Accessibilité et communicabilité du droit - Jurisdoctoria
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64 Emmanuel Cartier<br />
contestée (c’est-à-dire leur validité) devant le juge administratif ou le juge répressif<br />
lorsqu’il s’agit d’un acte dont la solution <strong>du</strong> procès pénal dépend 53 . Notons toutefois<br />
que l’inexistence ne vaut que lorsque que l’irrégularité de l’acte est d’une gravité telle<br />
que l’ordre juridique ne pourrait tolérer la présence d’un tel acte 54 . L’intro<strong>du</strong>ction,<br />
suite à la révision constitutionnelle <strong>du</strong> 23 juill<strong>et</strong> 2008 55 , d’une exception<br />
d’inconstitutionnalité en matière de <strong>droit</strong>s <strong>et</strong> libertés fondamentaux pourrait susciter,<br />
au-delà <strong>du</strong> simple examen de conformité, un examen de la validité de la loi 56<br />
puisqu’on voit mal comment le Conseil constitutionnel pourrait accepter de laisser<br />
passer une loi inexistante en se contentant d’apprécier la conformité de son contenu<br />
aux <strong>droit</strong>s <strong>et</strong> libertés contenus dans le bloc de constitutionnalité. Il pourrait<br />
d’ailleurs, a minima, considérer la question préjudicielle comme sans obj<strong>et</strong> puisque<br />
portant sur un texte ne pouvant être qualifié formellement de loi en raison de la<br />
gravité des violations apportées à la Constitution lors de sa procé<strong>du</strong>re d’élaboration.<br />
Quant au contenu de la loi, la question se pose de savoir si, dans le cas très peu<br />
probable mais non impossible, de différences entre le texte voté par le parlement <strong>et</strong><br />
le texte promulgué par la présidence, le Conseil rétablirait ou non la volonté initiale<br />
<strong>du</strong> législateur. Sans doute se perm<strong>et</strong>trait-il de formuler une réserve d’interprétation<br />
conforme au texte initial.<br />
La question de l’authenticité <strong>du</strong> <strong>droit</strong> apparaît donc comme préalable à la<br />
communication des règles de <strong>droit</strong> ou tout <strong>du</strong> moins de leur support matériel.<br />
Depuis longtemps déjà les systèmes juridiques de tradition romano-germanique<br />
conditionnent l’opposabilité des actes unilatéraux de puissance publique à leur<br />
publicité. La maxime « Nul n’est censé ignorer la loi » (éten<strong>du</strong>e à l’ensemble <strong>du</strong> <strong>droit</strong><br />
pro<strong>du</strong>it dans un État donné) n’est ainsi valable que pour le <strong>droit</strong> ayant fait l’obj<strong>et</strong><br />
d’une mesure de communication matérielle dont la forme varie selon la nature de<br />
l’acte concerné.<br />
53 Art. 111-5 <strong>du</strong> Nouveau code pénal.<br />
54 La CJCE qui a adopté elle aussi la théorie de l’inexistence pour les actes édictés par les institutions<br />
communautaires, résume celle-ci en considérant que l’acte inexistant est celui « entaché d’une irrégularité<br />
dont la gravité est si évidente qu’elle ne peut être tolérée par l’ordre juridique communautaire », CJCE 15<br />
juin 1994, aff. C-137-92 P, Commission contre BASF <strong>et</strong> autres, Rec., I, p. 2555 <strong>et</strong> s., § 49. Le juge administratif<br />
prend en compte un certain seuil de gravité au-delà <strong>du</strong>quel l’acte passe de la simple nullité à l’inexistence.<br />
Pour une présentation des différentes hypothèses d’inexistence d’un acte administratif, cf. G. BRAIBANT,<br />
Le <strong>droit</strong> administratif français, 3 ème éd., 1992, p. 314.<br />
55<br />
LC n° 2008-224 <strong>du</strong> 23 juill<strong>et</strong> 2008 de modernisation des institutions de la Ve République, JORF 24 juill<strong>et</strong> 2008.<br />
56 Sur la distinction entre validité <strong>et</strong> conformité, cf. supra.<br />
© <strong>Jurisdoctoria</strong> n° 1, 2008