Compagnons & Maîtres d'Œuvre 334

cette composition magistrale, sans doute
non anticipée, nous dévoile un ensemble
de grande qualité architecturale tant elle
est homogène. C’est la vision d’un futur
incarné, d’une maestria absolue.
L’approche nous révèle une diversité
insoupçonnée tant dans les volumes,
leur étagement, que dans le traitement
des façades et jusque dans la palette de
couleurs : noir, gris, ocre-roux, vert, blanc.
Sous un ciel d’un bleu absolu, ce jour-là,
une tour se détache, mur-rideau de
teinte grise, à l’échancrure raffinée, d’une
stupéfiante beauté,
captant au soleil les
reflets changeants
émanant
d’immeubles
voisins, en une
composition
abstraite sans cesse
renouvelée suivant
le champ visuel.
Sans tomber dans le
côté affligeant du
livre des records, on
peut citer :
• CN Tower (553 m
de hauteur) dominant Toronto, perdue
dans les nuages. Ce n’est pas un gratteciel
puisque non habité, plutôt signal et
inévitablement attraction touristique,
vouée à l’observation et à la
communication.
• One Bloor East, 291 m de hauteur.
• Sun Life Tower, 1 er gratte-ciel d’acier et
de verre.
Mais la ville est un puzzle, et le marcheur
qui la parcourt découvrira bien d’autres
centres d’intérêt.
« La ville est redondante : elle
se répète de manière à ce que
quelque chose se grave dans
l’esprit. La mémoire est
redondante : elle répète ses
signes pour que la ville
commence à exister. »
Citations extraites de l’ouvrage « Les
villes invisibles » d’Italo Calvino
Au fil des déambulations :
• L’Hôtel de ville (New City Hall. 1965) dû
à l’architecte finlandais Viljor Revell, qui
fit en son temps les délices des revues
d’architecture : 2 tours convexes de
hauteurs différentes abritant au niveau
rez-de-chaussée la calotte aplatie de la
Salle du Conseil. Plastique, utilisation du
béton, rampe d’accès lui donnent un
petit côté sud-américain.
• Salle de concert/Philharmonie : Tronc
de cône concave, perdu au milieu des
tours.
• L’Ontario College
of art & design :
formes
décomplexées et
dégingandées.
(Architecte Will
Alsop).
• Et surtout : l’Art
Gallery of Toronto
où à partir d’un
musée existant
conventionnel et un
peu tristounet,
Franck Gehry à qui
l’on a confié la part
du pauvre, réussit par le jeu des
courbures de charpentes en lamellécollé,
à faire chalouper la façade.
En dépit de ces derniers apartés, rien ne
saurait faire oublier les gratte-ciel tant
leur image obsédante marque le
paysage urbain, résultante du fabuleux
essor de l’architecture moderne tant aux
États-Unis qu’au Canada, depuis la fin de
la seconde guerre mondiale.
Francis Cortal
Photos : Alexis Cortal