisme retourné.<br />
Fatima Moussa, autre intervenante du colloque, a tenté, <strong>de</strong> son côté, <strong>de</strong> décrypter le<br />
phénomène <strong>de</strong> la violence chez les jeunes. Elle établit un lien entre la violence<br />
télévisuelle ou internet et les jeunes en <strong>Algérie</strong>. S’appuyant sur le bilan <strong>de</strong> la<br />
Gendarmerie nationale établi en 2010 – pas moins <strong>de</strong> 1111 délits dont 11 homici<strong>de</strong>s ont<br />
été commis par <strong>de</strong>s enfants – elle tire la sonnette d’alarme sur un phénomène qui<br />
pourrait prendre <strong>de</strong> l’ampleur.<br />
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Lundi 27 <strong>Février</strong> 2012<br />
Les psychologues <strong>de</strong> la SARP décortiquent le malaise <strong>de</strong>s jeunes<br />
La harga ou la quête <strong>de</strong> soi…<br />
Les prétendants à l’émigration clan<strong>de</strong>stine ont généralement entre 14 et 26 ans.<br />
L’aventure <strong>de</strong> la harga vers l’Europe, telle que décrite par les psychologues lors du<br />
colloque «Jeunes, entre malaise <strong>de</strong> vie et projet <strong>de</strong> vie», organisé par la Société pour<br />
l’ai<strong>de</strong>, la recherche et le perfectionnement en psychologie (SARP), prend <strong>de</strong>s airs <strong>de</strong><br />
tragédie ancestrale. Il s’agit ainsi, selon l’explication <strong>de</strong>s conférenciers, <strong>de</strong> prouver sa<br />
virilité et <strong>de</strong> se tailler l’étoffe d’un conquérant. Hallouma Chérif, professeur <strong>de</strong><br />
psychologie à l’université d’Oran, explique ainsi que les garçons ne sont pas seulement<br />
dans le principe du «meurs et <strong>de</strong>viens» dans le sens <strong>de</strong> Thomas Mann ; ils sont<br />
également dans une violence contre soi, dans une «réaction d’impuissance» face à la<br />
difficulté et parfois dans l’incapacité <strong>de</strong> se projeter dans le futur.<br />
«Un acte <strong>de</strong> virilité»<br />
«Ne sont-ils pas justement en train <strong>de</strong> se positionner sur l’échelle <strong>de</strong> compétences la plus<br />
ancestrale, celle qui les évalue sur le danger et la prise <strong>de</strong> risques pour être homme, pour<br />
ne pas être dans la ressemblance avec les filles ?», affirme Mme Chérif. Pour les garçons,<br />
il s’agit <strong>de</strong> brûler la phase d’adolescence, plus longue en <strong>Algérie</strong> qu’ailleurs. Partir, c’est<br />
grandir, trouver la liberté, montrer sa singularité, sa virilité. «Ils fuient la mort lente et<br />
veulent revivre pour eux-mêmes. Le fait <strong>de</strong> partir est d’ailleurs un acte individuel»,<br />
explique-t-elle. «Ils imaginent une réussite financière rapi<strong>de</strong> et expriment une gran<strong>de</strong><br />
impatience.» C’est qu’à vingt ans, on a plutôt tendance à être impatient. La psychologue<br />
explique que le désir <strong>de</strong> partir existe aussi bien chez les filles que chez les garçons. Il y a,<br />
entre filles et garçons, une nette différence au niveau <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> soi. Elles sont<br />
généralement porteuses <strong>de</strong> la morale familiale. «Elles sont mères avant même<br />
d’enfanter», dit Mme Chérif.<br />
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Khaled Nourredine, membre <strong>de</strong> la SARP, qui a mené une enquête sur ce thème, explique<br />
ainsi que pour ces jeunes, le fait <strong>de</strong> risquer sa vie est la seule perspective <strong>de</strong> réalisation<br />
<strong>de</strong> soi. «Croire que la harga est un acte <strong>de</strong> désespoir est très réducteur d’un phénomène<br />
complexe, souligne le psychologue. Nous pensons que c’est l’une <strong>de</strong>s rares possibilités<br />
qui restent à certains jeunes pour construire leur i<strong>de</strong>ntité et tenter <strong>de</strong> se réaliser en tant<br />
qu’homme. En ce sens, ce n’est pas un mouvement <strong>de</strong>structeur malgré les risques <strong>de</strong><br />
mort qui les guettent, mais une tentative extrême <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> soi.» Le conférencier<br />
affirme même que la harga est une nouvelle forme <strong>de</strong> contestation et <strong>de</strong> révolte face au<br />
peu <strong>de</strong> perspectives d’intégration sociale. Les premiers résultats <strong>de</strong> son enquête ont<br />
montré que les prétendants à l’émigration clan<strong>de</strong>stine ont généralement entre 14 et 26<br />
ans.<br />
Il y aurait ainsi 68,47% <strong>de</strong> mineurs et 31,5% <strong>de</strong> jeunes adultes. Ce phénomène reste<br />
presque exclusivement masculin ; 48% viennent du centre du pays, 41% <strong>de</strong> l’Ouest et<br />
11% <strong>de</strong> l’Est.<br />
La désillusion<br />
Cette dramaturgie humaine trouve généralement son dénouement dans un centre pour<br />
jeunes. Sylvie Dutertre, psychologue clinicienne qui assure l’accompagnement<br />
psychologique <strong>de</strong>s mineurs en situation irrégulière, raconte la désillusion <strong>de</strong> ceux qu’elle<br />
appelle «les mineurs étrangers isolés» : «Se confronter à la réalité <strong>de</strong> la France renvoie<br />
une image narcissiquement blessante.» Et d’ajouter : «On assiste à <strong>de</strong>s situations<br />
d’errance, <strong>de</strong>s traumatismes divers et <strong>de</strong>s manifestations dépressives.» «Il y a le Imad <strong>de</strong><br />
Marseille et celui <strong>de</strong> Annaba. Ce sont <strong>de</strong>s personnalités complètement différentes», lui a<br />
confié un <strong>de</strong> ses patients. Ce n’est qu’une fois «posés», protégés et pris en charge par les<br />
services <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sociale à l’enfance qu’ils s’autorisent, pourrait-on dire, à s’effondrer.<br />
Les manifestations dépressives, expression <strong>de</strong> cet effondrement, auxquelles se lient<br />
souvent scarifications et consommation <strong>de</strong> produits psycho-actifs, nous amènent à<br />
questionner les trois phases que sont l’avant-migration, le voyage et l’exil. Le fait est,<br />
d’après Mme Dutertre, que le phénomène <strong>de</strong> l’émigration s’alimente du mythe<br />
qu’entretiennent les émigrés qui rentrent au pays pour les vacances, rapportant chocolats<br />
et petits ca<strong>de</strong>aux. Les jeunes adolescents voient dans la figure <strong>de</strong> l’émigré un héros ; ils<br />
veulent, eux aussi, partir pour <strong>de</strong>venir «quelqu’un».<br />
Lorsque tout semble impossible au pays, il reste un ailleurs fantasmé. Contrairement à<br />
ceux qui viennent d’Afghanistan, <strong>de</strong> Guinée Conakry ou d’ailleurs, «les mineurs algériens<br />
ont un objectif bien précis, inspiré <strong>de</strong>s fantasmes à l’origine <strong>de</strong> leur départ», observe-telle,<br />
soulignant que l’histoire qui lie l’<strong>Algérie</strong> et la France a donné la migration en<br />
héritage.<br />
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Mardi 28 <strong>Février</strong> 2012<br />
Colloque international «Jeunes entre malaise et projet <strong>de</strong> vie»<br />
L’émigration clan<strong>de</strong>stine et l’immolation en débat<br />
Par Mohamed Ouanezar<br />
Le phénomène <strong>de</strong> la harga (émigration clan<strong>de</strong>stine), <strong>de</strong>s immolations et du mal-vivre<br />
chez les jeunes ont constitué le thème majeur du<br />
Colloque international organisé à Alger par l’association pour l’ai<strong>de</strong>, la recherche et le<br />
perfectionnement en psychologie Sarp, en collaboration avec le représentant <strong>de</strong> la chaire<br />
Unesco «Abord <strong>de</strong> la violence pour l’<strong>Algérie</strong>».Plusieurs spécialistes et éminents chercheurs<br />
nationaux et étrangers ont participé, <strong>de</strong>ux jours durant, aux travaux <strong>de</strong> cet important<br />
conclave scientifique. Des organismes comme les Directions <strong>de</strong> l’action sociale (DAS),<br />
l’Agence <strong>de</strong> développement social (ADS), qui comptent <strong>de</strong>s sociologues et <strong>de</strong>s<br />
psychologues, ont également pris part aux travaux <strong>de</strong> ce colloque. Placée sous le thème<br />
«Jeunes entre malaise et projet <strong>de</strong> vie», la rencontre se voulait une réflexion et une<br />
ébauche autour <strong>de</strong> ces phénomènes du 21ème siècle qui tarau<strong>de</strong>nt une jeunesse<br />
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désœuvrée dans les pays en voie <strong>de</strong> développement et dans le mon<strong>de</strong> arabe, en<br />
particulier. Le cas du jeune Bouâzizi qui a été le catalyseur <strong>de</strong> la révolution du Jasmin en<br />
Tunisie, a été décortiqué par <strong>de</strong>ux psychologues tunisiens <strong>de</strong> l’Urpc, Fshs Tunis et Issep<br />
Kef, à travers une communication intitulée «Trauma et créativité chez les jeunes Tunisiens<br />
pendant la révolution». Pour sa part, la clinicienne Lamia Benamsili <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong><br />
Béjaïa a présenté une communication autour du printemps noir <strong>de</strong> Kabylie intitulée<br />
«Kabylie : Traumatisme intentionnel d’une jeunesse en désespoir d’être». S’agissant <strong>de</strong> la<br />
harga, plusieurs communications ont tenté <strong>de</strong> disséquer ce phénomène social inquiétant.<br />
Hallouma Chérif <strong>de</strong> l’université d’Oran a présenté une communication intitulée «Partir et<br />
le principe du meurs et <strong>de</strong>viens» dans laquelle elle a expliqué l’étendue du phénomène,<br />
tout en refusant <strong>de</strong> le cantonner aux seules raisons socio-économiques. Sylvie Dutertre,<br />
psychologue clinicienne et chargée <strong>de</strong> cours à l’université <strong>de</strong> Provence en France, a, elle,<br />
abordé le thème «Réflexions sur une pratique clinique auprès <strong>de</strong> jeunes haraga», à partir<br />
d’une expérience <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s jeunes haraga dans un centre d’accueil à<br />
Marseille. Les spécialistes ont été unanimes à considérer que le temps a été insuffisant<br />
pour décortiquer <strong>de</strong>s phénomènes sociaux aussi complexes et aussi importants que la<br />
harga et les immolations.<br />
Dans ce contexte, la communication «Risquer sa vie comme seule perspective <strong>de</strong><br />
réalisation <strong>de</strong> soi» du docteur Noureddine Khaled <strong>de</strong> l’université d’Alger a été très<br />
intéressante, en ce sens qu’elle a mis en relief la détresse et le mal-vivre <strong>de</strong>s jeunes sans<br />
perspectives et sans projet d’avenir. D’autres encore ont également abordé le phénomène<br />
à travers les violences dans les sta<strong>de</strong>s ou encore les jeunes en désespoir à travers les<br />
écrits <strong>de</strong> la <strong>presse</strong> «Faits divers ou effets pervers ?». La communication du sociologue,<br />
maître <strong>de</strong> recherche au Cread, Mohamed Saïb Musette a quelque peu bouleversé les<br />
donnes. Sa conférence «La nouvelle jeunesse algérienne : Un acteur social en <strong>de</strong>venir» a<br />
eu le mérite <strong>de</strong> relancer les débats et réorienter la réflexion sur le renouveau et la<br />
réincarnation d’une jeunesse en constante évolution et mutation ainsi que les<br />
potentialités <strong>de</strong> la jeunesse algérienne dans le cadre d’une mise en condition, c’est-à-dire<br />
son intégration sociale à travers l’emploi et les commodités sociales minimales.<br />
M. O.<br />
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