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Des postures d'enseignement communes - Centre académique de ...

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108 <strong>Des</strong> <strong>postures</strong> d’enseignement <strong>communes</strong><br />

l’élève a (et c’est une bonne chose) donné un exemple. Exemple qui montre à<br />

l’envi à quel point il est difficile <strong>de</strong> résumer dans un texte court ce qu’on sait parfaitement<br />

faire. On remarquera ici que « fraction », sans doute en raison <strong>de</strong> ce<br />

qui a été vu à l’école élémentaire, est encore associé à division alors que, à aucun<br />

moment dans la séquence, il n’a été question <strong>de</strong> poser une telle opération ni<br />

d’ailleurs <strong>de</strong> partager quoi que ce soit entre qui que se soit. Le même aspect est<br />

donné par un autre élève sous la forme : « J’ai appris à multiplier <strong>de</strong>s empans (85)<br />

en les transformant plus petit que ça. » Il désigne ici le fait <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s sousunités<br />

: plus la sous-unité est petite plus il en faut pour exprimer une longueur.<br />

Toutefois une inquiétu<strong>de</strong> peut surgir à la lecture <strong>de</strong> ce texte : l’élève ne semble<br />

pas pouvoir concevoir la notion <strong>de</strong> sous-unité comme référence à une unité<br />

constante. C’est-à-dire passer à plus petit que 1. En effet, pour lui, il semble simplement<br />

que l’on substitue à l’empan initial un empan plus petit, ce qui « multiplie<br />

les empans ». Inquiétu<strong>de</strong> que la suite viendra (hélas) corroborer.<br />

Certains élèves ne ressentant d’ailleurs pas la nécessité d’accompagner ces<br />

verbes d’un complément d’objet direct (du moment qu’on a dit qu’on multipliait,<br />

il semble ne plus importer <strong>de</strong> dire ce que l’on multiplie) ; ceci se rencontre<br />

fréquemment dès que les élèves ont à produire un texte et <strong>de</strong>vra être pris<br />

en compte et retravaillé ultérieurement dans <strong>de</strong>s situations où la nécessité <strong>de</strong><br />

préciser ce qu’on multiplie (ou divise) apparaîtra clairement.<br />

Enfin, ce bilan a l’appréciable intérêt <strong>de</strong> montrer que les fractions ne sont pas<br />

encore perçues par les élèves comme <strong>de</strong>s nombres puisque « multiplier la fraction<br />

» est donné comme équivalent à multiplier par le même nombre le numérateur<br />

et le dénominateur. Il s’agit là d’un phénomène « normal » mais contre lequel<br />

il convient <strong>de</strong> prendre quelques mesures : il est préoccupant que si peu<br />

d’élèves à la fin du collège rangent les fractions parmi les nombres (seuls les entiers<br />

et les décimaux ont droit à cette désignation). Là encore, un travail (absolument<br />

indispensable) est à mener : on pourra par exemple <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux<br />

élèves ce qu’est un nombre et réfléchir à cette question bien épineuse puisqu’il<br />

est impossible <strong>de</strong> donner une définition <strong>de</strong> ce mot. Par ailleurs, on peut repérer<br />

<strong>de</strong>s éléments qui peuvent être interprétés comme <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> la posture cognitive<br />

adoptée par les élèves (86) . Certains, par exemple, produisent <strong>de</strong>s énoncés<br />

désignant <strong>de</strong>s savoirs pratiques : «J’ai appris à faire <strong>de</strong>s empans avec <strong>de</strong>s carrés. »<br />

D’autres <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> savoirs plus « théoriques » : « On a appris que les fractions<br />

sont faites pour les mesures […] ». D’autres encore produisent <strong>de</strong>s énoncés<br />

«globalisants » qui ne sont pas <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> savoir parce qu’ils se contentent<br />

<strong>de</strong> nommer : « On a appris les empans. » L’élève a-t-il employé le vocabulaire<br />

spécifique <strong>de</strong> la discipline ? A-t-il accepté <strong>de</strong> se plier aux exigences discursives <strong>de</strong><br />

celle-ci ? « On a appris que les sous-unités d’empan servent à savoir les longueurs<br />

d’une ligne fermée, brisée, droite… » Ou bien en reste-t-il à l’usage du<br />

(85) L’empan est le nom donné à la seule unité <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s longueurs autorisée dans la classe.<br />

(86) Ce qui suit doit beaucoup aux remarques <strong>de</strong> Caroline Archat, qu’elle en soit remerciée.

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