Compagnons & Maîtres d'Œuvre 334

entier. Cela va contribuer à éveiller les consciences. En
2000, après que l’Europe a essuyé une tempête d’une rare
violence, le Cacique Raoni revient après 10 ans d’absence
pour dénoncer l’accélération de la déforestation, jusqu’à
24 000 km² par an, soit environ la surface de la région
Centre.
C’est en 2009 que les projets de grands barrages
hydrauliques au Brésil resurgiront sur le devant de la
scène internationale et feront à nouveau sortir Raoni de sa
réserve. Sachez que ces projets sont construits en partie
par de grandes entreprises françaises comme Alstom, EDF
et GDF Suez, donc par nos impôts… Le plus connu de ces
barrages est celui de Belo Monte. Avec sa mise en service,
à partir du printemps 2015 (fin du chantier prévue en 2019)
sur le fleuve Xingu, affluent de l’Amazone, une grande
partie des terres avoisinantes sera inondée. Ce premier
complexe de barrages est un cheval de Troie, car plus de
40 projets sont à l’étude, dont plusieurs sur les fleuves
Tapajós et Télés Pires, tout ceci pour soi-disant améliorer
la vie des Amérindiens.
Pour donner un ordre de grandeur, le bassin Amazonien
s’étend sur 7,3 millions de km 2 sur neuf pays, 60% de cette
surface appartenant au Brésil. Entre 2005 et aujourd’hui,
ce sont 500 000 km 2 de forêt qui ont été abattus, soit
approximativement la surface de la France, et cela dans le
but absurde de produire de plus en plus de soja pour
nourrir le bétail européen. Voici une comparaison
troublante : toutes les 3,5 secondes, il disparaît l’équivalent
d’un terrain de football, soit environ 7200 m 2 de couvert
forestier. À ce rythme effréné, 42% de la forêt aura disparu
d’ici 2020. Au-delà du seuil de 60% de couvert abattu, la
forêt se dessèchera puis mourra d’elle-même. En
conséquence, chercheurs et scientifiques avertissent qu’en
absence de mesures immédiates et fermes, le point de
non-retour pourrait être atteint d’ici 10 ans, sachant qu’en
2013 l’augmentation de l’activité a bondi de 427% (selon l’
« instituto amazon »).
En attendant cette échéance, l’heure n’est pas au « climato
scepticisme ». En décembre 2015, à Paris, se déroulera la
conférence sur le climat, avec 194 chefs d’État, afin de
tenter d’agir sur nos habitudes et nos comportements
obsolètes. Je ne suis ni pessimiste ni optimiste, mais
simplement réaliste ! Nos seuls alliés, pouvant servir
d’électrochocs, sont les caprices du changement
climatique qui nous rappellent à l’ordre.
Je suis convaincu que nos choix de matières premières
dans nos métiers et nos choix alimentaires devront
nécessairement être modifiés pour préserver l’avenir de
nos enfants. Il nous faut prendre conscience que nous
vivons sur la même terre et que nos choix ont un impact
direct et conséquent de l’autre côté de la planète.
Je tiens à remercier l’association Planète Amazone qui se
démène tous les jours, avec toutes les difficultés que nous
connaissons, pour porter au plus haut l’appel de Raoni et
prépare en ce sens la conférence Paris Climat de
décembre 2015, en relation avec le plus grand nombre
possible d’acteurs politiques et associatifs, dont Nicolas
Hulot par exemple. J’espère que cette conférence ne se
soldera pas par des promesses non tenues…
Suivez nos activités et actualités sur le site « Raoni.com »
et la page Facebook de Planète Amazone, et n’hésitez pas
à signer la pétition de soutien et à participer aux actions
proposées.
Je terminerai par cette phrase de Nicolas Hulot : « Maudits
soient les yeux fermés, merci d’avoir les yeux ouverts. »
Stéphane Bourdeix
Image satellite (NASA) du Mato Grosso au Brésil, en 1992 à gauche et en 2006 à droite : la forêt (en rouge) recule à grands pas