Le Bienheureux Père Jacques-Désiré Laval - Diocèse d'Evreux
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Billet d’HUMEUR<br />
Question mal posée, réponse boiteuse<br />
« <strong>Le</strong> mariage pour tous, avec ce que cela ouvre comme droit en matière d’adoption, c’est<br />
déjà une avancée considérable », vient de déclarer Dominique Bertinotti, ministre déléguée<br />
à la famille. Sur un sujet de cette gravité, je trouve très courte la réflexion...<br />
Aussi courte que celle, récente, d’un de nos philosophes<br />
estimant que tous les pays occidentaux<br />
en venant à reconnaître et à légaliser le mariage<br />
homosexuel, ce serait faire preuve d’obscurantisme<br />
que de s’opposer à cette évolution.<br />
Question mal posée, oui ! <strong>Le</strong> mot mariage a le<br />
sens précis d’union légitime d’un homme et<br />
d’une femme. Prétexter l’égalité des droits pour<br />
aligner le statut<br />
des pacsés sur<br />
celui des mariés,<br />
c’est jouer avec<br />
la notion d’égalité<br />
qui n’a jamais<br />
voulu dire uniformité.<br />
Sinon, c’est<br />
la porte ouverte à<br />
toutes les revendications<br />
possibles,<br />
depuis l’équivalence<br />
des salaires<br />
dans la fonction<br />
publique, jusqu’à<br />
la parité de traitement, dans le privé, entre un<br />
diplômé d’HEC et le titulaire d’un BEP de commerce.<br />
De plus, jusqu’où peut-on invoquer le<br />
« droit à », sans l’assortir d’un « devoir de » ? Or,<br />
ce n’est pas tant « moi » qui ai le droit d’avoir<br />
un enfant, ou « nous », mais l’enfant qui a le<br />
droit d’être accueilli dans une famille. L’aide à<br />
l’adoption est très attentive, aujourd’hui, à ce<br />
retournement de perspective. Il est étonnant<br />
qu’avec les avancées notables de la pédo-psychiatrie,<br />
on en soit encore à utiliser les enfants<br />
pour satisfaire un besoin, légitime en soi, mais<br />
pas suffisant. Ne pas être favorable au mariage<br />
gay n’est en rien synonyme de discrimination,<br />
encore moins d’arriérisme ; et ce ne sont pas<br />
les sondages d’opinion qui doivent décider de la<br />
loi, car nous sommes ici devant des questions<br />
d’humanité, pas de société.<br />
Je ne prétends pas<br />
traiter ce problème<br />
en vingt lignes ; ma<br />
pensée personnelle<br />
est même encore<br />
tâtonnante. Ce que<br />
j’aimerais dire, c’est<br />
que si l’écologie, au<br />
sens le plus global,<br />
a fait des bonds<br />
en avant dans des<br />
domaines aussi<br />
divers que sont<br />
l’environnement,<br />
la culture des sols,<br />
les relations humaines, elle a encore beaucoup<br />
à faire dans celui de la famille, de la procréation,<br />
de l’éducation. Je crains qu’ici comme ailleurs,<br />
notre société, cherchant à maîtriser la « production<br />
» et visant des « rendements » compétitifs,<br />
entretient les gens dans le fantasme d’un bonheur<br />
à bon marché, sans voir qu’au terme, elle<br />
déshumanise la personne et tarit sa capacité de<br />
création.<br />
Frère Paul Emmanuel<br />
32 - Église d’Évreux septembre 2012