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que faire des stéréotypes que la littérature adresse à la jeunesse

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Le Français aujourd’hui n° 149, La <strong>littérature</strong> de <strong>jeunesse</strong> : repères, enjeux et prati<strong>que</strong>s<br />

justifie <strong>la</strong> présence et l’usage de <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> de <strong>jeunesse</strong> <strong>à</strong> l’école non seulement<br />

parce <strong>que</strong> ce domaine fournit un réservoir considérable de textes qui<br />

multiplient les possibilités d’appropriation <strong>des</strong> <strong>stéréotypes</strong> mais aussi parce<br />

<strong>que</strong> bon nombre d’ouvrages s’emploient <strong>à</strong> les mettre <strong>à</strong> distance.<br />

Genette circonscrit l’intertextualité <strong>à</strong> <strong>la</strong> présence d’un texte dans un autre<br />

texte, par l’usage de <strong>la</strong> citation, du p<strong>la</strong>giat, de l’allusion. Si on é<strong>la</strong>rgit <strong>la</strong><br />

définition au pastiche, on voit <strong>que</strong> ce dernier apparait comme une <strong>des</strong><br />

dominantes de <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> de <strong>jeunesse</strong> d’aujourd’hui, non sans excès. À<br />

l’instar de ce qui se fait au cinéma, c’est devenu une orientation éditoriale<br />

<strong>que</strong> de jouer avec les grands <strong>stéréotypes</strong> fournis par les matrices <strong>des</strong> récits<br />

et <strong>des</strong> contes les plus célèbres ou avec les genres les plus typés comme le<br />

policier, le récit d’épouvante, et plus généralement les c<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong>s de <strong>la</strong> <strong>littérature</strong>.<br />

On voit les limites mais aussi l’intérêt <strong>que</strong> présente cette production<br />

dont <strong>la</strong> fré<strong>que</strong>ntation <strong>à</strong> l’école primaire permet de mettre en œuvre dans <strong>la</strong><br />

lecture non une théorie, mais une prati<strong>que</strong> de <strong>la</strong> coopération interprétative.<br />

Exemple : dès lors <strong>que</strong> les contes types de Charles Perrault sont bien<br />

connus, rien n’interdit d’apprécier le moment venu de <strong>que</strong>lle manière<br />

Yvan Pommaux les recycle dans <strong>des</strong> albums 20 qui jouent avec les <strong>stéréotypes</strong><br />

en croisant les références aux contes initiaux aux c<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong>s du cinéma<br />

(<strong>à</strong> <strong>la</strong> série B, <strong>à</strong> Truffaut, <strong>à</strong> Hitchcock), au po<strong>la</strong>r, <strong>à</strong> <strong>la</strong> BD, aux tableaux de<br />

<strong>que</strong>l<strong>que</strong>s grands peintres. Les élèves éprouvent alors (sans nécessairement<br />

le formaliser) <strong>que</strong> pour écrire l’auteur se situe face <strong>à</strong> d’autres textes et face<br />

<strong>à</strong> <strong>des</strong> <strong>stéréotypes</strong>, qu’il les utilise, les reproduit ou s’en distancie. Parallèlement<br />

le jeune lecteur prend conscience <strong>que</strong> lui même, en lisant, apprécie<br />

le texte en fonction d’écarts par rapport aux canons connus et reconnus. Il<br />

lui faut activer <strong>des</strong> schèmes préétablis, réviser ses positions initiales. La<br />

rencontre et l’expérience de lecture peuvent commencer <strong>à</strong> lui <strong>faire</strong> entrevoir<br />

<strong>que</strong> <strong>la</strong> valeur esthéti<strong>que</strong> d’une œuvre est pour une part liée <strong>à</strong> <strong>la</strong> capacité<br />

qu’a l’écrivain <strong>à</strong> infléchir, voire <strong>à</strong> bouleverser les habitu<strong>des</strong> ou les idées<br />

toutes faites du public et de son épo<strong>que</strong>.<br />

L’inf<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> pastiches, parodies, contes détournés et le succès qu’ils<br />

remportent auprès <strong>des</strong> maitres et <strong>des</strong> élèves incitent cependant <strong>à</strong> une<br />

certaine prudence. Il n’est pas rare <strong>que</strong> l’on découvre désormais les versions<br />

détournées <strong>des</strong> contes avant les textes sources, et les variations autour <strong>des</strong><br />

<strong>stéréotypes</strong> avant les matrices originelles, tout comme les adaptations<br />

tendent <strong>à</strong> remp<strong>la</strong>cer les versions intégrales. Peut-être est-ce même devenu<br />

<strong>la</strong> règle. Voil<strong>à</strong> une sorte d’évidence encore vérifiée récemment lors du<br />

<strong>la</strong>ncement d’une recherche INRP qui a pour objectif de rendre compte <strong>des</strong><br />

prati<strong>que</strong>s d’enseignement de <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> en les saisissant <strong>à</strong> travers<br />

l’approche d’un conte d’Andersen La Petite Sirène, <strong>à</strong> tous les niveaux du<br />

système éducatif. Dans <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> cas <strong>la</strong> surprise <strong>des</strong> élèves mais aussi<br />

celle de leurs maitres est grande lorsqu’ils découvrent <strong>que</strong> ce récit n’est en<br />

rien conforme aux souvenirs ou représentations qu’ils en avaient. De tels<br />

constats incitent <strong>à</strong> opérer <strong>des</strong> rééquilibrages en termes de parcours de<br />

20. Y. Pommaux, John Chatterton détective, Paris, L’École <strong>des</strong> Loisirs, 1993 ; Li<strong>la</strong>s, Paris,<br />

L’École <strong>des</strong> Loisirs, 1995 ; Le Grand sommeil. Une enquête de John Chatterton, Paris,<br />

L’École <strong>des</strong> Loisirs, 1998…<br />

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