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22<br />

> C U L T U R E<br />

«Puisque mon cœur est mort» de Maïssa Bey<br />

L'inconsolable mère<br />

Publié en 2010 par les éditions Barzakh, le roman de Maïssa Bey «Puisque mon cœur est mort», revient cette<br />

semaine, nous interpelle, nous «parle» de ces douleurs profondes, toujours présentes, des générations postindépendance,<br />

jalonnée de tragédies, passage atroce de la guerre coloniale à la grande bataille de la décolonisation<br />

et de la construction <strong>du</strong> pays, pris dans les tenailles de la mondialisation.<br />

Son statut d’écrivain permettra à<br />

Maïssa Bey de clamer haut et fort ce<br />

cri de femme, optant pour son<br />

émancipation et celle de la<br />

nation…<br />

Axant son monde romanesque entre la<br />

mémoire et le futur, elle n’a de cesse à travers<br />

ses œuvres d’insister sur ce «butin de<br />

guerre» qu’est la langue française, par<br />

lequel elle reviendra sur les lieux des crimes<br />

coloniaux, cause de tous nos malheurs,<br />

et cette cinquantaine d’années<br />

d’Indépendance avec ses mutations faites<br />

parfois dans le sang et l’amertume. Dans<br />

«Puisque mon cœur est mort», elle brosse<br />

un tableau des années noires, se mettant<br />

dans la peau d’une mère, Aïda, ayant per<strong>du</strong><br />

son fils tué dans des circonstances obscures<br />

et violentes, et sans raison apparente.<br />

Ici, l’auteure dépasse l’actualité, cherche<br />

un sens plus profond. Le récit se tisse <strong>du</strong><br />

bout au bout par l’utilisation <strong>du</strong> genre<br />

épistolaire.<br />

A force d’avancer dans le récit, nous<br />

pénétrons dans son deuil cruel d’Aïda, qui<br />

cherche une explication, d’abord dans l’entourage<br />

de Nadir, son fils, lui-même, personnage<br />

intriguant, exemple parfait de<br />

cette jeunesse éprise de liberté, s’interrogeant<br />

sur les mobiles d’un tel acte radical et<br />

extrême. Peu à peu, s’insinue en elle l’idée<br />

Fête <strong>du</strong> tapis de Ghardaïa<br />

C’est parti pour la 46 e édition<br />

Le coup d’envoi de la 46e édition de la<br />

fête <strong>du</strong> tapis, célébrée annuellement<br />

dans la capitale <strong>du</strong> M’zab (Ghardaïa),<br />

a été marqué, hier matin par un défilé<br />

éclectique de près d’une trentaine de chars<br />

décorés de pro<strong>du</strong>its de l’artisanat traditionnel,<br />

particulièrement le tapis. Le spectacle<br />

inaugural, haut en couleurs et sonorités,<br />

a vu de belles fresques affichées par une<br />

brochette de troupes folkloriques issues<br />

des différentes localités de la wilaya et<br />

représentant la riche panoplie des musiques<br />

et des rythmes lancinants de grands<br />

tambours et de crotales métalliques.<br />

Dans un cortège magistral, quelque peu<br />

chahuté par un groupe de jeunes chômeurs,<br />

les chars ornés de tapis qui ont traversé<br />

l'avenue <strong>du</strong> 1er novembre de<br />

Ghardaïa, sous les applaudissements <strong>du</strong><br />

public et des personnalités présentes, dont<br />

un représentant <strong>du</strong> ministère <strong>du</strong> Tourisme<br />

et de l’Artisanat, ont réussi à enchanter la<br />

population ghardaouie et les hôtes de la<br />

ville en dévoilant l'art populaire dans toute<br />

sa splendeur et son raffinement.<br />

A travers chaque char orné de tapis, les<br />

participants ont voulu focaliser sur le rôle<br />

des femmes dans la promotion de l’artisanat<br />

et mettre en exergue l'une des expressions<br />

les plus raffinées de l'art de vivre, de<br />

créativité et <strong>du</strong> génie féminin propre à chaque<br />

région, transmis de génération à génération.<br />

Selon les organisateurs, cet événement<br />

constitue une opportunité pour mettre en<br />

valeur l’importance et le rôle de l’artisanat<br />

dans la société, à travers la pérennisation et<br />

la revalorisation <strong>du</strong> tapis traditionnel, et de<br />

témoigner de la richesse culturelle. «Le<br />

tapis est une fierté pour toutes les femmes»,<br />

a déclaré un membre <strong>du</strong> comité<br />

d’organisation de cette 46 e édition, soulignant<br />

que ce pro<strong>du</strong>it de l’artisanat, admirablement<br />

façonné par les mains féminines,<br />

«allie la modernité <strong>du</strong> style et l’originalité<br />

de l’ancestrale culture algérienne,<br />

riche et authentique».<br />

A l’occasion de cette fête <strong>du</strong> tapis, le<br />

public pourra admirer les riches potentialités<br />

des localités de Ghardaïa, de Guerrara<br />

(zone steppique) et d'El-Menea (zone<br />

d’Erg), en passant par celle de Métlili et la<br />

station thermale de Zelfana, sans oublier<br />

Berriane, formant ainsi une véritable fresque<br />

multiculturelle qui constitue la<br />

richesse d’un patrimoine national jalousement<br />

préservé. « Cette fête ambitionne de<br />

célébrer l'espoir et l'optimisme de la<br />

femme rurale ghardaouie, à travers la créativité,<br />

les motifs, couleurs et modèles des<br />

tapis qu’elle a tissés », a souligné Mme<br />

Hadda une tisserande de Ghardaïa. Par<br />

cette fête, la région de Ghardaïa réalise un<br />

nouveau jalon sur la voie <strong>du</strong> renforcement<br />

de sa position en tant que destination touristique<br />

privilégiée pour ses atouts naturels,<br />

architecturaux, culturels et la diversité<br />

de l'offre artisanale, particulièrement le<br />

tapis qu'elle propose à ses visiteurs, venus<br />

par milliers des quatre coins <strong>du</strong> pays, a fait<br />

savoir Abdelkader, un gérant d’hôtel à<br />

Ghardaïa.<br />

Cet événement culturel, qui coïncide<br />

avec les vacances de printemps, a permis la<br />

création d’une ambiance carnavalesque<br />

ponctuée par une exhibition de fantasia de<br />

chameliers en habit traditionnels et un<br />

spectacle de troupes locales de « Baroud »<br />

et « Karabila » (fusil traditionnel).<br />

Plusieurs activités culturelles ainsi qu’une<br />

exposition vente de pro<strong>du</strong>its des différentes<br />

associations, micro-entreprises et de<br />

femmes spécialisées dans l’artisanat, au<br />

nombre de 107, ont été programmées au<br />

Palais des expositions dans le quartier<br />

Bouhraoua, <strong>du</strong>rant cette fête <strong>du</strong> tapis qui<br />

s’étalera <strong>du</strong> 26 au 30 mars courant.<br />

R. C.<br />

de venger son petit, la seule façon pour elle,<br />

d’expurger cette douleur muette que personne<br />

n’entend ni ne voit…<br />

Ce roman est la parole d’une mère et on<br />

y décèle en filigrane, le visage de la patrie<br />

(l’Algérie), soumise à un terrifiant paradoxe<br />

où violences et rêves se superposent...<br />

Ecriture sobre, accessible, haute en émotions,<br />

Maïssa fait appel à notre «humanisme»,<br />

elle nous contraint à la suivre dans<br />

son raisonnement implacable jusqu’au<br />

coup de théâtre, freinée dans son geste fatal<br />

par un sombre malenten<strong>du</strong>… On y sent<br />

sous les traits de la mère, un souffle camusien,<br />

de l’ordre de l’attitude absurde, d’être<br />

dans le «oui» et rompre l’équilibre <strong>du</strong><br />

monde, basculer dans le chaos, l’anéantissement<br />

de soi, le nihilisme ou la non-résignation.<br />

En somme, ce roman reste d’actualité,<br />

nous interroge sur notre devenir.<br />

Elle le murmure terriblement : «Me couler<br />

dans le moule. Sourire quand j'avais<br />

envie de pleurer, me taire quand j'avais<br />

envie de crier. Mais c'était un autre temps.<br />

Le temps où le soleil éclairait encore le<br />

monde. Maintenant, je ne veux plus faire<br />

semblant. Que m'importent l'opprobre,<br />

l'exclusion ? Je n'ai plus rien à perdre puisque<br />

j'ai tout per<strong>du</strong>. Puisque mon cœur est<br />

mort...»<br />

Ahmed Mehaoudi<br />

ALGERIE NEWS Mercredi 27 mars 2013

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